Suède - Tchécoslovaquie (7 mars 1923)

 

Championnats d'Europe 1923, première journée.

En aménageant un calendrier de difficulté croissante pour leur équipe, les organisateurs belges ont provoqué un effet secondaire fâcheux, programmer le choc Suède-Tchécoslovaquie dès le premier jour. Les deux derniers champions d'Europe se craignent mutuellement. Les Tchèques envient les conditions hivernales des Scandinaves, qui jalousent pour leur part les voyages formateurs des hockeyeurs d'Europe centrale (qui ont notamment remporté la Coupe Jean Potin à Paris). La Suède a quand même pu se préparer à Stockholm dans un match plus équilibré que le score ne l'indique (6-1) face à l'Allemagne, toujours exclue des compétitions internationales depuis la guerre du fait du refus des pays meurtris (Belgique et France).

Les Tchèques, eux, ont dénoncé les conditions de leur voyage pour rejoindre Anvers alors qu'ils étaient partis dès le samedi matin : les onze changements de train (!) témoignent selon eux du chaos qui règne dans cette Allemagne d'après-guerre, et surtout ils ont été scandalisés de devoir quitter le train à Siegen et de se faire escorter par une patrouille militaire jusqu'à la mairie où on a insisté pour qu'ils se débrouillent pour obtenir des autorisations des services français et belges (preuve que la rancœur mutuelle reste forte entre les anciens belligérants). La situation a tellement pesé sur les nerfs des Tchèques que Karel Hartmann a été obligé de prendre des médicaments pour se calmer. Ils ont finalement pu repartir mais Šroubek (qui a perdu ses collègues au milieu des nombreuses correspondances), Pešek et Koželuh (parce qu'ils ont joué avec le Sparta dimanche) ne sont arrivés qu'hier soir.

La force collective semble favorable aux Tchèques : ils utilisent les deux substituts autorisés pour faire tourner leur effectif alors que les Suédois utilisent les mêmes hommes tout le match. Ceux-ci sont affaiblis par les absences de "Fransman" Johansson, qui n'a pu faire le voyage pour motifs profssionnels, mais aussi d'Erik Burman, qui ne cessait de progresser au point de mener son équipe dans l'interaction collective, mais qui s'est blessé à l'épaule le 1er mars. "Stor-Klas" Svensson a pris son passeport au dernier moment pour le remplacer.

On a choisi l'autorité de Paul Loicq pour arbitrer ce match au sommet et il prévient les deux rivaux qu'il ne pardonnera pas le jeu trop dur. Les deux adversaires semblent tendus par l'enjeu et débutent de manière défensive. Jaroslav Jirkovský débloque la partie par un lancer puissant du milieu de terrain dont l'effet fouetté impressionne les observateurs au point d'être décrit comme le "tir de l'année" par Torsten Tegnér (journaliste et propriétaire d'Idrottsbladet). Les Suédois commencent alors à se montrer dangereux et égalisent par Svensson, toujours spécialiste des tirs puissants. Molander aurait pu donner l'avantage à la Siède, mais le gardien Jaroslav Řezáč se couche en travers de la cage de manière peu régulière.

Dominatrice dans le jeu, la Suède se retrouve de nouveau menée en seconde mi-temps par un but de Hartmann. Elle adapte alors sa tactique. Elle tente plus de tirs lointains sur Řezáč, identifié comme le point faible de l'équipe tchèque. Ce docteur en droit, également délégué tchèque auprès de la LIHG, faisait d'habitude les voyages à l'étranger comme substitut, se rendant toujours utile par ses connaissances en langues étrangères. Comme gardien, il est plutôt moyen, mais il se retrouve titulaire cette année. Nils Molander le trompe du milieu de la glace, et les applaudissements ne se sont pas encore arrêtés que Holmquist marque à son tour d'un beau tir à 20 mètres de distance. Trois minutes plus tard, Stor-Klas plie l'affaire en dribblant dans la défense et en concluant par un tir de 15 mètres.

Très applaudie par le public dans ses beaux maillots jaunes avec pantalon blanc, la Suède écoute son hymne après ce succès assez mérité. Elle était meilleure individuellement, même si son jeu collectif n'était pas au niveau des Tchèques. La plus grande différence, outre le gardien, s'est faite dans le patinage, à l'avantage des Scandinaves. Le meilleur homme sur la glace a été "Knatten" Lundell, très bon tant dans ses dribbles que dans ses mises en échec en défense.

 

Suède - Tchécoslovaquie 4-2 (1-1, 3-1)
Mercredi 7 mars 1923 à 22h00 au Palais de Glace d'Anvers.
Arbitrage de Paul Loicq

0-1 : Jirkovský
1-1 : Svensson
1-2 : Hartmann
2-2 : Molander
3-2 : Holmquist
4-2 : Svensson

Suède

Attaquants : Birger Holmquist - Nils Molander (C) - Einar "Stor-Klas" Svensson (1')

Défenseurs : Gustaf Johansson - Einar Lundell

Gardien : Abbe Jansson.

Remplaçant non entré en jeu : Karl Björklund.

Tchécoslovaquie

Attaquants : Otakar Vindyš - Jaroslav Jirkovský - Valentin Loos (1') ou Karel Koželuh

Défenseurs : Karel Pešek - Karel Hartmann (C) ou Josef Šroubek

Gardien : Jaroslav Řezáč

 

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