Suisse - Suède (3 mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

La Suède se qualifie et se rassure

Pour ceux qui se demandaient de qui parlait Ralph Krueger quand il évoquait ces attaquants chargés de travailler des buts "sales" et qui n'avaient pas accompli leur mission, la réponse est désormais claire : Julien Sprunger, le grand espoir du hockey suisse, zéro point dans ce tournoi, est en tribune aujourd'hui ! C'est le dernier des paris de Krueger. Il joue très gros face à la Suède de son ancien adjoint Bengt-Åke Gustafsson, qui peut encore moins se permettre de perdre car elle risque l'élimination dès ce soir. Cela ne lui est jamais arrivé dans son histoire.

Le match commence mal pour les Suisses, par une pénalité de Severin Blindenbacher accroche Marcus Nilson dans l'enclave. Ils peuvent cependant se réjouir de leur bonne tenue en infériorité, avec un super boulot de Thierry Paterlini qui agresse Dick Tärnström à la bleue et lui pique le palet. Le problème, c'est que la Suède finit par s'installer... à égalité numérique. Et c'est le dernier arrivé, le joker Johnny Oduya, qui ouvre la marque. Le défenseur des New Jersey Devils prend un tir du poignet de la ligne bleue, et Gerber ne peut rien faire car il est parfaitement masqué par Mårtensson, toujours très habile dans ses écrans (0-1, 05'47"). La deuxième infériorité concédée par Furrer sera déjà plus inquiétante pour la Suisse, qui n'arrive pas à dégager le palet de sa zone durant deux minutes. Elle subit le match mais ne paraît pas capable de surprendre la Suède en contre. Jeannin et Déruns manquent les rares occasions en fin de tiers.

Au retour sur la glace, non seulement les Suisses ne pas dangereux, mais ils concèdent beaucoup trop d'occasions. Le vétéran Mathias Seger perd ainsi de vue le palet dans sa zone et se le fait prendre par Thörnberg qui donne un bon tir à Harju. Puis, après un engagement gagné par la Tre Kronor dans la zone offensive, Mattias Weinhandl parvient à prendre deux tirs rapprochés avant que la défense n'ait réagi. Tout cela augure de grandes difficultés, qui se concrétisent après un cinglage de Monnet. Linus Omark fait mine d'envoyer un gros slap et effectue en fait une petite passe rasante subtilement déviée par son compère Johan Harju (0-2, 24'59").

Les défenseurs suisses continuent d'accumuler les erreurs inhabituelles : Huselius contre le palet dans la crosse d'un Blindenbacher indolent en zone neutre et s'échappe seul au but, où il bute cependant sur Martin Gerber. Il donne un coup de crosse au gardien sur l'action, ce qui déclenche une bagarre avec Bezina. Le Suédois prend logiquement deux minutes de plus que son adversaire pour son geste initial. Sandy Jeannin organise alors le jeu de puissance à la ligne bleue et délivre une bonne passe croisée vers Andres Ambühl qui contrôle et... rate totalement son tir.

La seconde moitié de la deuxième période sera un peu plus rassurante pour la Nati : rythme du match en hausse, bonne séquence défensive du défenseur junior Roman Josi pour contenir le talentueux Linus Omark, tir en pivot de Ryan Gardner... Mais de là à remonter deux buts de retard ? Tout juste la Suisse arrive-t-elle à tuer une pénalité de Seger, qui a fait trébucher Omark, en s'appuyant sur un bon travail défensif de la paire Streit-Weber.

Une pénalité de Magnus Johansson à quatre secondes de la pause donne matière au discours de Krueger dans les vestiaires. Il est clair qu'il faut profiter de cette supériorité numérique, mais ses hommes ne s'installeront même pas. Leur seul tir sera envoyé avant la bleue par Yannick Weber, une drôle de méthode pour entrer en zone puisque le gardien Gustavsson dégage évidemment le palet aussi sec.

Linus Omark récupère un palet en zone défensive et lance immédiatement une contre-attaque sur son aile droite. Il donne une passe transversale à Martin Thörnberg, suivie par Gerber qui se déporte totalement du but, et Thörnberg n'a plus qu'à rendre le palet à Omark pour une cage ouverte (0-3, 46'41"). La Suède n'est plus inquiétée. La faute de Huselius sur Weber passe comme une lettre à la poste. À sa sortie de prison, l'attaquant de Columbus dribble même Romy et se rapproche du quatrième but. Juste après avoir concédé un 2 contre 1 suisse non transformé, Niklas Persson se rattrape de son erreur en lançant aussitôt la contre-offensive. Son tir angle de la gauche frappe le poteau, et le rebond est mis au fond par Johan Andersson devant la cage vide, un but qui récompense ce grand travailleur collectif (0-4, 55'06").

La Suisse, sous les sifflets, sauve finalement l'honneur sur sa dernière supériorité numérique. Le travail dans le slot de Romano Lemm lui permet de prendre un rebond après un tir de Jeannin (1-4, 56'44"), mais il est bien trop tard. La Nati a été battue à plate couture, et on ne peut pas lui reprocher de s'être trompée tactiquement en poursuivant une tactique de pression : cette fois, elle a tout de suite subi, contrainte et forcée. Ensuite, la panne d'idée offensives était habituelle.

La Suède est maintenant qualifiée pour les quarts de finale, dans toutes les configurations. Elle devrait même finir deuxième de son groupe en battant la France. Et son seul gardien non blessé, Jonas Gustavsson, a pu engranger de la confiance. Pour la Suisse, il reste encore un match de la dernière chance : battre les Américains demain dans le temps réglementaire... ou quitter prématurément "son" Mondial.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Suisse - Suède 1-4 (0-1, 0-1, 1-2)

Dimanche 2 mai 2009 à 16h15 à la Postfinance Arena de Berne. 11327 spectateurs

Arbitrage d'Ole Stian Hansen (NOR) et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés d'Andryi Kicha (UKR) et Antti Orelma (FIN)

Pénalités : Suisse 16' (6', 8', 2'), Suède 14' (4', 6', 4').

Tirs cadrés : Suisse 25 (7, 6, 12), Suède 29 (12, 9, 8).

Évolution du score :

0-1 à 05'47" : Oduya assisté d'Eriksson et Weinhandl

0-2 à 24'59" : Harju assisté d'Omark et Strålman (sup. num.)

0-3 à 46'41" : Omark assisté de Thörnberg

0-4 à 55'06" : Andersson assisté de Persson

1-4 à 56'44" : Lemm assisté de Jeannin et Ambühl (sup. num.)

 

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Severin Blindenbacher - Mark Streit (C) ; Philippe Furrer - Goran Bezina ; Yannick Weber - Mathias Seger ; Roman Josi.

Attaquants : Ryan Gardner - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Romano Lemm - Sandy Jeannin (A) - Roman Wick ; Kévin Romy - Raffaelle Sannitz - Thomas Déruns ; Martin Plüss - Ivo Rüthemann (A) - Andres Ambühl ; Thibaut Monnet.

Remplaçant : Ronnie Rüeger (G). En réserve : Daniel Manzato (G), Julien Sprunger, Félicien Du Bois.

Suède

Gardien : Jonas Gustavsson.

Défenseurs : Dick Tärnström - Magnus Johansson (A) ; Johnny Oduya - Nicklas Grossman ; Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Carl Gunnarsson - Johan Åkerman [une présence en fin de match].

Attaquants : Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Marcus Nilson ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Johan Andersson - Patrik Berglund.

Remplaçant : Johan Holmqvist (G). Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Tobias Enström (fracture au visage), Stefan Liv (G, étirement à la cuisse).

 

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