Strasbourg espère passer l'hiver
L'Étoile Noire aborde sa dixième saison en Ligue Magnus. Eh oui, cela fait déjà 10 ans que les Alsaciens "inauguraient" leur, alors nouvelle, enceinte de l'Iceberg par un titre de champion de D1, après quelques années de podium à ce même niveau.
Depuis, l'équipe bas-rhinoise a progressivement fait sa place parmi le gotha de l'élite française, fréquemment située dans le ventre mou du classement, tantôt capable de s'offrir le scalp d'un club huppé, tantôt capable de sombrer corps et âme dans les abysses face à un club du même rang. L'Étoile Noire a gardé en mémoire l'ivresse des grands soirs, lors de son accession à la finale de 2011 et espère à chaque saison regoûter à cette ambiance. Hélas, depuis cet épisode magique, le club rencontre beaucoup de difficultés à concrétiser de nouveau ce rêve, concluant souvent sa saison par un tour de play-offs (plus rarement deux), âprement disputé certes, mais finalement cédé à l'adversaire par manque de "jus" et aussi de détermination.
La saison dernière n'a pas dérogé à ce profil. Pourtant, le début de parcours fut excellent, les Alsaciens allant jusqu'à partager la première place avec leurs rivaux spinaliens, avant de progressivement s'essouffler, puis de rétrograder dans le bas de tableau lorsque l'hiver, et les blessures, furent venus. Sale période, décidément, que ces fichus mois de janvier où Strasbourg est fréquemment amputé de nombre de ses joueurs. Durant le dernier en date, les Bas-Rhinois courbèrent une fois de plus l'échine, n'hésitant pas à aligner durablement les minots des quatrièmes lignes. Le moral (et un meilleur classement) revinrent enfin à la bonne période, c'est à dire juste avant les play-offs. Ceux-ci, disputés contre l'éternel rival vosgien (qui avait suivi le même type de parcours durant la saison régulière), furent âpres, serrés (deux manches partout), avant un épisode ultime à Poissompré où, une fois de plus, les Strasbourgeois abdiquèrent les premiers, pour quelques indisciplines (d'autres diront des appréciations arbitrales différentes) mal situées. Dommage d'ailleurs que ce parcours se finisse prématurément sur quelques indisciplines notables. Le club figurait en effet parmi les plus fair-play en saison régulière (335' en 26 matches), avant de s'écrouler en play-offs à ce sujet (139' en 5 matches !). L'histoire retiendra que cette série fut le début de l'épopée du Gamyo vers la finale.
De son côté, Daniel Bourdages a pu assez tôt se replonger dans son carnet d'adresses, afin de trouver les perles rares, et donc pas trop chères, pour reconstituer une équipe compétitive. Le budget de cette future saison fut en effet contrarié par une baisse assez conséquente de la subvention d'un partenaire public : le Conseil Départemental, confronté lui aussi à des coupes budgétaires, a baissé son apport de 40 000 €.
Devant la cage, le changement ne se situe pas là où on s'y attend. Vladimir Hiadlovsky resigne pour une huitième saison. Fréquemment qualifié de "has been" par les supporters (essentiellement) adverses, le Slovaque n'a pourtant pas eu grand-chose à se reprocher sur le dernier exercice, et constitue toujours un rempart difficile à négocier pour ses adversaires.
Sa doublure Gilles Beck ayant rejoint les Lions de Wasquehal, après avoir fait presque toute sa carrière dans son club formateur (hormis une saison chez le rival mulhousien), c'est un autre produit du club qui prend la relève : Baptiste Goetz, fils de Dominique (ancien gardien de but, puis assistant-coach) et d'Anne (médecin du club), est donc tombé dans le chaudron tout petit, pour reprendre la formule, et prend le même chemin que ses oncles Arnaud (ex Caen, Mont-Blanc, Grenoble, Brest) et Laurent (Strasbourg, Colmar), après avoir partagé sa saison dernière entre l 'équipe U22 et l'équipe réserve de Division 2.
À la fin de la saison précédente, le staff strasbourgeois admettait que le problème principal était venu de la défense : trop d'erreurs de relance, pas assez de puissance, ni de détermination. Il fallait renouveler ce secteur, l'un des plus perméables de la ligue, à égalité numérique comme en infériorité. Le choix nord-américain fût privilégié et Dan le canadien a visiblement tapé dans le mille. Non pas que la défense ait été plus infranchissable (quasiment autant de buts d'encaissés), par contre, l'apport des Danford, Matt Bruneteau et surtout Jake Goldberg (l'un des meilleurs pointeurs défensifs de la ligue) fut remarquable et remarqué, y compris par le plus strasbourgeois des rédacteurs spinaliens, l'ami Jérémie. Il n'est donc pas surprenant de voir les deux derniers cités reconduits pour cette année, à côté de David Striz, toujours autant apprécié pour son travail défensif et sa présence rassurante devant Vlad. Pierre Bougé ayant souhaité privilégier ses études de droit, il fallu donc le remplacer, à l'instar des Danford (parti en Suède) et Peroff (visiblement mal adapté aux conditions de jeu européennes).
Pour ce faire, l'encadrement a d'abord recruté Jake Suter, au profil très défensif, décrit comme un guerrier sur la glace, et qui présente un potentiel offensif à exploiter. Pour la petite histoire, c'est le fils de Gary Suter (ancien NHLer avec Calgary et Chicago entre autres, et ancien international aux JO de 1998 et 2002, où il a sûrement croisé... Jan Pardavy !) et le cousin de Ryan Suter, actuel défenseur (international) de Minnesota. Le hockey défensif est donc une affaire de famille pour lui.
Puis a été confirmée l'arrivée de Joey de Concilis, en provenance du championnat NCAA. Tout d'abord utilisé pour l'aspect défensif avec son équipe, il vient de conclure sa dernière saison par des alignements plus fréquents en powerplay et des statistiques nettement plus prolifiques. C'est un joueur reconnu pour bien transporter le palet, à l'instar de Jake Goldberg... avec qui il a joué entre 2011 et 2013 !
Le dernier poste sera partagé entre deux jeunes Français : d'un côté, Pierrick Hoehe, qui a participé activement au parcours de l'Étoile Noire la saison dernière, notamment lors de ces mois hivernaux épouvantables quand les blessés furent légion et qu'une partie de la jeune relève a su avec brio pousser des coudes sur la glace pour se faire respecter. De l'autre, Maxim Belov, en provenance de Reims, après un déjà long parcours de globe-trotter français (Mont Blanc, Nice, Dunkerque, Reims). Le Franco-Russe, formé à Amiens, sort du naufrage rémois et sera le bienvenu sur le glaçon alsacien, même si sa venue a connu une petite controverse, rapidement éteinte, car il avait auparavant donné son accord verbal aux dirigeants choletais pour la saison à venir.
Autant la saison 2013-2014 avait montré un net progrès offensif (au niveau de l'attaque, comme du powerplay), autant la suivante et dernière en date est nettement plus décevante. L'Étoile Noire de Strasbourg est redevenue une des attaques les moins prolifiques de la ligue, et son powerplay, quoique toujours correct, a suivi la même tendance. Le duo Pardavý-Trudeau n'a pas eu un impact aussi fort sur l'offensive (statistiquement parlant, le Slovaque a vu son score fondre de moitié malgré une saison pleinement jouée), même si les Julien Burgert et Élie Marcos (à ce jour le meilleur pointeur du club en Magnus avec 112 points en 7 saisons), voire Danford et Goldberg les ont assez fréquemment suppléés dans cette tâche.
En somme, pour reprendre des termes déjà utilisés à ce sujet, l'attaque a manqué durablement de poids, et il a fallu, dès lors, faire des choix au niveau des reconduites (ou non) de contrats, et des nouvelles arrivées. Exit donc les Shupe et Anglès (longtemps blessés), Cibula (merci pour les belles saisons passées, et notamment ces phases finales de 2011) et Bourgaut (pourtant excellent gratteur de palets).
L'une des premières recrues annoncées fut Kevin Sullivan, lui aussi ancien coéquipier de Jake Goldberg ! Bon, c'était il y a quelques années, saison 2008-2009, en lycée. Cet ailier américain a officié en NCAA, où il fut sacré champion en 2014 avec l'Union College, avant de jouer la saison dernière en ECHL.
La deuxième recrue aurait dû être Luke Greiner, autre ancien attaquant de NCAA et d'ECHL, pressenti pour jouer au centre de la première ligne alsacienne. Hélas, des examens médicaux pratiqués en juillet dernier, suite à une douleur aux hanches, lui diagnostiquèrent une fracture fémorale. L'Américain, prévoyant de ne pas pouvoir jouer après son opération jusqu'en janvier prochain, préféra prévenir le staff strasbourgeois afin qu'ils puissent pallier rapidement cette défection.
Ce sera Michal Petrak qui viendra à sa place à l'Iceberg. Après être débarqué en 2006 du côté de Poissompré (en même temps que ses compères Listiak, Strapaty et Jelinek), et avoir fait sa place au sein de l'attaque vosgienne (367 pts en 282 matches de ligue quand même), le centre tchèque n'était plus dans les petits papiers de l'encadrement spinalien. Il faut dire que son parcours au sein d'une même saison reste assez irrégulier, oscillant entre un déchaînement sur la glace et un enchaînement de bévues, mauvaises relances, etc... C'est pourtant le seul de la "fournée de quatre" de 2006 qui aura su marquer positivement et durablement les esprits de Poissompré (ou d'ailleurs, et notamment ceux de Cronenbourg qui se rappellent très bien de ce démon), alors qu'à ses débuts, bien peu pariaient sur son profil.
Pour compléter ces deux venues, s'ajoute la signature de Johan Saint-André, excellent scoreur en U18 et U22 à Rouen, mais en quête d'un temps de glace plus significatif que sur l'épisodique quatrième ligne des Dragons.
On remarquera que les recrues sont rares et que les minots tels Thomas Mathieu ou Julien Baeumlin auront ainsi l'occasion de confirmer les bonnes aptitudes montrées durant la saison dernière, notamment au cours de cette longue phase de blessés. Ce sera aussi l'occasion pour les Anthony Goncalvès, Tarik Chipaux, Valentin Michel de continuer leur incessant travail de sape, afin de soulager les fines crosses que sont Jan Pardavy, Sébastien Trudeau et Captain Marcos.
D'un point de vue global, on note que la défense a été plutôt confortée, mais les interrogations peuvent continuer de se poser quant au potentiel de l'attaque (y compris par rapport à l'exercice précédent). Le coach estime, de son côté, avoir à sa disposition un effectif plus homogène que la saison dernière. Il n'en reste pas moins qu'avec la nouvelle formule de cette saison, et l'examen sur le papier de son recrutement, Strasbourg figure, pour beaucoup d'observateurs, dans les possibles relégables. Daniel Bourdages ne cache pas, lui, que l'objectif de cet effectif est de viser les play-offs, afin justement d'éviter la poule de relégation et les trois places les plus délicates (enfin, actuellement deux, puisque le maintien d'un des 14 clubs prévus n'est toujours pas pérennisé).
La saison risque d'être longue si les blessures doivent de nouveau s'enchaîner. Il faudra donc souhaiter aux Alsaciens d'avoir une défense encore plus probante que la saison dernière, une attaque moins anémique, et de rester durablement disciplinés. Pour sa 26e saison sur le banc strasbourgeois, Daniel Bourdages a donc un gros challenge qui se profile devant lui.
Stéphane Rault
Effectif :
Gardiens
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2014/15 MJ Min % Pén 50 HIADLOVSKY Vladimir 11/07/1979 176 72 (Slovaque) Strasbourg FRA-1 31 1788 89,7% 6' GOETZ Baptiste 02/03/1995 187 82 Strasbourg Strasb. II FRA-3 9
Défenseurs
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2014/15 MJ B A Pts +/- Pén 7 HOEHE Pierric 04/10/1994 170 55 Strasbourg Strasbourg FRA-1 31 0 2 2 -10 29' 8 STRIZ David 08/11/1981 185 90 (Tchèque) Strasbourg FRA-1 26 0 4 4 -10 16' 27 BRUNETEAU Matt 26/04/1990 180 88 (Américain) Strasbourg FRA-1 31 2 3 5 -12 46' 57 GOLDBERG Jake 21/06/1991 180 87 (Américain) Strasbourg FRA-1 31 5 19 24 0 10' DE CONCILYS Joey 17/05/1989 183 84 (Canadien) Brown Univ. NCAA 31 6 7 13 -7 31' SUTER Jake 22/09/1990 183 91 (Canadien) Mass-Lowell NCAA 38 1 11 12 +9 10' BELOV Maxim 11/05/1988 179 80 Amiens Dun./Reims FRA-2 26 0 5 5 -9 14'
Attaquants
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2014/15 MJ B A Pts +/- Pén 9 MARCOS Elie 08/07/1983 176 80 Amiens Strasbourg FRA-1 25 10 13 23 +3 12' 12 BAEUMLIN Julien 13/12/1992 170 68 Mulhouse Strasbourg FRA-1 31 2 1 3 -10 6' 13 GONCALVES Anthony 27/08/1991 169 72 Chamonix Strasbourg FRA-1 26 1 5 6 -6 22' 18 MATHIEU Thomas 11/02/1995 179 65 Mulhouse Strasbourg FRA-1 18 1 0 1 -6 4' 21 CHIPAUX Tarik 08/08/1987 175 75 Belfort Strasbourg FRA-1 28 4 3 7 -11 45' 25 MICHEL Valentin 25/07/1990 174 75 Toulouse Strasbourg FRA-1 31 3 8 11 -9 22' 40 PETRAK Michal 12/05/1983 186 85 (Slovaque) Épinal FRA-1 48 13 29 42 +5 48' 45 BURGERT Julien 03/04/1991 183 84 Strasbourg Strasbourg FRA-1 31 8 9 17 -12 84' 58 TRUDEAU Sébastien 24/07/1991 175 83 (Canadien) Strasbourg FRA-1 29 12 16 28 +3 22' 79 SAINT-ANDRÉ Johan 15/01/1994 174 72 Orléans Rouen FRA-1 29 1 0 1 -2 10' 89 PARDAVÝ Ján 08/09/1971 182 95 (Slovaque) Strasbourg FRA-1 31 8 21 29 -6 12' SULLIVAN Kevin 25/01/1991 183 84 (Américain) Cinci./Rea. ECHL 31 2 12 14 +9 2'
Entraîneur : Daniel Bourdages (CAN, 57 ans).
Départs : Gilles Beck (G, 5 MJ et 81,4%, Wasquehal, FRA-3), Ben Danford (D, 8+9, Kristianstad, SUE-3), Ken Peroff (D, 3+2), Jan Cibula (A, 4+16, Liptovsky Mikulas, SVK-2), Preston Shupe (A, 7+4, Szekesfehervar II, HON-1), Peter Bourgaut (A, 3+8, Briançon), Pierre Bougé (A, 4+3), Jordy Anglès (A, 1+0, Marseille, FRA-3).
Revoir la présentation 2014/15