Allemagne 2011/12 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

La suppression des possibilités de promotion, faute d'accord trouvé entre les clubs de DEL et ceux de 2e Bundesliga, n'a pas brimé la volonté des équipes de division inférieure d'intégrer le plus haut niveau. Comme la place leur était refusée sportivement quoi qu'il arrive, ils ont utilisé le seul moyen qui leur restait, les tractations pour racheter la licence d'un membre en place.

Premier candidat, Rainer Beck, le nouveau patron de Landshut, qui racontait publiquement avoir rencontré Günter Papenburg, le propriétaire des Scorpions de Hanovre, pour discuter du sujet. Cette révélation ulcéra Papenburg, qui a démenti avec vigueur connaître ce dangereux énergumène mythomane qui nuisait à son club. On se doute bien que le rendez-vous n'était pas qu'une rumeur, mais le principe fondamental d'une négociation secrète est que, justement, elle doit rester secrète. Papenburg ne voulait pas ébruiter que l'idée de se défaire de cette équipe financée à perte lui traversait toujours l'esprit : tous ses efforts pour afficher son attachement aux Scorpions avec toute sa petite famille en écharpe pendant les rencontres à domicile étaient gâchés par un Bavarois trop bavard. À force de déblatérer à tout bout de champ, Beck risque d'avoir peu d'interlocuteurs pour lui faire confiance.

Les dirigeants de Schwenningen, eux, ont agi plus discrètement. Ils ont déposé un dossier financier complet à la DEL, au cas où un des membres serait recalé. Et dans le même temps, ils ont négocié dans la coulisse avec les dirigeants de Munich, eux aussi lassés de devoir combler le déficit. L'affaire ne s'est sue que lorsqu'elle était prête à aboutir, mais Schwenningen s'est fait évincer par un investisseur-surprise de dernière minute.

L'abrogation de la promotion/relégation n'a donc pas tué le suspense : il y a eu du suspense... mais pas sur la glace !

 

 

Berlin (1er) : un titre pour un 1000e match

Six titres en huit ans. Une telle domination sans partage pourrait lasser les adversaires. La ferveur du public berlinois, en tout cas, n'en est nullement affectée, avec toujours 14 000 spectateurs de moyenne.

Berlin se permet même de compenser la perte de ses leaders. L'an passé, la ligne Rankel-Ustorf-Mulock avait tout explosé sur son passage en play-offs. Elle n'a jamais retrouvé cette efficacité printanière, et elle a été brisée quand le vétéran Stefan Ustorf a été victime de sa troisième - et sans doute dernière - commotion cérébrale.

Les Eisbären ont été particulièrement meurtris par les commotions - la plaie du moment dans le hockey mondial - puisqu'ils ont eu quatre joueurs ainsi atteints. Leur manager Peter John Lee a donc réclamé une plus grande sévérité à l'encontre des charges dangereuses. Il a été entendu, mais à ses dépens. Quand André Rankel a pris sa troisième pénalité de match en deux ans pour une charge à la tête lors de la demi-finale, l'international a été suspendu jusqu'à la fin des play-offs. Les Berlinois n'ont guère protesté, comprenant les motifs d'une sanction qu'ils avaient eux-mêmes appelée de leurs vœux dans des circonstances inversées.

Preuve de leur homogénéité, les Berlinois ont simplement été portés par des joueurs différents cette saison. Barry Tallackson et Darin Olver, les deux attaquants venus d'Augsbourg, ont pris leurs responsabilités offensives. Derrière une équipe parfois diminuée, le gardien Rob Zepp a réussi sa saison la plus constante, et il n'avait jamais pris une part aussi prépondérante dans les quatre précédents titres auxquels il avait participé, car celui-ci a incontestablement été le plus disputé de tous.

Les générations passent, les trophées restent. Sven Felski a donc couronné sa carrière sur une coïncidence triomphale, puisque le cinquième et dernier match de la finale était aussi son 1000e match en première division. Mille parties toutes jouées sous le maillot berlinois, car il n'a jamais quitté de sa vie son club formateur, même dans les moments difficiles quand l'ex-Dynamo était à l'agonie financièrement. Le club a fait graver une Rolex à son intention pour célébrer l'évènement. Jacques Séguéla en conviendrait, si à 37 ans tu as un Rolex, 6 titres et 1000 matchs, tu n'as pas raté ta vie !

 

Mannheim (2e) : à douze minutes près

Les Adler ont trouvé ce vers quoi ils couraient vainement jusqu'à en désespérer : une équipe soudée, capable de travailler défensivement, et capable de rentabiliser l'investissement consenti dans le recrutement. Même quand Yanick Lehoux a été rétrogradé en quatrième ligne, il n'a pas cessé ses efforts et n'en a été que plus efficace, notamment en jeu de puissance. Autre nouveau centre, Christoph Ullmann a symbolisé comme prévu ces recrues qui travaillent dans les deux sens de la glace, au point qu'il est devenu meilleur marqueur des play-offs.

Malgré les nombreux changements, la mayonnaise a tout de suite pris. Même les problèmes d'adducteurs du gardien Fred Brathwaite au début de la saison n'ont pas perturbé l'équipe : au contraire, le jeune Felix Brückmann est sorti vainqueur des sept premiers matches de sa carrière, un record de l'histoire de la DEL. L'autre révélation fut le défenseur offensif Chris Lee, excellent patineur qui a plus que doublé son total de points par rapport à la saison précédente à Cologne. Malheureusement, une luxation acromio-claviculaire l'a fortement handicapé en play-offs.

Mannheim n'était donc pas non plus en pleine possession de ses moyens pour cette finale de rêve que tout le monde pronostiquait en vain ces dernières saisons : le choc des titans contre Berlin. Les deux quintuples champions depuis la création de la DEL se retrouvaient face-à-face pour régler définitivement la question de la dynastie régnante. Et dans cette lutte au sommet, la capitale a fait valoir sa loi sans partage sur la République Fédérale.

Il aura manqué douze minutes à Mannheim pour être champion : menant 5-2 dans le quatrième match, les Adler s'y voyaient déjà. Leur échec est le retournement le plus incroyables de l'histoire des finales allemandes. Dans cette série déjà légendaire, les Aigles ont été les dindons de la farce.

 

Ingolstadt (3e) : la troisième voie

La DEL ne s'est pas résumée à un mano a mano entre les deux équipes. Durant toute la saison, Ingolstadt aura en effet été au coude-à-coude avec les deux favoris. La deuxième place au classement régulier lui donnait l'avantage de la glace en demi-finale, un avantage qui paraissait d'autant plus important qu'Ingolstadt venait alors de gagner 16 fois sur ses dernières 17 rencontres à domicile.

Las, le premier match de la demi-finale contre Mannheim (1-4) fut manqué, la faute à un jeu en infériorité numérique défaillant qui n'a pas su résister au jeu de puissance des Adler. Ingolstadt n'a jamais été en mesure de rattraper le coup à l'extérieur et a comme toujours échoué à entrer en finale. L'entraîneur Rich Chernomaz a critiqué certains joueurs comme Joe Motzko ou Christoph Gawlik dont il n'a pas reconnu les performances en play-offs.

Ceux qui ont "livré la marchandise" toute l'année, ce sont Derek Hahn et Thomas Greilinger. Ce n'est pas une surprise pour le centre canadien, modèle de régularité auquel on peut faire confiance dans les tâches défensives comme dans les passes. C'est en revanche une belle confirmation pour l'ancien talent perdu pour le haut niveau, dont la seconde carrière professionnelle est exempte des défauts de la première : Greilinger n'accumule plus les kilos, mais bel et bien les buts, encore 32 cette saison dont 10 en play-offs.

Qu'ils aient réussi ou non leur saison, tous ces cadres offensifs resteront dans l'équipe. Idem pour les deux meilleures paires défensives Tim Hambly - Jakub Ficenec et Michel Périard - Jeff Likens. Ingolstadt met progressivement en place cette stabilité qui est la clé des succès berlinois.

 

Straubing (4e) : la danse de Saint-Jacques

En cinq années de DEL, Straubing n'avait jamais atteint les play-offs, malgré un système défensif gênant. L'entraîneur Dan Ratushny a totalement transformé l'équipe en pratiquant un forechecking à deux. Ce nouveau style était encore plus agaçant pour l'adversaire, surtout quand il est pratiqué par des joueurs agressifs et insistants comme Karl Stewart et Ryan Ramsay.

Mais si les Tigers dominaient le jeu, ils n'arrivaient pas à conclure et étaient encore avant-derniers à fin octobre. C'est alors qu'a débarqué Matt Hussey. Anonyme à Ingolstadt la saison précédente, ce centre au patinage virevoltant a désorienté les défenseurs par ses solos et est devenu meilleur marqueur de l'équipe malgré son inclusion tardive. Il dirigeaient ainsi le jeu, laissant Laurent Meunier faire de même sur sa ligne. Straubing disposait enfin de trois trios dangereux.

Les Bavarois sont donc devenus l'équipe-surprise de la saison. Même le gardien remplaçant Jan Guryca parvenait à pallier pendant un temps la blessure du titulaire... mais le Chamoniard de naissance atteignait ses limites dans la durée avec une série de cinq défaites et... presque six. C'est alors que, dans un incroyable dernier tiers-temps du dernier match, Straubing remontait de 1-3 à 5-3 contre Mannheim et récupérait sa sixième place synonyme de qualification directe en quart de finale. Un balayage de grizzly plus tard, les Tigers se payaient le luxe d'une demi-finale contre la référence Berlin, avec une victoire à l'extérieur pour prolonger le plaisir chez soi.

Le public a donc pu fêter ses héros à domicile et assister à la "dernière danse" de Bruno Saint-Jacques, le défenseur canadien dont les chorégraphies endiablées sur Beat it de Michael Jackson auront été gravées dans les mémoires de cette saison mémorable, et qui raccroche les patins pour se rapprocher de ses enfants. L'autre figure marquante, Barry Brust, a en revanche raté ses adieux. Lui qui n'avait pas son pareil pour intercepter et relancer les palets envoyés en fond de zone s'est cette fois jeté sur... le visage du Berlinois Florian Busch, qui avait commis le crime de lui marquer un but définitif dans les dernières secondes (1-4). L'incartade de trop pour gâcher la fête. Brust a ainsi porté son total à 138 minutes de pénalité, mais il a surtout pris 8 matchs de suspension, à valoir pour le début de la prochaine saison. Rédhibitoire pour le club qui ne lui a donc pas proposé de nouveau contrat.

 

Wolfsburg (5e) : domination mal terminée

À une journée de la fin du championnat, tout allait pour le mieux pour Wolfsburg, qui pouvait encore espérer finir à la première place. Cela aurait été la conséquence d'une belle montée en puissance après la phase d'intégration des nouveaux. Tous les signaux paraissaient au vert.

Meilleure défense de DEL, à nouveau : c'était le signe que Daniar Dshunussow, ancien numéro 1 bis, avait parfaitement assumé son nouveau statut de numéro 1. Il était protégé par des lignes arrières équilibrées, avec le défensif Benedikt Kohl et les offensifs Robbie Bina et Christopher Fischer, les deux hommes-clés du powerplay avec leurs lancers précis de droitiers. Bina a été élu joueur le plus sous-estimé de DEL par ses pairs, et Fischer a enfin connu les championnats du monde.

Meilleure attaque de DEL, en prime : Norm Milley s'est assis sur le trône des compteurs de la ligue. Le centre international Kai Hospelt, devenu capitaine après la fracture du tibia de Blake Sloan en novembre (un honneur qu'il a gardé après le retour du blessé), a été désigné joueur de l'année. Quant à John Laliberté, il a terminé avec la meilleure fiche statistique de la ligue : +29.

Bref, Wolfsburg a fait une razzia sur les tableaux d'honneur et les distinctions. Mais ce dernier match de la saison régulière, il a été perdu 0-5 chez la lanterne rouge Hanovre. Et ensuite, Wolfsburg a été balayé en quatre manches sèches par l'équipe-surprise Straubing en quart de finale. La grande équipe qui semblait être née était en fait à bout de souffle après la participation à la Coupe Spengler et les blessures de trois attaquants-clés (Matt Dzieduszycki, le finisseur du powerplay David Laliberté et le centre Tyler Haskins) et du jeune défenseur Armin Wurm.

 

Hambourg (6e) : le sourire est revenu

L'implacable spirale infernale qui poussait Hambourg toujours plus bas chaque année a été brisée. Le signe le plus positif est survenu dès le début de la saison : alors que les Freezers avaient remporté 5 de leurs 8 premières rencontres en championnat et avaient tenu tête en match-exhibition à "ses" Los Angeles Kings, le groupe Anschutz a annoncé que la franchise n'était plus à vendre. Tout un vestiaire était soulagé et rasséréné, et le public retrouvait confiance pour affluer de nouveau.

Une des clés de cette réussite est que Hambourg a enfin résolu son problème de gardien. Cette année, les clubs allemands ne se sont pas fourvoyés en recrutant dans les cages, et John Curry est un exemple de ces bonnes trouvailles.

Pour une équipe qui avait négligé les joueurs allemands depuis sa création, le paradoxe est que son retour au sommet a été porté par trois jeunes joueurs qui devaient initialement constituer la quatrième ligne : David Wolf, Garrett Festerling (un Canadien naturalisé) et Jerome Flaake ont en fait été le meilleur trio offensif, bien plus utile que toutes les stars présumées pendant la saison régulière.

Mais quand la quatrième ligne devient la première, c'est aussi que les vedettes attendues n'ont pas le rendement espéré. Illustration la plus criante de la panne de leaders : les Freezers ont terminé derniers de DEL aussi bien en supériorité qu'en infériorité numérique. Ces faiblesses se sont fait sentir en fin de saison, les défaites sont devenues plus fréquentes, et le siège de l'entraîneur Benoît Laporte a même tremblé à un moment. Son équipe a finalement sauvé la qualification directe en quart de finale, où elle a été balayée par Mannheim. Le retour au sommet n'est donc pas encore complet, mais le renversement de tendance a suffi à renouer avec l'optimisme.

 

Düsseldorf (7e) : à classer au patrimoine mondial de l'humanité ?

Le sponsor Metro ayant annoncé avec un an d'avance son retrait, ceux qui s'appelaient encore, provisoirement, les DEG Metro Stars savaient qu'ils abordaient une course contre la montre sportive et financière. Et ils l'abordaient très mal, avec huit défaites en neuf journées. La neuvième fut un 6-8 contre Mannheim, après avoir mené 6-4 à quelques minutes de la fin. Fatal pour Jean-Sébastien Aubin, qui était encore le gardien de l'année en DEL en 2010, époque qui paraît déjà lointaine deux ans plus tard. Le second portier, l'Américain Bobby Goepfert, a alors fait remonter Düsseldorf au classement avec 10 victoires à ses 11 premières titularisations. Aubin n'a plus jamais su saisir sa chance, et ne sera plus du tout prêt à remplacer Goepfert quand celui-ci se blessera au dos en quart de finale...

Si le changement de gardien améliorait le classement, l'autre situation comptable restait alarmante. Le président du conseil d'administration Joachim Suhr et le directeur Lance Nethery proposaient de préparer la liquidation si le budget pour la prochaine saison était impossible à réunir. Ils se heurtaient à l'opposition des représentants du club, décidés à sauver coûte que coûte l'équipe professionnelle qui est leur porte-étendard. Suhr et Nethery ont démissionné tour à tour et laissé les rênes à ces fous qui croyaient encore que la légendaire DEG ne pouvait pas mourir.

Même au sein du vestiaire, le doute s'installait. Le départ de l'entraîneur Dave Tomlinson à Nuremberg était annoncé, et il y emmènera avec lui les deux meilleurs attaquants de l'équipe, les deux internationaux Patrick Reimer et Evan Kaufmann. Ce dernier, fraîchement naturalisé, a fait sensation en devenant le premier juif à porter le maillot de l'Allemagne depuis la guerre mais, trop léger physiquement dans les duels, il est passé complètement à côté de son championnat du monde.

Si peu de joueurs sont restés fidèles, les amoureux de la DEG se mobilisaient autour des Toten Hosen, le célèbre groupe punk de Düsseldorf qui faisait imprimer des T-shirts spéciaux de soutien. La ville accordait même une subvention exceptionnelle, à usage unique. Ces appels répétés à l'aide ont déclenché d'abord une vague de solidarité, puis un certain agacement ou une ironie devant certains emportements, dont la volonté du nouveau directeur sportif Walter Köberle de vouloir inscrire la DEG au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les nouveaux dirigeants ont sauvé l'équipe, mais doivent encore prouver qu'ils sont capables de la faire vivre sans crier en permanence au secours.

 

Cologne (8e) : nouvelle ère pour les jeunes Allemands

Si cela ne revenait pas à nier la rivalité atavique profonde qui oppose les deux villes, Düsseldorf pourrait prendre exemple sur son voisin Cologne. Le KEC a en effet réussi l'opération de rajeunissement confiée à l'ex-sélectionneur Uwe Krupp, sans coûteux renforts étrangers pour faire la part belle aux jeunes.

L'équipe a fait preuve d'un bel état d'esprit, et la saison a été beaucoup moins turbulente que les précédentes. Il s'est produit un seul changement, en janvier : le géant autrichien André Lakos a été remplacé par le vétéran suédois Johan Åkerman, dont le retour a fait beaucoup de bien au powerplay.

Les Haie rajeunis étaient bien vus et le roux Philip Gogulla a clairement été le leader offensif dans cet environnement favorable. La contrepartie est que les joueurs étrangers étaient critiqués car ils ne parvenaient pas à porter l'équipe. Sans mercenaire de haut vol, peut-on être assez compétitif en DEL ?

Certains en doutaient d'autant que cette équipe avait tendance à se mettre trop de pression devant son public. C'est ainsi la seule équipe de DEL plus performante à l'extérieur que chez elle. En plus d'être intimidante, l'autre défaut de la Lanxess Arena est d'être très occupée. Le calendrier, aménagé pour différents spectacles, devenait infernal dans le dernier mois du championnat, quand il fallait rattraper toutes les rencontres reportées. Cologne était douzième à six journées de la fin, avant une série - que beaucoup prédisaient fatale - de 4 rencontres en 6 jours, dont une contre Berlin et une à Mannheim. C'est là que les Kölner Haie ont exprimé toutes leurs vertus morales, avec quatre victoires.

Les deux premiers duels de pré-playoffs programmés deux jours de suite face à Augsbourg n'étaient donc pas pour déplaire aux jeunes Haie, qui ont remporté cette série en "deux de trois" (5-1 et 3-1). Le second succès fut cependant assombri par la blessure de Mirko Lüdemann, qui avait été honoré par le maire avant le coup d'envoi pour son 1000e match sous les couleurs du KEC. En se jetant devant un tir, le solide défenseur s'est déchiré un muscle de la cuisse dans un mauvais mouvement et ne pouvait plus se relever, sorti sur une civière. C'est sans lui que Cologne a été logiquement balayé en quart de finale contre Berlin.

 

Augsbourg (9e) : trop bref pour apprécier

Cette série contre Cologne, la plus courte de l'histoire (26 heures et c'est plié), a été frustrante pour Augsbourg : quand on se bat toute l'année dans la perspective des playoffs, ce n'est pas pour voir tout se terminer en deux jours. Après une saison de rêve en finale et une saison de cauchemar en dernière place dans une patinoire aux tribunes mal inclinées d'où on ne voyait pas la glace, les Panther sont revenus à la normalité.

Ils sont redevenus ce petit club à petit budget qui déniche des joueurs nord-américains que les concurrents plus riches lui prennent un an plus tard (le gardien Tyler Weiman, brave successeur d'Endras, ira à Nuremberg). Un club qui a renoué avec sa tradition en étant surtout très forts dans son Curt-Frenzel-Stadion, où la chaude atmosphère dans les tribunes contraste avec la température ambiante, descendue jusqu'à -20°C pendant la vague de froid de février. Plus d'un adversaire s'y est "brûlé"...

La contrepartie, c'est qu'Augsbourg était méconnaissable à l'extérieur. L'entraîneur Larry Mitchell ne savait plus expliquer les contre-performances de son équipe loin de ses bases : 16 défaites de suite après une victoire initiale en prolongation à Cologne ! Et puis soudain, à partir de fin janvier, le déclic s'est produit. Les Panthères ont griffé six de leur huit derniers adversaires en déplacement. Une rupture qui a tout changé au classement: de onzième, les Souabes ont grimpé à l'avant-dernière journée à la sixième place, synonyme de qualification directe pour les "vrais" playoffs. Il ne restait plus qu'à conclure chez soi contre Düsseldorf... qui est venu gagner aux tirs au but. À un point près, Augsbourg est tombé huitième et a donc joué ces barrages.

Mais ces "pré-playoffs" ne sont pas vraiment des playoffs. Ce bref ersatz expédié en deux jours a laissé les Panthères sur leur faim.

 

Iserlohn (10e) : de la poudre aux yeux

L'été dernier, l'Allemagne entière regardait incrédule le recrutement des Iserlohn Roosters, qui montaient sur leurs grands ergots en recrutant des grands noms au point d'être considéré comme un des favoris potentiels.

Le coq s'est vite enroué : cocori...couac. les vétérans Jassen Cullimore (défenseur aux 847 matches de NHL) et Jeff Cowan (444 parties de NHL et une carte mal orthographiée !) n'ont absolument pas convaincu, et les dirigeants en ont tiré la conséquence à l'issue de la saison. Ils ont promis qu'ils recruteraient à l'avenir des joueurs plus jeunes et se fieraient plus au potentiel à venir qu'au cursus passé.

Pendant la saison, même si la déception fut grande, elle ne conduisit pas à de grands chambardements. Seul le défenseur canadien Brett Skinner fut renvoyé en décembre pour embaucher à sa place une vieille connaissance et valeur sûre de DEL, Sean Blanchard, après avoir déjà rappelé à l'aide le jeune retraité Collin Danielsmeier. La défense ainsi modifiée fonctionna bien mieux, et le gardien Sébastien Caron récolta finalement 5 blanchissages dans les deux derniers mois pour permettre aux Roosters d'arracher le dernier strapontin.

Dès le premier match de pré-playoffs contre Düsseldorf (série perdue 1-4 et 4-7), Blanchard et le buteur Michael Wolf se sont blessés, dernière avanie d'une saison à oublier. Le créateur de jeu Mike York, seule ex-star de NHL à avoir réussi dans le Sauerland (où il était déjà venu pendant le lock-out), s'était déjà blessé un peu plus tôt.

Mais comme les supporters d'Iserlohn sont réputés les plus chauds de DEL, ils n'ont pas besoin qu'on leur vende un recrutement "paillettes" pour se passionner et ont déjà reporté leur enthousiasme sur la prochaine saison.

 

Munich (11e) : Zorro est arrivé

La deuxième saison est souvent la plus difficile, et Munich a pu s'en rendre compte. Le départ pour raisons professionnelles de Ryan Ready en août a privé les deux autres joueurs de première ligne (Eric Schneider et Martin Buchwieser) de leur pourvoyeur de palets. Munich a réagi en embauchant Noah Clarke, qui avait déjà tenu ce rôle de complément l'an dernier sur la ligne de parade d'Augsbourg, mais l'Américain n'a marqué que 5 points en 18 journées avant de se blesser à l'épaule.

Bon an mal an, Munich compensait son inefficacité offensive par les prouesses de Jochen Reimer, élu gardien de l'année deux fois de suite malgré un changement de club (de Wolfsburg à Munich). L'année 2011 se terminait ainsi en grande pompe par un derby de gala contre Augsbourg (5-0) devant 11000 spectateurs - trois fois plus que d'ordinaire - attirés par une opération spéciale "patinoire pleine". Une grande preuve de vitalité du hockey dans la capitale bavaroise. Munich était alors un heureux sixième. La nouvelle année 2012 n'apportait cependant qu'une longue dégringolade, la déchirure musculaire à la cuisse de Reimer portant le coup de grâce aux chances de qualification.

Le pire restait à venir. Waldemar Jantz, un des trois actionnaires principaux, se retirait à la fin de la saison, et les deux autres ne voulaient assumer seuls un déficit conséquent. Les défaillances du modèle économique munichois, dans une Olympiahalle au loyer cher mais aux conditions antiques, apparaissaient au grand jour. Le club ne s'était pas structuré au niveau de sa réussite sportive.

L'indifférence apparente du parc olympique ou de la mairie semblait illustrer le vieil adage : Munich n'est pas une ville de hockey, et tout projet professionnel s'y achève par un échec cuisant. Les carottes semblaient cuites : la licence était quasiment cédée à Schwenningen, le club successeur de Munich était déjà prêt pour repartir en bas de l'échelle... quand Zorro est arrivé.

Zorro a troqué sa cape pour des ailes, son destrier pour un taureau, et la tequila pour du sucre et de la chimie. Bref, Zorro est Red Bull. Ce sauvetage a-t-il été négocié par la DEL qui discutait au même moment de l'attribution des droits télé à Servus TV, la chaîne du patron de Red Bull ? En tout cas, chose est sûre : avec un sponsor issu d'un des marchés les plus rentables au monde (les boissons), les soucis financiers de Munich ont disparu en une gorgée : Red Bull donne des ailes... et surtout des millions.

 

Krefeld (12e) : soupçons de favoritisme canadien

Les dirigeants de Krefeld continuent de s'entre-déchirer sur la stratégie du club. Principale pomme de discorde : le cas de l'entraîneur Rick Adduono. Le Canadien a toujours eu la réputation de favoriser ses compatriotes, ce qui décourage parfois les autres.

Cela tombe d'autant plus mal à Krefeld que le club n'est pas bâti sur les renforts canadiens et a au contraire de jeunes pousses méritantes. Sinan Akdag, défenseur le plus fiable mais pas du tout le plus utilisé, et Daniel Pietta, meilleur marqueur de l'équipe, ont ainsi été le 8e défenseur et le 14e attaquant de l'Allemagne aux championnats du monde.

Les blessures de deux joueurs de première ligne, Boris Blank et Herberts Vasiljevs, ont obligé Krefeld à commencer le championnat en effectif réduit. Mais au lieu de partager le temps de glace, Adduono a fait jouer toujours les mêmes, au point que les réservistes (Marvin Tepper et Toni Ritter) ont quitté l'équipe avec l'impression d'être pris pour des jambons. Le retour du capitaine Vasiljevs n'a pas eu l'effet escompté : après sa convalescence, il n'était plus le meneur d'autrefois, et les Pinguine, qui venaient d'intégrer les dix premiers, ont rechuté.

Le sursaut de cinq victoires consécutives entre janvier et février n'a pas duré, mais il a permis à Adduono de sauver sa tête au moment où la contestation montait. Avec encore une année de contrat, le Canadien était trop cher à licencier. Il restera donc en poste, toujours entouré de la même controverse. Rok Ticar, baladé de ligne en ligne et pas récompensé de ses bonnes prestations, en a tiré les conclusions et partira à Cologne par la faute de son coach. Les Krefeld Pinguine se privent ainsi d'un joueur qu'ils avaient intelligemment recruté et qui est en train de devenir le joueur majeur de l'équipe de Slovénie (hormis Kopitar).

 

Nuremberg (13e) : faire diversion pour occulter cette saison

La saison 2011/12 était fichue à Nuremberg avant même d'avoir véritablement commencé. Il était illusoire de penser que les problèmes de vestiaire qui avaient pollué la fin de saison précédente disparaîtraient. L'entraîneur Andreas Brockmann avait perdu le contrôle et s'est fait renvoyer après seulement trois journées et déjà 17 buts encaissés. Mais que pouvait faire son successeur Peter Draisaitl en récupérant une équipe à l'ambiance plombée, dont les joueurs - peu incités à le faire et/ou peu motivés - n'avaient pas suffisamment travaillé physiquement pendant les vacances ?

Draisaitl bénéficiait certes de l'arrivée rapide d'un joker important, Yan Stastny, qui allait redevenir le meilleur marqueur de l'équipe, comme en 2005. Mais le temps que l'international américain se réadapte à Nuremberg, l'attaque était au point mort et les Ice Tigers comptaient déjà 11 défaites en 12 rencontres. Irrémédiable pour espérer quoi que ce soit de la saison, sinon quelques coups d'éclat. Ils ont donc démontré leur potentiel ponctuellement, notamment en laminant le champion Berlin 6-2 à la mi-janvier, victoire qui leur a permis de quitter - définitivement - la dernière place.

Sans relégation et sans enjeu, le championnat en cours n'intéressait déjà plus personne depuis longtemps. Le président-sponsor Thomas Sabo a très tôt fait diversion avec de grandes annonces pour la saison 2012/13 (budget en hausse, recrutement spectaculaire et organisation de match en plein air dans un stade) afin de conserver l'adhésion des supporters. Les joueurs actuels, eux, y avaient renoncé, ne saluant même plus un public qui avait exprimé un mécontentement assez compréhensible en ces circonstances.

Tout le monde avait hâte que la saison se termine. Même le gardien Patrick Ehelechner, héros et héraut du club pendant les difficultés financières pré-Sabo. Remplacé par Tyler Weiman, il prendra la direction inverse et rejoindra le petit budget Augsbourg, preuve indirecte que sa cote a redécliné depuis son sommet d'il y a deux ans.

 

Scorpions de Hanovre (14e) : le point de non-retour

La saison avait pourtant commencé normalement pour les Scorpions de Hanovre, qui étaient encore sixièmes à fin octobre. Rien ne prédisait alors ce qui allait suivre : 15 défaites d'affilée à domicile, battant le record de DEL établi bien malgré lui par Weißwasser en 1995/96. Outre l'inévitable dégringolade au classement, on imagine combien une telle série peut user les nerfs de tout le monde, des joueurs aux spectateurs.

Cette série noire a commencé contre Straubing mi-novembre, et c'est après ce match qu'on a plus revu le défenseur André Reiss. Au départ le club a tu par discrétion la cause de son absence, avant que l'on révèle la nature de son mal : un "burnout". Ce syndrome était d'extrême actualité dans le football : le gardien remplaçant de Hanovre, Markus Miller, en souffrait aussi, l'entraîneur de Schalke (passé par Hanovre) Ralf Rangnick avait démissionné pour cette raison deux mois plus tôt, et un arbitre - né à Hanovre ! - a fait une tentative de suicide à la même période. André Reiss, qui disait avoir perdu sa concentration, a été emmené par son père deux semaines aux îles Canaries. Il a mis un mois avant de découvrir que le hockey lui manquait. Mais ce n'était plus tout à fait le même défenseur qu'avant, et son retour n'a pas arrêté la crise qui couvait.

Une maladresse du propriétaire Günter Papenburg a fait éclater la colère des supporters. Il a annoncé que, par mesures d'économies, il souhaitait que l'entraîneur Anton Krinner prenne également le poste de directeur sportif. Pour les supporters, le décryptage était évident : cela signifiait que le manager Marco Stichnoth serait sacrifié. Or, il s'agit de la principale figure du club, dont l'ancrage local est total. Les supporters ont immédiatement choisi leur camp : contre Krinner et pour Stichnoth.

Quelques jours plus tard, le match contre Düsseldorf se déroula dans une ambiance terrible : les supporters - rejoints par ceux du DEG - se sont tous ligués contre Anton Krinner, qui a vécu ce soir-là un enfer. Le public, qui était resté calme jusqu'alors, a certainement dépassé les bornes en s'acharnant (verbalement) sur un seul homme.

Ce match, qui était la quinzième défaite de la suite à la maison, était donc un point de non-retour. Hanovre a gagné ses trois dernières rencontres à domicile, et Papenburg a fait machine arrière. Stichnoth restera et Krinner sera démis de ses fonctions après cette saison.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Landshut. Le moins que l'on puisse dire est que l'arrivée de l'investisseur Rainer Beck a fait du bruit. Cet agent immobilier, qui habite Munich mais est originaire de Landshut, a polarisé dès son arrivée par ses déclarations multiples. Certains se félicitaient qu'un homme arrive avec de nouvelles idées, d'autres déploraient de voir un beau parleur qui n'avait pas pris le temps de comprendre les structures du hockey allemand. Il faut dire que ses idées se sont succédé en se contredisant les unes les autres : un jour il proposait un "championnat de Bavière" en promettant de payer lui-même les primes d'engagement aux clubs concernés, un autre jour il causait de DEL, et un autre jour encore il envisageait l'inclusion dans le championnat autrichien. Il s'agissait plus d'initiatives individuelles que de projet de fond qui prendrait en compte tous les clubs.

Pendant que leur nouveau patron se faisait champion de la parole, les Cannibals sont devenus champions sur la glace. Une réussite dont les origines sont à chercher avant l'arrivée de Beck. Le mérite en revient à l'entraîneur d'origine tchèque Jiri Ehrenberger, qui a participé au recrutement, soigné l'endurance physique et optimisé la vitesse des changements de ligne pour maintenir un tempo auquel aucun adversaire n'a résisté. Le joueur décisif a été Billy Trew qui a réussi des play-offs de rêve (27 points en 14 matchs !) pour remporter son second titre de 2e Bundesliga après celui obtenu avec Straubing il y a six ans. Mais à l'époque, il y avait la montée à la clé. Cette année, il n'y a rien. Beck devra donc apprendre la patience pour que se concrétise l'objectif de DEL.

 

Deuxième : Rosenheim. Cela fait trois ans que les Starbulls dépassent tous leurs objectifs : la victoire en Oberliga et la montée tout d'abord, puis une victoire en coupe et une demi-finale pour la première année à ce niveau, et enfin, cette année, l'aboutissement dont ils n'osaient même pas rêver. Il fallait se pincer pour y croire : Rosenheim jouait devant 5900 spectateurs une finale contre Landshut, réminiscence des années 80 quand les deux équipes étaient parmi les meilleures du pays.

Dommage simplement que Patrick Asselin, blessé à l'épaule au dernier match de la demi-finale, n'ait pas pu participer à cette finale, perdue en six manches. Il laissait un peu seul le leader offensif Corey Quirk, un Canadien rapide et mobile qui s'est avéré redoutable dans les duels. Si Rosenheim en est arrivé là, c'est que tout a réussi : les renforts nord-américains se sont parfaitement mêlés aux cadres et aux jeunes formés au club.

Attention cependant à gérer l'euphorie car on a l'impression que Rosenheim ne pourra plus aller plus haut. L'homme-clé de ces trois saisons parfaites, Norm Maracle, ne sera plus là. Le gardien canadien, séparé, a choisi de mettre un terme à sa carrière pour se rapprocher de ses enfants qui vivent au Canada. Il ne faudra donc plus compter sur les réflexes exceptionnels du champion d'Europe 2005.

 

Troisième : Schwenningen. Après deux finales perdues de suite, il ne pouvait y avoir qu'un seul objectif valable cette saison au SERC. Mais le début de saison était très éloigné des ambitions d'un favori. Après cinq journées et déjà quatre défaites, l'entraîneur Axel Kammerer s'est fait virer. Son successeur Jürgen Rumrich, à l'attitude plus calme, a mis du temps mais a remis l'équipe sur de bons rails.

Le changement-clé a eu lieu en novembre avec le renvoi de Justin Mapletoft, buteur présumé dont le compteur de buts était resté désespérément bloqué à zéro. Son successeur Pierre-Luc Sleigher a quant à lui très vite trouvé le chemin des filets pour devenir la principale arme offensive de Schwenningen. Malheureusement, la pénalité de match du petit Québécois, pour une charge à la tête au deuxième match, a sans doute été le tournant de la série de la demi-finale contre Rosenheim.

Après cette saison en dents de scie, les Wild Wings pourront se satisfaire d'avoir eu la meilleure défense du championnat. On n'en attendait pas moins d'Adam Borzecki, l'ex-international polonais au physique imposant, en revanche on a découvert Mirko Sacher, un jeune arrière de 20 ans, déjà sûr et solide en un contre un, que personne n'avait vraiment remarqué l'année précédente chez son club formateur, le voisin et rival Fribourg-en-Brisgau.

 

Quatrième : Ravensburg. Après s'être fait refuser l'entrée en DEL, on se doutait que les Towerstars peineraient à se remotiver. Le moral était d'autant plus difficile à retrouver que blessures avaient commencé dès la pré-saison. La plus mauvaise nouvelle fut que le défenseur Michal Vasicek ne reviendrait pas après sa luxation de la clavicule parce qu'il souffrait de dépression.

Ravensburg trouvait assez de ressources pour sauver quand même le minimum syndical, la qualification en play-offs, mais chacun pensait que l'on s'arrêterait là. Et puis, le miracle : mené 3 victoires à 0 par Heilbronn en quart de finale, Ravensburg a réussi un renversement de situation totalement improbable, alors que ses trois meilleurs marqueurs (Bob Wren, Frederik Cabana et Christopher Oiravec) et son principal joker (le revenant Brian Maloney) étaient tous blessés !

 

Cinquième : Heilbronn. Le bonheur des uns fait aussi le malheur des autres... Car cette élimination alors que la qualification était presque acquise est forcément difficile à digérer. C'est la quatrième fois de suite que Heilbronn échoue en quart de finale, et cela en devient une malédiction. Cette série illustre l'irrégularité d'une équipe qui, même si elle avait terminé à la deuxième place de la saison régulière, avait déjà connu des creux (8 défaites en 9 rencontres en décembre). Face à Ravensburg, Heilbronn a payé son indiscipline, puisque ses joueurs ont accumulé les pénalités, y compris le meilleur d'entre eux Fabio Carciola qui a fini le match au vestiaire.

Fils de restaurateurs siciliens de Kassel, Fabio Carciola a été élu joueur de l'année en 2e Bundesliga. Il a été l'organisateur du jeu des Falken, y compris en jeu de puissance où il évolue à la ligne bleue. Il a évidemment reçu des offres de DEL, mais il a choisi de rester à Heilbronn avec son frère Adriano, dont il partage l'appartement. Il faut dire que les deux hommes sont très liés à l'entraîneur italo-canadien Rico Rossi, ce qui explique ce choix. À eux de prouver l'an prochain qu'ils sont capables de mieux en play-offs.

 

Sixième : Kaufbeuren. La formation des jeunes a toujours été au cœur du projet de Kaufbeuren, et elle ne concerne plus que les jeunes Bavarois. Jannik Woidtke, international junior à l'avenir bouché chez lui à Düsseldorf, est ainsi venu un an à l'ESVK. L'entraîneur canadien Ken Latta lui a fait confiance, lui a donné 20 minutes de temps de jeu par match, et son club d'origine le fera ainsi revenir pour jouer en DEL... en emmenant deux autres jeunes joueurs avec lui, Bernhard Ebner et Marco Habermann.

On verra si Kaufbeuren parviendra à se remettre de ses départs. Pour l'instant, cela fait trois ans que les Bavarois font mentir tous les pronostics en accédant aux quarts de finale alors qu'on leur promet la lutte pour le maintien. Cela pourrait déjà être une grande satisfaction en soi, mais Ken Latta ne s'en satisfait pas. Il vise toujours plus haut et se montre particulièrement exigeant envers ses compatriotes. Pour lui, un "bon Canadien" doit montrer quelque chose de plus en play-offs. Pour l'instant, il n'a donc pas encore trouvé de "bon Canadien" parmi ses renforts étrangers.

 

Septième : Weißwasser. Pendant que Berlin domine le pays, l'autre pôle du hockey sur glace dans l'ex-RDA suit toujours son bonhomme de chemin. Les travaux de construction de la nouvelle patinoire ont même commencé à côté de l'enceinte actuelle. Candidat éternels à la relégation au vu de leurs moyens limités, Weißwasser a pourtant tutoyé les sommets, jusqu'à être premier du classement à la trêve de novembre. Un évènement si exceptionnel qu'on a imprimé des T-shirts pour fêter ça ! À la reprise du championnat, ils sont redescendus sur terre en encaissant un 10-0 à Heilbronn, sans que cette gifle ne perturbe la suite de la saison.

Si les "Lausitzer Füchse" (renards de Lusace) sont redevenus performants comme il y a deux ans, cela ne doit rien au hasard : c'est simplement parce que le gardien québécois Jonathan Boutin est revenu. Il était parti en Norvège, mais il n'y était pas aussi heureux, surtout qu'il avait rencontré sa petite amie dans un bar de Weißwasser. Son cœur est en Saxe, et il n'en repartira que s'il a une offre intéressante de DEL. Tant mieux pour son club, qui tient en lui le meilleur gardien de la 2e Bundesliga.

 

Huitième : EC Hanovre. Pour une fois, les Indians ont atteint leur objectif, les play-offs. Mais ils s'y sont fait balayer si sèchement par Landshut qu'on peut dire que leur bilan reste tout juste correct. Ils ont dû procéder à un changement d'entraîneur : Bernhard Kaminski a dû céder sa place en décembre à son adjoint Christian Künast, qui a vite trouvé ses aises dans son nouveau rôle. On pouvait s'y attendre car l'ancien gardien a toujours su se faire rapidement apprécier avec sa communication ouverte.

Le problème de Hanovre est qu'aucun joueur n'est vraiment sorti du lot cette saison. Le meilleur offensivement, Ryan McDonough, a trop de lacunes défensives, au point qu'il a une fois été banni en tribune. Quant à la défense entièrement allemande, elle s'est révélée trop tendre. Ce n'est qu'après l'arrivée du joker américain Aris Brimanis que les lignes arrières ont trouvé un peu plus de solidité.

 

Neuvième : Dresde. La remise à zéro des compteurs avant la poule de relégation a fait du bien à Dresde, dernier de la saison régulière. Elle a surtout fait du bien à Sami Kaartinen, qui n'avait plus son efficacité habituelle. Après deux semaines de pause sur blessure, le Finlandais est revenu fort pour marquer les buts décisifs en poule de maintien

À Dresde, un problème est à peine résolu qu'un autre survient. En l'occurrence, de l'eau fuyait à travers le toit de la patinoire ! Certainement un défaut de construction, sauf que l'entreprise responsable a déposé le bilan depuis longtemps. Le club a donc dû aller jouer un match à domicile à Chemnitz et s'entraîner ailleurs. Le dernier combat du manager Matthias Broda, avant qu'il quitte son poste, a donc été d'obtenir un dédommagement de la ville, car l'impact était important pour un club aux finances toujours fragiles. Des travaux de réparation ayant lieu cet été, la prochaine question est de savoir quand les Eislöwen pourront récupérer leur patinoire. La date prévisionnelle est mi-septembre.

 

Dixième : Bietigheim-Bissingen. Habitué au rôle d'entraîneur de secours, Danny Held a connu le rôle inverse puisqu'il s'est fait licencier et remplacer par Kevin Gaudet fin novembre. Mais même après le changement, Held a été critiqué a posteriori pour ses mauvais choix dans la constitution de l'équipe. Comme d'autres clubs, Bietigheim avait commencé avec un duo de gardiens allemands et a vite fait marche arrière. Martin Morczinietz, qui avait gagné ses galons de titulaire l'an dernier, est devenu numéro 3 après l'arrivée du gardien canadien Sébastien Charpentier et est reparti au niveau inférieur.

Bietigheim-Bissingen s'est vite rendu compte que les play-offs étaient hors de portée et s'est reporté sur le seul lot de consolation : la coupe, remportée par une finale gagnée en beauté sur Landshut. Mais il est sûr que le club aspire à mieux que ça.

 

Onzième : Crimmitschau. Pour la première fois depuis très longtemps, la moyenne de spectateurs (2072) est légèrement repartie à la hausse cette année. Peut-être alors que le déclin de la passion du hockey n'est pas aussi inexorable que le déclin démographique de Crimmitschau, qui risque de passer bientôt sous les 20 000 habitants.

Certes, l'équipe saxonne a terminé pour la cinquième saison consécutive en poule de maintien, mais elle s'en est sortie sans dommages. Auparavant, elle avait fait bonne figure tout au long de la saison et est restée longtemps dans la course aux play-offs. C'est un - petit - pas dans la bonne direction. Alors que l'effectif avait été totalement chamboulé (il restait quatre joueurs), Crimmitschau a retrouvé une base sur laquelle reconstruire. Il faudra surtout remplacer Jochen Vollmer, l'ancien gardien de Munich, que Bietigheim-Bissingen a recruté.

 

Douzième : Riessersee. Sans excès, et sans recruter de joker en cours de saison au contraire de tous ses concurrents, le SCR a signé un retour prudent, sage et en fin de compte réussi en 2e Bundesliga. Tous les adversaires ont été battus à un moment ou à un autre, et le maintien a été obtenu avec la manière, malgré le manque d'expérience du haut niveau de l'équipe.

Meilleur joueur d'Oberliga la saison précédente sous les couleurs de Peiting, Libor Dibelka est devenu le meilleur marqueur de 2e Bundesliga dès sa première tentative. Du coup, le Tchèque va encore monter d'un cran en tentant sa chance en DEL l'an prochain à Munich, afin de faire les critiques qui ne voyaient en lui qu'un gros poisson dans une petite mare.

 

Treizième : Bremerhaven. La relégation est aussi douloureuse qu'inattendue pour la ville portuaire. Pour sa première saison dans sa belle patinoire neuve, Bremerhaven a connu une incroyable descente aux enfers, à l'instar de son gardien finlandais naturalisé allemand Marko Suvelo, qui a perdu sa place de titulaire. Non seulement l'équipe, partie dans le groupe de tête, a raté les play-offs pour un point, mais en plus elle est passée totalement à côté de la poule de relégation en perdant ses cinq premières rencontres.

Incapable de réagir au pire qui se profilait, le vestiaire s'est totalement délité. Incapable de rassembler ses coéquipiers, l'habituel leader Chris Stanley a été sanctionné par la perte de son capitanat au profit de Kevin Saurette. Mais ni l'un ni l'autre n'ont été d'un grand secours quand il le fallait, pour le maintien. L'entraîneur suédois Gunnar Leidborg, pourtant apprécié pour son travail et son sérieux, fera les frais de cette relégation catastrophique pour le club.

En effet, il risque de tomber dans l'Oberliga nord, la plus faible de toutes, un niveau quasi-amateur. Bremerhaven plaide donc pour son maintien. Sa chance, c'est que les clubs de Bundesliga se sont prononcés majoritairement pour un championnat avec un nombre d'équipes pair. Puisqu'aucun ne montera en DEL, on ne descendra pas à 12. La solution alternative est donc de monter à 14 en repêchant Bremerhaven, ce qui serait un énorme soulagement.

 

 

L'Oberliga

 

L'arrivée des deux anciennes équipes d'élite, Kassel et Francfort, chacune avec quatre mille spectateurs de moyenne, a fait passer l'Oberliga West dans une autre dimension médiatique. Mais avec l'expansion à douze équipes, le championnat a commencé à deux vitesses. Les 22-2 ou 19-0 témoignent de différences de niveau effarantes avec les équipes du bas de classement.

Pourtant, l'une d'elles est devenue la surprise de la saison. Le Königsborner JEC a pris un 1-17 contre Dortmund dès la deuxième journée, mais cet accident est resté isolé puisqu'il a élevé son niveau en battant une fois Duisburg et deux fois Francfort. Ce club totalement inconnu fêtait ses 25 ans, mais il a longtemps uniquement été actif chez les jeunes. C'est seulement en 2002 qu'il a monté une équipe senior, puisqu'il n'y en avait plus depuis quatre ans dans la ville d'Unna. Ce club habitué à évoluer devant une poignée de spectateurs a compris combien il avait intérêt à profiter de cette exposition jamais connue. Il a proposé l'entrée gratuite pour le match contre Essen, décisif pour entrer dans les huit premiers, et a attiré 2297 spectateurs. Un moment de gloire unique.

Les deux "équipes stars", elles, ont vécu une lourde déception. Francfort a terminé cinquième à l'ouest et ne s'est même qualifié pour les play-offs nationaux. Kassel s'est renforcé en jokers toute la saison, au point d'exploser son budget, mais a perdu sur blessure deux défenseurs importants, Sven Valenti et (l'ex-Niçois et Amnévillois) Daniel Reiss, pour la phase finale et s'y est fait éliminer. La troisième équipe de Hesse, Bad Nauheim, a en fait éclipsé les anciens de la DEL. Elle avait plus d'expérience à ce niveau et était une prétendante plus sérieuse au titre, mais elle a perdu des points dans la courte phase de play-offs et s'est retrouvé au premier tour contre le favori du sud Bad Tölz.

Du coup, les deux équipes qui sont allées le plus loin à l'ouest n'étaient pas les trois cadors de la Hesse. Dortmund a vécu le couronnement du travail de l'entraîneur Frank Gentges depuis trois ans. Mais ce club n'obtenait toujours pas d'heures de glace suffisantes ni de conditions correctes dans une patinoire qui sert de centre d'entraînement olympique pour le patinage artistique. Gentges partira donc à Francfort avec plusieurs joueurs, et Dortmund ne figurera plus dans les favoris les prochaines années. Son dernier baroud d'honneur, alors qu'il savait déjà qu'une ère touchait à sa fin, fut une demi-finale perdue contre Duisburg. Ce club est donc allé jusqu'en finale, grâce aux prêts des joueurs des voisins Cologne et Düsseldorf, et a même attiré près de 4000 spectateurs lors de la finale nationale d'Oberliga face à Bad Tölz.

En effet, c'est le favori au sud, Bad Tölz, qui a fini par obtenir la promotion en 2e Bundesliga. Ce ne fut pourtant pas un long fleuve tranquille. En saison régulière, les Tölzer ont été devancés par Peiting, mais cette équipe a vécu une incroyable déconvenue en se faisant éliminer en play-offs par la huitième équipe (sur neuf) du sud ! Cette équipe, c'était Regensburg, qui avait fait sensation en début de saison en recrutant le champion olympique et quadruple champion du monde Martin Prochazka. Mais celui-ci, âgé de 40 ans, n'avait plus les moyens de jouer en superstar. C'est finalement le défenseur Martin Ancicka (originaire de Kladno comme Prochazka mais qui a joué en équipe d'Allemagne) qui a mené l'équipe sur et dehors de la glace en prenant le capitanat en cours de saison. Regensburg avait tellement déçu en saison régulière qu'il s'était séparé de son coach avant le dernier match. C'est l'entraîneur de l'équipe championne d'Allemagne de baseball (!) - mais ancien hockeyeur professionnel - Martin Helmig qui a pris le relais pour réussir ce coup fumant en play-offs. Regensburg ne s'est pas arrêté là puisque ce club a été champion chez les juniors et a obtenu la montée en DNL chez les moins de 18 ans.

Cette seconde saison d'Oberliga en quatre zones géographiques a en tout cas révélé que les niveaux s'équilibrent. Comme prévu, l'ouest a rattrapé le sud, mais même les autres régions progressent. Halle, champion à l'est avec 1200 spectateurs de moyenne, s'est surpris en arrivant en demi-finale nationale et en éliminant au passage des adversaires prestigieux comme Kassel et Füssen. Ses dirigeants commencent à prendre confiance et à croire que la montée est possible.

Le nord n'en est pas là, mais ses deux qualifiés Rostock et Timmendorf, même s'ils ont terminé derniers des poules interrégionales, n'ont pas terminé bredouille. Leurs victoires démontrent qu'ils commencent à être compétitifs.

 

Marc Branchu

 

 

Retour à la rubrique articles