Suisse 2010/11 : bilan

 

Résultats du championnat suisse

 

Ligue Nationale A

 

Premier : Davos. C'était écrit. Après 2005, 2007 et 2009, 2011 ne pouvait pas échapper au HC Davos, plus que jamais l'équipe des années impaires. Un groupe homogène, forgé dans le culte de la victoire par un coach hors-norme, le "gourou" Arno del Curto. Une ossature éprouvée, composée de fidèles de la première heure (les frères von Arx, Rizzi, Guggisberg, Forster, Marha...), de jeunes loups aux dents longues (Bürgler, Grossmann, les frères Wieser, Sciaroni, Joggi) et d'étrangers d'impact (Sykora, Bednar). Mais il n'est pas d'équipe sans grand gardien. Et Leonardo Genoni en est un.

Ce pur produit de l'école zurichoise ne cesse de s'affirmer, depuis son arrivée au HCD en 2007, comme le digne successeur de Jonas Hiller. Bien sûr, Genoni règne avant tout sur une défense de fer, comme souvent la meilleure en LNA. Mais son invincibilité en finale, face à Kloten, n'a fait que souligner son importance dans le système d'Arno del Curto. Le même qui pouvait compter sur ses tauliers offensifs, toujours décisifs dans les moments importants à l'instar des Tchèques Marha et Taticek. Pourtant, ces deux-là n'ont pas connu la saison de leurs compatriotes, le buteur compulsif Petr Sykora (35 réalisations en saison régulière) et l'excellent Jaroslav Bednar, initialement engagé comme "joker médical" de Peter Sejna et qui a presque fini par voler la vedette à Reto von Arx.

Meilleure attaque et meilleure défense de LNA, le HC Davos a tellement survolé la saison (et les playoffs) qu'il ne pouvait qu'être champion. Et dire qu'il compte toujours aussi peu d'éléments en équipe nationale...

 

Deuxième : Kloten. Cette équipe-là avait pourtant tout pour plaire. Un grand gardien, rompu aux matchs décisifs (Ronnie Rüeger), une défense solide, même privée de sa tour de contrôle Radek Hamr (gravement blessé au genou), et une attaque impressionnante de diversité. Mais il n'y avait rien à faire face à ce Davos-là...

La finale attendue a bien eu lieu, non sans quelques frayeurs "inutiles" face à Berne en demi où Kloten menait trois victoires à zéro avant de se faire remonter. Pareil scénario a pourtant failli se répéter en finale... mais en faveur des Aviateurs cette fois. Il a pour cela fallu briser l'invincibilité de Genoni dans cette série. Mais le HCD a su s'épargner la tenue d'un septième match à quitte ou double...

Reste que cette saison, si frustrante soit-elle quant à son dénouement, est l'une des plus abouties qui soit. Elle a permis à Patrick von Gunten de s'affirmer comme le meilleur défenseur du championnat aux côtés du Canadien Micki DuPont, toujours aussi efficace offensivement, ou d'un Félicien Du Bois désormais bien installé en sélection nationale. Offensivement, la perte de Roman Wick à l'intersaison n'aura eu aucune incidence sur la production du club, équitablement répartie entre les "mercenaires" (Santala, Rintanen, Bell) et les nationaux. Non pas Marcel Jenni, vieillissant, ou encore le revenant Romano Lemm, mais surtout les Mathias Bieber, Denis Hollenstein et autres Simon Bodemann. Des talents qui ne manqueront pas d'être convoités à l'avenir...

 

Troisième : Zoug. Nouvelle patinoire, nouveau logo et mêmes forces en présences. L'EVZ n'a pas déçu après son ravalement. Glen Metropolit non plus, lui qui avait relancé sa carrière à Lugano six ans auparavant. Le Canadien, top-scoreur de LNA cette année-là, l'est redevenu cette année, à égalité avec Stacy Roest. Une performance d'autant plus méritante que Metropolit disputa moins de match que le maître à jouer de "Rappi" avec qui il partage cette formidable vision du jeu.

La présence de Metropolit aux côtés de Josh Holden ou Damien Brunner donne une belle idée d'un potentiel offensif sublimé par l'apport des "role players" dont font désormais partie les Björn Christen et autres Duri Camichel. Sans oublier le vétéran Paul DiPietro. Le héros des Jeux de Turin, bientôt quarante ans, savait que son contrat ne serait pas renouvelé à l'issue de la saison, contrairement à Corsin Casutt qui, pour son retour à Zoug, aura réalisé la meilleure saison de sa carrière.

Rien de comparable toutefois avec la démonstration réalisée par Rafael Diaz, aussi solide défensivement qu'efficace offensivement. On l'attendait encore plus fort cette année... mais peut-être pas aussi dominant. Tellement d'ailleurs qu'il rafla tous les suffrages des entraîneurs de LNA (sauf celui de Shedden, qui ne pouvait pas voter pour l'un de ses "poulains"). Élu défenseur de l'année à l'unanimité, ce pur produit de la formation zougoise devra maintenant transposer ces bonnes dispositions outre-Atlantique pour imiter Yannick Weber à Montréal.

 

Quatrième : Berne. Le SCB espérait secrètement se mêler à la lutte finale. Le tenant y a d'autant plus cru à l'arrivée quasiment providentielle de Thomas Déruns, devenu trop cher pour Genève-Servette. Avec les "anciens" comme Christian Dubé, le duo inséparable de l'équipe nationale Ivo Rüthemann - Martin Plüss, le "géant" Ryan Gardner et le battant Jean-Pierre Vigier, le SCB était offensivement bien armé. Et fermement décidé à défendre son titre, quitte à renverser des montagnes. Et c'en était une d'effacer trois défaites, en demi-finales, face à Kloten, pour arracher un septième match perdu sur la plus courte des marges (0-1).

Sans avoir dominé la saison régulière, comme ils en avaient pris l'habitudes ces dernières années, les Ours de Larry Huras ont tenu leur rang. Notamment en quarts de finale où Langnau, le néophyte, fut balayé sans coup férir. Mais si les SCL Tigers ont raté leurs grands débuts en playoffs, ce ne fut pas le cas de Johann Morant, appelé courant janvier pour disputer le grand derby (dit des "Zähringen") face à Fribourg-Gottéron. L'occasion pour le solide défenseur français de disputer son premier match dans l'ambiance surchauffée de la PostFinance Arena. Un événement exceptionnel qui ne le sera bientôt plus. Morant ayant été l'une des premières recrues bernoises avec le grand espoir Kevin Lötscher (Bienne), qui se remet doucement du terrible accident dont il fut victime en mai dernier.

 

Septème : Genève-Servette. Les Aigles espéraient mieux que cette 5e place après leur finale de l'an passé. Et même le fait d'avoir bien résisté à Zoug, un adversaire difficilement écarté l'an passé en demi-finales, ne rachètera pas une campagne assez décevante où l'incertitude financière s'est faite plus pesante que jamais. Sans perspectives d'évolution structurelle, avec des pouvoirs publics réticents à financer la construction d'une nouvelle patinoire, les dirigeants genevois ont tout de même obtenu de la Ville l'octroi de 7,5 millions de francs suisses destinés à rénover les Vernets cet été. Chris McSorley et sa double casquette d'actionnaire majoritaire et de coach devront toutefois attendre l'horizon 2015 pour qu'une arena flambant neuve de 10 000 places et aux coûts estimés, par l'intéressé, autour des 60 millions de francs, ne voit le jour. Soit presque autant que la rutilante Bossard-Arena de Zoug, inaugurée l'an passé.

Ce n'est pourtant pas là-bas, en Suisse centrale, que la saison genevoise s'est arrêtée mais bien aux Vernets, sur une quatrième défaite (4-5 après prolongation). Un revers frustrant pour une équipe pas épargnée par les blessures. "Le but cette saison était le titre, on ne peut donc être que déçu par cette élimination, avouait le président Hugh Quennec le soir de l'élimination, au micro de la TSR. Mais on peut être fier de l'effort fourni dans ce 6e match. On a vécu des hauts et des bas cet hiver. Pour une mauvaise saison, le résultat n'est quand même pas si mal. On ne saura que début avril quels seront nos moyens financiers pour la saison prochaine. C'est à ce moment-là que l'on saura si on peut conserver des joueurs comme Bezina ou Stephan..."

Pour ce qui est de Thomas Déruns, la grosse vedette de la saison passée, la question fut tranchée... dès le mois de janvier. Un transfert à Berne pour renflouer les caisses et qui amoindrit un peu plus un potentiel offensif inexprimé. La ligne que formait Déruns avec Paul Savary et Tony Salmelainen ne fut que l'ombre d'elle-même, ce qui n'arrangea pas les mauvais chiffres du powerplay. Les bonnes satisfactions offensives étaient donc plutôt à chercher du côté des doubles-passeports Dan Fritsche, arrivé en cours de saison et pas loin de valoir son point par match (avant qu'il ne se fracture la main contre Kloten fin février, ratant du coup les séries et se voyant remplacé par l'AHLer Juraj Simek), mais aussi Eric Walsky. Une belle trouvaille dont McSorley a le secret, dotée de bonnes mains, d'un sacré coup de patin et qui n'a jamais déparé aux côtés des Richard Park autres Jeff Toms, leaders statistiques d'une équipe amputée dès la pré-saison de son meilleur buteur suisse, Daniel Rubin, blessé au genou.

Reste la défense, point fort traditionnel du jeu de McSorley et toujours articulé autour de Tobias Stephan. Un grand gardien qui a confirmé sa bonne première saison au bord du Léman et qui disposa d'une arrière-garde éprouvée que le trentenaire américain Brian Pothier, avec ses 33 points personnels, su indéniablement bonifier.

 

Sixième : Langnau. Le SCL, qui n'a jamais disputé de playoffs en LNA depuis leur instauration en 1985, y est enfin parvenu. Et haut la main, en puisant sa force dans son collectif, bonifié par d'étonnantes individualités. Un buteur suisse retrouvé après les blessures et une parenthèse nord-américaine infructueuse (Daniel Steiner), un duo étranger méconnu, mais efficace (Mike Iggulden et le capitaine Pascal Pelletier). Sans oublier le vétéran Jörg Reber qui, a 37 ans, a réalisé la meilleure saison de sa carrière... et même effectué ses grands débuts internationaux face à la Franceen décembre !

Mais celui qui a focalisé toutes les attentions est un jeune loup aux dents longues devenu rien de moins que l'un des tous meilleurs gardiens du championnat. Sans un Benjamin Conz aussi talentueux et régulier devant le filet, Langnau n'aurait sûrement pas atteint ce niveau de performance, une incroyable cinquième place en saison régulière offrant au chaleureux public de l'Ilfis un derby cantonal du plus bel effet en quarts de finale. Seulement voilà, Berne était prévenu. Et l'effet de surprise ne jouait plus en faveur des hommes de John Fust.

Après avoir mené Viège au sommet de la LNB l'an passé, ce Canado-Suisse de 38 ans, joueur à Langnau de 1997 à 2002, a repris en main un groupe puisant traditionnellement sa force dans son collectif en y apportant un élément nouveau, mais essentiel cette saison, la régularité. Celle qui a manqué, ces dernières années, aux SCL Tigers pour finir dans le top huit, et qu'ils ont trouvée malgré la perte de leurs trois meilleurs nationaux (Blum, Bieber et Joggi) à l'intersaison. Une bonne leçon à méditer pour des clubs fortunés (Rapperswil et Lugano notamment) qui ne cessent de se fourvoyer dans des recrutements coûteux sans se soucier le moins du monde d'une quelconque stratégie sportive...

 

Septième : Zurich. Les ZSC Lions retrouveront-ils cette régularité qui leur fait défaut depuis 2008, année de tous les succès (nationaux et continentaux) du grand club zurichois ? Pourtant, cette saison promettait et pas seulement en raison du retour au pays d'un des meilleurs attaquants suisses de sa génération, Andres Ambühl, revenu échaudé de son aventure nord-américaine (qui s'est limitée à l'AHL). Ou même de l'arrivée d'un joker de choix, vétéran célèbre de la NHL, Owen Nolan, qui, à 39 ans (et pour sa première expérience européenne), fut l'un des plus réguliers. Presque autant que Thibaut Monnet, Domenico Pittis et Mark Bastl, leaders d'une attaque où les Ambühl, Wichser et autres Paterlini ont déçu.

Mais c'est en défense que le bât blessa pour les Zurichois. Le taulier Mathias Seger, excessivement pénalisé et moins en verve dans ses statistiques, n'aura jamais autant déçu. L'offensif Cory Murphy aussi malgré son excellent apport comptable. Le gardien Lukas Flüeler s'est lui affranchi un peu plus de l'ombre envahissante du "quadra" Ari Sulander... sans être pour autant considéré comme un membre de la caste des "grands" portiers de LNA.

Bref, l'habitué de l'Hallenstadion est resté sur sa faim et le remplacement d'Harold Kreis par Bengt-Åke Gustafsson après une entame calamiteuse n'a pas transformé le ZSC en machine à gagner. Bien mieux armé, Kloten a ainsi fait valoir sa suprématie cantonale en quarts de finale...

 

Huitième : Fribourg-Gottéron. On croyait Serge Pelletier, grand artisan du renouveau fribourgeois, indéboulonnable à Saint-Léonard. On pensait le Québécois capable, une nouvelle fois, d'emmener ses Dragons au-delà de leurs limites en playoffs. Mais cette fois, son état-major ne lui en a pas laissé le temps, le congédiant début février lors d'une séance du conseil d'administration invoquant les "difficultés" rencontrées par Pelletier pour gérer son groupe. Une décision étonnante de la part d'un club qui lui avait offert, quelques jours plus tôt, une rallonge de deux ans à un contrat courant déjà jusqu'en 2012...

Propulsé aux manettes de Fribourg-Gottéron, son adjoint René Matte héritait alors d'un groupe loin d'optimiser son potentiel malgré la régularité de Cristobal Huet devant le filet. Chacun s'accordait à dire, dans le vestiaire fribourgeois, qu'une piteuse défaite à Lugano quelques jours plus tôt (5-6 après avoir pourtant mené 5-2) fut l'élément déclencheur de ce renvoi assez inattendu, mais qui mit les joueurs devant leurs responsabilités. Des troupes désorganisées par les départs forcés, à la fin de l'automne, des "super-pigistes" Simon Gamache et Pavel Rosa, prêtés par leurs clubs respectifs (Berne et Kärpät Oulu) et tellement efficaces que Serge Pelletier avait fait de leur recrutement (pour 2011/12) une priorité. Problème, le "blondinet" québécois et le vétéran tchèque seront bien à Saint-Léonard l'an prochain... mais sans le technicien canadien !

Envoyés au casse-pipe au premier tour des playoffs face à Davos, les coéquipiers de Sandy Jeannin sont partis en vacances les valises pleines... de buts. 22 précisément, en quatre matchs seulement avec, notamment, un cinglant 7-0 encaissé dans les Grisons.

 

Neuvième : Bienne. Difficile, concernant Bienne, de ne pas s'attarder sur les malheurs de Kevin Lötscher. Le meilleur compteur suisse du club seelandais, devenu international (et néo-bernois), se savait au tournant de sa jeune carrière. Mais pas si près d'un drame, comme ce fut le cas en mai dernier, en fin de nuit à Sierre, où une conductrice fortement alcoolisée le renversa alors qu'il marchait sur le trottoir.

On pouvait craindre le pire mais Lötscher est sorti du coma artificiel, comme il a quitté les soins intensifs le 12 juin. L'histoire de ne dit pas si le Valaisan retrouvera son niveau de jeu d'avant, mais relativise beaucoup de choses à Bienne où joueurs, dirigeants et entraîneur ont apprécié d'être en vacances prématurées. Pour la première fois depuis son retour en LNA, les hommes de Kevin Schläpfer n'ont pas été directement concernés par les affres de la relégation, et ils s'en contentent volontiers. Un objectif qui, à en croire les dirigeants, ne sera bientôt plus suffisant et forcera encore Schläpfer à ruser pour dénicher de bons jeunes en devenir ou les meilleurs rapports qualité/prix...

 

Dixième : Lugano. L'époque d'Il Grande Lugano est bel est bien révolue, au grand dam de tifosi exaspérés par les contre-performances répétitives des "bianconeri". Aucune demi-finale depuis 2006 et, surtout, deux participations au play-out en quatre ans. Un bilan indigne d'un supposé cador, qui s'est encore perdu dans un recrutement coûteux en assistant à la débâcle de ses meilleures individualités. Quelques jets de projectiles, comble de l'exaspération des tifosi, ont même été recensés cette année du côté de la Resega...

Être une légende vivante du club n'a pas aidé Philippe Bozon à devenir l'entraîneur à succès que l'on attendait. Pourtant, malgré ces circonstances défavorables, le Français a longtemps gardé la confiance de ses dirigeants avant son licenciement fin novembre. Même causes même effet pour son assistant Sandro Bertaggia, un autre monstre sacré du HC Lugano...

Optimiser le potentiel d'un groupe miné par les blessures (Petteri Nummelin, Brady Murray, sans parler de Ben Clymer qui n'a pas joué de la saison et vient même de prendre sa retraite à cause de son genou récalcitrant), les méformes (celle du gardien Aebischer qui a précipité le retour en Suisse de Sébastien Caron) et les déceptions (Hennessy, Popovic) n'a jamais été une sinécure pour quelque entraîneur que ce soit. Greg Ireland, successeur du Boz', aura au moins la satisfaction d'avoir abrégé le passage de Lugano en play-out (4 à 0 face à Rapperswil).

Rien ne dit que les "bianconeri" vivront une saison 2011/12 moins chaotique, mais les arrivées prochaines de Daniel Steiner (Langnau) et des vétérans Kimmo Rintanen (laissé libre par Kloten), Jaroslav Bednar (Davos) et Rob Niedermayer (Buffalo) donneront encore une fière allure - sur le papier - au contingent luganais...

 

Onzième : Rapperswil-Jona. Un gâchis. C'est l'impression que laisse Rapperswil depuis plusieurs années. Et pourtant, tout le monde sait qu'accumuler les individualités n'est pas un gage de réussite collective. Finalistes du play-out de LNA, les Lakers n'ont donc pas brillé mais comptaient pourtant en leurs rangs l'un des meilleurs gardiens suisses du moment (Daniel Manzato), l'un des tout meilleurs compteurs (Stacy Roest) et un nombre incalculable de valeurs sûres de LNA, pour certaines passées par l'équipe nationale.

Si "Rappi" avait tout d'un grand sur le papier, sur la glace il en fut donc tout autrement. Antithèse absolue de Davos, qui puise sa force dans la stabilité de son effectif depuis plusieurs années, le club saint-gallois ressemble à un cimetière d'éléphants où sont venus s'enterrer les Loïc Burkhalter et autres Michel Riesen, autrefois si productifs à Davos. Daniel Manzato, lui, déclarait tout simplement en avoir "marre de bosser avec des guignols". Inutile de préciser que l'entraîneur Christian Weber, débauché de Langnau à l'intersaison, a rejoint la longue liste des coachs de LNA débarqués en cours de saison...

Le Rapperswil d'Igor Pavlov, appelé début février, a finalement sauvé sa saison en expédiant Ambrì-Piotta en barrages face au champion de LNB (Viège). Mais a rendu une image très négative... en creusant un peu plus son passif !

 

Douzième : Ambrì-Piotta. Plus les années passent, plus les playoffs s'éloignent pour Ambrì-Piotta. Une fois encore, les "biancoblù" ont connu une saison noire débutée par quatorze défaites à leurs quinze premiers matchs. Un bilan nécessitant le remplacement de Benoît Laporte par Kevin Constantine le 18 octobre. La rigueur que l'Américain inculquait aux Ducs d'Angers a aidé les Tessinois à se relever de la pire entame de championnat de leur histoire en LNA avec un sursaut de trois victoires en quatre parties dès sa prise de fonction.

Promis aux barrages malgré l'apport des jokers défensifs (Vladimir Denisov) et offensifs (Éric Landry) de l'automne, les Léventins n'ont pas échappé à leur funeste destin. Il leur a fallu s'employer pour ne pas subir l'affront d'une défaite face au champion de LNB (Viège) et digérer les deux précédentes séries en play-out, perdues face à Bienne et Rapperswil après avoir à chaque fois mené deux victoires à zéro.

La pire attaque de LNA (99 buts, soit 30 de moins que celle de Genève-Servette, qui la précède) ne pouvait qu'être emmenée par le moins productif des top-scoreurs du championnat. Mais pas le moins prometteur puisqu'il s'agit d'un jeune talent du cru, Inti Pestoni, 19 ans et plus de points à son compteur (27) que les Martin Kariya (26), Paolo Duca (25) et Éric Landry (22). Erik Westrum aura lui payé un lourd tribut à une commotion subie en septembre suite à une charge du Fribourgeois Shawn Heins.

Fragilisée sportivement depuis quelques années, la position d'Ambrì parmi l'élite du hockey suisse l'est aussi financièrement. Le déficit s'est agrandi après une saison difficile, marquée par des pertes estimées à 2 millions de francs suisses. Une assemblée générale extraordinaire, réunie en mai dernier, a confirmé la volonté des actionnaires de voir leur club rester en LNA, et une grande collecte de fonds a été lancée pour tenter de remettre les comptes à flot.

 

 

Ligue Nationale B

 

Personne n'imaginait Viège à pareille fête après une entame aussi désastreuse. Finalistes malheureux l'an passé, les Haut-Valaisans partaient pourtant avec l'étiquette d'un outsider. Si le coach Réal Paiement, venu d'Ajoie à l'intersaison, n'a pu suppléer le départ de John Fust en LNA, son successeur Bob Mongrain a su remonter une équipe devenue moribonde, mais requinquée après le départ de Cory Pecker retourné à Lausanne.

Les Viégeois ont obtenu un sacre expéditif. Un cinglant 4 à 0 passé à un LHC désabusé et résolument inférieur dans tous les compartiments du jeu. Le gardien Jonas Müller, imbattable, a sublimé une défense de fer, où règnent les trentenaires Marco Schüpbach et Beat Heldstad. Le Québécois Dominic Forget a retrouvé toute son efficacité de la saison passée aux côtés de nationaux pour le moins inspirés. Les Tomas Dolana, Alain Brunold, Luca Triulzi et autres Andy Furrer, sans oublier le vétéran Michel Zeiter ou l'inattendu Michael Loichat, auteur de neuf réalisations en playoffs. Les Viégeois n'ont cependant décroché qu'une victoire face à Ambrì-Piotta dans un barrage de promotion/relégation où chaque manche aura été serrée.

L'ogre supposé Lausanne n'a jamais vraiment impressionné les observateurs, conscients des limites d'un groupe pour une fois dépourvu des meilleurs joueurs suisses de la division. Le meilleur buteur helvétique du circuit ? Stefan Tschannen, le capitaine de Langenthal (29 buts), suivi par Philipp Wüst (Olten, 25) et l'increvable Michael Neininger (La Chaux de Fonds, 23). Le meilleur défenseur offensif ? Ronny Keller (Sierre) avec 52 points... L'Autrichien Oliver Setzinger, seul cache-misère statistique de Lausanne, fut donc pour beaucoup la seule véritable satisfaction de Lausanne cette saison. Les boucs-émissaires, eux, ne manquent pas à l'image du vieillissant Jan Alston, que beaucoup à Malley aimeraient voir prendre sa retraite... Pourtant, comme chaque année, la troupe de John Van Boxmeer s'est réveillée au milieu de sa série de quarts de finale contre Ajoie. Une qualification dans la douleur face à de coriaces jurassiens, jusqu'à cette finale tant attendue et ratée, face à Viège, revenu du diable vauvert...

Les Alémaniques avaient fait tombé en demi-finale l'autre grandissime favori de la saison, premier du championnat régulier, La Chaux de Fonds. On imagine la déception aux Mélèzes, où brille le meilleur étranger du championnat (Benoît Mondou) et où le défenseur français Johann Morant a pris une nouvelle dimension. Au point d'avoir suscité l'intérêt de Larry Huras. Morant sera donc bernois à la rentrée et n'aurait de toute façon pas connu la LNA sous le chandail du HCC.

L'ex-Mulhousien Greg Day et le vétéran Steve Brulé ont fui en cours de saison le moribond contexte de Thurgovie qui, comme les GCK Lions d'ailleurs, n'a jamais été en mesure de briguer les playoffs. Laissant Sierre, comme toujours emmené par son super duo Derek Cormier - Lee Jinman (167 points à eux deux), Ajoie et Bâle vivre sereinement leur saison. Un fait nouveau pour les Basel Sharks de Dany Gélinas, qui ont accueilli le talentueux Damiano Ciaccio (qui n'a su saisir sa chance à Fribourg-Gottéron) et reprennent chaque année plus de couleurs depuis leur rétrogradation en LNB (en 2008).

Restent Olten et Langenthal, qui auront été deux des grands animateurs d'une saison régulière qu'ils ont respectivement bouclée au deuxième et quatrième rang. Un pronostic inenvisageable en début de saison, où beaucoup craignaient qu'Olten ne puisse faire le deuil de son duo Jeff Campbell - Brent Kelly parti à... Langenthal ! Non seulement leurs remplaçants, Marty Sertich et Carsen Germyn, ont largement livré la marchandise, mais en plus les buteurs suisses s'y sont mis. Philipp Wüst, mais aussi Pascal Annen, Cyrill Aeschlimann, Diego Schwarzenbach et même l'ancien Patric Della Rossa ont fait le métier. Malheureusement, le meilleur étranger (Sertich) était blessé en play-offs, et c'est un Olten usé qui s'est incliné contre Lausanne en demi-finale. Urban Leimbacher n'en est pas moins considéré depuis plusieurs années comme le tout meilleur gardien de LNB... même devant Gianluca Mona, le jeune gardien retraité du LHC. À moins qu'il ne reprenne du service, à l'étage inférieur du côté de Martigny.

 

1re ligue

 

Un Red Ice (où jouent désormais les Français Rémy Rimann et Anthoine Lussier) nullement découragé d'un jour retrouver la LNB. Aussi les Bas-Valaisans ont-ils déjà recruté le gardien Reto Lory (Viège) et rappelé Igor Fedulov (Lausanne) qui formait aux côtés de Petr Rosol la meilleure paire de LNB à la fin des années 90, lorsque Martigny tenait son rang dans l'antichambre du hockey suisse.

L'entité "Red Ice Martigny-Verbier-Entremont" rêve donc retrouver la LNB, quatre ans après le retrait du HC Martigny. Et ils sont bien peu, en 1re Ligue, à s'y intéresser. Les Martignerains, donc, mais aussi leur grand rival bernois, Huttwil, qui les a dominés en finale. Gagnant sportivement son accession en LNB.

Seulement voilà, les Falcons n'ont pas envoyé leur dossier dans les délais impartis et se sont vu fermer la porte au nez. Au grand dam de leur président Markus Bösiger, qui a porté l'affaire devant les tribunaux et pris des mesures radicales : la fermeture pure et simple de la patinoire d'Huttwil ainsi que le retrait immédiat des Falcons !

Ironie du sort, quatre d'entre eux (Portmann, Bartlomé, Dähler et Ryser) ont rejoint... le Red Ice ! Les autres ayant trouvé preneurs ailleurs, principalement dans d'autres clubs alémaniques de la troisième division helvétique à l'exception du gardien Simon Pfister, engagé comme remplaçant à Bâle.

 

Jérémie Dubief

 

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