Interview de Pierre-Luc Siméon

 

Pierre-Luc Siméon revient sur son expérience au HC Limoges avant de rentrer chez lui au Canada.

- Quel souvenir gardez-vous de votre premier passage à Limoges quand vous étiez junior ?

Le but premier à cette époque, lorsque j'étais d'âge junior, était de me faire voir... Je voulais contribuer à emmener l'équipe senior de Limoges en division 2 car nous étions a l'époque en D3, malheureusement nous avions terminé cinquièmes ou sixièmes des playoffs derrière de grosses équipes telles que Nice. Un fait marquant, notre surprenante victoire 8-5 contre Bordeaux qui descendait tout juste de l'élite. Ce fut notre meilleur match de la saison.

Pour ce qui est de l'équipe junior, ça a été vraiment très difficile, nous affrontions beaucoup de juniors qui évoluaient avec des équipes de D1 ou D2, Nantes, Angers, Toulouse... Les résultats ont été très décevants, mais l'important était l'équipe senior. Nous avions une équipe très peu expérimentée et surtout très jeune. Nous avons quand même fait une bonne saison malgré tout.

- Comment aviez-vous débarqué là-bas ?

J'avais débarqué à Limoges par l'intermédiaire de Jonathan Paredes, le plus jeune des fils de Raymond Paredes, président du HCL. J'avais envoyé mon CV à tous les clubs de France, et comme Jonathan avait étudié un an au Canada au même sport-études que moi, il me connaissait de nom, alors le déclic s'est fait immédiatement, il a convaincu Raymond de me donner une chance.

J'avais déjà fait une tournée en France avec le Collège Francais (le nom de mon lycée sport-études) avec l'aide de Gabriel Bounoure et de son père Briec. Dès l'âge de seize ans, je savais que je voulais jouer dans ce pays. Il faut avouer que mon intention s'est concrétisée lorsque mon très bon ami David Auprix a signé à Poitiers. Par la suite, je me suis mis a temps plein à chercher un job, j'ai travaillé dur, mais aujourd'hui je suis très content.

- Avez-vous senti des progrès dans le club, à tous les niveaux, entre votre précédente expérience et votre retour l'été dernier ?

Certainement. J'ai senti un énorme progrès entre la saison 1998-1999 et cette saison 2003-2004, juste au niveau de la qualité des joueurs, du plus grand nombre d'entraînements et surtout des heures de glace plus intelligentes. À l'époque, j'étais le seul étranger, cette année nous étions huit étrangers et la plupart des Français ne sont pas de Limoges. Donc le recrutement était beaucoup plus important, par contre il y a encore beaucoup de progrès à faire pour avoir un club complètement professionnel, en commençant par un commanditaire majeur !

Ce qui m'a le plus surpris à mon retour, c'est sans aucun doute le nombre de spectateurs qui est resté le même depuis quatre ans. Bien que l'équipe soit rendue en D1, le nombre est le même qu'en D3...

- Comment l'équipe a-t-elle vécu la maladie et le décès de Raymond Paredes ?

La maladie de Raymond, c'est un sujet qui me donne encore beaucoup d'émotion encore. Raymond était comme mon père européen. Lors de ma première saison, j'étais en pension chez lui. Il m'a traité comme un des ses fils. Je lui dois mes quatre saisons en Europe. Il était très fier, il a toujours fait comme s'il n'était pas malade. J'ai eu un choc lorsque je l'ai aperçu à la patinoire pour un match assis dans le coin des gradins, ça m'a fait mal. J'ai l'impression que le club a plané toute la saison, car Raymond faisait tout lui-même, et lorsqu'il est décédé, personne ne savait quoi faire. Si Raymond avait été en forme, le club aurait certainement encore progressé vers le professionnalisme.

Sur un plan personnel, j'ai eu beaucoup de mal à accepter son décès, car peu de temps avant j'ai moi-même perdu mon père du cancer. On a détecté son cancer le 26 octobre et il est décédé le 12 novembre, ce fut un choc ! Quelques semaines après, je perds un homme qui a aussi changé ma vie, ce fut très difficile a surmonter, mais l'équipe s'est très bien soutenue, surtout entre les Canadiens, Jean-Charles [charette] et Dennis [Martindalle].

Il est clair que toute l'équipe a été affectée. Le plus beau témoignage, c'est qu'à l'église aucun joueur ne manquait. Il y avait même certains anciens joueurs de Limoges partis depuis dans d'autres équipes, Peter Svenk de Chamonix, Pavel Procházka de Lyon, Olivier Kholler qui a fait le voyage d'Espagne, Morgan Pidoux, etc. J'ai été surpris de voir à quel point M. Paredes était un homme influent dans Limoges et les alentours.

Mais je ne crois pas que cette épreuve ait affecté les résultats en temps que tels. Au contraire, cela nous a souvent donné un peu plus de courage. Nous portions tous une bande noire sur nos maillots et les initiales RP en or sur le casque, le vestiaire de l'équipe a été baptisé en son nom... C'était très touchant.

- Quel bilan faites-vous de cette saison ?

Le bilan de cette saison est très positif dans le sens où nous avons été malchanceux du côté des absences. Que ce soit pour des blessures, pour des suspensions ou simplement des absences, nous étions rarement au complet, et nous avons joué les trois quarts de la saison à deux lignes à peine. Même moi, j'ai rate deux mois et demi en raison du décès de mon père. Je pense aussi à Jonathan Frenette qui a décidé de retourner à l'université après Noël. Jonathan Paredes s'est blessé au genou dans les rencontres préparatoires, Marinov au pouce, Dumesnil à l'épaule, et nous n'avions pas beaucoup de réserves.

- Quel était selon vous le meilleur joueur de division 1 cette saison ?

J'ai beaucoup apprécié le travail de Tomas Lindgren de Morzine, en pointe au vu de ses statistiques. Mon ami Olivier Maltais y a aussi très bien fait, mais j'aurais beaucoup de difficulté à passer sous silence les performances de mecs comme Pierre Pousse, Christian Pouget, Stéphane Barin, Rodolphe Garnier, Jaroslav Sikl de Garges ou même mon coéquipier Jean-Charles Charette. Le choix serait très difficile.

- Quelle équipe vous a fait la plus forte impression dans ce championnat ?

Sans aucun doute Morzine, non seulement parce qu'ils ont gagné le championnat sans aucune défaite en poule finale mais aussi parce qu'ils formaient une équipe très homogène. On pense à Bordeleau qui a fait du très bon boulot, à Hubert qui a aidé la cause défensive du club, à Maltais et Lindgren qui ont contribué à l'attaque, à Stéphane Gros aussi, il n'y avait aucune faiblesse. Je suis très fier de dire que nous les avons battus en première phase !

- Quel est votre meilleur souvenir sportif en France ?

J'en ai deux. L'un est une victoire 8-5 contre Clermont en 1999 où j'avais inscrit trois buts et cinq assists, mais je crois que le plus beau est survenu cette saison à Megève lorsque nous jouions à quatre contre cinq et que j'avais capté le palet à notre ligne bleue pour distancer Stéphane Barin et finalement aller inscrire le but qui ramenait le score à 5-4 pour Mont-Blanc. Malheureusement, nous avons perdu le match. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les joueurs de l'équipe de France (Barin, Pousse, Pouget, etc).

- Vous aviez annoncé votre arrêt du hockey. Quels étaient alors vos projets ?

C'est vrai que j'avais l'intention d'arrêter le hockey car cette saison à Limoges a été très difficile pour moi sur le plan personnel. J'ai eu mon lot de malheurs et je voulais passer à autre chose, mettre un peu de calme dans ma vie. Ma petite fille de cinq ans et demi a commencé l'école, alors maintenant je dois m'installer pour de bon, c'est très épuisant d'être huit mois parti loin de chez soi... Aujourd'hui, je suis content, près de mes proches, et je vais continuer le hockey car j'ai été contacté par l'intermédiaire d'amis qui ont su que je voulais rester au Canada. C'est le meilleur des deux mondes, même si la France va beaucoup me manquer...

- Comment avez-vous été contacté pour jouer en LHSMQ et qu'est-ce qui vous a motivé à rechausser les patins ?

Comme je suis un vrai mordu et qu'un ami a de très bons contacts avec St-George, ils m'ont envoyé une invitation au camp d'entraînement. Par la suite, j'ai aussi reçu une autre invitation pour aller au camp du Mission de St-Jean. On verra bien ce que cela va donner, sachant que j'aimerais mieux aller à St-Jean car c'est plus près de chez moi.

Me motiver à rechausser les patins n'a pas été difficile. Il a suffi de regarder les matchs de la NHL en playoff, et les performances de gars comme Martin St Louis. En voyant aussi la plupart de mes amis resigner un peu partout, je n'ai pas été difficile à convaincre.

- Pensez-vous pouvoir vous imposer en semi-pro ?

La réponse à la fin de la prochaine saison... Une chose est certaine, j'ai déjà commencé à m'entraîner sérieusement.

Propos recueillis par Marc Branchu

 

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