Chamonix a toujours envie
Jusqu'au dernier moment, ils y ont cru. À cette fusion entre Chamonix et l'Entente Saint-Gervais/Megève. Au retour en Ligue Magnus d'un grand Mont-Blanc, capable de jouer les premiers rôles en championnat. Las, le projet a, une fois de plus, échoué. Mais les Chamois respirent encore. Avec, sur le papier, une formation (enfin) équilibrée. Après un exercice plutôt morose, achevée par une triste 11e place en saison régulière et une élimination au premier tour des play-offs par Épinal, Chamonix retrouve la glace, une place dans le top 8 en ligne de mire.
Un grand Mont-Blanc ? Le rêve avant la réalité
Les Chamoniards étaient donc fatigués de faire cavalier seul. De végéter, comme les voisins de Saint-Gervais et Megève, dans les bas-fonds de la Ligue Magnus. L'idée de fusion flottait dans l'air depuis quelques temps. "On avait fait une première tentative en 2007, raconte Frédéric Comte, directeur du Club des sports de Chamonix et présent à la table des négociations. Mais le contexte politique n'était pas favorable. On sortait juste des élections municipales. Les nouvelles équipes n'étaient pas prêtes à nous soutenir. Dans le club, tout le monde ne suivait pas non plus..."
Entre Avalanche et Chamois, les retrouvailles ont lieu en plein hiver, début janvier. Les dirigeants reprennent le dossier. Tout le monde avance dans la même direction. Difficile de faire autrement, en fait, d'après Frédéric Comte. "Il ne faut pas se leurrer. Nous ne sommes pas au cœur d'un grand bassin industriel. Le partenariat privé est forcément limité." Constat identique avec l'institutionnel. À elles trois, les mairies de Chamonix, Saint-Gervais et Megève peinent à égaler la force de frappe des grandes agglomérations de plaine. Le conseil général de la Haute-Savoie divise son budget hockey entre trois clubs de Ligue Magnus et un de D1. Impossible de ne se reposer que sur les subsides de la région Rhône-Alpes. Bref, en ces temps difficiles, l'union fait, plus que jamais, la force. Voilà pour le côté financier. Reste le sportif. "Avec le Mont-Blanc, on cumule trois play-downs sur les quatre dernières saisons, constate Frédéric Comte. Ce n'est pas franchement glorieux..."
Jusqu'au mois de mai, Chamonix et le Mont-Blanc discutent. "À chaque fois, les réunions étaient constructives, poursuit Frédéric Comte. On avait un projet cohérent et ambitieux : monter une grosse formation pour la Ligue Magnus, pérenniser le club, inscrire les équipes jeunes dans le top 3 national de chaque catégorie. Jusqu'au bout, on pensait y arriver. On était tellement persuadé que notre dossier était viable..."
C'était sans compter les mairies de Saint-Gervais et Megève. Le 27 mai, le comité de pilotage, constitué par les deux clubs pour mener à bien la fusion, rend les armes. Officiellement, le projet a achoppé sur une question presque négligeable. La répartition des rencontres indispose les municipalités. "Ils voulaient une fusion des trois villes, plutôt que des deux clubs." En clair, le nouveau Mont-Blanc devait jouer un match sur deux à Chamonix, dans l'antre des anciens Chamois, le reste se partageant entre les patinoires de Saint-Gervais et Megève, où évoluait l'Avalanche. Inacceptable pour les politiques qui réclament une distribution égalitaire des parties. Fin du rêve. "On ne va pas refaire le monde, mais ça laisse un goût amer", lâche le directeur du Club des sports.
Enterrée pour de bon, la fusion ? Pas sûr. "Les maires de Chamonix et Morzine se sont rencontrés, avance Frédéric Comte. Ils finiront sans doute par nous demander de discuter avec le HCMA. Pour le moment, il n'y a rien de fait. On verra... Ce sera plus compliqué de rouvrir le dialogue avec le Mont-Blanc. Le clash est politique, pas sportif. Ça ne se règlera pas comme ça."
La fin de l'ère Jacob
Pas question d'abandonner la Ligue Magnus sur cet échec. Les Chamois repartent. Seuls, mais ils repartent. "La Ville nous a tout de suite soutenus, soutient Frédéric Comte. On a un budget cohérent pour tenir la saison. Et heureusement, les joueurs nous ont fait confiance." Les joueurs, justement, patientaient. "Comme tout le monde, jusqu'au dernier moment, on a cru à la fusion, témoigne Richard Aimonetto. L'équipe était prête. On attendait juste nos contrats."
Le rapprochement entre vallées enterré, pas le temps de déprimer. "En deux mois, on fait tout le travail d'une intersaison normale, note Frédéric Comte. On a constitué un groupe compétitif, sans doute mieux armé que son prédécesseur." En quelques jours, le staff chamoniard fait le tour des joueurs pressentis pour intégrer le grand Mont-Blanc. Qui est prêt à se lancer avec les Chamois ?
Pas Erwan Pain, déjà. Face au léger flou créé par la fin du dossier fusion, le jeune attaquant a préféré jouer la sécurité en signant à Dijon. Pas Marc Slupski. Arrivé de Reims la saison dernière, il est allé chercher du temps de glace à Gap. Et pas Alan Jacob. L'entraîneur, pas toujours tendre avec ses ouailles chamoniardes, s'est recasé en Division 1. Il retrouve Cergy-Pontoise, un club qu'il a déjà dirigé au milieu des années 1990. La plupart de ses recrues sont, elles aussi, parties. Le gardien finlandais Sami Heinonen n'aura passé qu'une seule saison en France. Arrivé l'été dernier de La Haye, il retourne aux Pays-Bas en signant à Geleen. Le Canadien Patrick Mbaraga et l'international estonien Kaupo Kaljuste n'appartiennent plus à l'alignement défensif des Chamois.
Meilleur pointeur de l'équipe la saison passée, avec 16 buts et 22 assistances, Jaroslav Cesky évolue désormais au deuxième échelon britannique avec les Bracknell Bees. Le Slovaque débarque là-bas avec le défenseur et international batave Chad Euverman, longtemps blessé lors de son séjour au pied du Mont-Blanc. Les deux hommes retrouvent outre-Manche Michal Pinc. Entraperçu à Chamonix en septembre 2008, le Tchèque avait fini la saison en Italie, à Varèse. Comme lui, l'an dernier, plusieurs joueurs n'ont fait que passer en Haute-Savoie. Le centre Chris Rebernik, parti avant même le premier match de Ligue Magnus, le défenseur Todd Paul, à peine cinq sorties avec les Chamois, le Slovaque Kristian Kovac, arrivé de Roumanie fin octobre et engagé par les Stars de Budapest en février... Autant de symboles d'un effectif qui s'est longtemps cherché. Sans jamais se trouver.
Le retour de Stéphane Gros
Pour prendre en main le grand Mont-Blanc, les dirigeants des Chamois et de l'Avalanche avaient pensé au Morzinois Stéphane Gros. La fusion abandonnée, Chamonix l'a relancé. L'ancien Pingouin n'a pas hésité. "J'avais donné ma démission du HCMA, je cherchais un nouveau club, raconte l'ancien défenseur. J'avais des contacts en Allemagne, mais j'ai senti que le staff chamoniard avait vraiment envie que je les rejoigne."
Dix ans après son départ vers Morzine, un court passage par Megève, et une carrière de coach débutée en 2003 sur le banc des Pingouins, Stéphane Gros renoue avec son club formateur. Celui où il a débuté le hockey à l'âge de 7 ans. Avec les Chamois, il veut mettre en place le système de jeu, fondé sur la défense et l'enthousiasme, qui l'avait conduit à être élu entraîneur de l'année en 2007. "Les joueurs doivent prendre du plaisir sur la glace, autant que les spectateurs dans les tribunes. Et j'ai l'impression qu'à Chamonix, ces dernières années, ce n'était pas trop ça."
Confirmé dans ses nouvelles fonctions sur le tard, le temps de régler le cas Jacob (à qui il restait deux années de contrat), Stéphane Gros n'en a pas moins très tôt œuvré en coulisses pour façonner la version 2009-2010 des Chamois. Le recrutement, c'est lui, et bien lui. Soit, au final, un groupe de joueurs aguerris aux joutes de la Ligue Magnus. "Des garçons qui ont faim et qui veulent aller titiller l'équipe de France. On vise le top 8 en saison régulière, ajoute le technicien. Je pense que l'on en a les moyens, même s'il faudra, quoi qu'il arrive, cravacher pour y parvenir."
Radovan Hurajt, premier de cordée
Première recrue annoncée, Radovan Hurajt est le nouveau portier des Chamois. Le Slovaque sort de deux bonnes saisons à Dijon. Régulier et propre dans son jeu, le gardien a manqué une partie de la préparation estivale après une légère blessure début août. Comme l'an passé, Tom Charton endosse l'uniforme de back-up.
En défense, les locaux Maxime Claret-Tournier, Damien Torfou et Fabien Veydarier sont toujours dans le coup. Anders Torgersson entame sa cinquième saison avec les Chamois. Le Suédois reste l'un des hommes clés des lignes arrières chamoniardes. Formé au Mont-Blanc, Numa Besson change de vallée. Comme Radovan Hurajt, le Megévan appartenait à la liste des joueurs retenus pour intégrer le groupe issu de la fusion. Comme Radovan Hurajt, il a ensuite accordé sa confiance à Chamonix. Benjamin Dieude-Fauvel débarque de Morzine dans le sillage de Stéphane Gros. Le Bordelais, passé par Amiens, connaît la maison pour y avoir déjà évolué en 2005-2006. Comme Veydarier et Torgersson, il sera chargé d'apporter une touche de physique à une formation plutôt légère.
De la robustesse, voilà aussi ce qui sera demandé au dernier renfort défensif. Drafté par Tampa Bay en 2000, Marek Priechodsky (1m89 et 93 kilos) évoluait depuis un peu plus d'une saison en élite polonaise, à Nowy-Targ. De la robustesse, certes, mais pas seulement. "Il est rapide et mobile, malgré son gabarit, explique Stéphane Gros. Il doit nous apporter une certaine stabilité. Et un peu de créativité, grâce à une excellente vision du jeu."
Devant, Chamonix mise sur Laurent Gras. Après dix saisons à Amiens, le centre international n'aura passé qu'une année à Morzine avant de revenir dans sa ville natale. Fin patineur, élu meilleur Français du championnat en 2003, il sera l'une des cautions expérience du groupe. "L'entraîneur ne peut pas agir seul pour la cohésion de son équipe, estime Stéphane Gros. Dans les moments difficiles, il faut des meneurs. Des joueurs capables de se lever dans le vestiaire. C'est ce que j'attends de Laurent et Richard."
Richard, c'est Richard Aimonetto. À 36 ans, après seize saisons de haut niveau en France, il reste le capitaine et leader naturel des Chamois. Gras et Aimonetto, les deux hommes avaient découvert l'élite hexagonale en 1992, déjà avec l'uniforme de Chamonix sur le dos. Aimonetto revenait de trois saisons de junior majeur au Québec. "Et j'ai toujours la même motivation, sourit l'ancien Rémois, passé ensuite par Grenoble, Lyon, Mulhouse et Amiens. J'anticipe un peu plus qu'avant, c'est tout... L'arrivée de Laurent va faire beaucoup de bien au groupe. L'équipe est jeune, il fallait rajouter un peu d'expérience. Je manquais un peu d'aide dans ce secteur." Premier passeur et deuxième pointeur des Chamois l'an passé, Richard Aimonetto n'a rien perdu de son efficacité sur la glace.
Même s'il pêche devant la cage par manque de réalisme, Mathias Arnaud sort d'une saison correcte avec le Mont-Blanc. Comme Numa Besson, l'attaquant de poche a choisi de changer de vallée. Déjà en contact avec les Chamois en 2007 et 2008, l'ancien Jet de Viry-Châtillon s'est cette fois-ci décidé à franchir le viaduc des Egratz. Pendant la majeure partie de la préparation, Stéphane Gros l'a aligné aux côtés d'Alexandre Audibert et de Thibault Geffroy. Le premier tarde à confirmer les espoirs placés en lui après de bons débuts en Ligue Magnus. La nouvelle dynamique chamoniarde actuelle pourrait lui permettre d'éclater pour de bon. Le second, après un début d'exercice 2007-2008 en dedans, a bien terminé le championnat. À lui de conserver cette énergie.
Le dernier renfort offensif arrive du troisième niveau suédois. Jonas Höög, c'est son nom, s'est partagé la saison dernière entre Botkyrka et Arboga. À 23 ans, il s'est fait remarqué en inscrivant 71 points. "Il est petit, mais costaud et très solide sur ses appuis, décrypte Stéphane Gros. Il sera sans doute l'une des surprises de la saison, parmi les meilleurs buteurs du championnat."
Arrivés tous les deux en 2006, Emil Tobiasson-Harris et Aram Kevorkian seront les autres fers de lance de l'attaque des Chamois. Le Suédois a conservé une certaine efficacité offensive, tout en diminuant sa présence sur le banc des pénalités. Son travail, dans les deux sens de la glace, reste un atout précieux pour le groupe. Quant au Français, il a bouclé le dernier championnat avec la meilleure fiche statistique depuis le début de sa carrière (16 buts et 9 assistances en Ligue Magnus, plus sept points en Coupe de la ligue). Chamonix compte sur lui. Le jeune Vincent Kara, révélation de la saison passée et international depuis cet été, devait tenter sa chance en République Tchèque. Un pays qu'il connaît pour avoir tâté de l'Extraliga U20 avec Vítkovice en 2007. Il appartient pour le moment encore à l'effectif chamoniard, son essai chez le promu slovaque Spisska Nova Ves s'étant rapidement avéré infructueux. Valérian Croz, Dorian Duchosal et le jeune Mathias Terrier complètent les lignes d'attaque.
À quelques jours de la reprise du championnat, Chamonix n'est, pour une fois, pas en retard. Côté cohésion, le ciment prend doucement. "On connaissait déjà les quatre renforts français et Hurajt joue en Ligue Magnus depuis deux ans, rappelle Richard Aimonetto. Pour Marek, Radovan fait le lien avec le reste des troupes. On a tout de suite senti qu'il n'était pas venu pour visiter la région. Jonas s'est lui aussi vite intégré, via Emil et Anders. Tout le monde travaille dans la même direction. Plus que lors des dernières saisons. L'équipe est homogène." Et pratique un jeu technique et rapide, aperçu pendant une série de matches amicaux plutôt réussie, à l'exception d'une triste sortie face aux Suisses de Lausanne. "Les joueurs ont bien encaissé la préparation physique, assure Stéphane Gros. Le système tactique a été intégré. On avance tranquillement. On en saura plus dès le premier match, contre Grenoble en Coupe de la Ligue. Là, ce sera un vrai test."
Josselin Giret
Effectif :
Gardiens
NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2008/09 MJ Min Moy. Pén CHARTON Tom 15/10/1984 185 94 Reims Chamonix FRA-1 11 449 5,75 0' HURAJT Radovan 13/02/1982 187 81 (Slovaque) Dijon FRA-1 33 1849 3,86
Défenseurs
NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2008/09 MJ B A Pts PénBESSON Numa 06/08/1987 185 72 Megève Mont-Blanc FRA-1 27 5 5 10 26' CLARET TOURNIER Maxime 13/03/1986 176 81 Chamonix Chamonix FRA-1 35 1 0 1 20' DIEUDE FAUVEL Benjamin 26/08/1986 187 86 Bordeaux Morzine FRA-1 40 4 10 14 85' PRIECHODSKY Marek 24/10/1979 189 93 (Slovaque) Nowy Targ POL-1 31 3 20 23 36' TORFOU Damien 27/09/1985 175 74 Chamonix Chamonix FRA-1 32 1 1 2 10' TORGERSSON Anders 11/02/1984 187 89 (Suédois) Chamonix FRA-1 35 7 8 15 28' VEYDARIER Fabien 04/11/1985 187 88 Chamonix Chamonix FRA-1 33 3 5 8 97'
Attaquants
NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2008/09 MJ B A Pts Pén AIMONETTO Richard 24/01/1972 184 84 Chamonix Chamonix FRA-1 33 14 27 41 22' ARNAUD Mathias 29/12/1986 172 73 Viry-Châtillon Mont-Blanc FRA-1 34 10 14 24 77' AUDIBERT Alexandre 10/03/1986 178 70 Chamonix Chamonix FRA-1 35 3 4 7 6' CROZ Valérian 17/04/1988 180 81 Chamonix Chamonix FRA-1 29 1 1 2 2' DUCHOSAL Dorian 01/06/1983 185 83 Vanoise Chamonix FRA-1 26 1 0 1 4' GEFFROY Thibault 03/07/1984 177 74 Rouen Chamonix FRA-1 35 10 13 23 68' GRAS Laurent 15/03/1976 180 79 Chamonix Morzine FRA-1 39 18 16 34 32' HÖÖG Jonas 15/09/1986 175 75 (Suédois) Botkyrka SUE-3 27 24 30 54 36' Arboga SUE-3 13 7 10 17 6' KARA Vincent 17/10/1989 180 83 Chamonix Chamonix FRA-1 33 3 5 8 74' KEVORKIAN Aram 20/04/1982 175 77 ACBB Chamonix FRA-1 35 19 13 32 16' TOBIASSON HARRIS Emil 28/01/1980 180 85 (Suédois) Chamonix FRA-1 33 14 20 34 92'
Entraîneur : Stéphane Gros (FRA, 39 ans).
Départs : Jaroslav Cesky (A, 16+22, Bracknell Bees, GBR-2), Chad Euverman (D, 1+2, Bracknell Bees, GBR-2), Sami Heinonen (G, Geelen, HOL), Alan Jacob (entraîneur, Cergy-Pontoise), Kaupo Kaljuste (D, 0+3), Patrick Mbaraga (D, 4+1), Erwan Pain (A, 4+6, Dijon), Marc Slupski (A, 0+2, Gap).
Revoir la présentation 2008/09