Suède 2002/03 : présentation

 

Résultats du championnat suédois

 

La dynastie de Djurgården avait pris fin l'an passé à cause d'une fuite des ses meilleurs joueurs vers les sirènes de la NHL. Après son implacable domination de l'an passé, Färjestad a attiré à son tour les convoitises, et on pouvait craindre un sort similaire. Mais même si quatre de ses principales stars sont parties, le club de Karlstad a conservé une partie suffisante de son effectif pour être encore le favori pour le titre, mais sa marge est bien moins importante. Des bouleversements sont pour sûr à prévoir dans le reste de la hiérarchie de l'Elitserien : les principaux concurrents de Färjestad nous viennent désormais de Göteborg et Jönköping car les valeurs sûres que sont Malmö, MoDo et Djurgården ont des équipes moins fortes que d'habitude. Cela pourrait profiter aux surprenants promus de l'an passé, Södertälje et Linköping, qui devraient maintenant atteindre les play-offs.

 

Les clubs d'Elitserien

Le champion en titre Färjestad a perdu quatre pièces maîtresses, dont trois pour la NHL (la quatrième étant Kakko) : son meilleur marqueur Rickard Wallin (Minnesota), l'attaquant défensif Matthias Johansson (Calgary) et le gardien Martin Gerber (Anaheim). Il a un temps espéré pouvoir conserver ce dernier et lui a proposé une augmentation de salaire, mais la saison exceptionnelle de Gerber a marqué les esprits, et Anaheim a montré qu'il tenait absolument à l'avoir en lui proposant un "one-way contract", argument décisif qui garantit au portier suisse de ne pas devoir vivre une galère en AHL. De nombreux noms ont alors circulé à Karlstad sur l'identité de son successeur : Vesa Toskala, Boris Rousson, Tim Thomas, Corey Hirsch... Quand le club a révélé le véritable nouveau gardien, Sinuhe Wallinheimo, supporters et observateurs ont fait grise mine. Qui est donc ce Finlandais inconnu qui prétend garder les cages du champion de Suède ? Il est vrai qu'il n'est coté qu'en Allemagne après ses deux bonnes saisons à Oberhausen, mais n'oublions pas que la renommée de Gerber n'avait pas dépassé les frontières suisses il y a un an, et que le club tente donc un pari semblable.

Quant aux départs des attaquants Wallin et Johansson, ils n'ont pas été complètement compensés par Pelle Prestberg (Västra Frölunda), qui avait été élu meilleur espoir du championnat en 1998 avec Färjestad et qui pourrait retrouver ses compagnons de ligne d'alors, Jörgen Jönsson et Peter Nordström. Certes, l'attaque ne manque pas de talent avec l'Autrichien Dieter Kalt, buteur de plus en plus confirmé, et la star de demain Pär Bäcker. Mais les blessures conjointes d'Ulf Söderström et Fredrik Sundin, ajoutées aux problèmes de dos de Marcel Jenni, ont provoqué une réaction rapide des dirigeants pour densifier le banc. André Faust, champion d'Allemagne avec Cologne mais dont le bilan personnel a été moyen, a été pris à l'essai, et surtout, Peter Ottosson a été prêté pour deux mois. Färjestad veut ainsi refaire le même coup que l'an dernier, quand Per Lundell, qui pensait finir tranquillement sa carrière à Grums, a été appelé en renfort et a contribué au titre. Ottosson s'apprêtait de même à une saison de division 2 (quatrième niveau de compétition) à Forshaga, mais on a estimé qu'à trente-sept ans, celui qui avait quitté Färjestad sur un titre de champion en 1997 pouvait encore être utile pour en reconquérir un de plus.

Le rappel des anciens ne marche pourtant pas à tous les coups. Après avoir remporté la Coupe Stanley avec les Detroit Red Wings, le vétéran Frederik Olausson avait annoncé qu'il reviendrait à Färjestad après quinze années passées hors de Suède... et il a finalement signé à Anaheim. C'est la troisième fois qu'Olausson pose un lapin au Färjestads BK, et le directeur sportif Hakan Loob a juré - enfin ! - qu'on ne l'y reprendrait plus. Olausson est maintenant persona non grata à Färjestad, au contraire de Radek Hamr qui est le bienvenu. Le Tchèque n'a laissé que de bons souvenirs et son retour du Sparta de Prague est une aubaine pour remplacer Erik Kakko au sein d'une défense toujours emmenée par Thomas Rhodin, qui a été élu dans l'équipe-type des derniers championnats du monde.

 

En juin, Frölunda Göteborg se présentait comme un candidat sérieux au titre grâce à l'engagement des deux recrues finlandaises Tom Koivisto et Fredrik Norrena. Mais tout l'édifice bâti avec patience a failli s'écrouler fin juin lors de la draft NHL. Outre l'espoir Alexander Steen, fils de Thomas (légendaire joueur des Winnipeg Jets), sélectionné comme prévu en première ronde, trois joueurs déjà âgés ont tapé dans l'œil des scouts de la ligue nationale : Norrena à Tampa Bay, Koivisto et Jonas Johnson à Saint-Louis. Västra Frölunda a cru que le ciel lui tombait sur la tête mais a été en partie rassuré par la réaction de ses joueurs. Johnson, 32 ans, meilleur joueur de l'équipe et international suédois, a en effet décidé de rester, n'ayant pas l'intention de sacrifier le travail de sa femme et l'environnement scolaire et affectif de ses enfants pour un contrat outre-Atlantique. Les Saint-Louis Blues ont certes pris Koivisto, mais ils ont gâché un tour de draft pour rien pour Jonas Johnson. Une goutte d'eau pour eux, mais un dénouement bien accueilli à Göteborg, content de prendre ainsi une mini-revanche sur l'arrogance toute-puissante de la NHL qui a failli ruiner tous les efforts entrepris par le club. Celui-ci s'en sort finalement bien, d'autant que Norrena a lui aussi décidé d'honorer son engagement avec Frölunda. Comme le départ du fils Steen à Toronto n'est pas prévu pour tout de suite, il n'y a en fin de compte qu'un seul joueur, Tom Koivisto, qui a fait défection.

Si Västra Frölunda n'a pas envie de subir un pillage en règle, c'est que ses juniors étaient les meilleurs du pays ces dernières années. Ils fournissent maintenant nombre de talents à l'équipe première, toutes lignes confondues (Henrik Lundqvist dans les buts, Svensk et Leetma en défense, Steen, Kahnberg, Luukonen, Tolsa, Karlsson et Joel Lundqvist en attaque). Les Indians ne manquent cependant pas d'expérience, notamment en attaque avec Jonas Johnson, Patric Carnbäck et les frères Andersson (Mikael et Niklas). Le point fort de Göteborg est tout de même son bloc défensif, gardiens compris, qui fait déjà trembler l'Elitserien. En plus de l'international Ronnie Sundin, du défenseur offensif Magnus Johansson et de la révélation Jan-Axel Alavaara, Frölunda s'est adjoint les services d'Erik Kakko, considéré comme une des clés des succès de Färjestad, de son compatriote Kimmo Eronen, trois fois champion de Finlande avec le TPS Turku, et d'Oscar Ackerström, de retour à la maison après six années à l'étranger. Quant aux cages, elles sont tout simplement gardées par le meilleur duo du championnat, avec Fredrik Norrena, joueur issu de la minorité suédoise en Finlande, pays où il a gagné avec le TPS ses galons d'international, et Henrik Lundqvist, qui a réalisé des performances ahurissantes lors des derniers play-offs alors qu'il terminait sa dernière année junior.

 

Comparativement aux six titres de Färjestad, tous obtenus lors des vingt-deux dernières années, ses principaux rivaux théoriques ne peuvent pas se vanter de la même régularité au plus haut niveau. Frölunda n'a été champion qu'une fois en 1965, alors que l'unique succès de l'HV 71 Jönköping remonte à 1995. Il ne reste plus que quatre joueurs de l'époque dans l'effectif, mais HV 71 a de nouveau une équipe capable de jouer le titre. Il a pris pour base un effectif stable où la défense est toujours menée par le pilier du club Per Gustafsson et l'international slovaque Richard Pavlikovsky. Le départ du frère de ce dernier, Rastislav, n'a guère nui à une attaque qui a conservé ses meilleurs membres, le capitaine Johan Davidsson et le buteur Per-Åge Skrøder, membre de la génération montante norvégienne. Les gardiens sont toujours inchangés. Le grand espoir Stefan Liv a eu une saison perturbée par une fracture de la clavicule, mais il devrait reprendre sa progression remarquée. Au cas où, Boo Ahl, l'artisan du titre 1995, est toujours présent pour le suppléer.

Mais l'atout décisif qui devrait amener Jönköping un cran au-dessus est sa colonie finlandaise. Les excellentes saisons de Jouni Loponen en défense et de Kalle Sahlstedt en attaque ont ouvert la voie à une présence plus forte. Cette année, la grande mode en Elitserien consiste à aller faire son marché en SM-liiga, au grand désespoir des voisins finlandais qui craignent de voir leur championnat s'appauvrir par ce nouvel exode. HV 71 est sans doute le club qui en a le plus profité. Mika Niskanen, des Pelicans de Lahti, est un défenseur très sûr et qui a quand même un apport offensif non négligeable. Jani Hassinen du Tappara Tampere et Pasi Määttänen de l'HPK Hämeenlinna sont de bons attaquants, qui ont marqué respectivement 49 et 46 points dans le championnat finlandais. S'ils approchent ce total, la formation de Jönköping, qui a gardé tous ses principaux buteurs, aura une force de frappe redoutable.

 

La saison dernière, le système "Torpedo" en 1-2-2, inventé par Mats Waltin et partiellement implémenté en équipe nationale de Suède par Hardy Nilsson, a étonné les Canadiens lors des Jeux Olympiques - le temps des matches de poule. Mais le fief de cette tactique de jeu, Djurgården, a connu une sévère déconvenue dans son championnat national. Il y a deux raisons à cela. D'une part, son système ne surprend plus, en tout cas à l'intérieur des frontières suédoises, où tout le monde le connaît et a appris à le contrer. D'autre part, beaucoup des joueurs sur qui le système avait été bâti ont quitté le club, et il n'est pas facile de trouver des remplaçants de même valeur capables d'assimiler rapidement cette stratégie. Le renouvellement contraint et forcé - car les succès de Djurgården ont suscité des convoitises qui ont visé ses meilleurs éléments plus qu'une copie tactique - entraîne des difficultés liées à un indispensable temps d'adaptation.

Au poste-clé de libero, celui qui contrôle tout le jeu depuis l'arrière, il fallait trouver un troisième homme en plus de Ronnie Pettersson et Mikael Magnusson, le junior Daniel Fernholm devant s'occuper de la quatrième ligne. La perle rare, Djurgården l'a peut-être trouvée chez son rival de Stockholm, l'AIK, relégué l'an passé. Per-Anton Lundström a déjà une bonne expérience de l'Elitserien, et il a récemment franchi un palier, ce qui lui a valu une première sélection en équipe nationale l'an dernier à la Coupe Baltica. Chez les "halvbackar" (demi-centres), il n'y a pas de problèmes. C'est là que se trouvent les vétérans du club, les Nichlas Falk, Mikael Johansson et Björn Nord. Ces joueurs, à qui la position intermédiaire sur la glace confère d'importantes tâches défensives, sont aussi des buteurs redoutables à l'image de l'excellent Kristofer Ottosson. Avec eux, le jeune Niklas Kronwall apprend très vite. Les joueurs de pointe, les torpilles chargées de forechecker, causent déjà plus de soucis, à cause du départ de Nils Ekman et Mikael Håkanson, deux des meilleurs "torpedos". Pour les remplacer, on a rappelé Fredrik Lindquist, un ancien joueur de Djurgården, mais de l'époque d'avant le 1-2-2, et on mise sur Daniel Rudslätt (Brynäs) et Juha Joenväärä (Kärpät Oulu), dont la bonne intégration sera capitale.

Après une saison noire marquée par la blessure de Thomas Östlund, cause indirecte de la stupide boulette du club, qui avait aligné deux gardiens étrangers sur la feuille de match (Naumovs et Nihei), ce qui aurait pu lui coûter nombre de points si sa bonne foi ne lui avait pas valu la clémence fédérale, les deux gardiens ont également changé. Mais ce n'est pas un poste très dépendant du système de jeu, et Joaquin Gage, ancienne doublure de NHL à Edmonton qui a fait une bonne saison de Superleague avec Ayr, devrait faire plus ou moins l'affaire. La vraie interrogation concerne le retour de Niklas Wikegård qui arrive de Coire. L'ancien entraîneur de Djurgården récupère une équipe qui a bien changé en quatre ans, et à qui un autre que lui (Hardy Nilsson, qui s'est depuis consacré à plein temps à l'équipe nationale) a imprimé un système de jeu très particulier, que Kent Johansson n'est pas parvenu à reprendre en mains l'an passé. Wikegård fera-t-il mieux ? Jusqu'à quel point saura-t-il apposer sa marque sans déstabiliser ce qui a été construit en son absence ? La saison de Djurgården dépend de la réponse.

 

Les sept titres au palmarès de Södertälje ne pesaient pas bien lourd dans les opinions des experts l'an passé, d'autant qu'un seul date de moins de quarante-cinq ans (celui de 1985). Promis à la descente, le promu a surpris en terminant neuvième avec une assise défensive très peu chamboulée par rapport à celle qu'il avait en Allsvenskan. Pour sa première saison complète en Elitserien, Rolf Wanhainen a dévoilé un talent insoupçonné dans les buts et s'est révélé au grand jour. Toute sa défense a parfaitement tenu le choc, bien encadrée par deux anciens de NHL, Peter Popovic et Peter Ahola. Un troisième joueur d'expérience se joint à eux, Leif Röhlin, l'international venu de Djurgården. On n'a donc quasiment pas touché à une arrière-garde dont on espère qu'elle continuera sur sa lancée de l'an dernier. Le club construit sa progression dans la continuité et c'est en toute logique que l'assistant Hans Särkijärvi devient entraîneur principal.

C'est en attaque que Södertälje doit progresser, et il a frappé fort en recrutant Kristian Gahn. Dès qu'on a appris que l'ancien meilleur passeur du championnat (avec l'AIK en 2000, année où il a aussi disputé le Mondial avec la Suède) ne resterait pas en Suisse, où il a réussi son unique saison à l'étranger mais a vécu un contexte très difficile à Coire, il a croulé sous les propositions, mais a choisi celle du SSK. Comme celui-ci a conservé ses meilleurs marqueurs Peter Larsson et Juha Lind, qu'il a engagé Patrik Zetterberg (Hanovre) et qu'il a renforcé avec Antti Tormänen, champion de Finlande avec le Jokerit Helsinki, une présence finlandaise déjà forte d'Ahola, Lind et Tiilikainen, la qualification en play-offs n'est plus un rêve, c'est une quasi-certitude.

 

Après s'être enfin établi en Elitserien, Linköping a déjà des objectifs plus élevés que le simple maintien. Ses ambition sont de s'installer à long terme, et pour cela il a déjà prévu le remplacement de la Stängebro Ishall (4700 places) par une patinoire pouvant accueillir huit mille spectateurs. La construction coûterait dix-sept millions d'euros, mais pour la financer on a déjà vendu les trente-sept futures loges VIP, qui se sont arrachées en trois semaines à peine. Preuve que les sponsors sont faciles à trouver dans une ville où le hockey est un peu seul au monde et n'a pas à souffrir de la concurrence d'autres sports. Même si le club a été accusé de favoriser la flambée des salaires, il est clair qu'il a les moyens de ses ambitions.

Devant l'expérimenté gardien Mikael Sandberg s'aligne en effet une défense nettement renforcée. Au géant Mathias Ahxner et aux deux seuls étrangers de l'équipe, l'Américain Barry Richter et le fidèle international norvégien Martin Knold, qui accompagne la progression du club depuis sept ans, on a rajouté quatre arrières de bon niveau, dont l'international Thomas Johansson, libéré par la relégation de l'AIK, et pour qui Södertälje a mis le paquet, ce qui a donc déplu à ses rivaux. Le défenseur formé à Vendelsö apportera son intelligence de jeu et son leadership. Les trois autres nouveaux sont Jan Mertzig, qui revient de Klagenfurt en Autriche, le très rugueux Andreas Pihl (MoDo) et enfin Andreas Holmqvist, lui aussi d'un bon gabarit mais plus technique.

 

Malmö s'était fait connaître au début des années 90 par ses recrutements tonitruants, mais l'époque où l'on pouvait dépenser sans compter pour acheter des titres est révolue. Après avoir installé le hockey de haut niveau dans la ville du sud de la Suède autrefois exclusivement acquise au football, le club s'est assagi et il n'a engagé que trois nouveaux joueurs à l'intersaison, dont le second gardien Robert Borgquist, qui revient de l'autre club de la ville, Pantern, qui joue en division 1 (troisième niveau). La recrue la plus importante est Petri Liimatainen : ce Suédois issu de la minorité finlandaise avait été champion avec Malmö en 1994 et a passé les sept dernières années à se faire un nom en Suisse et surtout en Allemagne, où il était considéré comme un des meilleurs défenseurs de la DEL, et où il a terminé son contrat avec Cologne sur un titre de champion. Il rejoint une défense composée comme lui de joueurs qui ont beaucoup de vécu, et où on suivra la progression de deux jeunes de 18 ans, Henrik Blomqvist et Johan Björk.

Mais si beaucoup prédisent une rude saison à Malmö après quatre saisons consécutives en play-offs, c'est que l'attaque a perdu pas mal de bons éléments, certes pas les meilleurs marqueurs, mais des joueurs importants comme le vétéran Tomas Sandström qui a pris sa retraite. Le créatif Fredrik Lindquist est retourné à Djurgården, Robert Burakovsky au Danemark et Xavier Majic aux États-Unis. Du coup, il va falloir s'appuyer sur l'existant, et en particulier sur des joueurs prometteurs venus de "petites nations" du hockey. Frans Nielsen pour le Danemark et Janos Vás pour la Hongrie sont peut-être les meilleurs espoirs de leurs pays respectifs. Toivo Suursoo, la troisième recrue de l'intersaison (Luleå), est quant à lui le meilleur joueur estonien. Enfin, le quatrième étranger est toujours l'expérimenté Finlandais Juha Riihijärvi, qui sera le leader incontesté de l'équipe.

 

Brynäs a un nouvel entraîneur, Esko Nokelainen (Kiruna), qui était aussi entraîneur-adjoint de l'équipe nationale finlandaise mais dont c'est la première expérience en Elitserien (il a par contre coaché en SM-liiga, ce qui n'est pas une référence inférieure, n'en déplaise aux Suédois). Il devra composer avec le départ-surprise de Tony Mårtensson, un ailier droit qui n'a jamais été international et qui n'est pas particulièrement sorti du lot, mais qui a bizarrement été repéré par Anaheim. Brynäs a bien compensé ce départ et ceux de Tom Bissett et Daniel Rudslätt en engageant deux récents internationaux, l'un suédois, Niklas Anger (AIK Stockholm), l'autre finlandais, Tommi Miettinen (Ilves Tampere). Mais le leader sera encore et toujours Jan Larsson, l'homme-clé du titre 1999, toujours aussi précieux à trente-huit ans.

Au niveau de la défense, les vétérans Pär Djoos et Tommy Sjödin seront également indispensables. Le club de Gävle a également ajouté une touche finlandaise. Après Jussi Pekkala, c'est Veli-Pekka Laitinen des Pelicans de Lahti qui débarque. Nouvelle confirmation que la SM-liiga est devenue le terrain de chasse favori des clubs suédois, le gardien canadien Jamie Ram arrive du Jokerit Helsinki. Il a été engagé pour être mis en concurrence avec Johan Asplund, n°1 par défaut l'an passé mais pas indiscutable. Brynäs a globalement une équipe de même valeur que celle de l'an passé, le vieillissement des cadres devant être compensé par la maturation de bons jeunes, et devrait à nouveau être à la lutte pour les dernières places en play-offs, avec un a priori plutôt positif.

 

La première saison de Jim Brithén à MoDo s'est déroulée comme dans un rêve. Il a amené son équipe en finale - il était impossible de faire mieux compte tenu de la domination de Färjestad - et a été élu entraîneur de l'année. Mais cette saison devrait être beaucoup plus difficile. Même si Joakim Lindström est un des meilleurs jeunes du pays, MoDo, malgré son excellente formation, ne peut pas sortir chaque année des Peter Forsberg, Markus Näslund ou des frères Sedin. L'ex-compagnon de route des jumeaux, Mattias Weinhandl, est resté quelques années de plus qu'eux (uniquement parce que sa progression a été ralentie par une blessure à l'œil), mais il a lui aussi fini par signer un contrat en NHL, aux New York Islanders. Comme Mikael Wahlberg est lui aussi parti, cela laisse le meilleur marqueur Peter Högardh bien seul sur le front de l'attaque. En défense, l'international slovaque Dusan Milo (Zvolen) peut difficilement faire oublier son compatriote Richard Lintner. Avec le départ de Lars Jansson (à Kassel avec Wahlberg), Per Hållberg et Andreas Pihl, ce sont toutes les lignes arrières qui sont à reconstruire, et le Finlandais de service, Mika Lehtinen, habitué au succès avec le TPS Turku, aura du pain sur la planche.

Alors, Brithén s'est souvenu qu'il était l'entraîneur du Danemark, jusqu'à l'échec du Mondial de division 1 de Grenoble en 2000. Il y avait déjà deux Danois dans l'équipe : le gardien Peter Hirsch, qui a toujours tenu son rang des les cages qui peut l'avoir un peu mauvaise de voir débarquer une doublure finlandaise, Juuso Riksman de l'HIFK Helsinki, et l'attaquant Kim Staal. Ils sont maintenant rejoints par Jesper Damgaard (Oberhausen), un des membres les plus expérimentés de la jeune équipe nationale du Danemark, et Morten Green (Troja/Ljungby), qui a maintenant la chance de montrer au plus haut niveau les possibilités qu'il laissait entrevoir du temps où il était junior. Maintenant que le Danemark a été promu dans l'élite mondiale pour la première fois de son histoire, tous ces joueurs doivent prendre une autre dimension, y compris en club, et MoDo en aura besoin pour ne pas trébucher hors des play-offs.

 

Deux options bien distinctes pour Luleå à l'abord de cette nouvelle saison. La défense avait donné satisfaction, y compris le jeune gardien Daniel Henriksson qui avait parfaitement assumé la difficile succession de Jarmo Myllys, et on a donc essayé de la laisser au maximum en l'état. L'unique recrue est l'arrière tchèque Pavel Skrbek. On espère qu'il ne sera pas porte-poisse : en effet, après avoir joué quelques matches de NHL, il avait débarqué en milieu de saison dernière à Kladno, et a donc connu la relégation douloureuse de ce club légendaire. Luleå est un peu moins prestigieux et ne compte qu'un seul titre (en 1996) mais n'a pas envie de connaître le même sort.

L'attaque, en revanche, a été beaucoup remaniée. Arnaud Briand, qui n'a pas vu son contrat reconduit, n'est pas le seul à avoir quitté le club, puisque cinq autres de ses coéquipiers attaquants sont dans le même cas (Suursoo, Toporowski, Mettovaara, Kauppila et Hedström). Luleå n'a pas vu partir tout ce monde de gaieté de cœur, et se serait en particulier bien passé du départ de Jonathan Hedström à Anaheim fin mai. Du coup, on a alors retéléphoné à Mikael Johansson (joueur technique qui a réussi son retour en Suède avec l'AIK après avoir dû aller en Finlande pour être reconnu), alors qu'on avait renoncé à son recrutement un mois plus tôt en raison d'une blessure au genou. Notons que l'intérêt porté par Anaheim pour l'Elitserien ne date pas d'hier. Jonas Rönnqvist avait été engagé par le club de Disney il y a deux ans, mais il a fini en NHL et revient donc maintenant à Luleå. Pour que le club puisse de nouveau se qualifier en play-offs, il faudra que la nouvelle attaque soit plus performante et que les deux Nilsson (le défenseur Petter et l'attaquant Stefan, qui ne sont pas apparentés - par contre Petter a un frère qui est l'entraîneur des voisins de Boden en Allsvenskan) conservent leur discipline pour être les leaders attendus de l'équipe.

 

Reste à connaître les deux clubs qui occuperont les places de onzième et de douzième, qui obligent à une session de rattrapage par les Kvalserien, cette poule de promotion/relégation généralement acharnée. Leksand et Timrå y avaient cependant fait le trou l'an passé, mais ils sont en théorie promis à y retourner. Attention, toutefois, rien n'est jamais acquis et les autres clubs ne sont pas à l'abri d'une mauvaise surprise. On l'a vu il y a deux ans quand les décennies de présence ininterrompue de Leksand au plus haut niveau ne l'ont pas empêché de connaître la relégation. Mais le petit club a ensuite écrasé l'Allsvenskan et a prouve que sa place est bien parmi l'élite. Encore faut-il le prouver sur la glace...

Le gardien canadien Sean Gauthier, qui a bien contribué à la remontée, a été conservé, et les lignes arrières ont également subi peu de modifications, même si l'Américain Greg Brown n'intègrera l'équipe qu'après le 15 octobre (du fait d'une faille légale absurde, les clubs paient beaucoup moins d'impôts quand ils engagent un étranger après cette date, et on peut donc s'attendre à voir pas mal de jokers débarquer fin octobre, en particulier chez les clubs en difficulté). Certes, il n'y a plus les vétérans Torbjörn Johansson et Magnus Svensson, mais ils ont été remplacés par des joueurs de métier. Christer Olsson (Brynäs) devient d'emblée le capitaine de l'équipe, et Hans Lodin a appris à tenir un rôle plus offensif pendant ses trois années chez les Munich Barons. Son ex-coéquipier Johan Rosén l'a suivi et il apportera l'expérience de ses trente-cinq ans à une attaque qui compte déjà celle du pilier Niklas Eriksson. Mike Stapleton (Espoo) a également du vécu, il a même déjà joué une saison en Suède... il y a treize ans ! L'attaquant défensif Mikael Pettersson et l'ex-capitaine de Björklöven Göran Hermansson doivent permettre de stabiliser une offensive dont la meilleure ligne (Karlberg-Nielsen-Hellkvist) a été démembrée par le départ de Stefan Hellkvist pour les Hanovre Scorpions. Mais il n'y a pas que des vieux grognards dans l'effectif, n'oublions pas les juniors Jörgen Sundqvist, Lars Jonsson, Daniel Widing et surtout Robert Nilsson, le très attendu fils de Kent Nilsson.

 

Le nouveau challenge de l'entraîneur Kent Johansson est très différent de la succession - ratée - de Hardy Nilsson à Djurgården, mais il comporte tout autant de pression. De nouveau, il se voit confier une équipe qui a perdu ses piliers à l'intersaison. Timrå était en effet extrêmement dépendant de sa star Henrik Zetterberg, qui a rejoint les Detroit Red Wings. Outre son meneur de jeu, Timrå a aussi perdu le buteur Linus Fagemo, et le régulier Markus Matthiasson est donc le seul point d'ancrage offensif restant. Zetterberg est irremplaçable, mais il va bien falloir vivre sans lui. De nos jours, que fait un club suédois lorsqu'il est un peu démuni et a un besoin urgent de renforts ? Il les prend en SM-liiga, pardi ! L'apport finlandais avait déjà bien réussi l'an dernier avec Kimmo Kapanen (même s'il avait transité par la DEL), qui avait su parfaitement remplacer le gardien canadien Philippe de Rouville après le départ de celui-ci.

Cette année, on espère que Valeri Krykov (Blues Espoo) sera toujours inébranlable, et surtout que Toni Koivunen (Pelicans Lahti) pourra amener la créativité qui risque de faire défaut après le départ de Zetterberg, son imposant coéquipier Kalle Koskinen renforçant pour sa part une défense qui s'était peu illustrée l'an passé. Les autres acquisitions défensives sont des expatriés sur le retour. Sanny Lindström s'était enfoncé dans des ligues mineures nord-américaines, tandis que Martin Lindman arrive des Eisbären Berlin. Parti à l'étranger très tôt, il a continué sa carrière dans des divisions inférieures avant que trois ans de DEL ne lui permettent d'être remarqué. Son recrutement a surpris car personne ne le connaît en Suède puisqu'il n'a jamais joué en Elitserien. L'attaquant Markus Åkerblom (Nuremberg) vient lui aussi d'Allemagne, mais lui a déjà de l'expérience en élite suédoise. Prouvant qu'il a vraiment cherché partout, Timrå a aussi ramené deux attaquants suédois qui jouaient en Superleague britannique à Nottingham, Christian Sjöberg et Patrik Wallenberg.

 

 

Un petit mot de l'Allsvenskan

Comme cela s'est produit l'an passé avec Leksand, la grosse attraction de la saison d'Allsvenskan sera l'AIK. Le magnat finlandais Hjallis Harkimo, propriétaire du Jokerit Helsinki, a réussi en quinze mois à détruire l'âme du club en remplaçant ses cadres par des joueurs, souvent finlandais, bien moins motivés par le sort de l'équipe, et à creuser un énorme déficit (900 000 euros rien que sur le dernier exercice). Deux objectifs attendent maintenant l'AIK : retrouver l'esprit club envolé, et bien sûr remonter en Elitserien. Pour cela, l'AIK repart avec des joueurs choisis non pas pour leur CV mais pour leur dévouement. C'est ainsi que Jan Huokko a refusé l'offre de Djurgården, préférant rester pour aider son club à remonter.

Avec Bofors, Huddinge, Rögle ou Nyköping, on retrouvera toujours parmi les outsiders l'autre club de Stockholm, Hammarby, possédé par Anschutz. Il a néanmoins perdu son attaquant-vedette Martin Samuelsson, passé directement de l'Allsvenskan à un contrat en NHL avec les Boston Bruins. On suivra également avec intérêt Troja/Ljungby (équipe que Mulhouse a battue au tournoi de Belfast), qui a à sa tête Hans Eller. Après quatre années passées à Rødovre, celui-ci a devant lui un challenge intéressant puisqu'il devient le premier entraîneur danois à être nommé dans un club suédois de ce niveau. Déjà que les techniciens étrangers sont rares dans ce pays très sûr de ses connaissances tactiques, le fait qu'il vienne d'un petit pays de hockey, même s'il s'agit d'un voisin, est encore plus remarquable. Enfin, on observera nos deux Français : Maurice Rozenthal, seul rescapé à Björklöven (qui ambitionne lui aussi la promotion) puisque François n'a pas percé aussi bien que son frère, et Jonathan Zwikel, nouveau venu à Sundsvall.

Marc Branchu

 

 

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