Entretien avec Dave Henderson

 

Cette interview du nouveau sélectionneur de l'équipe de France a été réalisée avant le dernier match (France-Estonie) du tournoi pré-qualificatif aux Jeux Olympiques disputé du 11 au 14 novembre 2004 à Briançon.

- Dave Henderson, êtes-vous satisfait des performances de l'équipe de France ?

Oui, sur les deux premiers matches, je ne peux qu'être satisfait. Nous avons joué sérieusement et avec la manière. Les équipes rencontrées sont plus faibles que nous, mais nous avons fait deux belles prestations très sérieuses.

- Est-ce difficile de motiver l'équipe pour jouer contre l'équipe de Bulgarie et de Roumanie ?

Non, ce n'est pas difficile car nous avons la volonté de passer ce tour - ce qui n'est pas encore fait soit dit en passant - pour aller affronter en février 2005 les Autrichiens, les Ukrainiens et les Kazakhs. Tous les joueurs ont envie de participer aux Jeux Olympiques, alors la motivation est naturelle. Nous jouons donc sérieusement.

- Quelles qualités demandez-vous aux joueurs retenus ?

Je leur demande de la combativité, de la vitesse et du travail le long de la bande. Je demande beaucoup d'effort en forecheck et en repli défensif. Je demande d'appliquer quelques règles prioritaires. Ne pas perdre le palet à la ligne bleue. En attaque, je demande de rentrer en zone offensive avec le contrôle du palet, ou d'envoyer dans le fond si le passage est bloqué et d'aller travailler dans la balustrade. J'essaie de retenir les joueurs aux qualités capables d'appliquer au mieux ce jeu. Pour le moment, je suis satisfait d'eux.

- Vous avez nommé Meunier capitaine et rappelé Besse, ce sont les joueurs-types de votre sélection ?

Ce sont des joueurs de qualité. Arnaud Briand ayant pris sa retraite internationale, il me fallait un capitaine. Laurent [Meunier] est un leader, un combattant, un très bon joueur de hockey, un meneur d'hommes. Il a la "gnac". Nous avons besoin de ce type de joueur en équipe de France, un bon technicien avec une mentalité de gagnant. C'est le profil des joueurs que je recherche. Guillaume [Besse] est un joueur puissant, c'est un buteur. Il est combatif. C'est un joueur costaud physiquement. Un joueur efficace qui répond présent à chaque match. Nous avons besoin de ce type de joueur.

- Il y a de nombreux changements dans l'équipe par rapport à celle qui a disputé les mondiaux de Prague, c'est un choix ?

Nous avons intégré certains jeunes joueurs à la place de plus anciens ayant plus de vécu dans cette équipe, mais la porte n'est pas fermée aux joueurs de plus d'expérience. Par exemple, Brice Chauvel, qui a été blessé pendant trois semaines puis a connu une rechute, était encore convalescent au moment de la sélection. Il n'est pas écarté du groupe. Autre exemple avec Aimonetto, qui a fait un bon début de saison, mais à cause d'une blessure n'a pu être présent au stage d'octobre. Il y a actuellement une cinquantaine de joueurs susceptibles de jouer en équipe de France. Les blessures font aussi l'équipe. De plus, il y a aujourd'hui des jeunes de qualité. Il faut les intégrer maintenant. Ils ont le potentiel pour atteindre la maturité nécessaire des compétitions internationales. Et puis, une équipe évolue au gré des changements d'entraîneurs. Cela a été le cas cette saison. Il y a naturellement des avis différents entre entraîneurs, et ces nuances réclament des ajustements nécessaires au style de jeu préconisé par le nouveau coach.

- Le choix de nommer un gardien de division 1 à la place d'un gardien de ligue Magnus pour le poste de troisième gardien est controversé, comment le justifiez-vous ?

Lors des stages précédents, nous avons retenus "Fab" [Lhenry], Julien [Figved] et Christophe [Burnet]. Pour ce tournoi, nous avons retenu Christophe sur les performances qu'il a accomplies lors des deux stages. Il a affiché une bonne combativité et il a été un peu plus performant à nos yeux. Nous avons donc opté pour Christophe. Maintenant, c'est à lui de prouver qu'il est au niveau derrière "Cristo" [Huet] et "Fab" [Lhenry].

- Comment jugez-vous les nouveaux sélectionnés ?

La totalité des joueurs ont donné satisfaction. Pour parler plus particulièrement des jeunes, je leur ai accordé ma confiance et ils ont prouvé sur la glace qu'ils avaient leur place pendant cette compétition. Ils ont été efficaces à l'image d'Hecquefeuille qui a marqué deux buts (ndlr : avant France-Estonie). Pour lui, Antonoff, Bellemare et Besch, ça s'est très bien passé comme pour les autres membres de l'équipe.

- Vous faites confiance aux jeunes, même sur les supériorités numériques qui sont jouées jusqu'à maintenant à temps égal par les quatre blocs, est-ce une revue d'effectif ou un choix tactique ?

J'entraîne les quatre blocs à jouer les jeux de puissance, mais il y aura certainement des ajustements à faire pour avoir plus d'efficacité lors de matches plus serrés. Malgré tout, deux blocs, ceux de Laurent Meunier et de "Jon" Zwikel, jouent un peu plus souvent. Ce tournoi est révélateur dans ce domaine. Chacun des quatre blocs a été efficace en jeu de puissance.

- Restez-vous au fait des performances de l'équipe des moins de vingt ans ?

Je suis en contact régulier avec les entraîneurs des 18 ans et des 20 ans pour savoir comment ça se passe, qui est en forme, qui progresse. Ce sont les futurs joueurs de l'équipe de France, il est normal qu'on s'intéresse à eux. Il y a par exemple Lefebvre, Lemoine, Quessandier... et d'autres. Nous allons voir les matches juniors et cadets, pour voir leur comportement en championnat. Et notamment en Ligue Magnus grâce aux clubs qui font jouer des juniors en équipe élite, Grenoble, Amiens, Rouen... Ces jeunes s'en sortent très bien et se préparent d'autant mieux pour les championnats du monde des moins de vingt ans. Je suis aussi de près l'équipe de Dijon et les autres qui font confiance aux jeunes Français. Mazzone, Mille, Gillet, Mickaël Brodin et Aram Kevorkian, ces jeunes-là jouent sur les unités spéciales à Dijon. C'est important et je ne les oublie pas. Ils ont tous joué en équipe de France des moins de vingt ans il y a deux ou trois ans, voire l'année passée. Aujourd'hui, ils n'ont pas encore leur place en équipe de France senior. Mais, grâce aux possibilités offertes à Dijon par Daniel Maric de jouer en Ligue Magnus, ils ont la chance de pouvoir progresser et d'accomplir sereinement un travail qui leur permettra peut-être d'atteindre le niveau international.

- Pour terminer, êtes-vous un entraîneur heureux ?

Nous ne sommes pas encore qualifiés. Il faut encore gagner ce soir (ndlr : contre l'Estonie). Il faut être sérieux jusqu'au bout. Sinon, pour le fonctionnement, nous avons eu un regroupement en octobre [à Asnières], ce qui n'était pas certain. C'est déjà pas mal pour le moment. Globalement, pour ce qui se passe autour du hockey en France, les choses semblent aller du bon coté.

Entretien réalisé par Thierry Frechon le 14 novembre 2004 à Briançon

 

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