Russie - France (30 avril 1997)

 

Championnats du monde 1997, premier tour, poule A.

La Russie commençait se championnat du monde par un calendrier présumé facile avec ses trois adversaires les plus faibles. Mais elle n'a pas fait le plein de points. Après son match nul initial contre la Slovaquie, elle a donc intérêt à accroître sa différence de buts au maximum. L'équipe de France peut-elle en être la victime, elle dont l'entraîneur Dany Dubé décrivait l'équipe russe présente ici comme "la Slovaquie en plus lourd, plus expérimenté, plus opportuniste" ?

Mais les Bleus abordent cet adversaire historiquement injouable avec la même conviction que lors de leur précédent match face aux Slovaques. Pendant toute la première période, la Russie est mise sous pression par un forechecking intense. La domination territoriale est en faveur des tricolores, mais il suffit d'une erreur pour qu'Aleksei Chupin la sanctionne de l'ouverture du score. Alors que les Français n'ont pas converti trois avantages numériques, ils concèdent un but sur leur seconde pénalité, due à une charge avec la crosse de leur capitaine Jean-Philippe Lemoine. Le centre Aleksandr Barkov conserve le palet puis libère la ligne de passe vers le défenseur Anatoli Fedotov qui conclut. Ce score de 2-0 ne reflète pas du tout le jeu.

Au début du deuxième tiers-temps, on sent en revanche la France en difficulté quand la Russie accélère le jeu. Le défenseur Dmitri Krasotkin s'avance vers le but pour recevoir la passe du grand espoir Aleksei Morozov. Puis c'est Aleksandr Prokopiev qui enfonce le clou. Le score est passé à 4-0 en trois minutes, et on craint un naufrage. Mais malgré ce sort contraire, les Bleus n'abdiquent pas du tout. Ils se relancent même à la mi-match par leur Franco-Canadiens. Roger Dubé reprend d'abord une belle passe de derrière la cage de Pierre Allard (annoncé comme assistant par le speaker mais bizarrement remplacé par Ouellet sur la feuille de match). Une minute plus tard, Morozov part en prison pour coup de coude, et en treize secondes, Allard réduit un peu plus le score. Les Russes perdent leur discipline, l'arbitre sanctionne Petrenko (accrocher) puis Nikolishin (faire trébucher). À 5 contre 3, Dubé ramène la marque à 4-3 et relance totalement la partie.

La Russie domine la troisième période mais bute sur le gardien François Gravel qui sent lui aussi l'exploit possible. Et à quatre minutes de la fin, l'incroyable se produit : Arnaud Briand égalise dans la liesse générale. La Hartwall Arena est pleine même les jours où la Finlande ne joue pas et le public de Helsinki, fou de hockey, se passionne pour cette remontée fantastique de la France. Cette atmosphère d'exploit dure... 21 secondes. La Russie remet sur la glace ses acteurs décisifs du jour : Morozov passe de derrière le but pour le lancer de Fedotov, Barkov récupère le rebond et contourne parfaitement le gardien franco-canadien pour donner la victoire aux Russes. La France, elle, n'a pas engrangé de point, mais elle a engrangé de la confiance avant un match-clé contre l'Allemagne.

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Denis Perez (défenseur de la France) : "Ce match face aux Russes est tombé au bon moment. Il est certain qu'on a perdu, qu'on est passé à côté de quelque chose d'historique et que c'est frustrant. Mais maintenant, on sait qu'en rentrant sur la glace il peut se passer quelque chose. On sait que la clé c'est nous, et qu'il suffit d'y croire. Les Allemands, eux, auront eu deux jours pour ruminer leur défaite [0-6 contre la Finlande]."

Christian Pouget (attaquant de la France) : "Avec Dany [Dubé], on a décidé de ne jamais refaire nos matches, de n'en retenir que le positif. Je suis surpris de voir comment la France est devenue compétitive face à de telles nations [...] L'Allemagne est capable de tenir un résultat. Si on fait des cadeaux, des vieux comme Hegen, McKay ou Benda sauront en profiter. Et les jeunes comme Serikow, Hecht ou Sturm sont capables de faire la différence en un contre un. Mais nous sommes bien, nous avons les jambes que nous avions en 1995, avec moins de talent peut-être, mais avec plus de cœur."

 

Russie - France 5-4 (2-0, 2-3, 1-1)
Mercredi 30 avril 1997 à 16h00 à la Hartwall Arena de Helsinki. 12 708 spectateurs.
Arbitrage de Reto Bertolotti assisté d'Eduards Odiņš et Jacek Chadziński
Pénalités : Russie 14' (6', 8', 0'), France 14' (4', 2', 8').
Tirs cadrés : Russie 28 (7, 10, 11), France 23 (9, 9, 5).

Évolution du score :
1-0 à 11'53" : Chupin
2-0 à 18'51" : Fedotov assisté de Barkov et Petrenko (sup. num.)
3-0 à 21'06" : Krasotkin assisté de Nikolishin et Chupin
4-0 à 22'47" : Prokopiev assisté d'Erofeev et Bautin
4-1 à 29'06" : Dubé assisté de Ouellet
4-2 à 30'20" : Allard assisté de Dubé (sup. num.)
4-3 à 36'56" : Dubé assisté de Pouget (double sup. num.)
4-4 à 55'59" : Briand assisté de Lecomte et Zwikel
5-4 à 56'20" : Barkov assisté de Fedotov et Morozov
 

Russie

Attaquants :
Sergei Petrenko (+1, 2') - Aleksandr Barkov (+1) - Aleksei Morozov (+2, 2')
Andrei Nikolishin (+2, 2') - Aleksei Chupin (A, +2) - Mikhaïl Sarmatin (+1)
Aleksandr Prokopiev - Vyacheslav Butsaïev - Oleg Belov
Marat Davydov (-1) - Vadim Epanchintsev (-1) - Denis Afinogenov (-1)

Défenseurs :
Anatoli Fedotov (+3, 4') - Sergei Fokin (A, +1, 2')
Dmitri Erofeïev (-1) - Sergei Bautin (C, +1)
Andrei Skopintsev (2') - Dmitri Krasotkin

Gardien :
Sergei Fadeïev

Remplaçant : Maksim Mikhaïlovsky (G). Absent : Aleksandr Korolyuk (suspendu).

France

Attaquants :
Arnaud Briand (4') - Christian Pouget (A, -1) - Philippe Bozon (A, -1)
Pierre Allard (-1) - Robert Ouellet (-1) - Roger Dubé (-1, 2')
Guillaume Besse (-1) - Anthony Mortas (-1) - Stéphane Barin (-1)
Laurent Lecomte (+1) - Jonathan Zwikel (+1) - Maurice Rozenthal
Laurent Gras (-1)

Défenseurs :
Denis Perez (-1) - Karl Dewolf (-1)
Jean-Philippe Lemoine (C, +1, 4') - Serge Djelloul
Jean-Christophe Filippin (-1, 2') - Steven Woodburn (-1)
Jean-Marc Soghomonian (2')

Gardien :
François Gravel [sorti à 59'54"]

Remplaçant : Cristobal Huet (G)

 

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