Jeux Olympiques de Saint-Moritz 1948

 

La lutte d'influence entre les deux fédérations américaines, commencée dans les années 30 et apparue au grand jour l'année précédente aux championnats du monde, prend encore de l'ampleur. Deux équipes américaines font le voyage jusqu'à ces Jeux Olympiques, une pour chaque fédération. Certes la LIHG a désormais reconnu l'AHAUS, mais Avery Brundage, président du Comité International Olympique, pèse de tout son poids pour faire reconnaître celle de l'AAU dont il avait été le dirigeant. "L'équipe envoyée par l'AHAUS représente le Madison Square Garden et pas les États-Unis. S'ils sont amateurs, alors je m'appelle Christophe Colomb", déclare-t-il.

Pour la première fois, c'est un hockeyeur qui représente les athlètes et lit la charte olympique lors de la cérémonie d'ouverture. Il s'agit de Richard Torriani (appelé "Bibi" depuis son plus jeune âge car il était le benjamin d'une fratrie de six enfants), déjà médaillé de bronze vingt ans auparavant avec l'équipe suisse, également à Saint-Moritz. Mais quand il prête serment, le CIO vient de décider d'annuler le tournoi de hockey ! Toutefois, selon les règlements, le comité olympique suisse a tout pouvoir d'organisation, quitte à être désapprouvé par la suite par le CIO. Par conséquent, le tournoi a bien lieu avec la formation dirigée par Walter Brown (AHAUS).

L'hiver est doux et cela pose des problèmes de glace aux heures chaudes. Certaines rencontrent doivent ainsi débuter à sept heures du matin.

 

30 janvier
Suisse - États-Unis 5-4 (1-0,1-1,3-3)
Canada - Suède 3-1 (1-1,1-0,1-0)
Pologne - Autriche 7-5 (0-2,4-2,3-1)
Tchécoslovaquie - Italie 22-3 (6-0,10-1,6-2)

31 janvier
États-Unis - Pologne 23-4 (5-0,9-1,9-3)
Tchécoslovaquie - Suède 6-3 (3-2,3-1,0-0)
Suisse - Italie 16-0 (4-0,9-0,3-0)
Grande-Bretagne - Autriche 5-4 (1-2,1-1,3-1)

1er février
Canada - Grande-Bretagne 3-0 (1-0,1-0,1-0)
États-Unis - Italie 31-1 (6-0,11-1,14-0)
Suisse - Autriche 11-2 (2-2,3-0,6-0)
Tchécoslovaquie - Pologne 13-1 (2-0,5-1,6-0)

2 février
Suède - Autriche 7-1 (3-1,1-0,3-0)
Canada - Pologne 15-0 (5-0,6-0,4-0)
Tchécoslovaquie - Grande-Bretagne 11-4 (4-1,6-1,1-2)

3 février 
Canada - Italie 21-1 (11-0,6-0,4-1)
États-Unis - Suède 5-2 (2-0,2-1,1-1)

4 février
Tchécoslovaquie - Autriche 17-3 (4-0,5-1, 8-2)
Suisse - Grande-Bretagne 12-3 (5-2,5-1,2-0)
Pologne - Italie 13-7 (3-1,6-2,4-4)

5 février
Suisse - Suède 8-2 (3-0,3-1,2-1)
Grande-Bretagne - Pologne 7-2 (2-0,1-1,4-1)
Autriche - Italie 16-5 (3-4,6-0,7-1)
Canada - États-Unis 12-3 (3-1,4-0,5-2)

6 février
Suède - Grande-Bretagne 4-3 (1-2,1-1,2-0)
Suisse - Pologne 14-0 (8-0,5-0,1-0)
Canada - Tchécoslovaquie 0-0 (0-0,0-0,0-0)
États-Unis - Autriche 13-2 (4-2,4-0,5-0)

7 février
États-Unis - Grande-Bretagne 4-3 (1-1,2-0,1-2)
Suède - Italie 23-0 (6-0,10-0,7-0)
Suisse - Tchécoslovaquie 1-7 (0-1,1-2,0-4)
Canada - Autriche 12-0 (5-0,5-0,2-0)

8 février
Grande-Bretagne - Italie 14-7 (6-2,5-3,3-2)
Suède - Pologne 13-2 (5-1,4-1,4-0)
Tchécoslovaquie - États-Unis 4-3 (3-1,1-2,0-0)
Suisse - Canada 0-3 (0-1,0-1,0-1)

Classement (8 matches)

                   Pts   V  N  D   BP-BC  Diff
1 Canada            15   7  1  0   69-5   +64
2 Tchécoslovaquie   15   7  1  0   80-18  +62
3 Suisse            12   6  0  2   67-21  +46
4 États-Unis*       10   5  0  3   86-33  +53
5 Suède              8   4  0  4   55-28  +27
6 Grande-Bretagne    6   3  0  5   39-47  -18
7 Pologne            4   2  0  6   29-97  -68
8 Autriche           2   1  0  7   33-77  -44
9 Italie             0   0  0  8   24-156 -132

* deux jours avant la fin de la compétition, le CIO prend la décision d'exclure l'équipe américaine du classement officiel olympique. La Suède est donc quatrième des JO, etc... Par contre, ce tournoi compte également comme championnat du monde pour la LIHG, et les États-Unis sont donc comptabilisés dans ce classement-là.

Même si les Américains sont exclus du classement des JO, leurs résultats ne sont pas annulés, et cette distinction a toute son importance, puisque c'est ce qui donne l'avantage aux Canadiens (12-3 contre les États-Unis) sur les Tchécoslovaques (4-3 contre ces mêmes Américains) à la différence de buts. Tout le monde s'accorde à reconnaître que la Tchécoslovaquie était offensivement beaucoup plus impressionnante, notamment grâce à Vladimír Zábrodský, un grand attaquant avec des mains exceptionnellement rapides et un aplomb incroyable. Le meilleur marqueur de la compétition avec ses 21 buts est la première authentique star du hockey européen. Mais le Canada a aussi un énorme atout : son gardien Murray Dowey, qui n'encaisse que cinq buts durant le tournoi et est le principal artisan du 0-0 arraché contre les Tchécoslovaques, reportant la décision sur le goal-average, favorable aux Canadiens pour deux petits buts.

Les observateurs estiment que le Canada n'avait pas envoyé une équipe aussi forte que d'habitude - faute de meilleurs candidats - et que cela explique ce succès si difficile. Cette formation canadienne est celle de la Royal Canadian Air Force (RCAF) d'Ottawa. Comme son nom l'indique, elle compte dans son effectif nombre d'officiers de l'armée de l'air, mais ses deux joueurs-vedettes, Wally Halder (21 buts aussi) et George Mara, sont des civils.

La Suisse, qui avait battu le Canada en amical à Zurich, avait cru à la possibilité du titre olympique. Mais elle ne joue plus que pour la deuxième place à l'heure d'affronter le Canada, et quand elle encaisse le deuxième but, des spectateurs lancent des boules de neige sur les joueurs canadiens. Mais les hommes de la RCAF en ont vu d'autres. Si les Suisses avaient espéré encore mieux que cette nouvelle médaille de bronze à domicile, c'est que leur équipe rassemblait en cette occasion unique deux générations de légendes du hockey helvétique. Richard Torriani, désormais âgé de 36 ans et qui monte de nouveau sur le podium à vingt ans d'intervalle, est toujours là avec ses compagnons de la "Ni-Sturm", les frères Cattini. Heini Lohrer, leur vieux rival avec la "Er-Sturm" de Zurich, est également de la partie, avec son frère Werner. À cela s'ajoute la nouvelle vague venue d'Arosa, avec la ligne de Hans-Martin Trepp et des frères Poltera. Tous les membres de cette glorieuse équipe recevront en récompense un certificat leur donnant à entrer gratuitement à vie dans toutes les patinoires de Suisse. Hormis deux joueurs, Heinrich Boller et Emil Handschin, tout l'effectif est originaire des Grisons.

 

 

Les JO précédents (Garmisch-Partenkirchen 1936)

Les JO suivants (Oslo 1952)

 

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