Fribourg-en-Brisgau - Épinal (21 août 2009)

 

Match amical comptant pour l'Eurotournoi de Colmar.

Une rentrée pas très classe

Une page s'est tournée avec le départ de Shawn Allard... et une autre s'ouvre avec l'arrivée d'un coach beaucoup plus expérimenté, le Suédois Tommy Andersson. Le Canadien a laissé à son successeur suédois un groupe qui a prouvé sa valeur même s'il doit digérer deux pertes stratégiques, celles de Stéphane Gervais (Briançon) et Ilpo Salmivirta (Rouen). Une première indication sera donnée à l'issue de cet "Eurotournoi" quant aux possibilités de leurs remplaçants (Jan Hagelberg et Tomi Karlsson) à compenser ces départs. Comme le retour de Jussi Haapasaari, que l'on ne présente plus, s'inscrit dans une certaine continuité, on peut dire qu'Épinal jouit d'une certaine sérénité.

C'est tout l'inverse à Freiburg, où les Wölfe ont multiplié les situations embarrassantes. Privés de patinoire, pour que s'opère le lifting de leur vieillissante Franz-Siegel Halle, ils ont trouvé refuge à Colmar. Les voilà donc contraints, depuis maintenant trois semaines, à de "fastidieux" (de l'avis des joueurs) allers-retours avec la Forêt-Noire. Malgré le départ du buteur Petr Mares, Freiburg a pu conserver l'essentiel de son ossature, les Patrick Vozar, Sergeï Stas, Dany Bousquet et autres Roman Kadera. Du moins jusqu'à ce que ce dernier ne se rétracte brusquement à quelques jours de la reprise, privant l'équipe de son leader offensif, décisif dans la remontée en 2e Bundesliga il y a deux ans et encore meilleur passeur du championnat l'an passé.

Mais quoi de mieux qu'un "magicien" pour remplacer Kadera, alias "Zaubermaus" (littéralement "souris magique") ? Son départ ayant libéré une enveloppe substantielle, les Loups ont profité de la faillite des Tölzer Löwen pour mettre la main sur Yanick Dubé. Un sacré numéro qui aura marqué chacun de ses passages, en Allemagne comme en Suisse d'ailleurs. Pour preuve, avec ses buts d'anthologie, Dubé a bien mérité son surnom de "magicien". Et pas qu'à Bad Tölz !

L’ICE s'est surtout habituée ces dernières années aux confrontations franco-suisses. La dernière fois que les Vosgiens ont affronté un "cousin germain", c'était déjà l'EHC Freiburg... il y a tout juste dix ans. Du moins l'équipe réserve, ce qui explique l'ampleur du succès (16-2) des Dauphins d'alors. Cette fois pas d'erreur, c'est bien l'équipe première qu'il faut se coltiner. Une autre paire de manches d'autant que celle-ci semble monter en puissance après des débuts laborieux. Corrigés à Olten (2-9), les Wölfe se sont ressaisis en perdant de peu chez un concurrent direct (Ravensburg, 3-5), avant de s'imposer à Neuchâtel (6-5 aux tirs au but).

La principale attraction des matchs de pré-saison reste l'observation des nouvelles têtes. Au nombre de quatre - cinq si l'on compte l'entraîneur Tommy Andersson - puisque Jussi Haapasaari est connu comme le loup blanc à Poissompré. Sur la petite glace de Colmar, le Finlandais n'est pourtant que l'ombre de lui-même, loin, très loin de son meilleur niveau. Véritable baromètre d'une deuxième ligne qui manque encore de consistance et où Tomi Karlsson cherche encore ses marques. Les automatismes sont donc perfectibles, ce qui n'a rien d'étonnant avec une semaine d'entraînement dans les patins. Malgré tout, les Spinaliens, à l'image d'un Michal Petrak affûté, se montrent très entreprenants en début de match et soutiennent assez bien la comparaison dans le jeu.

Les Allemands, presque à domicile, ne justifient guère leur propension à développer un jeu offensif et rythmé. À vrai dire, les Wölfe ne montrent pas grand chose, excepté en supériorité numérique. Stanislav Petrik, préféré ce soir à Henrik Tojkander, est chanceux de voir tour à tour Billich et Vozar rater deux montagnes à bout portant (3e) mais reste solide devant le filet. Si Marek Ivan dégaine un plomb sur la barre (08'23"), le Slovaque ne se démonte pas devant Dubé, mis sur orbite par l'étonnant Schüle (09'05").

Mais la grande surprise de ce début de match reste Kévin Benchabane. De retour après deux années passées à Toulouse, le Spinalien a visiblement une faim de loup et la ferme envie de se montrer. Sur la quatrième ligne, avec deux autres jeunes du cru (Anthony Rapenne et Nathan Ganz), Benchabane sort le grand jeu et développe un volume de jeu insoupçonné, notamment dans la conservation du palet... quitte à faire tourner Stas en bourrique ! La troisième ligne n'est pas en reste avec une doublette Chipaux-Agostini très en jambes aux côtés de Papelier. Jan Hagelberg a quant à lui montré un bel aperçu de ses possibilités. Comme le Finlandais possède d'excellents fondamentaux, il allie sobriété et efficacité dans les deux sens.

Des détails qui font toute la différence

Ce match, Épinal va le perdre dans les zones-clés. Trois des six buts encaissés résultent en effet de grossières erreurs défensives avec à chaque fois, ou presque, un seul dénominateur commun : Borislav Ilic. Benoît Quessandier absent, le Franco-Serbe fait la paire aux côtés de Niko Mäntyla. Et ce n'est pas l'idéal pour le Finlandais puisqu'Ilic, de constitution robuste et donc forcément très lent sur ses patins, n'assure pas une couverture digne de ce nom et se retrouve impliqué dans l'ouverture du score. Sur un slap de Stas, Petrik concède un rebond axial vite croqué par Billich (1-0 à 15'11"). Oublié par un marquage très lâche, Ibo Weissleder pivote et marque à bout portant (2-0 à 19'51"). "Robocop" a encore frappé...

Peter Salmik, le jeune coach fribourgeois, clame haut et fort que son équipe sera l'une des plus structurées en Bundesliga. Toujours est-il que le fond de jeu des Wölfe ne casse pas trois pattes à un canard. Question vitesse d'exécution, les Allemands ont pourtant de quoi faire. Si le courant passe bien entre l'explosif Paul McIlveen et Yanick Dubé, Dany Bousquet, excessivement nerveux, se disperse à régler ses comptes plutôt qu'à déployer son formidable talent offensif. Dans le même genre, Sergeï Stas est retombé dans son péché mignon. Avec son expérience internationale, le Biélorusse est un taulier renommé... et un "taulard" patenté aussi. Avec 147' de cachot, il était d'ailleurs le plus pénalisé de 2e Bundesliga l'an passé derrière Lubos Velebny (Dresde).

Après trois ans de "vie commune", Michal Petrak, Jan Simko et Jan Plch pourraient se trouver les yeux fermés. Pendant que Stas fait pénitence, vexé d'avoir été chahuté par Chipaux contre la bande (23'03"), ces trois-là y vont d'un tic-tac-toe imparable pour Ronny Glaser (2-1 à 24'54"). Ce but est d'ailleurs la seule réussite d'un jeu de puissance orphelin de Stéphane Gervais et Ilpo Salmivirta, deux gaillards qui apportaient une réelle plus-value en supériorité numérique. Tommy Andersson cherche visiblement la bonne formule et tâtonne en gardant ses blocs inchangés... quitte à ce que Bora Ilic, proprement ignoré par ses coéquipiers, fasse de la figuration.

C'est tout l'inverse pour Tim Schüle, la sensation de la pré-saison côté allemand. Prêté par Düsseldorf, l'international junior est une valeur-montante possédant tous les attributs du blueliner d'impact : la carrure, la mobilité et la polyvalence. En désavantage numérique, Schüle mène un contre fulgurant conclu au second poteau par l'inévitable McIlveen (3-1 à 41'29). Encore un but "évitable"... mais pas autant que celui concédé par Ronny Glaser face à Tarik Chipaux, opportuniste sur le rebond d'une "praline" signée Fabien Leroy (3-2 à 42'41").

Les Dauphins vont-ils refaire le même coup que Strasbourg face aux GCK Lions plus tôt dans l'après-midi (3-3) ? Eh bien non puisque le jeu placé des Loups va faire la différence. Décalé à mi-distance par une transversale de Yanick Dubé, Paul McIlveen décoche un tir sec en lucarne. Petrik a beau être sur la trajectoire, il ne peut infléchir sa course (4-2 à 48'44"). Ce diable de Dubé en remet une couche dans la foulée sur un débordement côté droit suivi d'un centre-tir dévié par Simko dans ses propres filets (5-2 à 49'30"). Le match s'emballe et Erwan Agostini sonne la charge d'une montée rageuse conclue au second poteau par Guillaume Papelier (5-3 à 50'24"). Là encore Glaser n'a pas suivi...

Si le deuxième tiers-temps accuse les contrecoups d'un premier acte assez rythmé, la dernière période, elle, se réduit à un enchaînement de pénalités. Le spectacle, déjà pas folichon dans l'ensemble, tombe au ras des pâquerettes. Entre provocations verbales, physiques et les coups de sifflets intempestifs, le temps s'égrène lentement sur une victoire sans panache des Wölfe. Mais pas avant que Marek Ivan ne s'arrache dans le slot pour servir Chris Billich, qui marque du revers dans une défense passablement démobilisée (6-3 à 59'29").

L'essentiel n'est pas là pour des Spinaliens qui ont fait (et plutôt bien même) avec les moyens du bord dans ce match de reprise. Car cette ICE en rodage dispose d'un réel potentiel... et de quelques atouts cachés, on l'a vu. Les Allemands, eux, s'apprêtent à mettre à l'essai un jeune Canadien, Tyler Townsend, pour enrichir leurs rotations défensives avant d'affronter Strasbourg puis les GCK Lions dimanche.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Fribourg-en-Brisgau - Épinal 6-3 (2-0, 0-1, 4-2)

Vendredi 21 août 2009 à 20h30 à la patinoire de Colmar.

Évolution du score :

1-0 à 15'11" : Billich assisté de Stas (sup. num.)

2-0 à 19'51" : Weissleder assisté de Billich

2-1 à 24'54" : Plch assisté de Simko et Petrak (sup. num.)

3-1 à 41'29" : McIlveen assisté de Schüle (inf. num.)

3-2 à 42'41" : Chipaux assisté de Leroy (sup. num.)

4-2 à 48'44" : McIlveen assisté de Dubé (sup. num.)

5-2 à 49'30" : Dubé

5-3 à 50'24" : Papelier assisté d'Agostini

6-3 à 59'29" : Billich assisté d'Ivan

 

Fribourg-en-Brisgau

Gardien : Ronny Glaser.

Défenseurs : Mirko Sacher - Sergeï Stas ; Tim Schüle - Daniel Ketter ; Dennis Meyer - Rudi Gorgenländer ; Michael Frank.

Attaquants : Barry Noe - Patrick Vozar (C) - Christoph Billich ; Yanick Dubé (A) - Dany Bousquet (A) - Paul McIlveen ; Benjamin Stehle - Marek Ivan - Ibrahim Weissleder ; Tobias Kunz - Christian Böcherer - Timo Linsenmaier.

Remplaçant : Christoph Mathis (G). Absents : Petr Bares, Manuel Neumann.

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Borislav Ilic - Niko Mäntyla ; Peter Slovak - Jan Hagelberg ; Lionel Simon - Fabien Leroy.

Attaquants : Tomi Karlsson - Jussi Haapasaari - Guillaume Chassard ; Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Erwan Agostini - Tarik Chipaux - Guillaume Papelier ; Anthony Rapenne - Kévin Benchabane - Nathan Ganz.

Remplaçant : Henrik Tojkander (G). Absent : Benoît Quessandier.

 

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