Le hockey polonais a-t-il un avenir ?

 

Une nouvelle saison s'est écoulée pour le hockey sur glace polonais. Une nouvelle saison de lutte pour survivre, une nouvelle saison d'ombre, où notre hockey évolue au second plan dans tous les domaines. En championnat, nous n'avons vu qu'une équipe parée au combat, avec des sponsors, avec des perspectives - l'Unia Oswiecim. Mais même ce meilleur représentant a été très vite sorti des compétitions européennes. Toutes les autres équipes se battent plus contre leurs problèmes financiers que pour le titre. Le finaliste - Katowice - n'a pas même payé ses joueurs durant les derniers mois de la saison 200/03, alors faut-il s'étonner s'ils s'en vont un par un ? Tychy, le deuxième club le plus solide derrière Oswiecim, a déçu au bilan sportif. Le seul point positif est que Podhale, un club à la grande tradition, est en train de renaître de ses cendres. Après des années de problèmes de propriété et de collaboration difficile avec la municipalité de Nowy Targ, il semble que Podhale améliore étape par étape son organisation et son niveau de jeu. Ils ont même eu les médailles en point de mire cette saison, mais ils ont perdu contre Stocznowiec Gdansk, une équipe solide, sans plus.

L'équipe nationale de Pologne avait une chance de gagner son tournoi de division I, mais elle a perdu contre l'ancienne république soviétique du Kazakhstan. Il semble que personne n'était vraiment mentalement préparé à la victoire - ni les médias, ni les supporters, ni les joueurs, ni même le staff. Durant le tournoi, j'ai lu le commentaire d'un joueur polonais. Il se demandaient qui étaient ces frères Koreshkov. Il supposait que c'étaient des joueurs russes introduits au dernier moment dans l'équipe du Kazakhstan, puisque c'était leur premier tournoi de division I... Il ne se remémorait donc pas le fantastique tournoi olympique de 1998 à Nagano et la performance des deux Koreshkov à cette occasion ? Et personne parmi les entraîneurs n'a prévenu les joueurs au sujet des attaquants du Metallurg Magnitogorsk ? Il semble que les joueurs polonais vivent sur une île déserte, loin du hockey sur glace moderne, pensant seulement à leur petit championnat, essayant seulement de gagner un peu d'argent (s'ils sont payés). Les dirigeants des clubs et ceux de la PZHL, la fédération, semblent vivre dans le même petit monde clos.

Quelques mois avant ce tournoi mondial de Budapest, nous pouvions pourtant être un petit peu plus optimistes. L'Euro Hockey Challenge a donné un peu d'expérience à notre équipe. Celle-ci semblait être renforcée par les Borzecki et Zamojski qui venaient s'ajouter à Czerkawski et Laszkiewicz. Mais l'effectif s'est désagrégé petit à petit : Pysz, Wawrzkiewicz, Zareba, Kwiatkowski, Czerkawski... En fait, ce n'est pas important, car il ne sert à rien de se demander ce qui se serait passé s'ils avaient été disponibles. Les derniers championnats du monde en Suède nous ont montré la distance qui reste à parcourir pour notre hockey. Qu'aurions-nous montré si nous étions remontés en groupe A ? Aurions-nous mieux joué qu'en Suède ?

Quand on prend part à une compétition, on essaie d'obtenir le meilleur résultat possible. Mais quand elle se termine, il est temps de faire le point. Et la vérité est dure à entendre. Quand nous avons gagné à Grenoble il y a deux ans, tout le monde était joyeux comme un petit enfant, particulièrement les dirigeants de la PZHL. Mais cela n'a rien résolu à la situation du hockey sur glace en Pologne. Rien n'a été vraiment fait pour éviter la relégation, et rien n'a vraiment été fait pour remonter. Et il ne suffit pas de croire que Mariusz Czerkawski va gagner le match à lui tout seul ou que Tomasz Jaworski va arrêter tous les tirs.

Ce sont deux années de perdues, alors que le jeu de notre équipe nationale s'améliorait un peu. Au cours de cette période, le championnat n'a pas résolu ses problèmes, ceux-ci sont au contraire de plus en plus inextricables. La situation de notre sélection est un vrai miracle quand on regarde la situation des clubs. Personne n'a réellement apprécié à sa juste valeur la victoire contre la Hongrie - un pays qui a mis plus d'argent dans le hockey sur glace au cours de ces dix dernières années que la Pologne ne l'a fait en trente ans. Il est donc peut-être injuste de critiquer la performance obtenue à Budapest. Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : le futur ne peut qu'être pire... Nous avons environ quarante joueurs de niveau relativement international, quelle équipe pouvons-nous espérer bâtir avec eux ? Wiktor Pysz n'est pas un entraîneur, c'est un mécanicien qui doit réparer sans cesse la même vieille voiture. Pour le moment, elle roule encore, mais vous n'irez pas très loin avec. Et un jour, il faudra bien en acheter une neuve...

Après Budapest, le président de la fédération Zenon Hajduga a dit en souriant : "Le jeu continue". Mais avec quels joueurs ? Beaucoup de joueurs déçus ont décidé de prendre leur retraite internationale, Zamojski et Klisiak peuvent en faire de même à tout moment, et ceux qui sont nés entre 1969 et 1971 sont également proches de la fin. Et après ? On entend parfois des critiques sur la présence de joueurs vieillissants en équipe nationale. D'accord, mettons des jeunes, mais il faudra alors tirer une croix sur le succès. Au début des années 90, nos équipes juniors étaient à la lutte pour monter en groupe A. Aujourd'hui, elles jouent dans la division II mondiale. Nous pouvons donner leur chance aux joueurs nés entre 1978 et 1982, bien sûr, mais nous nous retrouverons probablement en division II. Il y aurait peut-être de l'espoir s'il y avait au moins un signe de progrès. Mais il est difficile de garder espoir quand les jeunes joueurs vraiment talentueux se font de plus en plus rares d'année en année... C'est pourquoi l'opinion de Hajduga peut sembler un peu choquante. Nous devons nous mettre au travail.

Nous avons environ vingt patinoires en Pologne. Si nous voulons constater des progrès, nous devons utiliser chacune de ces (maigres) possibilités. Nous devons avoir une équipe en championnat dans chacune de ces patinoires, nous devons former des jeunes joueurs partout. On parle beaucoup d'une "ligue professionnelle", mais ce sont des mots qui n'ont aucun sens dans notre réalité. Nous avons besoin de nombreux changements dans tous les domaines. Quand un club trouve un sponsor, l'argent obtenu est utilisé presque immédiatement. Et il n'y a même pas à s'en étonner, car comment comptez-vous épargner quand vous n'avez pas du tout d'argent ?

Nous devons créer un nouveau programme de développement des jeunes, un bon programme avec une vision à long terme. Sinon, nous ne battrons plus la Hongrie. Ils ont des entraîneurs slovaques, avec leurs propres entraîneurs qui ont de l'expérience internationale, cela portera ses fruits un jour ou l'autre. Il y a cinq ans, la Pologne pouvait gagner contre la Hongrie en utilisant à peine 50 % de ses possibilités, aujourd'hui le meilleur club polonais, l'Unia, a perdu contre une équipe hongroise sur sa propre patinoire d'Oswiecim.

Il est grand temps pour des changements, autrement notre hockey mourra. Peut-être que personne ne s'en souviendra, et peut-être que certains pleureront son souvenir...

Andrzej Grygiel

 

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