Grenoble : on efface tout et on recommence

 

Après la déception de la saison précédente et une élimination prématurée au premier tour des play-offs contre Gap, les Brûleurs de Loups avaient décidé de tout changer... ou presque. Richard Martel, entraîneur expérimenté et réputé dans le Junior Majeur québécois, avait remplacé derrière le banc Dufour, qui sortait de quatre années passablement ternes. Les premiers effets ne tardaient pas à se faire sentir... Martel apportait une culture de la gagne à une équipe qui l'avait perdue depuis longtemps. Sous l'impulsion de deux recrues majeures, le capitaine et ex-NHLer Éric Chouinard et le gardien suédois Michal Zajkowski, les Brûleurs de Loups connaissaient à l'automne une incroyable série de 19 matchs d'invincibilité dont 11 succès consécutifs en Ligue Magnus. Et lorsqu'Épinal finit par faire tomber l'ogre grenoblois, Grenoble décrochait quand même son ticket pour la finale de la coupe de la ligue à Méribel. Une finale remportée à l'arrachée face à Rouen avec Zajkowski comme joueur du match. Un trophée qui venait récompenser un magnifique début de saison et surtout mettre fin à quatre ans de disette depuis la dernière coupe de la ligue remportée lors de la saison 2010-2011.

Mais la suite fut moins souriante pour les Brûleurs de Loups qui redescendaient de leur nuage. Une élimination en quart de finale de la coupe de France par Gap et une avance en tête de la Ligue Magnus qui fondait au fil de résultats en dents de scie. Malgré tout, les Grenoblois conservaient la première place de la saison régulière même s'ils étaient souvent bousculés, s'en remettant à leur gardien Zajkowski et à leur défense pour arracher des succès bien étriqués. C'est tout le paradoxe d'un leader de saison régulière qui aborde les play-offs avec l'impression de chercher encore son jeu. Les quarts de finale contre Dijon confirmeront les doutes qui entourent l'équipe grenobloise.

Après deux rencontres gagnées d'un petit but, la machine grenobloise s'enraye. Ballottés physiquement depuis le début de la série, les Brûleurs de Loups s'inclinent à deux reprises sur la petite glace dijonnaise. Avec des conséquences encore plus lourdes : en guise de réponse à la sortie sur blessure de Zajkowski, Martel envoie le jeune Scolari en "expédition punitive" contre le gardien dijonnais Buysse. Scolari en sortira marqué physiquement et moralement après avoir été corrigé par Dame-Malka. Martel sera congédié le lendemain et suspendu par la suite huit mois par la fédération. Avec le retour de Dufour aux commandes (après avoir été entraîneur-assistant toute la saison), les Brûleurs de Loups s'inclinent aux tirs au but lors du match 5.

Au final, les Brûleurs de Loups ont tout perdu. Les illusions de leur début de saison et leurs rêves de coupe Magnus, mais aussi leur entraîneur, Richard Martel, celui du renouveau qui avait ranimé la flamme des supporters grenoblois un soir de décembre à Méribel. Dès lors, la saison de Grenoble ressemble à un immense gâchis. Comment une équipe si rayonnante à l'automne a-t-elle pu connaître une telle sortie de route ? Alors que Martel semblait vouloir s'inscrire dans la durée à Grenoble après une année de découverte de la Ligue Magnus, il faut désormais tout reprendre à zéro.

Un ticket Terglav/Dufour pour tourner la page Martel

Et pour prendre la succession de Martel, le staff des Brûleurs de Loups se tourne vers un ancien "disciple", Edo Terglav, que Martel avait coaché en Junior Majeur au Québec et sur lequel il ne tarissait pas d'éloges lorsque Grenoble rencontrait Briançon. Un choix loin d'être évident car Terglav n'était pas libre. En prenant la succession de Luciano Basile derrière le banc des Diables Rouges, Terglav s'était engagé pour trois ans à Briançon. Il a donc fallu d'abord négocier avec le club haut-alpin pour que ce dernier libère Terglav de son contrat.

Ensuite, le choix de Terglav peut surprendre par son inexpérience. Une saison seulement comme coach principal derrière une équipe, c'est peu alors que Grenoble s'était justement tourné vers Martel un an plus tôt pour amener de l'expérience derrière le banc. Et Terglav n'a pas eu des résultats excellents avec Briançon qui a dû batailler en barrages avant de se faire sortir en quarts de finale... comme Grenoble.

Si Terglav arrive donc à Grenoble, c'est en grande partie sur les recommandations de Jean-François Dufour. Car le technicien québécois est finalement sorti renforcé de l'épisode Martel. Alors qu'il était relégué au poste d'adjoint où il faisait le "tampon" entre Martel et les joueurs, il s'en retrouvé de nouveau en première ligne lors du match n°5. Confirmé à la tête des U22 Elite, il se voit désormais accordé un poste de directeur sportif qui lui permet de s'impliquer notamment dans le recrutement tout en restant entraîneur assistant de l'équipe pro. Un rôle pour le moins ambigu qui confirme en tout cas la foi inébranlable placée en lui par ses dirigeants, malgré son manque de résultats au cours des quatre années passées en tant qu'entraîneur chef.

C'est donc bien un véritable "duo" qui prend les commandes des Brûleurs de Loups sur le plan sportif. Le binôme Terglav/Dufour, relativement inexpérimenté, parviendra-t-il à redonner le bon élan aux Brûleurs de Loups, encore meurtris de leur fin de saison "en queue de poisson" ?

Un grand coup de balai dans l'effectif

Pour y parvenir, le nouveau staff grenoblois va effectuer un grand coup de balai dans un effectif qui avait pourtant donné satisfaction une bonne partie de la saison.

Pointée du doigt pour son inefficacité, l'offensive est complètement repensée. Arrivé après le début de saison, Hampus Gustafsson aura brillé surtout pendant sa période d'essai. Son temps de glace a baissé en même temps que son rendement, et sa non-reconduction est assez logique. Exit également Mitja Sivic pour lequel les années de fidélité aux Brûleurs de Loups, la très bonne saison dernière aux côtés de Petit et Chouinard et... la proximité avec Terglav, slovène comme lui, n'auront pas été des arguments suffisants. Il a sans doute été atteint par la limite d'âge aux yeux du staff. Même chose pour Felix Petit, pourtant troisième compteur de Ligue Magnus, qui ne s'est pas vu proposer de nouveau contrat, la faute à un manque de présence dans les matchs importants et un physique jugé un peu trop frêle dans les joutes rugueuses des play-offs. Combatif, Toby Lafrance l'a été, mais son rendement offensif insuffisant ne lui a pas permis d'envisager une troisième saison à Grenoble. Même les Grenoblois "de souche" ne résistent pas à cette "grande lessive" en attaque. Le club grenoblois ne s'est pas pressé pour faire une offre à Yorick Treille, qui a préféré s'engager à Rouen où il se sent plus désiré par Fabrice Lhenry que par le staff de son club formateur.

Au final parmi les attaquants étrangers, seuls Eric Chouinard et Danick Bouchard, arrivés l'an dernier, bénéficient d'une seconde chance et trouvent grâce aux yeux de Terglav et Dufour.

La défense n'est pas non plus épargnée. Dans le viseur pour leur manque de présence physique devant la cage, les défenseurs grenoblois font également les frais de la sortie de route prématurée en play-off. Arrivés dans les bagages de Martel, Dominic Jalbert et Sam Roberts ont réalisé une bonne saison sans pour autant convaincre complètement. Le premier a connu une blessure handicapante à l'épaule dès la pré-saison et n'a jamais pu exprimer pleinement son potentiel. Le second a tenté d'apporter un plus à l'offensive sans être le défenseur offensif attendu ni complètement faire oublier un certain Baptiste Amar qu'il était censé remplacer. Si le départ de Pierre-Antoine Simonneau pour faire la place aux jeunes sur le troisième bloc n'est guère surprenant, celui de Pierre-Luc Lessard l'est en revanche beaucoup plus. Même si son apport offensif était plus limité que son profil pouvait le laisser supposer, il restait un défenseur très solide dans sa zone et sans doute le plus constant des arrières grenoblois.

Et alors que Grenoble pouvait espérer un peu de stabilité devant la cage, les Brûleurs de Loups ont dû se résoudre à laisser partir Michal Zajkowski qui souhaitait se rapprocher de sa famille et trouvait en Lillehammer en Norvège un point de chute plus approprié. Le second gardien Jimmy Darier n'était pour sa part pas conservé.

Après une telle saignée dans l'effectif (voulue pour la plupart et au grand dam des joueurs partants !), il restait à combler le vide et surtout remplacer avantageusement les partants. Un sacré challenge surtout pour trouver une nouvelle cohésion.

Du "lourd" parmi les recrues

Assez logiquement, la priorité du recrutement se porte sur deux orientations : amener plus de joueurs capables de faire la différence en attaque et plus de force physique, notamment en défensive, afin de tirer les enseignements des derniers play-offs pendant lesquels Grenoble a souffert de la comparaison avec une équipe de Dijon bien plus intense dans les duels.

Pour l'aspect physique, les Brûleurs de Loups jettent leur dévolu sur des défenseurs capables de "faire le ménage" devant la cage et d'imposer une réelle présence physique dans les bandes ,ce qui était reproché aux partants, Jalbert, Roberts et Lessard. Après Briançon et Angers, Sébastien Bisaillon connaît ainsi son troisième club en Ligue Magnus. Avec ce défenseur extrêmement complet, capable de se faire respecter dans sa zone comme apporter du soutien à l'offensive, Edo Terglav espère avoir trouvé un "patron" pour sa défense, comme le furent Alexandre Rouleau ou Baptiste Amar. Car Bisaillon, en plus d'être un des meilleurs défenseurs de la Ligue Magnus est également un leader, capable de tirer le groupe vers le haut.

La deuxième recrue défensive est également passée par Angers. Jonathan Harty avait laissé de bons souvenirs lors de la saison 2012-13 qui avait vu les Ducs frôler le titre de très près. C'est en Suède que le staff grenoblois a retrouvé ce défenseur puissant, connu pour ses mises en échec dévastatrices et... ses nombreuses pénalités. C'est aussi le cas de Ryan Barlock, défenseur au style très rugueux qui s'est révélé la saison dernière à Caen dans un contexte très difficile. Sans grande référence si ce n'est deux saisons en CHL, Barlock a réalisé une saison pleine malgré la descente des Drakkars en montrant des aptitudes offensives intéressantes. Avec Bisaillon, Harty et Barlock, les Brûleurs de Loups récupèrent trois défenseurs "physiques" qui devraient rendre l'accès à la cage grenobloise moins facile... à condition de ne pas passer trop de temps en prison.

Mais de physique, il en sera également question en attaque avec l'arrivé du Tchèque Petr Kalus, un ancien prospect des Bruins de Boston qui a joué onze matchs en NHL avant de stagner en AHL puis de revenir en Europe. Il a traîné ses patins dans de nombreuses ligues dans lesquelles il s'est taillé la réputation d'ailier puissant et travailleur. Rien de tel pour mettre la pression sur la cage adverse et intimider l'adversaire à défaut d'apporter un supplément technique à l'offensive grenobloise.

Pour ce qui est de la technique justement, les Brûleurs de Loups ont jeté leur dévolu sur Dave Labrecque, venu tout droit de Briançon pour remplacer Félix Petit comme premier centre. Même si à son arrivée, Edo Terglav avait déclaré ne pas vouloir engager de joueurs de son ancienne équipe, il ne peut que voir avec bienveillance la venue d'un des tous meilleurs centres de la Ligue Magnus qui retrouvera Bisaillon, son ancien coéquipier chez les Diables Rouges. Labrecque est un véritable distributeur de jeu, capable d'animer le power-play et de faire briller des ailiers finisseurs.

Autre recrue offensive, Sébastien Gauthier en provenance de... Dijon. Après Cergy, Brest, Gap, Épinal et donc Dijon, ce "baroudeur" intègre son sixième club en France. Gauthier est un attaquant complet capable de jouer à l'aile comme au centre. Il avait connu sa meilleure saison en Ligue Magnus il y a trois ans à Épinal aux côté d'un certain... Danick Bouchard. Terglav rêve donc de reconstituer un duo qui avait si bien fonctionné dans les Vosges.

Enfin les Brûleurs de Loups, complètent leur recrutement offensif en enrôlant Sébastien Thinel, le frère jumeau de Marc-André, toujours rouennais. Neuf ans après une unique saison en France aux côtés de son frère chez les Dragons, Sébastien Thinel revient tenter sa chance en Ligue Magnus après huit saisons bien remplies en CHL où il a empilé les points du côté d'Odessa et de Missouri dont il était le capitaine depuis quatre saisons. Désormais plus proche de la fin de sa carrière, il souhaitait se rapprocher de son frère et devrait apporter une solution supplémentaire à l'offensive iséroise.

Reste la question épineuse du gardien de but, socle de toute saison réussie. Zajkowski avait en peu de temps réussi à conquérir le cśur du public grenoblois pourtant exigeant en la matière. Une histoire d'amour qui n'aura pas duré très longtemps, le temps tout de même de garnir l'armoire aux trophées avec une coupe de la ligue supplémentaire. Pour remplacer Zajkowski, les Brûleurs de Loups ont choisi le portier international letton, Ervins Muštukovs. Déjà en contact avec Grenoble l'année dernière, Muštukovs a connu un certain succès dans le championnat du Danemark où il a disputé trois des quatre dernières saisons pour trois clubs différents, avec à chaque fois une moyenne d'arrêts supérieure à 92%. Mike Vaskivuo, ancien Grenoblois, était son coéquipier à Aalborg la saison dernière. Il a achevé de le convaincre de venir découvrir Grenoble et la Ligue Magnus. Gardien assez grand mais doté de bons réflexes, Muštukovs a la réputation d'être un gardien discret dans le vestiaire mais plutôt spectaculaire sur la glace. Son expérience internationale est un plus : outre la sélection lettone dont il fait partie depuis sept ans, il a également joué deux saisons en Amérique du Nord. Son solide CV devrait apporter des garanties devant la cage des Brûleurs de Loups.

Même si le recrutement est principalement axé vers l'étranger, le staff grenoblois a également voulu insuffler du sang neuf parmi les joueurs tricolores. Avec notamment deux jeunes prometteurs, l'un attaquant, Julien Guillaume, et l'autre défenseur, Arthur Montenoise, qui ont comme point commun d'être originaires de Besançon et d'être passés par Amiens et Dijon pour parfaire leur formation. Après avoir percé l'alignement des Gothiques l'an dernier, Guillaume a une belle carte à jouer cette année à Grenoble où il peut raisonnablement viser la troisième ligne. Quant à Montenoise, il a eu du temps de jeu à Dijon au gré des blessures et il postulera pour le poste de sixième défenseur afin de confirmer sa saison prometteuse.

À noter également le retour de Robin Lamboley, formé au club, après deux saisons aux États-Unis en Ligue Junior (USPHL) et l'arrivée au poste de gardien remplaçant de Victor Goy, qui apporte sans doute plus de garanties que Jimmy Darier avec son expérience acquise lors des championnats du monde Division 1 avec l'équipe de France U20 l'an dernier.

Une cohésion à recréer

Sur le papier, l'effectif grenoblois est donc séduisant. Si les Brûleurs de Loups auraient sans doute préféré garder Zajkowski, ils tiennent en Muštukovs un gardien qui présente beaucoup de garanties sur le plan international sans être pour autant en toute fin de carrière. Goy est un back-up intéressant même s'il devrait avoir peu de temps de jeu en Ligue Magnus et jouer l'essentiel de la saison avec les U22 Elite.

La défensive est complètement remodelée. Seuls Stéphane Gervais et Nicolas Favarin ont réussi à conserver leur place. Si pour le premier ce n'est guère une surprise vu son niveau d'intégration dans le club (il est également préparateur physique des Brûleurs de Loups), pour le second il s'agit d'une belle récompense après une saison réussie, Favarin étant même certains soirs un des rares joueurs à hausser le ton physiquement sur la glace. Son expérience sera en tout cas précieuse, auprès de la jeune garde notamment, puisqu'il devrait épauler un jeune (Scolari, Montenoise ou Faure) sur le troisième bloc défensif grenoblois. Sur les deux premiers blocs, on retrouvera Bisaillon, Harty, Barlock et donc Gervais. Un quatuor bien plus physique que celui de l'an dernier mais sans doute moins technique et avec un risque de pénalités bien plus élevé.

En attaque, le staff grenoblois a voulu casser la "Chouinard-dépendance" tant certains soirs, le capitaine grenoblois semblait être le seul capable de marquer un but libérateur. Au point de s'épuiser pendant la saison régulière et d'arriver sans jus lors de play-offs où il fut globalement décevant. Il devra plus s'économiser cette saison d'autant plus que l'âge pourrait commencer à peser sur ses performances. Avec des joueurs créatifs comme Labrecque et Thinel, l'attaque grenobloise devrait être mieux à même de prendre le jeu à son compte et de ne pas jouer seulement les contre-attaques comme ce fut très souvent le cas la saison dernière. Quant à Danick Bouchard, il bénéficie d'une seconde chance après une première saison pas forcément très réussie, loin de sa saison amiénoise qui lui avait permis de terminer en tête des compteurs de la Ligue Magnus. L'arrivée de Gauthier à ses côtés devrait grandement l'aider.

On suivra également les progrès du jeune Jordann Perret, à la progression fulgurante depuis deux ans et qui frappe maintenant aux portes de l'équipe de France. Tenté par une aventure à l'étranger, Perret a effectué un essai en Suède cet été au IK Oskarshamn, posant ainsi des jalons pour la saison prochaine. En attendant, il espère poursuivre sa progression en Ligue Magnus et postule sérieusement pour une place sur les deux premières lignes grâce à une vitesse de patinage qui n'a pas beaucoup d'égal en Ligue Magnus. Il lui reste à améliorer son efficacité face à la cage et sa capacité à lever la tête pour faire des passes dans le bon tempo. La dimension physique sera également présente dans l'attaque grenobloise avec Kalus bien entendu qui fera partie des trois Grenoblois cette saison à avoir évolué en NHL (avec Chouinard et Bisaillon). Une première ! Sans oublier Christophe Tartari et Julien Baylacq, fidèles parmi les fidèles et dont l'apport sur la troisième ligne défensive et les situations d'infériorité numérique est inestimable tout comme leur rôle prépondérant dans le vestiaire. Il leur faudra toute de même résister à l'assaut de la jeune vague qui pousse derrière avec Romain Chapuis mais aussi Julien Guillaume et Robin Lamboley.

Avec Richard Martel, le club grenoblois semblait sur la voie du renouveau. Le titre en coupe de la ligue promettait des lendemains qui chantent et un long bail grenoblois à l'entraîneur québécois dont l'expérience et le charisme tranchaient avec son prédécesseur, lequel avait trouvé sa place en tant qu'entraîneur assistant. Les play-offs et la suspension de Martel ont rompu ce bel élan, obligeant ainsi le club grenoblois à de nouveau tout reconstruire avec un troisième entraîneur-chef en trois saisons. Tourner la page Martel s'annonce donc compliqué et la pression sera forte sur son successeur qui devra soutenir la comparaison.

Pour éviter les mauvaises surprises, Edo Terglav et Jean-François Dufour se sont tournés vers des joueurs qui connaissaient bien la Ligue Magnus. À l'exception de Kalus et de Muštukovs, toutes les recrues jouaient l'an dernier en Ligue Magnus ou y ont joué par le passé (Harty, Thinel). Cette connaissance de la ligue Magnus a été aussi un critère qui a poussé les dirigeants grenoblois à choisir Edo Terglav derrière le banc, comme si le "dérapage" de Martel en fin de saison et la production moyenne de certaines recrues extérieures (Jalbert, Roberts, Gustafsson) avait montré aux dirigeants qu'il était plus "sage" de choisir un encadrement et des joueurs rompus aux joutes de notre championnat national. Un choix qui se respecte même s'il peut sembler un peu manquer d'ambition.

Le bouleversement radical de l'effectif d'une année sur l'autre peut paraître surprenant, car les Brûleurs de Loups sortent d'une saison dans l'ensemble plutôt positive. Beaucoup de joueurs (Treille, Sivic, Lafrance, Petit, Jalbert, Lessard ou Roberts entre autres) sont donc partis contre leur gré après avoir pourtant contribué au meilleur ratio de victoires/défaites des cinq dernières saisons. L'aventure grenobloise aura certainement un goût d'inachevé pour la plupart d'entre eux. Car - et c'est un peu la nouveauté - on ne fait plus trop de sentiment à Grenoble. On n'en fait même plus du tout en écartant des piliers comme Yorick Treille, un "enfant du pays", ou Mitja Sivic, un des étrangers les plus fidèles à Grenoble et dont l'attitude a toujours été irréprochable. Au point de n'avoir plus que deux Grenoblois "historiques" dans l'équipe, Christophe Tartari et Julien Baylacq. Pas forcément suffisant pour créer un noyau garant de "l'esprit BDL" comme au temps des Amar, Bonnard, Bachelet et consorts... Même l'entraîneur, Edo Terglav, n'a aucun lien avec les Brûleurs de Loups alors que des entraîneurs comme Philippe Bozon ou Stéphane Barin étaient sur le marché.

Si la qualité individuelle des recrues ne fait guère de doute, la grande inconnue pour cette saison reste surtout la capacité des Brûleurs de Loups à jouer en équipe. Qui dit nouveau coach, dit nouveau système de jeu à assimiler pour les (rares) joueurs qui sont restés. Avec douze nouveaux, il faudra également trouver une cohésion sur la glace, mettre en place un jeu collectif capable de reconquérir un public parfois désabusé et surtout créer un véritable esprit d'équipe entre des joueurs arrivés d'horizon assez variés et qui ne se connaissent pas vraiment. Un réel pari d'autant plus qu'avec la CHL à découvrir (une belle surprise grâce au désistement d'une équipe danoise !) et le titre de coupe de la ligue à défendre, les Brûleurs de Loups ont un début de saison très intense pendant lequel ils ne pourront capitaliser sur les acquis de la saison dernière. Au moins peuvent-ils se tester rapidement dans une compétition relevée face à des équipes de haut niveau... à condition de ne pas gaspiller trop d'énergie dès le début de saison. Car c'est surtout au moment des play-offs que l'on saura si ce nouveau pari sera réussi et si les Brûleurs de Loups 2015-16, postulants au titre, formeront une équipe de mercenaires sans âme ou une machine de guerre capable d'aller enfin loin et, pourquoi pas, de chercher la Coupe Magnus.

Christophe Laparra

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2014/15   MJ   Moy.    %
31 GOY Victor            04/09/1995  177  73  St-Gervais        Chamonix    FRA-1    3  4,98   86,6%
33 MUSTUKOVS Ervins      07/04/1984  184  88          (Letton)  Aalborg     DAN-1   35  2,79   92,0%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2014/15   MJ   B   A Pts   Pén
 2 BISAILLON Sébastien   08/12/1986  183  93        (Canadien)  Angers      FRA-1   34   4  12  16   82'
 6 FAURE Arnaud          15/12/1995  183  85  Grenoble          Grenoble    FRA-1   29   1   0   1    2'
14 FAVARIN Nicolas       29/04/1980  178  83  Villard           Grenoble    FRA-1   27   0   3   3   28'
15 GERVAIS Stéphane      20/12/1982  182  90    (Fra-Canadien)  Grenoble    FRA-1   26   5   5  10   16'
17 MONTENOISE Arthur     06/04/1996  179  78  Besançon          Dijon       FRA-1   38   1   1   2    4'
21 SCOLARI Quentin       05/02/1994  187  90  Grenoble          Grenoble    FRA-1   29   0   2   2   25'
40 HARTY Jonathan        07/04/1988  180  98        (Canadien)  Björklöven  SUE-2   19   0   6   6   74'
42 BARLOCK Ryan          24/07/1987  185  84       (Américain)  Caen        FRA-1   26   6  15  21  127'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2014/15   MJ   B   A  Pts  Pén
10 LAMIRAULT Aubin       03/11/1995  180  73  Troyes            Grenoble    FRA-1   28   0   0   0    4'
12 GAUTHIER Sébastien    06/08/1986  180  90        (Canadien)  Dijon       FRA-1   39   9  27  36   18'
13 BAYLACQ Julien        10/04/1989  183  86  Grenoble          Grenoble    FRA-1   31   3   4   7   18'
16 KALUS Petr            29/06/1987  185  87          (Tchèque) Herning     DAN-1   44  23  18  41  209'
19 GUILLAUME Julien      30/04/1996  182  70  Besançon          Amiens      FRA-1   31   4   6  10   12'
20 LAMBOLEY Robin        07/11/1995  186  89  Grenoble          Roswell     USPHL   30   5  11  16   45'
25 CHOUINARD Eric        08/07/1980  191  92        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   29  17  17  34   32'
43 THINEL Sébastien      24/03/1981  185  82         (Canadien) Missouri    ECHL    69  17  53  70   41'
47 CHAPUIS Romain        21/10/1995  178  79  Grenoble          Grenoble    FRA-1   28   3   1   4    4'
56 LABRECQUE David       27/01/1990  181  80         (Canadien) Briançon    FRA-1   33   9  27  36   56'
73 TARTARI Christophe    03/12/1984  189  85  Grenoble          Grenoble    FRA-1   30   2  10  12   12'
83 BOUCHARD Danick       02/02/1986  175  88        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   30  15  11  26   24'
94 PERRET Jordann        15/10/1994  178  72  Villard           Grenoble    FRA-1   26   6  11  17   26'

Entraîneur : Edo Terglav (SLO, 35 ans).

Départs : Richard Martel (entraîneur), Michal Zajkowski (G, 91,8%, Lillehammer, NOR-1), Jimmy Darier (G, 95,7%, Chamonix, FRA-1), Sam Roberts (D, 5+15, Sanok, POL-1), Dominic Jalbert (D, 1+12, Chamonix, FRA-1), Pierre-Luc Lessard (D, 1+12, Chamonix, FRA-1), Pierre-Antoine Simmoneau (D, 0+3, Villard-de-Lans, FRA-3), Quentin Rodriguez (D, 0+0, Nantes, FRA-2), Félix Petit (A, 8+30, Bordeaux), Mitja Sivic (A, 15+17, Lyon), Toby Lafrance (A, 7+18, Briançon), Hampus Gustafsson (A, 7+11, Storhamar, NOR-1), Yorick Treille (A, 8+7, Rouen), Romain Orset (A, 0+1, Anglet, FRA-2).

 

 

Revoir la présentation 2014/15

 

Retour à la rubrique articles