Bilan de la division 2 française

 

Présentation de la saison / Résultats de la d2

 

C'est en fait deux championnats complètement différents qu'a connu la division 2 cette année : d'un côté, la poule nord, avec ses invincibles armadas et ses laissés-pour-compte, et de l'autre, la poule sud, beaucoup plus équilibrée, où chacun a eu voix au chapitre. Le fait que seuls deux clubs étaient qualifiés pour les demi-finales dans chaque zone a vite ôté l'essentiel du suspense en zone nord, où Brest et Asnières étaient au-dessus du lot, même si Limoges, voire Neuilly-sur-Marne, ont réussi à entretenir l'illusion. Au contraire, tout pronostic se révélait bien hasardeux en poule sud, où chaque journée démentait souvent les résultats de la semaine précédente. Au début du championnat, un club s'est échappé, d'autres ont été largués, mais tout s'est rapidement retrouvé sans dessus dessous et ces positions sont restées éphémères. Ainsi la poule sud a-t-elle été palpitante jusqu'au bout et s'est-elle décantée très tard, tous les clubs se mêlant un jour ou l'autre à la lutte pour les play-offs ou à celle pour éviter la poule de maintien.

Cette distinction se constate également dans les statistiques : alors que dans le nord on ne compte qu'un seul Français (et encore s'agit-il d'un Franco-Canadien, Roger Dubé) dans les vingt meilleurs marqueurs, les Français ont la part belle dans le sud (avec un nombre de points bien inférieur à leurs homologues nordistes puisqu'eux n'ont pas bénéficié de scores-fleuves). On peut se dire que c'est là le fait des clubs alpins traditionnellement formateurs, mais force est de constater que, à l'abri de la course à l'armement enregistrée dans le nord, les clubs de plaine, comme Bordeaux, Toulouse, Lyon ou Nice, ont suivi le même mouvement. Pourtant, il ne faut pas croire que tout a été rose dans le sud : on n'a pas encore fait l'économie des habituelles polémiques sur les adversaires, accusés (souvent réciproquement) de tous les maux (jeu brutal, arbitrage maison, etc).

Premier : Brest. La consigne présidentielle de gagner tous les matches a été respectée, et Brest a ainsi imité la performance de Besançon l'an dernier. Certes, il compte officiellement deux défaites, mais elles ont enregistrées sur tapis vert pour un problème avec la licence de Potapov, pas qualifié car il n'avait pas été enregistré sur les fichiers de l'IIHF, du fait de son retour tardif de Russie où il faisait refaire ses papiers. Cela a contraint cette équipe surdimensionnée à une course-poursuite qui a donné artificiellement un semblant de suspense à la poule nord. Mais en réalité, forts de leurs quatorze étrangers, les Albatros ont vainement attendu les équipes qui pourraient leur apporter un peu d'adversité. Asnières, mais aussi Chamonix, y sont quand même parvenus de manière fort honorable. Cependant, la plupart du temps, la saison s'est résumée à des matches trop vite pliés, "sans aucun intérêt ni pour nous ni pour eux" comme le dira le responsable cherbourgeois Fred Devaux, "dégoûté" après un 22-1 terrible à supporter. La seule entorse dans le train-train de la machine brestoise a été celle du défenseur canadien Stéphane Dugal, qui a été sérieusement blessé au genou et a dû être opéré du ménisque.

Deuxième : Asnières. Pour sa prise de fonction, la présidente Ghislaine Selosse s'est inscrite dans la continuité d'une progression qui devrait amener l'an prochain cette équipe à assumer le leadership de l'Ile-de-France. Elle a les épaules pour le faire, en s'appuyant sur une ossature habituée à évoluer ensemble, qui a démontré une grande solidité collective. A la voir dominer la division 2, on en a néanmoins oublié qu'elle n'avait pas une marge aussi importante que Brest. C'est ainsi qu'arrivée en barrages, qu'elle abordait comme favorite, elle a cédé face à une équipe de Gap bien dans le rythme de la D1. L'ambition de la montée n'a pas été atteinte, mais la dynamique est toujours présente, même si l'avenir devra se faire sans Roger Dubé, qui a gardé toutes ses qualités (huit buts et trois assists en un match face à La Roche, par exemple) mais aussi son caractère, et dont la greffe n'a pas complètement pris dans les vestiaires asniérois, comme lors de ses précédentes escales.

Troisième : Chamonix. L'équipe chamoniarde a mis du temps à s'habituer à la division 2. Partant un peu dans l'inconnu, elle a raté son début de championnat parce qu'elle peinait à maintenir la même intensité jusque dans le dernier tiers. Mais elle est progressivement montée en régime et a refait son retard pour accrocher la première place. C'est d'ailleurs tout à son honneur d'avoir joué le jeu avec sportivité, alors qu'elle aurait pu laisser volontairement filer les derniers matches pour affronter Asnières et non pas l'épouvantail brestois que les circonstances avaient placé à la deuxième place de l'autre poule. Avec un trio comme celui formé par Pierre Pousse, Bruno Margerit et David Argoud, nul doute que les jeunes du cru, dont de nombreux juniors, ont beaucoup appris.

Quatrième : Annecy. Le club savoyard qui met en avant sa politique de valorisation des joueurs du cru s'est tout naturellement retrouvé à la fête dans cette poule sud où les Français ont pu exprimer leur talent. Annecy s'est même surpris à caracoler en tête en début de saison, mais la réussite qui lui souriait alors lui a soudain tourné le dos de façon spectaculaire contre Toulouse, avec un revers 2-9 à domicile. Ensuite, les résultats ont été plus irréguliers, mais les Chevaliers du Lac ont réussi à sauver leur place en demi-finale, malgré les blessures de Yoann Crettenand. Ensuite, les play-offs ont été plus difficiles.

Cinquième : Limoges. Et non, les trois meilleurs marqueurs de la poule nord ne viennent pas de Brest, où les nombreux étrangers se sont partagés plus équitablement les honneurs, mais bel et bien de Limoges, avec Peter Svenk, Juraj Ocelka et surtout Radek Hovara, maître incontesté des buteurs de d2. L'école tchèque et slovaque, qui a fourni 50 % de l'effectif, a donné à cette formation un haut niveau technique. Mais certains renforts recrutés tardivement n'ont pas pu être alignés d'entrée, et la défaite à Courbevoie, alliée à celle contre Le Vésinet (qui a gagné le statut de bête noire du club en allant chercher le nul en Limousin au retour), était un handicap important. Cependant, Limoges se mit vite au diapason en réalisant quelques cartons et inspira rapidement la crainte. Après avoir gagné 6-2 à Asnières, les Taureaux de Feu ont disputé un match à quitte ou double au retour contre les Franciliens, mais ont perdu et abandonné leurs espoirs de demi-finales.

Sixième : Nice. Les Niçois ont connu une mésaventure semblable, puisque leur défaite au premier match leur a carrément coûté la qualification en fin de saison. Le lien entre les deux ne s'arrête pas là, puisque c'est à cause de "l'affaire Limoges" (intégration forcée du club limougeaud en poule sud, via recours devant le CNOSF, avant que le forfait d'Evry ne libère une place en poule nord) que le calendrier a été bouleversé et que le début de saison a été avancé d'une semaine, ce qui a fait que les Niçois n'ont pas eu toutes leurs licences à temps, et ont dû, faute de joueurs qualifiés, déclarer forfait pour leur premier match à Annecy et n'y jouer qu'un match amical. Le point de pénalité perdu alors s'est révélé décisif en fin de saison, puisque c'est celui qui a manqué en fin d'année pour passer devant... Annecy, justement. La jeune troupe niçoise, qui a bénéficié de l'expérience précieuse de Pascal Margerit, a néanmoins accompli des performances remarquables pour un promu, réussissant à prendre au moins un point à tout le monde, y compris Limoges et Neuilly, battus avec brio en poule de classement.

Septième : Neuilly-sur-Marne. L'absence répétée de relégation sportive en division 2 fait que les meilleurs clubs de D3 en ont largement le niveau et s'y intègrent avec facilité. Le champion de division 3 - devancé par deux autres ex-pensionnaires du niveau inférieur, Limoges et Nice - n'a pas dérogé à la règle et s'est mêlé au haut de tableau. Il a été trop irrégulier pour espérer une place en demi-finales, mais ce manque de constance lui a en tout cas permis de faire le spectacle. Ses supporters se souviendront ainsi d'un incroyable match remporté 9-8 contre Le Vésinet qui menait pourtant 7-0. Les Bisons, au style très agressif, ont souvent manqué de discipline et connu des creux en défense, mais ils ont compensé par un potentiel offensif certain, grâce à leur trio slovaque - Pavol Svitana, Milan Vastusko, Miroslav Kecka - qui a beaucoup apporté en vitesse de patinage.

Huitième : Vanoise. Le début de championnat s'est inscrit dans la continuité de l'an dernier, à savoir en queue de classement, mais le club de La Vanoise a ensuite effectué une des remontées les plus spectaculaires de l'année, qui s'est soldée par une quatrième place de poule. Le retour au club de Yannick Letourneau après un passage à Tours a permis de stabiliser un peu la défense, mais le point fort du club a été son attaque, menée par deux Lituaniens, Arturas Svedavicius et Dalius Vaiciukevicius.

Neuvième : Courbevoie. Avec une équipe extrêmement stable, le COC a profité de sa meilleure cohésion pour signer d'excellents résultats. Ces performances sont très encourageantes pour un club qui s'appuie sur sa formation avec quelques étrangers chargés de les guider, comme la recrue tchèque Lukas Schramek, qui a terminé meilleur buteur de l'équipe.

Dixième : Valence. Encadrés par les frères Sarliève partis en claquant la porte de Clermont-Ferrand, les Lynx ont fait une remontée presque aussi spectaculaire que celle de Vanoise, grâce au recrutement du défenseur ukrainien Stanislav Vernikov, laissé libre par Cherbourg faute d'argent, et surtout aux performances des frères slovaques Michal et Filip Rohacík, qui ont gagné quelques matches presque à eux tous seuls après les défaites initiales. Ces dernières s'expliquent par le fait que le club a débuté sa saison par trois matches à l'extérieur et deux exemptions en raison de l'ouverture tardive de sa patinoire (en rénovation), et n'avait pas pu disposer à temps de toutes les licences de ses renforts. On aurait tort toutefois de négliger l'importance dans cette équipe des joueurs français, notamment de Jérôme Odibert, artisan par un doublé du succès de prestige à Chamonix.

Onzième : Le Vésinet. Avec son tout petit budget et son effectif sans renfort étranger, Le Vésinet faisait figure d'intrus dans la poule nord. Il a pourtant réussi une saison remarquable, notamment grâce à un excellent comportement défensif. Avec la refonte des championnats, il pourrait se retrouver l'an prochain en division 1 avec le rôle similaire du petit poucet.

Douzième : Morzine. Bien que renforcée de deux jeunes Finlandais de Tampere, Ville Kaykho et Jussi Ritola, Morzine pourrait lui disputer ce rôle. Avec des finances limitées, le club semble glisser inexorablement, loin de sa performance d'il y a deux ans où il n'avait cédé le titre de D2 à Dijon qu'à la différence de buts. Mais l'effectif est stable, même si un peu vieillissant, et assure au club d'évoluer sur des fondations solides.

Treizième : Amnéville. Décevants, les Mosellans n'ont fini que dans la deuxième moitié de leur poule. Certes, un problème de licence contre le promu yonnais leur a coûté trois points (les deux de la victoire et un de pénalité), mais on attendait mieux d'une équipe qui bénéficie toujours du joli jeu collectif de sa colonie russe. Plus que les "vieux" (mais toujours verts) Essipov et Karpov, on retiendra surtout pour l'avenir les performances de Maxim Tikhonov, âgé de vingt et un ans. La défense n'a malheureusement pas toujours été au même niveau. Amnéville s'est toutefois repris en remportant la poule de classement pour la treizième place, ce qui se révèle très important a posteriori. Il se pourrait en effet que les Galaxiens récupèrent ainsi la dernière place de la future division 1, si la nouvelle organisation des championnats est confirmée.

Quatorzième : Chambéry. Les Éléphants terminent à une place décevante, car ils auraient sans doute pu faire mieux, mais trop de fautes et un manque de constance mentale ont porté préjudice aux résultats. Ceci dit, cette équipe est capable de jouer à un haut niveau, elle l'a prouvé en certaines occasions. Elle bénéficie en outre des services de l'incontesté meilleur marqueur de la poule sud, Sébastien Messon, et de la bonne adaptation d'Alexis Boccard et du vif Harond Litim.

Quinzième : Cholet. Le retour en division 2 a été difficile pour les Choletais, qui ont commencé le championnat en subissant beaucoup de courtes défaites. Ils ont quand même pu enclencher une petite dynamique de victoires pour assurer tranquillement leur maintien, mais la saison reste décevante. De toute manière, le club cherche surtout à retrouver un second souffle en épongeant sur quatre ans les dettes contractées lors de la progression un peu rapide et incontrôlée de l'équipe au cours des années 90.

Seizième : Toulouse. Dans la mesure où la position géographique du club rend très difficile la constitution d'une équipe junior, les portes de l'équipe première sont ouvertes pour les jeunes, et cela se traduit par une équipe à l'état d'esprit sympathique qui s'est avérée être un adversaire très contrariant pour les meilleurs (n'est-ce pas, Annecy ?). Il ne manque que la régularité à cette jeune troupe qui a été une des bonnes surprises de la saison.

Dix-septième : Toulon. Le club varois ne réussit pas à profiter pleinement du récent boom de sa formation car beaucoup partent pour les études, et il a fait appel à quelques renforts slovaques et canadiens pour épauler les jeunes du cru comme les frères Simoni. L'entraîneur-joueur canadien Richard Brodeur a donné un style de jeu rugueux à cette formation suffisamment coriace pour gêner plus d'un adversaire, ce qui a permis d'assurer le maintien haut la main.

Dix-huitième : Garges-lès-Gonesse. Les deux renforts tchèques Petr Jaros et Jaroslav Sikl n'ont pas illuminé l'équipe de l'entraîneur-joueur Simon Genest, et il a vite été patent que cette équipe devrait revoir ses ambitions à la baisse et essayer avant tout de mener à bien la lutte pour le maintien, ce qui a été fait.

Dix-neuvième : Bordeaux. L'arrivée de Christophe Latxague, l'ancien deuxième gardien d'Anglet, s'est rapidement révélée très utile pour une équipe bordelaise qui n'a assuré son maintien qu'en fin de saison. Son entraîneur-joueur Stéphane Tartari, survivant des années d'élite, a encore été essentiel par ses nombreux buts. Mais d'anciens juniors comme Jill Cauly et Julien Barthélémy ont eux aussi eu l'occasion de se mettre en évidence.

Vingtième : La Roche-sur-Yon. L'apprentissage de la division 2 a été très dur, et la mise au rythme physique a été longue à se faire. La première victoire s'est ainsi faite attendre près de deux mois, mais a été spectaculaire : 7-1 contre Garges. Avec trois victoires à domicile consécutives, le Hogly s'est alors mis sur les rails du maintien et a rempli son objectif.

Vingt-et-unième : Avignon. Comme l'an passé, Avignon n'a jamais été largué et a montré du potentiel, mais le classement a été impitoyable. Les Castors avaient néanmoins une classe d'avance sur les duettistes normands de la poule de relégation et ont donc eu cette fois la satisfaction de se maintenir sans avoir à être repêchés.

Vingt-deuxième : Lyon. Deux matches perdus sur tapis vert ont constitué un handicap finalement trop lourd pour le LHC, qui a dû passer par la poule de maintien, mais a quand même montré un potentiel intéressant, sur la glace mais aussi dans les tribunes. En attirant le public, parfois jusqu'à deux mille personnes par match à coups d'invitations, les premières pierres ont peut-être été posées pour l'avenir du hockey dans la capitale rhodanienne.

Vingt-troisième : Cherbourg. Le NC'HOP a sans doute vécu artificiellement au-dessus de ses moyens l'an passé, et le contrecoup a été brutal. En raison de finances à sec, et d'une réduction de budget forcée de 40%, il n'y a vite eu plus de salaires, plus de nouvel équipement... En deux mots : la galère. Il a même fallu l'aide de la ligue de Normandie pour financer le déplacement à Limoges et éviter le forfait. L'effectif était si maigre que le deuxième gardien Lebuhotel a dû souvent se muer en joueur de champ. La défense avec seulement deux joueurs de métier a souffert. Certains soirs, après les blessures en cours de match, Cherbourg a joué avec deux lignes d'attaque et un seul défenseur ! On a fait appel à la réserve, aux cadets... Nicolas Thiébot en a tiré ce constat : "Des garçons qui ont commencé le hockey il y a trois ans deviennent des piliers." Physiquement, mentalement, ce fut une saison difficile à vivre.

Vingt-quatrième : Le Havre. Même si les Havrais n'ont pas connu la saison noire de Cherbourg (ils étaient après tout surtout là pour apprendre), le bilan comptable a été le même avec une relégation sportive, qui devrait être évitée avec la refonte des championnats. Malgré la très grande expérience de l'ex-capitaine de l'équipe de France, Pierrick Maïa, et de l'entraîneur-joueur Fred Chaisson, l'équipe n'a pas trouvé la cohésion parfaite. Elle a peut-être été perturbée par les allers-retours des juniors de Rouen, et c'est pourquoi d'anciens joueurs de division 3 écartés pour leur faire de la place ont publiquement exprimé leur rancœur.

Marc Branchu

 

 

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