Allemagne - Norvège (9 mai 1997)
Championnats du monde 1997, poule de maintien.
Dernière chance pour éviter la relégation pour deux pays en crise. La Norvège arrive à cette ultime partie décisive de manière presque annoncée. Elle doit absolument le gagner... alors qu'elle est toujours incapable de gagner un match cette saison. Dans le camp de l'Allemagne, les récits positifs sont de moins en moins audibles. L'agence allemande sid (Sport-informationsdienst) a écrit que les "Allemands sont champions du monde quand il s'agit de trouver des excuses et des discours enjolivés."
Battus par les Français et surtout les Italiens, dont les leaders sont nombreux à jouer en DEL, les Allemands affrontent cette fois un adversaire qui n'y compte qu'un seul joueur (Jakobsen)... pour l'instant. Le capitaine norvégien Ole Eskid Dahlstrøm a déjà signé à Mannheim pour la saison prochaine : le manager de ce club Marcus Kuhl l'avait observé lors du tournoi de qualification olympique (même si la Norvège y avait été éliminée)
C'est vraiment le match de la peur, extrêmement crispé, sans but pendant une moitié de match. Il n'y a pas non plus de pénalité pendant vingt minutes, chaque équipe ne voulant pas commettre de faute. En deuxième période, si les pénalités de Hegen (retenir la crosse) et de Magnussen (charge contre la bande) ne sont pas exploitées, celle de Reemt Pyka (faire trébucher) débloque le score, par l'inattendu défenseur Michael Smithurst. Mais le seul joueur de DEL norvégien Tommy Jakobsen est pénalisé pour retenir 17 secondes avant la pause.
À la reprise, l'Allemagne joue à 5 contre 4 et Bradley Bergen égalise. Mais le jeu de massacre des pénalités continue. Au tour de Kienass (retenir) d'aller en prison et d'y voir Atle Olsen redonner l'avantage aux Norvégiens. Assiste-t-on à la fin de 22 ans de présence ininterrompue de l'Allemagne en élite ? Elle est dernière... pendant une minute. C'est Peter Draisaitl qui inscrit l'égalisation salvatrice. Derniers de ce Mondial dans l'efficacité aux tirs, les coéquipiers de Didi Hegen l'auront enfin améliorée à ce dernier match pour finir un peu au-dessus de 4%.
Mais si des buts ont finalement été marqués, c'est aussi à cause de la faiblesse des deux équipes en infériorité numérique. L'Allemagne est avant-dernière dans cette statistique, juste devant... la Norvège. Celle-ci finit bonnet d'âne du tournoi avec 66,7%. Ce soir elle aura encaissé deux buts en trois infériorités, dont le but de Lüdemann qui l'achève. Il lui faut alors deux buts pour se sauver, puis trois après l'ultime but de Hecht. C'est fini.
Personne ne pavoise après cette rencontre. L'Allemagne ne peut se glorifier d'une onzième place mondiale, la pire depuis... 1965 ! George Kingston n'abandonne pas pour autant et a pour projet de préparer 22 cassettes vidéo individuelles pour chacun de ses joueurs comme souvenir d'un championnat que beaucoup jugent à oublier. La Norvège était remontée dans l'élite sous la direction de Kingston, elle risque de redescendre six ans plus tard avec Brent McEwen. Son bail prendra sûrement fin au bout d'un an seulement avec un bilan "record" de 7 nuls et 18 défaites en 25 matches internationaux, un échec sur tous les tableaux. Il reste une chance à la Norvège de participer quand même au futur Mondial à 16 pays : ce sera - sans doute avec un nouvel entraîneur - un tournoi de qualification à l'automne face à l'Autriche, au Kazakhstan et à la Pologne.
Désignés trois meilleurs Allemands du tournoi : Peppi Heiss, Brad Bergen et Jürgen Rumrich.
Désignés trois meilleurs Norvégiens du tournoi : Svein Enok Nørstebø, Espen Knutsen et Ole Eskild Dahlstrøm.
Commentaires d'après-match
George Kingston (entraîneur de l'Allemagne) : "Mon équipe a montré des progrès pendant ce champipnnat du monde. [...] Il y a du vrai quand les managers de DEL déclarent que les jeunes joueurs peuvent apprendre des étrangers. Seul problème : dans leurs équipes il n'y a presque pas de joueurs allemands qui peuvent apprendre."
Dieter Hegen (capitaine de l'Allemagne) : "Nous avons bien joué par moments dans ce tournoi. Nous avons juste manqué de réussite dans la conclusion pour obtenir la sérénité nécessaire. Notre problème, ce sont les joueurs qui n'étaient pas là."
Franz Reindl (directeur sportif de la DEB) : "George Kingston voulait éviter que les joueurs se fassent des reproches entre eux, ce qui aurait facilement pu se produire après les nombreuses défaites. Il a réussi à garder le moral de l'équipe intacte avec sa pensée positive. Ce n'est que comme ça que la prestation de ce match décisif contre la Norvège a été possible. Les joueurs y ont montré un moral formidable et un engagement exemplaire. Les critiques reçues avant le tournoi sont sans fondement. George Kingston développe les jeunes comme aucun autre entraîneur national avant lui. Il n'a jamais pensé à partir, et je suis celui qui travaille avec lui de plus près. Je démens toutes les rumeurs de séparation, nous sommes plus que satisfaits de son travail. Il n'y a aucune raison d'arrêter son contrat qui court jusqu'en 1998. Au contraire, nous voudrions bien le prolonger. Cette onzième place mondiale est même menacée. Derrière, il y a des équipes fortes comme le Bélarus, le Kazakhstan, l'Ukraine, mais aussi la Suisse et l'Autriche. Il faut changer notre façon de penser en équipe nationale : l'ex-Union soviétique est maintenant représentée par plusieurs pays. Le hockey mondial s'est élargi, et pour rivaliser, il faut que les 22 joueurs soient à leur limite. Cela n'a pas été le cas, c'était parfois l'un, parfois l'autre. Beaucoup de joueurs ne sont même jamais montés en régime. Je reste néanmoins optimiste pour l'avenir : nous sommes restés dans le groupe A et nous avons signé pendant le championnat du monde un accord de coopération entre la fédération et la DEL qui permttra que le hockey allemand navigue de nouveau sur des eaux plus calmes."
Allemagne -
Norvège 4-2 (0-0, 0-1, 4-1)
Vendredi 9 mai 1997 à 18h30 au Hakametsä de Tampere. 5590 spectateurs.
Arbitres : Leonid Veisfeld assisté de Darren Gibbs
et Tim Kotyra
Pénalités : Allemagne 22' (0', 4'+10', 8'),
Norvège 10' (0', 4', 6').
Tirs : Allemagne 33 (10, 13, 10),
Norvège 31 (13, 10, 8).
Évolution du score :
0-1 à 33'51" : Smithurst assisté de Knutsen (sup. num.)
1-1 à 40'50" : Bergen assisté de Benda et Sturm (sup. num.)
1-2 à 46'25" : A. Olsen assisté de Knutsen et Fjeldstad (sup. num.)
2-2 à 47'32" : Draisaitl assisté de Wieland et Benda
3-2 à 52'20" : Lüdemann assisté de Draisaitl et Kienass (sup. num.)
4-2 à 58'23" : Hecht assisté de Lupzig
Allemagne
Attaquants :
Dieter Hegen (C, 2') - Mark MacKay - Leo Stefan (10')
Andreas Lupzig (+1) - Martin Reichel (+1) - Jochen Hecht (+1)
Reemt Pyka (+1, 2') - Peter Draisaitl (A, +1) - Jan Benda (+1, 4')
Marco Sturm - Jürgen Rumrich (A) - Alexander Serikow
Défenseurs :
Jochen Molling (2') - Mirko Lüdemann
Daniel Nowak - Torsten Kienass (+1, 2')
Erich Goldmann (+1) - Brad Bergen (+1)
Markus Wieland (+1)
Gardien :
Joseph Heiss
Remplaçant : Olaf Kölzig (G). En réserve : Marc Seliger (G), Daniel Kunce (claquage à la cuisse).
Norvège
Attaquants :
Rune Fjeldstad - Espen Knutsen (A, -1) - Trond Magnussen (2')
Sjur Robert Nilsen (-1) - Ole Eskild Dahlstrøm (C) - Morten Fjeld
Tore Vikingstad (-1) - Øystein Olsen (-1, 4') - Per Åge Skrøder (-2)
Erik Tveten - Pål Johnsen - Per Christian Knold
Marius Trygg
Défenseurs :
Jan Roar Fagerli (A) - Mats Trygg
Svein Enok Nørstebø - Atle Olsen (-1)
Tommy Jakobsen (-2, 4') - Michael Smithurst (-1)
Carl Oscar Bøe Andersen
Gardien :
Steve Allman [sorti de 44'54" à 45'03" et de 58'50" à 59'25"]
Remplaçant : Robert Schistad (G). En réserve : Øyvind Sørli (G).