Présentation de la D1 française 2004/05

 

Le deuxième étage du hockey français vit au rythme d'une querelle de voisinage. Tout a commencé quand Monsieur Saint-Gervais et Madame Megève ont décidé d'abattre la cloison entre leurs deux appartements. Mais les ouvriers n'étaient pas déclarés comme il faut et les deux copropriétaires n'avaient même pas prévenu le syndic. Monsieur Chamonix, qui habite le F4 mitoyen et est très gêné par le bruit (on le traite de vieux ronchon, mais il explique qu'il les entend bien plus souvent se disputer sur fond de vaisselle cassée que s'aimer un peu fort), a vu ça d'un mauvais œil, d'autant qu'il sait que le couple lorgne sur son bel appartement qui dispose d'une terrasse avec une vue imprenable sur la montagne. Lorsqu'il a constaté des infiltrations dans son plafond, il a immédiatement accusé les travaux faits n'importe comment autrefois et a appelé la police pour dénoncer son voisin. Sauf que la police, lassée de devoir sans cesse intervenir dans cet immeuble où les gens n'arrivent pas à cohabiter en paix, n'a pas donné suite car il y avait prescription. Maintenant, Monsieur Chamonix et les habitants du duplex Mont-Blanc ne se parlent plus, et ils découvrent parfois des messages d'insultes dans leurs boîtes aux lettres. Il se trouve pourtant des gens pour croire à l'improbable : qu'ils puissent prendre l'ascenseur ensemble !

Cependant, l'ascenseur est un peu rouillé - il n'a pas servi pendant longtemps - et assez étroit. Ils n'y tiendront pas tous deux si la dodue Madame Strasbourg s'y trouve déjà, elle qui habite au fond du couloir à droite mais qui doit bientôt emménager dans plus grand. Et puis il y a le nouvel arrivant, Monsieur Montpellier, qui fait jaser avec ses manières de parvenu. Une dame âgée fait remarquer qu'il est très poli et qu'il dit toujours bonjour, en plus d'être souriant et d'avoir une terrasse joliment fleurie, ce qui change sur cette façade décrépie et donne une meilleure image de l'immeuble vu de la rue. Mais la papesse du cancan qui a tout vu depuis son judas objecte qu'il a de drôles de fréquentations et qu'il fait beaucoup de bruit la nuit quand il reçoit des invités aux étranges accents et des filles court vêtues.

Les commérages se taisent toutefois quand un de ceux-là (Monsieur Chamonix, Monsieur et Madame Saint-Gervais - qui ne sont en fait pas mariés et ont juste souscrit un PACS -, Madame Strasbourg et Monsieur Montpellier) arpente le couloir, car on sait qu'ils auront toujours le dessus. Les autres locataires sont très discrets, mais ne disait-on pas la même chose de Madame Morzine, qui a obtenu une promotion et a déménagé cet été, ce qui pourrait peut-être donner des idées à certains...

 

 

Poule nord

À un an de l'ouverture de sa nouvelle patinoire dont les murs commencent à sortir de terre, Strasbourg devra encore une fois commencer sa saison à l'extérieur, ce qui lui permettra de constater que ses adversaires de la poule nord ne sont toujours pas en mesure de l'inquiéter. Les Alsaciens devront attendre de passer les fêtes pour jauger enfin leur valeur face aux autres favoris qui se trouvent au sud. La reprise sera encore décisive, mais l'équipe a l'avantage de la cohésion car elle repart quasiment inchangée. Les seuls départs sont ceux du joker Mihalik (que Bourdages souhaite remplacer par un autre défenseur slovaque bien plus fort s'il trouve le budget) et d'Intsaby, remplacé comme second gardien par Gilles Beck qui revient dans son club formateur après être passé par les juniors de Reims, Brno et Mulhouse. Le défenseur canadien Dave Grenier s'ajoute au corps de garde, tandis que les deux jeunes Toulousains Julien Mauget et Sébastien Savajol quitte le barragiste malheureux de la D2 pour le barragiste malheureux de la D1. Affoleront-ils aussi les compteurs dans une division plus physique où ils n'auront pas autant d'espaces ? Il y a quoi qu'il arrive à Strasbourg une formation homogène qui a les moyens de monter en Magnus, et surtout qui le dit enfin ouvertement. Avouez que ce serait un beau cadeau pour la pendaison de crémaillère.

 

Le Suédois est à la mode, mais il ne faut pas systématiquement en abuser. Caen l'a compris, et après un match amical contre Angers où sa responsabilité était engagée sur quatre buts encaissés, Olle Djoos a été gentiment prié de rentrer chez lui après sa période d'essai, alors que son compatriote Petter Granberg (coéquipier des néo-Chamoniards Larsson et Hansson la saison passée dans le modeste club de Hudiksvall) a échappé de peu au même sort. Le dernier arrière sera donc un jeune Slovaque, Peter Hruska, qui a un bon gabarit, fait des passes précises et a encore une bonne marge de progression. La défense est donc plus que jamais le point fort des Caennais, avec le renfort de Sébastien Bergès, qui portera comme à Valence le "C" jusque là dévolu à son prédécesseur "Sogho", et du Normand (de Cherbourg) Samson Samson, le genre de joueur physique qui doit plaire à l'entraîneur-joueur Rodolphe Garnier. Il attache moins d'importance à la créativité offensive, et c'est surtout de Määttä qu'on attendra les buts, avec comme joker Jaroslav Filip, un ex-junior du Slavia Prague dont la carrière a connu un sévère coup d'arrêt à cause d'une blessure qui l'a tenu écarté des patinoires pendant un an.

 

Neuilly-sur-Marne s'affirme année après année comme le club n°1 en Ile-de-France dans le hockey senior, et tente maintenant de développer son hockey mineur sur les mêmes bases en s'engageant d'un coup d'un seul à la fois en espoirs élite et en cadets élite. Un double pari osé qui dénote en tout cas de l'ambition. C'est aussi le cas dans l'effectif senior auquel s'ajoute chaque année un joueur qui a l'expérience de l'élite. Il s'agit cette fois de Jérôme Veret, qui retrouve donc son frère Laurent. Les nouveaux renforts étrangers laissent par contre plus sceptique, c'est un euphémisme, et semblent suivre la tradition douteuse d'un Kurilovsky l'an passé. Ce n'est pas si grave car Neuilly-sur-Marne a toujours une défense physique et une attaque de plus en plus dense avec deux lignes offensives vraiment dangereuses qui s'appuient sur des cadres dont on connaît la valeur (Guilhem, Svitana, Vastusko, Kecka).

 

Après avoir raté deux fois son début de saison avec quelques errances dans le recrutement, Courbevoie a cette fois la poule finale en ligne de mire. Le COC avait recruté Zdenko Sarnovsky l'an passé, mais on avait oublié de lui dire que c'est le genre de joueur qui allait par paire. Il a donc fallu aller chercher son alter ego Jan Timko à Amnéville, et le duo slovaque désormais réuni pourra alors avoir le même rendement qu'à Vanoise. Le remplacement de Tremblay par Timko est la seule modification de l'intersaison, hormis un inévitable transfert intra-francilien (Laverny revient d'Asnières et remplace Kerner parti au Vésinet), et la stabilité de l'effectif lui garantit de partir en terrain de connaissance dès les premières journées. Cette fois, pas de mauvaise surprise, la qualification devrait donc être au bout.

 

Amnéville s'appuie toujours sur une bonne organisation défensive et des joueurs de l'est dont les qualités de passe et de patinage peuvent être redoutables en contre-attaque. Cette fois, ils se nomment Miroslav Micuda, un Slovaque, Gints Gredzens, un Letton qui avait été mis à l'essai à Valence, et surtout Maksim Tikhonov, qui était superflu à Brest mais qui avait laissé d'excellents souvenirs en Moselle à l'époque de la D2. Par contre, il manque la clé de voûte Cédric Dietrich, que son destin conduit logiquement vers d'autres cieux à Grenoble. Faute de gardiens (Bock a raccroché), il a fallu faire dans l'urgence. Il a fallu rappeler un ancien du club, Yoann Renevot, qui s'est blessé et a dû céder sa place au gardien loisir au premier match, en attendant la licence d'un spécialiste étranger, Konstantin Mikhaïlov. Mais celui-ci n'a pas été convaincant, et c'est finalement Slavomir Sojak, l'ex-gardien de Limoges qui s'était entre-temps renseigné au petit bonheur pour un poste en Autriche, qui assumera la difficile succession. Plus que jamais, Amnéville est extrêmement dépendant d'un petit nombre d'individualités (quitte à les engager pour quelques semaines et à en virer certaines une fois la qualification acquise, comme ce fut le cas l'an passé), et elles pourraient ne pas suffire cette fois.

 

Il est vrai que la situation n'est pas très différente à Garges-lès-Gonesse, où la taille de l'effectif fait également pâle figure à côté de Neuilly ou Courbevoie. On en viendrait presque à regretter Gagnon qui n'était pas terrible mais qui au moins faisait le nombre dans une défense très maigrelette. L'avantage sur Amnéville est que l'on n'est pas obligé de faire passer les jeunes directement de cadet en senior et que le partenariat avec Deuil-la-Barre fait en sorte qu'au moins une transition existe, même si l'espoir excellence n'a rien d'une panacée. Les attributions sont quelque peu modifiées, puisque Simon Genest a le titre de directeur technique tandis que Jaroslav Sikl est maintenant entraîneur-joueur. L'important est que l'un et l'autre soient présents sur la glace, et que "monsieur breakaway" Ales Skokan soit là pour mettre les palets au fond. Mais le gros souci des Chiefs (qui arborent même dorénavant les maillots - obtenus grâce à l'abnégation de Julien Gadeau - du film Slapshot à l'origine de leur surnom) est que le gardien Milan Zpevak a dû rentrer en République Tchèque et que l'on n'est pas sûr que son remplaçant Petr Kus, venu de Rokycany, ait le même niveau.

 

Deux bonnes nouvelles pour Asnières : la première, c'est que l'ex-Bisontin Robert Pohanka, passé un an par (l'infirmerie de) Lyon, permettra enfin de décharger un peu Peter Zambori de la responsabilité de la production offensive ; la seconde, c'est qu'Antoine Intsaby, qui avait un temps espéré une alternance à Strasbourg mais était resté finalement cantonné au rôle de doublure de Larivière, apportera plus de sécurité dans les cages des Castors tout en fournissant un repère concurrentiel à Dalsasso. Par ailleurs, deux joueurs arrivent en région parisienne pour raisons professionnelles, l'ex-Rémois Jean-Christophe Fornero et l'arrière finlandais Antti Kaartinen, qui fera du bien à une défense un peu juste quantitativement après les arrêts de Declercq et Lesur.

 

Pris par ses obligations professionnelles au sein de Vert Marine (il tient notamment le bar de la patinoire de Boulogne-Billancourt), l'ex-Rouennais Éric Pinard a quitté Le Vésinet, et les rênes de l'équipe sont désormais confiées à Christophe Tagliapietra, passé par Compiègne et Romorantin. Il dispose d'un effectif limité, et là où les autres équipes franciliennes ont trois ou quatre entraînements hebdomadaires, les Vésigondins, toujours en exil forcé à Colombes, n'en ont que deux, entre 22h et 23h30. Ces horaires tardifs ne font pas d'envieux mais sont après tout plutôt adaptés à des joueurs qui travaillent et ont parfois de longues journées. L'effectif est en effet entièrement amateur, et tous les joueurs ont été formés en France, hormis Jean-Denis Aurouze, qui est originaire de l'hexagone mais a passé une grande partie de son enfance au Canada avant de revenir étudier l'œnologie. Malgré ces conditions difficiles, le nouvel entraîneur ne souhaite pas rejouer Fort Alamo, déclarant : "on jouera l'offensive, ce sera notre meilleure défense". Il estime en effet que ses joueurs ne seraient pas à l'aise dans une tactique protectrice et qu'il ne servirait à rien de les faire jouer contre-nature dans l'illusion de préserver un score. La notion de jeu reste essentielle pour des hockeyeurs qui jouent pour le plaisir.

 

 

Poule sud

Chamonix abandonne les Tchèques et retrouve cette année des Suédois dans ses rangs, comme à l'époque de l'imposant défenseur Kent Fordal. Ce choix s'imposait, non pas tant pour des raisons tactiques (encore que...), mais surtout parce qu'il y a depuis longtemps au village une forte communauté scandinave et qu'il est important qu'elle puisse s'identifier au club. Chamonix a ainsi recontacté un ami de Fordal qui avait failli venir jouer au pied du Mont-Blanc il y a quelques années et avait même fait quelques matches amicaux à l'époque, l'opportuniste buteur Johan Larsson, qui a une bonne vitesse de pénétration et sait se placer pour des déviations. De son dernier club Hudiksvall, il a ramené un coéquipier, le sobre défenseur Morgan Hansson. L'effet de ce recrutement sur les Suédois résidant sur place n'a pas tardé à se faire sentir : Tobias Granath s'est fait connaître et a demandé à être pris à l'essai, malgré les réticences du club qui n'a pas un budget immodérément extensible. Doté d'un bon bagage technique et capable de bonifier un palet, il a mis tellement d'engagement physique durant la phase de préparation que les dirigeants chamoniards n'avaient d'autre choix que de le conserver. Les ex-juniors rouennais Damien Raux et Gautier Lafrancesca, bons travailleurs et patineurs, ne sont pas en reste sur les gestes techniques et ont eux aussi été rapidement adoptés. Chamonix se retrouve ainsi avec un effectif élargi où Pierre Pousse fera jouer la concurrence à plein. L'éviction du vétéran Margerit au profit du junior Erwan Pain sur la première ligne prouve que les privilèges sont abolis et que ceux qui n'ont plus l'habitude doivent s'attendre à se faire bouger à l'entraînement.

 

L'association Saint-Gervais/Megève, le Mont-Blanc pour les intimes, aura encore pour objectif de se démarquer par rapport à un certain club (non je ne dirai pas son nom), notamment en mettant l'accent sur le fait qu'elle ne compte qu'un étranger dans ses rangs, Peter Hrehorcak, qui vient justement de Chamonix (ah ben je l'ai dit). Les autres recrues notables sont un joueur formé à Megève et un joueur formé à Saint-Gervais. Le premier, Stéphane Gachet, est en fin de carrière et poursuit sa reconversion en entraînant le hockey mineur. Le second, Étienne Croz, est un centre prometteur qui a montré de belles choses en Super 16 à Mulhouse mais qui a des problèmes récurrents au dos et qui ne sera pas apte dès le début de saison, au point d'être qualifié - de manière un peu exagérée vu son niveau - de "pari risqué" par certains. Mais surtout, le Mont-Blanc ne veut plus faire pâle figure face à Cham' quant à l'intégration des juniors, et il affiche donc son intention d'en incorporer dans l'équipe (l'un d'entre eux, Julien Marquet, a d'ailleurs été récupéré à Chamonix où il n'avait pas la priorité). Pour l'instant, ils composent la quatrième ligne offensive, la troisième ligne défensive et le gardien remplaçant, ce qui leur confère tout de même un rôle moins prépondérant que chez le voisin. C'est à l'usage que l'on constatera leur temps de jeu et que l'on verra si une politique de promotion des jeunes se met en place.

 

Les deux rivaux de Haute-Savoie devront prendre garde à ne pas se faire griller la politesse comme l'an passé. Avec un effectif très conséquent, Montpellier a en effet parfaitement les moyens de se glisser subrepticement devant eux. Les Vipers ont conservé intacte leurs capacités offensives, avec le capitaine Yann Fornaguera et le clan slovaque (Michalovich et ses rictus d'effort, Ozorak "le Platane", Rojko en rattrapage après une saison pas si productive, Ctvrtnicek qui a recouvré la santé, sans oublier le défenseur Hodon), en y adjoignant un attaquant suédois, Tobias Nilsson. C'est que le recrutement du MAHC s'est sensiblement internationalisé. Non pas qu'il était resté hexagonal jusqu'ici, bien sûr, mais on a cherché au-delà du "classique" Slovaque de service. Preuve de cette ouverture vers de nouveaux horizons, l'attaquant défensif Junji Sakata, qui a participé à trois championnats du monde avec le Japon. Mais c'est surtout à l'arrière que Montpellier s'est renforcé avec le kiné caennais, j'ai nommé l'ex-international junior Roch Chevalier, le défenseur suédois Anders Lindell et surtout le colosse d'Edmonton, Oliver McGee (1m96, 95 kg), qui tente sa première expérience professionnelle après avoir terminé son cursus universitaire de psychologie. Il y a du monde pour mettre des boîtes dans cette défense, et aucune équipe de D1 n'aura la partie facile pour s'approcher des cages languedociennes, dans lesquelles Franck Laures a désormais la concurrence de Fabrice Agnel, qui cherche à se relancer après son échec comme doublure de Rolland à Grenoble. Même quand on a les moyens d'engager neuf étrangers, il serait dommage de ne pas profiter aussi du statut de ville étudiante de Montpellier pour attirer les jeunes Français, et c'est justement le cas avec Thomas Gaulier, formé à Valence.

 

Avec trois clubs de ce niveau, il ne reste plus qu'une place aux autres prétendants s'ils veulent accéder à la poule finale. Avignon, qui avait dominé la poule de maintien l'an dernier, a là une légitime ambition, d'autant que l'équipe s'est renforcée. Il y a toujours un seul étranger, le Canadien Jocelyn Perreault remplaçant le Slovaque Pavol Frano, mais il y a par contre beaucoup d'arrivants des clubs de la région, à l'image du défenseur valentinois Quentin Roy et surtout du clan niçois qui se reforme. Nicolas Leroy, un des mutins du club azuréen après le titre de D3, retrouve en effet Benjamin Galmiche, pas très heureux à Gap, mais aussi Grégory Risterucci, un cadet déjà repéré dans les sélections nationales de jeunes. Le défenseur rouennais Damien Ribourg et l'attaquant cergypontain Olivier Martiny viennent aussi rajeunir une formation en constante progression qui gagne peu à peu en expérience.

 

Mais le même objectif de qualification est partagé par Lyon qui s'était presque autant promené en poule de maintien et aimerait également franchir un cap. Avec deux patinoires et un vrai potentiel humain aussi bien au niveau des licenciés que du public, il y a moyen de faire quelque chose de bien dans ce club si l'on n'oublie pas les erreurs du passé. Il faut commencer par la base, et c'est pour cela que le Chamoniard Frédéric Bochatay a été embauché : c'est-à-dire non seulement pour remplacer Janca dans les buts, mais aussi pour apporter son expérience de formateur auprès du hockey mineur. L'équipe première a connu peu d'arrivées, juste le défenseur tchèque Josef Antos (Limoges) et deux joueurs de Gap. Il s'agit d'un retour à Lyon pour Pierre Carabalona, alors que Sylvain Roy pourra avoir le temps de jeu qui lui faisait défaut malgré son état d'esprit respectueux et exemplaire dans l'équipe de Perroton. Le principal progrès, ce sera surtout d'être enfin épargné par les blessures. Cela permettra ainsi à Roger Dubé de laisser les patins au placard et de se concentrer uniquement sur son rôle d'entraîneur comme il l'a annoncé.

 

Après une saison difficile marquée par le décès de son président, le club de Limoges est en reconstruction complète. Et celle-ci a été confiée à Jean-Claude Sozzi, le gardien de l'équipe de France des années 60 et 70, qui fait son grand retour aux affaires. Il aura en particulier du travail à son poste de prédilection, où Sojak sera difficile à faire oublier. Marc-Antoine Richard aura sa chance dans les cages et sera en concurrence avec Jean-Édouard Couffe, revenu de Font-Romeu. La majorité des cadres de l'an passé sont partis essayer de décrocher un contrat en Ligue Magnus, essai le plus souvent infructueux comme celui de Loïc Querrec à Dijon. Le défenseur est finalement revenu, et comme ses collègues Marinov et Duménil sont restés, ce secteur qui n'a jamais été un point fort de Limoges paraît un peu plus solide. Il reçoit en effet le renfort de deux Tchèques, Vladimir Kolbaba et Ladislav Drab, ainsi que de Nicolas Payen, arrivé de Chambéry en même temps que le buteur Pacull. Cependant, l'arrière formé à Viry termine sa convalescence après une opération des ligaments croisés et ne sera pas disponible dès le début de saison. L'attaque semble en revanche bien moins dense que la saison écoulée, mais elle aura un homme providentiel en la personne de Peter Svenk, le buteur tchèque qui n'a jamais été oublié même pendant son passage à Chamonix. Indéniablement, le talent individuel est là, mais le collectif est entièrement à rebâtir pour faire repartir le HCL sur de nouvelles bases.

 

Lors de la réunion constitutive de la division 1 en juin, on se doutait bien qu'une décision difficile devrait être prise, avec neuf clubs géographiquement au nord et sept au sud. Il fallait trouver un "volontaire" pour remplacer Garges-lès-Gonesse, basculé au sud l'an passé car repêché de dernière minute. Se sachant mieux loti que certains de ses rivaux puisqu'il pouvait obtenir le remboursement de ses frais de déplacement, le HC Cergy-Pontoise déclara que, éventuellement, en dernier recours, s'il n'y a pas d'autre solution, il était prêt à se sacrifier. Dix jours plus tard, à la réunion de la communauté d'agglomération, Cergy apprit que celle-ci n'indemniserait plus les déplacements de ses clubs sportifs. Branle-bas de combat et appel immédiat à la fédération pour se dédire de sa parole. Évidemment, il était trop tard, sauf si Cergy trouvait une autre équipe qui accepterait de prendre sa place. Même le meilleur camelot au monde aurait bien eu du mal à trouver un argumentaire pour vendre une place dans une poule sud plus relevée avec des déplacements plus longs. La seule équipe qui aurait pu faire preuve de bonne volonté pour aider Cergy, c'est... Strasbourg. Mais mettre les quatre favoris dans la même poule n'aurait pas spécialement arrangé les choses. Le HCCP s'est donc résigné en ayant bien conscience que la qualification en poule finale, accessible au nord, deviendrait une autre paire de manches au sud. C'est logiquement dans le compartiment défensif, qui risque de souffrir, que Cergy a recruté. Le gardien finlandais Juha Korhonen remplace Olivier Courally, qui espère que les promesses de Gap ("il n'y aura pas de n°1") n'ont pas été faites en l'air. Le fidèle Ville Lahelma se voit adjoindre deux arrières canadiens assez moyens, David Lapierre et Simon Goulet, et surtout le solide Vladimir Konopka, anciennement passé par Tours. Si l'on excepte Daniil Rasskazov, dont il faudra gérer "l'âme russe", le secteur offensif permettra surtout aux jeunes joueurs du club de se lâcher. À l'évidence, la formation a été plus efficace pour les attaquants (et les gardiens) que pour les défenseurs, mais la remise en question n'est pas venue de là. Si l'équipe espoir a vécu (remplacée par une réserve en D3), c'est que tous ses membres ne faisaient pas preuve d'une motivation exemplaire, et qu'il fallait parfois "aller les sortir du lit" pour les déplacements.

 

Valence espère enfin mettre un terme à ses problèmes chroniques d'efficacité offensive grâce à deux Canadiens qui seront chargés de marquer des points, Kevin Saville et Patrick Rowan. S'ils ont gagné un contrat en trouvant le chemin des filets à leur premier match amical, les autres essais d'étrangers n'ont pas été si fructueux. À deux Tchèques (Jiri Broz et Kamil Stastny, qui n'avaient que leurs patronymes pour attirer l'œil) ont succédé deux Lettons pas plus convaincants. Finalement, on s'est rabattu sur Peter Verespej, un jeune défenseur venu de Presov au deuxième échelon slovaque. Alors que la profondeur de banc n'était déjà pas mirobolante à l'arrière, elle y avait en effet perdu deux éléments importants à l'intersaison, Quentin Roy (Avignon) et le capitaine Nicolas Bergès (parti à Caen avec le second gardien Jérôme Salley). C'est pourquoi Pierre Rossat-Mignot a été engagé pour stabiliser la défense, ainsi que pour encadrer le hockey mineur. L'attaque est quant à elle toujours un peu juste, malgré l'arrivée intéressante de Rudy Billieras, écarté de Villard-de-Lans par Dennis Murphy fin août. L'équipe entraînée par Jean-François Corront a les moyens de donner du fil à retordre à la plupart de ses adversaires, mais pas les moyens de viser autre chose que le maintien.

Marc Branchu

 

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