Fribourg-en-Brisgau - GCK Lions (23 août 2009)

 

Match amical comptant pour l'Eurotournoi de Colmar.

Tout est bien qui finit bien...

La finale attendue aura bien lieu entre représentants allemands et suisses. Pour les non avertis, il est facile de se méprendre sur l'identité du club suisse invité à cet Eurotournoi. Non pas les ZSC Lions, champions d'Europe en titre, comme on s'était enflammé du côté de Strasbourg, mais plus logiquement sa farm-team de Ligue nationale B, les GCK Lions. La dénomination rappelle la fusion entre Grasshopper Club et Küsnacht et révèle son affiliation avec le "grand frère" zurichois, les ZSC Lions. Dans un anonymat total, le GCK a donc la vocation de former les jeunes pousses et de les rôder en LNB avant que les plus prometteurs d'entre eux fassent le grand saut en LNA. Une véritable pépinière donc qui ne compte plus ses "produits labellisés" !

Après une saison très difficile, loin de leur statut habituel de trouble-fête, les banlieusards se sont donnés les moyens de rebondir avec le retour de quelques anciens (Hofer, Hendry et Tiegermann) et l'arrivée d'un second étranger aux côtés de Blaine Down, l'Italo-Canadien André Signoretti (SønderjyskE). Un "mercenaire" venu du Danemark, une filière répandue dans l'antichambre, mais d'une espèce peu commune en LNB puisqu’étant un défenseur. Offensif, certes, mais défenseur quand même ! Ironie du sort, Signoretti succède à un autre international transalpin, Armin Helfer, qui était le seul étranger à ce poste l'an passé en Thurgovie.

Pour avoir déjà affronté Olten et les Young Sprinters, les Wölfe ont pris la température de la LNB et savent donc à quoi s'attendre. C'est d'autant plus vrai que les Zurichois, eux, livrent une pré-saison très prometteuse. Ils ont notamment gagné à Kaufbeuren (5-4), promu cette année en 2e Bundesliga et qui sera un rival direct de Freiburg en championnat. Des Wölfe plus convaincants face à Strasbourg (4-1) qu'hier face à Épinal (6-3) et profitant de l'occasion pour mettre un jeune défenseur canadien à l'essai, Tyler Townsend. Du coup le polyvalent Dennis Meyer, jusqu'alors aligné en défense, peut retrouver sa place naturelle aux avant-postes.

Si les Wölfe sont en terrain conquis, proximité géographique oblige, le principal attrait pour les Français relève de présence au GCK d'un des tout meilleurs espoirs tricolores du moment. Du haut de son 1m61, Rémi Rimann a cartonné l'an passé comme meilleur compteur des juniors-élites de Lausanne (et de l'ensemble de la division d'ailleurs) et se voit offrir une belle chance de percer en LNB. Effet boule de neige oblige (puisque le champion d'Europe Blaine Down et Martin Wichser sont absents), le lutin franco-suisse voit ses responsabilités croître aux-côtés du "vieux lion" Claudio Micheli. Après une dernière saison à Ambrì-Piotta, l'ex-international a tiré un trait sur une belle carrière en LNA mais possède encore de beaux restes. Son intelligence de jeu n'est plus à démontrer et tempère la fougue d'un jeune loup comme Rimann, un poil soliste parfois et toujours friand de duels en un-contre-un, à la merci des poke-checks.

Toujours est-il que Down ou pas, les "Lionceaux" connaissent une entame de rêve et mènent rapidement 2 à 0 au bénéfice de deux supériorité numériques bien gérées. Un lancer rasant de Schefer dévié par Genoni pour l'ouverture du score (0-1 à 01'49") et un double-rebond de Kienzle pour jeter un froid (0-2 à 03'07"). Drôle d'entrée en matière pour Christoph Mathis, préféré ce soir à un Ronny Glaser parfois critiqué pour son inconstance. Par chance, les Wölfe sortent de leur torpeur et deviennent subitement plus agressifs. Une arme à double tranchant dans ce match, on le verra plus tard...

Les Allemands reprennent du poil de la bête sous l'impulsion d'un drôle d'oiseau nommé Marek Ivan. Le "globe-trotter" devrait-on dire puisque le Tchèque présente une étonnante particularité. Fait unique dans sa carrière, Ivan va entamer une seconde saison de suite au sein du même club... Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y fait l'unanimité par son intensité (parfois excessive il est vrai). C'est d'ailleurs lui qui secoue le cocotier, mis sur orbite par Chris Billich pour réduire la marque sans se poser de questions, en tirant en force (1-2 à 08'23"). Le "p'tit" nouveau Tyler Townsend se signale ensuite d'un débordement qui aurait pu être gagnant si d'aventure Hans Pienitz n'avait pas coupé l'herbe sous le pied de Bousquet (09'23"). C'est reculer pour mieux sauter puisque McIlveen, qui passait par là, finit le travail dans un trou de souris (2-2 à 09'28").

Règlements de compte à OK-Colmar...

Reste que cette partie, déjà tendue, va devenir houleuse des suites d'un arbitrage visiblement dépassé par les événements. Un fore-checking un peu trop appuyé est reproché à Yanick Dubé (12'16"). Frustré, le Canadien se fait justice sur le premier "lionceau" venu et donne le ton d'une fin de tiers houleuse et gangrenée par un fort sentiment d'injustice. Les Wölfe, dans le collimateur des zèbres, enchaînent les pénalités et remplissent le banc d'infamie sous la grogne légitime d'un public bien conscient d'assister à une véritable parodie. Les GCK Lions, eux, enquillent sans sourciller et Rimann, en supériorité numérique, bascule au second poteau sur un Camperchioli s'y reprenant à deux fois pour déjouer Mathis (2-3 à 13'07").

Les pénalités pleuvent, les coups de sifflet aussi, mais ce climat délétère ne régule pas pour autant la "rebondite aiguë" dont souffre Christoph Mathis. Sur un slap de Signoretti, Wolf se jette au rebond mais touche du bois. Camperchioli, qui avait bien suivi, est là pour en remettre une couche (2-4 à 16'27"). Ça sent le sapin pour Freiburg et Patrick Faic profite à son tour du "théorème de Mathis" (comme quoi un tir fait obligatoirement un rebond) pour noircir la feuille de match (2-5 à 17'28"). Inutile de préciser l'état d'exaspération et d'énervement de tout le clan fribourgeois, et le trio arbitral sort sous une belle bronca...

Si la naturel revient vite au galop dès le retour des vestiaires, il y a quand même quelques actions à se mettre sous la dent. Yanick Dubé et Paul McIlveen apportent quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes grâce à une technique hors-pair et de solides affinités. De l'or en barre. Pour preuve, Dubé enrhume Schefer et trouve Townsend au second poteau, moyennant le relais de McIlveen mais Grauwiler intervient (18'47"). Ce n'est que partie remise puisque Vozar, en temporisant contre la bande allume la mèche pour que McIlveen, à mi-distance et d'un tir instantané, fasse parler la poudre (3-5 à 24'03"). Le tout en supériorité numérique, chose inconcevable pour les Loups quelques minutes plus tôt...

Ce match est particulier, on le voit, et le constat vaut aussi pour Dany Bousquet. Revenu l'an passé dans le club qui l'avait révélé outre-Rhin en 2003/04 (lors de la parenthèse des Wölfe en DEL), le Canadien n'avait plus autant parlé le français au cours d'un match de hockey depuis belle lurette. Buteur redoutable en Autriche ces dernières saisons, Bousquet, intermédiaire de Salmik auprès des arbitres, ne compte plus ses "gardes à vue" sur la petite glace de Colmar. Une énième pénalité est donc la goutte qui fait déborder le vase. Car même en tant que francophone, Bousquet ne comprend rien à un arbitrage farfelu et regagne les vestiaires, blasé certes, mais soulagé d'avoir soumis aux principaux intéressés sa façon de penser.

Soucieux de remettre sa meute dans le droit chemin, Peter Salmik insistait pourtant sur le fait de ne plus s'occuper de l'arbitre pour davantage se concentrer sur le jeu. Quand les circonstances le permettent, c'est à dire entre deux provocations et deux pénalités, la supériorité intrinsèque des individualités badoises est manifeste. Et lorsque les Loups ont les crocs, c'est Lukas Grauwiler qui en bave. Comme la couverture se lézarde sous les coups de boutoir des Vozar, McIlveen et autres Dubé, le portier alémanique retarde l'échéance avec un certain brio. Mieux que cela même, il tient son équipe à bout de bras jusqu'à un dégagement raté sur lequel Barry Noe ne se fait pas prier (4-5 à 29'45").

Difficile de ne pas perdre le fil des pénalités en cours. Haché à l'extrême, ce match tourne doucement au réglement de comptes. Les altercations prolifèrent et l'orage couve. Une chance que la ferveur des supporters allemands les épargne de débordements que certains ultras et autres tifosi n'auraient pas hésité à commettre. Un Milan - Berne dans pareilles conditions et c'est l'émeute assurée...

Dubé-McIlveen, un sacré duo, deux sacrés numéros

Si ce match traîne en longueur, le meilleur reste pourtant à venir. On l'a dit, le duo McIlveen-Dubé va faire parler de lui en 2e Bundesliga. Paul McIlveen, qui performait en East Coast Hockey League (ECHL), est en train de se tailler une belle réputation. Le Canadien, vif comme l'éclair, vaut déjà son but par match (au minimum) et signe le hat-trick d'une percée supersonique conclue par un revers d'école (5-5 à 39'25"). Et encore, ce coup d'éclat n'est rien comparé à celui du "magicien" Yanick Dubé. Connu pour ses buts spectaculaires, le Québécois nous gratifie de son "spécial", un but extraordinaire de sang-froid et de dextérité. En deux temps trois mouvements, Dubé, en observation derrière la cage, soulève la rondelle et la porte du bout de sa palette pour la déposer dans l'angle gauche de Grauwiler (6-5 à 40'58"). Quel talent ! Quelle vitesse d'exécution ! Tout simplement "S-Dubé-fiant" ! En un mot : "wunderbar" !

Dès lors, Freiburg a la victoire à portée de mains. Reste à contenir le baroud d'honneur de banlieusards zurichois un tantinet désorganisés, certes, mais toujours virulents face à Ronny Glaser. Ce dernier, originaire d'ex-Allemagne de l'Est, contraste avec un Christoph Mathis qu'il a relevé au tiers précédent. Ses arrêts sont sûrs, avec peu de secondes chances, ce qui n'arrange pas les affaires de Beat Lautenschlager, un coach à court de solutions puisque l'absence de Blaine Down se fait cruellement sentir. Seul Claudio Micheli surnage tandis que Rémi Rimann, à l'instar de ses coéquipiers, semble plafonner. Les "Lionceaux" sont émoussés.

La tension étant toujours perceptible, chaque contact reste une source de conflit. Il y a de l'eau dans le gaz mais étonnement pas de bagarre générale. Et pourtant, s'il est un qui rajoute sans cesse de l'huile sur le feu, c'est bien Marek Ivan. Oh bien sûr Sergeï Stas n'est pas le dernier à faire du grabuge mais c'est l'attitude du Tchèque qui est la plus marquante. Volontiers provocateur, Ivan chambre à tour de bras et sème le vent sans pour autant récolter la tempête. Même Rimann y a droit mais n'en fait pas cas, sûrement intimidé par la différence de gabarit (27 cm).

Freiburg et son public peuvent maintenant savourer une victoire chèrement acquise. Si les Wölfe ont prouvé leur mainmise sur ce tournoi, ils le doivent pour beaucoup à leurs individualités. En premier lieu Paul McIlveen et Yanick Dubé, qui ont éclaboussé ce week-end de leur talent et, à un degré moindre, aux Billich, Vozar, Schüle et autres Ivan, également dans tous les bons coups. Les Loups poursuivent leur préparation à Colmar en "accueillant" prochainement Neuchâtel, Rosenheim (l'un des favoris en Oberliga) et Heilbronn (où Dany Roussin, l'ex-Briançonnais, a joué l'Arlésienne). Sans oublier Mulhouse la semaine prochaine, comme au "bon vieux temps". Sauf qu'on ne donne pas cher de la peau des Scorpions vu le calibre affiché par les Wölfe ce week-end !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Fribourg-en-Brisgau - GCK Lions 6-5 (2-5, 3-0, 1-0)

Dimanche 23 août à 17h00 à la patinoire de Colmar.

Évolution du score :

0-1 à 01'49": Genoni assisté de Faic et Schefer (sup. num.)

0-2 à 03'07" : Kienzle assisté de Micheli (sup. num.)

1-2 à 08'23" : Ivan assisté de Billich

2-2 à 09'28" : McIlveen

2-3 à 13'07" : Camperchioli assisté de Rimann et Kienzle (sup. num.)

2-4 à 16'27" : Camperchioli assisté de Rimann

2-5 à 17'28" : Faic assisté de Genoni

3-5 à 24'03" : McIlveen assisté de Schüle et Vozar (sup. num.)

4-5 à 29'45" : Noe

5-5 à 39'25" : McIlveen

6-5 à 40'18" : Dubé

 

Fribourg-en-Brisgau

Gardien : Christoph Mathis puis Ronny Glaser à 20'00".

Défenseurs : Daniel Ketter - Sergeï Stas ; Tim Schüle - Tyler Townsend ; Petr Bares - Rudi Gorgenländer ; 12 - 88.

Attaquants : Benjamin Stehle - Dany Bousquet (A) - Patrick Vozar (C) ; Barry Noe - Yanick Dubé (A) - Paul McIlveen ; Dennis Meyer - Marek Ivan - Christoph Billich.

Absent : Manuel Neumann.

GCK Lions

Gardien : Lukas Grauwiler [sorti de sa cage de 58'41" à 60'00"].

Défenseurs : André Signretti - Claudio Camperchioli ; Michael Hofer - Hans Pienitz ; David Stämpfli - Philipp Schefer.

Attaquants : Claudio Micheli (C) - Rémi Rimann - Lorenz Kienzle ; Gaetano Genoni - Patrick Faic - Pascal Tiegermann (A) ; Sven Ryser - Reto Schäppi - Mike Wolf ; Niki Altorfer - Gerber - Chris Baltisberger.

Remplaçant : Remo Trüb (G). Absents : Blaine Down (légère blessure à la tête), Martin Wichser (blessé), Leon Sarkis (surnuméraire), Gian-Carlo Hendry.

 

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