Tchécoslovaquie - Suède (17 février 1922)

 

Championnats d'Europe 1922, dernier match.

Deux fois championne d'Europe (en incluant le titre de la Bohême avant-guerre), la Tchécoslovaquie veut remporter le droit d'emporter définitivement le trophée chez elle, ce que la tradition autorise à l'équipe qui remportera la compétition à trois reprises. Elle doit faire face pour cela à l'unique nation capable de lui contester la suprématie, la Suède, tenante du titre après sa victoire l'an passé à Stockholm. Jeune nation dans le hockey sur glace après n'avoir longtemps connu que le bandy, la Suède a appris très vite les subtilités du palet. Le nouveau sport a acquis ses lettres de noblesse... et son autonomie. Le samedi 11 février, juste avant le départ de l'équipe nationale pour Saint-Moritz, la fédération suédoise de football a décidé qu'elle ne s'occuperait plus du hockey sur glace (tout en continuant à gérer le bandy). Le comité de hockey sur glace a donc déjà prévu de réunir tous les joueurs en fin de saison pour créer une fédération indépendante.

La Tchécoslovaquie tenait à ce que cette finale se passe dans de bonnes conditions. Lorsque la Suède est arrivée avec un jour de retard, les organisateurs suisses avaient d'abord programmé que les Tchécoslovaques jouent deux fois le mercredi, le matin contre la Suède en championnat d'Europe puis le soir contre la Suisse dans le cadre de la Kulm Cup (tournoi organisé en parallèle avec l'Angleterre et ses joueurs canadiens). Ceux-ci ont refusé de pâtir de la situation. Le calendrier a donc été complètement revu, les Tchèques ont joué contre les Anglais (0-5) pendant que les Suédois battaient les Suisses. Les deux dernières rencontres du championnat d'Europe ont simplement été décalées d'un jour

Ce sont finalement les Suédois qui joueront deux fois ce jeudi, puisqu'ils affronteront une seconde fois la Suisse, en Kulm Cup cette fois. Ils y feront tourner leur effectif (en alignant Tidqvist en défense avec Burman et une ligne d'attaque Kock-Galin-Holmqvist avec Molander en remplaçant) car ils privilégient eux aussi le match le plus important, cette finale programmée à mi-journée.

Le début de match est relativement calme mais la Tchécoslovaquie a déjà l'avantage. Elle ne cadre pas ses premiers tirs mais Karel Pešek atteint une fois le poteau. À la septième minute, Jaroslav Jirkovský parvient à se défaire de son défenseur et ouvre le score d'un tir bas. Son équipe élève peu à peu le rythme et Jirkovský ajoute un deuxième but au rebond d'un tir de Pešek. La Suède n'arrive presque pas à tirer au but de son côté.

Il est de plus en plus clair que la fatigue joue son rôle. Elle est amplifiée par les effets de l'altitude chez les Suédois qui ont voyagé tard et ne se sont pas encore habitués, au contraire des Tchécoslovaques, présents à Saint-Moritz depuis six jours, qui ne la ressentent pas. À 1900 mètres, le remplaçant suédois Gunnar Galin rentre en jeu deux minutes à peine et se retrouve déjà à souffler comme une locomotive, ce qui l'obligera à retourner sur le banc. Le défenseur Einar "Stor-Klas" Svensson semble le plus gêné par ce manque d'air et doit souvent reprendre son souffle, penché.

La mi-temps fait du bien aux Suédois. Ils arrivent de nouveau à poser leur jeu à la reprise. Il manque toutefois un peu de qualité de tir à l'ailier droit Nils Molander pour conclure les actions collectives. C'est au contraire Pešek qui marque un beau but du coup droit contre le cours du jeu après un joli solo. La Tchécoslovaquie mène 3-0 et est de nouveau en pleine confiance, livrant sans doute le meilleur match de son histoire. Sa tactique consistant à défendre à trois joueurs dès qu'elle a perdu le palet ne laisse que des tirs lointains à la Suède. Ses attaques à deux joueurs sont exécutées témoignent aussi d'un entraînement collectif efficace.

Dans les trois dernières minutes, pourtant, le match est relancé. Erik Burman - le meilleur Suédois avec le défenseur "Knatten" Lundell - marque deux buts dans les quatre dernières minutes : le premier en profitant d'une mésentente défensive tchécoslovaque et le second sur une erreur du gardien Jaroslav Pospíšil - rendu nerveux en voyant ses coéquipiers faiblir - qui attrape mal un palet dans son gant. À 3-2 avec deux minutes à jouer, les Tchécoslovaques forment une carapace à cinq joueurs pendant que les remplaçants sur le banc leur crient le décompte du temps. Le sifflet du chronométreur finit par sonner : ils sont champions d'Europe !

 

Tchécoslovaquie - Suède 3-2 (2-0, 1-2)
Vendredi 17 février 1922 à 11h30 à Saint-Moritz.
Arbitrage d'Edward Pitblado (CAN/GBR).

1-0 à 07' : Jirkovský
2-0 à 12' : Jirkovský assisté de Pešek
3-0 à 24' : Pešek
3-1 à 37' : Burman
3-2 à 38' : Burman

Tchécoslovaquie

Attaquant : Jaroslav Jirkovský (C)

Demis : Josef Šroubek - Valentin Loos

Défenseurs : Karel Pešek - Otakar Vindyš

Gardien : Jaroslav Pospíšil

Remplaçants : Jaroslav Hamáček et Miloslav Fleischmann.

Suède

Attaquants : Georg Johansson-Brandius - Erik Burman - Nils Molander

Défenseurs : Einar Lundell - Einar "Stor-Klas" Svensson

Gardien : Einar Olsson.

Remplaçants : Gunnar Galin et Birger Holmquist.

 

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