Bilan de la Ligue Magnus

 

La page du championnat de France 2012/13 de Ligue Magnus

 

Premier : Rouen. "Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent." Cette citation mondialement connue de Gary Lineker connaît nombre de reprises multisports, et plusieurs passionnés ont dû utiliser cet adage pour parler de Rouen au soir du 9 avril 2013, qui a clos cette saison de Ligue Magnus. Car jamais la suprématie normande de ces toutes dernières saisons n'a été autant contestée que sur ce dernier exercice.

L'intersaison avait vu l'effectif connaître pas mal de modifications, puisque des joueurs comme Mallette et Manavian quittaient les bords de Seine. Le club n'eut pas de mal pour autant à constituer un projet compétitif, avec le recrutement de joueurs d'expérience (Åkerman, Lahesalu, Stefanka, Durak) accompagnés entre autres d'Éric Castonguay, 3e pointeur et meilleur passeur de la ligue la saison précédente avec Briançon. Un Rouen toujours aussi ambitieux sur le papier, mais un début de saison extrêmement compliqué : deux défaites pour débuter l'exercice, puis des difficultés à enchaîner une longue série de victoires (maximum 3 victoires d'affilée au sortir de la phase aller) conduisent au plus mauvais début de saison des Dragons dans l'histoire de la Magnus.

La nuance est de mise, car les Dragons sont loin d'être perdus. Le rythme imposé dès le début de la phase retour est plus conforme aux attentes, et ils en profitent au passage pour enlever la coupe de la Ligue au détriment d'Angers, au terme d'un match fou où ils étaient menés de 2 buts à 5 minutes du terme, avant de revenir et de soulever le trophée grâce à un but en prolongation de Julien Desrosiers. Rouen termine finalement la saison régulière sur la seconde marche du podium, mais avec 7 défaites et une huitième aux tirs au but, un triste record pour les normands.

Quand débutent les play-offs, les autres favoris se disent sans doute encore que c'est peut-être l'année ou jamais pour briser l'hégémonie des Dragons. Morzine se présente en quarts de finale, et surprend Rouen à l'Île Lacroix sur le match 2 (0-2). Les Dragons restent solides et vont s'imposer deux fois en Haute-Savoie. Même cas de figure en demi-finale face à Briançon. Les Diables Rouges s'imposent en Normandie lors du premier match (4-6), mais les Dragons font parler l'expérience et reviennent à égalité dans la série, avant de s'imposer deux fois à l'extérieur et de s'offrir une finale tant attendue face aux Ducs d'Angers.

Une finale qu'ils attaquent tambour battant en signant respectivement les 5e et 6e victoires à l'extérieur en autant de match lors de ces play-offs (3-5, et 2-3 aux tirs au but). Rouen a une occasion en or au moment de retrouver son antre de l'Ile Lacroix, mais ne parvient pas à en profiter (1-3, 4-7) et voit son adversaire égaliser dans la série. Les Dragons s'inclinent une nouvelle fois lors du match 5 (1-0), et n'ont alors plus le droit à l'erreur. En s'imposant à domicile (3-1), ils s'offrent la finale des finales lors d'un match 7 à Angers qui restera dans l'histoire par son intensité et son scénario, qui n'est pas sans rappeler la finale de Méribel entre ces deux mêmes équipes. Jonathan Janil par 2 fois puis l'inévitable Marc-André Thinel ont offert un précieux avantage aux hommes de Rodolphe Garnier, mais Angers revint à la marque dans les tout derniers instants pour s'offrir une prolongation comme ultime chapitre de cette haletante saga. C'est souvent dans ces moments-là que l'expérience devient la plus grande des richesses, et sur une supériorité numérique, François-Pierre Guenette libère les siens et offre aux normands le 13e titre dans l'histoire du club, le 4e consécutif. À croire que dans le hockey français, le Dragon, finalement, ne meurt jamais...

 

Deuxième : Angers. Lors de la saison 2010-2011, les Ducs d'Angers s'inclinaient en finale de la coupe de France face aux Dragons de Rouen (4-5 après prolongation). Cette défaite, déjà à l'époque, incitait certains observateurs à penser que l'équipe angevine, bien que toujours compétitive, peinait dans les moments de décision. À l'issue de ce dernier exercice, ces 3 finales conclues par 3 défaites, cette évocation a pris une ampleur considérable. Y aurait-il une malédiction pour ces Ducs ?

Tout avait pourtant si bien commencé : emmenés notamment par les recrues briançonnes de l'intersaison (Gaborit, Walls, Lévèque), les Ducs démarrent fort, prennent assez rapidement les commandes en championnat, et impressionnent grâce à de probantes victoires comme à Briançon (0-2) ou face à Rouen (6-2). Ils réitèrent ces performances lors de la phase retour et s'imposent à Rouen, pourtant invaincu à domicile depuis la première journée (2-5). Le bilan à l'issue de la saison régulière est excellent, Angers termine largement en tête avec 45 points, le meilleur total pour le club. Seules ombres au tableau, l'échec dans les deux finales nationales, en coupe de la Ligue face à Rouen (3-4 après prolongation) et en coupe de France face à Briançon (1-2), et une question que les passionnés se posent alors : est-ce qu'Angers saura résister à la pression en championnat ?

Mais avant de penser à la finale, il faut éviter de tomber dans les pièges des tours précédents. Les Ducs éliminent les Brûleurs de Loups qui les ont quand même conduits au match 5, puis la surprise Épinal en 4 matchs, mais en ayant concédé le premier acte sur sa glace du Haras (3-5). Quand sonna l'heure de la finale et des retrouvailles avec Rouen, subsistait un doute sur les forces en présence : les coéquipiers de Florian Hardy, meilleur gardien et meilleur français de la ligue cette saison, avaient pour eux un parcours en championnat quasi-parfait, mais des défaites dans les finales qui avaient peut-être entamé leur confiance dans ce genre de situation. En face Rouen avait beaucoup plus lutté, mais était toujours là et pouvait faire parler sa longue expérience des finales play-offs. La suite est connue, Rouen s'impose à nouveau, laissant les Ducs à leur "traumatisme" des moments décisifs. Une saison dont on peut s'interroger sur les capacités angevines à se relever rapidement...

 

Troisième : Briançon. S'il est une équipe à la régularité des plus impressionnantes, c'est bien celle des Diables Rouges de Briançon. Les saisons se suivent et se ressemblent du côté de la patinoire René Froger, et cette dernière n'a pas dérogé à cette implacable logique.

Ces similitudes débutent par des intersaisons toujours très mouvementées. À chaque fois, c'est pratiquement tout l'effectif qui évolue, et cette saison Briançon pouvait compter sur pas moins de 15 nouveaux joueurs, parmi lesquels le gardien français Ronan Quemener, en remplacement d'Ander Alcaine, reparti en Espagne. Un turnover impressionnant qui pourrait se traduire sur la glace par une difficulté en début de saison à trouver des automatismes. Mais il n'en est rien dans les faits, car c'est surtout dans les résultats que la régularité de l'équipe prend tout son sens. Dans l'histoire de la Ligue Magnus, Briançon n'est en effet jamais tombé en dessous de la 5e place au classement final.

En cette saison, les Diables Rouges apparaissent donc comme d'habituels outsiders, à qui l'on prévoit assez unanimement une place dans le Top 4, et éventuellement un trophée à ramener dans les Hautes-Alpes. Objectif atteint en championnat tout d'abord : dans le sillage du capitaine Marc-André Bernier, aussi indispensable en buteur (20 unités) qu'en assistant (23 passes), les Diables Rouges sont solides tout au long de la première phase. Longtemps dauphins d'Angers, ils cèdent finalement la seconde place à Rouen, mais parviennent à décrocher une qualification directe pour les quarts de finale, et ainsi confirmer la statistique historique. Objectif atteint également pour ce qui est du trophée national, puisque les joueurs de Luciano Basile sortent victorieux du duel de Bercy face aux Ducs d'Angers (2-1), remportant ainsi la 2e coupe de France de l'histoire du club après celle de 2010.

C'est la dangereuse et redoutée (surtout à ce stade de la compétition) équipe de Strasbourg qui se présente en quarts de finale. Comme beaucoup de favoris dans les confontations des séries, les Diables Rouges s'inclinent sur leur glace pour le premier match (2-3 après prolongation), mais limitent les risques pour la suite des évènements afin de s'imposer en 4 matchs convaincants. Situation totalement inverse au moment des demi-finales, où Briançon apparait plutôt comme l'outsider, pas forcément sur la saison mais du moins face à l'expérience rouennaise. Les Diables n'ont rien à perdre et le prouvent en s'imposant à l'Île Lacroix en entrant bien mieux dans la rencontre que leur adversaire du soir (4-6). La combativité prônée par le coach Basile se fait ressentir et les coéquipiers de Viktor Szelig ne lâchent rien sur les matchs suivants, aux scenarii bien proches. L'histoire retiendra que le parcours de Briançon s'arrêtera à ce stade, mais la petite histoire n'oubliera pas que ces trois défaites seront sur la plus petite des marges, dont le 3e match qui s'achèvera au delà du temps réglementaire (4-5 après prolongation).

 

Quatrième : Épinal. Épinal ou l'équipe surprise de ces play-offs 2013 ! Une surprise qui s'est construite seconde après seconde, alors que de l'avis général il aurait été difficile d'imaginer un tel parcours au soir de la dernière journée de saison régulière. Mais ce sont bien les Dauphins et leurs supporters qui se sont offerts un rêve proche de celui de Strasbourg en 2010-2011.

La saison vosgienne démarrait par un agréable vent de fraicheur. Alors qu'était déploré le départ de cadres de la saison précédente (Simko, Boisclair, Lafrance, Mäntylä...), une recrue très observée a attiré tous les regards nationaux en ce début de saison. Arrivé en remplacement de Loïc Lacasse, reparti avec son frère Chad jouer en LNAH, le jeune gardien franco-canadien Gabriel Girard fut l'attraction des premiers mois de compétition. Pour sa première saison d'après junior, l'ancien portier de Shawiningan et vainqueur de la Coupe Mémorial bluffe d'entrée le petit monde de la Magnus en ne s'inclinant qu'à 2 reprises sur les nombreuses tentatives rouennaises à l'Ile Lacroix (2-4). Épinal dispose dans la foulée de Chamonix (5-1) et de Dijon (7-9), et Girard présente alors une fiche de 91,3% d'arrêts.

Les choses ne tardent pas à se compliquer pour les Dauphins. Après 5 matchs de championnat, Girard se blesse à Strasbourg (commotion cérébrale suite à un contact) et l'ICE se voit dans l'obligation de recruter un joker médical qui sera finalement le finlandais Alexis Ahlqvist. S'en suit une période mi figue mi raisin, et le retour de Girard lors de la neuvième journée n'y change rien. Progressivement le manque de résultats fait doucement glisser le club vers la lutte pour éviter les play-downs, mais des victoires "à 4 points" face à des concurrents plus ou moins directs (face à Strasbourg 6-4, Caen 9-2 ou encore Villard 5-2) ont évité la panique générale. Les Dauphins terminent donc à la 12e place et obtiennent le tout dernier ticket pour les play-offs.

On ne donne pas cher de la peau des Spinaliens dès le premier tour, d'autant qu'ils n'ont plus passé ce tour depuis cinq saisons. Face aux Ducs de Dijon, les matchs cette saison furent des plus accrochés et des plus prolifiques (16 buts à l'aller, 9 buts au retour), et cette tendance s'est confirmée en série : après avoir concédé la première rencontre en Bourgogne (4-3), Épinal se donne une chance en s'imposant le lendemain sur un but en prolongations de Michal Petrak (3-4 après prolongation). Les Dauphins gagnent ensuite à Poissompré (6-5 après prolongations) mais ne parviennent à enlever la série à domicile en concédant le match 4 (2-4). Qu'il en soit ainsi, c'est plein de maîtrise qu'ils iront chercher leur qualification sur la terre des Ducs (2-5).

Face à Chamonix, Épinal poursuit sur sa lancée en allant gagner en montagne (2-4), mais les Chamois font ensuite parler la logique en remportant les 2 rencontres suivantes. L'ICE passe tout près de l'élimination lors du match 4, mais poussée par son public elle remporte la prolongation du match 4 grâce à un but de Stéphane Gervais (5-4 après prolongation). On attend d'eux alors un nouvel exploit, une nouvelle qualification à l'extérieur, et ils iront la chercher de la plus brillante des manières en domptant les Chamois grâce à l'inévitable Plch, auteur de 4 assistances. Épinal se retrouve en demi-finale à la surprise générale, alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin après tout ? Face au leader angevin, les joueurs d'Alex Stein restent dans l'euphorie et s'imposent à l'extérieur en ouverture de la série (3-5). Le lendemain ils conduisent même Angers en prolongation avant que Girard ne s'incline finalement sur un but de Julien Albert (3-2 après prolongation). Passés si proches d'une situation incroyablement idéale, les Dauphins accuseront le coup pour la suite de la série et s'inclineront ensuite à deux reprises à domicile, malgré un fort soutien du public, mettant un terme à ce rêve inimaginable encore un mois auparavant.

 

Cinquième : Chamonix. Les spectateurs de la patinoire Bozon s'étaient habitués à voir évoluer leurs favoris en milieu de classement, ou au pire jouer le maintien en Ligue Magnus. Mais les choses ont bien changé dès la saison passée. À la surprise générale, les Chamois terminaient sur le podium de la saison régulière, mais abordèrent plus difficilement le virage des play-offs. Une ouverture vers un scénario encore plus hallucinant cette saison.

Et quel début de saison catastrophe pour les Chamois ! Orphelins notamment de Florian Hardy parti garder la cage angevine, les chamoniards ne s'exprimaient pas vraiment sur les objectifs du club pour cette nouvelle saison. Or, après 5 matchs et autant de défaites, face également à quelques équipes plutôt orientées vers le maintien, la situation était alarmante. Un grand sursaut d'orgueil face à Strasbourg (8-0) n'empêcha pas deux nouvelles défaites. La fin de la phase aller fut un peu plus rassurante, mais elle ne nous aurait certainement pas fait parier sur ce qui allait suivre...

Pour les matchs retour, les joueurs de Stéphane Gros démarrent une toute autre saison. Épinal (3-2), Villard de Lans (4-5) puis Caen (9-2) subissaient les foudres d'un duo Francis Charland / Carl Lauzon plus que jamais à l'aise sous le maillot chamoniard. Il n'y a guère que Rouen qui fut en mesure de stopper, un temps, la progression des bleus (0-4). Mais loin de désespérer sur cette défaite, Chamonix reprit sa marche en avant et grimpa de plus en plus au classement. Bientôt le tableau de chasse se voyait compléter de belles écuries (Briançon 4-3 en prolongation, Grenoble 6-4 ou encore Angers au Haras sur le score de 2-4, Chamonix restera d'ailleurs la seule équipe à avoir battu les Ducs par deux fois cette saison), et les chiffres ne mentent pas : 11 matchs, 9 victoires. À l'issue de la saison régulière, Chamonix est la meilleure équipe de la ligue sur le classement 2013. L'équipe termine 4e et se dispense, pour une seconde saison consécutive, du premier tour des play-offs.

La logique de la saison régulière aurait voulu que Dijon soit l'adversaire de Cham', mais ce sont finalement les Dauphins d'Épinal qui se présentent en Haute-Savoie. Surpris lors de la première rencontre (2-4), les Chamois s'en remettent à Clément Masson (2 buts) et à leur faculté à ressortir le palet en infériorité numériques (2 buts à 4 contre 5) pour égaliser dans la série (4-1). Dans les Vosges, ils pensent avoir fait le plus dur en s'imposant dans un premier temps (3-5), mais le lendemain les Dauphins surmotivés reviennent à hauteur dans les tous derniers instants (5-4 après prolongation). La décision se joue donc sur le match final à domicile, mais Épinal rafle la mise, laissant Chamonix s'arrêter au même stade que la saison précédente. Les Chamois ont un peu plus de certitudes, ils savent qu'ils ont vraiment une carte à jouer en championnat car cela n'arrive pas deux saisons consécutives par hasard. Maintenant la réflexion portera certainement sur la gestion des séries, pour que l'équipe franchisse une nouvelle marche dans sa constante progression.

 

Sixième : Grenoble. Rares sont les équipes du championnat à bénéficier d'un statut presque récurrent de "sérieux prétendant" à chaque début de saison. Grenoble fait partie de ces équipes, même si le staff se déclare en phase de transition dans le cadre d'un projet à long terme. Les ambitions sportives demeurent, et les Brûleurs de Loups ont eu à coeur de prouver que ce statut n'était pas galvaudé.

Ils en apportaient des preuves dès l'entame de la saison. 5 matchs et 5 victoires, les Isérois entraient idéalement dans l'exercice et prenaient les commandes. La suite fut plus délicate, et la phase aller se terminait à l'inverse par 5 défaites d'affilée. Les matchs retours semblaient répondre à une logique pratiquement implacable, à quelques petites exceptions : les joueurs de Jeff Dufour ont repris le pouvoir dans leur antre de Pôle Sud, terminant meilleur équipe à domicile de la phase retour, au terme d'un parcours quasi sans faute s'il n'y avait eu la dernière journée et la défaite face aux Pingouins de Morzine (4-5). Défaite qui conduira Grenoble à perdre l'avantage de la glace pour les séries. En revanche, les Brûleurs de Loups ne parvenaient à bonifier ce parcours en déplacement, en ne s'imposant uniquement (sur cette phase retour) à Dijon (3-6) et chez le voisin villardien (4-6).

Pour autant, les coéquipiers de Mike Vaskivuo sont clairement craints pour les play-offs. Est resté en mémoire le parcours de la saison passée, où Grenoble avait eu du mal en saison régulière pour finalement se réveler lors de la seconde phase et atteindre la finale de la Ligue Magnus. Et on le pense d'autant plus à l'issue du premier tour, où les Grenoblois ont su marquer les esprits. Face à une prometteuse équipe de Gap, Grenoble ne tremble pas et s'impose en 3 matchs dont 2 en déplacement. Et curieusement, quand se présentent les Ducs d'Angers qui ont dominé la saison régulière de la tête et des épaules, le rapport "favori/outsider" n'est plus aussi évident, d'autant plus que les Angevins ont encore à l'esprit la finale de coupe de France perdue quelques jours auparavant. Cela débute mal pour les Brûleurs de Loups qui s'inclinent logiquement par deux fois sur la glace du Haras (3-0 et 4-1). Mais les Grenoblois ont de la ressource, et ne comptent pas jouer le rôle de faire valoir. Lors du match 3, ils se font peur en laissant les Ducs revenir au score, mais le canadien Ed McGrane, arrivé au club sur les conseils de Baptiste Amar qu'il avait croisé à l'Université du Massachusetts il y a une dizaine d'années, libère son équipe en prolongation (3-2). Grenoble trouve la récompense de ses efforts en décrochant un match final suite à une prestation solide (2-1). Seulement les difficultés hors d'Isère se confirment, et le parcours s'arrête sur une cinglante défaite 4-0. Gageons que les Grenoblois ne chercheront à garder que les riches enseignements d'une saison en demi-teinte, et qui apparait comme une solide base de travail pour les saisons à venir.

 

Septième : Morzine-Avoriaz. Suite au départ du coach Immonen parti assister son compatriote Heikki Leime sur le banc amiénois, c'est finalement Tommie Hartogs qui hérite de la place de nouvel entraîneur des Pingouins. Une vieille connaissance du championnat de France puisque joueur, il a évolué du côté de Brest aux grandes heures du club breton (1994-1997), et a effectué une pige à Grenoble. Au poste d'entraîneur, son arrivée dans les Alpes constitue la première expérience à l'étranger pour celui qui était jusqu'alors à la tête de la sélection néerlandaise. Quant aux nouveaux joueurs, Morzine accueille également quelques très prometteuses trouvailles. L'ensemble forme un groupe intéressant qui se veut ambitieux au moment d'attaquer la saison.

Il faut dire que la compétition leur a immédiatement permis de se jauger, car dès l'entame les jaunes se déplaçaient à Grenoble, puis recevaient Angers. Au sortir de ces 2 matchs face à des cadors, le bilan comptable est plutôt engageant : une défaite aux tirs au but à Pôle Sud, et une victoire toujours aux tirs au but face aux Ducs. La suite de la saison est plus aléatoire pour Morzine-Avoriaz. Capables de succès de haut vol (comme passer 7 buts à Rouen en fin de saison régulière) mais aussi d'étonnantes défaites, les coéquipiers d'Henri-Corentin Buysse oscillent dans la première partie du tableau. La constante assumée lors de la plupart des rencontres, c'est que Morzine produit un jeu séduisant : les recrues jouent les premiers rôles dans les statistiques individuelles de l'équipe, mais en dehors même de l'aspect comptable, on sent que ce groupe prend beaucoup de plaisir à jouer ensemble, et des joueurs comme Szabo, Lust, Cheverie, Weihager ou d'autres assurent le spectacle. À l'issue d'une dernière victoire acquise à Grenoble, Morzine termine à la 7e place et obtient l'avantage de la glace pour le premier tour des play-offs.

Face aux Ours de Villard de Lans, Morzine rate totalement son entrée en matière en s'inclinant sur sa glace (2-5), mais la suite est bien plus maitrisée et c'est avec la manière que les Pingouins assurent la qualification au tour suivant. Les quarts de finale réservent les champions en titre au menu des joueurs d'Hartogs, avec l'avantage d'une situation où l'on affronte un grand favori, le fait finalement de n'avoir rien à perdre. Une nouvelle fois, la série démarre mal et Rouen l'emporte assez largement (5-2) malgré l'ouverture du score de Riku Takala, son premier but personnel sous le maillot morzinois. Le lendemain, les Pingouins sont bien plus au rendez-vous, et surprennent les spectateurs de l'Île Lacroix en s'imposant 0 à 2 grâce à Guillaume Doucet auteur d'un doublé, et d'Henri-Corentin Buysse qui s'offre lui un solide blanchissage. En s'offrant 2 matchs sur sa glace de la Skoda Arena, Morzine a les moyens de poursuivre sa route. Mais face à des joueurs de la trempe des Dragons de Rouen, rien ne peut être laissé au hasard : un début de rencontre totalement raté lors du match 4 (0-3 au premier tiers pour une défaite finale sur le score de 3-4), et une prolongation qui s'achève bien prématurément le lendemain (défaite 3-4 après 36 secondes de temps supplémentaire) auront raison du parcours des Pingouins.

 

Huitième : Strasbourg. En démarrant par une cinglante défaite à domicile face aux Drakkars de Caen (0-3), l'Étoile Noire amorçait une saison où la plupart des rencontres seraient sans concession. Autour de la colonie suédoise nouvellement arrivée (Olsson, Abrahamsson, Rollin Karlsson et Källström), les strasbourgeois avaient à coeur de réussir une solide saison en assurant le maintien au plus tôt pour ensuite jouer les trouble-fêtes en séries. Seulement l'histoire "scandinavo-alsacienne" allait finalement prendre une tournure bien singulière, et Daniel Bourdages se serait volontiers passé de ces péripéties en pleine saison : après 3 petites rencontres, Jesper Olsson reprend ses valises, qu'il n'a sûrement pas dû défaire entièrement, pour repartir au pays. Deux matchs plus tard, c'est au tour de Fredrik Abrahamsson d'expliquer son mal du pays pour quitter le Bas-Rhin, qui reste d'autant plus au travers de la gorge puisqu'il signera en Norvège, où finalement il jouera le même tour en quittant le club après 5 matchs. C'est un vrai coup dur pour l'Étoile Noire, puisqu'en 5 rencontres Abrahamsson avait déjà 8 points à son compteur, et un excellent début de saison où il était devenu l'un des principaux dépositaires de l'offensive alsacienne. Le club recrute alors l'expérimenté finlandais Carlo Grünn, qui réalisera une saison honnête mais sans éclats. Les deux autres suédois se montreront plus fidèles, mais puisque cela s'acharne, Kenny Källström se blesse et ne jouera que 11 matchs de championnat sous le maillot strasbourgeois. Nul doute que les dirigeants se souviendront de l'épisode suédois, d'autant plus que cela faisait 12 ans qu'un joueur aux trois couronnes n'avait porté les couleurs locales (le dernier était Niklas Aström en 2001).

Reste que tous ces aléas allaient peser sur la saison régulière des alsaciens, qui ont surtout souffert du point de vue de l'attaque. Avec 64 buts inscrits, Strasbourg termine plus mauvaise attaque de la saison régulière. Bonne ou mauvaise chose, le débat est toujours vivant, mais dans ces difficultés offensives aucune individualité n'a réellement tiré son épingle du jeu : le meilleur marqueur strasbourgeois de la saison sera Julien Correia avec 18 points (10 buts et 8 passes), soit le 63e marqueur de la ligue. À mi-saison, Abrahamsson et ses 5 petites rencontres était toujours le meilleur pointeur de son équipe.

Mais l'Étoile Noire est à présent réputée pour être difficile à manier quand vient le temps des séries. Pourtant 11e de la saison régulière, l'équipe est crainte par les Gothiques d'Amiens, d'autant plus que le hasard du calendrier avait voulu que les deux clubs se rencontrent coup sur coup juste avant les play-offs, et Strasbourg s'était imposé par deux fois. En remportant le premier match à l'extérieur (2-3 en prolongations), les strasbourgeois prenaient un ascendant psychologique. Amiens fut désireux de faire parler son statut de favori, et enlèvera logiquement les deux rencontres suivantes. Seulement Strasbourg sait "faire peur", et sait surtout qu'ils sont vus comme des bêtes noires pour bon nombre d'amiénois. Lors du quatrième match, l'Étoile Noire ne tremble pas et s'impose à l'aide de 4 buteurs différents (Marcos, Tarantino, Correia, Cayer) et d'un blanchissage sur 27 arrêts pour Hiadlovsky : 4-0, et une pluie de pénalités pour se donner rendez vous au dernier match. Une ultime rencontre où chaque équipe aura son temps fort, mais où la décision se fera en prolongations. Le slovaque Jan Cibula se charge d'envoyer son équipe au tour suivant, une surprise qui était pourtant attendue par certains.

Face à Briançon, la marche était trop haute pour cette équipe strasbourgeoise au parcours tumultueux. Tout commence pourtant par une victoire en terre alpine et une nouvelle fois en prolongations (cette fois ci, Pierre-Antoine Devin se charge du but libérateur), mais les Strasbourgeois ne sauront pas en mesure d'inquiéter dans la durée des Briançonnais plus armés techniquement et physiquement, qui gagneront les trois rencontres suivantes. Le bilan alsacien de cette saison n'est pas mauvais, mais il serait souhaitable pour le staff que la saison prochaine offre un peu plus de stabilité que cette saison aux contours parfois bien étranges.

 

Neuvième : Amiens. Le temps se fait long chez les fans des Gothiques. Depuis plusieurs saisons à présent l'équipe tente d'être compétitive, mais le palmarès de ce bastion du hockey français ne se développe pas : titrés en 2004, finalistes en 2006 et depuis, plus rien. Pas même une coupe nationale. Même si les temps financiers sont durs, le président Henno ne cache pas sa volonté de bâtir une équipe des plus compétitives. Le chantier est vaste mais le staff s'est attelé au mieux pour répondre à toutes les énigmes en ligne : tout d'abord en dénichant un assistant de premier choix à Heikki Leime, en l'occurence Santeri Immonen qui était encore coach principal de Morzine la saison précédente. Il a également fallu remédier au départ en retraite du gardien Billy Thompson, et pour ce faire les dirigeants sont allés chercher son remplaçant dans la patrie des coachs : Juho Santanen débarque de TuTo. Enfin, il fallait débusquer un joueur étoile pour l'offensive, et Amiens réalise l'un des gros coups de cette intersaison en récupérant le meilleur scoreur de la saison précédente, meilleur scoreur de D1 il y a deux ans, Martin Gascon en provenance de Dijon. Ce petit groupe accompagné de recrues prometteuses (Bastien, Santala, Besson, Corriveau) et des joueurs restés au club, offre un effectif intéressant et équilibré pour jouer les premiers rôles en championnat.

Difficile de tirer des enseignements de la saison régulière. Les Gothiques d'Amiens ont effectué un championnat type d'une équipe de mi-classement. En ce sens, aucune série de victoires comme de défaites n'a dépassé les 3 rencontres. Avec le jeu des reports, Amiens a enchaîné plus de matchs que les concurrents dans les ultimes instants de la saison. L'occasion pour le (quelque peu !) fantasque portier Santanen de s'offrir un blanchissage face à Villard de Lans dans l'ultime rencontre (3-0), et une occasion presque validée pour Gascon de conserver son trophée Ramsay. Le canadien des Gothiques reviendra à hauteur de son compatriote Francis Charland (47 points), mais il doit lui céder le trophée au nombre de buts marqués (13 pour Gascon contre 30 pour Charland). Les picards peuvent également se targuer d'avoir été l'une des équipes au plus faible total de minutes de pénalité cette saison, en réalité le même total que Gap, mais là encore le trophée Claret est finalement offert aux Rapaces en raison de la différence de pénalités majeures.

Sixièmes de la saison régulière, les Amiénois retrouvent une vieille connaissance au premier tour des play-offs, et un adversaire que nombreux auraient aimé éviter, l'Étoile Noire de Strasbourg. Il faut dire que cette équipe alsacienne ne réussit pas forcément aux Gothiques : cette saison Amiens a disposé de Strasbourg uniquement en coupe de la Ligue, mais s'est incliné par deux fois en championnat, coup sur coup quelques jours avant le début des play-offs. La saison précédente, les deux clubs s'étaient déjà retrouvés à ce stade de la compétition, et si les Gothiques s'en étaient sortis, ce fut en 5 matchs et avec toutes les peines du monde. La tendance semblait se confirmer quand à l'issue de la première rencontre, Strasbourg s'imposait au Coliseum en prolongation (2-3). Il a fallu réagir le lendemain pour ne pas se mettre en grande difficulté, et Amiens égalisait dans la série notamment grâce à un doublé de Julien Corriveau (5-2). Une victoire en Alsace était nécessaire, et les Picards s'en sont chargés dès le troisième match et avec la manière, notamment par l'apport du joueur du match Aina Benjamin Rambelo (2 buts et 1 assistance). Les coéquipiers de Greg Beron sont alors à une victoire d'aller retrouver Briançon au tour suivant, mais les strasbourgeois iront signer la désillusion amiénoise, tout d'abord en maitrisant largement le 4e match (4-0), puis en allant chercher les Gothiques chez eux lors de la dernière confrontation, des Gothiques qui étaient pourtant revenus de 3 buts au second tiers, mais qui s'inclineront finalement sur un but de Cibula en prolongation (4-5).

 

Dixième : Dijon. Une nouvelle excellente habitude pour les Bourguignons. Une habitude apparue la saison précédente où les dijonnais avaient laissé la prime à l'offensive (2e meilleur attaque), autour d'une première ligne qui avait illuminé la saison régulière: Martin Gascon terminait meilleur pointeur de la ligue avec 59 points. Son dauphin n'était autre que son coéquipier Yanick Riendeau avec 51 points. Anthony Guttig fut le meilleur Français, 6e de la ligue (41 points), et le défenseur Fredrik Börjesson terminait également avec plus de 20 points au compteur. Tout ce beau monde parti vers d'autres horizons (en Magnus ou ailleurs), la mission d'Olivier Ritz consistait à trouver les remplaçants qui auraient un impact semblable que leurs prédécesseurs sur les performances des Ducs. Une mission brillamment remplie par le staff.

Tant il est vrai également que dès le début de cette saison, l'offensive dijonnaise a eu la possibilité de se mettre tout de suite en évidence. Avec 26 buts sur les 5 premières rencontres, dont 7 dans la folle rencontre d'Épinal (7-9), Dijon prend les devants au classement des individualités offensives. Les successeurs de Gascon / Riendeau ne sont autres que le canadien au passeport britannique Tim Crowder, et le solide hongrois Janos Vas, le frère de Marton passé par Briançon il y a quelques saisons. Ces deux-là dominent le classement des pointeurs pratiquement jusqu'à mi-saison, et garderont leur place dans le haut de ce classement à l'issue de l'exercice (Crowder termine 3e pointeur avec 46 points, Vas 6e avec 43 points). D'autres individualités se mettent en avant, c'est le cas notamment de Johan Skinnars, 11e de la Ligue avec 38 points, ou le local Nicolas Ritz, qui avec 27 points termine comme le 2e meilleur français de naissance en terme de points marqués, derrière Loïc Lampérier. Quant aux résultats, il fut difficile de définir une ligne de conduite. Avec 15 victoires et 11 défaites (dont 1 après prolongations face à Angers), les Ducs réalisent une saison honnête et terminent 5e, avec le même nombre de points et la même différence de buts que Chamonix, mais de fait un tour supplémentaire à franchir auquel les Ducs ne survivront pas.

Dans la confrontation face aux Dauphins d'Épinal, hiérarchiquement la plus déséquilibrée puisqu'elle oppose le 5e de la saison régulière au 12e, on s'attend surtout à une avalanche de buts ! Sur les 2 rencontres de première phase, ce n'est pas moins de 25 buts qui ont été marqués (7-9 à Dijon, 3-6 à Épinal), auxquels on peut ajouter les 9 buts de la victoire dijonnaise dans les Vosges en Coupe de France (2-7). Mais plus encore qu'un festival offensif, ce 1er tour aura surtout offert 5 rencontres extrêmement serrées, et les chiffres sont éloquents : 3 matchs se terminent sur un seul but d'écart. Les Ducs démarraient sur une victoire grâce à un but de Skinnars en fin de rencontre (4-3), mais les Dauphins réagissaient le lendemain en s'imposant après prolongation (3-4). Les prolongations réussissent décidément plutôt aux spinaliens, qui l'emportent à nouveau lors du 3e match (6-5). Les Ducs se doivent de réagir et ils le feront avec autorité lors du 4e match, notamment grâce à ces jeunes : les français Nicolas Ritz et Peter Valier, ou encore le suédois Henrik Andersen, auteur lui d'un doublé. La route vers les quarts de finale est alors relancée, mais les Ducs ratent assez largement leur sortie en passant à côté du dernier match pourtant à domicile, et laissant les Dauphins filer vers Chamonix (2-5).

 

Onzième : Villard de Lans. Une fois n'est pas coutume, les Ours ont connu une intersaison mouvementée. De nombreux départs entre cadres de la saison passée (Sedlak, Szabo, Bouchard) et jeunes joueurs partis chercher un peu plus de temps de jeu dans les divisions inférieures (Farruggia, Vitton-Mea, Bienvenue, Wagret, Yelo, Saby...). Un effectif à reconstruire et des choix de recrues qui s'avéreront plutôt payants au long de la saison.

L'objectif villardien en cette saison encore est avant tout d'assurer le maintien en évitant le play-down. Par expérience, les Ours savent qu'ils doivent l'emporter face à ceux qui se dessinent très vite comme leurs concurrents directs. Et ils s'y sont employés dès l'entame avec 3 victoires dont une à Caen (4-7) et une à Chamonix, au plus douloureux de la saison savoyarde (2-4). La suite de la compétition fut assez "commune" pour les Ours, et ce sont surtout des individualités qui se sont mises en avant : du côté des recrues, le gardien américain Jeff Lerg est apparu comme un grand artisan du "maintien" villardien. Il en est de même pour son compatriote Tim Hartung, aux 20 assistances pour sa première saison française. En provenance des Phénix de Reims, Jens Eriksson a brillament passé son baptème de Magnus, et tour à tour des joueurs comme Viktor Ringberg ou l'ancien Pingouin Matic Kralj ont su prendre la lumière. Les "anciens" n'ont pas été en reste. Le joueur offensif de la saison du côté de Villard-de-Lans fut le canadien Vincent Couture. Premier villardien de la Magnus à terminer au delà des 40 points personnels, le natif de Contrecoeur est aussi le joueur qui a le plus tiré à la cage de la ligue, avec 147 lancers. Et comment ne pas parler du pourtant discret défenseur Nicolas Favarin ? À la trêve de novembre, nous faisions état de cette statistique qui voulait que le joueur soit celui qui détenait la plus longue série en cours de rencontres jouées en élite (première et seconde phase). Et bien cette série est toujours d'actualité aujourd'hui, et à l'issue de cette saison c'est bien 281 matchs consécutifs qu'a joué Favarin depuis un Villard-Dijon raté en 2004 pour cause de rassemblement de sélection. Un véritable monument du hockey français.

Les Ours trouvent des Pingouins sur leur route pour le 1er tour des play-offs. Ils ne partent pas favoris mais pourtant surprennent Morzine au 1er match en s'imposant à la Skoda Arena (2-5). Le lendemain est plus compliqué et Jeff Lerg ne peut empécher son équipe de chuter lourdement (7-4). Revenu à domicile, Villard doit faire fructifier sa victoire acquise en Haute-Savoie, mais le match 3 est à nouveau largement maitrisé par Morzine qui s'offre même un blanchissage (0-3). Au pied du mur, les Ours réagissent lors de la 4e rencontre en prenant l'avantage dans le 2e tiers, mais ils ratent leur fin de match, laissent Morzine décrocher une prolongation et s'inclinent finalement (3-4 a.p.), mettant ainsi un terme à cette saison devant leurs 650 supporters qui avaient malgré tout espérer une fin moins prématurée.

 

Douzième : Gap. Dans l'absolu, il semble étonnant d'attribuer une 12e place à cette équipe des Rapaces de Gap. Mais ce bilan de la saison tient compte aussi et surtout de la seconde phase, et malheureusement pour les passionnés gapençais celle-ci fut bien décevante eu égard aux espoirs nés en saison régulière... Entraînés à présent par Ari Salo qui s'occupait jusqu'alors des jeunes de Lausanne, arrivé en même temps que plusieurs compatriotes qui ont donné une teinte finlandaise à l'effectif gapençais (Virpiö, Mäntylä, Syväsalmi), toujours emmenés par les indetronables Rambousek, Tekel et Jelen, et renforcés par des joueurs comme Perez, Circelli ou les jeunes Moore et Abramov, les Rapaces ont les moyens d'être ambitieux pour faire honneur à leur palace de glace.

Il a fallu attendre la deuxième journée et la venue de Briançon pour voir l'inauguration sportive du Stade de glace Alp'Arena. La nouvelle patinoire gapencaise, reconstruite sur les bases de l'ancienne glace Brown-Ferrand, est un véritable bijou de 2000 places, et finalement un outil de promotion du hockey français. Les Rapaces retrouvent alors un vrai "domicile", après avoir dû s'exiler à Marseille pendant une saison. Mais la fête est troublée par une défaite en prolongation dans le derby haut-alpin (2-3). Il faut dire que le début de saison gapençais est extrêmement compliqué, et après 7 rencontres de championnat l'équipe ne compte qu'une seule victoire face à Morzine (4e journée - 4-1). En coulisses également, le ciel s'assombrit, et après plus de 13 ans passés à la tête du club, le président Georges Obninsky démissionne, officiellement pour des raisons professionnelles même si des désaccords avec la municipalité sont clairement évoqués. Fort heureusement pour eux, les supporters n'ont pas le temps de s'inquiéter que les résultats reviennent : quatre victoires consécutives dont une aux tirs au but face aux Dragons de Rouen, et les Rapaces se remettent en bonne marche. Dès lors, l'équipe trouve son rythme de croisière autour d'un Collin Circelli qui monte en puissance, d'un Mike Zacharias très performant dans les cages et d'une discipline toujours aussi rigoureuse (les Rapaces remportent le trophée Claret pour la seconde saison consécutive). En outre, l'Alp'Arena devient un temps "forteresse imprenable" dans des rencontres au couteau notamment face à des ténors du championnat, et où les hommes de Salo s'imposent souvent au bout du suspense, portés par un public bouillonnant. La fin de saison est plus contrastée, et Gap donne rendez vous au rival historique grenoblois pour le premier tour des play-offs, sauvant malgré tout l'avantage de la glace.

Mais ce n'est pas une mince affaire face à des Brûleurs de Loups plus aguerris aux play-offs. Et l'impression qui prédomine est qu'au final Gap n'aura pas vraiment eu le temps de se sentir en seconde phase. En moins d'une minute de prolongations, Matthieu Le Blond enlève le match 1 (1-2 a.p.). Pas vraiment dans le coup, les Rapaces passent également à côté le lendemain (1-2) et laissent Grenoble repartir en Isère avec un confortable matelas de 2 victoires acquises à l'extérieur. La tâche s'annonce alors des plus compliqués, et les dauphinois sont au pied du mur quand vint l'heure du match 3. Cela démarre pourtant fort et Gap remporte le 1er tiers suite à un but rapide de Circelli. Mais les grenoblois poussent et prendront finalement les devants dans cette rencontre (4-1). Gap achève sa saison sur cette série ratée en 3 matchs secs, et doit chercher à engranger plus d'expérience à l'avenir.

 

Treizième : Caen. À Caen on sait parfaitement cerner les objectifs, et on ne s'enflamme pas. Le président Soghomonian l'affirme avant même le début de la saison : l'objectif principal est de rester en élite. D'autant plus qu'il faut pallier d'importants départs, comme par exemple celui du gardien Clément Fouquerel parti garder la cage de Chamonix ou l'entraîneur Bertrand Pousse, qui se voit remplacé par Luc Chauvel jusqu'alors en charge du hockey mineur. Mais le recrutement est ambitieux et compte sur le papier quelques très jolis coups. On peut évoquer le slovène Maks Selan en provenance de Briançon, Brice Chauvel venu retrouver son frère avec Thiery Poudrier dans ses bagages, ou encore des joueurs confirmés de Division 1 tels que Blake Cosgrove (Reims), Nicolas Deshaies (Lyon) ou Alexis Birolini (Neuilly).

Le début de saison est conforme aux prévisions. Les Drakkars gagnent avec la manière à Strasbourg (0-3) et face à Chamonix (5-1), mais s'inclinent à de trop nombreuses reprises, notamment une série de 7 défaites entre la cinquième et la onzième journée. Les quelques victoires acquises ne sont pas suivies, et jamais dans la saison Caen ne gagnera par deux fois consécutivement. Le duo québécois Thiery Poudrier / Jean-Christophe Gauthier réalise en attaque une très bonne saison régulière, mais d'autres individualités peinent à peser sur les statistiques. Très tôt finalement, et derniers depuis un bon moment, les caennais ont compris que les play-downs seraient inévitables et qu'il fallait les préparer au mieux. En ce sens la fin de saison est plus encourageante, et les Drakkars ne passent finalement pas si loin de laisser la dernière place à leurs concurrents au maintien en Magnus.

Une grande indécision pèse sur cette confrontation finale entre Caen et Mulhouse. Les caennais n'ont su éviter la lanterne rouge en saison régulière, toutefois ils ont pour eux une petite expérience de play-downs que n'ont pas leurs rivaux. Les rencontres dans la saison n'ont pas aidé à donner des indications. Les Drakkars s'étaient imposés en prolongation à domicile (5-4), mais s'étaient inclinés à Mulhouse, toujours en prolongation (6-5). On continue sur la même voie quand au terme des 60 minutes et de celles de la prolongation, le panneau d'affichage indique 2-2. Place à la séance de tirs au but, où Poudrier est le seul à tromper le gardien alsacien, et offre ainsi une première victoire à son équipe. Toujours à Mulhouse le lendemain, les Drakkars prennent la pleine mesure de leur adversaire et un triplé de Pierre Bennett contribue à la large victoire caennaise (1-6). Revenus d'Alsace avec un solide avantage de deux victoires, les bleus ne sont plus qu'à un succès du maintien, et disposent pour ce faire de 2 matchs à Caen la Mer. Le plus tôt sera le mieux et Caen ne compte pas se mettre en danger. Brice Chauvel et Jean-Christophe Gauthier seront les buteurs d'un match bien maîtrisé (2-0) qui assure la place en Magnus aux normands, pour la 4e saison consécutive.

 

Quatorzième : Mulhouse. Le promu alsacien arrive de l'Illberg avec beaucoup de zones d'ombre. Une fois n'est pas coutume, la dernière fois que des Mulhousiens étaient apparus en Magnus, ils sont repartis... avec la coupe ! Lors de la saison 2004-2005, les alsaciens dominent Tours en finale de la première Ligue Magnus, mais ne sont pas validés pour la saison suivante en raison d'un important déficit financier. Condamné à la rétrogradation administrative, le HCM déposera finalement le bilan. Depuis, le hockey mulhousien s'est reconstruit pas à pas, et retrouve l'élite 7 ans après l'avoir quitté, et après avoir dominé les Aigles de Nice en 2 matchs (3-1, 3-4) en finale de Division 1. Pour ce nouveau défi le recrutement est hétérogène, entre joueurs de Magnus (Bini, Brincko, Raux), talents de Division 1 (Pek, Tromeur) et recrues étrangères, parmi lesquelles les suédois Kim Sunna, Marcus Kristoffersson, Chris Löfberg ou Per Braxenholm. Dans les cages, confiance est laissée à Radovan Hurajt, qui avait déjà connu la Magnus avec Dijon ou Chamonix.

Et la question du gardien va apparaître comme un épineux problème chez les Scorpions : lors du déplacement à Rouen (3e journée, 6-1), Hurajt se blesse aux adducteurs. Dans un premier temps c'est Mickaël Müller qui assure l'intérim, mais le gardien local n'est pas aidé par une défense parfois bien passive. Le club se tourne alors vers le slovène Ales Sila, mais celui-ci retourne au pays après une petite semaine quand il reçoit une proposition du Slavija Ljubljana. Ne pouvant se résoudre à attendre le retour d'Hurajt alors qu'une date de reprise n'est pas connue, les dirigeants closent le dossier en engageant finalement Aleksis Ahlqvist, l'ancien joker médical d'Épinal qui a vu Girard faire son retour. Épinal est d'ailleurs dans la ligne de mire des Scorpions jusqu'à la fin de la saison dans la lutte pour la 12e place qui correspond bien plus à cet instant à celle d'un maintien assuré qu'à une place en play-offs. Mais aux deux victoires face à Épinal justement (6-4) et Caen (6-5 a.p.) succèdent deux défaites à Villard (4-1) et Chamonix (7-2). Mulhouse termine treizième et jouera le premier play-down de son histoire.

Le manque d'expérience de cette situation, justement, va clairement desservir les Scorpions : la "loterie" des tirs au but lors de la première rencontre s'avérera perdante, et de trop nombreuses indisciplines coûteront cher le lendemain, à l'image de Lachapelle qui prendra une méconduite pour le match (93 minutes de pénalité cumulées pour les Scorpions sur cette rencontre). Ces deux défaites face à leurs supporters pèseront psychologiquement sur des alsaciens impuissants à Caen (2-0). Une petite saison et puis s'en va ! Mulhouse retrouve la Division 1 et doit revoir les bases du projet pour parvenir enfin à pérenniser un jour le club au plus haut échelon national.

 

Sebastien Bernard

 

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