Montpellier patiente

 

Il y a quelques années de cela, le président des Vipers de Montpellier, Marc Fornaguera s'était retrouvé à la tête d'une commission diligentée par la FFHG visant à trouver des solutions au peut-être trop grand nombre de joueurs étrangers dans les championnats français (lire l'interview de l'époque ici). Finalement, et bien malheureusement pour lui, la solution s'est présentée d'elle-même du côté de l'Hérault : les difficultés financières. Entraperçues l'an dernier, ces problèmes ont éclaté au grand jour cet été. Tout d'abord avec une plainte émanant d'anciens membres du bureau visant la gestion et les écritures des comptes de la SAOS puis, plus grave, le verdict de la CNSCG : contrat d'objectif financier, sanction pécuniaire pour non-respect du budget de la saison précédente, mise sous surveillance et recrutement contrôlé, la totale de l'arsenal à disposition de l'organe de contrôle fédéral.

Dans ce cas, il fallait forcément s'adapter à la situation et jouer sur un autre tableau que les années précédentes : place aux jeunes Français - y compris ceux formés au club - ainsi qu'aux joueurs revanchards. Composer une telle équipe est un pari risqué mais Montpellier n'avait pas vraiment le choix : faire une année tranquille pour assainir les comptes peut être risqué étant donné que la concurrence est de plus en plus rude dans le championnat.

Dupont : quitte ou double ?

Lionel Bilbao évincé en cours de saison, il avait fallu à la SAOS des Vipers un remplaçant au pied levé. Au final, c'est une solution interne qui avait été trouvée : Marek Michalovic, ancien joueur, et Pascal Ryser, ancien entraîneur, prendraient en main l'équipe première en se répartissant les rôles. Compte tenu de la belle saison réalisée (septièmes), le duo a été reconduit pour la nouvelle saison mais devait rebâtir quasi-intégralement une équipe. La rigueur imposée au club s'est bien entendu répercutée sur le sportif. Du coup, au revoir aux joueurs phares : Juhani Kaisjoki (un temps hésitant) est retourné en Finlande, tout comme Luukonen en Suède, alors que Czuba a trouvé refuge en Hongrie et Petrov en Norvège. Au final, une fois le grand ménage terminé, il ne reste plus grand monde : à l'exception des joueurs juniors du club, seuls Bohin, Danilics et Visnak continueront à porter le maillot des Vipers.

Il a donc fallu trouver des solutions alternatives tout en essayant de trouver ce qu'il manquait à l'équipe l'an passé : du gabarit et du caractère. Comme le duo partait d'une feuille presque blanche, ils ont pu, en fonction des moyens à disposition, construire une équipe à leur image. Néanmoins, la préparation a été des plus confuses : double confrontation à Mériadeck annulée, match contre Toulouse-Blagnac envolé (Bordeaux avait demandé cette compensation car les Vipers avaient oublié de les prévenir de leur désistement), il ne restait plus qu'un match à Mont-Blanc (avec un bus récalcitrant pour couronner le tout) et un contre Marseille, le tout sans les joueurs étrangers pour lesquels Montpellier refusait de payer une assurance supplémentaire, arguant du fait qu'ils avaient déjà une couverture avec leurs contrats. Bref, il y a mieux pour préparer un championnat aussi délicat.

Il ne reste plus qu'à savoir comment le duo va fonctionner. À l'annonce de sa nomination, le rôle d'entraineur devait incomber à Marek Michalovic tandis que Pascal Ryser jouerait celui de manager sportif. Or, la saison écoulée, il était plus fréquent de voir Ryser sur le banc des Vipers que son collègue slovaque. De même, les entraînements se font en alternance, chacun disposant à son tour ses méthodes au groupe de joueur.

Le premier chantier, l'un des plus importants sans doute, consistait à trouver un gardien pour remplacer le jeune Suédois Daniel Palmkvist, désormais revenu au pays à Visby/Roma. Le choix s'est porté sur Michael Dupont, un gardien de passeport suisse - donc hors du quota de trois Canadiens - au passé prestigieux, mais sur lequel de nombreuses interrogations subsistent. Tout d'abord, il y eut les jours glorieux : une formation prometteuse au sein des Régents de Laval en Midget AAA qui aboutit à une sélection en Junior Majeur par le Drakkar de Baie-Comeau, dès la quatrième ronde. S'ensuit un parcours de titulaire en puissance en LHJMQ : le Drakkar mais aussi l'Océanic de Rimouski et les Voltigeurs de Drummondville font de lui le portier de service. Dès sa première saison, il impressionne et s'offre une moyenne d'arrêt supérieure à 90%. Une performance qu'il n'est pas loin de réitérer la saison suivante, ce qui lui permet d'être drafté, en sixième ronde, par les Flyers de Philadelphie. Mais la suite sera plus compliquée : une blessure au genou lors de son passage à Rimouski, un transfert à Villars (première ligue amateur suisse) avorté faute de visa, puis une nouvelle blessure au genou alors qu'il faisait un essai avec Ambrí-Piotta (élite suisse). Du coup, on s'interroge : avec deux saisons blanches, Michael Dupont peut-il rebondir avec les Vipers ? Le potentiel est là, c'est certain, reste à voir si les automatismes reviennent et en combien de temps.

Et au cas où ça ne marche pas, il fallait choisir un backup jeune et talentueux. Jeune car il peut ainsi être aligné avec des Espoirs qui peuvent viser une place en carré final, et talentueux parce que le premier gardien est un pari et qu'il faut se prémunir en cas de défaillance. Vu les caractéristiques demandées, peu de gardiens semblaient convenir autant que Steven Catelin. Formé à Villard, il sort de deux années à la dure école rémoise où il aura même eu le droit à quelques bouts de matchs - cinq pour être exacts - offerts par Kubis. Mis à contribution lors des matchs de préparation et dès le second match de championnat des Vipers, Catelin a désormais toutes les cartes en main.

Une défense francisée au possible

Sur les huit éléments composant l'escouade défensive des Vipers, six sont français, un record pour un club qui depuis longtemps s'appuie sur une forte colonie étrangère. De l'an passé, deux éléments sont encore présents : le jeune et fougueux Ivan Bohin ainsi que le petit mais robuste Bohdan Visnak. Pour le reste, comme dans les buts, Montpellier a choisi la carte "pari" en enrôlant Nicolas Constantineau. Là aussi, le passé récent ne plaide pas en sa faveur mais le parcours initial est alléchant. Tout comme Dupont, il est passé en Midget par une franchise des Laurentides, celle des Vikings, avant de tenter sa chance en Ontario dans une équipe du Junior AAA local. Finalement de retour au Québec, il alterne les passages en Junior Majeur et en Junior AAA avant de se stabiliser dans cette dernière. Reconnu pour son sens offensif (un tiers de ses points sont des buts), il part pour Jaca, censé être un tremplin idéal pour le hockey hexagonal. Mais, même s'il réussit son examen espagnol, aucun strapontin ne se libère pour lui la saison suivante en France. Voilà un second joueur avec une année blanche dans la défensive montpelliéraine.

Autre recrue, autre profil, celui de Lionel Simon, vétéran de 32 ans qui a passé l'essentiel de sa carrière en Magnus. Joueur réputé particulièrement défensif (malgré un début de saison prolifique), il compte près de 200 matchs de Magnus avec Clermont, épinal et Mont-Blanc. Avec ce dernier club, il choisit la fidélité et l'accompagne en D1 la saison dernière. Désirant s'offrir un nouveau défi alors que sa carrière s'approche de la fin, ce joueur d'expérience et costaud devrait être une pierre angulaire du système montpelliérain. Dans la catégorie "joueurs d'expérience", Tony Delage se pose également là. Affichant désormais trente-quatre années au compteur, il se prévaloir d'avoir joué dans toutes les divisions et, ce, aux quatre coins de France. Avec près de 400 matchs dans les pattes, Delage espère se relancer en D1 après un passage mitigé à Cergy puis à Nantes.

Plus jeune et moins expérimenté, François-Henri Désérable n'en est pas pour autant un élément inintéressant pour l'équipe qui l'embauche. Capable de jouer à l'avant comme en défense, c'est pour ce dernier rôle que le staff des Vipers l'a choisi. Formé à Amiens où son nom rime forcément avec "hockey", Désérable aura ensuite posé ses valises pour quatre ans dans la capitale des Gaules. Avec Lyon, il empochera un titre de vice-champion de D2 et participera à la belle première saison en D1 des Lions. Avec son gabarit (1m84 et 84 kilos), il est un joueur difficile à bouger et un homme de vestiaire comme le prouve le capitanat porté du temps des U22 élite avec les Gothiques.

Le six de départ devrait s'articuler autour de ces joueurs-là. Mais comme les Vipers souhaitent de la profondeur de banc, il se sont naturellement tourné vers leur propre hockey mineur. C'est ainsi que le massif Guillaume Bourgain (reconverti en défense depuis la saison dernière) et Alexandre Juan, formé à Aubagne et ayant gouté d'un patin la D1 avec Avignon, devraient avoir leur chance après avoir accumulé du temps de jeu lors des matchs hors-concours.

Un Brodeur sinon quoi ?

Pour être armée aux joutes de la D1, l'offensive des Vipers avait besoin d'un meneur, d'un joueur de caractère capable de tirer l'intégralité du groupe vers le haut. Il fallait donc frapper un grand coup, quitte à se priver plus loin sur le banc ! Et dans la catégorie "recrue du poids", pas évident de faire mieux qu'Étienne Brodeur ! Après un parcours remarquable en Midget AAA - il terminera dans le Top 10 des pointeurs - il a été drafté par la seule équipe américaine du Junior Majeur québécois, les Lewiston MAINEiacs. Son parcours suit une courbe ascendante jusqu'à la saison 2010-2011 où il finit, là encore, dans les dix meilleurs pointeurs. Autant dire qu'il devient une référence malgré son petit gabarit qui lui bloque sans doute l'accès aux grandes ligues professionnelles nord-américaines. échangé aux Saguenéens de Chicoutimi pour sa dernière saison, sa cote chute un peu. De 53 buts, il passe à 22 et est bien loin du Top 10. Malgré tout, ces statistiques en font un joueur au CV remarquable pour la D1 française. Néanmoins, dès le second match du championnat, Brodeur - à l'instar du portier Dupont - est dans l'œil du cyclone : son coach le critique ouvertement de ne pas avoir été au niveau. Si son lancer fait encore des ravages, il donne une impression de lenteur sur la glace. Malgré cela, sa marge de manœuvre est encore importante et, vu l'engagement des Vipers sur lui, il lui faudra rapidement exceller.

Et derrière ça ? Encore du beau monde, malgré les soucis. Le meilleur pointeur de D2 - 51 points avec les Boucaniers de Toulon - Petr Janecka rejoint aussi les rangs des Vipers. Et au final, Janecka amènera avec lui son ancien coéquipier à Gdansk, le vétéran tchèque Roman Skutchan : 39 ans, plus de 350 matchs en élite polonaise pour une moyenne d'un point par match, pas mal comme dernière recrue pour un club sans le sou ! Autre joueur venu de l'est de l'Europe, Martin Slovak n'est pas non plus le premier venu : 150 matchs en Extraliga slovaque, l'ancien pensionnaire (lui aussi !) du Junior Majeur québécois, a de très bonnes mains et devrait faire parler sa classe naturelle dans le collectif héraultais. Dernière recrue étrangère, le Canado-Britannique Ryan Ellis qui après son parcours universitaire à Oswego a écrasé ses records au troisième échelon britannique, inscrivant 100 points - dont 50 buts - en 35 parties jouées.

Pour conclure un second trio 100% pas formé localement, Ryser et Michalovic pourront s'appuyer une nouvelle fois sur Raimonds Danilics. Le Letton s'est assagi hors de la glace et est devenu un rouage essentiel des lignes avants. Pur centre, ce qui est assez dur à trouver parmi les "JFL" de D1, Mathieu Combe peut aisément prendre place sur n'importe quel trio et peut également jouer sur les unités spéciales. Kévin Hamon, qui en finit avec son cycle junior, devrait avoir un temps de jeu plus conséquent avec ce Montpellier nouvelle version. Situation identique pour les Espoirs du club : Kévin Ottino et Steve Merlet ont déjà tâté de la D1 l'an passé alors que Maximilien Martocq fera son retour au jeu après une saison blanche due à une rupture des ligaments croisés et que Thomas Saunier tentera de succéder à son père Franck dans les rangs des Vipers.

Reste l'énigme Juraj Ozorak : parti en très mauvais termes de Montpellier en 2005, la famille Fornaguera s'était jurée de ne plus le revoir à Végapolis. Mais finalement, après quelques années au roller ou en Avignon loisirs, voilà que le vétéran slovaque était invité - incognito - par les entraîneurs des Vipers à revenir sur la glace. Jamais annoncé, il fait néanmoins parti de l'effectif présent sur le site des Vipers. Mais jusqu'ici, il n'a pas encore été aligné en championnat. À suivre donc...

Alex Mondin

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2011/12   MJ   Min  Moy.  Pén
 1 FERHI Eddy           26/11/1979  189  81  FV Paris           Anglet      FRA-2   28  1684  3,21   4'
30 DUPONT Michaël       20/12/1987  180  78     (Sui/Canadien)  ------------- n'a pas joué ------------
32 CATELIN Steven       05/06/1992  177  71  Villard-de-Lans    Reims       FRA-2    2    27  2,26   0'

Défenseurs

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2011/12   MJ   B   A Pts   Pén
 4 BOHIN Ivan           14/06/1989  180  79  Chambéry           Montpellier FRA-2   27   1   3   4   53'
 7 VISNAK Bohdan        03/02/1988  175  80          (Tchèque)  Montpellier FRA-2   23   2   3   5   36'
17 DELAGE Tony          11/04/1978  175  75  Saint-Pierre       Nantes      FRA-3   21   1  10  11   36'
21 CONSTANTINEAU Nico.  03/05/1989  188  86         (Canadien)  ------------- n'a pas joué -------------
25 DÉSÉRABLE Fr.-Henri  06/02/1987  184  84  Amiens             Lyon        FRA-2   27   3   1   4   34'
27 SIMON Lionel         18/09/1980  181  78  Grenoble           Mont-Blanc  FRA-2   25   0   1   1   28'
28 JUAN Alexandre	13/11/1992  178  66  Aubagne            Montp. U22  FRAjr2
51 BOURGAIN Guillaume   05/02/1992  187  93  Montpellier        Montpellier FRA-2    2   0   0   0    0'

Attaquants

N° NOM Prénom           Naissance    cm  kg  Club formateur     Club & Ch 2011/12   MJ   B   A Pts   Pén
 5 MERLET Matthieu      17/01/1992  180  76  Font-Romeu         Montpellier FRA-2    5   0   0   0    0'
 8 OZORAK Juraj         18/10/1975  190  90         (Slovaque)  ------------- n'a pas joué -------------
 9 BRODEUR Étienne      10/03/1991  176  82         (Canadien)  Chicoutimi  LHJMQ   81  27  29  56   77'
12 DANILICS Raimonds    17/07/1985  192  85           (Letton)  Montpellier FRA-2   17   7   4  11   30'
16 MARTOCQ Maximilien   14/04/1992  178  80  Montpellier        Montp. U22  FRAjr2
24 SAUNIER Thomas       13/11/1993  167  58  Montpellier        Montp. U22  FRAjr2
40 ELLIS Ryan           02/05/1984  183  84         (Canadien)  Invicta     GBR-2   35  50  50 100   16'
42 OTTINO Kevin         12/02/1992  178  78  évry               Montpellier FRA-2   15   1   0   1    4'
64 HAMON Kévin          06/04/1990  180  75  Yerres             Montpellier FRA-2   28   2   5   7   12'
67 JANECKA Petr         30/11/1985  174  80          (Tchèque)  Toulon      FRA-3   22  24  35  59   54'
71 SLOVAK Martin        24/09/1984  180  81         (Slovaque)  Michalovce  SVK-2   46  17  31  48   42'
97 COMBE Mathieu        25/08/1987  186  80  Gap                Lyon        FRA-2   27  11  15  26   24'
   SKUTCHAN Roman       25/11/1972  184  90          (Tchèque)  Gdansk      POL-1   44  16  21  37   42'

Entraîneurs : Marek Michalovic (SVK, 33 ans) et Pascal Ryser (SUI/FRA, 53 ans).

Partis : Daniel Palmkvist (G, 3,65, Visby/Roma, SUE-3), Gilles Mangen (G, 2,03, Luxembourg, FRA-4), Martin Barnay (D, 0+0), François Delisle (D, 2+4), Juhani Kaisjoki (D, 6+21), Ilja Urushev (D, 1+4), Jason Cassells (A, 14+22), Yoann Chauvière (A, 7+13, épinal, FRA-1), Arthur Coulon (A, 0+2, Mont-Blanc, FRA-2), Valérian Croz (A, 3+3, Mont-Blanc, FRA-2), Tyler Czuba (A, 27+11, Miskolc, HON-1), Matthieu Frécon (A, 4+4, Briançon, FRA-1), Kristian Luukkonen (A, 10+33), Alexander Petrov (A, 12+9, Kongsvinger, NOR-2), Jérémy Quillier (A, 0+0).

 

 

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