Djurgården - Rouen (8 novembre 1991)

 

Demi-finale de Coupe d'Europe, poule F, première journée.

Incroyable. Inconcevable. Historique. Cet après-midi à Piestany au sud de la Tchécoslovaquie, l'équipe de Rouen a battu Djurgården, champion de Suède et champion d'Europe en titre. Un exploit sans précédent dans les annales du hockey. Exploit étonnant au regard de la différence de niveau qui existe entre Français et Suédois.

En première période, évidemment, ce sont les Suédois qui ont contrôlé la rondelle, mais les Dragons étaient dans un bon jour. Leur combat est illustré par une mise en échec de Denis Perez tout près du but suédois à la deuxième minute. Blomsten se retrouve sur le derrière, Rouen prend confiance et sait utiliser ses muscles sans perdre sa tête. Disciplinés sur la glace, ils n'ont pas cherché à courir systématiquement derrière le palet, occupant au maximum la zone neutre pour éviter de jouer dans leur zone défensive, où les Suédois deviennent presque injouables grâce à leur admirable coordination dans les phases d'échec-avant sur des petits périmètres. En fait, Rouen n'a été inquiété qu'une seule fois, à la seizième minute, Ylönen réalisant un lancer de jambières de qualité sur une reprise à ras la glace de Charles Berglund.

Changement de décor au début du deuxième tiers-temps. Les Suédois, mobiles et dévastateurs, s'installent dans la zone des Dragons. Logiquement, Peter Nilsson puis Berglund leur donnent deux buts d'avance. pendant dix minutes, Djurgården, qui pratique un système de 1-3-1, a réussi à pousser Rouen au bord de la rupture. Comment allaient réagir les Français ? Réponse par Franck Pajonkowski qui déborde la défense suédoise. Sa passe en retrait trouve la palette de Benoît Laporte qui sans contrôle et au ras de la glace réduit l'écart à 2-1. Dans les tribunes, les supporters rouennais, qui viennent d'arriver après 23 heures de car et une épreuve de patience à la douane tchécoslovaque, se frottent les yeux.

Mais le plus beau reste à venir. Laporte intercepte un palet à la ligne bleue suédoise et sert Andreï Vittenberg en deux contre un pour l'égalisation (2-2, 43'22"). Dès lors, le spectacle prend des proportions irréelles entre une équipe de Rouen consciente de ses possibilités et des Suédois incapables de rehausser le niveau de leur hockey. On était sur le chemin de l'exploit, et l'exploit allait arriver. À la cinquante-quatrième minute, le travail de Saunier et Pajonkowski préparait le but vainqueur inscrit du revers par Thierry Chaix (2-3, 53'49"). Une pénalité infligée à Woodburn pimente encore plus des situations épiques. Devant le but d'Ylönen, c'est la Chine : la densité de joueurs y est telle que le gardien de Rouen ne voit pas arriver le lancer frappé de Mikael Johansson. La barre transversale, heureusement, sauve les Normands...

Un club français a battu une équipe suédoise, et pas n'importe laquelle, la meilleure formation européenne. "Pincez-moi pour voir si je rêve", demande Pajonkowski.

Compte-rendu signé Laurent Bellet

 

Commentaire d'après-match

Thomas Magnusson (manager de Djurgården) : "On ne forechecke jamais à deux, on joue notre jeu. Le problème ce soir, c'est qu'on n'a pas joué à cinq joueurs ensemble. On ne s'attendait pas à ce qu'ils jouent à ce niveau, les joueurs ne les ont pas pris au sérieux. Ils portent beaucoup le palet, ils ont un jeu simple, plus proche du hockey nord-américain, ils travaillent dur défensivement et ils ont bien fini leurs attaques. Je suis certain que la différence de niveau est moins importante maintenant avec les nations du groupe B."

 

Djurgårdens IF - Rouen HC 2-3 (0-0, 2-1, 0-2)

Vendredi 8 novembre 1991 à Piestany, Tchécoslovaquie.

Évolution du score :

1-0 à 23'13" : Nilsson

2-0 à 26'12" : Berglund

2-1 à 36'09" : Laporte assisté de Pajonkowski et Huras

2-2 à 43'22" : Vittenberg assisté de Laporte

2-3 à 53'49" : Chaix assisté de Pajonkowski et Saunier

 

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