Top/Flop : février 2008

 

Kärpät Oulu (FIN)

Normalement, cette rubrique top/flop est censée s'équilibrer sur la durée pour un club donné, tout club connaissant des hauts et des bas. Comme l'aurait dit La Palice, quand on est monté tout au sommet, on ne peut que redescendre...

À ce titre, le Kärpät Oulu est un défi aux lois de la logique. Il a déjà eu droit à sa flèche verte durant les saisons 2000/01, 2001/02, 2003/04, 2004/05 et 2006/07. Bref, cinq fois en sept ans... et maintenant six en huit ans ! Excès de compliments ? Honneur immérité ? Même pas. Un simple constat. Alors que tous les clubs qui connaissent des succès à répétition sont confrontés au risque de sclérose, Kärpät arrive à conserver une attention soutenue même si les play-offs de l'an passé ont été remportés sans perdre un match. L'affluence en saison régulière est la meilleure depuis cinq ans.

À chaque fois, le club arrive à se fixer de nouveaux défis. C'est le cas dans le marketing, avec le lancement de vin et de bière "Kärpät", mais cela ne se limite heureusement pas à ça. La vraie progression et le vrai challenge concernent bien le domaine sportif. Et ce qui fait rêver Oulu, c'est la nouvelle Ligue des Champions que l'IIHF mettra en place l'an prochain. L'Europe, c'est ce qui maintient la soif de victoire dans les tribunes de la Energia Arena.

Et pourtant, Kärpät n'est même pas sûr d'y participer ! L'IIHF a pourtant imposé aux pays concernés que ce soit le champion et le vainqueur de la saison régulière qui y soient qualifiés. Avec dix points d'avance à trois matches de la fin, l'hermine est donc assurée de la première place. Sauf que la Finlande est le seul pays à avoir obtenu une dérogation exceptionnelle de la fédération internationale afin que, pour la première saison, ce soient les deux finalistes qui soient retenus. La raison de ce cas d'espèce, c'est justement la domination d'Oulu : la SM-liiga voulait ainsi ménager le suspense, puisque, dès janvier, il n'y en avait déjà plus pour la fin de saison régulière.

Ce n'est pas pour autant que le public s'est lassé. Il a encore vécu un bon mois de hockey et enregistré avec plaisir le retour du centre très apprécié Jari Viuhkola, après son escapade nord-américaine et une blessure qu'il traîne depuis plusieurs mois. Pour son premier match, il a inscrit quatre assistances. Il y a toujours un motif pour se réjouir dans le Grand Nord finlandais.

Düsseldorf (ALL)

La saison régulière 2007/08 ne restera de toute façon pas un bon souvenir à Düsseldorf. Les résultats et les affluences en berne vont obliger à raccourcir le budget de 4,1 à 3,6 millions d'euros l'an prochain. Mais le club s'y prépare déjà, et le manager Lance Nethery a engagé Harold Kreis, qu'il a côtoyé à Mannheim et qui arriver cet été. En attendant, il continue de s'occuper de l'équipe.

On pourrait croire qu'il a tiré un trait sur le championnat en cours. Mais avec neuf victoires en dix matches, le DEG a assuré une qualification qui semblait compromise. Et aujourd'hui, plus personne n'a envie de le croiser en play-offs. Ce qu'il faut signaler, c'est que deux des principaux responsables de cette résurrection sont deux jeunes Allemands qui ne sont pas actuellement dans les plans d'Uwe Krupp pour l'équipe nationale.

Le cas de Patrick Reimer (25 ans) fait râler à Düsseldorf tant ses performances actuelles le justifieraient. Il a été placé sur la ligne de Rob Collins et du parfois nonchalant Jamie Wright, il a transformé cette ligne qui est en très grande forme depuis deux mois.

Quant à Korbinian Holzer, qui a fêté ses 20 ans ce mois-ci, il a tout simplement la meilleure fiche +/- parmi les défenseurs, et forme une très solide première paire avec le vétéran naturalisé Marian Bazany (lex-Strasbourgeois). Les deux spécialistes défensifs compensent les erreurs des leaders attendus des lignes arrières, les plus offensifs Peter Ratchuk et Andy Hedlund qui se sont brûlés et n'ont pas assumé leur temps de glace. Il faut dire que Düsseldorf n'a pas été épargné par les blessures. La révélation de Holzer compense la saison presque blanche d'un autre espoir, Robert Dietrich. Après avoir eu la cheville droite fracturée en partant pour un camp NHL à Nashville, il n'a rejoué que six fois avant de se blesser à l'autre jambe dans un choc à l'entraînement avec Bazany. Il rentrera début mars.

 

Lugano (SUI)

Depuis l'introduction des play-offs en Suisse en 1986 (ils ne concernaient pourtant que quatre équipes au début), Lugano avait toujours été présent. Sa non-qualification cette saison est donc une sensation.

Le responsable a déjà été désigné par toute la presse : le nouveau président du conseil d'administration Paolo Rossi, homme de confiance du grand argentier Geo Mantegazza. En un an, il a réussi à déstabiliser l'équilibre de l'équipe et son fond de jeu. Lugano valait souvent surtout par quelques joueurs-clés, et cette saison, le maillon fort devait être Jukka Hentunen. Rossi, avec le directeur sportif Jörg Eberle, ont pourtant négocié avec Kazan le départ du meilleur marqueur de l'équipe. Selon la radio tessinoie, ils l'ont même fait avant même que le joueur et son entraîneur ne soient au courant.

Lugano ne s'est jamais remis de la perte de l'attaquant finlandais. Même un club aussi puissant a appris à ses dépens qu'il ne pouvait pas remplacer aussi simplement un joueur important en cours de saison. Le successeur désigné Dan LaCouture a été un échec cuisant, avec un seul but (en cage vide...) en 15 matches. L'autre ex-ailier de NHL, le plus célèbre Anson Carter, n'a pas pu faire beaucoup mieux, hors de forme et finalement blessé.

La deuxième fracture est survenue quand le président Rossi a décidé de démettre l'entraîneur Ivano Zanatta contre l'avis de ses joueurs. Il s'est débarrassé d'une figure populaire du club pour engager un coach, Kent Ruhnke, dont la personnalité et la tactique défensive ont provoqué un véritable rejet.

Le charisme de John Slettvoll, l'entraîneur des grandes années sorti de sa retraite, n'a pas sauvé les meubles. Les anciens ne portent pas forcément en eux le fluide de la victoire : sur deux erreurs du vétéran défensif du club Krister Cantoni, Lugano concédait une défaite éliminatoire contre... Fribourg-Gottéron. C'est justement l'équipe pour laquelle le capitaine Sandy Jeannin, agacé du manque d'écoute et de considération du président Rossi et définitivement convaincu par le renvoi de Zanatta dont il était très proche, avait annoncé qu'il partirait la saison prochaine.

MHK Kezmarok (SVK)

À l'issue de deux allers-retours dans l'Extraliga slovaque, le promu Kezmarok - une station de ski - avait gardé sa huitième place un peu par miracle, après une série de huit matches sans victoire, uniquement parce que ses poursuivants Zilina et Nitra avaient été aussi faibles dans la "dernière ligne droite".

Sauf que ce n'était pas tout à fait la dernière ligne droite. Dans sa nouvelle formule à 12 clubs, le championnat slovaque a rajouté à un double aller-retour traditionnel douze journées supplémentaires où les clubs classés à un rang impair rencontrent en aller-retour ceux classés à un rang pair.

Cette 8e place, obtenue en vertu des confrontations particulières par Kezmarok, qui avait battu trois fois sur quatre Zilina (à égalité de points), recelait donc un piège en réalité. Cela tient aux deux extrêmes. Le promu devait affronter les équipes classées 1, 3, 5, 7, 9 et 11, y compris le Slovan Bratislava, dominateur incontesté de la saison régulière. Zilina avait droit en revanche à deux matches faciles contre le n°12, l'équipe nationale junior slovaque intégrée au championnat pour apprendre (dans la défaite). D'un côté, deux défaites "probables". De l'autre, deux succès "assurés". C'est en tout cas ce que disaient les contempteurs de la formule...

En fait, Kezmarok a pris quatre points sur six possibles contre Bratislava. Et son adversaire Zilina a réussi à ne glaner qu'un point sur six contre les juniors ! Les moins de 19 ans (car ce sont eux qui remplacent les moins de 20 ans après le Mondial pour préparer l'année suivante...) n'ont même gagné que contre Zilina dans cette phase décisive... Cela n'a pas empêché le champion 2006 Zilina de doubler Kezmarok... qui pourra accuser tout le monde sauf la formule.

 

 

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