Interview de Munkhnasan Otgonbayar

 

L'entraîneur-adjoint de la Mongolie explique - via une interprète improvisée que je remercie au passage - la situation du hockey dans son pays.

- Tous les entraîneurs et observateurs présents l'an passé en Irlande soulignent les progrès spectaculaires réalisés par la Mongolie en un an. Partagez-vous ce constat ?

L'an passé, nous avions marqué 2 buts, cette année nous en sommes à 7 (NDLR : finalement 11 après le dernier match). Nous avons une équipe plus jeune. Mais nous n'avons pas progressé autant que nous l'aurions voulu. Notre équipe nationale n'a pu s'entraîner que quatorze jours, 50% de nos joueurs ont changé depuis l'an dernier. Il est très dur de construire un jeu collectif dans ces conditions, nous n'avons pas assez d'entraînements.

- Quelles sont les causes de ce manque d'entraînements ?

Nous n'avons que des patinoires découvertes. Or, ces deux dernières années, le climat a été très doux et n'a pas permis d'avoir autant de glace que d'habitude. L'an prochain, nous aurons une grande patinoire indoor et nous aurons plus de possibilités pour nous entraîner.

- Qu'est devenu votre ancien capitaine et représentant auprès de l'IIHF, Purevdavaa "Pujee" Choijiljav ?

Il est parti aux États-Unis et n'a pas joué cette année. Je pense qu'il a pris sa retraite du hockey.

- Vous avez très peu de joueurs ici, pourrez-vous accroître votre effectif prochainement ?

Nous avons assez de joueurs. La raison pour laquelle il n'y en a pas beaucoup ici, ce sont des problèmes de visas. Beaucoup de joueurs n'ont pas pu venir au Luxembourg. Le coach principal qui avait été prévu pour ce tournoi a été bloqué à la frontière belge.

Nous sommes un pays en voie de développement, et nous avons beaucoup de soucis de visas pour aller à l'étranger. Nos joueurs sont non-professionnels, ils travaillent ou étudient, et les ambassades craignent certainement qu'ils puissent rester dans le pays.

- Comment les joueurs concilient-ils la pratique du hockey et du bandy ?

70% de ces joueurs jouent aussi au bandy et ont participé aux championnats du monde de ce sport. Ils ont eu plus d'entraînements au bandy. Ce sont deux sports différents. Normalement, il ne faut s'entraîner que dans une seule direction. Les joueurs de la Mongolie ont un talent pour jouer les deux à la fois.

- Hockey et bandy sont-ils partenaires ou concurrents ?

Jusqu'ici, les deux sports se développaient ensemble. Mais l'an prochain, quand nous aurons une patinoire couverte, cela changera. Chacun ira dans sa propre direction.

Vous savez, le bandy est très nouveau chez nous, il n'a été introduit que depuis quatre ans, alors que l'on joue au hockey depuis les années soixante. Il y a 4 équipes au bandy, contre 8 au hockey.

- Quelles sont les origines du hockey en Mongolie ?

À l'époque, l'URSS avait beaucoup d'influence en Mongolie. De nombreux employés russes avaient été envoyés dans notre industrie. Ce sont eux qui ont créé une patinoire et commencé à jouer au hockey.

- Quel pays exerce la plus grande influence sur le hockey mongol ?

L'influence vient surtout de la Russie, très proche. Avec leurs joueurs, la communication est plus facile. Il y a aussi un Finlandais qui travaille à la MHF, la fédération mongole.

- Recevez-vous des aides internationales ?

Nous recevons une petite aide de la fédération russe pour la construction de la patinoire, financée par le gouvernement. Mais dans l'ensemble, nous recevons peu d'aide des autres fédérations. La MHF est prête à travailler avec toutes les organisations qui voudraient l'assister.

- Jouez-vous des matches internationaux en dehors des compétitions officielles ?

Nous organisons un tournoi à Oulan-Bator, où des équipes russes, canadiennes ou chinoises viennent participer.

- Voyez-vous des matches de hockey étrangers à la télévision ?

Bien sûr, en Mongolie, nous avons accès à tous les divertissements mondiaux. Nous regardons les matches nord-américains comme les matches russes.

- Quels sont les sports les plus populaires en Mongolie ?

Nos sports nationaux sont la lutte et les courses de chevaux. Au niveau des sports étrangers, ce sont le sumo, le football et le baseball qui sont les plus populaires.

- Y a-t-il du public pour voir les matches en Mongolie ?

Aujourd'hui, en plein air, dans le vent et dans le froid, il faut vraiment que les gens soient très intéressés pour assister à un match. Mais dans une salle couverte, cette patinoire-ci [Kockelscheuer, qui contient moins d'un millier de personnes] ne suffirait pas à contenir tous les spectateurs qui voudraient voir un match. La patinoire que nous allons construire aura 3000 places.

- Dans combien de temps la Mongolie pourra-t-elle gagner un match dans un championnat du monde ?

Avec notre patinoire couverte, je pense que, dans deux ans, nous seront capables de gagner un match.

Propos recueillis le 5 avril 2008 par Marc Branchu

 

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