Suisse 2011/12 : présentation

 

Le contrat de diffusion de 24 millions d'euros obtenu cet été par le football suisse, en passant entièrement à la télévision payante, a aiguisé les appétits du hockey sur glace. Celui ne touche en effet que 8,5 millions d'euros dans son contrat qui arrive à échéance le printemps prochain. Les clubs commencent donc déjà à discuter pour affiner leur stratégie. Aucun ne semble vouloir renoncer à la présence partielle sur la télévision publique, qui diffuse une partie des play-offs en plus des Mondiaux et de la Coupe Spengler. En effet, la télédiffusion gratuite est importante pour la médiatisation et donc pour les sponsors.

Le point d'achoppement est finalement la Coupe Spengler : pur produit télévisuel, idéal pour meubler la période creuse entre Noël et le Nouvel An, le tournoi traditionnel rapporte plus de 2 millions par an à son organisateur, le HC Davos, et fait sa fortune. Ce monopole du champion suscite quelques jalousies de ses concurrents, en particulier des ZSC Lions qui militent pour annuler la trêve de la LNA pendant les fêtes, ce qui torpillerait de fait le tournoi. Cette position extrême n'est cependant partagée que par Zoug. Plutôt que de tuer la poule aux œufs d'or, les clubs veulent surtout leur part de la ponte. Le partage des gains, position défendue publiquement par Berne, sera l'évidente solution de compromis de ces négociations.

 

En attendant, Davos se dresse encore en prétendant évident pour le titre, fort d'une continuité préservée malgré le départ d'un de ses meilleurs étrangers (Jaroslav Bednar, à Lugano). Peu de mouvements ont été enregistrés dans les Grisons, où les tauliers d'hier seront encore, à n'en pas douter, les leaders de demain. Arno del Curto pourra ainsi compter sur le "MVP" suisse 2011, Reto von Arx, distributeur hors-pair et parfait relais de son entraîneur sur la glace.

Avec les Tchèques Petr Sykora, Josef Marha et Petr Taticek, l'attaque s'appuiera également sur sa jeune garde suisse. Celle des Dario Bürgler, Matthias Joggi, Dino Wieser, Gregory Sciaroni et Jannick Steinmann. Sans oublier Peter Guggisberg, buteur redoutable (quand il n'est pas blessé, ce qui est encore le cas), ou encore Sandro Rizzi, le centre défensif par excellence, tout proche des 800 matchs disputés en LNA. Rajoutez le Slovaque Peter Sejna, de retour d'une longue blessure, et vous obtenez de quoi former quatre trios de haute volée...

Derrière, ce n'est pas mal non plus avec le gardien Leonardo Genoni, aussi solide en saison régulière qu'efficace en playoffs. À 25 ans, il entame sa cinquième saison à Davos et sera bien protégé par un système défensif éprouvé. Des mécanismes bien huilés incarnés par l'expérience de Jan von Arx, Tim Ramholt et Beat Forster. Un leadership partagé avec Robin Grossmann, atout jeunesse d'une arrière-garde rajeunie par l'arrivée de Marc Geiger (GCK Lions).

2012 étant une année paire, le HCD ne devrait pas être champion si l'on se fie aveuglément aux statistiques. Nul doute qu'à la Vaillant-Arena, on ne l'entend pas de cette oreille !

 

C'est qu'il faudra aller les chercher, ces Grisons, ce à quoi aspire plus que jamais Kloten. Le retour de Roman Wick, après seulement une saison outre-Atlantique (où il devint le premier Suisse vainqueur de l'AHL), renforce les ambitions d'un club qui s'est départi d'un de ses étrangers les plus emblématiques, Kimmo Rintanen. à 38 ans et après dix ans passés à enchanter le Schluefweg, le Finlandais s'est vu signifier, en fin de saison dernière, qu'il ne serait pas conservé. Rintanen n'a pas eu grand mal à se recaser (à Lugano, où l'on est toujours avide de grands noms) et sera remplacé par une valeur sûre des "mercenaires" de LNA, Niklas Nordgren. Problème, le Suédois s'est blessé à l'épaule lors d'un entraînement et sera indisponible pendant plusieurs mois.

Et il n'est pas le seul dans ce cas, de nombreux pépins touchant le secteur offensif. Du vétéran Marcel Jenni (genou, retour prévu en octobre) aux jeunes talents Denis Hollenstein et Steve Kellenberger (épaule). Sans oublier l'attaquant vedette Tommi Santala, qui s'est récemment fracturé un orteil. Aussi deux pigistes tchèques, Vojtech Polak et Jakub Sindel, ont-ils été engagés pour pallier ces désistements.

Au complet, c'est-à-dire avec Santala, Wick et Nordgren, Kloten disposera d'une attaque redoutablement homogène, où les internationaux Matthias Bieber, Romano Lemm et Viktor Stancescu apportent un écot non négligeable. Un arsenal d'autant plus appréciable avec les jeunes Simon Bodemann, Arnaud Jacquemet, Steve Kellenberger et Denis Hollenstein, véritables pépites d'un ensemble offensif tempéré par le métier des vieux briscards, l'éternel Marcel Jenni et l'expérimenté Michael Liniger.

Le départ de Patrik von Gunten à Färjestad est une perte incommensurable pour le secteur défensif. Le Tchèque Radek Hamr, blessé toute la saison passée, n'a également pas été conservé. D'où l'arrivée d'un blueliner chevronné, le Canadien Duvie Westcott (ZSC Lions), dont le style défensif tranche avec la touche offensive de Micki DuPont.

Ronnie Rüeger, à 38 ans passés, est toujours présent devant le filet, cette fois secondé par un certain Michael Flükiger. Oui, le tandem Rüeger-Flükiger était celui d'Il Grande Lugano lors de son titre de champion en 2006. Faut-il y voir plus qu'une simple coïncidence ?

En tout cas, l'alignement d'Anders Eldebrink a encore une fois fière allure sur le papier. Le coach suédois s'est fait la peur de sa vie cet été lors de ses vacances en Laponie, en tombant nez à nez avec un ours. Espérons, pour les Aviateurs, qu'il ne s'agisse pas d'un mauvais présage venu... de Berne !

 

Autre équipe peu remaniée cet été, Zoug. Un outsider de choix au vu du potentiel offensif concentré à l'EVZ, où sont recensés quelques-uns des tous meilleurs étrangers du circuit (Josh Holden et Glen Metropolit) et une flopée d'attaquants capables d'assurer, au moins, les vingt buts par saison. Le capitaine Duri Camichel en était loin l'an passé mais tend à devenir un joueur très complet. Un joueur de l'ombre au besoin, à l'image d'un Sven Lindemann ou d'un Fabian Sutter, pour mieux faire briller les Fabian Schnyder, Björn Christen et Damien Brunner.

Seule ombre au tableau, la grave maladie dont souffre Corsin Camichel, atteint d'un cancer des ganglions lymphatiques. Annoncé en février dernier, ce coup dur prive Zoug d'un attaquant de choix et contraint l'homme à livrer un âpre combat, comme l'a fait Saku Koivu en son temps...

Zoug devra également digérer la perte de son défenseur numéro un, Rafael Diaz, qui a su charmer les scouts montréalais après une campagne 2010/11 des plus abouties. Autre symbole fort du système Shedden, le double-passeport Wesley Snell s'est lui engagé à Sierre en LNB. Autant dire qu'un Timo Helbling (de retour de son exil finlandais), avec la rugosité qu'on lui connaît, est le plus à même de le remplacer ! La défense est citée comme éventuel point faible du club de Suisse centrale, où l'arrivée d'Andreas Furrer (Rapperswil) aux côtés des Patrick Fischer, Patrick Oppliger, Andy Wozniewski et Alessandro Chiesa n'est pas des plus rassurantes. Surtout lorsqu'on sait que Doug Shedden a longtemps courtisé un gros calibre étranger. Il faudra donc faire avec cette défense, articulée autour de Jussi Markkanen. Un gardien d'expérience tantôt brillant, tantôt décevant, comme en playoffs l'an passé.

 

À Berne, une page s'est tournée avec le départ de Christian Dubé. Après neuf saisons au SCB, le Canado-Suisse s'en est allé, à Fribourg-Gottéron, en compagnie de Simon Gamache, laissant un déficit de créativité que Larry Huras espère combler en puisant dans la richesse de son contingent. Le retour en Suisse de Byron Ritchie, qui avait fait très forte impression lors de son premier passage en LNA à Genève-Servette, est une solide acquisition pour l'ancien défenseur rouennais et gapençais. Le même qui a fait venir Johann Morant de La Chaux-de-Fonds, offrant à l'arrière français l'occasion de confirmer les énormes progrès effectués ces dernières années en LNB.

Pour le reste, Berne misera sur un effectif dense, alliant expérience et jeunesse. Celle des Pascal Berger, Étienne Froidevaux, Tristan Scherwey et Joël Vermin. Les cadres de demain. Aujourd'hui étant entre les mains des internationaux Martin Plüss, Ivo Rüthemann, Ryan Gardner et Thomas Déruns. Sans oublier Jean-Pierre Vigier, le guerrier canadien, et Kevin Lötscher, qui se remet de son terrible accident du printemps.

L'attaque, impressionnante, est le prolongement d'une défense très dense, toujours emmenée par son métronome Travis Roche, et qui misera sur ses internationaux confirmés (Philipp Furrer, Beat Gerber, David Jobin) et sur son étranger surnuméraire, Joel Kwiatkowski. Marco Bührer reste une pointure devant le filet. Reste à voir si Berne, théâtre des meilleures affluences européennes depuis déjà plusieurs années, saura rallier la finale. Deux ans après son dernier sacre...

 

On le sait, Chris McSorley n'a pas son pareil pour transcender ses troupes. Et cette année, l'entraîneur multi-fonctionnel, entend bien ramener "son" Genève-Servette vers les sommets. Cela passe par un recrutement intelligent, pas folichon au premier abord mais destiné à efficacement compléter un alignement homogène, où le polyvalent Kévin Hecquefeuille devrait tirer son épingle du jeu. La reconversion défensive réussie du Français n'a pas échappé à McSorley, qui tient en Noah Schneeberger un "plus qu'espoir" défensif du hockey suisse. Les départs de John Gobbi, Robin Breitbach et Martin Höhener marquent toutefois la fin d'un cycle, même si les piliers Goran Bezina et Brian Pothier ont eux re-signé.

La meilleure attaque étant la défense, Genève-Servette s'appuiera encore sur ce bloc homogène bonifié par la régularité d'un grand gardien, comme Tobias Stephan. Un atout maître dans la manche de McSorley, encore tout heureux d'avoir déniché, l'an passé, Eric Walsky, un talent méconnu à son arrivée... mais très courtisé après son excellente première saison en LNA. L'Américano-Suisse, son compatriote Dan Fritsche et le jeune Juraj Simek incarnent cette relève offensive destinée à succéder aux Richard Park (tout juste engagé par Pittsburgh) et Jeff Toms (encore sans contrat). Et nul doute qu'avec Walsky, Rico Fata (Bienne) et le Finlandais Toni Salmelainen, la vitesse d'exécution et de patinage ne sera pas la dernière des qualités genevoises !

Avec Morris Trachsler, Chris Rivera, Flurin Randegger et Daniel Rubin, Chris McSorley tient là une belle brochette de talents helvétiques. Surtout si l'on rajoute Paul Savary, une autre valeur sûre. Les Français Pierrick Pivron et Eliot Berthon perpétueront, aux côtés d'Hecquefeuille, la tradition "francophile" des Vernets où se sont succédé, ces dernières années, les Laurent Meunier, Yorick Treille et autres Philippe Bozon !

 

C'est bien connu, les grands noms ne font pas forcément une grande équipe, mais les ZSC Lions veulent faire mentir cet adage. L'increvable ex-international finlandais Ari Sulander, maintenant assimilé, n'est plus considéré comme étranger et va ainsi débuter la saison devant le filet, reléguant son successeur Lukas Flüeler au rang de spectateur. Le légendaire Owen Nolan est parti mais l'esprit de la NHL perdure avec Jeff Tambellini qui, après avoir oscillé entre AHL et NHL pendant sept ans, rejoint le ZSC. Comme son père Steve, vingt ans auparavant, lorsque le grand club zurichois végétait en LNB. Tambellini est un grand nom de plus pour une équipe qui n'en manque pas (Thibaut Monnet, Andres Ambühl, Domenico Pittis, Adrian Wichser et Patrik Bärtschi).

Niki Altorfer, qui brillait dans le "club-école" des GCK Lions, incarne la bonne santé de la filière interne du ZSC, d'où provient également le Letton Ronalds Kenins. Sans oublier le Canadien Blaine Down, qui complète des rotations offensives très fournies aux côtés de l'Italo-Canadien Domenico Pittis, des travailleurs Cyril Bühler, Thomas Ziegler et Mark Bastl.

Ce contingent offensif est bonifié, à l'arrière, par l'arrivée du Tessinois John Gobbi. Son coéquipier Robin Breitbach est le défenseur physique par excellence et s'ajoute au rapatriement du défenseur "étoile" Severin Blindenbacher.

Mais le principal tour de force des ZSC réside, outre, dans l'engagement de Bob Hartley. Un coach de renom, vainqueur de la Coupe Stanley 2001 avec le Colorado, pour une équipe courant après son glorieux, mais pas si lointain passé. Il y a trois ans seulement, Mathias Seger et compagnie raflaient le titre national... et battaient, dans la foulée, Magnitogorsk pour s'adjuger le titre européen. Un exploit suivi d'une victoire de prestige face à Chicago.

 

À Fribourg-Gottéron, personne n'a oublié les fameuses années Bykov-Khomutov. Une époque bénie pour les fans fribourgeois, un peu sevrés depuis mais plein d'espoirs avec les arrivées des Bernois Christian Dubé, Simon Gamache et le retour du Tchèque Pavel Rosa, auteur d'une pige remarquée l'automne dernier. L'attaque prend une nouvelle dimension avec ces trois-là, surtout que Julien Sprunger, Sandy Jeannin et Andrej Bykov sont toujours là.

Cristobal Huet aussi, a priori, même si le "frenchy" ne sera pas immédiatement disponible. D'où la chance accordée à Simon Rytz, meilleur gardien de LNB à Ajoie l'an passé. Un gardien petit par la taille, mais grand par le talent, sur qui plane immanquablement le spectre de Damiano Ciaccio qui, lui, n'avait su saisir sa chance l'an passé, en attendant l'arrivée d'Huet.

Flanqué de son assistant René Matte et d'un entraîneur des gardiens bien connu dans nos contrées (l'ex-Angevin Sylvain Rodrigue), le coach Hans Kossmann, ex-bras droit de Chris McSorley aux Vernets, a les moyens de bien figurer avec ce contingent équilibré, défensivement renforcé par l'arrivée du routinier tchèque Michal Barinka. Un renfort de poids (1,92 pour plus de 100 kg) aux côtés du rugueux Shawn Heins (qui ne fait plus forcément l'unanimité et reste sujet aux suspensions) et du très prometteur Romain Loeffel.

L'attaque devra quant à elle éviter les blessures qui, connaissant la poisse de Gottéron ces dernières années, ne manquera pas de l'affecter. Et cela n'a pas tardé : dès la première journée, un coup de coude du Zougois Josh Holden a contraint Christian Dubé, ensanglanté, à sortir sur civière...

 

L'heure du rachat a sonné du côté de Lugano, où l'on s'est donné les moyens de bien figurer après plusieurs saisons chaotiques. Cette fois, les "bianconeri" se devront d'être à la hauteur de leur potentiel, forts de nouvelles individualités censées ramener le club tessinois vers les sommets. Le décevant David Aebischer (qui a obtenu un essai à Winnipeg) est ainsi supplanté comme numéro un par Benjamin Conz, grosse révélation de la saison passée à Langnau où il s'était affirmé comme l'un des tout meilleurs portiers de LNA à seulement 20 ans.

Pour le reste, Lugano impressionne... sur le papier. Les attaquants renommés ne manquent pas, entre Hnat Domenichelli, Brady Murray et les internationaux Raffaelle Sannitz et Kevin Romy. Les "seconds couteaux" de choix non plus, entre Sébastien Reuille et Oliver Kamber. Les jeunes talents sont là, à l'instar de Mauro Jörg. À l'arrière, les noms de Julien Vauclair, Petteri Nummelin et Steve Hirschi se suffisent à eux-mêmes.

Toujours friand de grands noms, Lugano n'a pas hésité quand l'occasion Kimmo Rintanen s'est présentée. Idem avec le buteur Daniel Steiner (Langnau) et l'excellent Jaroslav Bednar, chipé à Davos pour illuminer l'attaque "bianconera". Mais le gros coup de l'été reste l'engagement du vétéran Rob Niedermayer, 36 ans, plus de 1200 matchs en NHL au compteur, près de 500 points compilés dans la Grande ligue, une Coupe Stanley (Anaheim 2007) et une médaille d'or amassée avec le Canada (en 2004). Niedermayer a côtoyé les plus grands durant son illustre carrière et n'a pas manqué de consulter son cousin Jason Strudwick, passé par Lugano en 2005/06.

Pour diriger cette cohorte de stars, le manager Roland Habisreutinger a dépêché un coach de renom : Barry Smith. De l'expérience à la pelle, un vécu en NHL considérable et, même, trois années passées à la barre du SKA Saint-Pétersbourg. Un club connu pour ses recrutements alléchants, ses égos ingérables... et ses promesses sportives jamais tenues ! À Lugano, le sexagénaire canadien ne sera donc pas (totalement) en terrain inconnu !

 

Qu'attendre de Bienne cette saison ? Sur le papier, les Seelandais valent à peu près ceux de l'an passé, avec de nouveaux arrières étrangers pour remplacer Curtis Brown et Brendan Bell. L'un, Tom Preissing, devait évoluer en KHL l'an passé (Barys Astana), mais y a été blessé au genou gauche dès son deuxième match de championnat en étant pris en sandwich par deux charges. L'autre, Mario Scalzo, était un rouage important à Mannheim l'an passé, en plus d'avoir gagné ses galons au sein du "Team Canada". Ancien coéquipier de Sidney Crosby à Rimouski, Scalzo est attendu pour prendre les rênes d'un secteur où le vétéran Martin Steinegger devrait disputer sa dernière saison professionnelle.

La faible marge de manœuvre de Bienne sur le marché des transferts l'oblige à tenter des coups. Quitte à n'être qu'un tremplin vers d'autres cieux, comme ce fut notamment le cas avec Patrik von Gunten et Kevin Lötscher. Le potentiel d'Anthony Huguenin, révélé à La Chaux-de-Fonds ces deux dernières années, est certain et son évolution ne manquera pas d'être scrutée.

Kevin Schläpfer devra composer avec trois étrangers aux avant-postes... pour vraisemblablement deux places compte tenu des limites que laisse entrevoir le secteur défensif. Aussi devra t-il choisir entre Éric Beaudoin, le solide Canadien, Ahren Spylo, le puissant buteur germano-canadien, et le désormais vétéran Sébastien Bordeleau, moins fringant qu'auparavant et plus fragile physiquement.

L'arrivée de Marc Wieser (Davos), venu dans un club moins huppé pour gagner en temps de jeu et en responsabilités, ne compense par totalement le départ de Lötscher. Mais elle va efficacement compléter un alignement où Gianni Ehrensperger, Marco Truttmann, Kevin Gloor, Alain Miéville, Emanuel Peter et Mathieu Tschantré sont autant de joueurs-cadres. De bons éléments suisses et un bon gardien, Reto Berra, qui devra friser l'excellence pour que le club de la cité bilingue atteigne son objectif ultime : atteindre les playoffs.

 

Ces play-offs qui se refusaient à lui durant dix ans, Langnau y est enfin parvenu l'an passé. Mais à quel prix ? Celui des départs de nombreux éléments-clés, comme Daniel Steiner et surtout Benjamin Conz, l'ange-gardien des SCL Tigers. Une perte énorme... et un beau (dernier ?) défi à relever pour le vétéran Robert Esche. Le gardien américain découvre la LNA sur le tard, à presque quarante balais, fort d'un solide vécu international et d'une carrière dernièrement menée en KHL. Esche sera doublé d'Urban Leimbacher, qui faisait merveille à Olten.

L'effet de surprise ne comptera plus pour le petit club emmentalois, qui espère toutefois réitérer sa belle performance de l'an passé... avec de nouveaux étrangers ; Esche donc, mais aussi Joël Perrault, un ailier d'impact qui n'a pu s'imposer en NHL, et le centre Kurtis McLean, l'un des très bons étrangers de SM-liiga ces deux dernières années (au Lukko Rauma, où il frisait le point par match). Les deux Canadiens s'ajoutent à leurs compatriotes Pascal Pelletier et Mike Iggulden pour donner fière allure à l'attaque, où a également débarqué le Canado-Suisse Robin Leblanc. à 28 ans, le fils de Fernand, buteur légendaire de Coire, Herisau et du Ajoie de la toute fin des années 80 est un cadre en puissance aux-côtés des frères Claudio et Sandro Moggi, de Simon Moser ou encore d'Anton Gustafsson. Oui, le fils d'un certain Bengt-Åke Gustafsson !

John Fust, l'entraîneur charismatique des SCL Tigers, tient en Philippe Rytz un défenseur revanchard, car peu aligné ces dernières années à Berne. L'ancien Jörg Reber devra lui confirmer son renouveau au sein d'une défense 100 % helvétique. Le Canadien Curtis Murphy, présent depuis quatre ans à l'Ilfis, a en effet rejoint le championnat autrichien (Linz).

 

Rapperswil-Jona, qui n'en finit plus d'exaspérer, présente un visage séduisant sur le papier... pour changer ! L'arrivée d'un défenseur offensif dominant en DEL (Derrick Walser) est prometteuse, au même titre que celle du centre Mark Hartigan, passé par la KHL après avoir écumé la NHL et l'AHL. La présence d'un maître à jouer de la trempe de Stacy Roest et d'un gardien de l'envergure de Daniel Manzato est encore plus encourageante.

Pourtant, la prudence est de mise au regard des piètres saisons dernièrement réalisées par les Saint-Gallois. Des Lakers s'étant (enfin !) décidés à abandonner leurs couleurs "flashy", comme pour conjurer le sort, eux qui n'ont plus goûté aux playoffs depuis maintenant quatre ans...

Le repositionnement défensif de Loïc Burkhalter, après celui de Niki Sirén, est un pari pour "Rappi", où Michel Riesen a perdu ce sens du but caractéristique de ses meilleures années davosiennes. Pas contre un éventuel retour au HCD, Riesen devra encore se morfondre du côté de la Diner's Club Arena, où Reto Suri fut l'un des seuls à surnager l'an passé. L'instinct défensif d'Andreas Camenzind, venu de Langnau, sera appréciable pour les nouveaux coéquipiers de Jordy Murray, le frère du Luganais Brady (et fils d'Andy), fraîchement sorti des rangs universitaires.

 

L'équilibre financier très précaire d'Ambrì-Piotta rend le club suisse-italien plus modeste que jamais. Les années Huras sont loin dans le Tessin, et Kevin Constantine, pour sa deuxième saison à la barre du HCAP, devra jouer le maintien. Les playoffs, plus atteints depuis 2006, s'apparentant à une véritable chimère au vu des forces en présence. Pourtant, tout n'est pas "à jeter" à Ambrì, où la confirmation d'Inti Pestoni est attendue.

Top-scoreur surprise du dernier exercice, Pestoni sera fortement attendu aux côtés des étrangers Éric Landry, Martin Kariya et Erik Westrum, de retour après avoir été sévèrement commotionné l'an passé. L'abattage du capitaine Paolo Duca, la présence de nombreux joueurs de devoir (Alain Demuth, Vitaly Lakhmatov, Julian Walker, Raeto Raffainer), l'avènement espéré du grand espoir Grégory Hoffmann et la promotion de jeunes talents de LNA (Roman Schlagenhauf) et de LNB (Elias Bianchi) étant d'autres éléments à prendre en considération.

La pointure d'AHL, Maxim Noreau, élu l'an passé dans la première équipe-étoile avec une production de 66 points en près de 100 matchs disputés avec Houston. Le Québécois a tout d'un "patron" potentiel en défense aux côtés du colosse tchèque Zdenek Kutlak. L'expérimenté Pascal Mueller (ZSC Lions) et les Flyers Patrick Sidler et Marc Schulthess complètent les rotations défensives. À n'en pas douter, le gardien Thomas Bäumle aura encore beaucoup de travail devant le filet.

 

 

Les clubs de LNB

 

Trois favoris semblent se dégager en LNB. La Chaux-de-Fonds, son top-scoreur Benoît Mondou, son alignement de champion, sa diversité offensive et son gardien d'avenir - Damiano Ciaccio - qui se conjugue au présent. Lausanne performant en pré-saison avec son effectif rajeuni, son nouveau Canadien Colby Genoway (Lugano), son banni de la sélection nationale autrichienne (Oliver Setzinger) et le retour de Florian Conz (Genève-Servette). Un LHC rajeuni par l'arrêt du vétéran Jan Alston, qui avait fait la saison de trop l'an passé. Sans oublier Olten, et son attaque de feu toujours emmenée par Marty Sertich, quelques-uns des meilleurs suisses du circuit et un playmaker canadien venu de SM-liiga, Tyler Redenbach. Un ensemble soleurois qui aura épinglé, en pré-saison, Zoug et les ZSC Lions.

À Sierre, le recrutement est ronflant avec les arrivées du quadra Paul Di Pietro (Zoug) et des expérimentés Thierry Paterlini (ZSC Lions) et Wesley Snell (Zoug). Valentin Wirz (Fribourg-Gottéron), qui peinait à retrouver son meilleur niveau en LNA, s'est lui aussi rallié au club valaisan... tout en signant une licence B avec Berne. Tout ce beau monde a rejoint le fameux duo Lee Jinman - Derek Cormier mais la campagne de préparation fut des plus laborieuses pour Sierre. Son rival cantonal, Viège, le champion en titre, a perdu son gardien Jonas Mueller (Rapperswil) mais il a conservé toutes ses forces vives, dont sa fine lame Dominic Forget, et il a récupéré le Lausannois Alexandre Tremblay. à noter que Sierre et Viège se sont associés, le temps d'un match, sous l'appellation "Team Valais" pour défier le HC Davos à Graben (Sierre). Le match fut largement perdu (0-8) par les Valaisans "unifiés" pour cet éphémère rapprochement.... mais ô combien symbolique !

À Bâle, Valeri Shiriaev, nouvel assistant-coach de Dany Gélinas, retrouve son fils Evgeni et une équipe de plus en compétitive qui a retrouvé son lutin Stefan Schnyder, petit mais costaud (et surtout dernier rescapé des "années LNA" avec Stefan Voegele, le "quadra" Adrien Plavsic et le défenseur Oliver Schäublin, de retour au club). Les Rhénans sont toujours emmenés par leurs Canadiens Jonathan Roy et Jamie Wright. Lorenzo Croce, formé à Ambrì-Piotta, tentera lui de faire ses preuves comme titulaire (aux côtés de Simon Pfister, venu de Huttwil) après avoir été si longtemps numéro deux chez les "biancoblù".

Langenthal, de son côté, a très peu évolué et sera d'autant plus redoutable avec son duo Jeff Campbell - Brent Kelly. Quant au HC Ajoie, avec sa préparation francophile, le club jurassien a une belle tête de trouble-fête. Ses concurrents directs se sont renforcés mais le HCA peut toujours compter sur sa ligne Barras-Roy-Desmarais, qui assure l'essentiel du pointage. La perte du meilleur gardien de LNB, Simon Rytz (parti à Gottéron), et l'interrogation planant sur les capacités d'Antoine Todeschini (et Matthias Mischler) rendent la cote ajoulote un peu incertaine. Un Ajoie orphelin de son "Chris Chelios", Martin Rauch, fraîchement retraité... À 45 ans passés et plus de 1200 matchs disputés en LNA et LNB !

Les deux derniers rangs sont promis, encore une fois, à Thurgovie et aux GCK Lions. La réserve zurichoise, où s'aligne un certain Santtu Sulander (18 ans et fils de qui vous savez), ressemble plus que jamais à une "junior-élite" améliorée par l'arrivée du pointeur finlandais Timo Koskela aux côtés du défenseur italo-canadien André Signoretti. Les "lionceaux" ne manqueront pas de grappiller quelques points et ne partent pas battus d'avance dans leur lutte à distance avec Thurgovie, qui devra se passer pour le début de saison de sa recrue-phare (mais décidément trop fragile physiquement) Thomas Nuessli. Les Thurgoviens ont perdu deux de leurs meilleurs jeunes cet été (Pascal Gemperli et Tobias Plankl à La Chaux-de-Fonds), enregistré un nouvel étranger, le Canadien Brian Maloney (vainqueur de la Bundesliga à Ravensburg), et récupéré le défenseur italien Armin Helfer.

Enfin, n'oublions pas la 1re Ligue et le Red Ice (Martigny), qui claironne ses rêves de LNB, fort d'un contingent sans équivalent à ce niveau. Du moins dans la poule romande de première Ligue, traditionnellement la moins relevée d'un troisième niveau helvétique. Le grand retour du légendaire Igor Fedulov (45 ans !), la présence massive d'anciens joueurs de LNB (pêle-mêle le Français Rémy Rimann, les gardiens Reto Lory et Florian Bruegger ou encore Dimitri Malgin) et le sabordage de Huttwil, son principal concurrent alémanique, ouvre la voie à un retour du hockey octodurien dans l'antichambre du hockey suisse.

Jérémie Dubief

 

 

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