Épinal, le feuilleton de l'été

 

Bien partie pour laisser un fort goût d'inachevé, la saison des Dauphins s'est bouclée sur une demi-finale perdue contre Angers. Un véritable exploit car jamais, dans toute son histoire, l'ICE ne s'était hissée aussi haut.

Sensationnel, historique, exceptionnel. Les superlatifs n'ont pas manqué pour qualifier la performance des Danick Bouchard, Sébastien Gauthier et autres Gabriel Girard, sortis grandis de ces phases finales abordées par un groupe redevenu soudé et déterminé à ne rien lâcher. Un ensemble animé d'un état d'esprit "guerrier" et d'une inébranlable force de caractère, qui n'avait rien à perdre... et donc tout à gagner !

L'enjeu sportif se mêlant à l'intérêt financier, les Dauphins ont donc autant ravi leurs fervents partisans que satisfait leur président, comblé des retombées générées par autant de "rendez-vous" à Poissompré. La billetterie a ainsi dépassé les attentes en play-offs, avec des rentrées avoisinant les 220 000 euros (ce qui aura permis de dégager un bénéfice de 15 000 euros). Des recettes bienvenues pour un club ayant pris le parti d'allier le sport au spectacle, histoire de fidéliser un public ayant toujours répondu présent. Et pas seulement dans les moments importants, Poissompré n'ayant jamais vraiment désempli. Même lorsqu'Épinal s'enfonçait dangereusement dans les profondeurs du classement...

Un contrariant contretemps !

Qu'en serait-il advenu, financièrement parlant, si les Dauphins n'étaient pas allés aussi loin ? La question mérite d'être posée tant les moyens du club vosgien sont loin d'être "élyséens". La trésorerie, longtemps malmenée par plusieurs saisons de transition (disputées, rappelons-le, dans une patinoire provisoire), a dû essuyer de lourdes pertes d'exploitations générées par la fermeture de Poissompré (en octobre 2009). Sans parler de ce gros manque à gagner (dépassant les 85 000 euros) enregistré à l'issue de l'exercice 2011/12. Les "perfusions" régulièrement apportées par la municipalité (sous forme de subventions exceptionnelles ou avancées) ont toutefois renfloué les caisses et limité les dégâts, confirmant l'indéfectible soutien des collectivités locales et de la ville d'Épinal à un club s'étant autoproclamé bien portant lors de sa dernière Assemblée Générale.

Toujours suivis de près par la CNSCG, les dirigeants spinaliens s'étaient préparés à l'examen de leur dossier par le "gendarme financier" du hockey français en annonçant une réduction de la masse salariale (à hauteur de 50 000 euros) et leur million d'euros de budget. Des chiffres désavoués par la Commission nationale de suivi et de contrôle de gestion, qui aura retardé, puis purement et simplement refusé l'engagement d'Épinal en Ligue Magnus.

Autant dire que cette décision jeta un froid et suscita l'émoi et l'incompréhension des supporters, qui noirciront les pages des forums dans l'attente de précisions survenues le lendemain (16 juillet), dans les colonnes de Vosges-Matin, le manager général Anthony Maurice évoquant l'incapacité de son club à honorer les engagements financiers stipulés dans le contrat d'objectif signé l'an passé. L'ICE, placée sous recrutement contrôlé et validée "sous conditions" depuis déjà plusieurs saisons, devait en effet boucler l'exercice 2012/13 sur un excédent d'au moins 40 000 euros...

Était-ce pour autant la seule raison de cette invalidation ? En rapportant l'existence d'un trou estimé à 137 000 euros, L'Équipe dévoilait l'envers du décor, rappelant qu'un différent avec l'URSSAF est toujours d'actualité (120 000 euros sont paraît-il provisionnés en cas d'issue défavorable à ce vieux contentieux).

L'avenir des Dauphins n'a donc jamais paru si incertain en cette deuxième quinzaine de juillet, où la crainte d'un retour prématuré en Division 1 fit son chemin. Sébastien Bisaillon, l'une des "grosses" recrues de l'intersaison, s'est d'ailleurs engagé à Briançon durant ce laps de temps propice à toutes les spéculations...

Ce "feuilleton de l'été" devait donc s'achever dans l'après-midi du jeudi 25 juillet, à l'issue d'un ultime rendez-vous parisien durant lequel Claude et Anthony Maurice se devaient de prouver les capacités de leur club à tenir ses engagements en apportant plus de garanties aux yeux de la Commission d'appel de la "Fédé". Mais il fallut attendre le lundi suivant pour en connaître l'heureux dénouement, l'ICE ayant obtenu sa validation en s'engageant à respecter les termes d'un énième contrat d'objectifs financiers. Outre une amende de 5 800 euros à régler, le C.O.F. enjoint le club vosgien à éponger 121 000 euros afin de retrouver l'équilibre financier au 30 avril 2014. Vosges Matin confirme que "les 80 000 € de dettes évoqués à l'issue de l'exercice 2011-2012 étaient en fait 136 000 € à éponger d'ici la fin de l'exercice 2013-2014".

L'IC Épinal va donc devoir se serrer la ceinture dans les mois et semaines à venir, comme en témoigne cette masse salariale à nouveau "rabotée" de 10 000 euros. Sans parler du budget matériel revu à la baisse. "Si tel joueur utilise telle crosse, et qu'il en existe une autre équivalente et moins chère, on lui proposera celle-là, assurait Claude Maurice dans la presse locale. Ce sera difficile d'avoir la Ferrari dernier modèle, mais les joueurs ne joueront pas non plus avec des balais !"

Un p'tit tour et puis s'en vont

À quinze jours de la reprise de l'entraînement, l'ICE n'était donc pas encore fixée sur son sort. Inimaginable quelques mois auparavant, lorsque l'état-major spinalien se préparait avec une apparente sérénité, allant même jusqu'à espérer une tendance "printemps-été 2013" à la continuité. Mais s'appuyer sur un groupe majoritairement préservé, toujours emmené par les Bouchard, Girard, Cacciotti, Sušanj et autres Ouimet, maillons forts d'un collectif articulé autour d'un noyau dur d'anciens bien établis sur la durée (Plch, Petrák, Slovák ou encore Gervais), tenait plus du doux rêve que la dure réalité. Il fallait en effet compter sur les envies d'ailleurs de plusieurs éléments moteurs... partis sous des cieux plus rémunérateurs !

Autant de talents éparpillés aux quatre vents. Du néo-Dijonnais Sébastien Gauthier à l'emblématique Stéphane Gervais, qui a saisi l'opportunité de s'engager en faveur d'un club plus huppé (Grenoble), quatre ans après son passage mitigé sous l'uniforme briançonnais. Le "serial buteur" Danick Bouchard, très convoité après ses play-offs de haute volée, n'a pas tardé à lui emboîter le pas, se montrant séduit par l'ambitieux (et lucratif) projet amiénois. Quant à Gabriel Girard, successeur annoncé de Cristobal Huet et Fabrice Lhenry en équipe de France, il s'est tout simplement vu proposer d'exercer devant le filet rouennais...

Aspirant à un avenir international en bleu, ce jeune portier très ambitieux qui se voit "devenir un gardien dominant et aspirant à la LNH dans quelques années" n'a pas toujours justifié les attentes placées en lui lors de sa première saison dans nos contrées (son retour raté en novembre dernier avait d'ailleurs entravé la bonne marche du groupe). Mais si ses hauts et ses bas firent débats l'an passé, le vainqueur de la Coupe Memorial 2012 avait su élever son niveau de jeu en fin d'exercice, démontrant bien qu'il avait l'étoffe d'un vrai gardien de play-offs. Et presque tout d'un grand... à seulement 22 ans !

Benjamin Casavant, qui aura trop souvent rimé avec décevant, n'a lui pas été conservé. D'honnêtes play-offs (sept buts) et quelques buts de "raccroc" : c'est tout ce que l'on retiendra de ce massif ailier canadien, buteur opportuniste tirant profit de son gabarit pour répercuter les rebonds ou scorer de près. Trop tributaire du rendement de ses coéquipiers, Casavant a déçu par son faible impact sur le jeu, à l'instar d'un Jan Hagelberg apparu moins percutant qu'en 2010/11. Le Finlandais a donc cette fois quitté sans regrets les terres de ses premiers exploits français. Également sur le départ, Élie Raibon a pour sa part rallié Lyon, dans l'espoir d'y trouver un terrain plus favorable à son expression. Idem pour Rémi Colotti, parti lui sur Annecy.

Il était aussi dit qu'Alex Stein ne s'éterniserait pas dans les Vosges, où il était peu apprécié de ses joueurs. Pourtant, les résultats parlaient en faveur du technicien germano-canadien, qui sera parvenu à mettre en place un système défensif efficace, optimisant ainsi les possibilités d'un contingent seulement découvert début janvier. Faisant d'une bonne défense la meilleure des attaques, l'ICE version "Stoni" n'a pas toujours séduit. Mais cette formation bien regroupée et capable de rapidement se projeter vers l'avant fit déjouer plus d'une équipe "joueuse" en play-offs. Et de paraître à son avantage sur les petites glaces (comme celles du Haras ou de Trimolet) en faisant preuve d'une rigueur sans faille et d'un engagement de tous les instants. Chacun devant se mettre au service du collectif selon la philosophie de cet entraîneur passionné passé par les tous meilleurs clubs de LNB ces dix dernières années (et pas seulement comme assistant).

Dix ans d'élite, huit entraîneurs différents... et un "revenant" !

La non-reconduction d'Alex Stein fut pourtant tardivement officialisée. On le sait, à Épinal, c'est à l'entraîneur de s'adapter à ses joueurs, quitte à débarquer à un stade avancé du recrutement ou à prendre le groupe "clés en main", ne s'apparentant alors qu'à une simple "pièce rapportée". Comment donc s'étonner qu'Épinal ait "consommé" huit entraîneurs différents, ces dix dernières années, depuis son retour parmi l'élite du hockey français ?

Claude Bouchard (46 ans), coach inexpérimenté chez les seniors (mais dont la réputation n'est plus à faire au Québec, tant dans les rangs midgets - U18 - que juniors) était donc appelé à succéder aux "Féfé" Marciano (de septembre 2000 à janvier 2005, puis de décembre 2012 à début janvier 2013), Jan Reindl (début 2005), Joakim Nilsson (2005/06), Pierre-Yves Eisenring (2006/07), Shawn Allard (2007 à 2009), Tommy Andersson (d'août à octobre 2009), Santino Pellegrino (d'octobre 2009 à décembre 2012) et autres Alex Stein (de janvier à mars 2012).

Fermement décidé à relancer sa carrière d'entraîneur, Claude Bouchard devait donc quitter les rives du Saguenay pour les bords de la Moselle, plongeant ainsi dans le grand bain du hockey européen. Un tremplin vers le junior majeur canadien, comme l'espérait ce fin tacticien tout particulièrement spécialisé dans les phases défensives et le jeu sans palet, qui s'était vu préféré à des coachs plus renommés (Gary Sheehan et Kari Eloranta), également en lice pour coacher l'ICE. Et ainsi succéder à Alex Stein... qui n'aura donc fait que passer !

Mais voilà, Claude Bouchard ne fera jamais escale à Épinal, échaudé par les "événements" de l'été, qui auront eu raison de son arrivée, renvoyée aux calendes grecques par l'intéressé (en parfait accord avec son ex-futur état-major). Le technicien canadien, qui voyait sa première expérience française comme une bonne opportunité de se faire remarquer, a néanmoins rebondi en obtenant le poste d'entraîneur-assistant du Drakkar de Baie-Comeau (signant ainsi son grand retour en LHJMQ).

Suivant une certaine logique économique en cette fin juillet mouvementée, Claude et Anthony Maurice ont donc sollicité Raphaël Marciano (51 ans), fidèle serviteur des Dauphins (et accessoirement meilleur buteur et pointeur de l'histoire du hockey spinalien), pour prendre les rênes du groupe et diriger les entraînements. Mais ne se sentant pas de taille à assumer, seul, ces responsabilités, l'ex-attaquant avait obtenu de sa hiérarchie l'arrivée d'un "plus qu'adjoint" : le Franco-canadien Alan Jacob (46 ans). Un grand bourlingueur véhiculant l'image d'un coach controversé, qui n'a jamais vraiment fait l'unanimité (et n'aura d'ailleurs pas laissé un souvenir impérissable de son passage les Castors d'Asnières en 2003/04, où son intransigeance lui valut de fortes inimitiés).

Arrivé en février 2008 au chevet des Chamois de Chamonix (pour remplacer un Peter Hrehorcák totalement dépassé par une situation sportive désespérée), Jacob sera parvenu à réussir l'opération sauvetage des Chamois, obtenant même une prolongation de contrat. Mais sa deuxième saison au pied du Mont-Blanc n'a pas tenu ses promesses, avec des résultats mitigés et un sommet d'impopularité atteint au soir de la monumentale "déculottée" administrée par les Dauphins d'Épinal (1-8) en novembre 2008. Une raclée qui avait tant fait gronder les travées de Richard-Bozon... Ensuite passé par Cergy-Pontoise et Katowice (au second échelon polonais), Alan Jacob devait reprendre du service en temps que bras droit de "Féfé". Mais décidément pas à un rebondissement près, le club s'est rapidement ravisé (invoquant des raisons de santé) pour préférer finalement une solution "maison". C'est donc Nicolas Martin (39 ans), ancien joueur formé au club, qui fera la paire avec Marciano.

Cheville ouvrière de l'ICE-Amateur, Nicolas Martin est toujours resté intimement lié à son club de cśur, s'impliquant énormément dans la formation en cumulant les casquettes d'entraîneur (en D3) et de préparateur physique. En toute logique pour ce triathlète émérite, dorénavant appelé à endosser le costume d'assistant chez les "grands" auprès de "Féfé", Dijonnais de naissance devenu spinalien d'adoption (et surtout membre du staff lorrain depuis qu'il a raccroché les patins au printemps 2001). Et le connaissant, ce dernier devrait plutôt s'adapter aux particularités de ses joueurs qu'imposer ses tactiques et sa vision du jeu, comme l'avait fait "Stoni" avant lui.

Malgré tout parti avec le sentiment du devoir accompli, Alex Stein aura relancé quelques joueurs insuffisamment considérés par son prédécesseur (Santino Pellegrino). À commencer par Peter Slovák (35 ans), qui fut le grand bénéficiaire du "déclassement" de Fabien Leroy en se voyant aussitôt associé à Maxime Ouimet sur la première paire défensive. Reparti pour une onzième campagne spinalienne, le Slovaque a tout du défenseur d'expérience par excellence, sobre et discret... avec un apport offensif très restreint. Contrairement à Yoann Chauvière (26 ans), la grande révélation de la toute fin de saison, qui s'est découvert défenseur en play-offs. Il a profité d'une blessure de Slovák pour "piger" aux côtés du solide Ouimet, laissant entrevoir d'excellentes dispositions à l'arrière avec ce repositionnement qui aura mis en avant ses qualités de relanceur. C'est qu'il est toujours partant pour aller de l'avant, l'ex-Montpelliérain, apparu moins en vue lorsqu'il śuvrait au centre du troisième trio (avec un différentiel à -16 et aucun point comptabilisé en championnat). Car jusqu'à début mars, Chauvière n'avait pas franchement impressionné.

D'autres seconds couteaux avaient su se montrer plus tranchants que lui, à l'image d'un étonnant Anthony Rapenne (21 ans), incontestablement revenu bonifié de sa parenthèse gapençaise. Ailier fluet mais culotté (et très précieux dans l'échec-avant), Rapenne fait fi des limites de son gabarit en usant de vitesse et de combativité, assurément ses meilleurs atouts pour faire son trou. Dans un registre identique, les très volontaires Kevin Benchabane (24 ans) et Maxime Martin (19 ans) ont eux aussi démontré que les joueurs du cru peuvent subvenir à certains besoins des Dauphins. Lesquels avaient dû recruter l'an passé deux jeunes grenoblois pour être en conformité avec le quota de "JFL" nouvellement imposé (Élie Raibon et Rémi Colotti, un défenseur utilisé très parcimonieusement et qui n'a jamais pu s'insérer dans les rotations, cirant essentiellement le banc des remplaçants).

Hordelalay, le buteur qu'il manquait ?

À n'en pas douter, ce centre pouvant jouer ailier devrait dynamiser une "checking line" pesant insuffisamment offensivement. Il faut dire que ce Francilien bon teint passé par Mantes-la-Jolie, Courbevoie, Le Vésinet et Viry (avant de rejoindre à Amiens à 16 ans) cartonna l'an passé en Division 1... où il n'était rien de moins que le deuxième meilleur réalisateur français du championnat (ses 19 buts le plaçant juste derrière Maurice Rozenthal) !

Il lui sera bien sûr difficile de réitérer pareilles performances en Ligue Magnus, même si l'intéressé dispose d'un potentiel certain. Des capacités pleinement exprimées dans les rangs juniors et cadets, lorsqu'il affolait les compteurs chez des Gothiques d'Amiens dominateurs, double champions de France U18 (en 2006 et 2007) et vainqueurs du titre U22 l'année suivante. La dernière d'Hordelalay en Picardie avant son départ pour Neuilly où, freiné par une blessure au tendon, il connaîtra une première saison d'adaptation chez les Bisons (2 buts et 6 points). Par la suite durablement installé sur le deuxième trio nocéen, Hordelalay triplera ses statistiques, scorant neuf fois pour amasser 18 points. De quoi lui ouvrir les portes de Briançon. Mais chez les Diables rouges, son temps de glace, moins conséquent, limite son rendement (2 buts et 9 points en saison régulière).

Toutefois, le partenariat noué, cette année-là (2010/11), entre Reims et Briançon lui a permis de parallèlement se joindre aux espoirs-élite rémois. Et de faire parler la poudre (16 buts et 33 points amassés en... 8 matchs !) sous les ordres d'un François Dusseau qui deviendra, par la suite, son entraîneur à temps plein chez les Phénix. Pierre-Charles Hordelalay a trouvé, en Champagne, ce qu'il était venu chercher. Du temps de jeu et beaucoup de responsabilités... y compris en supériorité ! Avec ses bonnes mains et son excellent coup de patin, l'ancien fer de lance des Phénix (dont il était le centre numéro un) peut être une nouvelle alternative au pointage, qui ne manquera pas d'être toujours assuré par l'indémodable duo Plch-Petrák malgré l'irrégularité du dernier nommé.

Force est de constater que Michal Petrák (30 ans), dans ses bons soirs, est tout simplement l'un des meilleurs attaquants du championnat, capable de tirer son trio vers le haut et de forcer la décision sur une seule action. Mais qui peut le plus peut aussi le moins. Un adage que le centre tchèque a fait sien, en n'étant parfois que l'ombre de lui-même. Comme s'il en gardait sous le patin...

Capable du meilleur comme du pire, le centre tchèque reste indissociable de cette valeur sûre qu'est Ján Plch (prononcez "pleur"). Pourtant, le Slovaque n'est vraiment plus celui des grandes heures. Comprenez ce génial maître à jouer passé maître dans l'art d'aller loger son diabolique revers sous la barre... et de mettre la misère aux défenseurs ! Mais si le temps n'a pas manqué d'éroder sa rapidité, il n'a aucunement affecté son sens du jeu. Ni même altéré son rendement. Preuve que l'attaque est toujours d'aussi bonnes mains, le vétéran de 39 ans aux 572 matchs d'Extraliga (tchèque et slovaque) valait encore 63 points l'an passé (toutes compétitions confondues). Professionnel exemplaire, humble et très apprécié des supporters, Plch n'aura même raté qu'une partie, inscrivant 25 buts et confirmant, par la même, son étonnante longévité !

De tous les entraîneurs passés depuis son arrivée (en août 2005) derrière le banc spinalien, seul Santino Pellegrino aura tenté de le séparer d'un Michal Petrák dont il est parfaitement complémentaire. À n'en pas douter, ses 359 points marqués (dont 136 buts) sous le chandail frappé du Dauphin (ce qui en fait le meilleur buteur et compteur de l'histoire d'Épinal en Ligue Magnus) resteront longtemps inégalés... sauf si le "phénoménal" Danick Bouchard s'était décidé à rester plusieurs années !

Mais voilà, Bouchard n'est plus là, lui le top scoreur spinalien de cette mémorable campagne 2012/13, qui aura marqué 36 fois... en 43 matchs joués (championnat, play-offs et coupes incluses) l'an passé. Il a affolé les compteurs en signant notamment trois triplés et quatre doublés chez les Dauphins (et cumulant pas moins de 72 points). Des chiffres éloquents, tout comme son excellent ratio (+15 en saison, +9 en play-offs) qui en dit long sur son importance dans le jeu spinalien et sur sa capacité à faire la différence en un-contre-un.

Mêlant explosivité, technicité, rapidité, intensité, l'ancien Villardien (qui fera dorénavant les beaux jours d'Amiens) aura plus d'une fois enflammé la glace de Poissompré, régalant son public avec ses "cafés-crèmes" et des solos dont lui seul à le secret. Il faut dire que cet ailier vif et nerveux, très "carré" et plein de bonne volonté sait à peu près tout faire avec un palet. Passer, tirer et surtout dribbler, en vitesse accélérée, pour mettre dans le vent n'importe quel défenseur... en deux temps trois mouvements ! Excellant en un-contre-un, Danick Bouchard n'avait pas son pareil pour s'engouffrer dans les brèches ouvertes par son compère Sébastien Gauthier, chargé de l'alimenter en bons palets. Ces deux vieilles connaissances, très complémentaires, formaient une paire... hors pair !

Un Toby Lafrance en puissance ?

Ce duo détonnant n'étant plus d'actualité, l'ICE a dû s'activer pour les remplacer, jetant tout d'abord son dévolu sur Benjamin Breault (25 ans). Défini comme un centre clairvoyant aussi travailleur que talentueux, ce passeur aux mains de buteur sort de quatre années d'études et de pratique intensive du hockey à l'université Dalhousie, dans la continuité d'un prolifique quinquennat (2004-2009) dans le junior majeur québécois (LHJMQ).

Venu dans les Vosges retrouver son vieil ami Maxime Ouimet, ce natif de l'Ontario (qui a passé ses cinq premières années en Allemagne, où était stationné son père militaire) a ainsi réalisé quatre saisons d'affilée à plus de 30 buts dans le circuit Courteau, dont une à 80 points et 40 filets en 2006/07. La dernière aux Remparts de Québec, sous les ordres d'un Patrick Roy l'ayant inséré avec succès au centre de son premier trio. Le hasard voulant que Breault retrouve, en play-offs, ses anciens coéquipiers de Baie-Comeau (parmi lesquels Ouimet), pour un duel fort en émotion.

Drafté par Buffalo en 2006 (comme choix de septième ronde), l'intéressé n'a pas manqué de tenter sa chance dans les camps d'entraînement des Sabres, se faisant remarquer auprès des stars Jason Pominville et Daniel Brière... sans pour autant mériter d'intégrer le gratin du hockey. C'est bien connu, il y a beaucoup d'appelés... et peu d'élus !

Voyant la NHL se refuser à lui, cet ancien des Riverains du Collège Charles-Lemoyne (un établissement de Longueuil où il joua en "midget" aux côtés de Carl Lauzon, Omar Pacha et du néo-Rouennais Yannick Riendeau) découvre le professionnalisme durant l'automne 2009 en ECHL. Mais l'expérience tourne court puisqu'une proposition venue de Nouvelle-Écosse le pousse à quitter les Florida Everblades (après seulement sept matchs joués) pour intégrer l'université Dalhousie et ses Tigers, dont il deviendra l'attaquant vedette. Comme Martin Gascon et Carl Mallette avant lui...

Sa deuxième saison sur le campus d'Halifax sera la plus aboutie, avec une récolte de 41 points (15 buts en 26 matchs) lui valant d'incorporer, cette année-là (2010/11), la première équipe-étoile de la division atlantique, l'une des plus relevées du championnat inter-universitaire canadien (CIS). Moins en réussite par la suite, Breault cumulera toutefois suffisamment de passes décisives (63 en 91 matchs avec les Tigers) pour se hisser au troisième rang des meilleurs assistants de l'histoire de son université (juste devant Gascon).

Sa vista, sa rapidité d'exécution et de patinage devraient donc faire bien des ravages dans le championnat français, où il fera figure d'individualité à surveiller. Et d'autant plus s'il parvient à se fondre dans le moule, comme l'avait si bien fait son devancier l'an passé. Un Sébastien Gauthier n'ayant mis qu'un mois et demi à égaler le total de points engrangés en une saison comme représentant gapençais. Un compteur explosé à l'arrivée, avec 61 points compilés chez les Dauphins (dont 48 assists)... contre seulement 25 chez les Rapaces !

Quoi d'étonnant, me direz-vous, avec un buteur de la trempe de Bouchard à ses côtés. Mais n'oublions pas le troisième larron, Steven Cacciotti (26 ans), international canadien de street-hockey et devenu, dès le mois de janvier, un capitaine écouté et respecté. Comme c'était déjà le cas à Neuilly, où cet ailier gauche combatif et travailleur faisait l'unanimité (et le bonheur de son entraîneur, Frank Spinozzi). Reconnu pour ses qualités de travailleur et son leadership, l'Italo-canadien est un coéquipier dévoué, qui ne rechigne pas aux tâches défensives et sait se faire oublier près du filet... en bon "renard" qu'il est ! Son mémorable doublé signé le 9 mars dernier restera comme le temps fort de sa première saison spinalienne, surtout qu'il aura grandement contribué à remettre ses coéquipiers sur les rails du succès, leur permettant de signer une folle remontée au terme d'un match renversant. Assurément le tournant de ces quarts de finale fatals aux Chamois de Chamonix.

Deux Pivron espérés... un seul à l'arrivée !

Comptant sur Pierrick Pivron (23 ans) pour étoffer leurs rotations, les dirigeants spinaliens ont dû se faire une raison. Auteur d'un passage à Gap très remarqué l'an passé, le digne fils d'Alain (buteur patenté qui marqua les esprits durant son séjour spinalien au début des années 90) ne faisait pas d'Épinal sa priorité. Plutôt son "plan B" en cas d'essai non transformé au HCC... Cet ailier aussi solide qu'élancé (1,87 m pour 90 kg) évoluera donc à La Chaux-de-Fonds cette saison, lui qui fut lancé en LNA par Chris McSorley et compte à ce jour près de 150 matchs parmi l'élite du hockey suisse. L'ancien "servettien" retrouvera la LNB, quelques mois après son intermède gapençais où il impressionna par la qualité de son lancer, son engagement de tous les instants et l'étendue de son bagage technique et physique.

D'excellentes dispositions lui ayant ensuite valu de finir la saison à Lugano, pour de nouveau goûter à la LNA... et accessoirement retrouver son petit frère Victor, alors membre des juniors-élites bianconeri ! Fort d'un beau gabarit (1,88 m pour 91 kg) et de ses années de formation en Helvétie (lui permettant de ne pas être considéré comme étranger en LNA ou LNB), Victor Pivron (20 ans) a, comme Pierrick, suivi son paternel dans toutes ses pérégrinations. Débutant à Gap et l'accompagnant à Neuchâtel après la douloureuse disparition des Séquanes de Besançon (en 2003), puis à l'occasion de sa nomination comme successeur de Philippe Bozon à la tête du mouvement junior genevois (en 2009).

Promis à "un bel avenir un LNA" par Chris McSorley, qui le considérait comme un "jeune prometteur, doté d'une très bonne technique et aidé par sa grande taille", le natif d'Épinal ne répondra sûrement jamais aux attentes élevées du "boss des Vernets", qui a clairement surestimé les capacités de son ancien protégé à Genève-Servette. Victor Pivron, aujourd'hui réduit au rang d'attaquant de fond d'alignement, ne dispose assurément pas d'une telle marge de progression.

Son faible rendement, y compris l'an passé chez les juniors luganais, laisse à penser que Pivron a raté le "train" du très haut niveau. Contrairement à Tomaž Razingar (34 ans), capitaine de la sélection slovène (depuis 2009) et international chevronné un temps pressenti pour agrandir la petite colonie venue de Slovénie. La perspective des Jeux olympiques de Sotchi (qui auraient privé l'ICE de ses services pour la fin du championnat régulier et le début des play-offs, prévu mi-février) a toutefois poussé l'état-major spinalien à lui préférer Dominic Perna (36 ans) un "lutin" italo-canadien petit par la taille (1,65 m)... mais que l'on dit grand par le talent !

Il faut dire que l'intéressé, véritable poison pour les défenseurs, a fait le bonheur de plusieurs clubs transalpins. Essentiellement des formations de deuxième division, la Serie A2, dont il affola les compteurs sous les couleurs de Vipiteno (2005), Gherdëina (2008-2010) et Neumarkt/Egna (2010-2012). Comme si l'air des Dolomites inspirait ce centre de poche, auteur de 178 buts en quatre saisons et demi d'A2... et tout proche du point par match (19 buts et 43 points en 44 matchs) l'an passé en Serie A avec Renon (ou Ritten en allemand, le Sud-Tyrol italien étant plutôt germanophone).

On l'a compris, faire trembler les filets est l'une des grandes spécialités de Perna, ancienne gâchette du junior majeur québécois (155 buts et 347 points compilés en 1994 et 1998), qui connut des débuts européens très compliqués durant l'hiver 1998/99. Restant muet en Alpenliga (lorsqu'il évoluait à Asiago, puis Fassa) avant de se faire discret à Chamonix, marquant seulement une fois en treize matchs de Ligue Élite. Ensuite rentré dans son Québec natal pour y faire le plein de buts (et de points), le Montréalais retrouvera l'Europe auréolé d'une belle réputation dans le circuit semi-pro. Plébiscité par "Bob" Millette à Tours (2006/07), cet attaquant plein d'abnégation héritera même du capitanat chez les Diables noirs, contribuant grandement à la remontée de l'ASGT parmi l'élite français avec ses 33 buts marqués en Division 1 (où seul l'ex-Gapençais Rambousek fit mieux cette saison-là).

Moins en verve à l'étage supérieur, cet excellent manieur de rondelle (connu pour être vif comme l'éclair... et ne pas manquer de caractère !) joua les parfaits coéquipiers en Ligue Magnus en prenant toujours une part active au pointage (même s'il dut se contenter de treize réalisations). Bien loin des 36 buts (et des 113 points) qu'il inscrira l'année suivante (2008/09) en A2 avec Val Gardena... Annoncé de retour en LNAH, au sein de la nouvelle concession des Braves de Valleyfield, Dominic Perna a finalement choisi de poursuivre sa carrière dans la Cité des Images, où il est destiné au poste d'ailier.

L'Italo-canadien était donc l'ultime pièce d'un puzzle spinalien préalablement complété par Anže Kuralt (21 ans) un jeune ailier slovène mêlant rapidité, dextérité et combativité. L'ex-international junior, qui était l'un des tous meilleurs buteurs et pointeurs de la deuxième division austro-slovène avant son départ fin janvier pour le Danemark, avait découvert l'Inter-National-League l'an passé sous les couleurs de son club formateur - Triglav Kranj - après deux bonnes saisons (et onze buts marqués) avec Jesenice lorsque le club "aciériste" fréquentait encore l'Erste Bank Liga. Son plus grand fait d'arme parmi l'élite reste ce triplé (comprenant le penalty décisif) réalisé face aux Vienna Capitals le 26 novembre 2011... Présélectionné pour le dernier Mondial (et présent à Gerland, en décembre 2012, lors de la manche française de l'Euro Challenge), ce jeune attaquant qu'Épinal dit suivre depuis deux ans est aux portes de l'équipe nationale. C'est dire s'il espère se mettre en avant dans l'optique des JO de Sotchi et du prochain mondial de Division IA...

Hocevar, l'ultime rempart

Les Dauphins espéraient bien ne pas avoir à chercher un nouvel "ange gardien". Mais le départ de Girard, qui avait déjà la tête à Rouen depuis un bon moment, a nécessité l'engagement d'un nouvel "homme masqué". Et nul doute qu'avec Andrej Hocevar, la cage spinalienne sera bien gardée ! Solidement référencé, le natif de Ljubljana a longtemps défendu les couleurs de l'Olimpija, son club formateur, avant de filer chez les rivaux de Jesenice en 2006 (l'Acroni était alors le premier club étranger intégré à l'Erste Bank Liga autrichienne). Mais barré par ses aînés Glaber Glavic et Robert Kristan, Hocevar doit attendre le départ de ce dernier (durant l'été 2008) pour se voir plus régulièrement titularisé devant le filet.

Néanmoins, son faible pourcentage d'arrêts (88,9 %) ne lui permet pas s'imposer sur la durée, le forçant à s'expatrier en Italie dans la foulée. À Pontebba (tout près de sa Slovénie natale) où il est engagé courant décembre 2009 pour pallier l'absence du vétéran Carpano, blessé. Un remplacement tellement réussi... que ce provisoire a duré ! Solide au poste, Hocevar se voit proposer une reconduction de contrat par des dirigeants frioulans jamais déçus de leur investissement. Même s'il se montre un peu moins convaincant statistiquement, pas aidé il est vrai par sa défense (l'une des pires de Serie A cette année-là).

Systématiquement mobilisé en sélection à chaque trêve internationale (et à chaque mondial senior depuis 2004), Hocevar reste le numéro deux dans la hiérarchie des gardiens de son pays. Mais il voit maintenant poindre la concurrence du jeune prodige Luka Gracnar, dont l'émergence tient de l'irrésistible ascension. Gracnar, l'étoile montante, a même brillé face aux Suédois (le 11 mai dernier), remettant ça peu après face au Canada (3-4 a.p.). S'en sortant bien mieux qu'Hocevar, apparu en grande difficulté face aux Suisses (1-7) lors de sa seule apparition du dernier mondial. Le seul départ d'Andrej Hocevar dans cette compétition, comme en mai 2011 (face à la "montagne" russe)... à quelques jours de sa signature chez des Ducs d'Angers alors confrontés au fâcheux désistement de Peter Aubry.

Avec son style instinctif (et parfois peu académique), le Slovène n'avait pas tardé à faire étalage de ses qualités. Doté d'une grande réactivité et d'étonnants réflexes, il n'a pas manqué de s'affirmer comme l'un des tous meilleurs portiers du championnat. Mais connut aussi de rares soirs "sans" qui lui seront reprochés par le président Juret à l'issue d'une saison bouclée sans trophées !

Andrej Hocevar, qui devait l'an passé évoluer au Neman Grodno, a subi l'interdiction formulée par la ligue biélorusse de recruter des gardiens étrangers. Un rebondissement l'ayant poussé à rejoindre le championnat ukrainien voisin (et les "Faucons" du Sokil Kiev). Une étape supplémentaire dans sa carrière, appelée à se poursuivre dans les Vosges... où il s'est engagé pour trois années !

Attendue dans une forme "olympique" (la Slovénie s'étant qualifiée pour Sotchi), cette valeur sûre devra non seulement faire le métier, mais aussi limiter les passages à vide pour ne pas imiter ses prédécesseurs (Girard, Väre, Petrík, Lacasse ou Tojkander), dont la régularité n'était assurément pas la première des qualités. Le droit à l'erreur d'autant plus minime qu'en cas d'indisponibilité (liée ou non à son rang d'international en activité), l'ICE devra encore composer avec l'inexpérience d'un Nicolas Ravel (20 ans) conforté dans son rôle de suppléant.

Un statut également dévolu à Pierre Mauffrey (24 ans), gardien du cru expatrié à Toulouse depuis plusieurs années (pour ses études d'ingénieur à l'INSA). De retour au bercail après une dernière saison en Division 1 dans la Ville rose, où il faisait figure de doublure de Sami Koskela, Mauffrey eut trois bonnes occasions de se montrer l'an passé. Une blessure à l'épaule du Finlandais, en novembre dernier, lui a permis de garder les cages toulousaines à Reims (2-5), puis d'aider les Bélougas à terrasser Anglet (5-3). Un "gros" match confirmé dans la foulée, à Mériadeck, face aux Boxers bordelais (3-5). En recomposant la fratrie Mauffrey (son cadet Romain est dans le groupe depuis l'an passé), l'ICE crée donc une nouvelle émulation chez ses "seconds".

Avec Andrej Hocevar, l'état-major spinalien relativise donc le départ de Gabriel Girard, qui avait autant rassuré qu'assuré en fin de saison passée. Mais rien ne dit que le Slovène, au style bien moins conventionnel que son prédécesseur, sera aussi bien protégé qu'à Angers. Même si Gašper Sušanj et Maxime Ouimet font toujours figure de tauliers d'une arrière-garde bel et bien renforcée par le grand retour du "bleuet" Martin Charpentier (20 ans).

Oui, les dirigeants spinaliens sont parvenus à rapatrier Charpentier, de retour d'un "exil" gapençais lui ayant permis de s'affirmer au côté de son mentor Milan Tekel, qui l'a pris sous son aile. Le jeune spinalien, parti l'année de ses 18 ans dans la Capitale douce, a donc fait son nid chez les Rapaces, bénéficiant d'un contexte propice à son épanouissement grâce à l'existence d'une équipe engagée en U22 élite. L'idéal pour progresser... À tout juste vingt ans, ce défenseur défensif très longiligne est un habitué des regroupements internationaux (U18 et U20) a tout pour devenir un rouage important du box-play à l'instar de Gašper Sušanj (25 ans), dont on attendait pas tant, l'an passé, pour sa première expérience à l'étranger. C'est même peu dire que Slovène a fait le métier, apportant sa pierre à l'édifice en play-offs en marquant notamment deux jolis buts en échappée (à Dijon et Chamonix).

Plus mobile qu'il n'y paraît, cet arrière solidement charpenté (1,86 m pour 95 kg) était rapidement devenu incontournable aux côtés de Stéphane Gervais, auquel il fut si souvent apparié l'an passé, mêlant puissance, rudesse et sobriété en fréquentant assidûment, il est vrai, le banc des pénalités. Doté d'un lourd lancer insuffisamment exploité en supériorité et tout à fait capable de proprement remonter le palet, l'enfant de Jesenice était même le joueur le plus pénalisé en Ligue Magnus l'an passé (avec 125' de pénalités)...

Maxime Ouimet (25 ans) s'est lui aussi fort bien adapté à son nouvel environnement, au point d'avoir re-signé pour trois ans ! Combatif à souhait, ce défenseur purement défensif s'engage à fond dans la bataille, sans craindre le défi physique, et n'a d'ailleurs pas manqué de "secouer" quelques adversaires l'an passé (sans pour autant "collectionner" les pénalités !). Offensivement discret, le Québécois n'a pas la "gâchette facile" et ne paraît pas disposer d'un "gros" lancer...

L'art du slap (ou lancer frappé), qui n'avait plus de secret pour Stéphane Gervais, est en revanche l'une des grandes spécialités d'un Sébastien Bisaillon (26 ans) tout particulièrement réputé pour sa propension à décocher des "boulets de canon" ! Éphémère NHLer (deux matchs disputés avec les Oilers d'Edmonton en mars 2007), le Québécois se réjouissait de retrouver Claude Bouchard (son ancien mentor à Val d'Or, dans le junior majeur québécois) à Épinal. Grand spécialiste du powerplay, ce solide blueliner rompu aux joutes de l'AHL et de l'ECHL avait donc tout du défenseur offensif de premier plan qu'Épinal espérait tant. Mais l'ICE, qui croyait s'être attaché les services d'un vrai "bombardier", d'un arrière entreprenant qui sait aller de l'avant, a vu le parfait remplaçant de Stéphane Gervais revenir sur sa décision et signer à Briançon à la fin du mois de juillet. Une volte face due à l'avenir alors très incertain des Dauphins. Ce jeune père de famille, craignant de se retrouver sans rien en cas de rétrogradation administrative du club lorrain, a joué la sécurité en rejoignant la "bande à Basile".

Le Meilleur pour la fin ?

Mis devant le fait accompli, l'exécutif spinalien a promptement réagi en engageant Francis Meilleur (22 ans), un jeune défenseur initialement destiné à vivre sa première expérience européenne dans le nord de l'Écosse... puisqu'il avait signé à Dundee en mai dernier ! On imagine la déception de Jeff Hutchins, l'entraîneur-joueur des Stars, qui comptait sur ce blueliner très complet (et plutôt bon techniquement) pour assurer les sorties de zone et aiguiller le powerplay. Meilleur donne la pleine mesure de ses possibilités en supériorité grâce à son coup d'śil aiguisé et sa qualité de lancer.

Habitué des longs déplacements à travers les États-Unis, de Greenville à Las Vegas en passant par Bakersfield, Meilleur a griffé les petites glaces d'ECHL avec trois clubs différents, marquant cinq fois (pour 22 points) en deux ans. Ses meilleures années restent celles passées de 2007 à 2011 dans le junior majeur québécois : trois sur l'Île du Cap-Breton et une à Montréal, où il fut échangé en juin 2010. Presque un retour aux sources pour cet arrière originaire de la grande agglomération montréalaise, ensuite parti tenter sa chance dans la "jungle" des ligues mineures en rêvant d'attirer l'attention des recruteurs (puisqu'il n'a pas été drafté).

Avec un relanceur de la trempe de Francis Meilleur, l'arrière-garde spinalienne compte sept éléments susceptibles de tenir leur rang. Du jamais vu dans les Vosges, où Fabien Leroy (29 ans), kiné de profession installé dans le département depuis cinq ans maintenant, semble faire partie des "meubles". Ce grand costaud (1,90m pour 102 kg) est loin d'être "manchot", comme en témoignent ses nombreuses convocations comme réserviste chez les Bleus. Mais voilà, ce défenseur solide défensivement, très présent physiquement et doté d'un slap surpuissant (mais pas toujours cadré) n'est pas spécialement un modèle de régularité. Connu pour parfois trop en faire avec la rondelle, il n'est jamais à l'abri d'une relance ratée, d'une passe "téléphonée" ou d'un contrôle mal assuré.

Très apprécié de Santino Pellegrino (qui en avait même fait son défenseur numéro un), le Picard a vu son statut décliner sous l'ère Stein. Aussi son destin était-il directement lié au sort de "Stoni", qui l'avait relégué sur la troisième paire défensive (réduisant son temps de glace et ses responsabilités). Son avenir spinalien fut pourtant très incertain jusqu'à la fin du mois de juin. Bien après qu'Alex Stein ait officiellement rejoint les Ducs d'Angers...

L'une des plus belles pages de l'histoire du hockey spinalien s'est rédigée en mars dernier, sous l'impulsion de plusieurs individualités particulièrement inspirées par ces playoffs tant espérés. Mais même sans les principaux artisans de cette épopée, partis gonfler les rangs des plus grands clubs français, les "nouveaux" Dauphins ont clairement les moyens de viser plus qu'un simple maintien.

Loin d'avoir réduit la voilure, les Maurice père et fils ont avant tout cherché à préserver la compétitivité du groupe à "moindre frais", économisant notamment sur le poste d'entraîneur et recrutant de jeunes joueurs ambitieux (Anže Kuralt ou Pierre-Charles Hordelalay) pour épauler des éléments plus expérimentés. Comme Ján Plch et Michal Petrák, qui devront encore valoir leur pesant de points cette saison. Tout comme Dominic Perna, doté d'une belle vision du jeu et d'un sens du but pour le moins aiguisé.

S'il apparaît que Danick Bouchard n'a pas été véritablement remplacé, tout porte à croire que les autres départs ont été compensés. Plus vif, plus technique et surtout meilleur finisseur que son prédécesseur Sébastien Gauthier (qui brillait surtout par son implication collective, sa vision du jeu et ses qualités de distributeur), Benjamin Breault pourrait être toutefois la grande révélation de la saison (et le nouveau "chouchou" de Poissompré !).

Sébastien Bisaillon, qui devait prêter main forte à un secteur - le powerplay - ouvertement négligé par Santino Pellegrino ces dernières années, était attendu comme un trait d'union entre l'attaque et la défense. Plus encore, le Québécois était espéré comme la nouvelle clé de voûte d'un jeu de puissance ayant sûrement trouvé, en Francis Meilleur, son nouveau pilier. Voire son "bras armé". À moins, bien sûr, que Fabien Leroy ne règle (enfin) la mire pour conjuguer puissance et précision dans ses lancers...

Andrej Hocevar devrait quant à lui faire oublier "Gaby" Girard en se montrant notamment plus régulier sur la durée. Seule ombre au tableau, sa présence aux prochains Jeux Olympiques devrait priver les Dauphins de leur gardien à un moment clé de la saison.

Le jeune Victor Pivron a lui tout à prouver au plus haut niveau français et n'apparaît qu'en qualité d'attaquant de complément, fortement pressenti pour intégrer le quatrième trio aux côtés de Maxime Martin et Kevin Benchabane. Deux jeunes Spinaliens retrouvant l'un des leurs en la personne d'un Martin Charpentier n'ayant pu participer à la tournée d'été des A' français (car insuffisamment rétabli de cette fracture de la clavicule ayant écourté ses play-offs en février dernier). Mais l'ex-Gapençais entend poursuivre sa progression au sein d'un alignement de qualité ayant laissé entrevoir d'excellentes dispositions en pré-saison. Reste maintenant à confirmer "pour de vrai"...

Jérémie Dubief

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2012/13  MJ   Moy.    %
 1 HOCEVAR Andrej        21/11/1984  183  83         (Slovène)  Sokil Kyiv   UKR-1   39   2,21   92,2%
30 MAUFFREY Pierre       05/09/1988  182  81  Épinal            Toulouse     FRA-2    3   3,12
39 RAVEL Nicolas         30/01/1990  179  69  Épinal            Épinal       FRA-1    2   5,46   79,3%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2012/13  MJ   B   A Pts   Pén
 3 OUIMET Maxime         06/02/1988  182  90        (Canadien)  Épinal       FRA-1   37   1  10  11   54'
 9 CHARPENTIER Martin    21/01/1993  183  72  Épinal            Gap          FRA-1   23   0   2   2    4'
12 SLOVAK Peter          29/11/1977  175  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   37   0   6   6   57'
28 SUSANJ Gasper         30/06/1988  186  95         (Slovène)  Épinal       FRA-1   38   5  12  17  125'
32 CHAUVIÈRE Yoann       16/04/1987  181  83  Le Vésinet        Épinal       FRA-1   40   1   3   4   18'
51 LEROY Fabien          02/06/1984  190  83  Amiens            Épinal       FRA-1   29   6   7  13   34'
70 MEILLEUR Francis      20/09/1990  181  81        (Canadien)  Bakersf./LV  ECHL    60   3   8  11   26'
90 MAUFFREY Romain       24/06/1990  170  65  Épinal            Épinal       FRA-1   37   0   0   0    0'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2012/13  MJ   B   A Pts   Pén
 4 PERNA Dominic         16/01/1977  165  76    (Ita/Canadien)  Renon        ITA-1   51  20  27  47   28'
10 MARTIN Maxime              /1994  178  68  Épinal            Épinal       FRA-1   15   1   1   2    0'
14 PLCH Jan              16/08/1974  182  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   40  18  31  49   10'
19 CACCIOTTI Steven      23/02/1987  183  91        (Canadien)  Épinal       FRA-1   40  15  30  45   16'
23 OFFRET Yannick        05/05/1988  180  86  Amiens            Épinal       FRA-1   39   3   0   3   32'
25 RAPENNE Anthony       16/11/1991  180  68  Épinal            Épinal       FRA-1   38   2   2   4   20'
36 BREAULT Benjamin      21/02/1988  179  80        (Canadien)  Dalhousie     CIS    25   6  12  18   41'
40 PETRAK Michal         12/05/1983  186  85         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   35  21  28  49   46'
57 HORDELALAY Pierre-C.  05/01/1989  175  75  Mantes            Reims        FRA-2   30  21  18  39   90'
71 PIVRON Victor         23/01/1993  188  91  Gap               Lugano U20   FRAjr   34   0   4   4   20'
88 BENCHABANE Kévin      08/10/1988  182  68  Épinal            Épinal       FRA-1   40   1   2   3    2'
92 KURALT Anze           31/10/1991  175  80         (Slovène)  Triglav      AUT-2   21  15  11  26   51'
                                                                Herning      DAN-1   12   4   6  10   12'

Entraîneur : Raphaël Marciano, 51 ans.

Partis : Alex Stein (entraîneur, Angers), Gabriel Girard (G, 89,1%, Rouen), Stéphane Gervais (D, 7+22, Grenoble), Rémi Colotti (D, 0+0, Annecy, FRA-2), Danick Bouchard (A, 33+29, Amiens), Sébastien Gauthier (A, 10+39, Dijon), Benjamin Casavant (A, 17+15), Élie Raibon (A, 1+4, Lyon, FRA-2).

 

Revoir la présentation 2012/13

 

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