Épinal, pas de blues après le Boz' ?

 

Jamais le hockey spinalien n'aura autant fait parler de lui que l'an passé. L'ICE a bénéficié d'une exposition médiatique sans précédent, entre le "naming" de son équipe fanion (né du rapprochement opéré avec Romain Casolari, créateur et directeur du studio de jeu vidéo Gamyo), l'arrivée d'une légende vivante du hockey français (Philippe Bozon) et l'exceptionnelle fin de saison des Kara, Moisand et autres Beron, passés à une petite victoire d'un tout premier titre de champion.

Si près et si loin à la fois d'un monumental exploit, rêvé par un public venu toujours plus nombreux dans les travées d'un "chaudron" n'ayant jamais manqué de s'enflammer. Car s'il est une patinoire qui ne reste pas de glace (et ne désemplit jamais), c'est bien celle de Poissompré... qui vit tous ses records d'affluences tomber le 3 avril dernier ! Ce soir-là, les dirigeants spinaliens, submergés par les demandes de billets, laissèrent s'entasser plus de 3 000 spectateurs dans des travées ne pouvant officiellement pas dépasser les 1 500 entrées...

Pas d'intersaison sans "feuilleton"...

Quelques mois ont passé depuis cette folle épopée mais la "fièvre" orange est loin d'être retombée. L'ère Gamyo n'en étant qu'à sa deuxième saison, Poissompré (où règne peut-être la ambiance de France) vivra encore de grandes et belles soirées. Le projet spinalien, si cher à Romain Casolari (le mécène devenu "messie") reste plus ambitieux que jamais malgré les turbulences de l'été.

Un profond désaccord avec la FFHG, sur fond de contentieux entre l'URSSAF et l'ICE, n'a pourtant pas manqué d'assombrir cet avenir s'annonçant radieux. La "Fédé", par le biais de son "gendarme" financier (la CNSCG), est venue, pour la deuxième fois en trois ans, contrarier les plans des dirigeants. Il faut dire qu'Épinal, déjà sous le coup d'un premier redressement de l'URSSAF (de 102 038 € et datant d'il y a huit ans), a vu l'organisme chargé de récolter les cotisations sociales remettre son nez dans la comptabilité (lors d'un nouveau contrôle effectué en fin d'année passée), y décelant assez d'irrégularités pour qu'une nouvelle mise en demeure soit prononcée.

Clamant à tort et à travers leur excellente santé financière (tout en vantant leurs "excellents bilans"), les grands décideurs du hockey spinalien étaient visiblement loin d'imaginer qu'une telle situation allait générer tant de complications. L'ICE n'ayant jamais disposé d'un aussi gros budget (en hausse de 47 % par rapport à l'an passé pour désormais dépasser le million et demi d'euros), obtenir l'aval des instances fédérales ne devait même être qu'une formalité. Mais face à la menace du second redressement de l'URSSAF (portant sur un montant très conséquent, car dépassant les 580 000 €) et devant l'absence de somme provisionnée à cet effet, la Commission nationale de suivi et de contrôle de gestion a purement et simplement décidé d'invalider le dossier présenté le 2 juillet dernier.

Interjetant logiquement appel cette décision, l'état-major spinalien n'aura pas manqué d'aller plaider sa cause devant une commission statuant, finalement, pour une validation sous conditions. Mais pas n'importe lesquelles : celles de constituer, avant le 29 juillet, une caution irrévocable de 700 000 euros (au cas où l'ICE devrait régler son dû plus tôt que prévu). Des conditions divulguées par un communiqué d'une FFHG ayant choisi la transparence à ce sujet... au grand dam d'un Claude Maurice regrettant que la "Fédé" n'ait pas fait preuve d'une plus grande confidentialité !

S'il ne put dissuader Vosges Matin de publier le compte-rendu fédéral dans le journal du lendemain, l'emblématique président spinalien n'en restait pas moins confiant pour la suite des événements. Mais encore fallait-il, pour que le rêve Gamyo ne tourne pas au fiasco, apporter les garanties bancaires souhaitées dans les plus brefs délais. Des éléments jugés insuffisants par la Commission d'appel, suscitant l'émoi des supporters et déchaînant toutes les passions, sans pour autant entamer la détermination de dirigeants campant invariablement sur leurs positions. Fermement décidés à contester le montant jugé exorbitant du second redressement (et partant du principe qu'ils n'auraient pas à payer avant plusieurs années, le temps que tous leurs recours juridiques soient épuisés), ceux-ci entendaient tout tenter pour obtenir leur réintégration. Il va sans dire que le Comité national olympique et sportif français s'est vu rapidement saisi. Claude Maurice gardait, en cas d'avis défavorable du CNOSF, la possibilité d'ensuite porter l'affaire devant les tribunaux administratifs. De quoi se demander si l'Image Club Épinal n'allait pas devenir le Luzenac du hockey français.

Préférant garder le silence, les membres du comité directeur spinalien n'ont sûrement pas apprécié les sorties médiatiques de Luc Tardif, qui n'a pas manqué d'exprimer sa façon de penser. Le président de la FFHG estime, notamment, que l'équité sportive fut faussée ces dernières années. "Le club a été dans le déni pendant plusieurs années avec des tricheries sur les salaires", s'est même laissé aller à dire le Franco-Canadien, certain que toutes ces cotisations sociales impayées permirent à l'ICE d'aligner des équipes plus compétitives qu'elles n'auraient dû l'être en réalité.

Deux Canadiens en moins... et un international parti outre-Rhin !

C'est donc sans savoir qu'ils seraient finalement validés (après conciliation devant le CNOSF le 20 août dernier) que les joueurs ont repris les entraînements dix jours auparavant. Sans Matthieu Le Blond (excusé) mais aussi sans Maxime Ouimet, Alain Goulet et Steven Cacciotti (restés au pays), sous la houlette d'un Stéphane Barin s'efforçant de préparer ses troupes comme si de rien n'était. Un groupe pouvant légitimement se poser beaucoup de questions. L'avenir du club spinalien paraissant alors très incertain, il ne faisait aucun doute que les joueurs, soucieux d'assurer leurs arrières, mirent tout en śuvre afin de bénéficier d'un "plan B". De quoi nourrir bien des rumeurs, comme ces bruits (rapidement démentis) renvoyant Andrej Hocevar du côté d'Angers (afin d'y remplacer Jean-Sébastien Aubin, blessé) ou annonçant Maxime Ouimet partant pour la Picardie...

Il était toutefois dit que le capitaine serait le premier à quitter le navire. Maxime Ouimet finissait par s'engager en faveur des Prédateurs de Laval. Ce retour en LNAH, dans le club de sa ville natale (située à quelques kilomètres au nord-ouest de Montréal), signifie qu'il n'ira donc pas au bout de son contrat. Un coup dur pour les Gamyo, également frappée par une autre défection. Celle, bien moins regrettée (il faut bien l'avouer) d'Alain Goulet... À l'exception d'un bon début de saison, ce grand gabarit aura laissé une impression très mitigée aux habitués de Poissompré, qui attendaient beaucoup plus d'un joueur aussi solidement référencé. Sans réel impact physique, ce francophone de l'Ontario a parfois donné l'impression de manquer d'autorité dans ses interventions et de conviction dans ses actions. Sa lenteur d'exécution, aggravée par un vrai manque de spontanéité dans les prises de décisions, s'est accompagnée d'hésitations malvenues au moment de déclencher son redoutable tir du poignet (qu'il préfère visiblement au lancer frappé). Autant de tergiversations lui ayant coûté de belles chances de marquer (ou de faire marquer) en supériorité. Un powerplay trop souvent réduit à un enchaînement de passes l'an passé, sans que le Canadien, aligné à la pointe, y soit totalement étranger !

Pouvant s'attendre à disposer d'un budget plus serré, Stéphane Barin ne rejetait alors pas l'idée d'amorcer la saison avec seulement cinq défenseurs de métier (Kloz, Moisand, Sušanj, Baazzi et Charpentier). Six avec Jirí Klimícek, jeune arrière tchèque arrivé mi-août à Poissompré en compagnie d'Aleš Sova (qui, lui, n'aura fait que passer). Mais c'était sans compter sur les envies d'ailleurs d'Aziz Baazzi, que l'on savait désireux de s'attirer les faveurs d'un club à l'étranger.

Le plus fougueux (mais aussi le plus offensif) des défenseurs spinaliens est ainsi parti - fin août - sa chance hors de France. Mais encore fallait-il que ce patineur rapide et flamboyant, capable de rapidement se projeter vers l'avant, se montre suffisamment convaincant pour s'imposer au sein d'un club n'ayant que tardivement appris son repêchage au second échelon allemand. Une DEL 2 que Heilbronn, sportivement relégué l'an passé, fréquentera de nouveau cette saison (Landshut s'étant vu administrativement rétrogradé).

Une mission accomplie pour Baazzi, apparu à son avantage lors des deux matchs amicaux disputés avec les Heilbronner Falken. Et c'est donc les glaces d'outre-Rhin que l'international français fera désormais parler sa vivacité. Un départ allégeant forcément une masse salariale déjà délestée des salaires d'Alain Goulet et Maxime Ouimet. Toute économie étant bonne à prendre (l'une des conditions de la réintégration d'Épinal en Ligue Magnus étant de provisionner 380 000 € sur les trois prochaines années), on peut donc facilement comprendre l'engagement de jeunes centres "bon marché" ayant encore tout à prouver. Un Slovaque (Dominik Fujerik) et un Tchèque (David Klímek), pour un recrutement d'un autre temps rappelant forcément ceux de Michal Petrák et Tomáš Jelínek il y a maintenant neuf ans.

Débarqué dans la Cité des Images sans posséder le plus ronflant des CV, Petrák était sûrement loin d'imaginer qu'il allait devenir l'un des attaquants les plus marquants de l'histoire du hockey spinalien. Mais que pouvait-on raisonnablement espérer de David Klímek, dont il était clair (au vu de ses maigres références) qu'il ne ferait pas l'affaire ?

Celui qui fit toutes ses classes à Vsetín (le grand club tchèque de la fin des années 1990, que son grand-père avait présidé de 1963 à 1967) arrivait, il est vrai, de nulle part. Apparu si peu convaincant, l'an passé, qu'il fut viré après seulement deux petits mois à Skalica, Klímek avait pourtant vu cette expérience de onze matchs (pour un but marqué) en Extraliga slovaque "enjoliver" un curriculum vitae parsemé d'expériences diverses et variées. Un départ au Canada (quelque peu contrarié par une réglementation lui interdisant, de par son statut d'étranger, d'évoluer en junior A) suivi d'une année sans jouer. Le Tchèque avait pourtant trouvé preneur dans l'une des équipes composant la principale ligue senior provinciale de l'Alberta (les Fort Saskatchewan Chiefs)... mais son statut d'étranger le poussa encore à l'inactivité ! Ce n'était que partie remise pour Klímek, qui rejoindra les Chiefs la saison suivante. Mais devant le faible temps de jeu accordé, il préféra s'en aller, trouvant finalement son bonheur dans une obscure ligue senior amateur (la NCHL).

Il ne fallait donc pas attendre monts et merveilles d'un joueur n'ayant jamais fait d'étincelles, même si celui-ci dit avoir un temps suscité l'intérêt d'une franchise de NHL (Edmonton). Mais quelle crédibilité apporter au témoignage d'un joueur n'ayant pas hésité à se faire passer pour un ex-international junior tchèque (aux yeux de certains médias canadiens vraiment peu regardants) et qui n'aura tenu qu'une journée au camp d'entraînement des Oilers de Tulsa (ECHL) ?

Toujours est-il qu'Épinal l'a coupé, début septembre, trouvant en Lukáš Králík son parfait remplaçant. Habitué des sélections nationales de jeunes, cet attaquant de 22 ans pouvant jouer centre ou ailier a pour lui son gabarit (1,87 m pour 87 kg) et sa touche physique, qu'il exporta, le temps d'une saison (2011/12) à Victoria, dans la ligue junior majeur de l'Ouest du Canada (WHL). Il s'agit-là d'une de ses deux seules infidélités à son club formateur d'Olomouc, qu'il avait dû quitter l'an passé. Aucune place n'était disponible en Extraliga pour cet attaquant travailleur, qui sort d'un prêt d'une saison en deuxième division (au Slavia Trebíc), où l'attendait une place au sein du troisième trio.

Davantage de responsabilités offensives l'attendent dorénavant dans la Cité des Images, qu'à également rejoint Dominik Fujerik, un ex-international junior (sélectionné pour les mondiaux U20 de 2012 en Russie) ayant trois bonnes saisons d'Extraliga derrière lui, au sein d'un des tous meilleurs clubs du pays, le MHC Martin. Rapide, technique et dynamique, le Slovaque a tout du parfaitement complément pour ce duo Kuralt-Ograjenšek appelé à prendre une part encore plus active au pointage.

Dominik Fujerik devrait donc réussir à faire oublier Michal Petrák, recasé à Strasbourg après son essai infructueux à Kladno (fin juillet). Un retour avorté dans son club formateur (évoluant actuellement en 2e division tchèque) pour celui qui envoya les Dauphins à Bercy (d'un rebond gagnant, en janvier 2007, un soir de demies). Joueur talentueux, mais aussi imprévisible qu'irrégulier, le Slave avait sûrement besoin de changement, lui qui n'a jamais paru aussi peu décisif et inspiré l'an passé. Desservi par une condition physique qui n'était plus à la hauteur de ses qualités techniques, il vit même sa productivité chuter de moitié (passant d'une saison à 18 buts et 51 points à une campagne de 23 points).

Plus d'une fois pointé du doigt pour son laisser-aller (c'est toujours hors de forme et en net surpoids qu'il reprenait l'entraînement) et souvent décrié pour ses moments d'égarement (que de palets rendus à l'adversaire...), Petrák restera toutefois comme l'un des tous meilleurs attaquants jamais passés par Poissompré. Après tout, n'a-t-il pas enfilé les points (et distribué les caviars) sur les glaces de France et de Navarre au côté d'un Ján Plch toujours exemplaire... même s'il est au crépuscule de sa carrière ?

Force est ainsi de constater que le vétéran slovaque (41 ans), s'il accuse le poids des ans, n'a pas encore totalement fait son temps. Cet ailier technique à souhait (mais bien moins percutant qu'à ses débuts spinaliens, lorsqu'il pesait sur le jeu et pouvait forcer la décision sur une action) reste un buteur très régulier, qui compense par sa grande intelligence de jeu et son sens inné du placement.

L'heure de la retraite approche toutefois à grand pas pour le meilleur buteur, passeur et pointeur de l'histoire du hockey spinalien, encore auteur de 24 buts et 50 points l'an passé (en 61 matchs officiellement disputés). C'est dire si cette ultime campagne prendra forcément des allures de jubilé, quelle que soit la teneur d'une saison empreinte d'interrogations. Des questions levées depuis l'annonce du départ de Philippe Bozon.

Un dixième entraîneur... en onze ans !

Coach exigeant et passionné (qu'Épinal, lésé par Dan Brooks, avait engagé au pied levé l'été dernier), le Boz' était pourtant bien parti pour rester. Mais n'ayant pu aller au bout de ses idées, l'ex-NHLer a préféré renoncer. Une décision annoncée sur l'antenne de Sport + (le 5 mai dernier), au beau milieu d'un Autriche-France qu'il commentait en qualité de consultant.

L'ancien attaquant des Blues de Saint-Louis (de 1992 à 1994) n'a pas manqué d'évoquer ces points discordants, essentiellement liés à certains aspects du recrutement. Mais s'il assure qu'Épinal ne lui a pas donné les moyens de ses ambitions, d'autres voix sont venues mettre en doute sa bonne foi, laissant à penser que l'ex-international français voyait beaucoup trop grand en ciblant des éléments dépassant le cadre financier alloué. Les choses s'étant également compliquées après qu'Épinal ait engagé, re-signé ou même approché certains joueurs sans qu'il ait été consulté. On pense notamment au retour de Steven Cacciotti (dont le Boz' ne voulait pas entendre parler) et à la prolongation de contrat de Ján Plch (sur lequel Bozon ne comptait plus vraiment).

Doté d'un fort tempérament et jamais vraiment sur la même longueur d'ondes que sa direction (avec qui l'entente, cordiale, était vite venue glaciale), Philippe Bozon a donc vu ces nombreuses divergences d'opinion avoir raison de cette collaboration. Autant de différents l'ayant poussé à quitter le club qui lui permit de connaître son premier vrai succès comme entraîneur (après plusieurs expériences mitigées à Lugano, Sierre ainsi qu'à la tête des U20 français) à une période de l'année n'offrant guère de débouchés aux coachs encore sur le marché (tant en France qu'à l'étranger). Sauf à Épinal, club peinant à instaurer une vraie continuité sur le banc (avec neuf entraîneurs "consommés" en dix ans !) où s'est ouverte une belle opportunité pour un autre grand nom du hockey français. En l'occurrence, Stéphane Barin, à qui incombe désormais de continuer à creuser le sillon initié l'an passé.

Le Grenoblois, qui fut l'un des attaquants français les plus talentueux de sa génération (celle des Christian Pouget... et Philippe Bozon !), est donc de retour aux affaires, lui qui n'avait plus occupé de telles fonctions depuis plusieurs saisons, afin de pleinement se consacrer à sa vie familiale et professionnelle. Quatre ans, exactement, depuis son départ de Villard-de-Lans, où il termina sa carrière de joueur (comme défenseur, en 2009) pour débuter celle d'entraîneur à plein temps. Une vocation née quelques années auparavant lors de son passage au Mont-Blanc, où il s'improvisa entraîneur-joueur après cinq saisons passées dans le championnat allemand, à Krefeld, club emblématique d'une DEL qu'il remporta en 2003.

Séduit par le projet spinalien, ce compétiteur au caractère de gagneur, ex-international chevronné comptant 245 sélections, quatre participations aux Jeux olympiques et treize Mondiaux seniors, reprend donc du service, bien décidé à apporter sa pierre à l'édifice. Comme il avait su le faire en Isère avec peu de moyens.

Partageant la même philosophie que Bozon, cet adepte d'un jeu fluide et aéré basé sur l'intensité (tout en mouvement, avec beaucoup de vitesse, de patinage et d'engagement) a donc toutes les cartes en mains pour faire aussi bien. Le départ du Boz', s'il laisse un petit goût d'inachevé, n'a pourtant pas douché l'enthousiasme débordant d'un Romain Casolari projetant de prochainement lancer sa "Gamyo Académie" (pour que la formation ne soit plus le parent pauvre du hockey spinalien) tout en rêvant de voir "son" club jouer dans la cour des grands. Il y a d'ailleurs fort à parier que l'état-major spinalien, en cas de sollicitation, n'aurait pas dit non à la Ligue des champions...

Reste qu'en laissant passer leur chance d'être sacrés champions de France, les Gamyo ont aussi vu la grande Coupe d'Europe s'envoler, ajoutant un côté encore plus frustrant à ce début de printemps pourtant valorisant. Les Vosgiens, un temps très mal en point, étaient revenus de très loin en s'emparant in extremis du huitième rang. Une dynamique positive retrouvée, qui leur permit de franchir l'écueil strasbourgeois, puis de repousser leurs limites en éliminant successivement Rouen et Angers. Deux adversaires supérieurs sur le papier, mais dont ils surent se débarrasser... bien aidés, il est vrai, par le brio d'un Andrej Hocevar pleinement retrouvé !

Finalistes malheureux (mais ô combien valeureux), les Spinaliens ont donc réalisé des play-offs de haute volée, faisant fi d'une usure physique prononcée en parvenant à enchaîner les matchs à haute intensité. Un état d'esprit "guerrier" répondant parfaitement aux attentes de Philippe Bozon, qui aura su tirer le meilleur de ses joueurs en exploitant parfaitement la grande profondeur de banc d'un alignement étoffé, en cours d'exercice, par les arrivées de Vojtech Kloz et Nicolas Leonelli. Deux renforts ayant permis aux Vosgiens de tourner à quatre lignes tout au long de la saison. Un détail d'importance qui aura fait toute la différence en phases finales, où les deux formations (Épinal et Gap) disposant des plus grandes rotations en arrivèrent à se disputer le titre de champion.

La Coupe Magnus fut donc à portée de main d'un groupe spinalien travailleur et très soudé, apparu plus à l'aise dans le rôle du challenger que dans celui du favori. Un contingent n'ayant jamais disposé d'autant d'individualités capables de marquer. Le poids de l'attaque, qui reposait traditionnellement sur deux "grosses" lignes, s'étalait dorénavant sur une dizaine d'éléments. Quelques défenseurs très offensifs (tels Baazzi ou Moisand) et plusieurs "dévoreurs d'espaces" jamais si dangereux que lorsqu'ils parviennent à accélérer le jeu de transition. Les Vincent Kara, Pierre-Charles Hordelalay et autres Peter Valier, redoutables contre-attaquants dont la vitesse de patinage et la rapidité d'exécution collaient parfaitement au style de jeu prôné par Philippe Bozon. Un système très exigeant (basé sur l'intensité et nécessitant un engagement de tous les instants) dans lequel s'était visiblement épanoui Nicolas Leonelli, l'énergique ailier helvète prêté par Genève-Servette.

L'orange, toujours tendance pour les joueurs "made in France" ?

Le rapide attaquant suisse, tout particulièrement spécialisé dans l'art d'aller presser très haut le porteur du palet, n'est toutefois plus là. Arrivé en fin de contrat avec les "Grenats", le Genevois, pris à l'essai dans le Haut-Valais (à Viège, où il a déjà évolué par le passé), espère désormais s'affirmer en LNB, sur des glaces qu'il aurait normalement dû griffer sous les couleurs bâloises l'an dernier (sans le dépôt de bilan du club rhénan). Voilà un premier départ qu'il fallait impérativement compenser... tout comme celui de Grégory Beron, reparti en Picardie après sa fin de saison canon !

Très loin de son meilleur niveau durant les six premiers mois de compétition, l'ailier (repositionné au centre) s'est en effet métamorphosé aux premières lueurs du printemps, élevant significativement son niveau de jeu en play-offs pour redevenir le buteur qu'il n'a jamais vraiment été de septembre à février. Le nouveau défenseur amiénois, jusqu'alors fantomatique, a retrouvé ses sensations, son sens du but et son efficacité dans les moments importants (c'est notamment lui qui marqua, par deux fois, le tir au but gagnant en quarts de finale face à Rouen).

Peter Valier, en dépit d'un contrat pluriannuel signé l'an passé, est lui aussi revenu sur son engagement (chose possible en Ligue Magnus, assimilée à un championnat non professionnel où les contrats dits "longue durée" n'ont qu'une valeur "morale" et doivent être reconduits à l'année). L'ex-ailier dijonnais s'en étant allé gonfler les rangs d'un promu bordelais décidément très attrayant. Les Boxers ayant également recruté les Besch, Janil, Petit, Desrosiers et autres Charland...

Ce jeune attaquant talentueux, rapide et percutant (mais aussi trop individualiste par moment) a donc préféré Bordeaux au projet des Gamyo. Un départ contrariant car réduisant alors le contingent des JFL spinaliens à peau de chagrin... une semaine seulement après celui d'un Vincent Kara appelé à découvrir un nouveau championnat ! Mais avant d'espérer avant d'espérer imiter Anthony Guttig, Ronan Quemener et Teddy Da Costa (parvenus à s'ouvrir les portes de ligues plus huppées après leurs passages réussis au second échelon finlandais), l'ancien Chamois devra transformer un nouvel essai au RoKi Rovaniemi. Son premier passage au Peliitat Heinola (club de bas de tableau de Mestis, telle qu'on appelle l'antichambre de la Liiga) n'a pas été couronné de succès.

Sortant de la meilleure saison de sa carrière (22 buts et 49 points en 60 matchs officiels toutes compétitions confondues), Kara aspirait depuis longtemps à relever un nouveau défi à l'étranger. S'expatrier étant devenu le meilleur moyen de glaner un statut d'international régulier, cet ailier gauche combatif à souhait (et très précieux dans tous les aspects du jeu) devra donc impérativement convaincre les dirigeants du RoKi, club promu en Mestis représentant la plus grande ville de Laponie, située à un jet de pierre du cercle polaire.

De bons techniciens, de gros travailleurs... mais pas de vrais buteurs ?

Loin de cette idée, Florian Sabatier a lui rejoint Épinal dans l'espoir de percer au plus haut niveau français. Aussi bon buteur que passeur, le petit centre rémois (1,74 m pour 70 kg), qui avait jusqu'alors toujours défendu les couleurs de son club formateur, devra toutefois composer sans Jérémy, son frère aîné (et ailier gauche attitré) qui a également franchi le pas en rejoignant les Pingouins de Morzine-Avoriaz. À défaut d'avoir pu attirer des JFL de tout premier plan, l'état-major spinalien est donc parvenu à s'attacher les services d'un des tous meilleurs attaquants français de Division 1, qui valait son point par match depuis ses débuts chez les "grands" (il y a maintenant huit ans). Une moyenne risquant fortement de chuter en Ligue Magnus, où l'ancien Phénix ne sera pas autant mis en avant. Et pour cause, c'est au centre du troisième trio que le Champenois devra s'exprimer.

Stéphane Barin le préfère à Hugo Vinatier, un pur produit des Jets de Viry. Ce centre très complet (ex-international junior et cadet) dut longtemps concilier grandes études et pratique du hockey. Une année passée dans le Massachussets, à perfectionner son anglais tout en évoluant dans une ligue junior B, comme pour poser les jalons d'une seconde expatriation. À Montréal, où il fut ensuite amené à intégrer l'université anglophone de Concordia pour son année d'étude imposée à l'étranger (en 2013/14). Mais chez les Stingers, le Francilien, réduit au rang d'attaquant de fond d'alignement, ne marquera qu'une seule fois, gardant toutefois la satisfaction d'avoir pu régulièrement jouer dans un championnat aussi relevé. Troisième meilleur compteur français de D1 la saison passée avec Neuilly-sur-Marn, Vinatier n'y récolta pourtant que peu de louanges de son entraîneur Frank Spinozzi, pas convaincu. Il aura un rôle moins offensif au sein d'une quatrième ligne toujours dévolue au frêle Anthony Rapenne (1,80 m pour 68 kg) et au besogneux Yannick Offret, homme de l'ombre brillant par son travail de sape, ses efforts pour presser l'adversaire et son abattage en désavantage numérique). Le jeune Spinalien Maxime Martin fait, lui, figure de treizième attaquant.

Il va sans dire que les arrivées conjuguées de Klimek, Sabatier, Fujerik et Vinatier (tous centres de métier) précipiteront le repositionnement de Matthieu Le Blond, qui repassera ailier pour côtoyer Pierre-Charles Hordelalay. Cet ailier aussi rapide qu'habile de ses mains, qui était l'atout offensif numéro un de la quatrième ligne, est désormais appelé à śuvrer au sein du troisième trio spinalien. Hordelalay devrait à nouveau se montrer suffisamment opportuniste pour bénéficier d'échappées, comme celles qu'il aura su concrétiser l'an passé en faisait preuve de sang-froid face aux gardiens. Mais surtout, l'ex-Amiénois, Briançonnais, Nocéen et Rémois aura encore un bon coup à jouer en powerplay, domaine de prédilection d'une figure bien connue de Poissompré. Un joueur de caractère, élément fédérateur du vestiaire et meneur d'homme hors pair. Une valeur sûre du championnat français. Un buteur opportuniste toujours bien placé dans la zone de vérité, aux abords d'une cage qu'il ne manque jamais d'attaquer. Un solide ailier gagnant à être bien entouré. Un joueur travailleur, peu spectaculaire mais qui sait faire preuve d'efficacité. Un Québécois bon teint, ancien capitaine des Dauphins. Vous l'avez compris, il s'agit de Steven Cacciotti !

Après l'avoir laissé filer l'an passé, Anthony Maurice est donc parvenu à "rapatrier" le plus spinalien des Italo-canadiens, qui ne sera donc resté qu'une saison à Dijon. Suffisant pour étaler ses qualités au côté d'Ilpo Salmivirta et Sébastien Gauthier, autres anciens spinaliens (avec le défenseur Benoît Quessandier) d'un contingent côte d'orien qu'il domina en terme de buts marqués (13) sur l'ensemble du championnat régulier. Aussi bien qu'Anze Kuralt, qui en a sous le patin et peut faire trembler nombre de filets lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens. Ce qui n'a toujours pas été le cas l'an passé : le Slovène, apparu loin de son poids de forme à la reprise des entraînements, a mis de longues semaines à retrouver la bonne carburation, pas aidé (il est vrai) par cette blessure à la cheville contractée en sélection (en novembre face au Japon). Des troubles de l'oreille interne, apparus fin janvier, achevant de le freiner dans son élan renaissant...

L'international slovène, très en verve lors de sa première saison dans le championnat français (il totalisa 26 buts et 52 points en 33 matchs de Ligue Magnus, play-offs et Coupe de la Ligue inclus), n'aura donc pas été si prolifique l'an passé (avec 26 buts inscrits et 40 points amassés en 47 rencontres, toutes compétitions confondues) malgré la présence d'une de ses vieilles connaissances. Ken Ograjenšek, son compère et ami, qui n'a lui pas exprimé tout son potentiel pour sa première expérience à l'étranger.

Seul représentant spinalien aux derniers championnats du monde, ce jeune attaquant pétri de talent (mais parfois resté plusieurs matchs sans marquer) aura donc nettoyé quelques lucarnes sans avoir vraiment donner l'impression d'exploiter pleinement ses nombreuses qualités : vitesse, technicité, spontanéité, précision et puissance de lancer. Mais était-il suffisamment bien entouré pour donner la pleine mesure de ses possibilités ? On voit mal comment l'international slovène aurait pu s'épanouir au côté d'un centre aussi défensif que Matthieu Le Blond, grand spécialiste du jeu en infériorité et redoutable "tueur" de pénalités. Un coéquipier dévoué, combatif à souhait. Un joueur d'appui plus que de profondeur, pas maladroit pour lancer ses ailiers... mais n'ayant vraiment rien d'un buteur-né !

Kloz et Moisand, le duo gagnant

Lukáš Králík et Dominik Fujerik n'étant vraisemblablement pas de gros pointeurs, on peut légitimement s'interroger sur le potentiel offensif d'une formation reposant, heureusement, de solides fondations. On pense notamment à ce duo Kloz-Moisand, ayant fait si forte impression l'an passé. La tour de contrôle tchèque et l'international français ont formé une sacré paire, aussi solide que complémentaire. À la rapidité, aux relances et aux bons placements de Maxime Moisand se mêlant l'imposante carrure de Vojtech Kloz (1,90 m pour 109 kg). Un gros morceau difficile à bouger sur jeu placé, calme et posé, qui utilise son physique à bon escient et excelle dans l'art de protéger son palet. Un grand gabarit plus mobile qu'il n'y paraît, capable d'assurer de belles remontées et de relancer très proprement le palet.

Contrairement à Moisand, naturellement porté vers l'avant et doté d'un slap aussi précis que puissant, Kloz, très posé, préfère s'ancrer devant la cage en supériorité, à l'affût d'un rebond, d'une éventuelle déviation ou simplement pour masquer la vue du portier. Le Tchèque n'est donc pas seulement devenu un maillon fort du dispositif défensif vosgien, mais aussi l'une des pièces maîtresses du collectif spinalien. Qui l'aurait imaginé à son arrivée en cours de saison passée ?

Le défenseur né et formé à Karlovy Vary, engagé comme pigiste médical (afin de pallier les indisponibilités de Maxime Ouimet et Martin Charpentier), était initialement venu "dépanner". Mais ce provisoire a duré et Kloz prêta main forte aux Gamyo jusqu'au printemps, apportant une présence aussi intimidante pour ses adversaires que rassurante pour ses coéquipiers, sans pour autant surjouer. Une sobriété l'exposant faiblement aux pénalités, comme c'est également le cas de Maxime Moisand, bien moins impressionnant physiquement mais non moins solide défensivement. L'international français, précieux dans tous les aspects du jeu, s'est montré très régulier tout au long de la saison. Propres dans ses interventions, rarement pris à défaut et toujours précis dans sa première passe, qui a tout d'une parfaite rampe de lancement pour ses avants.

On comprend pourquoi l'état-major des Gamyo souhaitait à tout prix conserver ce duo, resté performant tout au long d'une saison "marathon" ayant vu Moisand disputer, en plus des échéances internationales (sept parties au total), pas moins de soixante-deux rencontres sous les couleurs d'Épinal. Un total comprenant les vingt-trois matchs de play-offs étalés sur seulement quarante-cinq jours. Un rythme haletant dont se sont accommodés ses coéquipiers, qui ont retrouvé toute leur détermination, portés par l'inébranlable combativité du capitaine Maxime Ouimet, redevenu le leader défensif qu'il n'avait pas toujours été l'hiver précédent.

Tenace le long des bandes, dur sur l'homme et accrocheur dans les duels, ce défenseur ne disposant pas de réelles aptitudes offensives avait re-signé pour une quatrième saison dans le championnat français. Mais les "événements" de l'été ont poussé le Québécois à se raviser, imité par le trop souvent décevant Alain Goulet, qui n'aura jamais vraiment été le "gros" défenseur espéré l'an passé. Trop de pénalités concédées à des moments-clés et de palets perdus ont également terni l'image de Goulet, qui fut l'un des éléments les moins convaincants du précédent contingent.

Le groupe comprend toujours Gašper Sušanj, présent depuis maintenant trois ans. Le grand défenseur slovène (passé d'un différentiel de -9 en saison régulière à un ratio de +2 en play-offs) n'est pas un modèle de rapidité, mais il tient sobrement son rang en temps que cinquième défenseur de l'alignement... sans pourtant sembler pleinement exploiter son gabarit imposant et son lancer puissant.

Un temps considéré comme l'un des meilleurs défenseurs défensifs français de sa génération, Martin Charpentier est, lui, loin de s'être épanoui sous l'ère Bozon. Relégué sur le banc (après avoir été commotionné en début de saison), le Spinalien a fait les frais de l'arrivée de Vojtech Kloz, devenant septième défenseur... puis douzième attaquant !

Ce défenseur consciencieux s'attellera donc à regagner des galons de titulaires perdus l'an passé, sans craindre la concurrence d'un Peter Slovák désormais pré-retraité. L'expérimenté slovaque, chargé du hockey mineur (et laissé à la disposition des réservistes spinaliens, qui retrouvent les joies de la D3 cette année), sera toutefois toujours là en cas d'absolue nécessité. Il en va de même pour Thibaut Farina, apparu le plus souvent remplaçant ces dernières années. Le Briançonnais, élément plus besogneux que talentueux, mais suffisamment polyvalent pour se montrer capable d'évoluer derrière ou devant selon les besoins du moment, apporte davantage de profondeur à un secteur déplorant non seulement les départs d'Alain Goulet et Maxime Ouimet, mais aussi celui d'Aziz Baazzi.

Si l'on sut rapidement que l'essai d'Aleš Sova s'avérerait non concluant, il n'en fut pas de même pour celui de son ancien coéquipier, également venu du seul club tchèque engagé dans un championnat étranger (Znojmo évoluant depuis cinq ans chez le proche voisin autrichien). Une Erste Bank Liga que Jirí Klimícek découvrit l'an passé en rejoignant les "Orli" (aigles en tchèque)... faute d'avoir pu s'imposer en Extraliga avec Vitkovice (le grand club d'Ostrava) ! Défenseur très offensif, cet ex-international U18 intégralement formé dans sa ville natale (au HC Poruba, puis à Vitkovice) s'était auparavant aguerri en deuxième division tchèque (Havirov) après une saison passée dans le championnat junior russe (MHL)... avec l'équipe tchèque de Karlovy Vary !

C'est donc en comptant Klimícek en son sein que le club vosgien partit dernièrement disputer la Coupe des Bains, où se présentait l'occasion d'affronter les Finlandais de l'Ilves Tampere, les Suédois de Karlskrona ainsi que les Slovaques de Banská Bystrica. Un niveau de compétition qui n'aurait pas été de nature à effrayer Tomáš Kloucek, un beau bébé (1,92 m pour 100 kg) au gros CV.

Débarqué début septembre à Poissompré, cet ancien choix de cinquième ronde des New York Rangers (en 1998) peut en effet se targuer d'avoir côtoyé, durant deux ans, les Mike Richter, Pavel Bure, Eric Lindros, Brian Leetch et autres Mark Messier à Broadway. Le Pragois (formé au Slavia) était même considéré comme le meilleur défenseur d'avenir des Rangers, fort de qualités (puissance, robustesse et mobilité) lui permettant de se montrer aussi intimidant pour ses adversaires que rassurant pour ses coéquipiers.

Vainqueur de la Coupe Calder dès sa première saison en AHL (1999/2000), Kloucek était donc parvenu à s'établir en NHL. Mais une grosse blessure au genou subie en avril 2001 freina sa progression, non sans l'empêcher d'encore disputer une cinquantaine de matchs avec les Blueshirts. Son séjour new-yorkais finira toutefois par s'abréger. Renvoyé en AHL (Hartford) au début de la saison 2002/03, il fut échangé à Nashville trois mois plus tard, puis transféré chez les Thrashers d'Atlanta. C'est d'ailleurs là-bas que sa carrière de NHLer s'acheva après 141 matchs disputés, 2 buts marqués et 250 minutes de pénalités récoltées (entre 2000 et 2005)...

Tout ceci commence bien sûr à dater. Mais force est de constater que très peu de joueurs, dans nos contrées, sont aussi solidement référencés que ce défenseur grand format rompu aux joutes de l'AHL et de l'Extraliga. Une élite tchèque qu'il retrouva, en janvier 2012, après trois ans au Barys Astana. Trois saisons et demi en KHL (il débuta l'exercice 2011/12 au Lev Poprad), essentiellement passées dans la capitale du Kazakhstan... où il aura notamment réussi "l'exploit" d'accumuler 222 minutes de pénalités en 47 matchs de championnat (en 2008/09) ! Passé, depuis, par les deux Extraliga (Trinec et Košice), Kloucek défendit très brièvement les couleurs de Znojmo avant de terminer la saison 2014/15 en deuxième division tchèque. Plus précisément à Kladno, dans le club cher à Jaromír Jágr et aux côtés de plusieurs autres ex-NHLers en fin de carrière (Jan Hlavác, Petr Tenkrát et Tomáš Kaberle).

Voilà donc un renfort de poids pour des Gamyo bénéficiant toujours du savoir-faire d'Andrej Hocevar devant le filet. En espérant, évidemment, que l'international slovène se montre aussi régulier qu'au printemps dernier (lorsqu'il enchaînait les performances de choix et tenait, parfois, son équipe à bout de bras).

C'est d'ailleurs peu dire que le retour d'Hocevar à son meilleur niveau ne fut pas étranger au renouveau des Gamyo. Mais s'il a fini par retrouver sa capacité à livrer un match plein du début à la fin, l'homme masqué (désormais quatrième dans sa hiérarchie nationale derrière Kristan, Gracnar et Krošelj) en aura laissé plus d'un sur sa faim. Des performances teintées d'irrégularité (entre la mi-novembre et la fin janvier) et quelques "mauvais buts" encaissés ayant même laissé penser qu'il n'avait plus rien d'un grand gardien.

Il s'avère toutefois qu'un coup d'śil moins aiguisé altéra sa compétitivité. Mais une fois l'intégralité de ses moyens retrouvée, ce bourreau de travail est redevenu plus solide que jamais. Ses statistiques, très quelconques en saison régulière (3,27 buts encaissés par match et à peine 88% d'arrêts), sont pourtant restées moyennes en play-offs (2,58 buts/matchs et 90,7% d'arrêts). Mais au-delà des chiffres, on retiendra surtout l'impression laissée par l'ancien gardien des Ducs d'Angers, apparu très solide tout au long des phases finales... et tout particulièrement devant Rouen !

Ayant retrouvé toute sa réactivité, sa concentration et sa propension à limiter les rebonds, Hocevar n'aura donc véritablement failli qu'une fois dans ces séries, lorsque ses coéquipiers, passablement émoussés, volèrent en éclat à l'Alp'Arena (0-9). Ce soir-là, il fallut se résoudre à faire jouer sa doublure Pierre Mauffrey, qui aura vu très peu d'action l'an passé (faute, il faut bien l'avouer, d'apporter suffisamment de garanties au plus haut niveau français)...

Savoye, plutôt que Niclot

Désireux de mettre la main sur un gardien capable de suppléer Andrej Hocevar en cas de besoin, les Gamyo ont d'abord engagé Benoît Niclot. Mais en s'empressant d'enrôler l'ancien back-up morzinois, l'état-major spinalien allait se mettre dans l'embarras. Ce gardien petit format (1,77 m) misant essentiellement sur sa vivacité et sa rapidité n'était pas le premier choix de Stéphane Barin, qui lui préférait Lucas Savoye. Aussi a-t-on vite compris, à l'annonce de la signature du Gapençais, que Benoît Niclot serait de trop chez les Gamyo.

Mieux valait donc que le Francilien (finalement parti renforcer le promu marseillais) trouve à se recaser, sous peine de vivre une mise en concurrence jouée d'avance. Seul Lucas Savoye est amené à traîner ses grands compas et sa silhouette élancée du côté de Poissompré (où il fit une apparition remarquée le 27 mars dernier, en suppléant un Fouquerel apparu incroyablement chancelant). Et s'il est un gardien qui revient de loin, c'est bien lui, que l'on a cru perdu pour le hockey après l'accident de la route dont il fut victime en octobre 2013 (en compagnie d'Étienne Chiappino, qui avait été plus légèrement blessé).

Savoye, qui n'était que le troisième portier des Rapaces l'an passé, fait donc une deuxième infidélité à son club formateur (après sa parenthèse caennaise entre 2011 et 2013). Le gardien haut-alpin devient ainsi la première "pièce rapportée" à occuper ce poste de suppléant dévolu aux joueurs du cru depuis six ans. Un statut lui permettant d'également bénéficier des conseils avisés d'Eddy Ferhi, le tout nouvel entraîneur des gardiens spinaliens.

Les play-offs n'étant désormais plus réservés aux huit premiers, il conviendra aux Spinaliens de ne pas trop laisser de points de côté. Cette saison de transition (la dernière en temps que président pour Claude Maurice, qui passera la main au prochain passage du club en SASP) est celle de tous les dangers (trois clubs "magnusiens" pouvant être relégués). Mais si rien ne condamne les Vosgiens à la poule de maintien, il faudra aux hommes de Stéphane Barin tout donner, sans rien lâcher, de septembre à février. Les Gamyo ne sont, a priori, plus vraiment taillés pour jouer le haut du tableau... faute d'avoir pu recruter comme ils l'auraient souhaité !

Anthony Maurice peut bien sûr s'enorgueillir d'avoir finalisé l'arrivée d'un ex-NHLer (Tomáš Kloucek). Mais le "general manager" ambitionnait surtout de recruter un ou plusieurs internationaux français. Le fils du président a, en effet, vu de nombreux "gros" JFL lui passer sous le nez. On pense notamment au défenseur Benjamin Dieudé-Fauvel (qui a finalement préféré rester aux États-Unis) et à l'ailier Sacha Treille, qui aura longtemps hésité avant de finalement signer à Rouen (où s'est présentée l'opportunité de pouvoir évoluer une dernière fois au côté de son frère aîné). À la déception d'avoir vu Peter Valier leur faire faux-bond, les supporters regretteront également le départ de Vincent Kara (attaquant aussi présent défensivement qu'important offensivement), auquel s'est ajoutée la perte du capitaine Maxime Ouimet (qui faisait l'unanimité à Poissompré), suivie de celles d'Aziz Baazzi et Alain Goulet.

Peut-être un mal pour un bien, surtout que le club de la Cité des Images ne semble pas trop avoir perdu au change avec les Vinatier, Klimícek, Fujerik et autres Sabatier, qui ont laissé entrevoir de belles possibilités cet été, au sein d'un groupe spinalien ne manquant pas de combativité. Qu'on se le dise, il faudra s'en méfier !

Jérémie Dubief

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2014/15  MJ   Min   Moy.    %
34 HOCEVAR Andrej        21/11/1984  183  83         (Slovène)  Épinal       FRA-1   48  2867   2,93  89,4%
46 SAVOYE Lucas          22/08/1993  186  76  Gap               Gap          FRA-1    1    27   4,37  83,3%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2014/15  MJ   B   A Pts   +/-   Pén
 9 CHARPENTIER Martin    21/01/1993  183  72  Épinal            Épinal       FRA-1   41   0   0   0   -8     8'
12 SLOVAK Peter          29/11/1977  175  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   40   0   0   0   -14    8'
28 SUSANJ Gasper         30/06/1988  186  95         (Slovène)  Épinal       FRA-1   48   3   5   8   -7    50'
59 KLOZ Vojtech          23/01/1986  190 109         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   42   5   9  14   +6    40'
90 MOISAND Maxime        11/06/1990  177  78  Grenoble          Épinal       FRA-1   48   6  19  25   +8    32'
   KLIMICEK Jiri         30/11/1992  184  85         (Tchèque)  Znojmo       AUT-1   42   1  13  14   +7    22'
   KLOUCEK Tomas         07/03/1980  192 100         (Tchèque)  Znojmo       AUT-1    4   0   0   0   -1    12'
                                                                Kladno       TCH-2   30   2   4   6   +18   83'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2014/15  MJ   B   A Pts   +/-   Pén
10 MARTIN Maxime         24/06/1994  178  68  Épinal            Épinal       FRA-1   33   0   0   0   -2     0'
13 FARINA Thibaut        05/08/1993  180  82  Briançon          Briançon     FRA-1   33   1   2   3   +2     0'
14 PLCH Jan              16/08/1974  182  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   48  18  29  47   +8     6'
18 OGRAJENSEK Ken        30/08/1991  175  82         (Slovène)  Épinal       FRA-1   48  13  21  34   +4    62'
19 CACCIOTTI Steven      23/02/1987  183  90    (Ita/Canadien)  Dijon        FRA-1   39  17  16  33   +3    20'
21 SABATIER Florian      21/03/1990  174  70  Reims             Reims        FRA-2   26  12  14  26   +7    22'
23 OFFRET Yannick        05/05/1988  180  86  Amiens            Épinal       FRA-1   43   1   2   3   -10   26'
25 RAPENNE Anthony       16/11/1991  180  68  Épinal            Épinal       FRA-1   47   1   1   2   -11    2'
57 HORDELALAY Pierre-C.  05/01/1989  175  75  Mantes            Épinal       FRA-1   41   8  13  21   -1    32'
66 FUJERIK Dominik       24/03/1993  180  80        (Slovaque)  Martin       SVK-1   57  11  13  24   -16   24'
67 VINATIER Hugo         02/09/1992  183  78  Viry              Neuilly      FRA-2   26  11  17  28   -7    22'
88 LE BLOND Mathieu      16/09/1987  181  71  Grenoble          Épinal       FRA-1   48   6   6  12   -13   22'
92 KURALT Anze           31/10/1991  175  80         (Slovène)  Épinal       FRA-1   38  18  12  30   -4    83'
   KRALIK Lukas          14/03/1993  187  87         (Tchèque)  Trebic       TCH-2   51   4   3   7   -10   36'

Entraîneur : Stéphane Barin (44 ans).

Partis : Philippe Bozon (entraîneur), Pierre Mauffrey (G, 2 MJ et 85,2%, arrêt), Aziz Baazzi (D, 3+16, Heilbronn, ALL-2), Alain Goulet (D, 6+10), Maxime Ouimet (D, 0+8, Laval, LNAH), Michal Petrak (A, 13+29, Strasbourg), Vincent Kara (A, 16+21, RoKi Rovaniemi, FIN-2, à l'essai), Grégory Béron (A, 13+14, Amiens), Peter Valier (A, 9+12, Bordeaux), Nicolas Leonelli (A, 7+5, Viège, SUI-2).

 

Revoir la présentation 2014/15

 

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