Mars/Avril 2004 : anecdotes
Le pull de Vladimír Ruzicka
Il y en a qui touchent du bois. Vladimir Ruzicka, le capitaine de l'équipe tchèque championne olympique à Nagano, devenu aujourd'hui manager du Slavia Prague, préfère toucher son pull-over bleu clair porte-bonheur. Alors que son équipe était menée trois manches à une en demi-finale de l'Extraliga tchèque contre le Sparta Prague, il n'a pas manqué de s'en remettre à son tricot fétiche en annonçant que les siens allaient gagner les trois manches suivantes... Et cela n'a pas raté ! La chance a même fait des clins d'œil à Ruzicka, comme sur ce tir de Chabada qui aurait pu qualifier le Sparta à trois secondes de la fin du cinquième match mais qui a achevé sa trajectoire ensorcelée sur le poteau. Ce n'est pas demain la veille que les hockeyeurs arrêteront d'être superstitieux...
C'était en effet la troisième fois de suite, en comptant la finale de l'an dernier, que le Slavia gagnait une série de play-offs au septième et dernier match ! Mais les fibres du pull de Ruzicka devaient être usées en finale, car son équipe y a perdu en cinq manches contre Zlin.
Le doigt de Larry Huras
Après la victoire de Lugano dans le quatrième match de la finale du championnat suisse, pour obtenir une cinquième et dernière manche décisive (perdue), l'entraîneur canadien Larry Huras s'attendait à des félicitations en téléphonant à la maison. Mais sa femme au bout de fil était choquée et lui demanda s'il n'était pas devenu fou. Toute la Suisse l'avait en effet vu en direct à la télévision lever inconsidérément le majeur au moment de fêter le succès, un geste qui ne lui ressemble pas.
Il s'est excusé de cette gaffe bien involontaire, car il fallait n'y voir aucune intention malsaine ou haineuse. Au cours du match précédent, Huras était en effet tombé du banc (dangereux, le métier de coach...) et s'était retourné dans le doigt contre la balustrade. Si ce majeur récalcitrant restait obstinément dressé, c'était donc parce qu'il était enflé au point que Larry ne pouvait pas le plier.
Nagano, l'opéra...
Le Stavovske Divadlo est une scène prestigieuse de Prague, qui avait accueilli en 1787 la première mondiale du Don Giovanni de Mozart. Le 8 avril 2004, c'est un opéra d'un genre différent qui y a connu sa première. Un opéra en trois tiers-temps, intitulé "Nagano", et qui conte la victoire olympique de l'équipe tchèque de hockey sur glace. Le principe de cette œuvre, où les chanteurs sont vêtus de maillots de hockey et où le chef d'orchestre endosse la tenue zébrée des arbitres, a heurté le milieu conservateur de l'opéra, mais le compositeur Martin Smolka a nié toute volonté de choquer et s'est voulu conciliant en déclarant à l'AFP : "Le 20e siècle a déjà suffisamment ébranlé le genre de l'opéra, le transposant dans des registres parfois bizarres. Notre opéra est même plutôt conventionnel, utilisant ses traits caractéristiques tels que le pathos et l'exaltation."
Pour ce qui est des personnages, "les attaquants sont incarnés par des ténors, comme le veut la tradition de l'opéra pour les héros. Mais comment faire avec Hašek, un gardien surnommé Dieu par les supportersbsp;? Pour lui, nous sommes allés encore plus haut, optant pour un contre-ténor tirant de sa bouche une voix d'ange." Et il y a même des personnages féminins : un chœur de femmes, une geisha, une spectatrice japonaise tombée amoureuse d'un joueur tchèque... et une danseuse qui incarne le palet ! Toutes les personnalités authentiques, de Jaromír Jágr au président tchèque Václav Havel, ont donné leur accord pour devenir les héros de cette œuvre.
Mais le personnage principal est un héros atypique, puisqu'il s'agit du troisième gardien Milan Hnilicka, qui n'a pas joué une seule minute lors du tournoi olympique de Nagano. Une scène avait en effet marqué le compositeur Martin Smolka : "Le comble, c'est qu'il n'a pas obtenu sa médaille d'or après la finale, car M. Samaranch [ex-président du CIO et autre personnage de l'opéra] croyait que ce gaillard en survêtement se tenant à côté de ses coéquipiers à maillot trempé de sueur était un intrus du public."
Benda recherché par la police
Jan Benda, le défenseur allemand né en Belgique, aurai rêvé meilleur retour dans le pays de son père, la République Tchèque, pour les championnats du monde. Le jour du match de l'équipe locale contre l'Allemagne, le quotidien populaire Blesk n'a pas hésité à titrer : "Benda sera-t-il arrêté sur la glace ?", avec un article attenant appelé "non pas deux minutes de prison, mais deux ans"... En effet, son ex-femme Gabriela, qui vit à Prague, lui réclame une pension alimentaire de 485000 couronnes (16000 euros) pour sa fille de quatre ans Sandra. Et le droit tchèque prévoit jusqu'à deux ans d'emprisonnement pour les mauvais payeurs. Gabriela Benda déclare ainsi dans l'article : "Quand un Tchèque se rend coupable de quelque chose en Allemagne, personne n'y regarde à deux fois avant de l'arrêter."
Mais, même si les journalistes tchèques ont fait monter la pression autour du match, Jan Benda, transféré de Kazan à Voskresensk (non, ce ne sont pas des prisons... enfin si, un peu, mais dorées) pour la saison prochaine, a peu de chances de passer les prochaines années dans les geôles praguoises. D'une part, parce qu'au pire il a largement moyen de payer vu son salaire en Superliga russe. D'autre part, parce qu'il a déjà convenu avec la police qu'il discuterait de l'affaire après le Mondial, car il a une version bien différente et s'estime volé.
Les citations du mois
"Personne n'est surpris que l'on compare, disons, les championnats de football d'Angleterre et de France. Bien que, à mon avis, la différence de niveau est plus grande entre eux qu'en entre le championnat russe de hockey sur glace et la NHL." C'est ainsi que Sergueï Rodichenko, chroniqueur de Sport-Express, avec l'arrogance qui caractérise du monde du hockey russe qui méprise les Européens mais se voudrait l'égal de la NHL, justifiait des comparaisons de statistiques et records de NHL et de Superliga. Mais, après avoir vu Monaco-Chelsea et Newcastle-Marseille, on attend des performances similaires de clubs russes face aux franchises NHL...
"Vive le hockey libre". Stéphane Barin, consultant d'Eurosport, juste avant de rendre l'antenne à la fin de la finale du championnat de France.
"Pour quelqu'un qui a vécu quelques mois en Amérique du nord, il n'y a rien de terrible. Là-bas, cette herbe est considérée comme moins nocive que le tabac ou qu'une chope de bière quotidienne. Et il n'y a personne là-bas qui ne l'essaie pas au moins une fois. Un grand nombre de joueurs de hockey sur glace - même des leaders de la NHL - font passer le stress de cette même manière. L'important, c'est de ne pas en devenir dépendant. Que l'on ne perde pas un centre talentueux et original comme il y en a peu en Russie." Sergueï Makarov commentait ainsi dans Sport-Express l'exclusion de Sergueï Zinoviev de la sélection russe après un test positif au cannabis. On découvre maintenant que Christian Pouget a peut-être manqué une belle carrière en NHL...
"Ce sont les Suédois qui ont inventé le hockey ennuyeux avec le système en 1-4." Retour à l'envoyeur de l'attaquant japonais Chris Yule après que certains joueurs scandinaves ont eu des commentaires cinglants envers le non-jeu du Japon contre la Tre Kronor.
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