NHL 2008/09 : présentation

 

Une nouvelle saison se profile chez les professionnels nord-américains, la troisième après le lockout. L'actualité fut relativement calme cet été. Le principal changement est venu des maillots. La NHL a passé un partenariat avec l'équipementier Reebok, qui fournit désormais tous les uniformes. Nouveaux logos parfois, nouvelle texture "aérodynamique"... Des maillots déjà critiqués par les joueurs, qui leur reprochent de passer facilement par dessus la tête lors des bagarres voire de se déchirer !

Après la victoire d'une équipe traditionnelle, les Red Wings de Detroit, la NHL reprend sa course dans un environnement quelque peu différent. L'émergence de la KHL, sa concurrente russe, a constitué l'évènement de l'été, à grand renfort de sorties médiatiques et de coups bas, chaque côté de l'Atlantique tentant de se "voler" des joueurs. À ce petit jeu, la NHL paraît sortir perdante, pour une fois, après les départs de l'icône Jaromir Jagr - certes en fin de carrière, mais tout de même le scoreur le plus prolifique de ces 15 dernières années - mais aussi des garçons plus jeunes comme Ray Emery, contesté à Ottawa, Ladislav Nagy, gêné par des blessures, et surtout Alexander Radulov, le jeune ailier star de Nashville. Ce ne sont pas les arrivées de jeunes comme Nikita Filatov ou Nikolai Kulemin ou des retours, comme celui du défenseur Mark Giordano, qui vont réellement équilibrer les choses, aussi la NHL essaie-t-elle de consolider ses acquis.

Le succès de la tournée britannique et des matches de pré-saison en Europe l'an passé a poussé Gary Bettman et ses troupes à récidiver : 4 équipes de NHL ouvrent donc leur saison sur le Vieux Continent, et pas des moindres. Les Senators d'Ottawa, les Rangers de New York, les Pittsburgh Penguins et le Lightning de Tampa Bay sont chargées d'une vaste opération marketing autour des valeurs montantes que sont Sidney Crosby, Vincent Lecavalier, Henrik Lundqvist et bien d'autres. Le secret rêve d'une conférence européenne, encore murmuré cet été, n'est pas pour tout de suite, mais ces "tests" grandeur nature sur la viabilité d'un tel projet prennent de l'ampleur, même si le retour aux marchés canadiens est tout aussi discuté. De même, voir Kansas City, très active pour attirer une équipe professionnelle (quel que soit le sport), accueillir un match de présaison avec succès n'est pas anodin.

Au chapitre des règles, la NHL introduit quelques évolutions mineures, encourageant l'offensive. Tout jeu de puissance débutera désormais en zone offensive, quel que soit l'emplacement de la faute. De même, les palets sortis du jeu après avoir heurté un poteau seront remis en jeu en attaque et non plus en zone neutre. Les traditionnels voeux de sévérité arbitrale sont bien sûr reconduits, mais comme tous les ans... Enfin, le dernier changement notable concerne le calendrier. Désormais, il n'y aura plus que 6 matches intra-division au lieu de 8, et toutes les équipes de la NHL s'affronteront au moins une fois. Chacun jouera en outre 5 "back-to-back", autrement dit un match à domicile et un à l'extérieur contre la même équipe à la suite.

Effectuons désormais un tour d'horizon de l'été des 30 franchises NHL, division par division.

 

 

Conférence ouest

 

Division centrale

À tout seigneur tout honneur, commençons par les Red Wings de Detroit, tenants du titre. La formation dirigée par Mike Babcock sera à n'en pas douter la grande favorite de la saison à venir, tous les éléments étant réunis pour un doublé. "Hockeytown" n'a enregistré que le départ mineur du gardien vétéran Dominik Hasek, évincé par Chris Osgood lors des playoffs. Il sera remplacé par Ty Conklin, finaliste malheureux avec Pittsburgh. L'Américain, natif de l'Alaska, reste sur une excellente saison avec les Penguins et fournira une bonne sécurité derrière Osgood en attendant la confirmation de Jimmy Howard et Thomas McCollum. L'autre départ est la retraite de Dallas Drake.

Aucun changement à l'arrière où les multiples all-stars Nicklas Lidström et Brian Rafalski restent sur des performances offensives exceptionnelles. Les seconds couteaux, Niklas Kronwall, Brett Lebda, Brad Stuart, Andreas Lilja, ont tous confirmé en playoffs, soulageant les deux stars. Avec en réserve les jeunes Jakub Kindl, Logan Pyett, Derek Meech et le nouveau Suédois maison Jonathan Ericsson, les Wings sont sereins en défense. Sans parler de l'expérience de Chris Chelios, qui rempile à 46 ans...

L'attaque pour sa part avait déjà cartonné l'an dernier, et l'ajout de Marian Hossa ne va pas arranger la concurrence. Le Slovaque a décliné des offres juteuses de Pittsburgh et Montréal notamment pour signer moins cher et un an seulement à Detroit, qu'il estimait plus à même de lui offrir la coupe Stanley. Hossa devrait empiler les points aux côtés de Pavel Datsyuk ou Henrik Zetterberg, apportant un peu plus de variété et de diversification dans les lignes. Ceci dit, les progrès spectaculaires de Johan Franzen, Valtteri Filppula, Tomas Kopecky ou Jiri Hudler en playoffs inquiétaient déjà... Alternant les grands gabarits (Tomas Holmström par exemple) et les petits techniques et rapides (Dan Cleary, Mikael Samuelsson), disposant de spécialistes défensifs (Kirk Maltby et Kris Draper), sortant régulièrement des jeunes des tours lointains de la draft (les performances d'un Darren Helm en playoffs en témoignant encore, sans parler des progrès de Justin Abdelkader, Evan McGrath, ainsi que des Européens Ville Leino ou Mattias Ritola), Detroit et sa moyenne d'âge la plus élevée de la NHL pourrait très bien devenir la première équipe à réussir le doublé depuis 1997-1998... C'était déjà Detroit.

 

Les Predators de Nashville tenteront de gêner Detroit dans la même division, et le nouveau calendrier, qui leur donne deux matches de moins contre les Wings, pourrait les aider. En progrès constants depuis leur arrivée en 1998, les Predators, toujours menés par le même entraîneur Barry Trotz, ont bousculé le champion au premier tour l'an passé. Le problème étant qu'ils se sont faits sortir dès ce premier tour pour la 3e fois consécutive.

Nashville pourrait tenir son rang malgré quelques départs. L'été a en effet été mouvementé : un des actionnaires, William Del Biaggio, a été pris dans la tourmente judiciaire et sujet à une enquête du FBI. Puis, l'affaire principale a surtout concerné Alex Radulov, parti pour la KHL en plein milieu de son contrat. Entre les déclarations du staff évoquant les regrets de Radulov et son ennui en Russie, difficiles à prouver, et le jeu du jeune ailier russe, une campagne d'abonnement où Radulov figure en personnage central... L'imbroglio a pesé cet été, et affaibli sérieusement une formation durement frappée par les départs depuis 2 ans.

Car deux autres vétérans ont quitté le Tennessee : Marek Zidlicky, qui a perdu sa place de meneur de jeu de puissance suite à des blessures et un jeu défensif inconstant, est parti pour Minnesota, alors que le gardien Chris Mason a signé à St Louis, battu par l'ancien Star de Dallas, Dan Ellis, pour la succession de Tomas Vokoun. Enfin, le ménage des seconds couteaux a vu partir Martin Gelinas, Darcy Hordichuk et Jan Hlavac.

Il faudra donc compter sur une escouade défensive jeune et prometteuse, centrée autour de Shea Weber, Dan Hamhuis, Ryan Suter, Ville Koistinen, Greg Zanon et Kevin Klein pour assumer le leadership, avec le seul Greg De Vries pour l'expérience.

L'offensive tournera principalement autour de Jason Arnott, le capitaine, et de Jean-Pierre Dumont, les deux hommes ayant connu leur meilleure saison l'an passé et s'entendant à merveille sur et en dehors de la glace. En revanche, on attend plus de David Legwand et Martin Erat, le cas de Steve Sullivan, blessé depuis 2 ans, étant toujours en suspens. L'autre attraction sera Patric Hörnqvist, le jeune Suédois pouvant surprendre. Derrière, l'équipe dispose de gros travailleurs comme Radek Bonk, Jed Ortmeyer, Scott Nichol, Nick Tarnasky, Vernon Fiddler, Jordin Tootoo ou Jerred Smithson. Les surprises du camp sont Rich Perveley, très bon marqueur de ligue mineur et efficace aux tirs au but l'an dernier, Ryan Jones et Joel Ward, tous deux venus du Minnesota dans l'échange Zidlicky, et convaincants en pré-saison. Une équipe difficile à jouer, avec un réservoir de jeunes très important, mené par Antti Pihlström et Cal O'Reilly : Nashville devrait être dans le coup, mais de justesse.

 

Les attentes sont grandes du côté des Blackhawks de Chicago. Risée de la NHL depuis des années, la franchise connaît l'un des pires bilans et n'a plus gagné la coupe depuis 1961. Toutefois, la saison précédente a enfin offert des motifs d'espoir à un public qui s'est remis à fréquenter la patinoire des Blackhawks, au lieu de celle des Wolves, l'équipe AHL liée à Atlanta.

Il faut dire que "Windy City" a tiré le bénéfice de ses années noires en accumulant les jeunes prometteurs, pour finalement lancer dans le grand bain deux débutants exceptionnels. Patrick Kane, meilleur marqueur et rookie de l'année, et Jonathan Toews, nouveau capitaine de l'équipe à 20 ans à peine, sont les nouveaux visages de la franchise de l'Illinois. Les deux jeunes ont éclaboussé la ligue de leur talent et mené une escouade au jeu spectaculaire.

L'intersaison n'a fait que confirmer les ambitions grandissantes des Hawks : arrivée de Cristobal Huet dans les cages pour 4 ans, repoussant l'autre élément du duo de gardiens le plus cher de NHL, Nikolai Khabibulin au ballotage (sans succès) ; arrivée d'un leader à l'arrière, Brian Campbell, ex-Buffalo et San José, pour un contrat de 8 ans. Echange de Robert Lang à Montréal, envoi de Tuomo Ruutu, trop inconstant, à Carolina contre le jeune Andrew Ladd, tout aussi inconstant mais efficace en fin de saison dernière.

Aux côtés de Kane et Toews, on trouve toujours Martin Havlat, qui espère éviter les blessures cette saison, mais aussi des buteurs comme l'étonnant Patrick Sharp, dominateur l'an passé et redoutable en infériorité numérique, ou des jeunes comme David Bolland, Jack Skille et les teigneux Adam Burish et Ben Eager. L'offensive, encore inexpérimentée, possède un potentiel énorme. Et que dire de la défense, où Duncan Keith et Brent Seabrook se sont imposés comme de possibles vainqueurs du trophée Norris dans l'avenir ? Que dire de Cam Barker, Nicklas Hjalmarsson et James Wisniewski (absent quelques mois, touché au genou), et surtout du surprenant Dustin Byfuglien, ce grand gabarit défenseur-ailier à l'impact considérable sur le jeu de puissance ?

Chicago s'est aussi transformé hors glace, avec enfin une diffusion sur une télévision locale grâce aux présidents John McDonough et Rocky Wirtz, un marketing efficace centré sur le duo Kane-Toews, et pour le 1er janvier, un match en plein air qui devrait être mémorable. L'arrivée de Scotty Bowman, le mythique entraîneur de Detroit, comme conseiller spécial n'est que l'ultime élément prouvant que les Blackhawks ne veulent plus faire rire.

 

Après plus de 20 saisons de playoffs, le retour au bas de tableau a été difficile pour les fans des Blues de Saint-Louis. D'autant que, après les espoirs suscités en fin de saison 2006-2007, la déconfiture de l'an dernier n'a pas été facile à vivre. Un départ correct porté par Paul Kariya et surtout la révélation Brad Boyes, enfin au sommet après une grosse carrière junior mais quelques difficultés à s'établir en NHL, fut suivi d'une fin de saison morose et décevante.

Pour cette nouvelle édition, les Blues illustrent assez bien l'expression "sentiments contrastés". D'une part, le gardien Manny Legace a été brillant, invité au All-star game, et sera même secondé par l'expérimenté Chris Mason, n°1 bis. D'autre part, le jeune défenseur vedette Erik Johnson, séduisant pour sa première saison, s'est blessé au genou bêtement lors d'un golf de charité et devrait être absent toute la saison !

Un coup dur pour les lignes arrières relativement anonymes : Eric Brewer ou Barrett Jackman, trop souvent blessés, ont du mal à franchir le palier attendu et il n'y a guère de renfort derrière hormis Jay McKee, toujours utile. Le jeune Alex Pietrangelo, 18 ans, est donc lancé dans le grand bain, impressionnant de maturité et d'efficacité lors du camp d'entrainement. La révélation Steve Wagner devra confirmer sur la durée. Mais cela reste un peu tendre ou manque de relief. Mike Weaver, Roman Polak, Andy Wozniewski et Jeff Woywitka rapporteraient plus au scrabble...

Et comme l'attaque fut l'une des pires de la ligue l'an dernier, les inquiétudes sont grandes. L'équipe a terminé sa mue dans ce secteur en éliminant les derniers vétérans, comme Jamal Mayers, Martin Rucinsky, Ryan Johnson : il ne reste plus que Keith Tkachuk et Paul Kariya, qui devront produire plus. Place aux jeunes, autour de Brad Boyes, Lee Stempniak (un peu en dessous l'an dernier), Andy McDonald, ancien all-star, David Backes, Jay McClement et surtout Patrik Berglund, le grand espoir suédois. David Perron, qui a fait l'équipe à 18 ans, a séduit par son culot et mené les Blues avec un étonnant ratio de +16. Il faudra confirmer. Autres prétendants, TJ Oshie, 1er choix surprise il y a quelques années et qui a marqué but sur but en universitaire, et Chris Porter. Dans un rôle plus défensif, l'expérimenté Dan Hinote encadrera Yan Stastny et le bagarreur Cam Janssen, natif de St Louis. Beaucoup de bons jeunes donc, mais ce ne sera probablement pas la saison du retour au sommet pour les Blues.

 

S'il y avait autant d'espoirs chez les Blue Jackets de Columbus... En tout cas, le public n'en a plus guère, lui qui déserte la Nationwide Arena au fil des mois. 7 ans d'existence et toujours pas de playoffs : la franchise de l'Ohio est la seule de la NHL dans ce cas et n'a surtout jamais paru pouvoir y arriver, englué dans le bas de tableau malgré les efforts du coach Ken Hitchcock.

Il faut dire que, hormis Rick Nash, Rostislav Klesla et Pascal Leclaire, le staff de recrutement de jeunes n'a pas vraiment assuré. L'intersaison a donc été l'occasion de se débarrasser des ratages. Exit Gilbert Brulé, impressionnant en junior mais qui n'a pas su exploser en pro : échangé à Edmonton. Exit l'énigmatique Nikolai Zherdev et le local Danny Fritsche, échangés à New York. Exit aussi Ron Hainsey, pourtant efficace en supériorité, et Dick Tarnström.

Columbus va se reconstruire... Dans les cages, Pascal Leclaire est désormais un gardien reconnu, meneur de la NHL en blanchissages la saison dernière et auteur de performances remarquables. Il sera secondé par Fredrik Norrena. En défense, Klesla aura de nouveaux compagnons de jeu : le rugueux Mike Commodore, fort d'une coupe Stanley avec Carolina, le Suédois Christian Bäckman, plutôt mobile, et le Russe Fedor Tyutin arrivent et rejoignent Jan Hejda, le Norvégien Ole-Kristian Tollefsen, le petit gabarit Kris Russell et le solide Marc Methot.

En attaque, Rick Nash, la star de l'équipe, se voit offrir lui aussi de nouveaux équipiers. Au centre, RJ Umberger, héros de Philadelphie lors des derniers playoffs mais non conservé par manque de finances, tentera de s'établir en centre n°1. Kristian Huselius débarque aussi de Calgary où Mike Keenan, qui l'avait déjà en souffre-douleur en Floride, le trouvait trop "doux". Raffi Torres arrive pour sa part d'Edmonton, et tentera de se relancer après une saison difficile. Quant à Fredrik Modin, il n'a quasiment pas joué l'an passé. Pour compléter, Jiri Novotny, le vétéran Mike Peca, les travailleurs Jason Chimera et Manny Malhotra ou les teigneux Jared Boll et Derek Dorsett.

À leurs côtés, de très nombreux jeunes talents tenteront de faire oublier les ratés des scouts des Blue Jackets : l'ancien scoreur québécois Alex Picard, décevant en pro jusque là, le Tchèque Jakub Voracek, séduisant au camp et convainquant en junior majeur, mais aussi Derick Brassard, impressionnant en pré-saison, et Nikita Filatov. Au final, un patchwork encore difficile à cerner et une formation qui parait encore bien loin de pouvoir jouer les premiers rôles.

 

 

Division nord-ouest

Le Minnesota Wild s'est petit à petit imposé comme une valeur sûre de la ligue. Sa réussite, avec plusieurs qualifications en playoffs et une stabilité dans les coulisses, contraste fortement avec celle de Columbus, créé en même temps. Le Minnesota est devenu l'État phare du hockey américain et les 300 matches à guichets fermés de suite en témoignent. L'an passé, les progrès ont encore franchi une étape avec un premier titre de division.

L'intersaison a cependant été agitée avec plusieurs départs en attaque : Brian Rolston, leader de l'équipe et meneur du jeu de puissance, est rentré dans son club d'origine, New Jersey. Quant à Pavol Demitra et Mark Parrish, ils n'ont pas été retenus : le premier a signé à Vancouver, le second a vu son contrat racheté. Le défenseur Petteri Nummelin est pour sa part retourné à Lugano, les deux vétérans Keith Carney et Sean Hill n'ont pas non plus été conservés. Les gros bras, Chris Simon, Todd Fedoruk et Aaron Voros, ont eux aussi été invités à changer d'air.

Pour reconstituer son effectif, Jacques Lemaire bénéficie de plusieurs arrivées. Andrew Brunette, figure historique des premières saisons, revient au club après un passage au Colorado. Le vétéran Owen Nolan apportera sa rudesse et son expérience, alors que les jeunes Craig Weller, Krys Kolanos et Antti Miettinen tenteront de percer définitivement en NHL. Ce dernier a fait forte impression en pré-saison. La défense est augmentée de deux manieurs de palet efficaces en jeu de puissance, Marek Zidlicky (Nashville) et Marc-André Bergeron (Islanders), reste à voir si leurs carences défensives habituelles seront acceptées par le méthodique Jacques Lemaire.

Au final, l'équipe paraît équilibrée. Le duo Bäcktröm-Harding s'est montré efficace dans les cages. La défense dispose de bons éléments, comme le solide Nick Schultz et l'expérimenté Kim Johnsson, ou encore Martin Skoula. Surtout, l'explosion de Brent Burns, meilleur arrière du dernier Mondial, a ouvert les yeux de tous les suiveurs, qui voient en ce grand gabarit un vainqueur potentiel du trophée Norris.

L'attaque a toutefois pris un coup de jeune. Marian Gaborik a certes enfin vécu une saison sans blessure, la meilleure de sa carrière, mais la perte de Rolston, utile dans les deux sens du jeu et en équipes spéciales, peut peser. Il faudra que les jeunes Pierre-Marc Bouchard et Mikko Koivu franchissent un nouveau palier. D'autres jeunes, comme le prometteur James Sheppard mais aussi Benoît Pouliot ou Cal Clutterbuck, se verront confier de nouvelles responsabilités. Traditionnellement, le Wild est une équipe travailleuse : les "cols bleus", Éric Belanger, Stéphane Veilleux, le bagarreur Derek Boogaard et le débutant Colton Gillies, conserveront un rôle important. Minnesota, portée par le "système Jacques Lemaire" ultra-défensif, devrait pouvoir défendre son titre de division.

 

Les temps changent pour l'Avalanche du Colorado, qui paraît en danger de manquer les playoffs, bien loin de ses jours de gloire. Certes, l'équipe a franchi le premier tour au printemps dernier, mais n'a jamais paru en mesure d'inquiéter Detroit au 2e tour.

Dans une division ultra compétitive, la différence entre le golf et le hockey en avril se joue à quelques points et il n'est pas certain que Colorado soit du bon côté. En effet, l'intersaison a apporté son lot de mouvements, à commencer par l'entraîneur, Tony Granato succédant à Joël Quenneville. Dans les cages, José Théodore, revenu à un niveau satisfaisant, est parti à Washington. C'est le duo Peter Budaj - Andrew Raycroft (en provenance de Toronto) qui sera aligné, pour l'une des paires de gardiens les moins rassurantes de la ligue. Et la défense n'est pas bien meilleure. John-Michael Liles est un bon manieur de palet, mais derrière lui il y a beaucoup d'interrogations : Jordan Leopold évitera-t-il les blessures ? Brett Clark et Ruslan Salei sont-ils en sur-régime ? Scott Hannan et Adam Foote ne sont-ils pas trop lents ? Les départs de joueurs de devoir comme Jeff Finger et Kurt Sauer auront-t-ils un impact ? Daniel Tjärnqvist, de retour de Russie, compensera-t-il ?

L'attaque non plus n'est pas exempte de doutes avec le départ d'Andrew Brunette au Wild. On y trouve en effet un capitaine exceptionnel, Joe Sakic, qui rempile à 39 ans après une saison tronquée par une blessure. Ryan Smyth n'a pas beaucoup joué non plus, et le poids de l'attaque est revenu sur les épaules du jeune Paul Stastny, décisif. En revanche, Milan Hejduk, Marek Svatos et Wojtek Wolski ont connu des hauts et des bas. Les gros bras ne sont pas absents : en plus de Ian Laperriere, Darcy Tucker a été mis sous contrat après plusieurs saisons à Toronto. Il apportera une profondeur offensive aux côtés de Tyler Arnason ou du jeune TJ Hensick. Les travailleurs Cody McCormick, Cody McLeod, Ben Guite ou David Jones complètent l'alignement, mais cela ne fait pas trop rêver au moment même où la concurrence progresse. Le magicien Peter Forsberg reviendra-t-il faire la différence ?

 

C'est une année de changements pour les Flames de Calgary. Depuis la finale perdue contre Tampa Bay en 2004, la franchise de l'Alberta n'a pas réussi à confirmer et, en dépit de saisons régulières solides, se heurte régulièrement au premier tour des playoffs. Au point que la direction a fini par se séparer de plusieurs joueurs qui ne rentraient pas suffisamment dans le modèle tactique souhaité. Alex Tanguay a été envoyé à Montréal, alors que Kristian Huselius, en fin de contrat, signait à Columbus. Les deux joueurs étaient considérés comme trop "doux" pour le style rugueux des Flames. Exit également le vétéran Owen Nolan (Minnesota) et le bagarreur Éric Godard (Pittsburgh), trop limité.

Le manager Darryl Sutter réalisait en remplacement quelques transactions, pour acquérir le rapide Mike Cammalleri, très efficace à Los Angeles il y a deux ans mais décevant l'an dernier, mais aussi des jeunes comme René Bourque, au début de carrière prometteur à Chicago mais barré par l'émergence de plusieurs ailiers, ou Curtis Glencross, qui avait brillé à Columbus pendant de courtes périodes. Le teigneux André Roy apportera son expérience des playoffs. Enfin, l'ennemi public n°1, Todd Bertuzzi, va tenter sa chance à Calgary après plusieurs saisons noires depuis le drame Steve Moore.

Les Flames s'appuient donc sur leurs armes : un grand gardien, Mikka Kiprusoff, qui n'aura guère de repos cette saison avec le jeune Curtis McElhinney en backup, et une défense redoutable, composée de joueurs physiques (Cory Sarich, Robyn Regehr, Jim Vandermeer) ou manieurs de palet (Adrian Aucoin, Mark Giordano, de retour du Dynamo Moscou) et bien sûr de Dion Phaneuf, buteur-bagarreur et déjà nominé au trophée Norris de meilleur défenseur. Le départ de David Hale pour Phoenix ne change pas grand chose aux lignes arrières, il est remplacé par le débutant Adam Pardy.

En attaque, la star Jarome Iginla, l'âme de cette équipe, aura encore un rôle clé : une mauvaise saison de sa part tuerait probablement les espoirs des Flames, qui ne disposent pas vraiment d'un banc très fourni. Daymond Langkow est régulier sans être exceptionnel, Craig Conroy est vieillissant, Bertuzzi arrive avec autant de doutes que possible, Cammalleri n'aura sans doute pas la même liberté offensive qu'aux Kings. Quant aux jeunes Matthew Lombardi, Dustin Boyd, David Moss, au défensif Eric Nystrom ou au tenace Brandon Prust, ils doivent encore progresser et confirmer (et éviter les blessures, pour le fragile Lombardi). Les progrès de Mikael Backlund se sont montrés intéressants au camp d'entraînement, mais le prodige suédois, encore trop tendre, a été sagement renvoyé dans son club de Västerås en Allsvenskan.

Au final, Calgary devra faire preuve d'une cohésion défensive exceptionnelle pour espérer quelque chose... et gagner en discipline, sa rudesse lui jouant trop souvent des tours.

 

On est encore loin de la finale de 2006, mais les Edmonton Oilers ont repris des couleurs l'an passé. La franchise de l'Alberta a tout reconstruit depuis quelques mois et a récolté l'an passé les premiers fruits de sa politique jeunesse. Cette saison encore, la carte jeune sera de mise. Tout d'abord dans les tribunes, où Steve Tambellini prend le poste de manager général, Kevin Lowe montant pour sa part un cran au-dessus alors qu'un nouveau propriétaire, Daryl Katz, débarque avec des ambitions suffisantes pour tenter de signer Hossa et Jagr. Dans les cages, le vieillissant Dwayne Roloson se fait voler sa place petit à petit par un Mathieu Garon qui confirme enfin son potentiel, et le jeune Jeff Drouin-Deslauriers.

La défense, remaniée, a encore bougé. Outre Sheldon Souray, souvent blessé l'an dernier, un autre meneur de jeu de puissance débarque en la personne de Lubomir Visnovsky, ancien de Los Angeles, contre Jarrett Stoll et Matt Greene. Les deux hommes auront à leurs côtés plusieurs défenseurs au jeu plus physique, comme Steve Staios, Denis Grebeshkov et Jason Strudwick, et deux jeunes talents bons patineurs et manieurs de palet, Ladislav Smid et Tom Gilbert. Joni Pitkänen a en revanche été échangé à Carolina, pour obtenir en retour Erik Cole, "power forward" mais souvent blessé.

Cole rejoint sur la première ligne offensive deux joueurs techniques, Shawn Horcoff et Ales Hemsky. La 2e ligne sera celle des jeunes, étincelante l'an dernier : Robert Nilsson, le rapide Andrew Cogliano et Sam Gagner. La profondeur de l'effectif est intéressante puisque le grand Dustin Penner, recruté à prix d'or l'an dernier, se retrouve en 3e ligne avec Fernando Pisani et le capitaine Ethan Moreau. De plus, des joueurs comme Raffi Torres ou Curtis Glencross ont été envoyés ailleurs. Et des jeunes prometteurs, il y en a encore beaucoup, puisque Marc-Antoine Pouliot et Kyle Brodziak peuvent aussi marquer. Le teigneux Zach Stortini jouera le rôle du "policier"... et il reste encore en mineures de très bons joueurs comme Gilbert Brulé, Robbie Schremp, Ryan O'Marra, ou Ryan Potulny. Si les cadres retrouvent leur jeu, si les jeunes confirment, Edmonton pourrait jouer les troubles fêtes.

 

Les Canucks de Vancouver ont connu des hauts et des bas cet été, faisant l'actualité à plusieurs reprises. Au chapitre tragique, le décès de Luc Bourdon en mai dernier a fortement marqué toute l'équipe, le jeune défenseur québécois perdant la vie dans un accident de moto.

Sur le plan sportif, Vancouver a désigné son gardien Roberto Luongo comme capitaine, jetant aux orties une tradition cinquantenaire ; Luongo ne peut pas porter le "C" sur le maillot - mais il l'a fait peindre sur son masque - ni discuter avec les arbitres au delà de la ligne rouge. Le geste symbolique témoigne bien de l'importance de ce gardien pour l'équipe. L'an dernier, une attaque anémique a éloigné les Canucks des playoffs, la lutte toute la saison étant due en grande partie aux exploits du Québécois.

Luongo a devant lui une défense intéressante. Les vétérans Matthias Ohlund, Sami Salo et Willie Mitchell forment un savant mélange de technique et de leadership. Kevin Bieksa, longtemps blessé l'an dernier, reste un très bon atout offensif. Mieux, le jeune Alexader Edler a énormément progressé et son patinage sera très utile en jeu de puissance. Enfin, le technique Lukas Krajicek a été échangé contre le rugueux Shane O'Brien de Tampa Bay, qui rejoint dans ce rôle l'ancien Shark Rob Davison.

En attaque, la célèbre ligne Näslund-Morrison-Bertuzzi est désormais de l'histoire ancienne. Bertuzzi parti depuis longtemps, ses deux acolytes ont décliné saison après saison et ont été libérés vers les Rangers et Anaheim. Les clés de l'attaque sont confiées aux jumeaux Henrik et Daniel Sedin, qui ont reçu un nouveau compagnon de ligne : Steve Bernier, efficace à San José mais moins en vue lors de son court passage à Buffalo. Il apportera l'élément physique indispensable à cette ligne.

La diversité offensive paraît plus intéressante que la saison dernière avec l'arrivée de Pavol Demitra (Minnesota). Les jeunes Jannik Hansen et Mason Raymond verront leurs responsabilités accrues, alors que les travailleurs de l'ombre sont de plus en plus efficaces : Taylor Pyatt, Alex Burrows, Rick Rypien et surtout Ryan Kesler, homme à tout faire de l'équipe et parfait successeur de Trevor Linden, meilleur marqueur de l'histoire de l'équipe et désormais retraité. On attendait mieux en revanche de Kyle Wellwood, un ancien des Maple Leafs arrivé hors de condition au camp d'entraînement, ou de l'ancien buteur de Pittsburgh Michel Ouellet, arrivé de Tampa Bay, tous deux finalement renvoyés en mineures.

Au final, Vancouver paraît mieux armé pour jouer les playoffs, une lutte que l'équipe ne peut que disputer avec un capitaine comme Luongo.

 

 

Division Pacifique

Les Sharks de San José, toujours considérés comme des favoris à l'Ouest et en progression régulière, n'arrivent toujours pas à dépasser le 2e tour des playoffs. Une situation qui a fini par coûter sa tête à Ron Wilson ; l'entraîneur a été débarqué et a rejoint Toronto, avant d'être remplacé par Todd McLellan, ancien assistant aux Red Wings de Detroit... Il sait donc ce que gagner la coupe veut dire, et se voit offrir son premier poste d'entraîneur en chef.

On a également fait venir plusieurs joueurs très expérimentés : Rob Blake, en déclin constant à Los Angeles, Dan Boyle et Brad Lukowich, en provenance de Tampa Bay : les trois défenseurs sont d'anciens vainqueurs de la coupe. Le jeune Matthew Carle en a fait les frais en rejoignant le Lightning, et plus encore l'ancien Kyle McLaren, mis au ballotage. Les trois vétérans compensent le départ de Brian Campbell, arrivé à la deadline mais qui a préféré signer un gros contrat à Chicago, et Craig Rivet, parti à Buffalo. À leurs côtés, les jeunes Christian Ehrhoff, Marc-Edouard Vlasic, Doug Murray et Alex Semenov sont désormais installés.

L'attaque n'a en revanche pas vraiment connu de remaniement. Le passeur vedette Joe Thornton continuera sa moisson au centre de Jonathan Cheechoo, revanchard après une saison difficile, et de Milan Michalek, exceptionnel l'an passé. Le prometteur Joe Pavelski commence à se faire un nom et a repoussé le capitaine Patrick Marleau sur l'aile, avec de l'autre côté le jeune Devin Setoguchi, aux débuts prometteurs. Les travailleurs sont là également, avec des garçons comme Mike Grier, le talentueux mais fragile Ryan Clowe, le bagarreur Jody Shelley ou encore Torrey Mitchell, prometteur pour sa première saison, et Marcel Goc. On trouve aussi et surtout Jérémy Roenick, en état de grâce la saison dernière, terminant à 38 ans en tête de la ligue pour les buts décisifs. Enfin, plusieurs débutants comme Brad Staubitz, Tomas Plihal et Lukas Kaspar vont commencer à percer.

Pour finir, les résultats des Sharks dépendront en grande partie du travail d'Evgeni Nabokov, qui possède cette fois-ci un remplaçant expérimenté en la personne de Brian Boucher. Le jeune Thomas Greiss patientera en ligue mineure après avoir très peu joué l'an dernier. San Jose paraît beaucoup plus expérimenté et plus mordant, reste à voir si les "vieux" en ont encore dans les patins.

 

Ce fut une piteuse élimination dès le premier tour pour les Ducks d'Anaheim, pourtant champions en 2007. La franchise californienne a payé ses hésitations d'effectif, avec un retour tardif de Scott Niedermayer et Teemu Selänne, les deux joueurs réfléchissant à la retraite. Les problèmes de masse salariale ont aussi contraint à faire de la place et ce ne fut pas toujours évident.

Cet été encore, la masse salariale fut la clé des mouvements. Les deux vétérans étant bien présents au camp d'entraînement, c'est le défenseur Mathieu Schneider qui en a fait les frais : mis au ballotage, il a été recruté par Atlanta. Todd Bertuzzi n'a pas non plus été conservé et plusieurs autres éléments sont partis.

Les Ducks paraissent donc un peu affaiblis. Ils conservent un excellent gardien, Jean-Sébastien Giguère, et un remplaçant intéressant, le Suisse Jonas Hiller. La défense demeure une arme exceptionnelle car Chris Pronger et Scott Niedermayer sont encore brillants. Il y moins de profondeur derrière cependant avec des joueurs "peu coûteux" ; François Beauchemin peut apporter offensivement, les autres - Kent Huskins, le rugueux le vétéran Sean O'Donnell, l'ex-Mulhousien Steve Montador, le vétéran Ken Klee, plutôt dépassé depuis quelques années - sont plutôt là pour faire le nombre.

L'attaque est elle aussi remaniée. Doug Weight est parti chez les Islanders et est remplacé par Brendan Morrison, à la relance. La première ligne sera donc composée des trois jeunes valeurs montantes, Chris Kunitz, Corey Perry et le grand pivot Ryan Getzlaf. Morrison jouera avec Selänne. La troisième ligne est en revanche inchangée : Samuel Påhlsson aux côtés de Travis Moen et Rob Niedermayer composent l'une des meilleures lignes défensives de la ligue. Todd Marchant, gros travailleur, joue aussi ce rôle, alors que l'aspect physique appartiendra à deux des plus féroces bagarreurs de la ligue, Brad May et George Parros : régulièrement en tête du classement des bagarres, Anaheim ne va pas changer ses habitudes... mais cette indiscipline risque de mobiliser la défense fréquemment.

Pour le reste, le jeune Bobby Ryan n'arrive pas à percer l'alignement depuis qu'il a été choisi 2e derrière Crosby en 2005. Les jeunes Ryan Carter et Drew Miller, ou encore Brian Sutherby, ancien Capitals, sont sur ce plan plus efficaces... mais surtout moins chers, car c'est bien là ce qui handicape les Ducks. Face à des équipes de plus en plus dangereuses, les Ducks vont devoir cravacher et trouver les finances pour lancer Ryan.

 

S'il y a une équipe qui a marqué les esprits l'an passé, ce sont bien les Stars de Dallas. La franchise texane n'allait nulle part mais un changement dans la direction, l'arrivée de Brett Hull dans le staff, et plusieurs révélations ont propulsé l'équipe parmi les candidats au titre. Après avoir sorti le champion Anaheim puis gagné une série épique contre San Jose, Dallas a fini par manquer de carburant face à Detroit, tout en prenant acte.

La saison 2008-2009 est donc celle de toutes les ambitions. Tout d'abord, Marty Turco a enfin fait taire les critiques avec des playoffs brillants, lui qui a toujours été contesté à cette époque de l'année. Son remplaçant est désormais le jeune Suisse Tobias Stephan. La défense a surpris tout le monde l'an dernier, avec jusqu'à 5 débutants simultanément. Matt Niskanen, véritable athlète, sort du lot et est désormais titulaire indiscutable, avec Nicklas Grossman et Mark Fistric en révélations. Les vétérans Philippe Boucher et Sergei Zubov ont toujours un niveau excellent, même si les inquiétudes au sujet des blessures récurrentes sont réelles. Les mobiles Stéphane Robidas et Trevor Daley complètent des lignes arrières pas très physiques mais redoutables en patinage et orientation du jeu.

L'attaque a elle aussi connu son lot de surprises. Brenden Morrow, promu capitaine, est apparu comme un meneur d'hommes hors pair et un vrai joueur de playoffs, grâce à son style abrasif. Son entente avec Mike Ribeiro, l'ancien "Hab" critiqué mais néo-all star, fut particulièrement efficace. En revanche, Nicklas Hagman a préféré rejoindre Toronto et Antti Miettinen le Minnesota. C'est leur compatriote finlandais, le vétéran Jere Lehtinen, qui jouera sur l'aile droite. En deuxième ligne, le pivot Brad Richards a retrouvé des couleurs en rejoignant l'équipe à la deadline. En revanche, la profondeur de banc est plus décevante à ses côtés : la peste Sean Avery a quitté New York après des playoffs où il a réussi à faire sortir de ses gonds Martin Brodeur par ses mimiques. De l'autre côté, Fabian Brunnström, talent révélé sur le tard, débarque de Suède avec beaucoup de bruit et une forte concurrence cet été de Montréal ou Detroit pour le signer. Est-il aussi bon que cela ? L'ancienne idole Mike Modano ne joue plus à son meilleur niveau depuis longtemps, quant aux jeunes James Neal, Joel Lundqvist, Loui Eriksson ou Chris Conner, ils restent un peu tendres mais arrivent peu à peu au niveau. Les travailleurs rugueux Steve Ott, Toby Petersen, BJ Crombeen ou Krys Barch ne sont pas non plus des stars du genre.

En bref, Dallas s'appuiera surtout sur son jeu défensif très discipliné, un physique très difficile à bouger, et une bonne mobilité, car les buts seront difficiles à venir cette saison. Cependant, le mental énorme de cette équipe devrait suffire à inquiéter ses adversaires.

 

Les Coyotes de Phoenix renaissent de leurs cendres... Les joueurs du désert de l'Arizona, dirigés par le mythique Wayne Gretzky, sont devenus crédibles l'an dernier en frôlant les playoffs après plusieurs saisons noires et une grosse baisse d'affluence. Un joueur résume ce retour au premier plan : Ilya Bryzgalov, l'ancien gardien d'Anaheim, recruté au ballotage... un gardien n°1 contre rien en échange, voila une affaire qui a complètement transformé l'équipe. Le Russe a réussi une saison pleine, s'établissant en ténor de la ligue. Il sera secondé par Mikael Tellqvist, l'ancien de Toronto.

L'évènement de l'été à Phoenix, symbole des nouvelles ambitions, c'est l'arrivée d'Olli Jokinen. L'ancien capitaine des Panthers de Floride débarque avec un CV vierge de tout match en playoffs : c'est le recordman de matches en activité dans ce domaine... autant dire que le Finlandais en a assez des championnats du monde au printemps ! Il centrera la première ligne, un grand gabarit pour lutter face aux meilleurs pivots de l'Ouest, comme Thornton ou Getzlaf. À ses côtés, le capitaine Shane Doan, qui reste sur son record de carrière, et le jeune Peter Mueller. L'Américain a éclaboussé l'équipe de son talent pour sa première saison et verra son rôle accru. La deuxième ligne s'annonce très jeune : Kyle Turris, sorti de NCAA, n'a que quelques matches NHL dans les jambes et le Danois Mikkel Boedker aucun : à 18 ans, il a fait l'équipe à son premier camp. À leurs côtés, le féroce Dan Carcillo, étonnant l'an dernier en terminant avec 12 pts et 152 minutes de prison en 24 matches après le All-Star Game.

La troisième ligne est du même tonneau, avec l'expérimenté ancien champion de France, Steven Reinprecht, le 2e année Martin Hanzal, grand pivot technique, et le bagarreur Toff Fedoruk ou l'autre teigneux, Brian McGrattan. On retrouvera encore des jeunes pour compléter l'effectif, puisque pas moins de 6 débutants ou 2e année postulent : Kevin Porter, vainqueur du Hobey Baker de joueur universitaire de l’année, et son coéquipier de l'université du Michigan Chad Kolarik ; l'ancien universitaire Daniel Winnik, en vue l'an dernier à Phoenix ; les Russes Enver Lisin, en gros progrès, et Viktor Tikhonov, petit-fils du légendaire coach russe, qui a lui aussi gagné sa place à 18 ans ; et enfin, Brett McLean, le buteur pur qui évoluait l'an dernier aux côtés du prodige John Tavares en OHL. Évidemment, on fait mieux côté expérience, mais il était temps que le staff de recruteurs de Phoenix fonctionne !

Et ce ne sera pas mieux en défense. L'arrivée de Jokinen a coûté Keith Ballard et Nick Boynton, aussi les lignes arrières sont encore rajeunies. Les vétérans Ed Jovanovski et Derrek Morris, au profil similaire de gros shooter physique, sont rejoints par le mobile Zbynek Michalek, les solides Kurt Sauer (Colorado) et David Hale (Calgary), les débutants Matt Jones et Logan Stephenson et surtout Keith Yandle, gros manieur de palet qui devrait avoir des responsabilités offensives.

Les Coyotes ont encore des dents de lait, mais l'avenir s'annonce très, très prometteur dans le désert... Il est temps, car les finances sont en chute libre.

 

Du côté des Kings de Los Angeles, on se prépare plutôt à une longue saison en bas de tableau. Les trous dans l'effectif demeurent assez nombreux, même si plusieurs pièces du puzzle commencent à prendre tournure. En explosant saison après saison le nombre de jours à l'infirmerie, Los Angeles peine à conserver un effectif valable.

Le pire, c'est dans les cages où aucun véritable n°1 ne s'est dégagé depuis quasiment 10 ans... Cette fois encore, ce sera expérimental. Jason LaBarbera, star des ligues mineures, et le Suédois Erik Ersberg, intéressant en fin de saison, tenteront leur chance en attendant l'éclosion de Jonathan Bernier.

Les lignes arrières auront du travail, mais elles sont encore bien jeunes avec le départ de Rob Blake à San Jose et de Lubomir Visnovsky à Edmonton. Jack Johnson, pour sa 2e saison, en sera le leader avec deux joueurs plus capés, l'offensif Tom Preissing et le physique Denis Gauthier. Puis, ce ne sont que des jeunes : Matt Greene vient d'Edmonton, Peter Harrold de ligue mineure avec plusieurs apparitions NHL, Kyle Quincey de Detroit via le ballotage, Drew Doughty et Thomas Hickey ont été draftés très haut ces deux dernières années. Doughty, 18 ans, possède un potentiel énorme, et réussir à s'installer en NHL en défense à cet âge-là est suffisamment rare pour être noté.

Que dire de l'attaque ? Une première ligne de très bon niveau, centrée par le Slovène Anze Kopitar, néo-all star, flanqué par Dustin Brown, terreur physique et nouveau capitaine, et le buteur Alex Frolov, puisque Mike Cammalleri est parti à Calgary. La deuxième ligne accueille Jarret Stoll, arrivé d'Edmonton avec Greene contre Visnovsky. Très habile aux mises au jeu, son slap terrible en jeu de puissance sera décisif. À ses côtés, Patrick O'Sullivan, qui s'est établi l'an passé et a finalement resigné après des négociations tendues, et Teddy Purcell, un joueur oublié lors des drafts mais qui a scoré dans toutes les ligues où il a joué. Les seconds couteaux de l'équipe sont des vétérans fragiles physiquement : Kyle Calder, Michak Handzus, Derek Armstrong ont comme point commun d'avoir manqué énormément de matches ces dernières années. Des joueurs physiques, comme Raitis Ivanans, Matt Ellis ou Brad Richardson, varieront le jeu, alors que le grand pivot Brian Boyle apparaît prêt à franchir un cap cette année. Enfin, plusieurs débutants ont obtenu leur place lors du camp : Oscar Möller, Suédois de 18 ans, choisi au 1er tour en juin dernier et venu de junior majeur, et Wayne Simmonds, qui a surpris tout le monde, comme il avait surpris en décrochant une place dans l'équipe canadienne au dernier Mondial junior.

Los Angeles continue donc son patient travail de reconstruction, en espérant que l'infirmerie ne soit pas trop débordée... pas plus que les filets, d'ailleurs. En fait, on attend plutôt de pouvoir choisir un John Tavares ou un Victor Hedman à la draft 2009...

 

 

Conférence est

 

Division nord-est

Vainqueur de la conférence l'an passé, le Canadien de Montréal fait figure de favori. L'équipe a énormément progressé ces dernières années et semble atteindre sa pleine maturité, au moment où tous les jeunes patiemment recrutés franchissent un cap.

L'effectif a fière allure. Dans les cages, Carey Price est désormais le numéro 1, depuis l'échange de Cristobal Huet. Il sera secondé par le jeune Jaroslav Halak et le vétéran Marc Denis. La défense allie mobilité, physique et efficacité. Le départ du Suisse Mark Streit pour un gros contrat aux Islanders risque de gêner le meilleur jeu de puissance de la ligue, mais il reste de bons joueurs : Andrei Markov, brillant l'an passé, Mike Komisarek, vrai leader des lignes arrières, le jeune Ryan O'Byrne, en progrès constants, les vétérans Roman Hamrlik et Patrice Brisebois, la révélation Josh Gorges et le travailleur de l'ombre Francis Bouillon.

En attaque, le spectaculaire Alex Kovalev, si inconstant, reste sur un record de carrière : espérons qu'il n'alterne pas saison magique et saison mitigée, comme d'habitude. Le capitaine Saku Koivu reste efficace dans les deux sens du jeu, de même que Chris Higgins. Tomas Plekanec a lui aussi émergé comme une valeur sûre et sera le centre n°1. Les deux frères biélorusses, Andrei et Sergei Kostitsyn, sont désormais installés et leur brio technique apporte un danger constant. Enfin, deux recrues viennent renforcer un secteur offensif déjà florissant : le vétéran Robert Lang - signé à défaut de Marian Hossa ou Mats Sundin longtemps convoités - et le local Alex Tanguay, en perte de vitesse à Calgary et qui, en tant que francophone, aura une énorme pression. Il compensera les départs de Michael Ryder et Mikhail Grabovski.

Les rôles plus défensifs sont tout aussi bien pourvus avec Maxim Lapierre, Steve Begin, Mathieu Dandenault, Guillaume Latendresse et Tom Kostopoulos, ainsi que le Québécois Georges Laraque, le boxeur le plus redouté de la ligue, recruté pour améliorer la rudesse de l'équipe, mise à mal contre les Flyers en playoffs.

Les camps très prometteurs de Kyle Chipchura, Matt D'Agostini, Ben Maxwell et surtout Max Pacioretty en attaque, ou encore de Yannick Weber et Mathieu Carle en défense, rendent la profondeur de l'effectif assez écœurante ! Pour l'année de son centenaire, le CH, au jeu basé sur la technique et la vitesse, fait peur et est donné favori à l'Est par presque tous les observateurs.

 

Il n'y a pas autant d'attentes du côté des Sénators d'Ottawa. La capitale canadienne avait commencé la saison dernière sur les chapeaux de roues, avant de s'écrouler complètement. Il faut dire que son trio vedette, Heatley-Spezza-Alfredsson, est bien seul sur le plan offensif, et que les trois hommes ont très peu joué ensemble pour causes de blessures. L'intersaison a donc tenté de combler ce manque de profondeur, tout en compensant les départs.

Dans les cages, la controverse Ray Emery a pris fin avec le départ du gardien boxeur vers la Russie. La concurrence avec Martin Gerber, qui fut un véritable cancer dans le vestiaire, n'aura pas lieu avec Alex Auld, ancien gardien de Florida et Vancouver notamment. Malgré tout, le duo paraît plus fragile que la plupart des n°1 de la ligue. La défense a pris un coup également avec le départ de Wade Redden vers les Rangers. Même si son jeu déclinait légèrement, il n'a pas vraiment été remplacé. Et comme le talentueux Andrej Meszaros s'est montré trop gourmant, il a été échangé à Tampa Bay. La défense new-look pose donc des questions. On y retrouve des défenseurs purs, Chris Phillips, Anton Volchenkov et le vétéran Jason Smith, débarqué de Philadelphie. Pour l'aspect offensif, ce sera en revanche plus mitigé : le jeune Brian Lee possède un très bon potentiel, Alex Picard a également un peu de vécu avec les Flyers et Tampa Bay où il a très bien joué l'an dernier. On a donc signé Filip Kuba, quasiment le seul dépositaire du jeu de puissance puisque le dernier arrière, Luke Richardson, jouera plus un rôle de complément, tout comme Brendan Bell, qui n'avait pas percé chez le voisin Toronto malgré une grosse carrière en junior.

Sur le plan offensif, derrière le trio star il y a beaucoup moins de talent. Si Antoine Vermette et Mike Fisher sont de bons buteurs de soutien, on compte surtout des travailleurs de l'ombre. Le rugueux Chris Neil, la peste Jarkko Ruutu, le grand gabarit de Nick Foligno, le rapide Chris Kelly, le défenseur-ailier Christoph Schubert et les vétérans Sean Donovan et Dean McAmmond ne sont pas vraiment des habitués du classement des buteurs.

Un seul débutant a réussi à faire l'équipe : le grand Jesse Winchester, sorti des rangs universitaires. Ottawa maintient un effectif talentueux, mais sans grande profondeur et à la merci de blessures de ses trois vedettes offensives.

 

Les Bruins de Boston ont surpris tout le monde l'an passé en accrochant une place pour les playoffs. Avec un effectif peu connu et une blessure majeure de son capitaine et meilleur marqueur Patrice Bergeron, le sort de la franchise du Massachussets paraissait pourtant scellé, mais la combativité, une saison magique de Marc Savard, plusieurs révélations et la solidité du peu orthodoxe gardien Tim Thomas ont suffi pour obtenir la 8e place, et même menacer Montréal jusqu'au 7e match. Les espoirs de l'entraîneur Claude Julien pour 2008-2009 sont donc de faire aussi bien.

Tim Thomas reste le n°1 dans les buts, secondé par Manny Fernandez. L'ancien gardien du Wild a eu beaucoup de problèmes de blessures mais propose une alternative en cas de coup dur. La défense a beaucoup bénéficié de l'apport de Zdeno Chara, nouveau capitaine : l'ancien Senator fut la tour de contrôle de la défense, avec un temps de jeu considérable et une efficacité dans les deux sens du jeu. À ses côtés, le vétéran Aaron Ward et les "plombiers" Andrew Ference et Shane Hnidy, venu d'Anaheim, s'occuperont de l'aspect physique du jeu. Mark Stuart et Dennis Wideman, plus offensif, sont pour leur part les valeurs montantes à l'arrière.

L'attaque propose des solutions variées, basées principalement sur la vitesse. Marc Savard, passeur génial, centrera Marco Sturm et Michael Ryder, en perte de vitesse à Montréal. Ryder connaît bien Julien, qui fut son entraîneur en junior, en ligue mineure et à Montréal... Patrice Bergeron jouera avec le rapide Per-Johan Axelsson et l'ancien buteur de Calgary Chuck Kobasew, qui avait remporté le titre universitaire avec Boston College en 2001.

Les deux révélations de la saison dernière, le sniper David Krejci et le grand gabarit de Milan Lucic, "power forward" en puissance et comparé au mythique Bruin Cam Neely, accompagneront Phil Kessel, qui a explosé en playoffs. Les trois jeunes forment assurément l'avenir des Bruins, avec des talents complémentaires et un beau leadership, et remplacent donc le vétéran Glen Murray, ancien grand buteur mais désormais disparu de la circulation. Le défensif Stéphane Yelle, très expérimenté, complète l'alignement avec le jeune Vladimir Sobotka, le rapide Finlandais Petteri Nokelainen et le grand Blake Wheeler, choisi au 5e rang par Phoenix il y a quelques années mais qui a refusé de signer pour les Coyotes. Enfin, en cas de bagarre, Shawn Thornton peut être aligné.

Au final, Boston dispose de bons atouts pour batailler pour une place dans les 8 premiers, et pourrait bien surprendre.

 

Les Sabres de Buffalo, deux fois finalistes de conférence, n'ont pas pu confirmer la saison dernière et ont donc manqué les playoffs. La franchise de l'État de New-York a connu un exode massif ces dernières saisons et n'a pas réussi à compenser les départs de Daniel Brière et Chris Drury. Pourtant, avec la 4e attaque de la ligue, on ne peut pas dire que Buffalo ait connu des problèmes offensifs. L'inconvénient, ce sont principalement des blessures à l'arrière, une saison mitigée de Ryan Miller et une production moindre de quelques cadres.

La nouvelle saison laisse toutefois à penser que Buffalo fera encore peur cette saison à pas mal de défenses. Dans les cages, Ryan Miller voudra donc rebondir. Il dispose en Patrick Lalime d'un remplaçant expérimenté. La défense mise beaucoup sur de petits gabarits bons manieurs de palets et gros patineurs. En tête, Jaroslav Spacek, précieux en supériorité. Toni Lydman et Henrik Tallinder forment le duo idéal de défenseurs mobiles et bons relanceurs. Le vétéran Teppo Numminen, 40 ans, revient après une saison entière manquée pour une opération du cœur. Le Finlandais a beaucoup manqué l'an passé, son expérience et son calme stabilisant l'arrière-garde. Un autre vétéran est arrivé cet été : Craig Rivet, ancien "Habs" et Sharks, promu immédiatement capitaine ; il apportera dans les deux sens du jeu. Enfin, l'éclosion d'Andrej Sekera devra être très rapide, car sera chargé de remplacer Brian Campbell, échangé à la deadline en mars dernier, véritable meneur offensif. Nathan Paetsch, joueur de devoir, complète la défense.

L'attaque constitue le point fort de l'équipe, avec une pléthore de marqueurs de 20 buts potentiels. La star autrichienne Thomas Vanek visera le plateau des 40 buts, atteint il y a deux ans ; Lindy Ruff compte même l'utiliser en infériorité. À ses côtés, les deux magiciens de l'an passé : le petit Derek Roy et le sniper Jason Pominville, qui ont connu leur record de carrière en atteignant les 80 pts. Un autre buteur pur, Ales Kotalik, roi des tirs au but, jouera en deuxième ligne avec le vétéran allemand Jochen Hecht et l'explosif Maxim Afinogenov, gros patineur mais décevant l'an dernier, même s'il fut souvent blessé.

Capables de marquer également, le fragile Tim Connolly et les deux valeurs montantes, Drew Stafford et Daniel Paille, qui progressent peu à peu dans l'alignement, de même que Clarke McArthur, ancien champion du monde junior qui n'a plus rien à prouver en AHL. Pour le travail plus défensif, le grand pivot Paul Gaustad, Adam Mair et le local Patrick Kaleta, Matt Ellis et le bagarreur Andrew Peters complètent l'alignement.

Buffalo fera sans doute exploser bien des défenses grâce à sa vitesse exceptionnelle, quitte à lancer d'autres fusées en cours de saison, comme Nathan Gerbe, MVP de la dernière finale universitaire malgré un gabarit à la Theo Fleury. Les Sabres ont les dents longues et constituent l'un des prétendants au titre...

 

C'est la fin d'une époque pour les Toronto Maple Leafs. Une nouvelle saison noire sans playoffs, et plusieurs cadres ont été remerciés et le staff chamboulé. La coupe échappe à la franchise ontarienne depuis 1967 et, pour une partie du public, Toronto est une excellente équipe de golf et un bon sujet d'amusement !

Un été chargé a donc tourné plusieurs pages et commencé de nouveaux chapitres. Le bâtisseur des Sharks de San José, Ron Wilson, débarque en tant qu'entraîneur, avec sa rigueur et sa vision du jeu reconnues. Le défenseur vedette Bryan McCabe a été envoyé chez les Panthers de Floride, son inconstance, sa fragilité et son indiscipline ayant eu raison du staff. Exit aussi Darcy Tucker, l'un des piliers de l'équipe, parti au Colorado. Enfin, le meilleur marqueur depuis près de 15 ans, Mats Sundin, en fin de contrat, n'est plus là. Les droits sur le Suédois ont été cédés à Montréal, qui n'a pas pu profiter de l'exclusivité pour lui faire signer un contrat. Le vétéran est toujours en attente, faisant lanterner toute la NHL... Toronto devra donc jouer sans lui et sans grande relève.

Le seul point positif de la saison dernière, c'est que Vesa Toskala est apparu comme un gardien n°1 crédible, à défaut d'être exempt de critiques. Il sera secondé par un revenant : Curtis Joseph, qui avait porté l'équipe plusieurs saisons durant vers les sommets de la ligue. La défense possède toujours en Tomas Kaberle l'un des meilleurs arrières de la ligue, mais le Tchèque est un peu moins entouré. Pavel Kubina a bien souvent été comparé à un cône de chantier, dépassé par des attaquants bien trop rapides pour lui : il lui faudra rebondir. En retour de McCabe, Toronto a acquis Mike Van Ryn, un défenseur mobile et productif, quoique fragile. Jeff Finger vient aussi rejoindre l'équipe, après s'être montré solide à Colorado. Enfin, plusieurs jeunes avec plus ou moins d'expérience NHL complètent l'alignement : Ian White, aux débuts intéressants l'an dernier ; Anton Stråalman, le Suédois au patinage reconnu ; Carlo Colaiacovo, un habitué de l'infirmerie ; Jonas Frögren, encore un Suédois ; et surtout, Luke Schenn, 5e choix de la draft en juin et champion du monde junior, un défenseur pur de 18 ans à la maturité étonnante.

En attaque, les interrogations sont nombreuses. Nik Antropov est propulsé centre n°1, mais le Kazakh n'a jamais été très régulier. À ses côtés, Alexei Ponikarovsky et le vétéran Jason Blake, absent une bonne partie de la saison dernière. En deuxième ligne, Mikhail Grabovski se voit enfin offrir une chance, lui qui était barré à Montréal. Il rejoint le talentueux jeune tchèque Jiri Tlusty et le Finlandais Niklas Hagman, très en vue à Dallas l'an dernier.

Matt Stajan et Alex Steen doivent franchir un palier, avec le "vieux" Jamal Mayers, en provenance de St Louis, comme guide. Enfin, plusieurs jeunes ont également fait l'équipe : le Russe Nikolai Kulemin et le buteur John Mitchell rejoignent le défensif Dominic Moore en 4e ligne. Les jeunes ont en tout cas renvoyé des joueurs d'expérience comme Boyd Devereaux et Mark Bell en ligue mineure... Reste à voir si l'équipe ne fait pas trop patchwork, avant un nouveau tournoi de golf au printemps.

 

 

Division Atlantique

Le finaliste de la coupe Stanley, les Pittsburgh Penguins, a tenté de digérer la déception cet été. La réussite précoce de cet effectif assez jeune laisse encore beaucoup d'espoirs aux dirigeants de succéder à la génération Lemieux-Jagr, championne en 1992 et 1993.

Pourtant, l'intersaison n'a pas été évidente. Il a fallu signer à long terme les cadres de l'équipe : Fleury, Malkin et Orpik, après Crosby l'an dernier, ainsi que l'entraîneur Michel Therrien. Le gardien remplaçant Ty Conklin, étonnamment solide lorsque Marc-André Fleury était blessé, a rejoint le vainqueur Detroit, en compagnie de... Marian Hossa. L'attaquant slovaque acquis à prix d'or à la date limite des transactions a refusé un contrat à long terme, estimant avoir plus de chances de gagner avec les Red Wings et un contrat d'un an... Un coup dur pour les fans des Penguins, qui ont donc du se "contenter" de Miroslav Satan, en perte de vitesse aux Islanders depuis son départ de Buffalo. Il a aussi fallu remplacer Ryan Malone, parti à Tampa, par Ruslan Fedotenko. Tampa Bay a aussi récupéré Gary Roberts et Adam Hall, alors que les teigneux Georges Laraque et Jarkko Ruutu partaient à Montréal et Ottawa.

Malgré tout, l'équipe possède encore tous ses atouts, l'expérience en plus. Fleury est un n°1 établi qui a montré sa solidité dans les matches couperet des playoffs. Il sera secondé par Dany Sabourin, brillant en AHL et qui compte plusieurs apparitions en NHL, plus ou moins réussies. La défense combine les manieurs de palet comme Ryan Whitney, Sergei Gonchar et Kristofer Letang aux joueurs physiques, comme Brooks Orpik, Hal Gill, Rob Scuderi, le vétéran Darryl Sydor et Mark Eaton. Le débutant Alex Goligoski, sorti de NCAA et après une saison énorme en AHL, laisse présager de très bonnes choses également et sera même lancé directement en meneur de jeu de puissance avec Letang, puisque Whitney (opéré du pied gauche qui l'a handicapé toute la saison) et Gonchar (blessé à l'épaule gauche) sont absents pour des durées assez longues, très pénalisantes pour Pittsburgh.

Fort heureusement, l'attaque peut très bien se débrouiller. Sidney Crosby et Evgeni Malkin postuleront en effet encore une fois au titre de meilleur marqueur de la ligue et les potentiels buteurs sont légion : Satan, Petr Sykora, Pascal Dupuis, étonnant en playoffs, Ruslan Fedotenko, ancien vainqueur de la coupe avec Tampa Bay et buteur décisif à l'époque lors du match 7 face aux Flames, mais aussi des joueurs travailleurs comme Jordan Staal, décevant l'an dernier, Maxime Talbot, Tyler Kennedy et Mike Zigomanis, très utile aux mises au jeu. En revanche, Matt Cooke débute à l'infirmerie, ce qui libère une place pour un bagarreur : Éric Godard et Paul Bissonnette alterneront pour ce rôle en remplacement d'André Roy et Georges Laraque. Bill Thomas, ancienne star universitaire et joueur de Phoenix, complète l'alignement en tant qu'option offensive de remplacement. Pittsburgh peut sans doute espérer beaucoup cette année.

 

Les Rangers de New York ont sérieusement rajeuni au cours de l'été. La saison 2007-2008 fut plutôt bonne, avec l'élimination du voisin New Jersey puis un 2e tour de playoffs. Malheureusement, la vitesse de Pittsburgh a fait la différence.

Le vieillissement de certains cadres a donc contraint le staff à quelques retouches. Jaromir Jagr, capitaine et marqueur infatigable, a décidé de quitter la NHL et de rejoindre Omsk, où il avait passé de bons moments durant le lockout. La non-reconduction de Brendan Shanahan, quasi quadragénaire également, laisse l'attaque des Rangers affaiblie. Pour compenser, on a sorti le carnet de chèques pour signer l'ancien capitaine des Canucks Markus Näslund, en perte de vitesse depuis plusieurs saisons. Il jouera avec le passeur Scott Gomez et le leader Chris Drury, décevant l'an dernier. L'émergence de Daniel Girardi et Marc Staal à l'arrière a permis d'échanger Fedor Tyutin et Christian Bäckman à Columbus, pour obtenir en retour le talentueux mais inconstant Nikolai Zherdev et le jeune Danny Fritsche, solide défensivement mais qui peine à franchir un cap offensif en NHL. Enfin, la peste Sean Avery, aussi utile que détestable, n'a pas été conservé et est parti à Dallas, malgré un impact non négligeable sur les résultats de l'équipe.

Ce sont les jeunes qui vont donc prendre le pouvoir, à commencer par Brandon Dubinsky. Le natif de l'Alaska, rapide et physique, retrouve deux compatriotes : Gomez et Aaron Voros, eux aussi natifs du 49e état. Voros fut l'une des révélations du Wild, efficace en jeu de puissance et tenace physiquement. Ses performances en pré-saison ont fait parler, d'autant qu'il avait connu un cancer durant sa carrière universitaire qui avait manqué de peu de lui valoir une amputation d'une jambe. Une "success-story" qui aidera en tout cas le jeu de puissance new-yorkais, ce clone de Tomas Holmström promettant beaucoup.

Le petit Nigel Dawes, le leader Ryan Callahan, Fredrik Sjoström et le rapide Finlandais Lauri Korpikoski, pour ses débuts NHL, sont d'autres potentiels buteurs, alors qu'on attend le rebond de Petr Prucha, buteur pur en perdition l'an dernier. L'aspect défensif sera confié aux seuls Blair Betts et Pat Rissmiller, ex-Shark, et les bagarres à Colton Orr.

La défense est intéressante, mettant l'accent sur les joueurs mobiles au bon patinage. Michal Rozsival a émergé comme un défenseur de très haut niveau et sera rejoint par Wade Redden, en fin de contrat à Ottawa. Paul Mara, Dan Girardi et Marc Staal sont tout aussi polyvalents, et l'arrivée de Dmitri Kalinin du voisin Buffalo offre une bonne profondeur. Curieusement, aucun gros défenseur physique dans l'alignement, mais plutôt des relanceurs. Dans les cages, "King" Henrik Lundqvist est un prétendant au trophée Vézina, et sera secondé par Stephen Valiquette, l'un des plus grands portiers de la NHL... par la taille.

Au final, les Rangers alignent l'une des plus jeunes moyennes d'âge mais ne sont pas dénués de talent, grâce à des profils variés et des patineurs rapides. La qualification en playoffs semble un minimum.

 

Faire du neuf avec du vieux : telle fut l'intersaison des Devils du New Jersey. À l'issue d'une saison régulière toujours aussi sérieuse, et d'un nouveau trophée Vézina pour Martin Brodeur, New Jersey n'a rien pu faire contre son voisin des Rangers. Battus 8 matches sur 8 en saison régulière, Brent Sutter et ses hommes n'ont pu qu'arracher un match sur cinq en playoffs.

Une piteuse sortie dès le premier tour qui a poussé le mythique manager Lou Lamoriello à renforcer plusieurs secteurs : l'agressivité, l'expérience, le jeu de puissance et le jeu devant la cage. Et pour cela, il a ramené des vieilles connaissances... Brian Rolston, meilleur marqueur du Wild, sera le centre n°1 d'une équipe qu'il a quitté en 1995-1996 après une coupe Stanley. À 35 ans, il se révèle toujours aussi efficace dans tous les secteurs du jeu, grâce notamment à son slap exceptionnel... qu'il utilise parfois même aux tirs au but. Côté expérience, agressivité et présence devant le but, Bobby Holik se pose lui aussi en modèle. À 37 ans, l'Américano-Tchèque, éleveur de chevaux à l'occasion, revient au club après son départ pour les Rangers en 2001. À voir combien de carburant reste dans le moteur des deux "anciens", mais ils constituent un bon morceau du puzzle.

Rolston devrait en effet relancer une attaque anémique, la pire des 16 qualifiés en playoffs. Patrik Elias, meurtri par la perte du capitanat, et le lutin Brian Gionta ont connu des saisons difficiles, peinant à s'intégrer au système Sutter et privés d'un centre n°1 avec le départ de Scott Gomez. La deuxième ligne a mieux contribué, surtout parce que Zach Parise a explosé comme la star de l'équipe. Le jeune Américain, champion du monde junior et MVP du tournoi en 2004, brille dans les deux sens du jeu et son tempérament de battant le rend précieux. Le capitaine Jamie Langenbrunner peut lui aussi contribuer, même s'il tombe parfois dans l'indiscipline. Travis Zajac, décevant pour sa 2e année, a beaucoup travaillé cet été pour gagner en vitesse, physique et jeu défensif. En revanche, il n'y a pas grand monde pour marquer après eux. John Madden et Jay Pandolfo sont des références en matière d'attaquant-défensif, privés cette fois de Sergei Brylin, triple champion NHL qui n'a pas été reconduit après un déclin sensible. Dainius Zubrus, David Clarkson et Mike Rupp possèdent un jeu physique intéressant, avec un profil d'avant travailleur "à la Devils", mais sans gros potentiel offensif, le Lituanien ayant déçu sur ce plan l'an dernier.

Pas d'attaque, et une défense peu connue. Le sous-estimé Paul Martin pour l'offensive, et des travailleurs de l'ombre derrière lui : le physique Colin White, les relanceurs Johnny Oduya et Mike Mottau, révélations l'an dernier, et des joueurs de complément comme l'offensif Andy Greene et le rugueux Sheldon Brookbank. La bonne nouvelle, c'est que le solide Bryce Salvador, arrivé blessé au printemps dernier, a rempilé pour apporter un jeu typique des Devils, fait de bon positionnement et de jeu dépouillé. L'international finlandais Anssi Salmela à l'arrière et le jeune Tchèque Petr Vrana, clone de Brylin, sont les seuls débutants à avoir fait l'équipe, mais auront sans doute un temps de jeu limité.

New Jersey sera de toute façon dans la course aux playoffs et même au titre : Martin Brodeur devrait battre le record historique de victoires et de matches de Patrick Roy, et peut-être même celui des blanchissages... Avec un tel rempart derrière, le nombre de buts marqués ne compte guère.

 

Les Flyers de Philadelphie n'ont pas fait grand chose pour devenir populaires la saison dernière. Accumulant les suspensions pour des charges violentes ou des blessures longue durée chez l'adversaire (20 matches de suspension pour Downie sur Dean McAmmond, 2 pour Jones sur Patrice Bergeron, out pour l'année, 25 pour Boulerice sur Ryan Kesler, 2 pour Hartnell sur Andrew Alberts, et encore Downie sur Jason Blake...), éliminant ensuite Washington dans une série incroyable puis Montréal au 2e tour des playoffs, les Flyers ont poursuivi la bonne tradition des "Broadstreet Bullies", cette génération des années 1970 dont la rudesse sur la glace inspira des films comme Rollerball... tout en ayant, il faut bien le dire, un certain brio offensif, car finir dernier en 2007 et finaliste de conférence en 2008, c'est assez inédit.

La saison 2008-2009 promet d'être plus sage. Le retour aux playoffs l'an passé a redonné des couleurs aux ambitions des Pennsylvaniens. Ils ont tout d'abord trouvé un gardien n°1 avec l'ex-Sabre Martin Biron. Puis, ils ont découvert de très bons défenseurs : Kimmo Timonen, Braydon Coburn, obtenu quasiment pour rien d'Atlanta et possible prétendant au Norris dans l'avenir, Randy Jones. La nouvelle version fait la part belle aux jeunes revanchards, comme Andrew Alberts, lâché par Boston, Steve Eminger, lâché par Washington, mais aussi aux Finlandais puisque, outre Timonen, Ossi Väänänen et Lasse Kukkonen défendent la zone de Biron.

Le vétéran trop lent Derian Hatcher, blessé, aura du mal à reprendre sa place (et vu son salaire, ce n'est pas vraiment le but du staff), car la compétition fut incroyablement élevée dans ce secteur au camp d'entraînement, au point que Bryan Bérard, invité pour un énième come-back, s'y est cassé les dents. Danny Syvret et Ryan Parent, anciens champions du monde junior, le Suisse Tim Ramholt, les anciennes stars universitaires Chris Zarb et Nate Guenin, ainsi que Sean Curry ont tous résisté jusqu'à la fin du camp avant de se faire souffler leur place par un gamin de 18 ans : Luca Sbisa, Suisse choisi au 1er tour en juin dernier. Incroyable de maturité, il a su se tailler une place et faire de la draft 2008 une réussite précoce et rarissime pour les défenseurs (Doughty, Pietrangelo, Bogosian, Schenn). Cette profondeur sera probablement utile, soit pour compenser les blessures, soit pour des échanges ultérieurs.

L'attaque dispose de la même longueur de banc : une première ligne talentueuse, avec les buteurs québécois Simon Gagne et Daniel Brière, centré par le nouveau capitaine, Mike Richards, et son contrat de 15 ans. Jeff Carter sera le grand pivot de la deuxième ligne avec le vétéran buteur Mike Knuble et le féroce Scott Hartnell. Glen Metropolit, habitué des championnats européens, remplacera R.J. Umberger, que les Flyers n'ont pas pu conserver à cause des problèmes de masse salariale. Il aura à ses côtés Joffrey Lupul et Scotty Upshall, deux jeunes qui n'ont pas vraiment réussi à exploser sur la durée. Pour les muscles, la peste Steve Downie centrera Arron Asham, venu du New Jersey voisin, et Riley Cote, le rôle de 13e attaquant étant confié au débutant Jared Ross, scoreur prolifique en NCAA il y a quelques années au sein de la toute petite équipe de Niagara, peu renommée pour ses joueurs NHL. Au cas où, la jeune star québécoise Claude Giroux, l'Autrichien Andreas Nödl et l'inconnu Darroll Powe ont suffisamment prouvé en pré-saison... Philadelphie possède toutes les armes pour viser très haut cette année comme les suivantes.

 

Les Islanders de New York n'ont pas beaucoup d'attentes pour cette nouvelle saison. En fait, le seul moment mémorable de la saison dernière fut la liaison officialisée entre Mike Comrie et l'actrice Hillary Duff... De multiples départs ont cassé l'élan de la qualification en playoffs 2007, et la saison fut marquée par des blessures et suspensions récurrentes. Pire, l'entraîneur Ted Nolan et le manager général Garth Snow n'ont jamais réussi à s'entendre, aboutissant au limogeage du premier par le second.

Le nouvel entraîneur se nomme Scott Gordon, et a brillé en AHL. Il aura la lourde tâche de tout reconstruire avec des jeunes. Dans les buts, Rick DiPietro, fragilisé par des blessures, commence à peine son contrat de 16 ans. Son remplaçant sera un ancien espoir des Wings, Joey McDonald, avec l'ancien espoir de Montréal, Yann Danis, en soutien. La défense a réussi à attirer Mark Streit, pour mener le jeu de puissance aux côtés du fragile Chris Campoli. Bruno Gervais et Radek Martinek espèrent eux aussi échapper à l'infirmerie. Les vétérans Andy Sutton et Brendan Witt apporteront l'aspect physique de la défense. Mais avec Martinek, Sutton et Campoli sur le flanc dès la pré-saison, on a du lancer des jeunes ou des revanchards : Freddy Meyer, barré aux Flyers, et l'Autrichien Thomas Pöck, barré aux Rangers, reçoivent donc une chance, de même que Jack Hillen, tout juste sorti de Colorado College, où il était capitaine.

L'attaque s'appuiera sur Mike Comrie et Bill Guerin en fers de lance, avec deux autres vétérans au centre : Doug Weight et Mike Sillinger, longtemps blessé et encore absent en début de saison. L'aile droite est prometteuse avec la jeune star montante Kyle Okposo, décisif en universitaire, mais aussi Trent Hunter et le Finlandais Sean Bergenheim. L'aile gauche est plus énigmatique. Richard Park, plutôt habitué aux tâches défensives, Jon Sim, petit gabarit inconstant qui avait un temps joué aux côtés de Kovalchuk aux Thrashers, Andy Hilbert, éternel espoir déçu de Boston, et Jeff Tambellini, qui peine à s'imposer.

Ajoutons à ce mélange un peu bancal un vétéran de ligue mineure, Nate Thompson, et un jeune centre de 18 ans, Josh Bailey, 1er choix de l'équipe en juin dernier et qui a surpris en gagnant sa place. Hormis Jeremy Colliton et Blake Comeau, il n'y a pas grand chose de valable dans l'équipe réserve, on peut donc s'attendre à une longue saison à Long Island...

 

 

Division sud-est

Les Capitals de Washington sont la seule équipe de la division à avoir disputé les derniers playoffs, à l'issue d'une dernière ligne droite ébouriffante. Malheureusement, malgré une série épique, ils ont perdu dès le premier tour face aux Flyers. L'intersaison a donc principalement consisté en des ajustements pour consolider les progrès affichés.

Dans les cages, une page s'est tournée lorsque Olaf Kölzig, mis sur le banc lors de l'arrivée de Cristobal Huet à la deadline, est parti à Tampa Bay, quittant le seul club qu'il ait jamais connu. Titulaire incontestable pendant une douzaine d'années, l'Allemand n'est plus tout jeune... Cependant, les Capitals n'ont pas su convaincre Huet de rester et se sont donc retrouvés sans gardien : ils ont ainsi signé l'ancien joueur de l'année José Théodore, en perte de vitesse depuis plusieurs saisons mais qui reste sur des prestations correctes à Colorado. L'espoir qu'il retrouve son niveau est demeuré plus fort que les incertitudes qu'il amène. Brent Johnson sera son remplaçant.

La NHL a découvert Mike Green l'an dernier : l'arrière a empilé buts et points pour devenir l'un des défenseurs offensifs les plus étonnants de sa génération. Il sera le meneur dans ce secteur, grâce à son shoot précis et son patinage fluide. À ses côtés, plusieurs jeunes arrivent à maturité : Shaone Morrisonn et Milan Jurcina, deux anciens de Boston, ainsi que Jeff Schultz ont beaucoup progressé. Les vétérans Tom Poti et Brian Pothier apportent des qualités offensives intéressantes. Enfin, Sergei Fedorov, l'un des meilleurs centres des années 1990, trouve une seconde jeunesse en tant que défenseur dans cette équipe.

L'attaque est explosive : Alexander "the Gr8" Ovechkin vient de terminer joueur de l'année et meilleur buteur et marqueur, après avoir porté l'équipe sur ses épaules toute la saison. Le Russe est tout simplement exceptionnel, un mélange de buteur pur et de terreur physique, accumulant les mises en échec et les buts spectaculaires par son jeu plein d'énergie. Il a été mis sous contrat durant l'été pour 13 ans et un record de 124 millions de dollars... À ses côtés, Nicklas Bäckström a réussi une première saison prometteuse. Alexander Semin sur l'aile droite fut plus décevant mais reste un sniper très dangereux.

En deuxième ligne, les vétérans Michael Nylander et Viktor Kozlov ont proposé une bonne saison et devront gagner en régularité. Brooks Laich, surprenant l'an dernier dans un rôle plus offensif, jouera sur l'aile gauche. On retrouve ensuite Boyd Gordon et le néo-international tchèque Tomas Fleischmann, qui ont eux aussi franchi un palier, en compagnie du capitaine Chris Clark, longtemps blessé l'an dernier. Les travailleurs Donald Brashear, David Steckel et Matt Bradley s'occuperont des tâches obscures, alors que Eric Fehr, buteur prolifique en junior mais qui peine à s'installer en NHL, sera le 13e attaquant pour une utilisation principalement en jeu de puissance.

Bruce Boudreau, coach de l'année, n'a donc pas un effectif très différent de la saison dernière et espère les mêmes résultats.

 

Champions en 2006, les Carolina Hurricanes ont manqué les playoffs deux fois de suite depuis. La saison dernière fut particulièrement difficile à digérer puisque les 'Canes ont manqué le titre de division et la qualification en perdant le tout dernier match face aux Panthers. Le staff a donc choisi de faire quelques mouvements importants à l'intersaison pour rebondir.

Dans les cages, Cam Ward, MVP des playoffs 2006, est un titulaire bien établi sans avoir brillé plus que cela l'an dernier : record de victoires mais pourcentage d'arrêts moyen. Il sera secondé par Michael Leighton, grand baroudeur et plus habitué aux ligues mineures.

La défense a connu beaucoup d'évolutions : Brett Hedican et Glen Wesley ne sont plus là, de même que Mike Commodore, dont la célèbre chevelure vendue aux enchères après la victoire en 2006 l'avait rendu très populaire dans le public. La conduite des arrières est désormais confiée à Tim Gleason et Joe Corvo. Carolina a aussi échangé son fragile "power forward" Erik Cole à Edmonton, obtenant en retour Joni Pitkänen, très bon manieur de palet. Le reste de l'escouade aura un rôle plus défensif : Frantisek Kaberle et Niclas Wallin sont en fin de carrière, Dennis Seidenberg et Anton Babchuk manquent de constance. Josef Melichar servira de soutien.

L'attaque demeure un point d'interrogation. Quelques anciens, des joueurs très fragiles et des travailleurs peu efficaces devant le but, voila ce que Peter Laviolette devra mener. En vedette, Eric Staal, l'un des meilleurs centres de la NHL, qui aura deux ailiers efficaces : Justin Williams et Ray Whitney. Rob Brind'Amour, qui se bonifie avec l'âge, centrera la deuxième ligne et jouera dans les moments clés grâce à sa domination aux mises au jeu : il est précieux défensivement. Les deux ailiers qui l'accompagnent sont des habitués de l'infirmerie et de la rubrique "inconstance" : Tuomo Ruutu, acquis de Chicago contre Andrew Ladd l'an dernier, et Sergei Samsonov, qui a retrouvé des couleurs après plusieurs saisons noires, inscrivant 32 pts en 38 matches à Carolina.

Matt Cullen apportera en jeu de puissance, avec le vétéran Scott Walker et Ryan Bayda, qui a longtemps végété en ligue mineure. Les travailleurs sont Chad LaRose, le bagarreur Wade Brookbank et le débutant Brandon Sutter, fils du coach des Devils et nouveau représentant de la célèbre grande famille Sutter. Aucun des trois n'est un grand buteur. Le 13e sera Patrick Eaves, venu d'Ottawa l'an dernier. La surprise du camp fut Zach Boychuk, 18 ans, qui a fait l'équipe après avoir remporté la coupe Mémorial, la grande finale du junior majeur, avec les Spokane Chiefs.

Carolina dispose de bons atouts pour se qualifier en playoffs mais n'a pas une grosse marge de manœuvre. La fragilité des attaquants et de la défense, seulement 25e l'an dernier, risque de leur coûter cher.

 

Les Panthers de Floride progressent. La saison dernière, ils ont fait plutôt bonne figure, terminant en trombe. Mais il n'y a toujours pas de playoffs pour cette équipe qui ne s'est plus qualifiée depuis les années Pavel Bure, en 2000.

L'été a donc été chargé : Peter DeBoer, après une brillante carrière d'entraîneur pour les Kitchener Rangers en OHL, débarque sur le banc, Jacques Martin se concentrant sur son rôle de manager général. Puis, après le piteux échange Luongo vers Vancouver, qui n'a pas rapporté grand chose (Auld et Bertuzzi ne sont plus là, seul Bryan Allen est installé), Florida a cédé son autre all-star Olli Jokinen. Le capitaine et meilleur marqueur de l'équipe était en conflit avec le coach Jacques Martin. Il a donc été échangé aux Coyotes de Phoenix, avec en retour deux défenseurs, Nick Boynton et Keith Ballard.

Soudain, la défensive des Panthers parait plus étoffée, avec aussi Bryan Allen, très solide, et surtout Jay Bouwmeester, aux progrès considérables l'an dernier, où il a mené la NHL en temps de jeu. Bryan McCabe a également été obtenu de Toronto pour développer un jeu de puissance trop faible, alors que le vétéran Karlis Skrastins et le jeune Noah Welch complètent l'alignement dans des rôles plus défensifs ; l'ancienne star de SM-Liiga Cory Murphy, décevant l'an dernier, bouchera les trous. Une arrière-garde qui a fière allure, d'autant que Tomas Vokoun a été plutôt bon devant les filets l'an dernier. Son remplaçant, Craig Anderson, a lui été assez incroyable en l'absence du Tchèque, constituant une petite révélation.

La défense a été renforcée, mais l'attaque affaiblie par le départ de Jokinen. Il n'y a plus de star devant, les buts devraient donc être répartis entre plusieurs éléments talentueux mais souvent inexpérimentés. Stephen Weiss, au jeu défensif intéressant mais qui n'a jamais dépassé 50 pts, est propulsé premier centre aux côtés du nouvel arrivant Cory Stillman, double vainqueur de la coupe Stanley et précieux en jeu de puissance. Sur l'aile droite, Richard Zednik revient au jeu après l'incident dramatique du début d'année, où il avait été touché à la gorge par un patin.

La deuxième ligne est très prometteuse. Nathan Horton, buteur physique et "power forward" en devenir, centrera le rapide Rostislav Olesz, aux progrès constants, et surtout David Booth, le nouveau chouchou du public et révélation de l'année. L'ailier gauche, ancienne star universitaire, est considéré par beaucoup d'experts comme l'une des valeurs montantes de la ligue grâce à son jeu énergique et sa précision. En troisième ligne, le jeune Tchèque Kamil Kreps, qui s'est installé l'an dernier, centrera Brett McLean, buteur occasionnel, et Radek Dvorak, au profil identique.

Les tâches défensives seront confiées à Gregory Campbell, plutôt doué dans ce rôle, au Finlandais Ville Peltonen, décevant l'an dernier, et au gros bras Wade Belak, qui sera surtout là pour les bagarres. En soutien, deux jeunes ont gagné leurs places : Anthony Stewart, ancien premier choix décevant mais qui a terminé meilleur marqueur de l'équipe en pré-saison et paraît avoir franchi un cap, et Michael Frolik, meilleur marqueur des Tchèques au dernier Mondial junior. Il y a encore du réservoir après eux, puisque Shawn Matthias, apparu quelques matches l'an dernier, et Michal Repik, champion en junior majeur en 2007, ont réussi un très bon camp.

Florida progresse mais compenser la perte de Jokinen sera très difficile pour une attaque qui était déjà faible l'an dernier. C'est peut-être la défense qui sauvera les Panthers dans une division somme toute assez modeste.

 

La saison 2007-2008 a vu les Thrashers d'Atlanta faire un gros pas en arrière. Disputant les playoffs pour la première fois en 2007, la franchise de Géorgie est passée complètement au travers l'an dernier, virant Bob Hartley dès le début de saison pour confier l'intérim au manager général Don Waddell.

En cause, les mêmes maux que depuis la création de l'équipe en 1999, une défense passoire. Si le gardien Kari Lehtonen est assez bon, il reste fragile physiquement et peine à franchir le cap de superstar que beaucoup lui prédisaient en junior. Il sera secondé par Johan Hedberg. Il faut dire qu'ils ne sont pas aidés par une défense patchwork. On n'y trouve quasiment que des joueurs dont les autres ne voulaient plus... L'été a fait le ménage et permis de lancer plusieurs jeunes. En tête de liste, Tobias Enström : le petit gabarit suédois fut la révélation de l'année passée, apportant beaucoup offensivement grâce à des qualités de patinage au-dessus de la moyenne. Il aura à ses côtés un vétéran, Mathieu Schneider, récupéré d'Anaheim. Un autre habile relanceur, Ron Hainsey, débarque de Columbus. Niclas Hävelid le secondera dans le rôle défensif. Le rugueux Garnet Exelby, très populaire auprès du public, aura le même rôle, de même que le débutant Nathan Oystrick, fort d'une belle carrière universitaire. L'attraction sera toutefois Zach Bogosian, 18 ans et choisi en juin dernier lors de la draft. Ce grand gabarit, au jeu très physique, a marqué un point par match en OHL sous les couleurs de Peterborough, et constitue enfin un grand espoir à l'arrière pour Atlanta (l'échange Braydon Coburn contre Alexei Zhitnik hantant encore l'esprit des fans...).

L'attaque suivra les consignes d'un nouvel entraîneur, John Anderson, au CV impressionnant : 4 titres en ligue mineure, dont deux avec la filiale d'Atlanta, les Chiacgo Wolves. Il aura la lourde tâche de diriger Ilya Kovalchuk, la star offensive et buteur pur de l'équipe. Malheureusement, l'échange Marian Hossa au printemps dernier le laisse bien seul. Au centre, on retrouve en effet Todd White, qui jouait en 2e ou 3e ligne à Ottawa et Minnesota. À droite, Jason Williams, qui n'était qu'un scoreur de soutien à Detroit et Chicago.

En deuxième ligne, le vieillissant Vyacheslav Kozlov et les deux jeunes acquis de Pittsburgh contre Hossa, Erik Christensen et Colby Armstrong, au potentiel intéressant de buteur d'appui. Puis, Eric Perrin, honnête scoreur de soutien également, Marty Reasoner, utile aux mises au jeu et au travail défensif, et Bryan Little, au potentiel offensif plus prometteur mais encore très jeune. Pas mieux en 4e ligne avec Eric Boulton et Chris Thornburn, pour les bagarres, et Jim Slater pour le travail défensif. Le buteur pur Brett Sterling, petit gabarit à la carrière universitaire et AHL prolifique, jouera en 13e attaquant, pour le jeu de puissance.

Bref, l'attaque ne fait pas vraiment peur, et la défense non plus... On reconstruit à Atlanta, si tant est qu'on y ait jamais construit quelque chose depuis 1999.

 

L'équipe qui aura le plus changé à l'intersaison, c'est incontestablement le Lightning de Tampa Bay. Le champion 2004 ne va nulle part depuis le titre, la descente aux enfers culminant avec une dernière place l'an passé. Bref, tout a changé en quelques semaines. John Tortorella limogé, le manager Jay Feaster démissionnaire, le premier choix de la draft avec l'attaquant Steven Stamkos, pas moins de 16 agents libres signés et trois échanges, et un contrat monstrueux pour Vincent Lecavalier...

Résumons ! Sur le banc, Barry Melrose s'installe : l'analyste de la chaîne de télévision ESPN n'a pas entraîné depuis 1993, lorsqu'il avait mené Los Angeles à la finale de la coupe Stanley. Au moins, cela attirera sur le plan médiatique ! Dans les buts, Mike Smith, arrivé à la deadline contre Brad Richards, sera le titulaire après avoir longtemps secondé Marty Turco à Dallas. Il aura un mentor d'expérience avec Olaf Kölzig, arrivé de Washington.

En défense, exit Dan Boyle et Brad Lukowich (San Jose), Filip Kuba et Alex Picard (Ottawa) et Shane O'Brien (Vancouver) ; les échanges ont ramené Andrej Meszaros, Matt Carle, Janne Niskala (44 pts en AHL l'an dernier) et Lukas Krajicek, qui ont tous un point commun : de très bonnes qualités de patinage. Les seuls revenants sont donc Paul Ranger, nouveau n°1 à l'arrière après deux saisons intéressantes, et Mike Lundin, pour sa 2e année. Il y a du potentiel dans cette défense, notamment offensivement, mais on fait mieux en automatismes et en expérience.

L'attaque n'a conservé qu'une ligne : Vincent Lecavalier est un joueur complet, buteur et passeur, qui a quasiment un contrat à vie. Martin St Louis apportera sa vitesse sur l'aile droite, alors que Vaclav Prospal est revenu après avoir été échangé à Philadelphie à la deadline. Pour les autres lignes, que des nouvelles têtes. Le prodige Steven Stamkos centrera la deuxième ligne, après avoir accumulé les points en OHL (69 buts en 70 matches avec Sarnia, play-offs inclus). Deux buteurs de soutien à ses côtés, en la personne de Ryan Malone, ex-Pittsburgh, et Radim Vrbata, ex-Colorado-Carolina-Chicago-Phoenix, modèle d'inconstance.

Jeff Halpern, solide défensivement mais fragile physiquement, fera le travail en 3e ligne avec le quadragénaire Mark Recchi et Evgeny Artyukhin, de retour après un an en Russie. Un autre "vieux", Gary Roberts, pour servir de mentor à Stamkos comme il a protégé Crosby, et le buteur de soutien Adam Hall joueront en 4e ligne et constituent donc les 3e et 4e joueurs de Pittsburgh à rejoindre Tampa Bay cet été après la finale perdue... Le sniper Jussi Jokinen, célèbre pour ses performances aux tirs au but, est également là. En complément, on trouve l'inconstant centre Chris Gratton, le teigneux David Koci, l'ancien espoir déçu Jason Ward, le grand Ryan Craig, souvent blessé, et le grand voyageur Brandon Bochenski, qui peine à s'installer en NHL.

En somme, des jeunes, des expérimentés, des buteurs, des passeurs, des rapides, des costauds... et surtout, des nouveaux : si la mayonnaise prend, Tampa Bay peut viser des bonnes choses, malgré une défense un peu juste, mais cela reste quand même un sacré puzzle.

Nicolas Leborgne

 

 

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