Finlande - États-Unis (6 mai 2009)

 

Quarts de finale des championnats du monde.

La victoire du mental

C'est la troisième fois de suite que les deux équipes se rencontrent en quarts de finale, et les Finlandais ne s'en lassent pas, car ils sortent vainqueurs à chaque fois. Le fait de recourir aux tirs au but ou à la prolongation n'a rendu les précédents succès que plus savoureux. La Finlande est après tout habituée aux retours américains, et a connu une préparation idéale avant-hier contre le Canada, mais dans ce match, elle a perdu un joueur-clé, Petteri Nummelin, qui joue cette année son 14e championnat du monde (record de Jiri Holik égalé). Il se présente à l'échauffement pour se tester mais ne peut pas jouer et est rayé de la liste avant le match et remplacé par Kerman, comme les règles l'autorisent.

Les Américains sont au complet. David Backes n'a donc pas été suspendu malgré sa charge sur Julien Sprunger, qui a été opéré de la colonne vertébrale. Le public suisse, lui, n'a pas pardonné et réserve des bordées de sifflets au numéro 42 à chaque fois qu'il touche le palet.

Le début de match n'est pas conforme à ce qu'on a vu des États-Unis jusqu'ici. Au lieu de démarrer fort, ils sont mis sous pression par des Finlandais plus dynamiques et plus mobiles. En cinq minutes, il y a déjà 7 tirs à 1. Les Américains équilibrent ensuite le jeu, mais à la dixième minute, la plus belle occasion est pour Leo Komarov qui reprend au premier poteau une passe de derrière la cage de Jarkko Ruutu. Sur l'engagement, John-Michael Liles relance droit dans la palette de Hagman. Cette frayeur sans conséquence tétanise ses coéquipiers qui n'arrivent plus à sortir proprement de leur zone face au forechecking. L'effort finlandais est efficace puisque Dustin Brown fait trébucher Miettinen. Sur la supériorité numérique, le slap de la ligne bleue de Mikko Lehtonen heurte la transversale.

Bon pressing, bon repli défensif, agressivité dans les duels : la Finlande confirme qu'elle est armée pour battre les Américains à leur jeu, comme elle l'a appris depuis de longues années de succès ininterrompus. L'équipe de Ron Wilson est gênée et peine toujours à construire. Lorsqu'elle trouve enfin une bonne attaque en deux passes transversale, avec un bon relais de Backes à gauche à la ligne bleue, Jason Blake ne s'arrête pas, percute le gardien et est envoyé en prison. Robert Esche tient bon sur cette seconde infériorité. Mais elle est à peine terminée que Higgins accroche légèrement Salmela, une pénalité sévère qui fait râler Blake. La mise au jeu est gagnée par Niko Kapanen pour une reprise instantanée de son homonyme Sami, mais Esche repousse encore.

La Finlande termine la première période avec 20 tirs, un chiffre rarissime en un tiers-temps. C'est même du jamais vu dans le siècle actuel dans un quart de finale de championnat du monde ! Le record précédent - 19 tirs - datait de 2002 et appartenait à... la Finlande contre les États-Unis ! C'est d'ailleurs depuis ce jour-là qu'elle n'a plus jamais perdu contre cet adversaire, en neuf confrontations. Mais à l'époque, elle avait marqué deux buts sur ces dix-neuf tirs. Aujourd'hui, le score est toujours de 0-0 lorsque la sirène retentit.

Il reste cependant une minute de pénalité à Higgins au début de la deuxième période, et cette fois la Finlande concrétise. Niklas Hagman vient frapper à la porte côté gauche, le rebond rebondit (c'est bête à dire mais...) et Hainsey n'arrive pas à le dégager, alors que Niko Kapanen l'envoie au fond (1-0).

On commence à voir quelques mauvais gestes : cinglage de Foligno dans le poignet de Sami Kapanen, puis charge de Mikko Lehtonen dans le dos de Brown contre la bande. Mais le moment-clé, ce sont les deux obstructions consécutives sifflées contre Hyvönen et Ruutu. Les Américains peuvent jouer pendant 1'23" à 5 contre 3. C'est donc au tour de Pekka Rinne d'être bombardé. Il réussit de bons arrêts, mais ne peut plus rien faire sur un jeu en triangle parfait entre Ron Hainsey, Ryan Suter et Dustin Brown, au moment où la première pénalité s'était achevée (1-1).

Tout est à refaire pour la Finlande qui remet aussitôt la pression sur la cage adverse. Soudain, Tuomas Pihlman se fait pousser dans le dos par Jack Johnson dans la zone offensive, sans faute selon les arbitres, et immédiatement, c'est un 3 contre 1 américain, avec des transmissions parfaites d'Okposo et de Backes pour le tir direct de T.J. Oshie (1-2). Le coup est rude pour les Finlandais, qui n'ont encore rien vu. Les Américains réussissent une nouvelle transition rapide à 4 contre 2, conclue avec un peu de chance : le tir de Jason Blake est dévié par une crosse finlandaise et le palet se dirige vers Ryan Suter, monté côté droit, qui a alors la cage ouverte (1-3). Jukka Jalonen utilise alors son temps mort.

Hannes Hyvönen aurait pu coûter très cher à son équipe par une manchette gratuite qui lui vaut une prison évidente. Mais son équipe tue la pénalité, et lorsqu'il revient sur la glace, c'est pour marquer le but de l'espoir, en cage ouverte au rebond d'un premier lancer de Jarkko Immonen (2-3). Robert Esche proteste car ce premier tir avait frappé son masque, mais l'arbitre répond que c'était dans la continuité de l'action et qu'il n'était pas sonné puisqu'il avait essayé de se replacer sur le second tir, qu'il avait peu de chance de l'arrêter.

Au troisième tiers-temps, les Américains, sentant le parfum de la victoire, élèvent leur niveau de jeu. Ils travaillent très fort dans la zone offensive et commencent à prendre l'avantage dans les duels. Kyle Okposo en particulier constitue une menace permanente, avec une bonne passe pour Backes dans le slot ou encore un tour de cage qui oblige Pekka Rinne à un déplacement rapide et un technicien de l'organisation à re-percer les trous dans la glace pour replacer le but.

Tommi Santala retient le bras de Jack Johnson, en zone offensive et sous les yeux de l'arbitre. Pendant les deux minutes d'infériorité, Pekka Rinne réalise plusieurs bonnes interventions sur des lancers et déviations, la plus dangereuse étant signée Higgins. À cinq contre cinq, de nouveau, c'est Okposo qui met le feu. Il élimine Anssi Salmela en un contre un, bute sur Rinne et percute la cage dont l'ancrage doit de nouveau être solidifié. La Finlande réplique par Hagman dont le rebond à bout portant est capté par la mitaine de Robert Esche, un arrêt-réflexe exceptionnel du gardien américain.

On entre dans les dix dernières minutes et les Finlandais reprennent leur domination. Mais les Américains défendent avec acharnement et se mettent devant les tirs. Hannes Hyvönen travaille dans le coin et y est retenu par O'Sullivan. La supériorité numérique est capitale, mais la Finlande peine à s'installer et ne trouve pas la faille face à une boîte agressive. Le temps défile très vite et les occasions se font rares... sauf une échappée de David Backes à trois minutes de la fin qui se laisse embarquer dans sa feinte et ne peut conclure face à Rinne. Le banc finlandais ne peut plus demander de temps mort, utilisé en deuxième période. Il finit par sortir son gardien dans la dernière minute, mais à aucun moment, les Leijonat ne parviennent à sortir le palet des bandes.

Les États-Unis mettent donc fin à leur série d'échecs contre leur bête noire et se qualifient pour leur première demi-finale depuis cinq ans. Le controversé Robert Esche, que pas mal de supporters américains auraient voulu voir remplacé par Clemmensen pour ce match, a tenu le fort lorsque la Finlande dominait le jeu pendant la première moitié du match. Ses 47 arrêts (!) constituent un record à ce stade de la compétition, et c'est grâce à lui que les États-Unis ont pu ensuite renverser le match avec leur jeu de transition. Une fois en avance, ce sont eux qui avaient la confiance et qui ont repris le dessus, physiquement et mentalement. Là où les Américains n'avaient jamais rien lâché dans les confrontations précédentes, les Finlandais, eux, ont été assaillis par le doute par moments et n'ont pas su réagir.

Désignés joueurs du match : Niko Kapanen pour la Finlande et Robert Esche pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Robert Esche (gardien des États-Unis) : "Nous sommes excités d'avoir gagné ce match. La Finlande avait une grande équipe durant tout le tournoi. Je pense que c'était mon meilleur match jusqu'ici. Cela va être excitant de jouer contre les Russes. Ils ont une équipe incroyable et on peut juste espérer rester dans le match le plus longtemps possible. J'aime notre staff de coaches. Ce sont les meilleurs que nous ayons jamais eus, du premier au dernier."

 

Finlande - États-Unis 2-3 (0-0, 2-3, 0-0)

Mercredi 6 mai 2009 à 20h15 à Berne. 9334 spectateurs.

Arbitrage de Daniel Piechaczek (ALL) et Brent Reiber (SUI/CAN) assistés de Petr Blümel (TCH) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Finlande 10' (0', 8', 2'), États-Unis 10' (6', 2', 2').

Tirs : Finlande 49 (20, 17, 12), États-Unis 35 (7, 15, 13).

Évolution du score :

1-0 à 25'01" : N. Kapanen assisté de Hagman et Miettinen (sup. num.)

1-1 à 30'31" : Brown assisté de Suter et Hainsey (sup. num.)

1-2 à 32'11" : Oshie assisté de Backes et Okposo

1-3 à 34'19" : Suter assisté de Blake et Wilson

2-3 à 37'50" : Hyvönen assisté d'Immonen

 

Finlande

Gardien : Pekka Rinne [sorti de 58'59" à 59'03" et de 59'11" à 60'00"].

Défenseurs : Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen ; Janne Niskala - Anssi Salmela ; Janne Niinimaa - Topi Jaakola.

Attaquants : Niklas Hagman - Niko Kapanen (A) - Antti Miettinen ; Sami Kapanen (C) - Jarkko Immonen - Tuomas Pihlman ; Mika Pyörälä - Juha-Pekka Hytönen - Hannes Hyvönen ; Leo Komarov - Tommi Santala - Jarkko Ruutu (A).

Remplaçants : Karri Rämö (G), Kalle Kerman, Ville Vahalahti. En réserve : Petteri Nummelin, Ville Koistinen, Juuso Riksman.

États-Unis

Gardien : Robert Esche.

Défenseurs : Ryan Suter - Ron Hainsey (A) ; John Michael Liles - Jack Johnson ; Keith Ballard - Matt Niskanen ; Zach Bogosian.

Attaquants : Jason Blake (A) - David Backes [puis O'Sullivan à 20'] - Dustin Brown (C) ; Kyle Okposo - Patrick O'Sullivan [puis Backes à 20'] - T.J. Oshie ; Christopher Higgins - Joe Pavelski - Ryan Shannon ; Nick Foligno - Colin Wilson - Drew Stafford ; Lee Stempniak.

Remplaçant : Scott Clemmensen (G). En réserve : Colin Stuart, Peter Harrold, Al Montoya (G).

 

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