Championnat des États-Unis 1924/25

 

La NHL se développe pour la première fois aux États-Unis avec la création de la franchise des Bruins de Boston. Les plans du promoteur de boxe Tex Rickard pour créer une ligue avec Pittsburgh et Cleveland - en plus d'une équipe au Madison Square Garden de New York qu'il reconstruit - ont échoué. Ces deux villes continuent donc et les clubs traditionnels bostoniens sont toujours là. Pour l'instant, l'USAHA se maintient donc avec un intérêt toujours accru. Son président Roy Schooley a même engagé de nouveaux joueurs canadiens à Pittsburgh pour y créer une seconde équipe, les Fort Pitt Hornets. Les deux formations de Pittsburgh sont réparties dans les deux groupes (ouest et est) et peuvent donc espérer s'affronter en finale.

Une des nouveautés de la saison est l'ouverture de l'Amphitheater de Duluth, première patinoire artificielle construite prioritairement pour le hockey sur glace aux États-Unis. Dotée d'une glace de 65 mètres sur 27, elle peut accueillir 5000 spectateurs.

 

United States Amateur Hockey Association

Eastern Group

                                Pts   MJ   V  N  D   BP-BC  Diff
1 Fort Pitt Hornets              20   24  17  0  7   79-42  +37
2 Boston Athletic Association    20   22  16  0  6   61-40  +21
3 Maple AA Boston               -18   23   7  0 16   42-68  -26
4 Boston Hockey Club            -22   17   3  0 14   38-70  -32

La presse bostonienne critique les "mercenaires" canadiens de Pittsburgh et de leur jeu brutal ; ils seraient "des experts pour utiliser le bout de leur crosse pour masser les côtes de leurs adversaires". De fait, lorsque le manche de la crosse de Joe Sills remonte plus haut, l'ailier du B.A.A. Leo Hughes perd l'oeil droit. Cet incident survenu en début de saison suscite une vague d'indignation et de compassion, et son club menace de quitter la ligue si ces brutalités ne sont pas arrêtées. Ce sont les deux équipes concernées qui se retrouvent en finale alors que la tension est retombée.

Fort Pitt : Joe Miller (CAN) ou Ray Bonney (1 match) / Lorne Armstrong (9) - Johnny McKinnon (CAN, 24 buts) ; Charles "Terry" McGovern (CAN, 0) / Charles "Bonner" Larose (CAN, 7) - James "Paddy" Sullivan (cap., CAN, 9) - Joe Sills (CAN, 6) ; Rennison "Dinny" Manners (entraîneur-joueur, CAN, 7) - Joseph "Hec" Lepine (CAN, 11) - Bernard Brophy (CAN, 4) ; Stubby Baker (2).

Boston AA : Alphonse Lacroix (Moe Roberts) / Ag Smith (CAN, cap., 1) - Irving Small (8) ; Leonard Morrissey / Hago Harrington (14) - Gerry Geran (13) - Leo Hughes (3) puis John Lyons (1) ; Willard Rice (0) ou Bob Hall (2) - Howell Van Gerbig (8) - William Letson (CAN, 0) ; + le polyvalent Eddie Enright (10) en défense ou attaque.

Maple AA : Abbie Cox (CAN) / Perley "Chick" Williams (6) - Frederick "Duke" Long (CAN, 3) ; Frank Peters (2) / Stan Veno (9) ou Clarence Morrison (CAN, 5) - Chester Harris (CAN, 9) - Wilfried Veno (3) ou Stan Morton (3) ; René Joliat (CAN, 2), Dunc Chisholm (0). Entraîneur : Joe Sheridan.

Boston HC : John "Art" Langley (Prescott Drowne) / F. Dumaine (1) - Ken Marshall (3) ; Dunlop, Myles Lane (1) / Francis Sheehy (3) - Jack Hutchinson (5) - Justin McCarthy (3) ; George Scott (5) - Bob Taylor (2) - Bob Eaton (11) ; Alex Sayles (3), Louis Reycroft (1).

Finale Est (17, 18, 20 et 21 mars 1925)

Boston AA - Fort Pitt 1-0 (0-0,0-0,1-0)  Harrington
Boston AA - Fort Pitt 0-2 (0-1,0-0,0-1)  Sills (Sullivan), Armstrong (Sullivan)
Fort Pitt - Boston AA 6-1 (2-0,3-0,1-1)  McKinnon, Sullivan (Sills), Manners (Larose, Lepine), Lepine (Armstrong, McKinnon), Armstrong, Sills / Morrissey
Fort Pitt - Boston AA 3-1 (2-0,0-1,1-0)  Sullivan, McKinnon, Sills / Smith

Compte tenu du passif entre les deux équipes, le directeur de la patinoire bostonienne George V. Brown a engagé l'arbitre de NHL Jerry Laflamme. Les "Hornets" de Fort Pitt ressortent frustrés du premier match, perdu sur un but de Hago Harrington qui a pris son propre rebond, à cause de deux situations : les 12 points de suture du petit mais très rapide Bernie Brophy, coupé au-dessus du genou par le patin de Howell Van Gerbig (ancienne star de hockey et football américain de Princeton), et le poteau - selon la décision du juge de but - de Joe Sills en fin de match. Ils croient en effet que la blessure était volontaire, et ils sont persuadés que le palet est rentré dans la cage avant de ressortir. Ces grommellements seront vite oubliés. Sills - qui était annoncé absent dans la série à cause d'une angine... - se venge en marquant le premier but le lendemain, dans un match nettement dominé par les visiteurs.

L'espoir d'un second titre national du B.A.A., seule formation presque entièrement américaine dans une ligue dominée par les recrues canadiennes, s'amenuise à Pittsburgh quand les Bostoniens s'alignent sans Small, indisposé, et bientôt sans Van Gerbig, victime d'une blessure à l'épaule en deuxième période. La star du BAA Gerry Geran garde certes son esprit combatif jusqu'à la fin, mais comme un symbole, c'est en interceptant le palet dans sa crosse que McKinnon puis Sullivan inscrivent les ouvertures du score. Fort Pitt se qualifie clairement pour la finale nationale.

 

Western Group

Première phase (20 matches)

                         Pts   V  N  D   BP-BC  Diff
1 Pittsburgh Y. Jackets   26  15  2  3   44-12  +32
2 Duluth Rangers           7  11  1  8   24-34  -10
3 Cleveland AC             6  10  2  8   32-28  +4
4 Minneapolis Millers     -2   8  2 10   24-30  -6
5 St Paul Saints         -10   6  2 12   22-32  -10
6 Eveleth Arrowheads     -17   5  1 14   18-28  -10

Meilleurs buteurs de la première phase : Nels Stewart (Cleveland) 10, 2 Harold Darragh (Pittsburgh) 9, 3 Hib Milks (Pittsburgh) 8.

Deuxième phase (20 matches)

                         Pts   V  N  D   BP-BC  Diff
1 Eveleth Arrowheads      15  13  1  6   28-22  +6
2 Pittsburgh Y. Jackets    6  10  2  8   34-32  +2
3 St Paul Saints           4  11  0  9   32-30  +2
4 Minneapolis Millers      1   8  3  9   24-24   0
5 Cleveland AC            -8   8  0 12   25-32  -7
6 Duluth Rangers         -10   6  2 12   22-25  -3

Les équipes sont de plus en plus souvent désignées par des surnoms non officiels souvent empruntés au baseball. Plutôt que d'opposer les trois premiers comme durant l'année olympique qui était particulière, Roy Schooley a décidé que les play-offs opposeraient les vainqueurs de la première et de la deuxième phase. Son club Pittsburgh a tellement dominé la première moitié que beaucoup craignent qu'il gagne aussi la seconde et annule les play-offs, mais les Yellow Jackets se relâchent en février, notamment avec les blessures de Smith à la jambe et de Drury aux ligaments.

C'est alors une équipe que personne n'attendait qui double tout le monde. Eveleth a perdu son défenseur canadien Percy Nicklin, qui a été arrêté en septembre avant d'être déporté au Canada en janvier : il est condamné pour avoir traversé la frontière illégalement, car il avait prétendu être américain quand il était arrivé à Eveleth deux ans plus tôt. Pourtant, cette équipe domine la seconde phase grâce aux solides performances de son gardien Paddie Byrne et devient la meilleure défense du championnat : cette distinction revenait jusqu'ici à Cleveland, mais l'équipe de l'Ohio a perdu pied dans cette seconde partie en transformant chaque match en guerre de tranchées et en accumulant les pénalités.

Pittsburgh : Roy Worters (CAN) avec comme doublure Montgomery qui joue le dernier match / Lionel Conacher (cap., CAN, 14 buts) - Roger Smith (CAN, 8) / Harold Darragh (CAN, 14) - Herb Drury (7) - Hib Milks (CAN, 12) ; Frank "Duke" McCurry (CAN, 6) - Harold Cotton (CAN, 7) - Wilfred "Tex" White (CAN, 7) ; Donald Meeking (CAN, 3). Coach : Dick Carroll.

Eveleth : Pat Byrne (CAN) / Patrick "Nobby" Clark (CAN, 6) - Bill Borland (CAN, 2) ; Gordon McKay, Larry Cain (1) / Percy Galbraith (CAN, 10) - Eddie Rodden (CAN, 1) - Victor Desjardins (14) ; Freddy O'Connell (5) - Danny O'Connell - Billy Hill (2) (CAN) ; Oscar Kinghorn (5), Jake Smyth.

Cleveland : Vern Turner (CAN) / Clarence "Moose" Jamieson (CAN, 7) - Jock Bennett (3) ou Frank "Coddy" Winters (0) ou Paul Jacobs (CAN, 0) / Frank "Mickey" McGuire (CAN, 9) ou Austin Wilkie (CAN, 5) - Nelson Stewart (CAN, 21) - Joe Debernardi (CAN, 5) ou Ralph Tilton (2) ; Alfred Holman (4), Eric Reise, Abe Trump.

Duluth : Cecil "Tiny" Thompson (CAN) / Bob Newton (0) - Jim Seaborn (CAN, 7) ; Johnny Loucks (CAN, 6), Wilfred "Doc" Allaire (CAN, 0) / Mike Goodman (CAN, 5) - Herbie Lewis (CAN, 9) - Willis Brandow (CAN, 3) ; Léo Lafrance (CAN, 6) - Gus Olson (3) - Ken Dunfield (CAN, 7) ; Johnny Mitchell (CAN, 1).

Minneapolis : Edward Hurley (CAN) / Ching Johnson (cap., CAN, 8) - Kjartan Jonasson (CAN, 3) ou Joseph Yankoski (CAN, 4) / Ade Johnson (CAN, 8) - Ralph "Cooney" Wieland (CAN, 8) - Bill Boyd (CAN, 4) ; Russell Oatman (CAN, 4) - Donnie Dewar (CAN, 3) - Jack Connolly (5) ; Fred Elliott, Edward Collins, Larry Goyer (1).

St. Paul : "Babe" Elliott (cap., CAN) avec comme doublure Cy Weidenborner sur 1 match / Clarence "Taffy" Abel (8+3) - Dennis Breen (CAN, 2+3) ; George Conroy (6+1) / Tony Conroy (9+3) - Frank Goheen (cap., 7+4) - Wilfred Peltier (CAN, 4+3) ; Harvey Naismith (CAN, 4+2) - Jeff Quesnelle (CAN, 11+2) - Emmy Garrett (8+4). Coach : Ed Fitzgerald.

Demi-finale Ouest (26, 28, 31 mars et 1er avril 1925)

Pittsburgh - Eveleth 4-0 (0-0,2-0,2-0)  White (Conacher), Conacher, Smith (Conacher), Darragh
Pittsburgh - Eveleth 3-1 (1-0,2-0,0-1)  Milks, Cotton (Conacher), Smith (Conacher) / Desjardins
Eveleth - Pittsburgh 1-2 (0-0,1-1,0-1)  Desjardins (Galbraith, Kinghorn) / Drury, Rodden(c.s.c.)
Eveleth - Pittsburgh 1-2 (1-0,0-1,0-1)  D. O'Connell (Borland) / Drury, Milks

La vedette du sport canadien Lional Conacher est à son meilleur niveau et domine les deux premières rencontres, aussi bien par ses montées offensives que par son travail défensif pour arrêter les tirs adverses avec son corps ou avec sa crosse. La série se déplace ensuite à Duluth, dans la seule patinoire artificielle du Minnesota, puisque la glace a déjà fondu à Eveleth. Des centaines de supporters ont fait le déplacement pour encourager leur équipe, mais la déception est grande. Eveleth égalise sur la plus belle action collective de la soirée, que Vic Desjardins conclut d'un tir puissant en lucarne. Mais, en dégageant le palet près de son but, ce même Desjardins l'envoie sur le patin de Rodden et il ricoche contre son camp pour un cruel but contre son camp, qui qualifie Pittsburgh avant même le dernier match, devenu sans enjeu.

 

Finale (3, 4, 7 et 11 avril 1925)

Pittsburgh Yellow Jackets - Fort Pitt Hornets 2-1 a.p. (1-1,0-0,0-0,1-0)  Darragh, Conacher / Sullivan
Pittsburgh Yellow Jackets - Fort Pitt Hornets 3-1 a.p. (0-1,0-0,1-0,2-0)  Conacher, Drury, McCurry (Darragh) / Sullivan (MacKinnon)
Pittsburgh Yellow Jackets - Fort Pitt Hornets 2-2 a.p. (0-0,0-1,1-0,1-1,0-0)   McCurry, Drury / Sullivan (Sills), Sills
Pittsburgh Yellow Jackets - Fort Pitt Hornets 2-1 (2-0,0-1,0-0)  Conacher, Cotton (White) / Sullivan (Sills)

Les deux équipes de Pittsburgh se retrouvent face à face devant 6000 spectateurs. Les Hornets prennent l'avantage en dépit des pronostics avec un Paddy Sullivan rapide et déchaîné, pivot de toutes les attaques, mais les Yellow Jackets obtiennent une égalisation chanceuse quand le rebond d'un tir de Harold Darragh lui revient sur l'avant-bras et entre. Conacher échappe à tous ses adversaires et décide le match en prolongation. Le lendemain, Herb Drury prend le palet en milieu de glace, avance lentement pour attirer les défenseurs et les dribble un à un pour inscrire le but décisif. La troisième rencontre se poursuit aussi au-delà des 3x15 minutes réglementaires, mais même les deux prolongations de dix minutes ne départagent par les deux équipes. Ce match nul fait définitivement perdre Fort Pitt, qui n'a pas su protéger son avance à deux reprises.

Mais le jour même où la finale se décide, un de ses clubs emblématiques - le B.A.A. - annonce qu'il se retire de l'USAHA qui ne correspond plus à l'esprit amateur (ses propres joueurs ne sont payés qu'en notes de frais mais il commence à y avoir des abus). Le professionnalisme déguisé est de plus en plus généralisé dans la ligue, à l'instar de Lionel Conacher qui est officiellement agent d'assurance mais passe peu de temps à son bureau. Nels Stewart était prêt à rester à Cleveland si le club passait au statut pro, mais celui-ci y ayant renoncé, il a déjà signé en mars à Toronto où il deviendra le meilleur buteur de la NHL de son époque.

L'USAHA est coincée : elle n'est plus purement amateur et est bannie de rencontres avec les clubs canadiens, et les professionnels viennent cueillir dans son jardin. Son président et principal promoteur, Roy Schooley, connaît des difficultés financières et finit par vendre l'équipe de Pittsburgh à James F. Callahan, qui se voit accorder une franchise de NHL en 1925/26. Le meilleur effectif de la ligue est donc transféré dans la NHL. Les autres équipes de l'ouest continueront une dernière année sous statut amateur dans une ligue canado-américaine (la CAHA) avant de se convertir eux aussi dans une ligue mineure professionnelle (l'AHA).

 

 

La saison précédente (1923/24)

 

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