Grenoble : l'heure de la confirmation ?

 

La saison 2011/12 des Brûleurs de Loups restera comme celle de tous les paradoxes. Complètement à côté de leurs patins pendant une bonne partie de la saison, les hockeyeurs grenoblois se sont subitement réveillés dans la deuxième partie au point de connaître une véritable renaissance lors des phases finales et d'atteindre à la surprise générale la finale de la ligue Magnus.

Tout avait pourtant bien commencé avec un succès probant acquis lors du trophée des Champions face à Rouen (6-1). Un succès (trop) facile face au champion sortant et favori à sa propre succession. Un deuxième trophée en deux ans pour Jean-François Dufour à la tête des Brûleurs de Loups. Mais comme après la victoire en Coupe de la ligue lors de la saison précédente, ce succès acquis tôt dans la saison aura eu un effet négatif sur la suite. Sans doute soulagés d'avoir déjà pu soulever un trophée, les Brûleurs de Loups se sont relâchés dans les semaines qui suivirent et les résultats furent catastrophiques avec une élimination dès les phases de poule de la Coupe de la ligue et une humiliation en Coupe de France à Montpellier (Division 1) à l'automne alors que Grenoble effectuait cette saison son grand retour dans la compétition après deux ans d'absence. À la peine en championnat, les Brûleurs de Loups semblaient au fond du trou au point que l'avenir de Jean-François Dufour semblait incertain.

Et puis le changement d'année a coïncidé avec le réveil grenoblois. Une remontée au classement permet à Grenoble de terminer in extremis dans la première partie de tableau (septième au final). La suite lors des play-offs ressemble à un petit miracle : lors du 1er tour contre Épinal, Grenoble mène 2 victoires à 0 mais n'arrive pas à s'imposer à l'extérieur et se qualifie finalement sur le fil du rasoir à l'épreuve des tirs au but dans la manche décisive. En quarts de finale face à Dijon, deuxième de la saison régulière, les Brûleurs de Loups sont au bord de l'élimination après deux défaites en Bourgogne mais trouvent moyen de remporter les trois rencontres suivantes et de se qualifier. En demi-finale, Grenoble écarte Chamonix, troisième de la saison régulière, pour se retrouver en finale face à Rouen ! Le balayage leur semble promis après les efforts consentis lors des tours précédents, mais les Grenoblois trouvent les ressources d'égaliser à deux victoires partout, poussant Rouen à six matchs dans la série... Pas si mal pour une équipe au bout du rouleau.

Alors, coup de chance ou réelle révélation d'un groupe qui se cherchait jusqu'à présent ? Durant les play-offs, les Grenoblois ont vraiment semblé se trouver une identité de jeu fondée sur l'intensité physique et une débauche d'énergie de tous les instants. Un vrai hockey de play-offs en somme, et un style de jeu qui correspondait bien à ce que Jean-François Dufour souhaitait mettre en place. On pourra reprocher à cette équipe d'avoir en quelque sorte choisi ses matchs en ne démontrant une réelle motivation qu'à l'approche des play-offs, négligeant la saison régulière. Mais après tout, cette équipe à l'effectif relativement jeune a séduit par sa fougue démontrée lors des play-offs, compensant ainsi son infériorité technique. Sera-t-elle pour autant capable de surfer sur la vague de ces succès tardifs et reproduire ce niveau de jeu sur une saison complète ? Là est tout l'enjeu de cette saison 2012/13.

Bye bye Alex !

Dufour, menacé à l'automne, est donc reconduit dans un fauteuil après cette fin de saison en apothéose. Il entame ainsi la troisième année de son contrat initial et se trouve renforcé par les résultats de son équipe lors des play-offs avec une vraie identité de jeu enfin affichée. Il ne lui restait qu'à continuer de façonner l'équipe à son image, en effectuant les corrections nécessaires pour mieux coller à son système de jeu. Pas de révolution à prévoir, donc, mais quelques ajustements.

C'est ainsi que Mitja Sivic, arrivé en fin de contrat, n'est pas conservé par le staff grenoblois malgré quatre saisons de fidélité au maillot grenoblois. Joueur plus technique que physique, il ne rentre pas trop dans le système de jeu "dump and chase" de l'entraîneur québécois qui recherche avant tout des gros gabarits capables d'imposer leur physique. Sans compter que les années commencent à compter pour l'international slovène qui retrouvera finalement le club de ses débuts dans l'hexagone, Briançon.

Il sera accompagné dans les Hautes-Alpes par l'ex-portier n°1 Ronan Quemener. Ex, car le renouveau grenoblois en deuxième partie de saison a coïncidé avec un changement majeur devant le filet, Sébastien Raibon endossant définitivement les galons de portier titulaire au détriment d'un Quemener inconstant saison. Même si Quemener s'est offert un baroud d'honneur en play-off en assurant la qualification lors des tirs au but du cinquième match du premier tour face à Épinal, il a perdu de nouveau sa place après les deux défaites initiales face à Dijon. Le choix de Dufour était fait pour de bon : Raibon devenait son gardien n°1 jusqu'à la fin des play-offs. L'échec de Quemener à Grenoble après une superbe saison à Gap reste un mystère, même si la concurrence permanente instaurée entre les deux gardiens a sans doute sérieusement ébranlé la confiance du successeur désigné d'Eddy Ferhi devant la cage grenobloise. Sans doute en minorité dans un vestiaire ayant plus d'affinités avec le "local" Raibon, Quemener n'a jamais pu évoluer avec la sérénité nécessaire à l'épanouissement d'un gardien de but qui arrive dans une nouvelle équipe.

Dufour en profite également pour faire le tri parmi ses joueurs étrangers : François Ouimet (photo de droite), auteur d'une bonne saison malgré les doutes entourant son arrivée, et Desrosiers, qui avait signé un contrat de deux ans, sont toujours là. En revanche celui qui était annoncé comme la recrue phare en attaque, Anthony Aquino, n'a pas convaincu Dufour et n'est pas conservé. Blessé dès les premières semaines de préparation, il n'a débuté qu'à la fin de l'automne. Malgré une réelle habileté technique et une certaine adresse devant le filet, il n'a pas démontré cette intensité physique que Dufour recherche chez ses joueurs et s'est montré en retrait lors des play-offs notamment, avec une certaine appréhension au contact à l'inverse de la plupart de ses coéquipiers. Il n'a donc pas pesé sur l'offensive comme on pouvait l'espérer. Dommage car il aurait été intéressant de voir ce qu'Aquino aurait pu montrer sur une saison complète avec notamment une préparation physique non tronquée.

Quant au défenseur Michael Steiner, il n'est pas renouvelé essentiellement à cause d'un manque de gabarit préjudiciable à son poste. Pourtant, il n'a jamais rechigné à la tâche, montrant parfois une intensité de jeu qui en faisait une des rares satisfactions du début de saison raté des Brûleurs de Loups. Mais à l'inverse de la plupart de ses coéquipiers, il a connu une fin de saison plus délicate, se faisant parfois déborder lors des play-offs par des attaquants plus physiques, notamment en finale face à Rouen.

Mais le départ qui fait mal, celui que personne n'attendait tant il était installé à Grenoble sur la durée, c'est celui d'Alexandre Rouleau. Le Monsieur plus de la défense grenobloise, un joueur tellement talentueux qu'il était parfois utilisé en attaque par Lusth ou Dufour et qui a terminé meilleur compteur grenoblois des play-offs tout en jouant à la ligne bleue ! Arrivé lors de la saison du quadruplé historique en compagnie de Sivic, Rouleau faisait partie des meubles à Grenoble et était devenu rapidement un des leaders du vestiaire. Cette saison, il a même découvert les championnats du monde avec l'équipe de France. Une grande première pour lui alors qu'il venait tout juste d'obtenir son passeport français et devenait éligible à porter le maillot tricolore après quatre saisons passées en Ligue Magnus. Son départ laisse un grand vide qu'il sera difficile de combler. Mais le plus surprenant est sa destination puisqu'après avoir signé un contrat avec le club suédois de Västerås, il décidait tout bonnement de raccrocher les patins pour prendre en main la destinée du club de LHJMQ de Val d'Or où il a effectué l'intégralité de sa carrière junior canadienne. À seulement 29 ans, cette décision a de quoi surprendre au moment où une carrière internationale s'ouvrait à lui....

Parmi les autres départs, on notera ceux de certains jeunes qui ont eu du mal à confirmer, à commencer par Graham Avenel dont les deux saisons grenobloises laissent une impression mitigée : du gabarit, un potentiel certain, mais trop de matchs transparents avec un manque d'efficacité devant la cage. Après avoir effleuré l'équipe de France, Avenel repart en division 1 à Brest où il rejoindra son frère en essayant de donner un nouveau souffle à sa carrière. Le cas de Loup Benoît est un peu différent : le jeune attaquant grenoblois a connu une saison en dents de scie, n'obtenant jamais vraiment la confiance de Jean-François Dufour. Cantonné à des rôles défensifs, son potentiel semble inexploité et Rouen lui offre l'opportunité de montrer sa valeur dans un nouvel environnement. Enfin, Rémi Colotti et Elie Raibon, en manque de temps de glace malgré une saison espoirs très aboutie, essaieront de percer l'alignement d'Épinal où la concurrence sera moins rude.

Un recrutement très ciblé

Peu de départs et donc peu d'arrivées à prévoir en contrepartie. Alors que la grande question du recrutement semblait être : "qui va remplacer Rouleau en défense ?", Dufour prenait le contre-pied en s'attelant à renforcer avant tout son attaque. Logiquement, c'est vers l'Amérique du Nord que se tournait le technicien canadien, mais pas le Québec pour autant. Plutôt les ligues mineures américaines, avec l'ambition d'aller chercher des joueurs à fort gabarit capables de s'imposer physiquement dans les bandes, Dufour trouvant que son attaque manquait de puissance. Et c'est un joueur français qui colle parfaitement à cette définition qui arrive le premier sur les bords de l'Isère : Luc Tardif Jr (photo de gauche), exilé à Florida en ECHL, effectue ainsi son retour en France dans un nouveau club. Il connaît bien la région pour avoir joué deux ans à Villard. Joueur physique, puissant et pas maladroit devant la cage, il a tout de la recrue idéale, remplaçant avantageusement par exemple Graham Avenel. Seul hic, et de taille : sa grosse blessure au genou qui a mis un terme prématuré à sa saison nord-américaine. Encore en convalescence, son état de santé et sa capacité à retrouver le niveau qui était le sien restent un gros point d'interrogation.

Pour remplacer Aquino et Sivic, Dufour avait besoin de trouver deux "poids lourds" en attaque. Il misait d'abord sur l'expérience d'Ed McGrane, un centre puissant, capable de jouer dans les deux sens de la patinoire. Mc Grane n'est pas tout à fait un inconnu puisqu'il avait côtoyé Baptiste Amar dans les rangs de l'université d'Umass-Lowell au début de leurs carrières respectives. Si McGrane n'a pas réussi à percer en NHL, il a connu une carrière très honorable dans les ligues mineures américaines avec des moyennes supérieures à un point par match. Il s'agit de sa deuxième expérience européenne après une saison mitigée à Karlskrona en Division 1 suédoise il y a deux ans. Avec McGrane, Grenoble tient un vrai centre n°1 appelé à devenir le moteur de l'attaque. Son intégration devrait en plus être facilitée par la présence d'Amar.

Pour évoluer à ses côtés, le staff grenoblois a jeté son dévolu sur Mike Vaskivuo, un attaquant américain polyvalent d'origine finlandaise. Contrairement à McGrane plutôt en fin de carrière, Vaskivuo est dans ses meilleures années et sort d'une saison exceptionnelle en CHL où il a tout simplement été désigné meilleur joueur des play-offs. Un aboutissement après trois saisons pleines en IHL/CHL. Ambitieux, Vaskivuo veut tenter sa chance en Europe et vient à Grenoble pour se montrer et faire trembler les filets. Joueur rapide, intense et pas maladroit devant le but, il a toutes les qualités requises pour s'intégrer dans le système de jeu de Dufour. Tout comme McGrane, c'est attaquant capable également d'évoluer en infériorité numérique et de participer à l'effort défensif, une priorité pour Dufour. Avec McGrane et Vaskivuo, le coach grenoblois tient un duo de choc qui devrait apporter une plus grande force de frappe offensive. Les deux joueurs ont en plus l'avantage d'avoir un passeport européen, britannique pour McGrane et finlandais pour Vaskivuo.

Alors que l'attaque avait été bien renforcée, il restait au staff grenoblois à compléter le secteur défensif. Le retour au bercail de Nicolas Antonoff après une saison en Norvège va dans ce sens. Formé chez les Brûleurs de Loups, l'attaquant reconverti en défense avait quitté son club de toujours après le sacre de 2007 pour évoluer à Mont-Blanc, Villard puis Morzine où il trouvait plus de temps de glace et s'installait définitivement à la ligne bleue. Le voilà de retour en tant que titulaire à part entière dans une défense où il apportera plus de gabarit qu'un Steiner. Encore une fois, Dufour suit sa logique et privilégie un joueur plus puissant et physique, capable de s'imposer dans les bandes.

Et quid du remplaçant de Rouleau dans tout ça ? Eh bien finalement, il n'y en a pas ! D'après Dufour, il s'agira en fait de... Kévin Dusseau, appelé à prendre plus d'importance dans le jeu défensif grenoblois. Numériquement, le "géant" Maxime Suzzarini intègre la défensive en tant que sixième défenseur. Même constat dans les cages où Ronan Quemener n'est pas non plus remplacé si ce n'est pas le jeune (18 ans) gardien des Espoirs, Antoine Bonvalot. Un sacré pari. En attaque, César Joffre et Mathieu Briand sont intégrés officiellement dans l'effectif pour remplacer Loup Benoît et Elie Raibon.

C'est donc avec un secteur offensif renforcé mais un manque de profondeur évident en défense que se termine le recrutement grenoblois.

Tout pour l'attaque ?

Ces dernières saisons, les Brûleurs de Loups s'étaient forgé la réputation d'une équipe très solide défensivement. Le système de jeu de Mats Lusth, la solidité de Ferhi dans les cages, des défenseurs de premier plan comme Amar, Rouleau ou Wallin : tout concordait pour que Grenoble bâtisse ses succès sur une assise défensive très solide. L'attaque restant en retrait et constituait le perpétuel point faible de l'équipe. Mais cela pourrait bien changer cette année compte tenu du recrutement effectué. Reste à voir si l'effectif des Brûleurs de Loups ne sera pas du coup trop déséquilibré.

Devant les cages, Sébastien Raibon a donc définitivement acquis ses galons de gardien n°1. Pour ne pas lui faire trop d'ombre, le staff grenoblois a confié le poste de back-up à un jeune, Antoine Bonvalot, prometteur gardien des Espoirs et de l'équipe de France U20. Ce sera sa première saison en Magnus et il aura donc tout à apprendre et à découvrir. Raibon devra toutefois se méfier car ce jeune gardien a du talent et en cas de contre-performance, Raibon pourrait être mis en concurrence comme ce fut le cas pour Quemener la saison dernière. À lui de gérer au mieux la pression inhérente au poste de gardien n°1, pression qu'il va découvrir. Et si son talent n'est pas en question, son comportement l'est beaucoup plus. Quelques "pétages de plomb" mémorables lors des play-offs la saison dernière (à Chamonix puis contre Rouen) ont montré que ce jeune gardien avait un mal fou à tenir ses nerfs. C'est dans ce domaine qu'il sera le plus attendu au tournant.

Une fois n'est pas coutume, la défense sera le gros point d'interrogation des Brûleurs de Loups cette saison. Le trou béant laissé par Alexandre Rouleau n'a pas été comblé. C'est dire la responsabilité qui incombe aux vétérans Sylvain Dufresne et Baptiste Amar qui à eux deux devront "tenir la baraque" derrière. Indispensables lors des derniers play-offs (au cours desquels Amar s'est encore blessé), leur temps de glace promet d'être très conséquent mais gare aux blessures qui n'ont pas épargné l'ex-capitaine grenoblois ces derniers temps. Si l'un d'entre eux venait à se blesser pour une longue durée, les Grenoblois se trouveraient fort démunis à la ligne bleue.

Car derrière, très peu de profondeur. Certes Kévin Dusseau et Jason Crossman vont poursuivre leur progression. Le premier a connu une saison correcte, sans plus et sera attendu au tournant cette saison pour apporter plus, notamment lors des power-plays en l'absence de Rouleau. Le second est un défenseur sûr et sobre qui verra son temps de glace sans doute augmenter. Nicolas Antonoff aura aussi un rôle important à jouer, amenant une dimension physique non négligeable. Le sixième défenseur n'est autre que Maxime Suzzarini, le plus grand joueur du championnat par la taille. Un pari voulu par Dufour qui croit en ce joueur dont l'apport physique est évident mais dont les capacités techniques restent à démontrer. Six défenseurs, c'est peu, surtout quand trois d'entre eux ne dépassent pas les 22 ans, mais Grenoble a joué quasiment tous les play-offs à cinq défenseurs et Dufour pense que cela est suffisant. À voir.

En attaque, on attend beaucoup des trois nouveaux arrivants (McGrane, Vaskivuo et Tardif) qui doivent apporter un véritable sang neuf en attaque à la place de joueurs pas toujours efficaces comme Aquino, Sivic et Avenel. Ce trio a fière allure et semble très prometteur avec Tardif qui fait le boulot dans les bandes, McGrane qui distribue le jeu et Vaskivuo qui termine le travail. À confirmer sur une saison entière mais les débuts sont vraiment séduisants.

Derrière, on attendra au tournant Matthieu Le Blond, transparent pendant la saison régulière mais métamorphosé en play-offs où il a énormément pesé, retrouvant au passage une efficacité qui le fuyait depuis un bon moment. Ses partenaires de ligne en play-offs, Christophe Tartari et Francis Desrosiers (photo de droite), sont toujours là et le trio pourrait bien être reconstitué. Tartari est toujours un exemplaire attaquant défensif de devoir et même s'il manque souvent d'efficacité devant la cage, il est un exemple à suivre pour beaucoup de jeunes joueurs grenoblois. Quant à Desrosiers, il a connu une bonne première saison d'adaptation en Ligue Magnus et devra confirmer en évitant surtout les blessures qui ne l'ont pas épargné tout au long de la saison. Son positionnement aux côtés de Le Blond et Tartari lui a appris le jeu défensif, lui qui était plutôt un joueur offensif qui adore aller mettre la pression sur la défense adverse avec sa vitesse et son intensité. Un joueur qui cadre bien avec le système de jeu de Dufour.

C'est moins le cas de François Ouimet, qui a tendance à porter un peu trop le palet en zone offensive et à mettre moins la pression physiquement. Dufour avait trois joueurs au profil similaire (Ouimet, Sivic et Aquino), il a finalement gardé le moins cher des trois, celui aussi qui avait le meilleur rendement en attaque. Car la première saison de Ouimet en France est une réussite, lui qui avait des statistiques faméliques en NCAA et dont la capacité à se montrer au niveau dès son arrivée soulevait beaucoup d'interrogations. Alors que le navire grenoblois était à la dérive en début de saison, Ouimet était le seul à se montrer efficace régulièrement, et ce n'est pas un hasard s'il termine la saison meilleur compteur grenoblois. À confirmer.

Parmi les joueurs qui rempilent, on trouve le néo-capitaine Julien Baylacq, symbole de cette jeunesse grenobloise sur laquelle Dufour veut s'appuyer. Joueur de devoir qui prêche par l'exemple, comme Tartari, Baylacq est certes jeune pour endosser le rôle de capitaine. Il n'a pas le charisme ni l'aura d'un Baptiste Amar et ses prestations sur la glace sont souvent quelconques. Mais c'est un joueur qui mouille le maillot et n'hésite pas à aller à la bagarre pour le palet et c'est ce qui plaît au coach grenoblois. Le Saint-Pierrais Nicolas Arrossamena est lui aussi toujours là. Il le doit plus à son contrat pluriannuel qu'à ses prestations sur la glace. Prometteur il y a encore un an après une finale de coupe de la ligue réussie et une première apparition aux championnats du monde, il peine à confirmer son potentiel. Souvent irrégulier, il passe parfois complètement au travers de certains matchs. Cette saison ressemble à une dernière chance pour lui, et il devra la saisir.

Car derrière, les jeunes continuent de pousser et certains pourraient repousser Baylacq ou Arrossamena en quatrième ligne. En particulier Joris Bedin qui poursuit sa progression après avoir débloqué son compteur en Ligue Magnus. Attaquant très vif et doté de bonnes mains, il a une très belle vision du jeu et il ne lui manque qu'un gabarit un peu moins frêle pour intégrer dès aujourd'hui les trois premières lignes d'attaque. Il devrait voir souvent la glace cette saison lorsque certains attaquants titulaires seront absents. Les départs de Loup Benoît et Elie Raibon ont fait de la place à Mathieu Briand et César Joffre, officiellement intégrés dans l'effectif cette saison après plusieurs apparitions l'an passé, notamment en début de saison alors que l'attaque grenobloise était décimée par des blessures de longue durée (Aquino, Desrosiers, ...). Briand a un beau gabarit mais c'est un joueur intelligent et technique qui a les armes pour s'imposer. Quant à Joffre, c'est un jeune volontaire et courageux qui n'hésite pas à aller au contact, un peu dans le style de Baylacq. Derrière, les jeunes Jordan Perret, Lou Bogdanoff et Sébastien Delemps seront également intégrés en cas de besoin mais devraient passer l'essentiel de la saison avec les Espoirs.

L'attaque semble donc avoir suffisamment de profondeur cette saison puisque les leaders de la saison dernière (Ouimet, Desrosiers, Le Blond) seront bien soutenus par les nouveaux arrivants (McGrane, Vaskivuo, Tardif) qui apportent du talent offensif en attaque. Une qualité qui manquait singulièrement à l'attaque grenobloise cette saison. Libéré de la contrainte de certains contrats pluri-annuels, Dufour est maintenant capable de construire une équipe à son image, avec des joueurs puissants, rapides, capables de s'imposer physiquement. Mais la vraie bonne nouvelle cette année, c'est l'apport du talent offensif de McGrane et Vaskivuo, qui devraient devenir des compteurs réguliers.

L'année de la confirmation ?

Les deux premières saisons de Jean-François Dufour à la tête des Brûleurs de Loups ont été pour le moins chaotiques. Budget resserré pour cause de remboursement de la dette, effectif sérieusement rajeuni : Grenoble n'était plus un candidat déclaré au titre, et le jeune coach grenoblois a fait avec les moyens du bord. Leur classement à la fin de chaque saison régulière, septièmes, montre bien que les Brûleurs de Loups sont désormais rentrés dans le rang. Pourtant les coups d'éclats existent encore, et des play-offs aussi réussis qu'inattendus ont permis aux Brûleurs de Loups d'être vice-champions de France.

Peut-on pour autant parler de renaissance pour les Brûleurs de Loups ? On serait tenté en effet de penser que Grenoble va, sur la lancée de cette finale de Magnus, retrouver les sommets et de nouveau de mêler à la course au titre. Le style de jeu, fondé sur une forte intensité et un réel engagement physique malgré des moyens techniques limités, a séduit. Mais les Brûleurs seront-ils vraiment capables de jouer de cette manière pendant une saison complète ? Le doute est permis.

Encore une fois, Grenoble n'aura pas beaucoup de profondeur et sera très dépendant de l'état de forme de ses joueurs cadres. Orpheline de Rouleau, non remplacé, la défense est réduite à sa portion congrue et les organismes des joueurs cadres type Amar ou Dufresne risquent d'être particulièrement sollicités, y compris en power-play où Dusseau devrait prendre plus de responsabilités. Dans les cages, Raibon devra montrer qu'il est capable de tenir la position de gardien n°1 pendant une saison complète et surtout tenir ses nerfs. Une autre prise de risque de la part du staff grenoblois. Quant à l'attaque, son efficacité risque de reposer essentiellement sur les nouveaux venus McGrane et Vaskivuo à moins qu'un Le Blond soit capable de réaliser sur une saison complète ce qu'il a fait lors des derniers play-offs. Ouimet et Desrosiers seront aussi attendus au tournant pour confirmer leur première saison.

Plus qu'un prétendant au titre, Grenoble semble donc être plutôt une nouvelle fois un outsider capable de réaliser quelques coups lors des coupes par exemple voire d'obtenir une place d'honneur en championnat. Une place dans les quatre premiers de la saison régulière, l'objectif avoué fixé par les dirigeants, semble encore bien ambitieux car l'effectif grenoblois reste moins dense que ceux de Rouen, Angers ou Briançon. Mais au-delà du résultat, c'est aussi dans le jeu qu'on espère voir des progrès sensibles, dans la lignée des espoirs que les play-offs 2012 ont fait naître à Pôle Sud.

Christophe Laparra (photos de Philippe Crouzet)

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12
35 BONVALOT Antoine     04/03/1994  180  73  Épinal            GrenobleU22 FRAjr
39 RAIBON Sébastien     03/11/1990  179  81  Grenoble          Grenoble    FRA-1

Défenseurs

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12   MJ   B   A  Pts  Pén
 5 AMAR Baptiste        11/11/1979  183  80  Gap               Grenoble    FRA-1   35   2  13  15   20'
28 DUSSEAU Kévin        24/07/1991  187  91  Cherbourg         Grenoble    FRA-1   52   3   5   8   44'
52 ANTONOFF Nicolas     28/12/1981  190  90  Grenoble          Stjernen    NOR-1   32   0   6   6   69'
68 SUZZARINI Maxime     07/12/1991  203 112  Grenoble          Grenoble    FRA-1   35   0   3   3   14'
76 DUFRESNE Sylvain     24/07/1978  187  93        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   52   5  18  23   38'
91 CROSSMAN Jason       15/03/1990  182  77  Montpellier       Grenoble    FRA-1   43   1   4   5   12'

Attaquants

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2011/12   MJ   B   A  Pts  Pén
90 ARROSSAMENA Nicolas  09/01/1990  183  73  St-Pierre         Grenoble    FRA-1   52   8  11  19   68'
13 BAYLACQ Julien       10/04/1989  183  75  Grenoble          Grenoble    FRA-1   46   7  17  24   38'
93 BEDIN Joris          04/02/1993  172  71  Grenoble          Grenoble    FRA-1   47   3   5   8    6'
38 BRIAND Mathieu       23/10/1993  196  85  St-Pierre         Grenoble    FRA-1    8   0   0   0    2'
                                                               GrenobleU22 FRAjr   21   8  19  27   18'
22 DESROSIERS Francis   27/06/1989  178  82        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   40  19  20  39   46'
17 JOFFRE César         21/10/1990  182  70  Grenoble          Grenoble    FRA-1   13   0   1   1    4'
88 LE BLOND Matthieu    16/09/1987  182  82  Grenoble          Grenoble    FRA-1   52  10  20  30   18'
11 McGRANE Ed           04/05/1978  180  85   (Brit-Canadien)  Missouri     CHL    74  35  52  87   10'
21 OUIMET François      10/12/1986  178  76        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   52  29  20  49   46'
38 PERRET Jordan        15/10/1994  178  72  Villard           GrenobleU22 FRAjr   18   2   5   7    6'
                                                               GrenobleU18 FRAcd   22  18  23  41   32'
75 TARDIF Luc Jr        30/11/1984  193 101  Rouen             Florida     ECHL    22   5   3   8   20'
73 TARTARI Christophe   03/12/1984  189  81  Grenoble          Grenoble    FRA-1   51  11  23  34  111'
25 VASKIVUO Mike        13/03/1986  185  86   (Fin-Américain)  Rapid City   CHL    54  13  24  37   44'
                                                               Fort Wayne   CHL    24  12  21  33   12'

NB : les statistiques incluent la Coupe de la ligue, compétition à l'adversité équivalente à la Ligue Magnus.

Entraîneur : Jean-François Dufour (CAN, 36 ans).

Départs : Ronan Quemener (G, Briançon, FRA-1), Rémi Colotti (D, 1+3, Épinal, FRA-1), Alexandre Rouleau (D, 17+23, arrêt, manager Val d'Or, LHJMQ), Michael Steiner (D, 4+15, Angers, FRA-1), Anthony Aquino (A, 17+24, Valpellice, ITA-1), Mitja Sivic (A, 19+25, Briançon, FRA-1), Loup Benoît (A, 3+2, Rouen, FRA-1), Elie Raibon (A, 3+5, Épinal, FRA-1), Graham Avenel (A, 7+13, Brest, FRA-2).

 

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