Chamonix - Brandenburg (31 décembre 1929)
Match amical.
Ce matin, surprise, le temps était couvert, huit centimètres de neige fraîche étaient tombés au cours de la nuit, cependant, le Comité décidait de maintenir le match entre la France et l'Allemagne, match qui devait décider du gagnant de la Coupe Coty. À 9 heures, la neige se mettait à tomber à gros flocons et jusqu'à midi, la chute continuait. La patinoire était recouverte de 30 centimètres de neige fraîche, le match était toujours décidé. Grâce à la puissante auto-chenille déblayeuse, la patinoire fut dégagée rapidement ; un record : 10 000 mètres carrés en 4 heures. À une heure, nouvelle chute, mais très légère, les jeux sont rapidement installés, la grande tribune déblayée et un fort coup de vent dégage les brumes et laisse apercevoir un beau coin de ciel bleu. À 15h30 le match est engagé par M. Carrillat, membre d'honneur du Hockey-Club et arbitré par Phil Payot. La glace est bonne en général.
La première période est assez terne, Berlin paraît plus en forme que Chamonix, les nôtres paraissent se ressentir des efforts fournis la nuit passée au cours du gala du Hockey-Club, au Casino ; néanmoins, jouant un jeu très scientifique, Chamonix domina son adversaire, mais la fougue des Berlinois surprend nos arrières et Berlin marque un but. Au cours de la 2e mi-temps, Chamonix se reprend et joue un jeu de passes qui lui permet de rentrer à son tour un but.
Les adversaires sont à égalité lorsque retentit le sifflet de la deuxième période. Les quinze dernières minutes de jeu sont superbes ; des deux côtés, les équipiers mettent une ardeur incroyable, les descentes se font avec une rapidité étonnante et les goals sont à l'ouvrage. Chamonix marque encore un but tandis que Berlin s'efforce en vain d'égaliser pendant les dernières minutes. La foule applaudit les descentes avec une impartialité digne d'être signalée aux spectateurs chauvins de certains matches de rugby ; l'arbitre a une tendance à être plutôt dur envers Chamonix, mais lorsque l'on saura qu'il est le président de cette équipe on applaudira des deux mains à sa sportivité. La sonnette finale retentit, donnant la victoire à Chamonix par deux buts à un.
Chamonix est en progrès, mais ne joue cependant pas assez le jeu d'équipes ; il y eut trop de brillants exploits individuels aujourd'hui.
Compte-rendu de Roger Frison-Roche dans le Petit Dauphinois