Suède 2009/10 : présentation
Une fracture s'est déclarée au printemps au sein même de l'Elitserien suédoise. Les quatre clubs les plus riches (Färjestad, Frölunda, HV71 et Linköping) et le plus mal en point financièrement (le représentant de la capitale Djurgården) ont refusé de signer le nouveau contrat des droits télé, engageant jusqu'en 2014. Ils envisagent en effet de faire bande à part et de rejoindre une hypothétique ligue nordique et européenne. Les sept clubs restants n'ont pas été mis au courant de ces projets et se sont sentis trahis par le "club des 5", moralement mais aussi juridiquement, compte tenu d'une "clause de loyauté" dans le contrat qui lie les clubs à Hockeyligan, la ligue qui gère l'Elitserien.
Le "clan des 7" a cependant prouvé qu'un championnat national restait de loin le plus vendeur en signant, seul, le nouveau contrat de retransmission avec TV4 et Canal+, pour la coquette somme de 1,2 milliard de couronnes (120 millions d'euros) pour quatre ans. Le directeur des sports de TV4 a en effet déclaré que la l'Elitserien restait un produit intéressant, même si les cinq équipes qui se pensaient indispensables étaient remplacées par d'autres (Leksand, Malmö, AIK...). Alors que les grands clubs annonçaient qu'il fallait passer les frontières pour agrandir leur marché, la loi du marché est aujourd'hui plus favorable en Suède à un championnat national.
Un compromis a finalement été trouvé pour pacifier le hockey suédois. Les mutins ont signé le contrat pour 2010/11, en gardant un droit de renégociation chaque année. En échange, les autres clubs ont accepté le principe que chacun attendrait le résultat de l'enquête conduite par Håkan Loob, le manager de Färjestad, qui doit étudier toutes les pistes de développement (création d'une ligue nordique, d'une conférence ouest de KHL, etc).
Dans le même temps, il y a une autre piste passée inaperçue : la fédération a rejeté une proposition de la fédération régionale de Dalécarlie (dont les deux meilleurs clubs Leksand et Mora sont aujourd'hui hors de l'élite) qui demandait une expansion de l'élite à 14 clubs. Un souhait largement partagé par les supporters suédois, mais très peu probable car cela reviendrait à partager le gâteau des droits télé. Et à 2,5 millions d'euros par club et par an, c'est un gâteau jalousement gardé.
Le retour au sommet a pris plus longtemps que prévu, mais Frölunda redevient franchement favori cette saison après avoir mis sa priorité dans la reconstruction de sa défense, son talon d'Achille ces dernières années. Les lignes arrières ont été constituées avec un équilibre savant entre les défenseurs offensifs finlandais Janne Niskala et Mikko Lehtonen (12 buts en powerplay à Timrå) et les plus défensifs Oscar Hedman, gros travailleur en infériorité, et Ville Mäntymaa, rouage essentiel dans la conquête du titre finlandais par le JYP. Dans les cages, le gardien de l'équipe nationale Johan Holmqvist aura plus que jamais un rôle déterminant car cette fois il n'a qu'un junior comme doublure.
L'autre atout de Frölunda, c'est sa profondeur offensive, qui a conduit à prendre des décisions impopulaires. Des piliers du club comme Magnus Kahnberg, Karl Fabricius et Jonas Nordquist se sont fait promptement dégager pour faire place aux retours de NHL de Joel Lundqvist et de l'attaquant défensif Per-Johan "Pebben" Axelsson, qui ont connu la grande année de Frölunda pendant le lock-out en 2004/05.
Même s'il n'a pas vraiment réussi à Dallas, le frère jumeau du gardien Henrik Lundqvist est le leader désigné de l'équipe, l'homme qui doit insuffler de l'énergie à ses camarades, nanti d'un contrat de six ans, rien de moins et d'un "C" brodé sur le maillot. Mais... patatras ! Le nouveau capitaine Joel Lundqvist s'est blessé à l'épaule à son premier match. Heureusement, il n'y a rien de grave, et Frölunda n'a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Il y a grande densité de leaders au centre (Riku Hahl, Andreas Karlsson).
Les Indians ont de nouveau une grosse équipe, avec des profils différents et complémentaires. Le coach Ulf Dahlén dispose de tout ce qu'il faut mais il va devoir vite assembler ces talents variés pour les convaincre de tenir chacun leur rôle. Il pourrait rester des insatisfaits sur le banc, en plus des vides laissés par les joueurs chassés peu élégamment.
Après deux finales consécutives, HV 71 reste évidemment parmi les grands favoris. L'équipe est extrêmement stable, contrairement à Frölunda, et le premier trio Thörnberg-Davidsson-Voutilainen a été intégralement conservé, alors que les autres favoris ont rebâti de nouvelles premières lignes. Le troisième trio avait été le meilleur lors des derniers play-offs, et l'étincelant Mattias Tedenby - un régal pour les yeux - devrait y progresser avec un an de plus.
Les changements ont donc été très limités. Les deux gros bras qui faisaient la loi lors du titre 2008, Lance Ward et Per Ledin, reviennent amener l'impact physique qui avait décru l'an dernier. Janne Niinimaa arrive aussi en défense où Nic Angell et Mikko Luoma n'avaient pas totalement convaincu.
En fait, la principale modification est l'arrivée d'un nouveau coach, l'ancien joueur du club Janne Karlsson, mais cela pourrait porter bonheur : les deux derniers titres ont été obtenus avec des entraîneurs qui venaient d'entrer en fonction (Pär Mårts en 2004 et Kent Johansson en 2008).
L'équipe de Jönköping est donc celle qui aborde la saison avec le plus de certitudes. Le seul danger serait le risque d'encroûtement de quelques cadres, devenus pères de famille, s'ils se reposaient sur leurs lauriers.
Plus de 1000 spectateurs se sont déplacés au premier entraînement et ont clairement affiché leur enthousiasme quant à cette nouvelle saison. Si Linköping a prêté ses deux stars Tony Mårtensson et Magnus Weinhandl en Russie l'été passé, il était hors de question de ne pas récupérer au moins l'un des deux.
Le LHC a arrêté de vendre ses bijoux de famille. Il a vu ce que ça lui a rapporté financièrement (près de deux millions d'euros simplement grâce aux différents prêts et cessions à la KHL), mais aussi ce que ça lui a coûté sportivement, avec une élimination en quart de finale et une prestation piteuse en Ligue des champions. Il a donc refusé toutes les offres sur Tony Mårtensson, y compris du riche Dynamo qui voulait réunir le duo. Maintenant que le numéro 9 a engrangé ses dollars et un trophée en KHL avec Kazan, il est prié de finir ce qu'il avait commencé : conduire Linköping jusqu'au titre, sans s'arrêter en finale cette fois.
Avec un budget en recul, la politique de transferts a consisté à miser sur une poignée de joueurs. Le gardien finlandais Fredrik Norrena a lui aussi soulevé la Coupe Gagarine avec Mårtensson, et il aura un rôle tout aussi important. À l'arrière, deux éléments de grande expérience arrivent, l'un de KHL (l'excellent relanceur formé au club Magnus Johansson) et l'autre de NHL (le sobre et sûr Niclas Hävelid, champion olympique en titre). Ils ont 36 ans tous les deux, comme leur collègue Pihl et comme Norrena dans deux mois : ne pas prendre de buts est une tâche confiée à des vétérans de grande qualité, en espérant qu'ils tiennent toujours la forme.
En attaque, les rôles sont répartis plus clairement cette année. Mårtensson retrouve son vieux compère "Musse" Håkanson et le joueur qui monte Patrik Zackrisson sur la première ligne, et la deuxième ligne sera formée autour des Tchèques Hlavac et Hlinka. Sur les autres trios, on a enlevé les pointeurs et ajouté des joueurs de devoir, moins chers. Au complet, la logique est bonne, mais l'ennui est que les Tchèques n'arriveront qu'en octobre pour raisons fiscales. Le début de saison (dont le match de gala contre l'équipe NHL de Saint-Louis qui s'est terminé par un 0-6) est forcément ardu sans eux. Si les résultats tardent trop, l'entraîneur tchèque Slavomir Lener risque de voir son poste vaciller.
Personne n'a défendu son titre depuis neuf ans, et Färjestad n'a pas non plus la faveur des pronostics. Le FBK a en effet perdu trois éléments importants à l'intersaison. Comme chacun sait, la légende vivante Jörgen Jönsson a pris sa retraite et a vu son numéro 21 retiré. Dans le même temps, le meilleur marqueur Rickard Wallin et le "monstre" des play-offs Jonas Gustavsson ont été recrutés par les Toronto Maple Leafs.
Il y avait donc trois chantiers ouverts. Priorité numéro 1, trouver un nouveau gardien. Ce sera Henrik Karlsson, qui ressemble beaucoup à Gustavsson, par le style de jeu et par le parcours puisqu'il a lui aussi percé assez tard. Même s'il a décisif dans le maintien de Södertälje en barrages, Karlsson arrive avec guère plus d'expérience que son prédécesseur (7 matches d'Elitserien), mais a attiré l'attention des recruteurs par son gabarit exceptionnel (198 cm, 98 kg). Les Sharks de San José l'ont ainsi mis sous contrat, tout en le laissant à disposition de Färjestad.
Priorité numéro 2, trouver quelqu'un capable chausser les pas d'un géant en prenant la suite de "JJ" comme capitaine. Durant toutes ces années, Rickard Wallin s'était préparé à cette succession qui lui paraissait promise. Mais comme il est parti, il fallait trouver un autre profil, et ce sera une recrue : Sanny Lindström (ex-Rapperswil) a signé pour quatre ans, c'est un arrière physique qui fait le ménage devant la cage et est particulièrement utile en infériorité numérique. Il emmène une défense internationale avec un Norvégien (le prometteur Jonas Holøs, qui devra confirmer ses excellents play-offs), un Suisse (Severin Blindenbacher) et deux Finlandais (Ari Vallin et Arto Laatikainen).
Priorité numéro 3, remplacer Wallin. Cela n'a pas été fait. Il faut dire que la plupart des observateurs sont persuadés que le meneur de jeu Wallin ne pourra pas réussir en NHL, parce que son style plus fondé sur l'intelligence de jeu que l'intensité de patinage ne fait pas sens sur une troisième ligne. Avant même qu'il parte, l'hypothèse de son retour en cours de saison était déjà commentée. Les recrues offensives ne sont donc pas chargées de le substituer trait pour trait mais ont donc des profils différents. Le plus explosif est Antti Pihlström, le Finlandais adepte des grosses mises en échec, mais il y a aussi le spécialiste de l'infériorité numérique Johan Andersson, l'ailier rapide et agile Dragan Umicevic et le Canadien Kent McDonnell qui retrouvera son compatriote Lee Goren : les deux hommes avaient formé un duo ravageur il y a deux ans à Skellefteå. On aurait donc tort de trop négliger le FBK au seul motif que le champion sortant se plante toujours.
Remplacer des "faux jumeaux" par... des vrais jumeaux ! Tel pourrait être le résumé de l'intersaison de Luleå.
Lorsqu'une équipe est portée à bout de bras par deux joueurs et qu'elle les perd, c'est normalement dramatique. Lorsque les deux joueurs en question sont des gamins qui jouent ensemble depuis leur jeune âge, c'est pire encore. On aurait pu croire qu'un petit club comme Luleå ne se serait jamais remis du départ de Linus Omark et Johan Harju. Mais leur talent avait tellement éclaté à la face du monde que chacun avait conscience qu'ils partiraient, même si peu auraient parié qu'ils iraient au Dynamo Moscou. Par conséquent, le club a su se retourner. Après les quasi-frères, voici donc les jumeaux Abbott, ces Américains qui ont explosé les compteurs en Norvège, chez le promu Rögle, et désormais à Luleå dès la pré-saison.
L'attaque semble maintenant avoir plus d'atouts, avec l'expérimenté Jonathan Hedström, et avec l'arrivée tardive de Karl Fabricius qui a un esprit de revanche après s'être fait jeter de Frölunda. Certes, l'autre départ en KHL, celui de Jaroslav Obsut, prive Luleå de son défenseur offensif. Mais les Nordiques préfèrent revenir à leurs fondamentaux, la défense avant tout.
Une équipe moins dotée de talent naturel, mais dense et combative : c'est un retour à la tradition que ne manqueront pas d'apprécier les supporters en noir, jaune et rouge. Une certaine excitation règne donc devant cette équipe alléchante, qui manque cependant de profondeur.
La résurrection de Luleå ne se limitait donc pas à deux jeunes joueurs. Pour accroître les moyens du club, on travaille en ce moment à la rénovation complète d'une tribune, qui pourrait augmenter la capacité de la COOP Arena de 5 750 spectateurs à 6 150 voire un peu plus, principalement en ajoutant des places debout. Luleå grandit lentement.
La saison passée, après des débuts tonitruants, la première ligne Skrøder-Sundström-Aasen avait été frappée par des blessures et Modo ne s'en était jamais remis en s'enfonçant dans la crise et en terminant avec la plus lourde perte de son histoire (1,3 million d'euros, réduisant par deux ses réserves).
Il y a donc eu une profonde refonte structurelle à l'intersaison. L'ancien international tchécoslovaque Miloslav Horava, considéré par certains comme le meilleur défenseur de l'histoire de MODO, a été nommé nouvel entraîneur. Il sera assisté de l'ancien attaquant Thomas Steen qui a donc abandonné sa tentative de faire une carrière politique à Winnipeg (la promesse de faire revenir une franchise NHL n'avait pas suffi à le faire élire...). Le préparateur physique Joakim Bäckström sera engagé à plein temps, et surtout, il y aura enfin un entraîneur des gardiens en la personne de Tomas Bjuhr.
Ce dernier point est essentiel car la clé de la saison réside sans doute dans le petit gardien tchèque Roman Malek. Depuis sa révélation en 2003 où il avait aligné 16 blanchissages avec Plzen avant d'être sélectionné aux Mondiaux, Malek est un peu retombé dans l'anonymat. Son recrutement a surpris, mais ses premières prestations ont rassuré, derrière une défense densifiée.
Et puis, du jour au lendemain, les projecteurs ont cessé de se braquer sur Malek, au profit d'une star autrement plus incontestable. Juste avant le premier match de championnat, Peter Forsberg a en effet annoncé par surprise son nouveau retour au jeu. Et il a mis moins de six minutes à marquer son premier but, assisté du jeune Magnus Häggström qui devait se demander ce qu'il lui arrivait, lui qui jouait encore en troisième division l'an passé avant d'être rappelé par son club formateur et d'y gagner sa place en pré-saison ! Le déferlement médiatique a encore été incroyable, entre notes de match excessives et spéculations prématurées sur une éventuelle signature de Forsberg en NHL (notamment à Washington). Il est vrai que son retour a déjà duré plus longtemps qu'en janvier : trois matches. Jusqu'à ce qu'il se fasse une fracture de fatigue... "Foppa" est maintenant parti au jubilé de son ex-coéquipier Joe Sakic dans le Colorado et décidera de la suite à donner dans deux semaines.
Le paravent Forsberg avait masqué le manque de profondeur de l'attaque de MODO, qui va devoir réactiver la piste (chère) Darren Haydar, un attaquant canadien qui a marqué 135 points dans sa carrière dans les play-offs d'AHL (record absolu) mais qui vient encore d'être écarté d'un camp NHL, à Detroit.
Normalement, il n'y aurait rien à attendre de Djurgården. La perte de Fredrik Bremberg aurait dû être l'ultime étape du déclin du club de Stockholm. Le vétéran, sur qui repose l'attaque depuis des années, a décidé de profiter de la lucrative offre russe de l'Atlant Mytishchi, où il a vite été mis dehors car son style de jeu ne convenait pas. Il faut dire qu'on lui demandait de jouer au centre de la première ligne alors qu'il préfère être ailier... Le meilleur buteur, Niklas Anger, a quant à lui refusé une offre financière qu'il jugeait trop basse et est parti à Timrå.
Que reste-t-il alors au DIF ? Des lignes arrières presque inchangées, où un défenseur offensif américain (Kyle Klubertanz, Turku) en remplace un autre (David Schneider, parti à Ambrì). Et un gros point d'interrogation sur les gardiens, car ni Gustaf Wesslau ni Stefan Ridderwall ne sont réputés pour leur stabilité.
Mais il a suffi d'un homme pour que Djurgården prenne espoir : Hardy Nilsson, l'entraîneur des années Torpedo, est de retour. Et avec lui, le centre Mattias Tjärnqvist, champion en 2000 et 2001, qui revient dans son club formateur après avoir pourtant annoncé vouloir jouer dans un club capable de gagner des titres. Contradiction pointée du doigt par certains. L'envie de victoire est-elle vraiment incompatible avec le DIF ?
La pré-saison a semblé montrer le contraire. Djurgården a battu les meilleurs clubs du pays pour remporter le "Nordic Trophy" (restreint cette année à la Suède après le désistement des clubs finlandais), sous l'impulsion de deux grands espoirs qui pourraient exploser cette année. Jacob Josefson a terminé meilleur marqueur : il jouait un rôle marginal l'an dernier mais progresse énormément à 18 ans. Andreas Engqvist a été élu meilleur joueur : ce centre de 21 ans, mis sous contrat par Montréal, revient de blessure en grande forme. Et pour le début officiel de la saison, c'est Marcus Krüger, excellent passeur de 19 ans et ancien capitaine de l'équipe junior, qui accumule les points.
L'expérience des piliers des grandes années et l'explosion de la jeunesse triomphante : le cocktail pourrait permettre au DIF de rester attractif.
Une défense serrée et des transitions rapides : c'est sur cette philosophie que Skellefteå a atteint les demi-finales l'an passé. Les recrues étrangères, le Tchèque Petr Tenkrat et le Français Pierre-Édouard Bellemare, auront pour tâche de transformer les contre-attaques. Ils remplacent les Nord-Américains Dimitrakos et McDonnell et s'ajoutent aux marqueurs Brad Moran et Christian Söderström.
Bien sûr aucun d'entre eux ne serait en pointe dans une grosse équipe, mais la force du SAIK est ailleurs : elle réside dans ces joueurs capables d'empêcher l'adversaire de construire le jeu et de gagner des palets au grattage. De nouveaux profils de ce type ont été embauchés : des habitués de l'Elitserien comme Yared Hagos et Fredrik Warg, mais aussi un débutant, Johan Forsberg (ex-Björklöven) qui s'affiche en grande forme.
L'entraîneur Hans Särkijärvi ne changera donc pas de style de jeu : bétonnage à outrance à l'extérieur, jeu plus rythmé et intensif à domicile, grosse présence physique dans tous les cas.
La défense commandée par le rude Christoffer Norgren a été encore densifiée par l'arrivée d'Ivan Majesky, le massif Slovaque de 196 cm et 106 kg. Il n'y a pas de vrai "blueliner" pour le jeu de puissance, mais le SAIK préfère se concentrer sur ce qui fait sa force.
Attention toutefois : au milieu de ses rocs se cache une pépite. Adam Larsson n'a que 16 ans et 10 mois mais est déjà titulaire, beaucoup plus précoce que son collègue Tim Erixon qui a été choisi au premier tour de la dernière draft NHL. Dans la nombreuse vague de jeunes talents suédois, Skellefteå se spécialise dans la formation de défenseurs, fils d'anciens joueurs du club. Larsson, élu meilleur joueur de son équipe à ses deux premiers matches en senior lors de la pré-saison, est déjà dans le cadre de la sélection nationale des moins de 20 ans, et plusieurs commentateurs le jugent meilleur au même âge que Hedman (le numéro 2 de la draft 2009). Sa relance sûre, son gabarit et son apport offensif en font un candidat sérieux au titre de plus jeune "rookie de l'année" de l'histoire.
Après avoir fait des économies l'an passé, Brynäs poursuivra le même objectif : atteindre les play-offs avec une équipe jeune et malgré des moyens limités. Malheureusement, son meilleur buteur de très loin Daniel Widing (auteur de 25 buts contre 14 à son dauphin norvégien Mads Hansen) est parti à Davos. Comment faire alors ?
Lorsque la rumeur de la venue de Magnus Kahnberg a commencé à poindre, le manager Michael Sundlöv s'est fendu d'un démenti presque choqué : "Vous pensez qu'on a braqué une banque ?". Et pourtant, c'était la réalité : le meilleur joueur de l'Elitserien 2003/04 débarque à Gävle, normalement en pleine possession de ses moyens à 29 ans. Non, Sundlöv n'est pas fiché au grand banditisme. Simplement, Kahnberg reste sur sa plus mauvaise saison à Frölunda (27 points) depuis qu'il est senior, et Niklas Czarnecki est sans doute le coach qui peut permettre à ce buteur au bon potentiel de retrouver confiance.
C'est cela que Brynäs peut proposer : un tremplin idéal pour un joueur qui voudrait se relancer en occupant un rôle important. Le buteur finlandais Eero Somervuori, pas satisfait de son temps de jeu à Färjestad, a ainsi signé pour deux ans. Et il y a même eu une troisième recrue de haut standing, non sans mal... Pour pouvoir engager Jonas Nordquist, Brynäs a en effet été obligé d'envoyer un courrier à tous ses sponsors et membres pour leur demander l'argent nécessaire. Et encore, Nordquist n'était-il "abordable" que parce qu'il n'a pas joué depuis janvier, blessé au genou, et que sa convalescence doit encore durer au moins un mois. En contrepartie, le club de Gävle a investi à plus long terme en le faisant signer pour trois ans.
Trois recrues... et c'est tout. Pour le reste on a simplement changé un gardien, mais pour en prendre un moins expérimenté (Eddie Läck à la place de Lindbäck). On touche là les limites des capacités de Brynäs. Trois attaquants prestigieux, mais une défense extrêmement mince, dans laquelle toute absence du cadre Lars Jonsson serait une catastrophe.
Brynäs doit donc comme toujours compter sur ses jeunes. Le plus prometteur d'entre tous est Jakob Silfverberg (numéro 39 de la dernière draft NHL, choisi par Ottawa) qui est issu d'une famille très célèbre à Gävle : son père Jan-Erik et son oncle Conny portaient le maillot de Brynäs dans les années 70 et 80.
Timrå a failli surprendre le favori HV71 en quart de finale... si seulement il n'y avait pas eu cette incroyable malchance d'un patin cassé en prolongation ! Depuis, les Red Eagles ont perdu ceux qui sont peut-être leurs trois meilleurs joueurs : leur leader offensif Tom Wandell, leur meilleur arrière Mikko Lehtonen (qui a vécu cette scène malheureuse de "brise-lame"), et un des meilleurs attaquants défensifs du pays, Johan Andersson.
Pourtant, ils affichent plusieurs raisons d'espérer. Alors qu'ils manquaient de centres, ils ont recruté trois hommes d'expérience : Daniel Corso, un Canadien attendu comme la clé de voûte de l'attaque après une saison à 52 points en Finlande, Gabriel Karlsson, un joueur aux vertus défensives qui peut remplacer Andersson en infériorité, et Laurent Meunier, le capitaine de l'équipe de France, le seul des trois qui ne reste pas sur sa meilleure saison.
La défense a aussi été renforcée de deux joueurs aux gabarits imposants. Le plus expérimenté est Petr Caslava (Pardubice) qui a participé aux trois derniers championnats du monde. Mais on attend aussi beaucoup de Mattias Karlsson : il n'a jamais encore joué une saison complète en Elitserien à 24 ans, mais il avait laissé une bonne impression en play-offs 2008 avec Färjestad avant de passer un an en AHL où il a participé au All-Star Game.
Enfin, le gardien Anders Lindbäck avait supplanté Markström comme titulaire à Brynäs en fin de saison dernière et pourrait en faire de même avec Åkerlund dans ce qui est un nouveau duo solide dans les cages.
Et puis, il y a les jeunes. L'ailier de débordement Magnus Pääjärvi-Svensson (n°10 de la dernière draft NHL) et le moins rapide mais plus travailleur Anton Lander (n°40), choisis par la même équipe d'Edmonton, doivent franchir un palier cette saison.
L'émotionnel entraîneur Charles ("Challe") Berglund, champion olympique 1994, est apprécié pour sa carrière de joueur, ne dispose cependant pas d'un vrai leader offensif, car tout miser sur Corso est incertain.
La décision de Kenny Jönsson de prendre sa retraite laisse un grand vide dans la défense de Rögle qui perd son leader indiscuté. Le capitaine est irremplaçable car ce club n'est revenu en Elitserien que grâce à lui, et ils vont se mettre à deux pour lui succéder : l'international slovaque Dominik Granak, champion en titre avec Färjestad, et l'international français Baptiste Amar doivent rentrer dans de très grands patins... Malheureusement pour Amar, son entrée de scène en Suède a été douloureuse. En se jetant devant un palet avec le même sens du sacrifice qu'un Kenny Jönsson, le meilleur défenseur français a reçu le tir de Laatikainen dans la mâchoire supérieure. Il avait été un des meilleurs joueurs du match, complimenté par son entraîneur. Amar y a laissé quelques dents mais n'a pas de fracture et devrait vite rentrer au jeu.
C'est un soulagement pour Rögle, qui a déjà perdu une autre de ses acquisitions : l'Italo-Canadien Giulio Scandella a une cheville cassée et sera absent jusqu'à la fin de l'année. Cela met encore plus de pression sur l'autre recrue Éric Beaudoin, un centre physique mais peu rapide qui doit remplacer presque à lui seul la productivité des Abbott.
Au-delà de Jönsson, les "vert et blanc" ont en effet vu aussi partir les joueurs-clés de leur attaque : les deux jumeaux, mais aussi Mattias Tjärnqvist, remplacé par un autre centre canadien, Jeremy Colliton, qui s'était fait enfermer dans un rôle d'attaquant défensif en NHL et AHL. Cela ne peut pas être le cas à Rögle qui a besoin de pointeurs. L'enthousiasme de la montée et le charisme de Kenny ont suffi l'an passé, mais il faudra survivre à cette délicate deuxième saison, avec le soutien inconditionnel d'un des publics les plus fervents du pays.
Même si le maintien a été assuré, Södertälje n'est pas sorti d'affaire. Une bonne partie de ses sponsors est liée à l'industrie automobile et est frappée par la crise. Le SSK dispose donc d'un million d'euros en moins et a diminué sa masse salariale d'un quart. Autant dire que la dernière place en saison régulière risque de se répéter. Les joueurs chers ont dû partir : le meilleur marqueur Dragan Umicevic (Färjestad), le joueur-clé du powerplay André Benoît (camp de Montréal, direction AHL), les centres défensifs Martin Cibak (Spartak Moscou) et Jason Morgan, le géant Kristian Kudroc ou encore Yared Hagos...
Et bien sûr, le SSK n'a pas les moyens de les remplacer. La recrue la plus chère est Yannick Lehoux (AHL) dont le gros tir sera très attendu au powerplay. Les supporters avaient lancé une collecte pour recruter l'arrière Niclas Hävelid (New Jersey), mais il a choisi Linköping. La défense est très mince, surtout sans son meilleur élément Topi Jaakola actuellement blessé. Heureusement, Pierre Hedin a fini par débarquer, non sans avoir préféré dans un premier temps retourner en Allemagne, où Ingolstadt l'a écarté.
Södertälje ne peut en effet recourir qu'aux seconds choix. Faute de trouver une place en KHL, le Slovaque Jiri Bicek a ainsi accepté un contrat d'un mois. L'autre solution est de donner sa chance à des joueurs pas encore testés à ce niveau, comme le meilleur espoir danois 2007/08 Julian Jakobsen, qui aura moins de libertés techniques dans une formation condamnée à défendre, ou encore l'arrière canadien Ryan Glenn qui jouait dans une équipe moyenne d'Allsenskan (Troja/Ljungby).
L'entraîneur Peter Popovic a donc reçu une mission difficile. Le centre finlandais Petri Pakaslahti est un leader complet, mais il est seul dans une équipe guère redoutable offensivement. faudra que les deux Linus (Videll et Klasen) franchissent un palier après une saison décevante pour que le SSK évite une des deux dernières places qui lui semblent promises. Or, la poule de relégation risque d'être plus compliquée que l'an dernier. Leksand ne se ratera pas tous les ans...
Les pronostics des experts pour l'Elitserien
SVT (Niklas Wikegård) : 1 Frölunda, 2 Linköping, 3 HV 71, 4 Modo, 5 Färjestad, 6 Timrå, 7 Brynäs, 8 Djurgården, 9 Luleå, 10 Skellefteå, 11 Rögle, 12 Södertälje.
Expressen (Magnus Nyström) : 1 Frölunda, 2 HV 71, 3 Linköping, 4 Luleå, 5 Djurgården, 6 Färjestad, 7 Modo, 8 Timrå, 9 Skellefteå, 10 Brynäs, 11 Södertälje, 12 Rögle.
Hockeykanalen (Jonas Fahlman) : 1 Frölunda, 2 HV 71, 3 Linköping, 4 Modo, 5 Färjestad, 6 Skellefteå, 7 Luleå, 8 Djurgården, 9 Timrå, 10 Brynäs, 11 Rögle, 12 Södertälje.
Radiosporten (Lars-Gunnar Jansson) : 1 Frölunda, 2 Linköping, 3 HV 71, 4 Färjestad, 5 Timrå, 6 Modo, 7 Skellefteå, 8 Djurgården, 9 Brynäs, 10 Luleå, 11 Södertälje, 12 Rögle.
SvD (Janne Bengtsson) : 1 Frölunda, 2 HV 71, 3 Linköping, 4 Färjestad, 5 Modo, 6 Luleå, 7 Djurgården, 8 Skellefteå, 9 Brynäs, 10 Timrå, 11 Södertälje, 12 Rögle.
Svenska Fans : 1 Frölunda, 2 Linköping, 3 HV 71, 4 Färjestad, 5 Luleå, 6 Modo, 7 Brynäs, 8 Skellefteå, 9 Timrå, 10 Djurgården, 11 Rögle, 12 Södertälje.
Allsvenskan
Même si l'Allsvenskan, réduite de 16 à 14 clubs, est censée devenir aussi homogène que l'élite, un favori est désigné par tous : Leksand. Pour vaincre la peur de perdre qui le paralyse dans la dernière ligne droite, le club de Dalécarlie a recruté des joueurs qui connaissent le goût du succès. Peter Nordström a prouvé en play-offs avec Färjestad combien il pouvait encore élever son niveau dans les matches importants, et il arrive avec un autre vétéran, le défenseur Thomas Rhodin. Le nouveau gardien Timo Leinonen a été champion au Danemark, et le nouveau coach Leif Strömberg, un homme sans compromission, a fait monter Södertälje il y a deux ans. Cette fois, Leksand a le talent mais aussi l'expérience des grands rendez-vous. La première place, directement qualificative pour les Kvalserien, doit lui revenir.
Derrière, il reste trois places à gagner via des barrages entre les équipes classées de 2 à 7. Les trois qualifiés de l'an passé sont évidemment candidats à nouveau. Västerås a certes vu partir à Luleå ses marqueurs Per Arlbrandt (77 points) et Niklas Olausson (71 points), mais le VIK a recruté le Canadien Christian Larrivée, qui a cartonné dans le championnat norvégien puis danois, et reste une pépinière de talents avec une bonne défense. Malgré un public plus nombreux que les prévisions, l'AIK a clos son budget avec une lourde perte car les recettes de sponsoring n'étaient pas au niveau attendu. Il a pourtant gardé les mêmes joueurs pour l'instant, en ajoutant même les jumeaux Ahlström (45 et 43 points) dont le club Huddinge a été relégué, et il a donc encore une équipe très offensive qui patine fort. L'équipe-surprise Växjö espère aussi continuer sur sa lancée avec quatre Nord-Américains au lieu de deux.
Après la tourmente financière de la saison dernière, l'équipe de Malmö a été sauvée en étant vendue pour 30 ans à une holding privée créée pour l'occasion (le club sportif continue cependant de garder la majorité des droits de vote sur la structure élite des Redhawks, le contraire serait interdit par la loi suédoise). Maintenant que le grandiloquent patron Percy Nilsson s'est retiré, l'humilité est devenue le maître mot. Malmö s'est renforcé de deux internationaux danois supplémentaires, Morten Green et Kim Staal. L'idole locale Carl Söderberg répond évidemment toujours présent : le meilleur marqueur était resté fidèle à son club même sans salaire. Dans cette équipe jeune et enthousiaste, le Français Sacha Treille a signé un contrat à plein temps et non plus seulement en prêt comme la saison dernière.
Deux autres puissances traditionnelles ont de quoi renverser la hiérarchie. Mora a survécu au chaos post-relégation l'an dernier, quand presque tous les joueurs sont partis, et a battu le rappel des joueurs formés au club comme le meneur de jeu Håkan Bogg. Le résultat est une équipe avec un seul étranger (un Finlandais suédophone), un grand contraste avec l'effectif cosmopolite qui avait été aligné en Elitserien. Enfin, Björklöven reste une équipe qui compte en Allsvenskan. Le nouvel entraîneur Kari Eloranta doit faire oublier une saison ratée, et il peut compter sur le jeune gardien titulaire du Danemark, Patrick Galbraith.
Pour autant, aucun de ceux-là n'a une place en play-offs garantie car presque toutes les autres équipes affichent la qualification comme objectif. Almtuna et Troja/Ljungby y sont arrivés l'an passé avec des recettes assez similaires : un hockey physique et intense dans le patinage pour le coach Jonas Rönnqvist à Uppsala, un jeu agressif et travailleur prôné par Martin Karlsson à Troja. Ces exemples de style physique a été suivi du côté de Bofors. Sam Hallam, l'adjoint qui avait remplacé Magnus Arvedsson viré à l'automne, pourra y travailler dès le début de saison avec la volonté de revenir aux vertus traditionnelles du club fondées sur l'intimidation de l'adversaire.
Le joker pourrait bien être Oskarshamn, qui a grimpé dans les pronostics depuis que l'équipe est restée invaincue en pré-saison. L'ancien gardien Tommy Salo, qui fait ses débuts comme entraîneur, se pique au jeu en annonçant "le top-6 comme objectif puisque tout le monde dit le top-7".
Seuls trois clubs sont plus discrets sur leurs ambitions. Le promu Örebro prévoit logiquement une phase initiale d'apprentissage, mais il faut se méfier de cette équipe pas si inexpérimentée qui est la plus grande et la plus lourde de la division. Le prêt du prometteur gardien Mark Owuya par Djurgården constitue un renfort important.
Les prêts sont encore plus essentiels pour les deux derniers clubs d'Allsvenskan. Affichant le plus petit budget, Sundsvall a obtenu de Modo le gardien Mikael Zajkowski, qui formera un bon duo Joakim Lundström et confortera le nouveau coach Per Djoos dans sa priorité à la défense. Borås servira toujours de partenaire privilégié de Frölunda et aura encore l'effectif le plus jeune, mais le style de hockey sera différent. Jens Gustavsson, qui débute comme entraîneur à ce niveau, est adepte d'un jeu de possession beaucoup plus constructif.
Les pronostics des experts pour l'Allsvenskan
Dagens Nyheter (Hans Jonsson) : 1 Leksand, 2 Västerås, 3 Växjö, 4 AIK, 5 Malmö, 6 Björklöven, 7 Mora, 8 Almtuna, 9 Troja-Ljungby, 10 Bofors, 11 Sundsvall, 12 Oskarshamn, 13 Örebro, 14 Borås.
Dala-Demokraten : 1 Leksand, 2 Malmö, 3 AIK, 4 Växjö, 5 Västerås, 6 Mora, 7 Almtuna, 8 Björklöven, 9 Troja-Ljungby, 10 Oskarshamn, 11 Örebro, 12 Borås, 13 Bofors, 14 Sundsvall.
Expressen : 1 Leksand, 2 Malmö, 3 Växjö, 4 AIK, 5 Västerås, 6 Almtuna, 7 Björklöven, 8 Troja-Ljungby, 9 Mora, 10 Oskarshamn, 11 Bofors, 12 Sundsvall, 13 Borås, 14 Örebro.
Marc Branchu