La deuxième vie de Pierre-Yves Gerbeau

 

Après une carrière interrompue à 24 ans par une grave blessure, Pierre-Yves Gerbeau a l'occasion de revenir dans le monde du hockey en Grande-Bretagne à l'issue d'un étonnant parcours.

Au cours de sa carrière courte mais intense, Pierre-Yves Gerbeau a porté les couleurs de Grenoble, de Megève, de Viry, du Mont-Blanc, de Bordeaux et de Tours. Il a également tenté sa chance en Amérique du Nord, et a disputé 20 matches en Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec avec Plattsburgh avant que le club ne mette la clé sous la porte, le forçant à rentrer en France.

L'enfant terrible du hockey français avait à l'époque un objectif : les Jeux Olympiques d'Albertville, en 1992. Mais, deux ans avant cette échéance, son rêve s'évanouit. Il venait pourtant de revenir dans son club formateur, les Français Volants, après avoir été licencié de Tours pour s'être révolté contre l'entraîneur Robert Millette et avoir traité ses coéquipiers canadiens de tocards. Mais ses espoirs se brisent lors d'un match amical de l'équipe de France contre des espoirs finlandais. L'action a tout du parfait cauchemar : Gerbeau va chercher le palet dans un coin, et, au moment de se retourner, se rend compte que son patin est coincé entre la glace et la bande. Il voit alors arriver sur lui un Finlandais : la charge envoie valser le corps de Gerbeau, mais son pied, lui, reste solidement fixé. Ses ligaments sont déchiquetés, son tibia et son péroné sont brisés, comme l'est sa carrière, à seulement 25 ans.

Les médecins lui ôtent toute illusion de retour et le préviennent qu'il serait déjà heureux de remarcher. Après une année passée dans un fauteuil roulant, Gerbeau revient dans le hockey en tant que coach du club de Yerres, tout en rentrant dans le monde professionnel par le biais de l'entreprise de ses parents.

C'est alors que débute sa deuxième carrière, lorsqu'il rejoint Eurodisney. Au sein du parc d'attractions, il est promu cinq fois en six ans et son parcours spectaculaire attire l'attention des chasseurs de tête britanniques. Il est contacté pour reprendre en mains le Dôme du Millénaire de Londres. Construite pour le passage à l'an 2000, cette attraction est un bide financier monumental. Son passage à la tête du Dôme, qu'il parvient à redresser quelque peu mais dont il n'empêche pas la fermeture, en fait une star outre-Manche. "PY" fait la une des journaux, passe à la télé, et sait se faire apprécier des Anglais.

Son passé de hockeyeur n'échappe pas aux responsables des Knights de Londres, et il vient assister à quelques matches, répondant à l'invitation de l'entraîneur Chris McSorley, un nom que Gerbeau connaît bien. En effet, il eut autrefois l'occasion de faire un camp NHL chez les Hartford Whalers, avec lesquels il disputa quelques matches de pré-saison. Au cours de l'un d'entre eux, il eut le nez cassé par Marty McSorley, le frère de Chris, un "goon" devenu tristement célèbre depuis son agression télévisée dans le monde entier sur Donald Brashear.

Peu rancunier, Pierre-Yves Gerbeau a accepté de rechausser les patins pour une séance sous les yeux de Chris McSorley. Sous le maillot des Knights, Gerbeau a montré que, s'il ne peut plus patiner normalement à cause de sa cheville meurtrie, il n'a en revanche rien perdu de son coup de poignet. PY a apprécié de pouvoir retrouver à cette occasion les sensations du hockey, même s'il reconnaît que c'est frustrant de constater que son corps, et notamment sa cheville, ne répond plus à sa volonté comme avant.

Mais cette séance de promotion médiatique ne fait qu'apporter de l'eau au moulin d'une rumeur de plus en plus probable : Pierre-Yves Gerbeau sera le prochain directeur de la Superleague britannique. Candidat idéal au vu de sa double carrière, l'ancien international français est prêt à accepter, mais à une condition bien singulière : ne pas être payé, afin que cette fonction ne devienne pas son travail à plein temps.

Marc Branchu

 

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