Bilan de la Ligue Magnus

 

La page du championnat de France 2014/15 de Ligue Magnus

 

Premier : Gap - Le début d'une nouvelle ère ?. En Ligue Magnus, les Rapaces de La Blache ont définitivement une trajectoire déroutante. L’équipe des Hautes-Alpes, qui a notamment connu la Division 1 dans la période 2007-2009, se veut pourtant ambitieuse et a la volonté de renouer avec sa gloire passée. Pierre par pierre, le projet a pris forme, et tout y passe : après l’immobilier et la remodélisation totale de l’ancienne patinoire Brown-Ferrand en Alp’Arena (2012), l’intersaison 2014 a fait place à un sérieux lifting d’effectifs… le tout à la sauce locale, qui l’eût cru ?

Car c’est un évènement dans la petite histoire de la Ligue Magnus, la première acquisition des Rapaces pour cette saison n’est autre que Luciano Basile, le coach emblématique du rival voisin, que l’on aurait imaginé statufié à René-Froger pour son titre de champion de France, ou à défaut partout sauf à Gap ! Mais comme le sorcier ne fait jamais les choses à moitié, il a emmené dans ses bagages pas mal de ses Diables de soldats, et pas des moins expérimentés en élite : Trabichet, Frecon, Rohat, Golicic, mais aussi Bertrand et Chapelier, rien que ça ! Le recrutement ne s’arrête pas là, et on ne sait si le fantasmatique « carnet d’adresse de Basile » y est réellement pour quelque chose mais l’équipe revêt une sacrée allure sur le papier : Nicholas Pard (Brest) et Kévin Da Costa (Caen) pour le marché français, et bon nombre de Nord-Américains. Le poste de gardien est attribué au Canadien Charles Lavigne. La défense se voit renforcée par les arrivées de Matt Wahl, Brett Bartman, Ryan Ruikka ou encore Chad Langlais, qui a fait forte impression pour sa saison en élite britannique. L’attaque repose sur bon nombre de reconductions (Valchar, Vondracek, Perez, Arrossamena…) mais on attend également beaucoup de Gabriel Levesque (qui ne fera finalement qu’un passage express) et de Matt Carter qui arrive d’ECHL.

Le parcours des Rapaces cette saison a été riche en évènement de toutes sortes. Il démarre par le besoin de réguler l’effectif quand Levesque quitte les Hautes-Alpes après 5 rencontres, et après la longue indisponibilité de Ruikka pour blessure. Un peu plus tard, l’attaquant Karel Richter et le défenseur Dominik Kramar viendront compléter les lignes, alors que certains jeunes joueurs ont fait la transition. La victoire inaugurale face aux Dragons de Rouen (4-3) aurait dû placer l’équipe sur des bons rails, mais saison après saison, la formation peine dans les débuts de championnats : 3 défaites plus tard, et Gap pointe à la onzième place après 4 journées. Fort heureusement pour les Rapaces, ce petit passage à vide n’est que passager, et les Rapaces pointent à la quatrième place du classement à l’issue de la phase aller.

Le club a alors affaire à un inattendu rebondissement : le Canadien Matt Carter, largement meilleur pointeur de l’équipe, est contrôlé positif à l’éphédrine au terme du déplacement à Rouen. Le joueur explique que cette substance se trouve au sein de son traitement contre l’asthme, et on parle alors de « négligence », mais il se retrouve suspendu jusqu’à nouvel ordre de toute compétition par la fédération. Un coup dur pour les Rapaces qui perdent leur joueur le plus en réussite offensivement… mais cela n’a aucun effet néfaste sur les résultats du club, au contraire ! Les Gapençais enchaînent 9 succès de série parmi lesquels Angers (2-1), Briançon (2-1 a.p), Chamonix (1-3) ou Grenoble (3-1). Les Rapaces accèdent à la deuxième place à un point justement de ce leader à l’issue de la 22e journée. Ayant assuré la place dans le Top 4, Gap perd toutefois lourdement à Amiens lors de la dernière journée (5-0) et termine finalement troisième du championnat. Plus gênant encore, c’est dans cette rencontre que le portier Charles Lavigne se blesse aux adducteurs et met un terme à sa saison, privant les Rapaces d’un premier gardien à l’aube des play-offs.

Qu’à cela ne tienne, à chaque problème sa solution ! Qualifié directement pour les quarts de finale, le club assiste à l’élimination des Chamois de Chamonix au premier tour face à Dijon. Chamonix a un gardien talentueux en la personne de Clément Fouquerel, et il serait dommage de le laisser partir en vacances quand on a soi-même besoin d’un gardien. Les Rapaces obtiennent le prêt du Normand, le 12e gardien sous contrat avec Gap en trois saisons (un record absolu), et peuvent aborder cette campagne plus sereinement. Cette campagne qui débute face aux Gothiques d’Amiens, un adversaire difficile à cerner mais au jeu en configuration play-offs pouvant poser de sérieux problèmes à leurs adversaires. Dans cette série l’avantage de la glace vaut de l’or : Gap remporte les matchs 1 et 2 sans trembler (6-2, 3-1). En Picardie, les Rapaces ont la volonté de terminer directement le travail, mais le but de Quentin Fauchon en prolongations (4-3 a.p) contraint au match du lendemain, où ils n’auront guère plus de succès (3-1). Retour donc à la maison pour un match décisif qui sera pleinement maitrisé, avec notamment un blanchissage pour Fouquerel (3-0).

Les demi-finales donnent l’occasion d’une situation inédite dans l’histoire de la Magnus, puisqu’en affrontant les Ducs de Dijon, tombeurs surprises de Grenoble, le transfuge de Chamonix affronte dans la même campagne de play-offs une deuxième fois la même équipe. Et les Rapaces conservent la dynamique : à l’Alp’Arena ils remportent les deux premières rencontres de la série (4-1, 3-2). Dans cette série en quatre manches gagnantes, l’objectif du double déplacement en Bourgogne est d’aller chercher au moins une victoire pour s’offrir une sérieuse option. Ce ne sera pas pour le vendredi (défaite 3-0), mais pour le samedi, et avec la manière de surcroît (2-6). Reste alors à boucler la série avec plusieurs balles de match en poche. Le plus tôt sera le mieux et il ne faudra qu’un petit but de Teddy Trabichet (1-0) pour envoyer les bleus et noirs vers leur première finale.

Une surprenante finale qui les oppose au Gamyo d’Épinal, avec un avantage de la glace qui aura particulièrement servi depuis le début des play-offs. Mais l’adage « jamais deux sans trois » ne se vérifie pas, et le premier round est perdu pour Gap (2-3). La situation est délicate, il ne faut pas qu’elle le devienne plus encore et les Rapaces s’y emploient le lendemain en disposant facilement des Vosgiens, notamment grâce à un spectaculaire but de Paul Schmidt qui va faire le tour de la planète hockey (9-0). La marge de manœuvre est serrée, et il serait bien vu d’enlever une victoire en déplacement pour au moins remettre les compteurs à zéro. Mais portés par la verve populaire, les Spinaliens ne tremblent aucunement à la maison (8-2, 3-2) et se trouvent à une victoire de la coupe Magnus. L’état d’urgence est décrété chez les Hauts-Alpins, qui n’ont plus le droit à l’erreur face à une formation en pleine confiance. Mais le hockey a cette spécificité de voir ces scenarii tenir parfois à un fil, et ce match le prouve. Sur son petit nuage, Épinal pousse et domine largement des Gapençais à deux doigts de craquer. Et puis le tournant : il reste une seconde à jouer dans ce tiers-temps quand les Rapaces en souffrance profitent d’un minuscule relâchement adverse pour égaliser. Dans ces conditions, à cet instant de la série, ce but est une inespérée bouteille d’oxygène pour Gap, et quelque chose le fait déjà dire aux passionnés sur cette pause. Les Rapaces reviennent sur la glace avec d’autres intentions et remportent finalement ce match (3-1) qui semblait leur échapper totalement. On range la coupe et on attend alors le déplacement à Épinal, toujours en position de force dans la série avec la possibilité de s’octroyer le titre à la maison. Mais quelque chose a réellement changé. La confiance a basculé du côté de la montagne, Gap égalise dans la série et pousse au match décisif à la maison. Une rencontre que les locaux vont prendre à leur compte. Les Spinaliens courront après le score durant toute la partie. Gap remporte le match (5-3) et la Ligue Magnus par la même occasion, le premier titre de champion de France depuis 1978. Luciano Basile entre dans l’histoire de la Ligue Magnus comme le premier entraîneur à soulever la coupe avec deux équipes différentes. Les Rapaces se voulaient ambitieux, ils sont allés au bout de leurs ambitions. Avec ce titre à conserver, une présence en CHL la saison prochaine, tout le travail résidera à présent dans le fait de pérenniser le club au plus haut niveau du hockey français dans le futur. Pas une mince affaire tant la concurrence est rude…

 

Deuxième : Épinal - Une seule et unique…. Une seule et unique… victoire ! Au terme d’une saison des plus longues, c’est bien ce qu’il aura manqué au Gamyo pour connaitre le bonheur ultime. À quelques encablures de LA sensation de l’année, ce qui était totalement inimaginable quelques semaines auparavant.

Qu’on le veuille ou non, c’est bien Épinal qui a alimenté la majeure partie des débats entre passionnés en cette saison de Ligue Magnus. Et tout cela a même débuté en coulisses avec le « Gamyo - an 1 », l’avènement du naming d’une équipe pour la première fois dans l’histoire du hockey français. S’il ne convient pas ici de refaire l’historique du projet, précisons toutefois que cette première en France a largement dépassé le cadre d’un simple nom accolé : pour le hockey majeur à Épinal, les Dauphins ont véritablement laissé place à une entité propre. Une entité qui s’affiche, qui se remarque. C’est tout un design qui est repensé de A à Z. Le Gamyo c’est un nom mais c’est aussi un logo, qui dépoussière les standards. C’est une couleur qui a vocation à ne surtout pas passer inaperçue… C’est un ensemble de choses qui porte à croire que le hockey est ici passé dans une nouvelle ère, et que c’est peut-être vecteur de bien plus à échelle du hockey national.

Les Spinaliens ont donc réalisé une impressionnante campagne de play-offs, nécessitant une force de caractère impressionnante pour enchaîner des rencontres au paroxysme de l’intensité. Un état d’esprit "guerrier" répondant parfaitement aux attentes de Philippe Bozon, artisan qui aura su mettre à profit une intéressante profondeur de banc en des alignements garnis en cours d’exercice par l’arrivée de Vojtech Kloz et le prêt de Nicolas Leonelli. Deux renforts ayant permis aux Gamyo d’adopter un jeu à quatre lignes tout au long de la saison. D’aucuns diraient qu’il s’agit ici d’un détail, mais c’est clairement ce qui aura fait toute la différence en play-offs, et gageons qu’un tel parcours n’aurait pu être réalisé sans cette grande possibilité de turnovers.

L’histoire prend parfois des contours bien singuliers, et la présence de ce coach sur le banc spinalien était pourtant loin d’être acquise : le staff vosgien avait initialement jeté son dévolu sur l’entraîneur américain Dan Brooks, avant d'apprendre que ce dernier avait signé un autre contrat avec le club suisse de Berne. Un comportement moyennement apprécié par les deux formations, au point qu’il se retrouva sans contrat du tout. Reste qu’à Épinal il fallut parer à cet imprévu, et si l’écho du choix finalement fait fut retentissant dans le petit monde du hockey français, il n’en demeure pas moins logique : non reconduit par la fédération après sa saison passée à la tête des U20 français, le Boz’ aspirait à relancer une carrière d’entraîneur à ce jour sans éclat. S’il ne put véritablement marquer de son empreinte ses passages à Lugano (LNA) et Sierre (LNB), l’ex-NHLer aura su imposer sa griffe à Poissompré, gagnant le cœur des supporters, l’estime de ses joueurs et la reconnaissance de ses dirigeants.

L’homme porte des valeurs solides dans ce sport, il eut l’occasion de le prouver maintes fois durant sa fantastique carrière de joueur. Ce ne fut donc pas sans bonheur que les supporters spinaliens eurent l’occasion de constater qu’à présent entraîneur, il était toujours empreint de ces valeurs qui firent sa force. Ce coach exigeant a pourtant découvert un univers à des années-lumière de ce qu’il connut auparavant. Un mode de fonctionnement très particulier au sein d’un club n’étant jamais parvenu à instaurer une vraie continuité sur le banc (neuf entraîneurs différents sur ces dix dernières années). Son tempérament de feu fit parfois grincer quelques dents (un corps arbitral qui a souvent subi les foudres de son exaspération, ou même au sein de ses propres dirigeants avec qui il fut parfois en froid, ce qui s’est d’ailleurs particulièrement ressenti ces dernières semaines à l’annonce de son départ), mais son travail aura fini par porter ses fruits, malgré l’échec dans la dernière ligne droite. Un exemple parmi d’autres de sa touche portée sur cet effectif : la solidarité dans ce groupe qui ne s’est désuni à aucun moment, et ce même lorsque les défaites s’accumulaient entre la mi-novembre et la fin janvier.

Cette saison spinalienne ne pouvait décidément pas rester dans la normalité et la quiétude d’esprit : le soufflé, né d’un début de saison canon (trois victoires et une forte impression face aux adversaires de haut vol), s’est donc accompagné d’une spectaculaire dégringolade au classement, au point que l’équipe aura à la fois connu la tête du classement et la dixième place, au soir de la 21e journée. Seulement l’avènement des play-offs est bien souvent considéré comme une « nouvelle saison » qui débute, et ces longues semaines d’insuffisances et d’irrégularité ont été balayées d’un revers de main par des séries étonnement réussies, portées par un état d’esprit irréprochable. Après avoir franchi l’écueil strasbourgeois, les Gamyo réalisèrent le double exploit d’éliminer successivement Rouen, puis Angers. Sur cette lancée, les Spinaliens ont même mené 3 à 1 contre Gap en finale, avec un scénario dans le cinquième match digne d’une « balle de match » au tennis, mais le hockey est ainsi fait que les Rapaces renversèrent définitivement la tendance.

Épinal échoua si près du but, sans parvenir à remporter la victoire qui lui fallait pour se hisser au sommet du hockey français. « L’histoire du sport ne retient que les vainqueurs », paraît-il… On peine toutefois à imaginer que les passionnés français puissent oublier rapidement les aventures de cette folle équipe au maillot orange.

 

Troisième : Angers - Une saison de déception(s). Les Ducs ont entamé la saison 2014-2015 avec un statut de vice-champion de France et de vainqueur de la Coupe de France, mais sans deux joueurs emblématiques qui retournent dans leur Québec natal. Le capitaine Jonathan Bellemare, aux statistiques époustouflantes (395 points en 255 matchs de saison régulière en Ligue Magnus / 92 points en 82 matchs de play-offs) en 10 années de bons et loyaux services, laisse un énorme vide dans le vestiaire angevin et au sein du club en général. Après 7 saisons passées sur les bords de Maine, son compatriote Éric Fortier repart auréolé d'un titre de Champion de France (2006 avec Rouen) et d'une Coupe de France (2014 avec Angers). Une troisième perte vient s'ajouter aux deux précédentes. Le portier international Florian Hardy se voit proposer un contrat par l'EHC Munich, équipe du très relevé championnat allemand (DEL). Autant dire que le recrutement s'avère très important afin de combler le départ de ces 3 cadres. Le choix du staff angevin se porte sur des Canadiens aux CV plutôt impressionnants.

Le poste capital de dernier rempart est confié à l'expérimenté Jean-Sébastien Aubin. Après avoir roulé sa bosse dans la prestigieuse NHL (218 matchs), il arrive d'Italie où il fut élu meilleur gardien du championnat en 2013-2014. À l'avant, Yannick Tifu a obtenu son premier contrat en Europe après un parcours plutôt brillant, essentiellement en ECHL (troisième ligue Nord-Américaine). Le Capitaine de Reading cumule tout de même 498 points en 460 matchs dans ce circuit. L'attaque est complétée par Guillaume Lefebvre qui arrive de la ligue autrichienne. Passé par la NHL (39 matchs) et surtout par l'AHL (416 matchs) pour "muscler" quelque peu le jeu des Ducs. Sébastien Bisaillon arrive de Briançon avec son titre de Champion de France et s'annonce comme le patron de la défense. Angers a tout de même réussi à conserver quelques joueurs majeurs (Tim Crowder, Johan Skinnars, Brian Henderson et Julien Albert à l'attaque / Michael Busto à l'arrière).

La saison s'annonce donc bonne puisque, sur le papier, Angers semble disposer des armes suffisantes pour la conquête du Graal hexagonal. À cela s'ajoute des ambitions certaines afin de bien figurer en Coupe d'Europe (Coupe Continentale). Mais les Ducs doivent faire face au départ inattendu de leur entraîneur Simon Lacroix, pour raisons personnelles. Le coach franco-canadien prend du recul dans l'organigramme et laisse sa place sur le banc à l'entraîneur adjoint (Tomas Baluch) dans un premier temps. Ce dernier ne restera que quelques jours seul à la barre du navire angevin puisque les rênes de l'équipe seront confiées au Canadien Réal Paiement, bien connu des circuits universitaires outre-Atlantique.

L’exercice peut enfin commencer. Les résultats sont plutôt là même si les prestations sont, dans l'ensemble, poussives. Il faut dire que l'arrivée tardive de Réal Paiement n'aide pas à la cohésion et à l'assimilation des schémas de jeu. À cela il faut ajouter deux autres facteurs : Des prestations plutôt moyennes de leur gardien vedette (arrivé en Anjou quelque peu hors de forme) et le départ précipité de Sean McMonagle, une des recrues défensives (remplacé par Lauri Lahesalu 2 mois après le début du championnat).

Mais Angers tient son rang en étant en haut du classement et en se qualifiant assez facilement pour les quarts de finale des deux coupes hexagonales. Mais l'aventure dans ces deux coupes va s'arrêter prématurément pour les Ducs. Battus à Briançon (5-2) en quart de finale de la Coupe de France, les Angevins ne conservent donc pas leur titre. La Coupe de la Ligue s'arrête également brutalement en quart de finale (humiliés 9-2 à Épinal au match aller et défaits 4-2 au match retour à Angers).

Dans la grisaille des coupes françaises, il faut noter la qualification pour la Finale de la Coupe Continentale. Une belle 3e place viendra conclure leur parcours européen lors du "final four" à Bremerhaven (Allemagne). En Ligue Magnus, le bilan de la saison régulière est correct avec une qualification directe pour les quarts de finale de Ligue Magnus. Après une série nette et sans bavure contre Briançon (3-0), les hommes de Real paiement buttent sur l'équipe surprise de ces play-offs : Épinal. Les Ducs sont logiquement vaincus au match 7 par une vaillante équipe spinalienne.

Hormis un parcours européen plutôt conforme aux attentes, force est de constater que le bilan de la saison est plutôt décevant. Un manque de stabilité récurrent dans le club, associé au départ d'éléments majeurs de l'effectif n'ont pas permis aux Ducs d'atteindre leurs objectifs. Real Paiement a tout de même été confirmé comme coach de l'équipe première pour la prochaine saison. Associé à Simon Lacroix (Directeur Sportif du club), il a la mission de bâtir une équipe solide, capable de gagner des titres.

 

Quatrième : Dijon - Deux saisons en une. Pour la première fois sous l'ère Tolvanen, Dijon s'était hissé en demi-finale lors du championnat 2013-2014. Les espoirs pour la saison 2014-2015 étaient, de ce fait, des plus élevés. Entre la prolongation de cadres comme Buysse ou Quessandier, le retour de Martin Gascon, et les arrivées annoncées d'Ilpo Salmivirta ou des jeunes Rech et Gutierrez, tous les voyants semblent d'ailleurs au vert. Aligné sur la première ligne aux côtés de Salmivirta et Gascon, Anthony Rech balaie la pré-saison d'une facile moyenne d'un but par match. La qualification pour les quarts de finale de coupe de la Ligue ne pose pas plus de problèmes - bien aidée, il faut le reconnaître, par la présence dans le groupe de l'équipe U20 - mais également émaillée de convaincantes victoires contre Morzine et Chamonix.

À l'issue de la septième journée de championnat, les Ducs pointent en tête. Une place qu'il ne viendrait à l'esprit de personne de remettre en cause, surtout combinée à l'exploit d'obtenir un nul dans le premier match de quart de la Coupe de la Ligue, à Pôle Sud, chez l'épouvantail grenoblois. L'attaque est en place, plus efficace que la saison précédente, et la défense fait bloc devant un Buysse déjà pierre angulaire des réussites bourguignonnes. Seule la lourde défaite contre Rouen à l'île Lacroix - un cinglant 7-4 - fait tâche, mais même là, Dijon peut avoir la satisfaction de voir le jeune défenseur Arthur Montenoise prendre ses responsabilités, pour une première saison en Magnus. Sans compter l'invincibilité des Rouennais à domicile.

La défaite 5-0 à Gap aurait peut-être dû servir d'alerte. L'addition est lourde, mais nous sommes juste avant la trêve, et les Rapaces peuvent compter sur un nouvel entraîneur qui n'a plus grand-chose à prouver. Non, le grain de sable qui vient gripper la machine dijonnaise, c'est la semaine de reprise, qui met les Ducs sur les genoux. Trois matchs à domicile, et autant de défaites ; les victoires contre Grenoble passent si près que la déception se lit sur le visage de tous, joueurs comme supporters. L'élimination de coupe de la Ligue est particulièrement douloureuse : Dijon, qui n'a jamais atteint le stade des demi-finales dans cette compétition, avait pourtant mis tous les atouts de son côté en arrachant le nul à l'extérieur. Après la coupe de France échappée dès le premier tour à Lyon, Dijon ne se retrouve donc plus qu'avec un seul tableau sur lequel jouer.

Mielonen enchaîne les blessures, Quessandier passe à la trappe pour la troisième année consécutive. Rech a disparu, les lignes semblent bancales. L'attaque est effroyablement peu prolifique. La chance a quitté les Dijonnais, et tous les matchs gagnés l'année précédente par un but d'écart se perdent cette saison. Les Bourguignons ont également le plus grand mal à finir les rencontres, laissant par exemple filer une avance de trois buts, à Trimolet, contre les Dragons.

Dijon agonise, contemple de tout près le gouffre des play-down ; les supporters eux-mêmes perdent la foi. La qualification en play-offs relève presque de la chance, et, très logiquement, personne ne donne cher de la peau des Ducs, qui affrontent au premier tour des Chamois plus réguliers, et une nouvelle fois bien classés. Surprise. Stupeur, même. Dijon balaie Chamonix en trois matchs secs. Aucun d'entre eux ne s'est terminé dans le temps réglementaire, et les Bourguignons dévoilent alors leurs deux cartes maîtresses : un esprit de guerriers, et - surtout - Henri-Corentin Buysse. Le gardien amiénois, qui aura été partout cette saison, se transcende et permet coup sur coup des victoires aux tirs au but (4-3 et 4-3) puis en prolongation. Quand Grenoble, qui a si peu réussi aux Ducs en saison régulière, se profile à l'horizon, l'optimisme n'est pas plus de mise : avec des victoires à l'arrachée au premier tour de play-offs, comment imaginer se sortir d'une série contre le champion de saison régulière ?

Grenoble remporte d'ailleurs les deux premières rencontres, à domicile, sur un score certes serré (à chaque fois, un but d'écart) mais néanmoins… Le moral n'est pas très haut quand la série se déporte à Trimolet, même si l'élimination de Chamonix au premier tour a redonné du baume au coeur. Et vient la revanche de 2012, où, à l'issue d'un parcours idéal en saison régulière, les Ducs s'étaient cruellement fait sortir par les Brûleurs de Loups après avoir mené 2-0 dans la série. Les demi-finales sont atteintes au bout du bout de l'effort, aux tirs aux buts.

Même contre Gap, les Ducs signeront un exploit personnel, en gagnant pour la première fois un match de demi-finale, après s'être fait sortir sèchement en 2006, puis en 2014. Difficile, dans ses conditions, de réellement juger la saison des Ducs : faut-il s'attacher uniquement au classement final, ou considérer également la manière, et entre autre la façon dont les Dijonnais ont échappé de peu aux play-downs ? Il est certain que pour la saison prochaine, une telle performance en saison régulière ne sera pas permise.

 

Cinquième : Grenoble - Sur un coup de sang. Après la déception de la saison précédente (élimination au premier tour des play-offs par Gap après une saison régulière terminée à la 5e place), les Brûleurs de Loups ont décidé de tout changer… ou presque. Exit Tomasini le manager et Dufour l’entraîneur (recasés dans le centre de formation), place à Richard Martel, entraîneur expérimenté et réputé dans le Junior Majeur québécois, en provenance directe de Suède où il coachait au troisième échelon. Dans ses bagages, Martel apporte des idées nouvelles mais aussi quelques joueurs au CV intéressant, croisés au Québec (les défenseurs offensifs Jalbert et Roberts) ou en Suède (le gardien Zajkowski et l’attaquant de soutien Gustafsson). Mais les Brûleurs de Loups ont également décidé de mettre le « paquet » en attaque avec le recrutement du meilleur pointeur du dernier championnat (Danick Bouchard) et d’un joueur étoile, passé par la NHL, Eric Chouinard, que Martel s’empresse de désigner capitaine. Comme la plupart des cadres sont restés (exception faite du nouveau retraité Amar et de Charland parti à Rouen), Grenoble s’apprête à vivre une saison extrêmement prometteuse.

Et après quelques réglages en coupe de la ligue (deux défaites en trois journées), les Brûleurs de Loups atteignent vite un rythme de croisière plutôt impressionnant. Après une défaite à Chamonix lors de la deuxième journée (3-0), les hommes de Martel enchaînent pas moins de 11 succès consécutifs en Ligue Magnus auxquels s’ajoutent cinq victoires et un match nul en coupe de la ligue et deux victoires en coupe de France. Et lorsqu’Épinal finit par faire tomber l’ogre grenoblois le 2 décembre après 19 matchs d’invincibilité, Grenoble décroche quand même son ticket pour la finale de la coupe de la ligue à Méribel. Une finale remportée à l’arrachée face à Rouen après un match énorme de Zajkowski. Un trophée qui récompense un magnifique début de saison et surtout met fin à quatre ans de disette depuis la dernière coupe de la ligue remportée lors de la saison 2010-2011.

Par la suite, les Brûleurs de Loups se sont montrés plus « humains » avec une élimination en quart de finale de la coupe de France par Gap et une avance en tête de la Ligue Magnus qui fond au fil de résultats en dent de scie. Au point de se faire doubler par Rouen après une défaite (3-1) à l’Ile Lacroix en janvier. Mais les Dragons se font battre à Brest dans la foulée, les Brûleurs de Loups reprennent leur bien pour cette fois ne plus le lâcher. Malgré cette première place de la saison régulière, les Grenoblois n’ont pas toujours donné l’impression de dominer leur sujet, se laissant parfois copieusement dominer et s’en remettant à leur gardien Zajkowski et à leur défense pour arracher des succès souvent bien étriqués. C’est tout le paradoxe d’un leader qui aborde les play-offs avec l’impression de chercher encore son jeu.

Pourtant lorsque Dijon se présente à Pôle Sud lors des quarts de finale (pour lesquels Grenoble est qualifié directement pour la première fois depuis six ans !), pas grand monde ne donne une chance aux Ducs, qui ont évité de justesse les play-downs avant de battre sans complexe Chamonix en 3 manches au premier tour. Et après deux rencontres gagnées d’un petit but, Grenoble semble suivre son plan de route vers les demi-finales. Mais rien ne se passe comme prévu en Bourgogne. Ballotés physiquement depuis le début de la série, les Brûleurs de Loups s’inclinent à deux reprises sur la petite glace dijonnaise. Au-delà de la simple défaite, le match 4 laisse des traces : après avoir perdu Petit au début de la série, Grenoble voit son gardien Zajkowski quitter ses partenaires au troisième tiers, sonné après un brassage devant sa cage. Furieux de perdre son atout maître dans une série qui change de physionomie, Martel, en l’absence de réaction de ses joueurs, envoie le jeune Scolari en « expédition punitive » contre le gardien dijonnais, Buysse. Une décision impulsive à chaud qui vaut quelques points de suture à Scolari, corrigé abusivement par Dame-Malka, et… un licenciement à Martel, congédié le lendemain et suspendu huit mois par la fédération. En roue libre et avec le retour de Dufour aux commandes, les Brûleurs de Loups s’inclinent aux tirs au but lors du match 5, terminant ainsi prématurément leur saison.

Dans cette série face à Dijon, les Brûleurs de Loups ont tout perdu. Les illusions de leur début de saison et leurs rêves de coupe Magnus, mais aussi leur entraîneur, Richard Martel, celui du renouveau qui avait ranimé la flamme des supporters grenoblois un soir de décembre à Méribel. Dès lors, la saison de Grenoble ressemble à un immense gâchis. Comment une équipe si rayonnante à l’automne a-t-elle pu connaître une telle sortie de route ? Certes l’inefficacité offensive récurrente (Grenoble était souvent copieusement dominé dans le jeu) et le manque de présence physique en défensive ont souvent été pointés du doigt. Et on peut penser que les play-offs ont finalement servi de révélateur… Alors que Martel semblait vouloir s’inscrire dans la durée à Grenoble après une année de découverte de la Ligue Magnus, il faut désormais tout reprendre à zéro avec un nouvel entraîneur extérieur au club, Edo Terglav (qui a joué sous les ordres de Martel), appelé à former un duo avec Dufour, de retour au premier plan, et un grand ménage du côté des joueurs… La bonne formule pour voir enfin la sortie du tunnel ?

 

Sixième : Rouen - Une saison courte, très courte, trop courte. Sur le chemin du redressement économique, à cause d’une demi-finale perdue à Angers en 2014, le RHE76 enregistrait sept arrivées à l’intersaison. Nicola Riopel devant la cage, l’artiste Patrick Coulombe et le sanguin Wes Cunningham à la ligne bleue, le buteur désenchanté Francis Charland, le généreux Maxime Lacroix et les rapides Daultan Léveillé et Dan Koudys en attaque pour compenser neuf départs (Girard, Guren, Tavzelj, Lahesalu, Vas, Riendeau, Rech, Gutierrez et Stefanka), le tout sans que Rouen ne renonce à ses ambitions sportives très élevées. Après un changement d’entraîneur et un jeu plus groupé, cela a bien fonctionné. Moins physique, moins expérimenté, la cuvée 2014/2015 du RHE76 a participé à deux finales ! à Méribel, en coupe de la ligue, le club haut-normand est tombé face à Grenoble (en ne jouant que les 40 dernières minutes). Puis, les joueurs des bords de Seine, ont remporté (en ne jouant que les 40 premières minutes), le « crunch » des plaines, contre Amiens, en finale de coupe de France, pas à Bercy, mais à Marseille, ce qui n’a pas le même cachet.

Les abonnés de l’île Lacroix ne peuvent pas se plaindre des résultats à domicile. Même avec Rodolphe Garnier à leur tête, les Dragons ont livré la marchandise en championnat au centre sportif du Docteur Duchêne. Rouen a rempli une fiche de 13 victoires sur 13 possibles. Ni Grenoble, en finissant premier, ni Gap le champion, ni Épinal le finaliste n’ont eu un aussi bon comportement dans leur patinoire. Le RHE a été spectaculaire, il a terminé avec la meilleure attaque de la ligue en inscrivant 121 buts en 26 matches. 20% de plus que l’offensive d’Amiens, la seconde du championnat ! Les Dragons terminent avec la quatrième défensive, malgré Nicola Riopel, troisième gardien au pourcentage d’arrêt, en encaissant 7 petits buts de plus que l’arrière-garde d’Angers, la meilleure de la ligue. Les jeux spéciaux ne disent pas le contraire. Le power-play rouennais a été le meilleur avec presque 28% de réussite tandis que le kiling-play a été le quatrième du championnat. Avec le meilleur pointeur (Julien Desrosiers, 47 points), le meilleur passeur (Julien Desrosiers, 38 assistances), le meilleur buteur (Francis Charland, 26 buts), le meilleur JFL offensif (Loïc Lampérier, 32 points) et le meilleur arrière offensif (Patrick Coulombe, 23 points) du championnat, Rouen n’aura pas réussi ses play-offs, échouant au premier tour malgré l’avantage de la glace, en quatre manches contre le futur finaliste, Épinal. Trois défaites d’affilée subies contre les Spinaliens. Une en prolongation et deux en séances de tirs aux buts. Peu de choses à chaque fois. Il a sans doute manqué aux Dragons un peu d’expérience, un peu de confiance, un peu de physique et un peu de caractère.

Des axes de recherche pour 2015/2016 ? Le bilan, postérieurement rempli d’honneurs et de succès, notamment en play-offs de ligue Magnus, des Dragons de Rouen pour la saison 2014-2015 est malheureusement le moins étoffé depuis plus de dix ans, depuis l’année Maurice Rozenthal. Cela, malgré une deuxième place acquise dans la phase régulière au terme d’une remontée au final opportuniste, après un début de saison calamiteux à l’extérieur qui a coûté son poste à l’emblématique entraîneur, Rodolphe Garnier, au quinquennal palmarès rouennais colossal (quatre titres de champion de France, une coupe Continentale, 1 coupe de France, 3 coupes de la ligue, presque 1 trophée sur deux remportés, participant à 15 finales sur 20 possibles). Une progression orchestrée par un duo de pompiers intérimaires, d’entraîneurs-coaches, Ari Salo - Guy Fournier, avec le renfort, à l’arrière du joker, Dany Groulx, qui pouvait laisser espérer un bien meilleur résultat qu’une accablante élimination au premier tour des éliminatoires.

 

Septième : Briançon - Des lendemains qui déchantent. Vainqueur de la finale 2014 de la Ligue Magnus, champion de France pour la première fois de son histoire, Briançon a eu du mal à digérer son titre. L'intersaison des Haut-Alpins démarrait avec un micro-séisme : le départ de Luciano Basile pour Gap, voisin et rival, après onze années passées sur le banc des Diables Rouges. Pire que tout, le technicien italo-canadien ne s'en allait pas seul. Il glissait dans ses bagages six joueurs sacrés sous ses ordres au printemps (le gardien Aurélien Bertrand, les défenseurs Teddy Trabichet et Loïc Chapelier, les attaquants Matthieu Frécon, Sébastien Rohat et Bostjan Golicic). Et la saignée ne faisait que commencer… Bisaillon, Kearney, Jestin, Quemener, Crowley… Peu à peu, c'est presque toute la colonne vertébrale de l'effectif briançonnais qui choisissait l'exil. Des cadres du groupe vainqueur de la Ligue Magnus, ne restait finalement qu'une poignée d'hommes : Florian Chakiachvili et le vétéran Viktor Szélig à l'arrière, les Canadiens Marc-André Bernier et Dave Labrecque à l'avant.

Briançon a donc dû quasiment tout reconstruire. Pour y parvenir, les dirigeants ont misé sur Edo Terglav. L'ancien international slovène, capitaine des Diables Rouges pendant six ans, était l'adjoint de Basile depuis 2011. Il connaît donc parfaitement la maison. Mais Terglav n'a jamais dirigé seul une équipe élite. Et ses recrues sont loin du niveau attendu. Le gardien américain Shane Madolora va mettre de longues semaines à trouver le bon rythme. L'attaquant Ian McDonald, lui, le cherche sans doute encore. En défense, les Diables Rouges attendaient beaucoup de Mathieu Gagnon. Le Québecois n'a été aligné qu'à quatre reprises avant de se blesser et de rentrer au pays. Bref, Briançon a vécu un début de saison galère. La CHL ? Zéro point marqué. La Coupe de la Ligue ? Une élimination dès la phase de poules. Le championnat ? Cinq revers lors des sept premières journées. Labrecque et Bernier, leaders ces dernières saisons de l'offensive briançonnaise ? Aux abonnés (presque) absents (19 points de moins en saison régulière par rapport à l'année précédente pour le premier, 22 points seulement au final pour le second).

Mais même au plus fort de la tempête, même à deux doigts de sombrer dans la zone rouge, Briançon n'a pas perdu son calme. Les Diables Rouges ont commencé par renforcer le groupe avec Michal Jeslinek, un Tchèque de 36 ans, débauché en Roumanie et venu plus pour allonger le banc que pour révolutionner l'attaque. Puis ils ont confié plus de responsabilités au jeune Norbert Abramov, 22 ans, révélation de la saison. Et le déclic a fini par se produire. Le 1er novembre à Strasbourg, Briançon s'est imposé pour la première fois du championnat en déplacement (3-6). Derrière, les Haut-Alpins ont enchaîné avec huit victoires d'affilée. La série a certes pris fin le 28 décembre à Angers (4-3). Mais elle a permis aux Diables Rouges de grignoter son retard, passant de la 10e à la 5e place du classement. Briançon n'a ensuite jamais pu faire mieux. Le champion de France a finalement échoué à 4 points du top 4 et manqué la qualification directe pour les quarts de finale pour la première fois depuis 2009.

Sa saison, Briançon aurait pu la sauver en play-offs. Las, au premier tour face à Brest, les Diables Rouges ont failli couler dans la rade. Qualifié sur le fil en cinq manches, le groupe haut-alpin n'a pas pu faire grand-chose en quarts de finale pour s'opposer à Angers, vainqueur de la confrontation en trois matchs (3-2 ap, 2-1, 1-2). Avec le départ de Basile, Briançon avait dû tourner une page de son histoire. Avec ceux de Terglav, Bernier, Labrecque et Chakiachvili, annoncés pour cet été, c'est cette fois-ci un chapitre qui se referme.

 

Huitième : Amiens - Poser des jalons pour le futur. Après deux éliminations consécutives au premier tour, Heikki Leime n’a pas été reconduit dans ses fonctions, lui qui, paradoxalement, n’aura réussi à convaincre les supporters qu’à son arrivée, avec un effectif qu’il n’avait pas construit. Son adjoint Santeri Immonen a également pris la porte. Pour remplacer le duo finlandais, les hautes sphères du HCAS misent sur un tandem franco-américain puisque Barry Smith vient prendre les commandes de l’équipe fanion avec pour adjoint Olivier Duclos, qui connaît très bien la maison amiénoise, lui qui est au club depuis 1996, tout en étant coach depuis 2003. Conséquence dans l’effectif 2014-2015 : aucun étranger dont le contrat est à échéance n’est prolongé. Seuls David Bastien et Ramon Sopko restent de la partie. Le recrutement semble prometteur avec des gabarits plutôt intéressant, amenant un jeu assez porté vers le physique et la rudesse. La seule réelle incertitude se situe dans les cages, où Sopko n’est pas en odeur de sainteté auprès du coach. Mitch O’Keefe, d’abord testé par Grenoble, viendra le remplacer suite à une blessure pendant la préparation.

Pour une mise en bouche, rien de mieux que de se frotter au champion de France en titre sur sa glace. Les Gothiques laissent une impression plutôt bonne et s’imposent 2-1 à Briançon en ouverture. La suite est en dents de scie puisque les Amiénois enchaînent des bonnes prestations ponctuées de victoires au Coliséum, tout en proposant des matches moyens à l’extérieur où ils finissent par s’incliner. La coupe de la ligue est rapidement à oublier, puisque, dans une poule assez relevée où figurent le rival rouennais et l’outsider spinalien, les Gothiques ne passent pas le premier tour, pour la deuxième année consécutive. Belle éclaircie dans le ciel picard assez morose des dernières années, les Gothiques parviennent à se qualifier pour leur première finale de coupe de France de leur histoire. Cette finale sera certes perdue, mais permet de raviver la flamme autour d’un club qualifié d’historique dans le hockey français. Hormis ce très beau parcours en coupe, les Amiénois connaissent une fin d’année 2014 et un début d’année 2015 très compliqués, en s’inclinant pas moins de 6 fois en 8 rencontres entre le 13 décembre et le 17 janvier. Cette série noire met vite fin aux ambitions de finir sur le top 4. Les Gothiques termineront toutefois la saison régulière en trombe, en enchaînant deux blanchissages à Caen (4-0) et face à Gap (5-0), de quoi aborder les play-offs avec le plein de confiance.

En séries éliminatoires, les Gothiques retrouvent pour la deuxième année consécutive les Pingouins de Morzine-Avoriaz-les-Gets au premier tour. Cette fois-ci Amiens ne joue plus à se faire peur, et remporte la série sans coup férir 3 matches à 0. En quarts de finale, ce sont les Rapaces de Gap qui se dressent sur la route amiénoise, mais cette fois la marche est trop haute, et les Gothiques s’inclinent 3 manches à 2 en terre gapençaise. Le parcours en play-offs est symptomatique de la saison amiénoise, où les hommes de Barry Smith auront été performants à domicile, en remportant les 4 matches joués au Coliséum, tout en étant maussades et sans réelle imagination en déplacement. La saison reste plutôt bonne. Certes il y aura eu une nouvelle déconvenue rapide en coupe de la Ligue, et un début de saison assez moyen, mais aussi la finale de la coupe de France, et le plutôt bon parcours en post-saison, avec une élimination sans rougir face au futur champion de France. Tous les espoirs sont donc permis pour la saison à venir.

 

Neuvième : Chamonix - Un départ classé sans suite. Après deux saisons régulières conclues dans le top 4, Chamonix était doucement rentré dans le rang en 2013/2014. Les Haut-Savoyards avaient fini la première phase loin du podium (9e) avant de s'éteindre doucement en play-offs dès les quarts de finale, éliminés en trois manches sèches par Rouen. Face à ce demi-échec, les dirigeants du CHC n'ont pas paniqué. Stéphane Gros, au club depuis 2009 et élu entraîneur français de l'année à deux reprises (2007 et 2012), a vite été reconduit dans ses fonctions. Le technicien n'a pas non plus bouleversé son équipe. Clément Fouquerel en est resté le gardien numéro 1. La plupart des jeunes du cru (Jérémy Arès, Mathias Terrier, Clément Colombin…) ont été prolongés, tout comme les tricolores plus expérimentés, à l'image des leaders offensifs Laurent Gras et Clément Masson. Puisqu'il a quand même fallu procéder à quelques retouches, Mathieu Jestin et Sébastien Payette sont venus renforcer la défense après les départs de Brent Patry et Fabien Veydarier. En attaque, du trio Tremblay-Gadoury-Rubin chipé à Courbevoie un an plus tôt, seul le premier nommé a été conservé. Kevin Gadoury et Benjamin Rubin, eux, ont été remplacés par deux autres Québécois, Michaël Beaudry et Matthew Bissonnette, recrutés dans le championnat universitaire canadien.

Cette relative stabilité a permis à Chamonix de rapidement retrouver son habituel costume du trouble-fête de service. Le petit qui n'aime rien tant que chatouiller les gros a démarré sa saison par quatre victoires de suite, dont une face à Grenoble (3-0) et deux en déplacement (à Dijon et Brest). Mi-novembre, après dix journées et des succès face à Épinal (6-2) ou Rouen (4-3) notamment, les Chamois occupaient encore la 2e place du classement. Seulement, ce rythme de leader, le CHC n'est pas parvenu à le maintenir. Longtemps invaincus à domicile, les Haut-Savoyards ont fini par dévisser sur leur glace de Richard-Bozon le 23 décembre, face à Dijon (0-2). Déjà privé dès l’automne de Mathieu Jestin, victime coup sur coup de deux commotions cérébrales, Chamonix a en plus dû finir sa campagne sans son meilleur pointeur Julien Tremblay, touché aux vertèbres cervicales à six rencontres du terme de la saison régulière lors du derby face au HCMAG. Bref, le rush final n’a pas été simple à gérer pour le CHC, battu fin janvier par Angers (3-4), Rouen (3-2 ap) et Gap (1-3), et finalement 6e à 5 points du top 4.

Chamonix aurait pu se relancer en play-offs. Las, les Chamois n’y ont fait qu’une courte apparition. Opposés à Dijon lors du tour préliminaire, les Chamoniards ont lâché à domicile les deux premières manches aux tirs au but (3-4 à chaque fois). Puis ils sont de nouveau tombés, en prolongation cette fois-ci (3-2), lors du troisième acte disputé en Bourgogne. Une élimination en 1/8e de finale, on n’avait plus connu cela à Chamonix depuis le printemps 2011.

 

Dixième : Strasbourg - Assurer l'essentiel. Saison après saison, la capitale alsacienne forge sa réputation en Ligue Magnus d’équipe aux ambitions modestes mais capable de poser des problèmes aux grosses écuries de ce championnat. Pour franchir un cap, ou du moins parfaire cette faculté, l’effectif 2014-2015 nécessite des ajustements, car si des joueurs cadres sont restés (Marcos, Pardavy, Cibula, Trudeau, Hiadlovsky…), d’autres qui avaient joué un rôle important sont partis vers d’autres horizons, comme Dufournet à Nantes, Correia à Lyon, Cruchandeau à Morzine ou les arrêts de Lyall et Cesnek, pour ne citer qu’eux. Le marché est ouvert et la provenance des transfuges est presque exclusivement nord-américaine ! Ainsi l’Étoile Noire accueille les défenseurs Ben Danford, Ken Peroff et Matt Bruneteau, le polyvalent Jake Goldberg et l’avant Preston Shupe. Pour compléter son contingent JFL, Strasbourg récupère Pierre Bougé de retour en Élite et fait signer Jordy Anglés d’Anglet et Anthony Goncalves de Strasbourg.

L’entame du championnat est tout simplement excellente pour les Strasbourgeois ! 4 matchs, 4 victoires, il est vrai plutôt contre des adversaires de seconde partie de tableau, exception faite de Gap (1-4). S’en suivent trois rencontres face à des adversaires étant eux-mêmes partis sur des chapeaux de roues dans cette saison. Les hommes de Daniel Bourdages s’inclinent en prolongation à Épinal (3-2 a.p.) mais l’emportent face à Chamonix (3-2 a.p.). Ils conservent alors la tête du classement qu’ils cèdent la semaine suivante à Dijon (7e journée) en s’inclinant 5-2 en Bourgogne. L’état de grâce est alors passé et les semaines suivantes sont bien plus difficiles. Strasbourg ne l’emportera plus dans cette phase aller, et s’incline notamment de manière cinglante sur sa glace face à Amiens au soir de la 10e journée (4-11). À mi-saison, la formation alsacienne est rentrée dans le rang en dégringolant au classement, à la 11e places.

Il faut alors regarder vers le bas, et si les points remportés en début de saison sont salutaires, ils sont loin d’être suffisants quand débute la course au maintien. La phase retour débute par 2 victoires importantes face à Brest (2-0) et à Lyon (1-2). L’équation est telle qu’en continuant à prendre les points dans les confrontations directes, les Strasbourgeois se mettraient sans trop de pression à l’abri des play-downs. Ils n’y parviennent pas face au HCMAG (2-5) mais remporte un match important à Caen lors de la 18e journée (0-1). Ce soir-là l’Étoile Noire compte 5 points d’avance sur la 13e place, insuffisant mathématiquement mais gage de confiance pour la suite, bien qu’il faille encore affronter les cadors de cette phase régulière. Les derniers points seront pris face à Épinal (4-2), à Briançon (0-2) et à Amiens (1-2) dans une fin d’exercice moyenne pour les Strasbourgeois mais suffisante pour assurer sans trembler le maintien.

En terminant à la neuvième place, les Strasbourgeois héritent d’Épinal au premier tour des play-offs. Une série ouverte entre ces deux équipes séparées d’un point au terme de la saison, et des Spinaliens qui ont ravi l’avantage de la glace lors de la dernière journée. Sur sa glace de Poissompré, le Gamyo domine le match inaugural sur le score de 4-2. Strasbourg se doit d’aller enlever une victoire à l’extérieur pour passer la série, et s’y emploie le lendemain : à l’issue d’une rencontre serrée, Valentin Michel marque le but vainqueur pour les Alsaciens (3-4). L’Étoile Noire tient alors son destin entre les lames, et deux victoires à la maison seraient synonymes de quarts de finale. Seulement, de revanchards spinaliens ont d’autres projets et le match 3 est largement remporté par le Gamyo (2-6). À présent au pied du mur, Strasbourg a la volonté de ne pas achever sa saison sur deux défaites à la maison. Il faut attendre les tirs au but du 4e match pour voir Jake Goldberg arracher une rencontre finale à Épinal (2-1 t.a.b.). Tout se jouera donc de retour à Poissompré où l’Étoile Noire fait mieux que résister deux tiers durant, mais craque en dernière période. Épinal s’impose 6-2 et élimine Strasbourg.

L’Étoile Noire aura fait une saison honnête, en accord avec ses moyens. La force de cette formation réside en sa capacité à tout de même conserver une ossature basée sur de fidèles joueurs cadres, une pérennité qui devient rarissime en Ligue Magnus.

 

Onzième : Morzine-Avoriaz-Les Gets - Que ce fut mouvementé. En 2013-2014, nous avions quitté les Pingouins à l’issue d’une saison plutôt satisfaisante, qui prit fin en quarts de finale. Le club haut-savoyard souhaitait rester dans la même dynamique, et le travail débutait déjà en interne : structure « familiale » par excellence, le bureau du HCMAG prend acte de l’ambition de professionnalisation de la Ligue Magnus et décide de ne pas attendre les derniers instants pour y réfléchir, conscient que cela ne sera pas acquis d’avance. Le Club des 1000, visant à impliquer les plus fervents supporters et partenaires privilégiés à la gestion de la structure professionnelle, est instauré entre autres pistes de réflexion. Sportivement, si les cadres sont restés (le coach Tommie Hartogs, Papa, Gaydon et les Besson) et si le club a réussi le tour de force de conserver le convoité Andrew Hare dans les cages, les départs sont nombreux et c’est un effectif conséquent qu’il faut reconstruire. Les provenances sont variées, entre arrivées de joueurs de la Ligue et de D1 (Cruchandeau, Chabert, Martin, Chauvière, Casini) ou d’Amérique du Nord (Jason Gray, Dan Radke, Andrew Perreault, George Lovatsis qui ne sera pas conservé, ou le back-up français Benoît Niclot). On retrouve également le suédois Sebastian Arvidsson, le russe Artyom Valerko ou encore l’international belge Mitch Morgan. L’effectif est bouclé par la venue d’Edimbourg de l’expérimenté Michal Dobron, dont le transfert pour le Chablais avait été avorté l’été précédent, et de Peter Holecko.

Effectif bouclé ? La réalité de la glace va quelque peu contredire cette affirmation. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la ligne hélas la plus active une bonne partie de la saison fut composée de Patrice Viard, Julien Guiberteau et Florence Barthélémy, les médecins et kiné du groupe ! Le groupe n’aura jamais vraiment été au complet, et la première rencontre donne le ton d’un exercice qui sera semé d’embuches : si le HCMAG s’incline lourdement à Épinal, le résultat est finalement invalidé et l’équipe perd par forfait pour avoir fait participer des joueurs non qualifiés. En janvier, l’équipe se verra infliger un point de pénalité. Andrew Hare rapidement blessé, les Pingouins peinent à démarrer et doivent attendre le retour du portier canadien pour signer leur première victoire au terme de la 4e journée (2-1 face à Briançon). Elle sera suivie instantanément du premier succès en déplacement (1-2 à Brest), mais les problèmes physiques s’accumulent dangereusement. Cela touchera notamment Josselin et Numa Besson, Yoann Chauvière, Sébastian Arvidsson, Dan Radke, pour ne citer que les blessures longues car l’infirmerie se voit régulièrement garnie d’un ou deux joueurs supplémentaires. Avec « les moyens du bord », le staff tente d’apporter des solutions et recrutera en cours de saison deux renforts, l’attaquant tchèque Karel Hromas qui était libre, et à mi-saison le Canadien Kyle Bodie. Mais la réglementation en terme de JFL équipés est une donnée supplémentaire au problème, et cela obligera Tommie Hartogs à faire appel pour une présence ou deux à de nombreux jeunes du HC74 (Pepin, Fournier, Mugnier, Berger) et même en hiver au gardien Tom Mourin équipé en joueur de champ ! Même s’il fut un temps joueur en Division 3, c’est dire la délicatesse de la situation !

Après la phase aller, l’équipe pointe à la 13e place, synonyme de play-down à la fin de la saison. Très tôt la course au maintien est lancée face aux adversaires directs, le mode survie oblige l’équipe à prendre le maximum de points, d’autant plus avec le point de pénalité tombé. Avec un effectif de plus en plus complet pour la dernière ligne droite, les Pingouins maîtrisent les confrontations directes en disposant de Strasbourg en Alsace (2-5), de Brest (4-3), de Lyon (7-5) et de Caen (5-1) pour la dernière journée sans réel enjeu puisque le HCMAG avait déjà validé son objectif prioritaire de saison galère : le maintien. En ce début 2015, le club fait même mieux que cela avec des succès de prestige à Grenoble (2-3 après prolongations), face à Angers (2-1) et Rouen (4-3), excusez du peu… Avec 4 victoires à la maison pour finir la saison régulière, l’équipe a pleinement mérité son maintien et peut alors aborder les play-offs sereinement, puisqu’ils ne sont que bonus.

Hasard de la détermination des adversaires, les Pingouins du HCMAG retrouvent Amiens, une équipe qu’ils avaient éliminés la saison passée à ce stade de la compétition. Le scénario sera toutefois bien différent, face à des Gothiques convaincus d’avoir un effectif taillé pour briller dans ces play-offs, et la confiance qui va avec. Morzine-Avoriaz-les Gets entraîne les Picards en prolongation au match 1, mais rapidement Shawn Stuart offre la première manche aux locaux. Pas de suspense en revanche le lendemain où Amiens s’offre un blanchissage sans trembler, devant des Pingouins semblant particulièrement émoussés (4-0). Cyril Papa et les siens n’ont plus le choix s’ils veulent poursuivre l’aventure, cela passe obligatoirement par une victoire à la Skoda Arena. Seulement à l’ouverture du score rapide de Hromas répondent deux buts coup sur coup de Bastien et Stockton, puis Bastien à nouveau et Guillaume donnent un avantage de 3 buts à Amiens à l’issue du premier tiers. Les montagnards n’auront guère la possibilité de revenir. Ils s’inclinent 3-6 et sont éliminés en 3 manches sèches. Dans les travées haut-savoyardes, on s’accorde à dire que l’essentiel est ailleurs, même si l’ambition a toujours été le moteur de la formation. À l’aube de la professionnalisation de la ligue, Morzine-Avoriaz-les Gets a parfaitement conscience du chantier qui l’attend, reste à présent à trouver les moyens concrets de conserver une place pérenne sur le long terme en Magnus.

 

Douzième : Brest - Sur le fil du rasoir. Après une inter-saison incertaine, les Albatros de Brest ont finalement été maintenus en Ligue Magnus. Ce laps de temps où ils étaient à cheval entre la Ligue Magnus et la Division 1 n’a pas offert des conditions optimales de recrutement. Le principal chamboulement fut le remplacement de la redoutable doublette offensive David Croteau - Nicholas Pard par leurs compatriotes Benjamin Breault - Vikhael To Landry. Mais surtout, le gros pari du coach Sébastien Oprandi était le recrutement de Léo Bertein, jeune portier n’ayant jamais été d’incontestable numéro 1 à ce niveau. Enfin, le contingent JFL gagnait globalement en qualité avec les arrivées de Jason Crossman en défense et Jérémie Romand en attaque. Un effectif mieux armé sur le papier, bien décidé à obtenir son maintien au plus haut niveau par la voie sportive cette fois et si possible en disputant les play-offs. Le début de saison sera dans l’ensemble encourageant par les prestations, mais difficile en terme de résultat. La victoire 3-2 pour le premier match à domicile face aux champions en titre briançonnais laisse augurer certains espoirs. Hélas pour les Albatros, les défaites courtes et rageantes s’enchaînent : Chamonix (3-4 a.p), Amiens (5-3), Morzine (1-2). Une spirale négative qui fini par peser sur les Bretons pas vraiment récompensés par leurs prestations. Les défaites commencent à prendre de l’ampleur : 7-3 à Angers et surtout un piteux 6-2 infligé par le promu lyonnais sur la glace du Rïnkla stadium qui a affiché des affluences plutôt décevantes cette saison.

Malgré un beau parcours en Coupe de la Ligue qui les conduit jusqu’en quart de finale, les Brestois ne concrétisent pas en championnat, seule compétition qui compte pourtant afin d’assurer leur maintien. En Coupe de France, une nouvelle désillusion est subie avec une élimination face à une équipe de Division 1 comme en 2013. Cholet succède à Nantes dans le rôle de bourreau et profite d’une équipe brestoise vraiment fatiguée pour passer un tour supplémentaire. Globalement les points noirs des Albatros lors de cet exercice 2014-2015 peuvent être résumés ainsi : un bilan désastreux à l’extérieur (1 seule victoire en championnat), le moins bon penalty killing de la ligue (73,5 %) et surtout une incapacité à battre leurs adversaires proches au classement (Morzine, Lyon et Caen). Sur ce dernier point, la raison peut éventuellement se trouver dans le jeu pratiqué tout au long de la saison par Brest. Particulièrement rodé pour piéger un adversaire venu faire le jeu, le système de jeu brestois a été nettement moins efficace lorsque la différence de niveau entre les deux équipes était plus faible.

Derrière une montée en puissance impressionnante de Léo Bertein qui multiplie les exploits (et lui vaut un premier appel en équipe de France sénior ainsi que d’être élu MVP de la saison par les supporters locaux), Brest signe quelques succès retentissants en terrassant notamment Amiens (7-3) et Rouen (6-2). Ces quelques faits d’armes sont insuffisants pour sortir Brest de la zone rouge où les Albatros semblent définitivement enlisés après un désastre à domicile face à Caen (0-4) à deux journées de la fin. Dans le dur, le club nomme officiellement le capitaine Jaroslav Prosvic (blessé pour toute la fin de saison) comme assistant coach. Malgré tout, les Albatros décrochent une qualification in-extremis en play-off. Tout d’abord en obtenant leur premier succès de la saison à l’extérieur sur la glace d’Épinal (1-2) et en finissant le travail face à une équipe de Dijon en plein doute (3-1). Ces résultats, conjugués aux défaites caennaises et lyonnaises, propulsent Brest en phase finale face aux Diables Rouges de Briançon. Une équipe réussissant particulièrement bien à l’équipe bretonne. Le maintien déjà en poche et tout heureux de se retrouver à ce stade de la compétition, les Albatros sont sans pression et bien déterminés à jouer le rôle de grain de sable. Chose qu’ils font à la perfection en répondant à la défaite initiale 9-5 par un blanchissage inattendu (1-0) à René Froger. Briançon frôle le retour prématuré à la maison. Les Diables Rouges l’emportent d’extrême justesse le match 3 en prolongation (1-2 a.p) puis Brest fait durer le plaisir avec une victoire de haute volée (4-1) au match 4 s’offrant un match décisif. Les Bretons rendent finalement les armes dans la prolongation de l’ultime rencontre (3-2 a.p) non sans avoir offert une résistance exemplaire.

Un parcours sur courant alternatif, voilà comment pourrait se résumer cette saison brestoise. L’épopée de fin de saison fait de cet exercice 2014-2015 un beau succès sportif pour le club puisque le maintien a été obtenu. Il y a pourtant eu des moments difficiles et décevants. Les coups d’éclat obtenus face à Rouen, Angers ou Amiens rendent paradoxalement encore plus frustrantes les déconvenues face à Lyon, Morzine et Caen. En effet ils laissent entrevoir des capacités et un potentiel qui n’ont pas toujours été exploités. Sans le tir au but vainqueur de Yannick Tifu qui envoie Lyon en play-down, difficile de prévoir une issue de saison heureuse pour des Albatros qui auraient dû affronter un nouveau traquenard en play-down face à Caen. Il n’en a rien été mais les Bretons sont passés sur le fil du rasoir. Face à la réforme du championnat qui se profile, la marche sera encore plus haute l’an prochain.

 

Treizième : Lyon - Le promu résiste au choc. Dans la lignée des promus des dernières saisons, Lyon confirme que la marche entre Division 1 et Ligue Manus est importante. Pourtant les Lyonnais, après avoir dominé leur championnat la saison précédente, s'étaient imposé trois matchs à zéro en finale contre les Boxers de Bordeaux, avec un effectif qui semblait presque déjà taillé pour l'élite. Un peu contre le cours des choses, le staff décide de se séparer d'une partie de ses cadres, artisans de la montée, à l'image de Miroslav Kristin, Aymeric Gillet ou Alexander Olsson, dans une volonté de renforcer l'effectif. Sans doute certains joueurs paient-ils leur attitude hors glace. Tout d'abord, côté filet, Adrien Hervillard est remplacé par Landry Macrez, déjà backup à Morzine la saison précédente, et qui viendra seconder Matej Kristin, auteur d'une belle première saison en France. En défense, François Dusseau fait venir de Reims un de ses anciens joueurs, Victor Vitton-Mea, qui sera accompagné de deux pensionnaires de Magnus, Francis Meilleur en provenance d'Épinal, et Pasi Hirvonen en provenance de Gap. La défense est bouclée outre-Atlantique, à Las Vegas, d'où arrive Ben Parker. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Lyon profite des déboires financiers de Villard-de-Lans pour s'attacher les services de deux de ses attaquants, Jens Eriksson et Vincent Couture. À ces deux Ours s'ajoutent un Chamois, Kevin Gadoury, un pensionnaire de l'Étoile Noire, Julien Correia et un autre Nord-Américain, Dean Ouellet. L'effectif semble bien taillé pour le milieu de tableau, mélangeant joueurs de Magnus et anciens de D1.

Les gones font une belle préparation estivale, avec des victoires 7-3 face à Épinal et Grenoble au tournoi de Vaujany. La préparation précoce leur permet de bien entamer la saison, alors que d'autres équipes montent encore en puissance. Cette bonne entame permet à Lyon d'afficher 4 victoires après 7 journées de championnat, avec 19 buts encaissés pour 28 buts marqués. Les blessures et une indisponibilité de Matej Kristin, puis les premiers errements défensifs commencent à craqueler l'image renvoyée par l'équipe. Chute du niveau de l'équipe, ou écart face à des formations qui sont arrivées à leur vitesse de croisière un peu plus tard, il est difficile de trancher. Ce qui est certain en revanche, c'est que deux matchs vont faire basculer la saison. D'abord une vague orange à Charlemagne, ou les Gamyo infligent un 5-0 sans appel, puis un match catastrophique à Chamonix où les Lyonnais, pourtant à égalité 2-2 à la mi-match, encaissent 7 buts en à peine 11 minutes pour s'incliner 9-2…

La fin de la phase aller marque également le dernier match de la saison pour Matej Kristin, blessé à la cheville. Landry Macrez prend le relais dans les buts, mais la défense lyonnaise se fissure de plus en plus, jusqu'à finir largement dernière du championnat avec 115 buts encaissés. Dans ces conditions, et malgré une attaque plutôt productive, les Lyonnais ne parviennent pas à inverser la tendance durablement, et échouent même face à des concurrents directs au maintien. Ainsi, après avoir réussi à s'imposer à Gap 5-2 au lendemain de Noël, les Lions s'inclinent 4-7 à domicile face à Caen, dans ce qui reste probablement le plus mauvais match de la saison. Chaque journée de championnat voit des Lyonnais qui n'y arrivent plus. À une défense trop perméable s'ajoutent une attaque qui ne joue pas son rôle en repli défensif et un gardien qui n'avait pas signé pour ça, aboutissant à un enchaînement de défaites qui se conclut à Angers aux tirs au but pour le compte de la 26e journée. Cette dernière défaite, couplée à la victoire de Brest sur Dijon, envoie les Lions en play-downs.

Face à des Caennais rompus à l'exercice, le pronostic est difficile. Une chose est certaine, les deux formations sont dos au mur, et vont devoir s'imposer physiquement et mentalement. Lyon dispose tout de même de l'avantage de la glace, c'est donc Charlemagne qui accueille les deux premiers actes. Dès l'ouverture de la série, les Lions tirent de l'arrière, mais ils parviennent à se reprendre et prennent même 2 buts d'avance avant de voir les Caennais revenir au score. Le capitaine lyonnais donne l'avantage aux siens à 15 secondes du terme, puis Ouellet scelle le sort de la rencontre. Vingt-quatre heures plus tard, le deuxième acte débute sous haute tension. Les Caennais ne veulent pas se laisser distancer et leur frustration se traduit par de nombreuses pénalités : 75 minutes sur la rencontre, dont 48 pour Caen ! Les Lyonnais marquent 4 de leurs 6 buts de la rencontre en supériorité, et se paient même le luxe d'un but en infériorité. Les gones mènent la série 2 à 0 et partent pour Caen bien décidés à profiter de leur ascendant psychologique pour prendre le 3e match, ce qu'ils font en menant dès la 2e minute. Avec 3 victoires, la messe est presque dite, et la série est conclue dès le lendemain. Lyon sauve ainsi sa place dans l'élite et devient le premier promu à se maintenir depuis ces mêmes Drakkars de Caen en 2009-2010. Julien Lebey, Nicolas Biniek et Jonathan Laberge s'illustrent en étant les meilleurs pointeurs de ces play-downs, montrant ainsi l'envie et la motivation qui sont les leurs sur la glace. Même si l'objectif officiel était le maintien, ce qui est acquis, un objectif réaliste au vu de l'effectif était un classement entre la 8e et la 10e place, loin d'être atteint. Le recrutement de joueurs non complémentaires, le jeu à deux lignes et demie, les lignes qui ont sans cesse changé, la multiplication des blessures, plus de 20 matchs joués par le backup, sont tous des éléments ayant contribué à une saison en demi-teinte. Reste à espérer que le staff ait pris conscience des manquements et travaille bien son intersaison, car le passage à 12 équipes ne laissera aucune place à l'erreur.

 

Quatorzième : Caen - Pas de survie cette fois-ci. Une fois de plus derniers à l’issue de la saison régulière 2013-14, les hommes de Luc Chauvel s’étaient maintenus face aux Albatros au bout des 7 matchs de play-downs. Les départs de Lucas Normandon, des défenseurs Jordan Dewey et Alexis Birolini sont vite actés par le club qui souhaite conserver l’ossature du groupe. Malgré cela, Alexis Gomane (Val Vanoise), Jérémie Romand (Brest) ou encore Charles Geslain (Courbevoie) décident de changer d’air. Pour cette nouvelle saison, Mathias Arnaud et Charlie Doyle apportent leur expérience de la Ligue Magnus tandis que le club tente le pari Roberto Gliga en attaque, jeune centre international roumain. Le défenseur Tim Carr arrive de Mont Banc et l’américain Ryan Barlock (Tulsa Oilers) aura la rude tâche de remplacer le complet Shawn Stuart.

Avec la blessure au genou de Thiery Poudrier, la saison caennaise commence mal et l’équipe enchaîne les défaites. Les Drakkars comptent un seul point au classement après 8 journées et les blessures s’accumulent dans les rangs caennais (Barlock, Geffroy). Impossible alors pour les Caennais d’inquiéter leurs adversaires avec un effectif si restreint, aussi bien qualitativement que quantitativement. C’est le 14 novembre que la saison bas-normande commence réellement : avec les arrivées de Vsevolod Tolstushko et de Dorian Peca ainsi que le retour des blessés, Caen emmène Briançon jusqu’en prolongation puis bat Brest à domicile. Ce renouveau se confirme avec plusieurs défaites certes, mais après prolongation.

Portés par le duo Poudrier/Gauthier, les Caennais gagnent ensuite des matchs importants face à Lyon, Dijon, Épinal ou encore Brest. Grâce à cela, les Drakkars tiennent en cette fin d’exercice une possibilité de se qualifier en play-offs, en cas de victoire à Morzine. Mais Caen explose totalement dans les dernières minutes en encaissant trois buts coup sur coup, suite à une pénalité de match pour Erwan Pain. La sanction est inévitable : les joueurs du coach Chauvel terminent à la dernière place de la saison régulière. Deux points auront décidément manqué aux Drakkars pour connaître les séries de play-offs, et ce constat est frustrant vu la remontée au classement et les nombreuses défaites en prolongations.

S’il est toutefois un avantage à trouver dans la déception, c’est que les Drakkars sont de réels habitués du maintien, ils connaissent la recette pour remporter ces séries couperets. En face, la présence des Lyonnais est tout de même une surprise au regard de l’effectif affiché. Seulement, cette saison, l’expérience ne va pas suffire : les Caennais, trop indisciplinés durant ces rencontres à sang-froid, n’ont jamais été réellement en mesure d’inquiéter les Lions. Au point que Jean-Christophe Gauthier et ses comparses semblent s’être sabordés eux-mêmes en revenant des bords du Rhône avec deux défaites dans les bagages (6-4 ; 6-2). Le retour à domicile ne changera rien au sort de cette série. Les locaux perdent même leurs deux matchs (4-5 ; 5-7) et quittent le play-down très prématurément. Peut-être la poule de maintien de trop pour cette formation qui aura lutté avec ses armes, mais cela n’aura guère suffi. Les Caennais évolueront la saison prochaine en Division 1, une division qu’ils retrouvent après 5 saisons passées en élite.

 

La rédaction d' Hockey Archives

 

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