Norvège - France (7 mai 1997)
Championnats du monde 1997, poule de maintien.
L'insistance décisive de Bozon... au mépris de la procédure
L'équipe de France débute dans cette poule de relégation alors que la Norvège y a déjà joué - et perdu - une fois. Les Scandinaves, qui n'ont pas gagné un match de toute la saison, sont l'adversaire qu'il faut impérativement battre. Il leur reste deux matches contre la France et l'Allemagne (deux nations qui n'ont qu'un petit point d'avance sur eux) pour déjouer les pronostics funestes.
Les Bleus ont perdu Arnaud Briand, qui a ressenti une douleur aux adducteurs à l'entraînement matinal. Stéphane Barin le remplace en première ligne aux côtés des éternels duettistes Pouget et Bozon.
La France passe les dix premières minutes à tuer deux pénalités, une obstruction de Gras puis un surnombre. Quand le capitaine norvégien Ole Eskild Dahlstrøm part en prison pour un accrochage, son homologue français Jean-Philippe Lemoine impose son énorme gabarit devant le gardien pendant que ses attaqunts font circuler le palet. Bozon décale parfaitement Barin pour l'ouverture du score (0-1). Les unités spéciales ont fait la différence.
La France semble en contrôle de la situation, mais au début du deuxième tiers-temps, tout paraît aller de mal en pis. Alors qu'une pénalité de Besse vient d'être tuée, le premier bloc tricolore cafouille sa relance, la Norvège récupère le palet et égalise par Øystein Olsen. Le sort s'acharne sur Lemoine qui doit quitter le jeu après avoir pris un lancer de Djelloul en pleine mâchoire.
Alors que Magnussen est en prison pendant 2'+2' pour une crosse haute, un faire trébucher de Pouget remet les équipes à 4 contre 4. Sur le coup d'envoi qui suit, Robert Ouellet arrache le palet avec combativité sur l'engagement et sert Roger Dubé dont le slap puissant laisse Allman pantois (1-2). La star norvégienne Espen Knutsen n'a pas vraiment tiré son équipe depuis le début du championnat. Voilà que "Shampo" se fait mousser dans ce match-clé ! D'abord, il tire sur le poteau. Ensuite, il intercepte le palet dans une crosse française et sert Fjelstad pour ramener encore son équipe à hauteur. Une pénalité inutile - un coup de coude de Besse - permet à la Norvège de passer devant par Atle Olsen, encore sur assist de Knutsen (3-2).
La France sortira-t-elle des vestiaires paralysée ou ragaillardie ? C'est la seconde réponse qui sera la bonne. C'est encore Dubé qui se charge d'artiller, cette fois en prenant son propre rebond.
À huit minutes de la fin, le palet glisse dans les filets norvégiens sur une action confuse après un lancer lointain de Soghomonian. Le but est refusé dans un premier temps, sans doute pour présence dans la zone du gardien, mais Bozon - qui peut agir en capitaine après la sortie de Lemoine - insiste ; contrairement à l'arbitre de France-Slovaquie la semaine dernière, l'arbitre tchèque cède et accepte d'aller sur le banc pour téléphoner à l'arbitre vidéo... qui accorde le but ! Pendant de longues minutes, l'entraîneur norvégien Brent McEwen se lance dans des bordées d'insultes envers M. Bolina car il estime que son équipe a été flouée : selon le règlement, l'arbitre peut réclamer cette révision de son propre chef, ou sur appel de son collègue chargé de la vidéo, mais pas sur demande d'une équipe (ici de Bozon). Ce but sauve définitivement la France et enfonce la Norvège, qui doit espérer - pour avoir encore une chance - que l'Allemagne perde contre l'Italie ce soir.
Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)
Dany Dubé (entraîneur de France) : "À la fin du deuxième tiers, [Bozon] leur a dit qu'il fallait se battre, qu'on allait gagner. Et ce qui était fou, c'était ses yeux, son regard. Ils l'ont écouté."
Philippe Bozon (attaquant de la France) : "On s'en est sorti avec les tripes, comme d'habitude. On n'est jamais parvenu à se relâcher. Alors que c'était aux Norvégiens d'être sous pression, on se l'est mise tout seuls. [...] Je lui ai demandé au moins dix fois d'aller voir la vidéo. Heureusement qu'il y est allé."
Christian Pouget (attaquant de la France) : "On était mort de trouille. Avec l'émotion, j'ai eu la tête qui tourne presque jusqu'au bout."
Serge Djelloul (défenseur de la France) : "Curieusement, en Finlande, on n'a jamais réellement douté. En fait, je crois qu'on a abordé ce tournoi presque sans savoir. Et qu'on ne s'est pas posé trop de questions. [...] Roger [Dubé] est une incroyable gâchette. Il ne doit pas être loin d'avoir le meilleur tir du tournoi."
Norvège -
France 3-4 (0-1, 3-1, 0-2)
Mercredi 7 mai 1997 à 16h00 au Hakametsä de Tampere. 5276 spectateurs.
Arbitrage de Petr Bolina assisté de Thomas Schurr
et Václav Český
Pénalités : Norvège 12' (2', 8', 2'),
France 12' (4', 8', 0').
Tirs cadrés : Norvège 20 (8, 10, 2),
France 24 (7, 8, 9).
Évolution du score :
0-1 à 13'39" : Barin assisté de Bozon et Pouget (sup. num.)
1-1 à 25'15" : Ø. Olsen assisté de Skrøder et Tveten
1-2 à 31'49" : Dubé assisté de Ouellet
2-2 à 33'25" : Fjeldstad assisté de Knutsen
3-2 à 36'51" : A. Olsen assisté de Knutsen (sup. num.)
3-3 à 43'42" : Dubé assisté de Ouellet
3-4 à 51'54" : Soghomonian assisté de Pouget
Norvège
Attaquants :
Rune Fjeldstad (-2) - Espen Knutsen (A, -2) - Trond Magnussen (-1, 4')
Sjur Robert Nilsen - Ole Eskild Dahlstrøm (C, 2') - Morten Fjeld (-1)
Tore Vikingstad (2') - Øystein Olsen (+1) - Per Åge Skrøder (+1)
Erik Tveten (+1, 2') - Pål Johnsen - Per Christian Knold
Marius Trygg
Défenseurs :
Svein Enok Nørstebø (-1) - Atle Olsen (-1)
Jan Roar Fagerli (A, -1) - Mats Trygg (2')
Tommy Jakobsen (+1) - Michael Smithurst
Carl Oscar Bøe Andersen
Gardien :
Steve Allman [sorti à 58'35"]
Remplaçant : Robert Schistad (G). En réserve : Øyvind Sørli (G).
France (2' pour surnombre)
Attaquants :
Stéphane Barin (-1) - Christian Pouget (A, 2') - Philippe Bozon (A)
Pierre Allard (+1) - Robert Ouellet (+2) - Roger Dubé (+1)
Guillaume Besse (4') - Anthony Mortas - Laurent Lecomte
Laurent Gras (2') - Jonathan Zwikel - Maurice Rozenthal
Défenseurs :
Jean-Philippe Lemoine (C, -1) - Serge Djelloul
Denis Perez - Karl Dewolf
Jean-Christophe Filippin (+1) - Steven Woodburn (+1)
Jean-Marc Soghomonian (+1, 2')
Gardien :
François Gravel
Remplaçant : Cristobal Huet (G). En réserve : Fabrice Lhenry (G), Arnaud Briand (adducteurs).