Suisse - Tchécoslovaquie (14 février 1922)
Championnats d'Europe 1922, premier match.
Désireux de reconquérir leur titre de champion d'Europe perdu face à la Suède, les Tchécoslovaques ont fait un beau voyage jusqu'en Suisse. Après avoir traversé l'Autriche en train, via Linz et Innsbruck, puis passé la frontière helvétique entre Feldkirch et Buchs, ils sont arrivés à Coire le lendemain après-midi. Depuis la capitale du canton des Grisons, ils ont pris le soir même le train électrique de 100 chevaux qui circule depuis trois hivers sur la ligne de l'Albula ouverte depuis 1904 jusqu'à Saint-Moritz. Le trajet en soirée de 17h00 à 22h30 n'est pas le plus propice à admirer la vallée, mais la pleine lune était l'alliée des visiteurs. Ils ont apprécié à la fois les paysages et les nombreux ouvrages d'art de cette ligne de chemin de fer, parsemée de nombreux viaducs mais aussi de tunnels hélicoïdaux qui ressortent au-dessus du point d'entrée pour gagner en altitude. L'équipe tchécoslovaque a pris ses quartiers à l'hôtel Carlton de Saint-Moritz (photo) et s'est dit enchantée de la qualité des menus - français naturellement - qui y sont servis.
Face au pays-hôte, la Tchécoslovaquie expérimente une nouvelle tactique : elle joue avec un seul pur attaquant, Jaroslav Jirkovský, et deux "demis", ce poste a priori supprimé depuis deux ans qu'on a enlevé un joueur dans le hockey sur glace ! Josef Šroubek et Vilém Loos peuvent tour à tour, selon les circonstances, se joindre à "Jirka" pour former une paire offensive ou jouer de manière plus défensive. Les positions sont donc très peu figées et ouvrent des combinaisons variées. Les défenseurs Karel Pešek et Otakar Vindyš savent aussi monter pour porter le palet à l'attaque, de manière toutefois un peu trop personnelle car ils en oublient parfois de passer le palet.
C'est une percée offensive d'un défenseur ayant des fourmis dans les jambes, Karel Pešek, dit "Káďa", qui amène le premier but. Une égalisation suisse est ensuite refusée pour hors-jeu, et une minute plus tard, Jirkovský double la mise sur un tir à bonne distance. La Suisse parvient alors à répliquer par les célébrités locales du village, les frères Andreossi qui sont les fondateurs du club de hockey de Saint-Moritz et se montrent comme les meilleurs joueurs du pays-hôte : Gian centre pour Mezzi dont le tir bas, bien placé, trompe le gardien Pospíšil pour réduire le score à 2-1.
Les Tchécoslovaques ont une bien meilleure technique de crosse que les joueurs locaux mais attaquent longtemps sans trouver l'ouverture. Vindyš intercepte une contre-attaque suisse peu avant le quart d'heure de jeu. Une intervention décisive puisque Šroubek inscrit le troisième but deux minutes plus tard sur un beau tir de l'aile gauche. Jirkovský convertit ensuite une passe de Pešek avant la pause est le trou est fait.
La deuxième mi-temps donne lieu à un changement et Hamáček fait son entrée en défense. La Tchécoslovaquie marque deux buts supplémentaires en sa présence, un tir lointain de Loos et une percée de Káďa à travers la défense. Elle résiste aussi pendant une minute de pénalité sifflée contre Jirkovský pour jeu dur (l'arbitre le vise par erreur car la faute a été commise par un de ses coéquipiers) en se montrant tenace en défense. Mais plus le temps de passe et plus les Tchécoslovaques oublient le collectif en cherchant tous à marquer. C'est Jirkovský qui y arrive, de très belle manière. La Suisse commence à se replier en défense et attaque rarement, mais quand elle se fait siffler un hors-jeu, Jirkovský marque d'un tir distant. Il quittera la glace pendant deux minutes à cause d'une violente collision avec le centre local remplaçant, les deux joueurs restant sonnés quelque temps. Le gardien Zacharias Andreossi - l'aîné de la famille - évite un score plus lourd en arrêtant un tir précis de Loos à deux minutes de la fin.
Suisse - Tchécoslovaquie 1-8 (1-4, 0-4)
Mardi 14 février 1922 à 14h35 à Saint-Moritz.
Arbitrage d'Edward Pitblado (CAN/GBR).
Pénalités : Suisse 1' (1', 0') ; Tchécoslovaquie 1' (0', 1').
1-0 à 04' : Pešek
2-0 à 07' : Jirkovský
2-1 à 09' : M. Andreossi assisté de G. Andreossi
3-1 à 16' : Šroubek
4-1 à 18' : Jirkovský assisté de Pešek
5-1 à 21' : V. Loos
6-1 à 22' : Pešek
7-1 à 26' : Jirkovský
8-1 à 34' : Jirkovský
Suisse
Attaquants : Mezzi Andreossi - Donald Unger [remplacé par Walter de Siebenthal de 30' à 35'] - Giannin Andreossi
Défenseurs : Édouard Mottier - Marius Jaccard
Gardien : Zacharias Andreossi
Remplaçant : Edi Koch.
Tchécoslovaquie
Attaquant : Jaroslav Jirkovský (C, 1') [remplacé par Karel Hartmann de 35' à 37']
Demis : Josef Šroubek - Valentin Loos [remplacé par Hartmann de 12' à 13']
Défenseurs : Karel Pešek - Otakar Vindyš [remplacé par Jaroslav Hamáček de 20' à 24']
Gardien : Jaroslav Pospíšil