Suède - Suisse (28 avril 1920)
Jeux Olympiques 1920, tournoi pour la médaille de bronze, premier tour.
Les Américains ont à peine acquis la médaille d'argent face à la Tchécoslovaquie dans le "tournoi B" que débute déjà le "tournoi C" pour la dernière médaille disponible. Les deux autres équipes encore en lice - celles que les États-Unis avaient auparavant battues - s'affrontent donc directement dans la foulée... à 23h30 ! Les organisateurs sont pressés de finir le tournoi à tempss. La Suède avait vu le tirage au sort exemptant la Tchécoslovaquie du premier match du tournoi B comme une péripétie, mais elle commence à s'inquiéter en comprenant les conséquences. Elle joue son quatrième match en quatre jours, alors qu'on approche le milieu de la nuit.
Les Suédois ont obtenu en revanche de révoquer l'arbitre belge Paul Loicq qui avait été officiellement nommé. Depuis le premier match houleux contre la Belgique, ils se plaignent en effet d'une attitude hostile des spectateurs comme des dirigeants belges à leur endroit. Comme les autres pays plaident leur cause, les organisateurs leur cèdent et désignent le hockeyeur canadien Frank Fredrickson comme arbitre. Tout juste admise au sein de la LIHG depuis deux jours, la Suède a ainsi révoqué... son vice-président ! Loicq a en effet été élu à ce poste au Congrès, tout comme le président de la fédération américaine de patinage Cornelius Fellowes. Quant au nouveau président de la LIHG, ce n'est autre que Max Sillig... qui mène l'attaque suisse ce soir.
Si les Suédois enchaînent les rencontres, ils ont l'avantage de pouvoir faire tourner leur effectif. Albin Jansson, considéré comme le meilleur gardien de bandy du pays, fait ainsi ses débuts : il avait pris un palet dans l'oeil dans le dernier entraînement avant le départ. D'autant plus dommage qu'il avait innové en essayant de se protéger par un masque d'escrime, mais qu'il l'avait enlevé. Malgré l'incident, Jansson joue sans masque - comme tous ses collègues - et préfère aussi jouer sans gant parce qu'il sent mieux la crosse ainsi. Le palet quitte rarement la glace en temps normal et il est surtout inquiet de le voir heurter l'arrière de ses jambières, non protégé. Il n'aura pas à s'en faire : il doit arrêter un tir en début de match... puis plus rien pendant toute la rencontre !
L'autre joueur suédois qui débute est David Säfwenberg, un des rares Scandinaves à avoir déjà jouer au hockey canadien puisqu'il évolue depuis deux ans pour le Berliner Sport Club. C'est lui qui ouvre le score d'un tir lointain depuis l'aile droite. Il fera aussi la passe décisive sur le dernier but en débordant sur son aile avant de centrer devant la cage. La Suède domine tellement en première période qu'elle crée un embouteillage devant la cage suisse sur l'étroit couloir du Palais de Glace d'Anvers. En seconde mi-temps, elle décide de moins forcer, et de profiter de la fatigue des Helvètes pour s'ouvrir des espaces. Après le but sur rebond de "Fransman" Johansson, elle se détache nettement au score.
Comme les Français et les Belges, la troisième équipe francophone quitte donc le tournoi sans avoir marqué le moindre but. Les seuls Européens à avoir fait trembler les filets jusqu'ici sont les Suédois, mais il leur reste un match décisif pour la suprématie continentale, face à la Tchécoslovaquie.
Marc Branchu
Suède - Suisse 4-0 (1-0, 3-0)
Mardi 27 avril 1920 à 23h30 au Palais de Glace d'Anvers, Belgique.
Arbitrage de Frank Fredrickson
1-0 : Säfwenberg
2-0 : Johansson assisté d'Arwe
3-0 : Arwe
4-0 : Arwe assisté de Säfwenberg
Suède
Attaquants : Georg Johansson - David Säfwenberg - Wilhelm Arwe
Demi : Nikls Molander
Défenseurs : Einar Lundell - Einar Lindqvist (C)
Gardien : Albin Jansson
Non alignés : Seth Howander (G), Hansjacob Mattsson, Erik Burman, Einar Svensson
Suisse
Attaquants : Walter de Siebenthal - Bruno Leuzinger - Marius Jaccard
Demi : Louis Dufour
Défenseurs : Paul Lob - Louis Dufour
Gardien : René Savoie
Non alignés : Max Holsboer, Rodolphe Cuendet, Max Sillig