Suède 2007/08 : présentation

 

L'Elitserien continue son expansion financière et médiatique. Son affluence moyenne est la plus élevée d'Europe. Et maintenant, tous les matches de la saison sans exception seront retransmis à la télévision, dans le cadre du contrat lucratif avec Canal +. Les clubs augmentent leur capital et paraissent toujours plus à l'abri du besoin (sauf le représentant de la capitale Djurgården).

Ce championnat a un atout majeur : il a gardé la même formule depuis des lustres, même si le serpent de mer de l'expansion à quatorze nage toujours pas loin sous la surface. Lorsqu'on voit les crises existentielles que traversent d'autres ligues européennes, on comprend pourquoi la Suède se porte si bien en comparaison.

Une toute petite modification réglementaire cette année : une équipe ayant commis un dégagement interdit ne sera plus autorisée à changer de joueurs pendant l'arrêt de jeu ainsi provoqué. Cette règle existe déjà en NHL et fait l'unanimité, tant elle va dans le sens du jeu et du rythme.

 

Le HV 71 est le favori désigné. L'équipe de Jönköping n'a en effet perdu que deux joueurs qu'il voulait garder, et ils ont tous deux été bien remplacés. Le défenseur Niklas Hjalmarsson (parti à Luleå) a été substitué par Mikko Luoma, venu de Linköping. La découverte de la dernière saison (avant son erreur éliminatoire en demi-finale, à un moment où il était diminué par une blessure), le gardien Erik Ersberg, a quant à lui décidé de tenter sa chance en NHL... mais au même moment, son prédécesseur Stefan Liv en revient. Il a passé la saison en AHL, sachant qu'il n'y avait rien à espérer à Detroit où les vieux Hasek et Osgood tiennent toujours la place. Quand on est dans l'organisation des Red Wings, amateurs notoires de vétérans, mieux vaut apprendre la patience. Ersberg aura peut-être moins de concurrence à Los Angeles, mais Liv, pour sa part, a dit qu'il ne retournera outre-Atlantique qu'avec un contrat one-way. C'est de retour au HV71 qu'il devra prouver sa fiabilité.

Si les "Blue Bulls" n'ont rien perdu derrière, ils ont réussi le tour de force de s'améliorer devant. Le meilleur marqueur des championnats du monde Johan Davidsson, convoité par plusieurs franchises de NHL, a choisi de rester, et il aura de la compagnie. Deux joueurs devraient amener un surcroît d'agressivité utile. D'une part, Björn Melin, autre frustré de NHL qui n'a pu jouer que 3 matches (dont un but) avec les futurs champions d'Anaheim. D'autre part, le provocateur n°1 de l'Elitserien, Per Ledin, qui n'a pas son pareil pour allumer le feu en play-offs. Il est une garantie de spectacle et de passion, et peut donner ce petit truc en plus qui manquait en séries ces deux dernières années. HV71 fait peur ? C'est le but.

HV71 est le club qui monte en Elitserien. Il joue toujours devant une patinoire pleine, dégage plus d'un million d'euros de bénéfices par an et se constitue ainsi des capitaux propres destinés à rattraper progressivement Färjestad et Frölunda (les deux clubs les plus riches du pays tous sports confondus). Mais les pronostics se sont rarement vérifiés ces dernières années. L'équipe ne manque pas de puissance et de gabarit avec les écrans de Ledin, le lancer de Thörnberg ou les charges de Ward et de l'espoir défensif Torp. Elle devra cependant se méfier des pénalités. Et sa défense a parfois été un peu lente quand le rythme s'accélérait dans les séries finales.

 

Après onze années consécutives en play-offs, la série s'est arrêtée en 2006/07 pour Frölunda. Cette saison complètement ratée a été très mal vécue. L'entraîneur Per Bäckman avait amorcé un redressement en décembre après sa nomination. Il a donc maintenant pour mission de remettre Frölunda sur les rails de ses objectifs déclarés : devenir un des clubs de référence en Europe. Ce n'est pas en une année que les atouts structurels et financiers se sont évanouis à Göteborg.

Sur la glace, les moyens sont là aussi : Frölunda n'avait plus eu une équipe aussi forte depuis l'année du lock-out, quand il avait quatre lignes de valeur sensiblement égale et de temps de jeu égal. Les vétérans Johnson et Andersson sont toujours là, de même que le duo canado-suisse Kariya-Plüss qui s'entend si bien. Kahnberg devrait oublier une saison déprimante : il n'a pas pu perdre à ce point son niveau en passant deux mois en AHL. Un nouveau meneur de jeu arrive, Jonas Nordquist, déçu de sa saison nord-américaine qui ne l'aura vu jouer que trois fois avec Chicago. Par contre, Michael Holmqvist, qui a fait le voyage avec lui, était titulaire chez les Blackhawks. Il est réputé pour ses qualités techniques, mais Frölunda n'en manque pas. Sa taille sera en revanche utile dans le slot adverse, trop souvent déserté l'an dernier.

Mais c'est surtout la défense qui avait défailli. Trois joueurs sont arrivés qui allient une bonne technique et l'expérience du haut niveau : Andreas Holmqvist (Linköping) et deux internationaux finlandais, Toni Söderholm (Berne) et Tuukka Mäntylä (Tappara). Le problème, c'est que Mäntylä s'est blessé au genou lors des championnats du monde et qu'il sera absent plusieurs mois. Or, c'est dès le début de saison qu'il faudra être solide pour ne pas dérailler d'entrée comme l'an passé... Cette absence pourrait permettre de donner sa chance au défenseur offensif Philip Larsen, le nouveau grand espoir du Danemark.

Frölunda se présente aussi cette saison avec un nouveau maillot vert très foncé, qui sera porté lors de la plupart des rencontres à domicile (préférentiellement au rouge). Ce troisième jeu de maillots rend tout le monde content : les supporters, qui se rappellent que le vert était la couleur d'origine de Västra Frölunda avant les années 80, et bien sûr le trésorier du club, qui va vendre un paquet de ces maillots...

 

L'heure du déclin a-t-elle commencé pour Färjestad ? Chacun pressent que l'équipe de trentenaires, construite autour de Pirnes, de Höglund et du capitaine Jörgen Jönsson, ressentira forcément les effets de l'âge à un moment ou à un autre... Attention cependant ! Du sang frais arrive avec Fabian Brunnström : à 22 ans, ce joueur formé à Jönstorp arrive de division 1, le troisième niveau national. En marquant la bagatelle de 74 points, il a aidé à faire monter Borås (qui est, chose amusante, un club partenaire de... Frölunda, mais ce joueur n'était pas concerné par cet accord). Bien qu'il doive monter deux divisions d'un coup, le talent légèrement tardif Brunnström est déjà annoncé comme un candidat majeur au titre de rookie de l'année, et il l'a prouvé en empilant les points dès les premières journées.

Tout compte fait, le FBK est bien pourvu en attaque avec 14 éléments, dont Rickard Wallin qui revient de Lugano. La perte d'Andreas Johansson, après une saison perturbée par des problèmes de dos, est d'autant moins pénible qu'il a pu racheter son contrat avant de partir pour un million net au SKA.

L'argent ainsi obtenu pouvait - et devait - être réinvesti en défense. Il fallait en effet remplacer plusieurs joueurs dont l'arrière finlandais Janne Niskala, méconnu dans son pays, prophète en Suède et maintenant parti à Nashville. Le manager Hakan Loob espérait en retour faire venir Mikko Lehtonen du Tennessee, mais celui-ci a préféré rentrer à la maison au Kärpät Oulu. On s'est donc rabattu sur deux internationaux slovaques, un actuel (Dominik Granak) et un ancien (Richard Lintner), et David Cullen, un ancien champion universitaire qui a cependant passé l'essentiel de sa carrière en AHL. C'est peu dire que ces acquisitions laissent sceptique la plupart des observateurs.

C'est donc le moment ou jamais pour les jeunes de percer : le gardien Christopher Heino-Lindberg, en progrès, est maintenant titulaire et cherchera à gagner ses galons d'international, alors que le junior Johan Motin compte parmi les meilleurs espoirs du pays dans le rôle de défenseur défensif.

 

C'est une saison de rêve que vient de vivre Modo : une patinoire neuve, située dans le port d'Örnsköldsvik, et pour fêter ça, un titre attendu depuis trente ans.

Devant le gardien slovaque Karol Krizan, c'est la meilleure défenseur du championnat qui se dresse, et elle a la particularité d'être quasiment entièrement formée au club. Ce sont six joueurs sur sept qui sont nés à Örnsköldsvik après le retour au pays de l'international Per Hållberg (Zoug). Il remplace Tobias Enström, parti en NHL après des Mondiaux décevants. C'est là qu'on a vu tout l'avantage qu'il avait en club à disposer à ses côtés de Mattias Timander pour couvrir ses erreurs, forcément plus visibles au niveau international. Timander, c'est le pilier de la défense de Modo, et le seul joueur extérieur puisqu'il a été formé tout petit dans la ville - voisine - de Sollefteå.

Örnsköldsvik, trente mille habitants, est mondialement reconnue comme une incroyable pépinière de hockeyeurs, et le filon ne semble pas s'arrêter. La dernière trouvaille en date s'appelle Victor Hedman. Le frère d'Oscar (autre membre de l'équipe) n'a encore que 16 ans, et il mesure déjà 1,98 m ! À croire qu'il n'y a pas besoin de dire deux fois à ces enfants du nord de manger leur soupe ! Il n'y a pas que sa taille qui est impressionnante chez ce Victor Hedman, il a aussi un très bon patinage et il était déjà dominant dans sa zone en pré-saison alors qu'il faisait ses premiers pas en équipe première. Bref, c'est LE prodige dont tout le monde parle.

Avec cette base arrière solide, et sous la baguette de Per Svartvadet et Niklas Sundström qui orientent le jeu, MODO est capable de lancer des attaques précises conclues par des finisseurs patentés. Le Slovaque à courant alternatif Robert Döme est rentré en Slovaquie pour cause de mal du pays, mais le Norvégien Per-Åge Skrøder et la recrue Magnus Wernblom sont là pour le dernier geste.

 

Il y a un an, Kent Norberg, le patron de Timrå, a défini la stratégie du club pour les années à venir : deux lignes de métier et de grand talent plus deux lignes de joueurs en devenir. Le résultat a été tout de suite au rendez-vous... jusqu'à ce que les blessures des joueurs-clés viennent tout gâcher.

Et si la poisse s'acharnait sur ce club ? L'autre bambin au centre de l'attention en ce moment, c'est Magnus Svensson-Pääjärvi. Il est un peu l'anti-Hedman : à l'opposé de "l'usine à champions" MODO, il est originaire de Scanie, région située au sud du pays et pas du tout réputée pour ses hockeyeurs. Lui n'est pas un défenseur défensif, mais un pur talent offensif. À 16 ans et 5 mois, il a marqué 4 points en pré-saison, puis a inscrit une assistance dès son premier match en Elitserien. Malheureusement, à son deuxième match, il s'est cassé le bras contre une porte de banc mal fermée...

Un sale coup pour Timrå, qui a vu Kenta Johansson, considéré comme le meilleur entraîneur d'Elitserien d'après un sondage auprès des joueurs (avec 26% de réponses favorables), partir à l'intersaison chez le favori HV71.

L'attaque semble cependant encore plus forte que l'an dernier. La colonie finlandaise représentée par Hahl et Pärssinen s'est enrichie d'un autre international, Mika Pyörälä. Bientôt, le Tchèque Petr Tenkrat arrivera avec son contrat d'artiste. Et si le club dit préparer des joueurs à fort potentiel sur sa troisième ligne, c'est pour que des talents comme le Danois Peter Regin, replacé à son poste de prédilection au centre, tiennent un rôle de plus en plus important.

Curieusement, c'est la défense qui suscite le plus de craintes. Si l'on dit "curieusement", parce que c'est elle qui a encaissé le moins de buts la saison passée (le mérite en revenant notamment au gardien Johan Backlund). Mais, avec le départ du jeune défenseur offensif Anton Strålman - alias le "futur Niklas Lidström" - chez les Toronto Maple Leafs, ces lignes arrières emmenées par le capitaine Sanny Lindström ne font pas saliver. Peut-être les joueurs qui la composent sont-ils simplement sous-estimés ?

 

De tous les clubs du haut de tableau, le finaliste Linköping est celui qui a le plus perdu : en l'occurrence, les trois défenseurs qui avaient le plus gros temps de jeu. En plus, ils ont renforcé des concurrents directs, HV71 dans le cas de Mikko Luoma et Frölunda dans le cas d'Andreas Holmqvist. On peut considérer que ces deux-là ont été remplacés par le grand Daniel Fernholm (Djurgarden) et par Andreas Pihl, de retour au LHC après avoir passé une année à Salzbourg. Chez les Red Bulls du milliardaire Mateschitz, Pihl a gagné le surnom de "Eisprinzessin" (princesse des glaces) en raison de son patinage gracieux, mais il a manqué les play-offs à cause d'une déchirure musculaire, remplacé par le joker Goran Bezina. Ces deux solides défenseurs défensifs ne semblent pas poser problème, mais le casse-tête du staff de Linköping a été le remplacement de Magnus Johansson, parti à Chicago en NHL.

Retrouver un défenseur offensif de calibre mondial n'a rien de simple. Niinimaa a trouvé plus offrant à Davos. À court terme, un arrière canadien physique, Burke Henry, a été engagé pour cinquante jours. C'est surtout une mesure transitoire en attendant de recruter ensuite la perle rare. Le suspense vient de se terminer : il s'agira de Josef Melichar, l'arrière formé à Ceské Budejovice qui jouait l'an passé à Pittsburgh. Mais il n'a pas le profil pour être la clé de voûte du jeu de puissance comme l'était Johansson.

L'attaque semble en revanche revigorée. On a pu apprécier dans la finale perdue son jeu direct et énergique illustré par Fredrik Emvall, qui reprend le capitanat après le départ de Johansson, et le combattant au gros cœur Mikael "Musse" Håkanson. Il y avait aussi de bons centres avec Tony Mårtensson et Joakim Eriksson. Il manquait juste un joueur capable de mettre les palets au fond. Certes la recrue slovaque prévue Tomas Surovy a finalement bifurqué vers la NHL, mais il y a quand même pas mal de renforts dotés du sens du but. Ville Vahalahti quitte ainsi Turku pour la première fois de sa carrière en ces temps de crise au TPS, et surtout le très attendu Matthias Weinhandl revient de NHL. Les deux joueurs qui arrivent de Rögle ne sont pas moins intéressants : Mattias Carlsson était le meilleur buteur d'Allsvenskan la saison dernière, et Patrik Zackrisson est un prometteur international junior. Le LHC devrait continuer à mettre la pression sur l'adversaire et voir son activité récompensée par une meilleure efficacité.

 

Les six équipes pré-citées ne doivent théoriquement pas manquer les play-offs. Cela ne laisserait que deux places, même si l'Elitserien est toujours serrée et rien n'est joué d'avance.

Prenez Brynäs. En deux ans, l'entraîneur Leif Boork a transformé une équipe qui flirtait avec le maintien, et dorénavant, il dit viser le dernier carré. Boork a surpris en jouant la pré-saison à trois lignes, très inhabituel en Suède, surtout que l'effectif compte trente joueurs. Il veut ainsi que des joueurs ainsi laissés sur le banc aient encore plus faim avec leur maigre temps de jeu. Une tactique pas forcément transposable en saison régulière.

Pour entourer l'éternel Tommy Sjödin (42 ans), Brynäs a offert des contrats de deux ans à deux arrières finlandais très différents, le petit et mobile Juusio Hietanen et le lourd et rude Markus Kankaanperä.

La grande crainte du BIF, c'est que Nicklas Bäckström laisse un grand vide. Le leader de la jeune génération suédoise est parti en NHL à Washington, où Hanlon veut le faire débuter, non à son poste habituel de centre, mais à l'aile aux côtés de Nylander !

C'est un autre genre de pari que tente Brynäs. Plutôt que de chercher un nouveau chef d'orchestre au centre, on fait avec les hommes en place qui paraissent assez complets : Janne Hauhtonen, le vétéran Mikael Lind, l'international norvégien Mads Hansen, plus la recrue de 20 ans venue de Björklöven, Alexander Sundström. La mise a été placée - à quitte ou double - sur l'ailier slovaque Pavel Brendl. Il a signé pour trois ans, le plus long contrat de l'équipe, mais saura-t-il trouver grâce auprès d'un entraîneur qui valorise surtout le travail ? Une seule très bonne saison de 34 buts à Mora n'efface pas sa réputation de talent indolent : est-il vraiment devenu enfin pro ? L'équipe de Gävle dépendra maintenant de Brendl comme elle dépendait de Bäckström, et si ce leader est plus âgé, il n'est pas encore considéré plus fiable.

 

Depuis la relégation des rivaux de l'AIK en 2002, la capitale Stockholm s'est désintéressée du hockey. Plutôt que de perdre de l'argent à jouer dans un Globen à moitié plein, Djurgården jouera la plupart de ses matches dans son ancienne patinoire de 8000 places, le Hovet de Johanneshov. Les temps sont durs. La dépression s'est accentuée quand Nils Ekman a signé en Russie, alors qu'un retour dans son club formateur aurait pu redonner du baume au cœur au le public.

Le vétéran Fredrik Bremberg, malgré deux ans de contrat, était aussi convoité par des clubs russes, principalement le Khimik. Son absence au premier match de préparation a alimenté toutes les rumeurs, mais le magicien du palet est bien présent. S'il y a bien un joueur intransférable, c'est lui : meilleur marqueur de la dernière saison régulière, il est le rayon de soleil du DIF. Son collègue Patric Hörnqvist, qui tenait le rôle du spécialiste des mises en échec dans l'équipe suédoise aux derniers Mondiaux, est toujours là à ses côtés, même si beaucoup l'auraient vu en NHL. L'attaque a même du soutien avec par exemple Niklas Anger, s'il se remet d'une saison médiocre à Bâle.

La situation ne paraît donc pas si catastrophique. Néanmoins, Djurgården n'arrive pas à se défaire du climat irrépressible de déclin qui l'entoure. Outre les finances qui battent de l'aile, l'équipe présente quelques faiblesses.

Premièrement, elle n'a pas de vrai centre n°1 : Kristoffer Ottossson commence à prendre de l'âge et l'ex-espoir Pär Bäcker a encore beaucoup à prouver, même s'il a donné une seconde vie à sa carrière après avoir quitté Färjestad pour Djurgården. Avec le FBK, il avait marqué 27 points à sa première année senior, puis 13, 6 et 3... Une production qui déclinait de moitié chaque année ! Bäcker ne pouvait pas tomber plus bas, puisqu'il avait même été privé d'entraînement au cours des play-offs. En arrivant au DIF, il a repris des couleurs et marqué 33 points.

Deuxièmement, elle est dans la dèche au niveau des défenseurs offensifs après le départ de Fernholm à Linköping, même si l'arrivée du physique Ossi Väänänen (Colorado, NHL) fera du bien derrière.

Troisièmement, et c'est la plus grande crainte, le très jeune gardien Daniel Larsson aura une grosse pression, car il reste absolument seul comme titulaire à 21 ans, avec des juniors comme doublures.

 

L'ambiance n'est guère meilleure à Luleå. Les supporters sont très déçus du départ de l'icône locale Mikael Renberg. Le vétéran était paraît-il agacé du manque d'ambitions du club, mais les voisins de Skellefteå n'ont pas forcément plus les moyens de viser plus haut et son choix reste incompris.

Le LHF a perdu dans l'affaire son 1er (l'international slovaque Tomas Surovy), son 2e (Renberg) et son 4e marqueur (Fredrik Hynning, parti à Timrå après une saison exceptionnelle pour lui). Mais celui qui aurait été le vrai meilleur marqueur l'an passé s'il avait joué plus de six mois, c'est Lubos Bartecko. Sauf que comme d'habitude, il doit passer plus de la moitié de l'année loin de Suède pour n'être taxé qu'à 15%. Il n'arrivera donc qu'en octobre pour commencer son "contrat d'artiste". Son collègue Martin Chabada l'attend de pied ferme car le duo d'ailiers tchéco-slovaque sera encore le meilleur atout de Luleå.

Le recrutement a en effet été très limité. Le plus coté des arrivants, le centre Tommi Miettinen, doit se muer en centre capable défensivement alors qu'il était décrit comme égoïste par l'intransigeant Boork à Brynäs. Son compatriote finlandais Jussi Tarvainen reste sur une saison peu convaincante à Bâle et à Malmö. La seule recrue en défense se nomme Johan Ejdepalm (Munich) : supervisé par Rouen, il a trouvé mieux en étant mis sous contrat après un essai concluant en août.

On l'aura compris, Luleå ne compte pas sur un sauveur externe. Mieux vaut s'en remettre aux jeunes et retrouver ses valeurs collectives originelles, en espérant que les gardiens suivent. Mattias Modig a obtenu un super-pourcentage l'an passé, mais il reste une inconnue à vingt ans. L'ancien second gardien Gusten Törnqvist est revenu dans son club formateur après deux années en division inférieure à Almtuna.

 

L'entraîneur Leif Strömberg revient en Elitserien avec un petit esprit de revanche, lui qui a vu Färjestad devenir champion trois mois après l'avoir viré en 2006. Mais il ne lui sera pas facile d'atteindre l'objectif officiel, les play-offs. Le maintien semble déjà plus sage. Södertälje a réussi à remonter dans l'élite mais a un petit budget à dépenser. On cherche donc des joueurs à l'éthique de travail irréprochable et capables de s'identifier au club. Ce n'est pas si simple à trouver quand on recrute pas moins de onze joueurs.

On s'est donc servi de son terrain de connaissance, l'Allsvenskan fréquentée l'an dernier : les 1er (Pär Albrandt, Rögle) et 4e (Linus Klasen, Huddinge) marqueurs du championnat ont été invités à tenter l'aventure. Mais un gros pointeur en deuxième division ne l'est pas toujours au plus haut niveau. À ces joueurs de prouver le contraire, y compris ceux de ses propres rangs. Linus Videll, 22 ans, a été le joueur-clé de la remontée en terminant meilleur marqueur de la poule de promotion/relégation, un tremplin idéal vers une Elitserien où il n'avait inscrit qu'un seul but avant la descente.

Pour la première ligne offensive, on a quand même utilisé une source de recrutement plus éprouvée, la SM-liiga, avec le polyvalent Quinn Hancock (qui arrivera ultérieurement pour raisons fiscales), le centre complet Petri Pakaslahti et l'ailier fort Tomek Valtonen. Ce dernier était très apprécié du public du Jokerit pour ses mises en échec, mais ses progrès dans le reste de son jeu seront-ils suffisants pour qu'il s'adapte au jeu suédois moins physique ?

La défense, où culminent les deux mètres de Kristian Kudroc, a peu de grands noms à ce niveau. Elle peut en revanche compter sur deux très bons gardiens : Björn Bjurling, champion de Norvège avec Vålerenga, et surtout l'international junior Jhonas Enroth, qui est plutôt petit pour un gardien moderne (1m80 quand même) mais très rapide et talentueux.

 

Pour surprendre une fois de plus, Mora aura besoin que son gardien finlandais Juha Pitkämäki refasse la même saison. Martti Järventie, meilleur +/- de SM-liiga avec le Jokerit, et l'international slovaque Tomas Harant constituent des recrues de métier pour la zone défensive.

Il n'y a cependant plus de joueur d'instinct capable de mettre le feu offensivement. Pavel Brendl, qui marquait 25% des buts de l'équipe, est difficile à remplacer. Les nouveaux attaquants, le Finlandais Toni Dahlman et les Suédois Johan Lindström et Yared Hagos, sont surtout des stakhanovistes.

Ils sont donc à l'image de la tradition du club, et aussi du nouvel entraîneur Magnus Arvedson. Celui-ci sera à 37 ans le plus jeune coach d'Elitserien, succédant à Harri Rindell rentré en Finlande au HIFK. Révélé sur le tard à Färjestad, champion de Suède en 1997, Arvedson est alors parti pour Ottawa, où il fut élu deuxième meilleur attaquant défensif de NHL en 1998/99. Au début de la saison suivante, il fut cependant victime d'un accident malencontreux, une mise en échec qui l'a envoyé contre une porte de banc ouverte : estomac perforé. Il n'est plus jamais redevenu le même joueur et a fini par mettre un terme à sa carrière à cause de problèmes de dos. Après avoir entraîné Forshaga la saison dernière, Arvedson fait sa première expérience dans l'élite, avec une grande figure du club, l'ex-gardien Thomas Melin, pour l'aider en tant qu'adjoint. Arvedson veut des attaquants qui patinent plus et mieux, et remettre le bleu de chauffe est sans doute le seul moyen pour Mora de s'installer durablement à ce niveau.

 

S'installer, c'est également l'objectif de Skellefteå. Une fois l'effet de surprise passé, le promu avait eu plus de mal, et il est donc attendu au tournant pour sa deuxième saison. Il a en effet perdu trois pièces maîtresses, Richard Lintner (Färjestad), Jason King (Anaheim) et surtout Magnus Wernblom (MODO). En plus d'avoir marqué 25 buts, Wernblom était le favori du public avec son style de jeu physique qui ne demandait pas son reste.

Il fallait un autre joueur capable d'électriser les foules, et ce sera Mikael Renberg. Quitte à se faire piquer un joueur par un autre club du nord, autant piquer l'idole locale de plus nordiste que soi ! Renberg est un gros coup, assurément, mais encore faut-il qu'il ne soit pas blessé, ce qui lui arrive tout de même souvent.

La moins bonne défense du championnat 2006/07 a été profondément remaniée avec cinq recrues sur huit. Dans le lot, seul Jan Novak semble capable de remplacer les qualités offensives de Lintner, mais le Tchèque, très productif en jeu de puissance avec le Slavia Prague, a été plus discret l'an passé pour sa première expérience à l'étranger avec Kazan. Il est vrai que l'effectif y était très fourni, il aura bien plus de responsabilités à Skellefteå où la profondeur de banc paraît faible.

 

Les pronostics des experts pour l'Elitserien

Hans Abrahamsson (Aftonbladet) : 1 MODO, 2 HV71, 3 Timrå, 4 Frölunda, 5 Linköping, 6 Färjestad, 7 Brynäs, 8 Södertälje, 9 Skellefteå, 10 Djurgården, 11 Mora, 12 Luleå

Tomas Ros (Aftonbladet) : 1 HV 71, 2 Frölunda, 3 Färjestad, 4 Timrå, 5 Modo, 6 Brynäs, 7 Linköping, 8 Södertälje, 9 Mora, 10 Djurgården, 11 Luleå, 12 Skellefteå.

Magnus Nyström (Expressen) : 1 HV71, 2 MODO, 3 Timrå, 4 Färjestad, 5 Linköping, 6 Brynäs, 7 Frölunda, 8 Mora, 9 Djurgården, 10 Södertälje, 11 Skellefteå, 12 Luleå.

Johan Nilsson (Hockeymagasinet) : 1 HV71, 2 Frölunda, 3 Färjestad, 4 MODO, 5 Linköping, 6 Timrå, 7 Brynäs, 8 Djurgården, 9 Luleå, 10 Skellefteå, 11 Södertälje, 12 Mora.

Dagens Nyheter : 1 HV 71, 2 Frölunda, 3 MODO, 4 Färjestad, 5 Timrå, 6 Mora, 7 Brynäs, 8 Djurgården, 9 Södertälje, 10 Djurgården, 11 Mora, 12 Skellefteå.

Hockeysverige : 1 HV71, 2 Frölunda, 3 MODO, 4 Färjestad, 5 Timrå, 6 Brynäs, 7 Linköping, 8 Luleå, 9 Södertälje, 10 Skellefteå, 11 Djurgården, 12 Mora.

 

 

Allsvenskan, mieux qu'une deuxième division

 

S'il faut une preuve de la valeur de l'Allsvenskan, l'autre orgueil de la Suède, il suffit de regarder la composition de Malmö, qui n'a rien perdu avec la relégation, au contraire. Un tel effectif ferait envie à beaucoup de clubs... de SM-liiga ! On y retrouve en effet des internationaux finlandais habitués au plus haut niveau comme Lasse Pirjetä (actuellement blessé au pied et dont le club pourrait vouloir se défaire) et les recrues Mikko Eloranta (Rapperswil, LNA), Ville Nieminen (San José et St. Louis, NHL) ou encore le gardien Jani Hurme (TPS Turku). Si ces trentenaires ont tous la gnac nécessaire, Malmö est évidemment favori pour la remontée immédiate.

Son principal concurrent Leksand n'est pas en reste. En plus de figures locales comme l'éternel Mikael Karlberg, le club le plus populaire du pays s'adjuge aussi les services de bourlingueurs finlandais de métier comme Juha Lind (Salzbourg). La différence, c'est qu'il n'engage pas que des palmarès, mais aussi des joueurs en pleine maturation qui atteignent leurs meilleurs années.

C'est particulièrement vrai de la filière "Danemark". L'ex-sélectionneur Mikael Lundström connaît parfaitement le niveau des joueurs danois, et après Morten Green, on peut être sûr que l'excellent défenseur Daniel Nielsen sera un succès. Les Français ne présentent pas les mêmes garanties a priori, mais la combativité de Pierre-Édouard Bellemare a constitué un exemple réussi. On se souvient que Lundström a aussi entraîné l'équipe de France... C'est un vrai partenariat qui a été mis en place avec la FFHG, qui se chargera d'envoyer à ses frais un espoir tricolore chaque été pour une mise à l'essai. Le défenseur Nicolas Besch, qui inaugurait la formule, a récolté un contrat en bonne et due forme.

Leksand est déjà bien pourvu comme ça, mais ce n'est pas fini. On attend encore "l'entrée des artistes", le 16 octobre contre Västerås, match en direct sur TV4 Sport. C'est à cette date qu'arrivent les joueurs qui passent moins de six mois en Suède et qui peuvent donc signer un "contrat d'artiste" à la fiscalité avantageuse. Sont attendus : deux anciens champions du monde, l'arrière tchèque Libor Prochazka et l'attaquant slovaque Robert Petrovicky, plus le gardien vétéran de NHL Eddie Belfour. La venue de cette star réputée pour ses frasques dans un village de Dalecarlie pas réputé pour ses bars a fait les gros titres. D'ici là, le gardien de 19 ans Eddie Läck se régale en titulaire, laissant croupir sur le banc son homologue américain Mike Ayers, un ancien portier d'AHL et ECHL qui ne devrait guère être qu'un bouche-trou en attendant Belfour.

Derrière les deux cadors aux effectifs cosmopolites, d'autres équipes espèrent tirer leur épingle du jeu. Västerås, le seul club suédois à avoir vécu une totale liquidation alors qu'il évoluait en élite, est revenu au haut niveau (car le haut de tableau d'Allsvenskan est indéniablement du haut niveau). Cette équipe compte un seul grand nom du hockey, Patrik Juhlin, champion olympique à Lillehammer, un des deux vétérans de 37 ans avec Stefan Hellkvist (ex-Olten). Mais ce club formateur qui produit quelques-uns des meilleurs espoirs du pays. Les centres Patrik Berglund (19 ans, grande allonge et technique de crosse) et Mikael Backlund (18 ans, bon patineur assez physique) sont déjà des membres à part entière de l'équipe première, alors que le rude défenseur de 16 ans Anton Mylläri est encore couvé en junior. Comme Västerås, l'autre outsider Björklöven n'a aucun étranger mais un collectif soudé.

Rögle a toujours dans ses rangs la star absolue, Kenny Jönsson, élu meilleur défenseur des derniers JO de Turin, mais un autre nom prestigieux se fait jour au sein de l'AIK : Vladimir Yurzinov a été recruté comme le "conseiller spécial" du club, un rôle de maître à penser pour l'ancien "gentil flic" adjoint de Tikhonov (le "méchant flic"...) dans la grande équipe d'URSS.

Les pronostics des experts pour l'Allsvenskan

Alf Karlsson (Expressen) : 1 Malmö, 2 Leksand, 3 Björklöven, 4 Rögle, 5 Västerås, 6 AIK, 7 Växjö, 8 Oskarshamn, 9 Nyköping, 10 Bofors, 11 Almtuna, 12 Borås, 13 Nybro, 14 Sundsvall, 15 Hammarby, 16 Huddinge.

Johan Nilsson (Hockeymagasinet) : 1 Leksand, 2 Malmö, 3 Västerås, 4 Björklöven, 5 AIK, 6 Rögle, 7 Växjö, 8 Nyköping, 9 Oskarhshamn, 10 Almtuna, 11 Borås, 12 Nybro, 13 Sundsvall, 14 Bofors, 15 Huddinge, 16 Hammarby.

Adam Savonen (Norra Västerbotten) : 1 Malmö, 2 Västerås, 3 Leksand, 4 Björklöven, 5 Rögle, 6 AIK, 7 Växjö, 8 Bofors, 9 Borås, 10 Nyköping, 11 Oskarshamn, 12 Almtuna, 13 Sundsvall, 14 Huddinge, 15 Nybro, 16 Hammarby.

Svenska Fans : 1 Malmö, 2 Leksand, 3 Västerås, 4 Rögle, 5 AIK, 6 Björklöven, 7 Bofors, 8 Växjö, 9 Borås, 10 Nyköping, 11 Oskarshamn, 12 Almtuna, 13 Nybro, 14 Sundsvall, 15 Hammarby, 16 Huddinge.

Jonas Gustavsson (crosschecking.se) : 1 Malmö, 2 Leksand, 3 Björklöven, 4 Västerås, 5 AIK, 6 Rögle, 7 Oskarshamn, 8 Nyköping, 9 Växjö, 10 Almtuna, 11 Borås, 12 Sundsvall, 13 Nybro, 14 Bofors, 15 Hammarby, 16 Huddinge.

 

Marc Branchu

 

 

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