Suisse 2005/06 : présentation

 

Le lock-out de NHL terminé, on pourrait de prime abord supposer que l'absence des étoiles retournées outre-Atlantique fasse replonger le championnat dans la médiocrité ou la morosité. Toutefois, résumer l'attractivité de la ligue à quelques éléments, aussi réputés soient-ils, ne tient pas la route. S'il est évident que l'on ne peut remplacer des Nash, Thornton ou Brière (pour ne citer qu'eux), en revanche les formations de l'élite ont dès cette saison la possibilité d'engager cinq étrangers, dont deux obligatoirement de l'Union Européenne. En d'autres termes, un entraîneur peut envoyer sur la patinoire un bloc complet de mercenaires s'il l'estime nécessaire.

D'un strict point de vue économique, c'est une épée à double tranchant : pendant que les salaires des joueurs suisses sont l'objet de davantage de pressions, paradoxalement, ce nouveau règlement augmente légèrement les charges de personnel. D'ailleurs un parallèle peut-être tiré avec ce qui se passe en NHL : il y aura toujours assez d'argent disponible pour l'engagement d'un joueur de premier plan, alors que les "victimes" s'avèrent être les joueurs moins réputés ou plus jeunes.

D'un point de vue plus sportif, l'arrivée de nombreux Finlandais va donner une touche forcément plus européenne aux prochaines joutes avec, espérons-le, un hockey intense axé sur l'offensive et le patinage.

Mais le hockey suisse va-t-il vraiment dans la bonne direction en offrant encore des places supplémentaires à des étrangers qui vont fatalement prendre du temps de glace aux plus jeunes pousses ? Les résultats au niveau des équipes nationales juniors laissent déjà planer quelques doutes quant à la qualité de la relève et, pour la première fois depuis plusieurs années, aucun Helvète n'a intéressé une franchise de NHL lors du dernier repêchage.

 

Ce changement culturel se révélera sans doute le plus notoirement chez le CP Berne. Avec Alpo Suhonen aux commandes (arrivé en cours de saison dernière pour remplacer Alan Haworth) qui a engagé deux de ses compatriotes, à savoir deux membres du IFK Helsinki, Kimmo Kuhta (30 ans) et le défenseur Toni Söderholm. De quoi rappeler aux plus anciens partisans les séjours des Lauri Mononen, Risto Siltanen et surtout Reijo Ruotsalainen dans la capitale bernoise.

Suhonen a laissé partir le très physique attaquant Yves Sarault à Genève car il n'entrait pas dans ses plans, mais a engagé un autre Québécois, le défenseur offensif Pascal Trépanier, le meilleur défenseur de DEL avec Nuremberg l'an passé. Son compatriote Éric Perrin est certes moins connu, mais il faut noter à son crédit qu'il a disputé quatre matches avec le Lightning de Tampa Bay lors de la saison de leur sacre en 2004 et peut se targuer par ailleurs d'une expérience de quatre ans en Finlande.

Quant à Thibault Monnet, il a été engagé en provenance du rival cantonal Langnau et, mieux entouré, devrait rebondir de sa dernière saison décevante. Un autre joueur en quête de rachat est également Sébastien Bordeleau qui aura à cœur de donner tort à ses détracteurs. On lui fait confiance.

Dans les filets, Marco Bührer a su s'affirmer et composer avec beaucoup de pression l'an passé alors que sa formation se trouvait dans une position délicate, et c'est précisément dans ces moments qu'il s'est montré à son meilleur. Une valeur sûre qui a définitivement assumé la succession de son compatriote grison Renato Tosio.

Treize mille abonnements ont été vendus et la capacité de l'Allmend a été portée à 16 789 spectateurs et un écran à la mode NHL a été installé. On parle également d'un derby bernois Berne-Langnau en plein air dans l'enceinte du nouveau stade de Suisse. Avec leur gros budget et leur effectif très riche, les joueurs de la capitale sont assurément à compter parmi les grands prétendants au titre.

 

Qu'en sera-t-il du champion en titre Davos cette saison ? Il est évident que des joueurs de la trempe de Rick Nash, Joe Thornton et Niklas Hagman ne peuvent être remplacés. De surcroît, Laurent Müller quitte les Alpes pour la Finlande (Jyväskylä) et le robuste défenseur Beat Forster s'en est allé à Zurich. Son départ sera compensé par l'arrivée de l'expérimenté Américain Brett Hauer, un défenseur complet qui possède en outre une dimension offensive que ne possède pas l'international à croix blanche. D'ailleurs, il a fait ses preuves avec Genève-Servette et Zoug. Sur un plan plus anecdotique, il s'agit du premier défenseur étranger engagé par le bouillant Del Curto depuis Petteri Nummelin en 1999.

Cela aura aussi le mérite de mettre davantage le "héros obscur" Josef Marha sous les feux de la rampe, lui qui avait inscrit le but décisif en finale en prolongation dans le match ultime l'an dernier. Dommage que les attaquants défensifs ne soient pas récompensés d'un trophée semblable au Selke en NHL. L'ancien pensionnaire de Jihlava et Colorado serait un candidat tout trouvé pour l'emporter car il est l'équivalent de Guy Carbonneau, mais en plus gentleman.

Landon Wilson est américain et a fait partie de l'organisation du Colorado en même temps que Marha avant d'être échangé à Boston, puis stagné à Phœnix pour finalement aboutir à Pittsburgh et l'an passé aux Espoo Blues du pays de Riku Hahl, également un ancien de l'Avalanche, qui a disputé la dernière saison dans sa native Finlande à Hämeenlinna. L'Albertain (il est né à Edmonton) Shane Willis viendra les compléter, lui qui a notamment disputé douze matches avec Tampa Bay en 2003/04, mais il s'agira pour lui d'une première expérience européenne à l'âge de vingt-huit ans.

Affaiblis peut-être sur le plan des apports étrangers et sur le plan du leadership, les Grisons tiennent néanmoins entre leurs mains le meilleur groupe de joueurs confédérés avec un atout par rapport à leurs rivaux : leur jeune âge. Reto Von Arx va s'affirmer comme le patron de l'équipe à condition qu'il montre l'exemple sur et hors glace. Le dernier rempart Jonas Hiller avait connu une saison de rêve l'an dernier, où, bien mis en confiance, il a brillé de mille feux, tant en Coupe Spengler qu'en play-offs. Il lui reste à confirmer, mais il sera difficile de faire mieux.

Par ailleurs, les champions en titre devront batailler sur plusieurs fronts : après la traditionnelle Coupe Spengler, ils iront s'aligner en Coupe d'Europe début janvier. Si l'on considère qu'en plus il s'agit d'une saison olympique particulièrement longue, on est en droit de se demander si les internationaux seront en mesure de digérer tout ce pensum et rester en forme jusqu'à la fin de la saison.

 

À Zurich, les Lions pourront enfin évoluer devant une assistance conforme à leurs attentes puisqu'ils pourront enfin bénéficier à Oerlikon d'un Hallenstadion rénové. Cependant, les "ZSC" ont à déplorer deux départs de taille : le meilleur compteur du dernier championnat Randy Robitaille est reparti pour Nashville, et le capitaine et meilleur joueur suisse Mark Streit va tenter sa chance avec le Canadien de Montréal. Mais trois internationaux suisses ont signé : les jeunes Severin Blindenbacher (de Kloten) et Beat Forster en défense, ainsi qu'Adrian Wichser (Lugano) en attaque. Espérons toutefois qu'il soit remis de sa blessure subie aux Mondiaux, suite à une charge inutile et dangereuse du Slovaque Josef Stümpel (pourtant un athlète d'ordinaire pas coutumier du fait) alors qu'il s'en allait au banc et qu'il s'est écrasé contre la porte ouverte.

Arrivée également de l'infatigable et efficace vétéran Dale Mac Tavish, qui animait l'offensive de Rapperswil depuis plusieurs saisons. Assurément un renfort en attaque, tout comme Daniel Steiner de Langnau, qui fait partie du cadre de l'équipe nationale. Et dans les buts, il n'est plus besoin de présenter Ari Sulander qui n'aura plus à craindre les mauvais coups de Thornton cette année.

Malheureusement, des problèmes d'effectif ont déjà surgi : les centres Zeiter (clavicule) et Camenzind sont blessés pour une période prolongée, c'est pourquoi le manager Simon Schenk a fait le forcing auprès de McSorley à Genève afin d'engager le grand espoir international Kevin Romy. 600 000 francs était le prix à payer, semble-t-il, mais le Neuchâtelois a finalement choisi le Tessin et Lugano plutôt que les bords de la Limmat. Ennuyeux pour l'entraîneur Christian Weber qui devra tisser d'autres liens afin de dénicher l'oiseau rare.

 

Lugano, justement, a été l'an passé la première équipe de l'histoire du championnat à être éliminée dès les quarts de finale après avoir dominé la saison régulière. C'est dire que Larry Huras n'a plus droit à l'erreur, même si Berne était l'adversaire piège par excellence. Le vétéran biennois Jean-Jacques Aeschlimann a retrouvé de l'embauche en LNB à Lausanne, l'international Olivier Keller à Bâle, Keith Fair s'est retiré de la compétition, David Aebischer est de retour au sein de l'Avalanche du Colorado, alors que Paul Di Pietro et Mike Maneluk ont passé le Gothard direction nord pour signer à Zoug. Pour compenser partiellement ces pertes, les "bianconeri" se sont servis à Fribourg avec Valentin Wirz, Lukas Gerber et Jukka Hentunen qui va rejoindre ses compatriotes Petteri Nummelin et Ville Peltonen.

La fraction francophone est toujours présente avec les attaquants Conne, Jeannin, Fuchs, Reuille, le Jurassien Julien Vauclair en défense et surtout avec l'arrivée déjà mentionnée de Kevin Romy. Le Neuchâtelois de seulement vingt ans a signé pour deux saisons après avoir disputé les deux premiers matches avec Genève-Servette.

On attend également beaucoup du rapide Glen Metropolit en attaque, un ancien de l'organisation des Capitals de Washington qui a passé ses deux dernières saisons aussi en... Finlande, à Jokerit, ainsi que de l'imposant Ryan Gardner (1m96, 105 kg) en attaque. En revanche, l'assise défensive et le gardien n'offrent pas toutes les garanties que l'on est en droit d'attendre d'un aspirant au titre, et l'on se permet d'émettre quelques doutes. Il manque encore un bon défenseur défensif.

 

Kloten affiche clairement ses ambitions à la hausse. Au Schluefweg, on attend énormément (trop ?) du retour de Marcel Jenni après six ans passés à Färjestad en Suède. Il va évoluer avec le numéro 10 avec lequel il avait commencé sa carrière avec Grasshopper. En outre, on pourra compter sur la technique et la rapidité du Tchèque Jaroslav Hlinka, de retour après son passage à Kazan, des coups de génie de Kimmo Rintanen et du travail du Canadien Pittis en ce qui concerne l'offensive. De plus, le grand espoir Romano Lemm devrait franchir un palier supplémentaire dans sa progression.

Tobias Stephan pourrait bien être connaître sa meilleure saison devant les filets avant d'aller tenter sa chance aux Stars de Dallas, lui qui a l'habitude des rencontres de haut niveau depuis les moins de dix-huit ans et une finale perdue aux Championnats d'Europe face à la Russie de Kovalchuk.

Et derrière la bande, un homme qui connaît le sentier du Schluefweg et le hockey : le meilleur défenseur ayant jamais évolué à Kloten, de retour de Södertälje où il a mis un terme à sa carrière, Anders Eldebrink. Ses anciens talents de défenseur ne se révéleront d'ailleurs pas superflu. En effet, les aviateurs manquent d'expérience et de profondeur à l'arrière, Blindenbacher a signé chez le riche voisin et l'Américain Deron Quint ne pourra pas assumer à lui seul les tâches défensives. Pour cela, il faudra que Guignard et Klöti restent en santé. On fonde donc beaucoup d'espoirs sur les jeunes Philippe Seydoux et Tim Ramholt pour donner un peu d'air aux vétérans et des alternatives à leur coach.

 

Zoug pourrait se révéler un trouble-fête et de grosses attentes reposent sur les nouveaux venus d'un pays nordique décidément à la mode partout ou presque en territoire helvétique en cette période, Timo Pärssinen (IFK Helsinki) et Janne Niskala (Rauma).

Oleg Petrov constitue déjà une menace à lui seul, alors on peut aisément imaginer qu'allié à Di Pietro, il risque de provoquer des étincelles. L'arrivée de Maneluk va également compliquer la tâche de l'adversaire, puisque l'on ne pourra plus se focaliser sur les mêmes menaces, à condition que le Manitobain reste épargné par les blessures, ce qui ne fut pas le cas l'an dernier. Espérons que, vu ses origines du grenier du Canada, il ne soit pas venu que pour le... blé, dans un paradis fiscal qui plus est.

Si le gardien Weibel rêve sans doute encore d'équipe nationale, la défense avec laquelle il aura à composer manque singulièrement de profondeur après Barry Richter, Niskala et Fazio. L'équipe dans l'ensemble n'apparaît pas aussi équilibrée que les gros bras du championnat. En clair, les protégés de Simpson sont capables d'un coup d'éclat pour ensuite perdre contre moins bien classé.

 

Ambrì-Piotta mise également sur de bons étrangers en suivant aussi la piste finlandaise - ce qui n'a décidément plus rien d'original - afin d'épauler Toms, Trudel et Domenichelli (58 points chacun pour ces deux-là la saison dernière), puisque les Léventins miseront sur Eero Somervuori en provenance de Kärpät Oulu et sur le défenseur offensif Jari Korhonen de Jyväskylä.

Après une expérience mitigée chez les ours bernois, Luca Cereda retrouve son Tessin natal et espère y relancer une carrière qui s'annonçait prometteuse outre-Atlantique avec Toronto jusqu'à ses problèmes de santé (opération au cœur). Il a aussi une dette envers son club formateur puisqu'il lui avait fait faux bond lors de son retour en Suisse, à la grande déception des dirigeants et des fans léventins qui l'avaient aidé dans ses moments difficiles.

Le Neuchâtelois Félicien Du Bois (21 ans) s'affirme comme un excellent défenseur défensif. Il fait à présent partie du cadre élargi de l'équipe nationale et a disputé les matches de préparation des derniers mondiaux. Il possède des chances de participer aux Jeux Olympiques, voilà une belle motivation pour le Ponlier. Quant au fidèle Tiziano Gianini, il entame à 33 ans sa seizième saison au plus haut niveau, dont la quatorzième à la Valascia et toujours en défense, lui qui n'a pas inscrit de buts l'an dernier. Le problème réside dans le fait que la formation ne dispose pas de portiers expérimentés avec Simon Züger (23 ans) et Thomas Bäumle (21 ans). Espérons qu'ils nous donnent tort.

Derrière les étrangers, les Suisses se font un peu discrets et légers en attaque, Lars "Laser" Leuenberger peut être électrisant et paralyser une défense par sa vitesse, mais fait montre d'inconstance. Pas autant ceci dit que le grand Vjeran Ivankovic qui semble parfois avoir des problèmes de motivation, au contraire d'un Paolo Imperatori qui se dévoue corps et âme pour son club. Benoît Pont reste un centre complet aussi valable que rusé, conscient des tâches défensives qui lui incombent tout en sachant se montrer prolifique en attaque.

 

Quant aux Rapperswil-Jona Lakers (c'est dorénavant ainsi qu'ils se nomment, et si la ville se trouve dans le canton de Saint-Gall, elle est située au bord du lac de Zurich), ils ont su se maintenir dans l'élite depuis une bonne dizaine d'années en menant une politique intelligente en ne vivant jamais au-dessus de leurs moyens. Il n'en sera pas autrement cette année pour cette équipe sous-estimée, néanmoins de bonne valeur. Cyril Geyer en défense a connu une saison de rêve l'an passé, à tel point que Ralph Krueger l'a retenu dans sa sélection pour disputer les derniers championnats du monde en Autriche.

Certes, MacTavish a fini par taper dans l'œil du grand voisin de la "little big city" (comme l'office du tourisme de Zurich aime s'autoproclamer). L'ancien joueur des Boston Bruins Mikko Eloranta s'est cassé la jambe au début de la préparation estivale et la direction a aussitôt réagi en engageant le Suédois Christian Berglund (25 ans, l'an passé à Färjestad après trois saisons de NHL pendant lesquelles il a chaussé les patins à 86 reprises pour New Jersey et les Panthers de Floride) afin de pallier cette défection. À titre plus provisoire encore (son contrat est renouvelé de semaine en semaine en attendant un engagement en NHL), la présence de son compatriote Mikael Samuelsson avec lequel du reste il a évolué dans l'équipe de la banlieue de Miami en 2003-04. L'ancien Red Wing Stacy Roest va encore donner du fil à retordre aux défenseurs adverses à condition qu'il reste éloigné de l'infirmerie.

Les protégés de Bill Gilligan ont par ailleurs signé un joueur doublement intéressant, parce qu'il bénéficie de la double nationalité suisse et américaine, et parce que certains jugent qu'il a un potentiel pour la NHL : Brady Murray, le fils du coach des Kings de Los Angeles Andy Murray, repêché en 2003 par... le club californien.

 

Genève-Servette, malgré un des plus petits budgets (environ sept millions de francs suisses), ne cache pas ses ambitions cette saison. Nous sommes tentés de dire avec raison, tant l'effectif nous paraît équilibré et surtout explosif, même s'il manque peut-être de profondeur. Il faut y voir la main de fer de Chris McSorley, l'homme à tout faire des Vernets (en plus de coach, il est aussi manager et actionnaire majoritaire depuis le retrait du groupe Anschutz) qui a effectué un recrutement qui dépasse les espérances. L'équipe genevoise risque d'être la plus dure de la ligue.

En attaque arrivent le champion du monde tchèque Jan Hlavac (Sparta Prague), le très physique Yves Sarault en provenance de Berne (on se réjouit des affrontements contre son ancien club où son style était apprécié par les spectateurs conquis par le jeu dur mais qui ne risquent plus de l'applaudir longtemps) et Yanick Lehoux qui était en tête du classement des compteurs de l'AHL en janvier dernier avant de subir une blessure au genou dont il semble parfaitement remis. Le puissant Tchèque au style nord-américain Mikael Grosek a renoué avec la sélection de son pays lors du dernier Euro Hockey Tour et est motivé à l'idée d'une sélection sinon aux JO du moins aux championnats du monde de Riga. Il reste Andreas Johansson pas encore à cent pour cent après une blessure à l'épaule, mais l'international suédois se révèle être une menace constante lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens par son intensité au jeu. Le Français Yorick Treille aura aussi la possibilité de saisir sa chance. De quoi mieux digérer la retraite de l'exemplaire Philippe Bozon, le meilleur joueur tricolore de tous les temps, tout comme le départ de Romy à Lugano pour des raisons de rentrée d'argent.

En plus de six étrangers, les résidents de la cité de Calvin vont aligner plusieurs double nationaux de qualité comme l'imposant Robin Breitbach (Allemagne), revenu d'une grave blessure au genou, l'inoxydable défenseur Valeri Chiraev (Ukraine, en provenance de Langnau), 42 ans et doyen du championnat, Igor Fedulov (Russie), plus tout jeune non plus avec ses 39 ans, Mike Knoepfli, un Américain en provenance de Cornell en NCAA dont le père a des origines lucernoises, le rude défenseur Wesley Snell ou le jeune Jan Cadieux (le fils de Paul-André Cadieux, entraîneur cette saison à la Chaux-de-Fonds) qui a évolué dans la LHJMQ avec l'Océanic de Rimouski en junior mais qui effectue déjà sa sixième saison de LNA.

Restent les problèmes de l'espoir Yvan Benoît qui n'est plus dans les bons papiers de l'entraîneur, au contraire de Paul Savary et du jeune Imérien (originaire de Saint-Imier dans le Jura bernois) Gaëtan Augsburger, membre de l'équipe suisse des moins de dix-huit ans qui s'est montré à son avantage dans les matches de pré-saison.

Seul bémol à notre avis : si Pavoni entame sa vingtième saison dans l'élite à bientôt trente-huit ans, toujours avec le même enthousiasme et sérieux dans sa préparation, qu'adviendra-t-il en cas de blessure, les Romands ne disposant pas de doublure d'expérience ? De plus, l'effectif compte pas mal de vétérans, et avec le jeu physique qu'affectionnent les Sarault, Grosek & co il ne faudrait pas compter trop de blessés... ni trop de suspendus. Dommage évidemment que Romy doive s'en aller. Bobby Clarke, le manager de Philadelphie qui a drafté le Chaux-de-Fonnier en 2003, n'aurait sûrement pas détesté qu'il continue à prendre goût à un style de jeu qui s'apparente - même de loin - à celui prôné par ses Flyers.

 

Langnau a "consommé" treize étrangers l'an passé, record de Suisse battu. Cette "performance" n'a surtout rien de glorieux et n'a aucunement empêché les Emmentalois de devoir passer par les play-out afin d'assurer leur maintien. Cet ancien club formateur et de tradition (champion de Suisse en 1976 avec presque exclusivement des joueurs du cru, on se souvient encore des Schenk, Tschiemer, du gardien Grubauer, Horisberger et des frères Lehmann ou Wütrich, sans parler des derbys bernois dans un Allmend plein à craquer) semble avoir perdu son âme et se cherche une ligne de conduite. La fuite en avant de Jim Koleff menait à une impasse.

Avec un retour à plus de modestie avec un nouveau coach, le Zurichois Aegerter, on cherche en tout cas une nouvelle direction. Il reste encore à trouver une bonne carte et une boussole, puisque la figure emblématique Daniel Steiner s'en est allée à Zurich et que Jeff Shantz (le bourreau d'Éric Landry) à préféré le Bade-Würtemberg et la nouvelle aréna de Mannheim. Le rôle de guide incombera peut-être à Michael Liniger, de retour d'Ambri. Le Suédois Oscar Ackerström provient également de la Léventine où il avait enduré plusieurs blessures en 2004/05, après lesquelles il aura à cœur de prouver sa vraie valeur. Le Finlandais Marko Tuomainen a été pris au relégué Lausanne, et enfin Cory Larose arrive du finaliste d'AHL Chicago où il a été le meilleur centre juste devant Bohonos.

Loïc Burkhalter aura également de la pression sur les épaules. En effet, on attend davantage de lui que 9 buts en 44 matches, tout comme de son ailier inséparable Vitali Lachmatov.

 

Fribourg-Gottéron a connu une préparation intéressante avec des victoires contre des adversaires prestigieux comme les champions d'Europe de l'Avangard Omsk ou les champions tchèques de Pardubice, mais c'était au mois d'août... L'an passé, les protégés de McParland s'en sont sortis en play-out contre Lausanne et vont à nouveau au devant d'une saison difficile, surtout si les blessures s'en mêlent.

On prétend souvent que l'on bâtit une équipe autour d'un gardien. Or Fribourg croyait avoir mis la main sur une valeur sûre en Gianluca Mona, mais celui-ci se montre trop fréquemment inconstant. Il faut dire qu'il n'a pas toujours été aidé par sa défense. Du côté de Saint-Léonard, on a été déçu du rendement du Slovaque Richard Lintner, à qui on a laissé une seconde chance pour s'affirmer. Comme les autres, c'est dans le pays du Père Noël que le manager Von Mentlen est allé faire ses emplettes pour y ramener dans sa hotte trois... Canadiens : les attaquants Frank Banham (Laapeenranta) et Josh Holden (Hämmenlinna), un choix de première ronde des Canucks de Vancouver en 1996, ainsi que le petit mais mobile défenseur offensif Cory Murphy (Ilves Tampere). L'imposant Hannes Hyvönen (il faudra qu'il garde son calme, car il a déjà deux pénalités de match à son passif dans les matches hors-concours), dont on prétend qu'il possède le tir le plus puissant d'Europe, débarque également d'Ilves Tampere.

Toutefois les pertes sont conséquentes du côté des départs : le marqueur bernois Patrik Howald est à la retraite et Lugano a fait son marché dans l'ancienne formation de Bykov et Khomutov, à la manière des clubs helvétiques en Finlande cette année, puisque Lukas Gerber, Jukka Hentunen et Valentin Wirz ont été convaincus par Larry Huras. Thomas Rhodin est reparti à Karlstad, Schümperli en LNB à Lausanne et Mark Mowers va tenter de regagner sa place à Detroit.

Le grand espoir Julien Sprunger (repêché par le Wild du Minnesota en 2004) dispute peut-être déjà sa dernière saison à Saint-Léonard, ce qui n'est pas encore sûr pour le vétéran Gil Montandon. L'ancien junior des Young Sprinters de Neuchâtel (c'était encore sur la patinoire en plein air de Monruz et ses bandes en bois) apportera non pas un souffle nouveau - il avoue quand même à quarante ans être plus proche de la retraite que de l'équipe nationale junior - mais de l'expérience, du leadership, un enthousiasme de jeune homme, et espérons-le des buts.

Difficile d'y voir clair dans la cité des Zähringen, il faudra certainement un peu de temps afin que se crée une homogénéité dans une équipe passablement chamboulée, mais un bon départ serait évidemment souhaitable, de sorte à pouvoir travailler dans la sérénité. Ce n'est pas gagné d'avance.

 

Le HC Bâle est une denrée qui passe aussi inaperçue qu'un läkerli (une spécialité locale qui parfois colle aux dents) dans la ville rhénane, étant donné que le FC Bâle y monopolise la majorité de l'attention médiatique et draine la majorité des sponsors. C'est donc dans l'anonymat ou presque que le coach Kent Ruhnke travaille depuis qu'il a pris ses quartiers dans la nouvelle arène Saint-Jacques. Il a su bâtir une équipe solide et y imprimer sa marque pragmatique, à savoir sans génie mais avec un style qui va déranger plus d'un adversaire, grâce à une défense renforcée par l'arrivée de l'international Olivier Keller, Gaëtan Voisard et du vétéran Mark Astley (qui sort d'une saison décevante à Langnau). De plus, le manager Ueli Schwarz caresse l'espoir de pouvoir faire naturaliser Adrian Plavsic dès octobre et ainsi de bénéficier d'une place supplémentaire pour un étranger qui sera sur le marché une fois les camps de NHL terminés.

En attaque, on attend davantage du robuste espoir Thomas Nüssli. Cependant, l'offensive va reposer sur les épaules des mercenaires, et l'on se réjouit de voir l'altruiste Suédois Niklas Anger (meilleur compteur de LNB et dominant avec Sierre l'an passé avec 85 points) déployer ses ailes au niveau supérieur. En ce qui concerne le natif de Terre-Neuve Harold Druken, il vivra à sa première expérience en Europe à bientôt vingt-six ans : après avoir connu un début de carrière prometteur à Vancouver, son développement a été freiné par une blessure à la cheville en 2001/02, puis les Canucks l'ont échangé en compagnie du néo-Genevois mais néanmoins pragois Hlavac aux Carolina Hurricanes, avant d'être réclamé au ballottage par Toronto. Il peut jouer indifféremment au centre ou à l'aile. Il sera épaulé par l'ex-Montréalais Éric Landry, l'an passé à Lausanne et un temps en pourparlers avec d'autres Lions, ceux de Francfort. Gavin Morgan (29 ans) représente un peu l'inconnue, lui qui a joué six rencontres avec Dallas mais a passé la majeure partie de son temps en AHL. Il faudra qu'il se discipline, car ses statistiques sont surtout impressionnantes dans la colonne des pénalités. Quant au Finlandais à la licence suisse, Jarno Peltonen il retrouve le plus haut niveau après l'avoir quitté avec Rapperswil il y a deux ans. Finalement, c'est le vétéran letton Tambijevs qui viendra les compléter.

Devant les filets, c'est en principe à Daniel Manzato qu'incombera le rôle de numéro 1. Le Fribourgeois de 22 ans a passé deux saisons et demi en ligue junior majeur du Québec avec les Tigres de Victoriaville. Toutefois, il n'a que partiellement convaincu Serge Pelletier à Ambrì l'an passé, alors que le vétéran Patrick Schöpf n'a pas non plus été souverain en play-out face à Lausanne.

Stéphane Matthey

 

 

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