Finlande - République Tchèque (13 février 1998)

 

Jeux Olympiques 1998, phase finale, première journée.

Le "tournoi des étoiles" débute mais toute l'attention semble concentrée sur l'autre groupe. L'excitation enthousiaste des fans japonais semble exclusivement dirigée vers une seule "dream team", celle du Canada. Les Tchèques et les Finlandais ne suscitent pas le même attrait malgré des stars aussi charismatiques que Jágr ou Selänne. Dans la seconde patinoire de ce tournoi olympique, l'Aqua Wing, l'ambiance reste donc polie mais mesurée pour ce qui reste du point de vue médiatique un affrontement entre outsiders.

Les Finlandais mettent en place leur système défensif et cherchent à se projeter dans les relances. Sur une transition vite amenée par Antti Törmänen et Jari Kurri, Martin Ručinský se sent pris de vitesse et utilise Esa Tikkanen comme tire-fesses. Il n'avait pas pris son forfait et part donc en prison pour deux minutes. La Finlande ne produit rien pendant l'avantage numérique et se met même toute seule en danger : Jyrki Lumme rate un contrôle dans sa zone défensive et offre donc le palet à Jiří Dopita qui le donne à Martin Straka. Le tir du poignet du centre de Pittsburgh entre les cercles est capté par la mitaine de Jarmo Myllys. Après le retour à 5 contre 5, le gardien de Luleå pare aussi du gant le tir à bout portant de Robert Reichel, servi tout seul dans le slot. La Finlande subit de plus en plus de jeu. Teppo Numminen lâche sa crosse et apprend la culture japonaise en faisant une prise de judo sur Ručinský, dangereusement servi par une passe de derrière le but de Robert Lang. À 4 contre 5, Myllys ferme les bottes sur un tir de Jágr, qui traverse mais est détourné à côté de la cage, et pare de la jambière droite un slap de Reichel.

Le gardien serait le point faible de la Finlande ? Clairement pas sur ce match, où Myllys retarde l'échéance face à des Tchèques dominateurs sur toutes leurs lignes. Même quand Špaček interfère avec Selänne près de la cage tchèque, la supériorité numérique est renversée par une autre obstruction de Lumme sur Ručinský pendant une contre-attaque de Lang. Une pénalité lourde de conséquences. En coupant la dangereuse passe de Pavel Patera destinée à Petr Svoboda monté au poteau opposé, le malheureux défenseur Tuomas Grönman la détourne dans ses propres filets avec son pied (0-1).

La Finlande ne peut même pas compter sur son buteur théorique Teemu Selänne, pas du tout en réussite aujourd'hui. En début de match, il avait déjà raté le palet en tireant après avoir débordé sur l'aile gauche à la suite d'une longue passe de Janne Laukkanen. Son capitaine Saku Koivu lui donne un palet d'égalisation par un centre parfait devant le but, mais le "Finnish Flash" n'arrive pas à le reprendre. Et en tout début de troisième période, servi à la ligne bleue par une relance millimétrée de Teppo Numminen mais gêné par la crosse de Šlégr, Selänne glisse cette rondelle toujours peu serviable à côté du poteau.

Les Tchèques gardent donc une emprise totale sur le match. Après 40 secondes de possession en zone offensive, permises notamment par le travail en fond de zone de ses compagnons de ligne Lang et Ručinský, Robert Reichel surprend en tour de cage Jarmo Myllys qui ne sait pas de quel côté il va surgir, pas aidé par son défenseur Janne Niinimaa qui attend lui aussi dans l'axe (0-2).

À 4 contre 4 après des pénalités de Selänne puis de Svoboda, Jaromír Jágr est plus incisif que Niinimma pour s'emparer d'un palet dans sa zone : il part alors à 2 contre 1, fait se pencher Numminen cherchant à couper la passe et le contourne pour servir du revers Růžička au second poteau (0-3). Le plus incroyable est que Jágr refait la copie conforme de son action deux minutes plus tard en feintant cette fois le défenseur Jyrki Lumme pour une passe du revers identique vers Straka. Le gardien Myllys ne se laisse pas prendre deux fois et anticipe bien son déplacement. Myllys évitera encore le pire en sortant au-devant de Růžička, servi par Straka sur une nouvelle perte de palet de Lumme, puis en bloquant un revers de Procházka après une merveille de passe de Patera en zone neutre.

Les Tchèques n'auraient sans doute pas rêvé d'une entrée en matière aussi réussie. Ce fut un succès très net et sans bavure. On résumait souvent les chances de cette équipe à son gardien Dominik Hašek : l'homme aux 7 blanchissages depuis le début de la saison de NHL en a certes réussi un de plus, mais pas le plus difficile car il n'a pas vraiment eu d'arrêt compliqué à faire.

La Finlande n'a en effet jamais vraiment été dans le match. Dès la fin de la première période, Hannu Aravirta a commencé à essayer des combinaisons offensives différentes. Il en a testé un grand nombre, et la seule qui a semblé le convaincre au point de la reformer plusieurs fois, c'est le trio Lehtinen-Koivu Selänne. Désireux de démontrer au staff qui en doutait qu'il peut jouer à l'aile gauche même s'il est droitier, et donc qu'il peut figurer en première ligne avec Selänne, Jere Lehtinen a fait étalage de ses qualités de récupération de palet pour alimenter les vedettes offensives. Mais ce sont toutes les lignes offensives qui se cherchent encore. Il faudra vite arrêter de tâtonner car le format très court de ce tournoi, imposé par la NHL, ne se prête guère aux expérimentations. Le prochain adversaire, la Russie, s'annonce redoutable.

Étoiles du match Hockey Archives : *** Robert Reichel / ** Jaromír Jágr et Janne Laukkanen / * Martin Ručinský et Pavel Patera

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Dominik Hašek (gardien de la République Tchèque) : "Je criais en anglais pendant le match. Je ne me suis pas encore habitué à reparler tchèque. Je ne pense à gagner le tournoi au moment présent. Pour nous, il s'agit de gagner le prochain match [contre le Kazakhstan] afin de ne pas avoir à affronter en quart de finale la meilleure équipe de l'autre groupe."

 

Finlande - République Tchèque 0-3 (0-0, 0-1, 0-2)
Vendredi 13 février 1998 à 14h45 au Big Hat de Nagano (JAP). 5050 spectateurs.
Arbitrage de Kerry Fraser (CAN) assisté de Gord Broseker (USA) et Ulf Rönnmark (SUE).
Pénalités : Finlande 6' (2', 2', 2'), République Tchèque 6' (2', 2', 2').
Tirs cadrés : Finlande 17 (7, 6, 4), République Tchèque 29 (10, 9, 10).
Tirs bloqués : Finlande 12 (5, 5, 2), République Tchèque 6 (2, 1, 3).
Tirs non cadrés : Finlande 12 (3, 5, 4), République Tchèque 10 (2, 5, 3).
Engagements : Finlande 30 (12, 9, 9), République Tchèque 30 (8, 12, 10).

Évolution du score :
0-1 à 29'09" : Patera assisté de Ručinský (sup. num.)
0-2 à 44'54" : Reichel assisté de Lang
0-3 à 48'40" : Růžička assisté de Jágr
 

Finlande

Attaquants :
16 Ville Peltonen - 11 Saku Koivu (C) - 8 Teemu Selänne (A, 2')
40 Mika Nieminen (-2) - 14 Raimo Helminen (-2) - 20 Jere Lehtinen (-1)
10 Esa Tikkanen - 17 Jari Kurri (A) - 15 Antti Törmänen
19 Juha Lind - 37 Juha Ylönen - 24 Sami Kapanen
puis 25 Kimmo Rintanen à 40'00"

Défenseurs :
27 Teppo Numminen (-2, 2') - 44 Janne Niinimaa (-2)
5 Aki-Petteri Berg - 21 Jyrki Lumme (2')
12 Janne Laukkanen - 6 Tuomas Grönman
puis 4 Kimmo Timonen à 40'00"

Gardien :
35 Jarmo Myllys

Remplaçant : 31 Ari Sulander (G). En réserve : 30 Jukka Tammi (G).

République Tchèque

Attaquants :
28 Martin Straka - 97 Vladimír Růžička (C, +1) - 68 Jaromír Jágr (A, +1)
13 Robert Lang (+1) - 21 Robert Reichel (A, +1) - 26 Martin Ručinský (+1, 2')
42 Josef Beránek - 30 Jiří Dopita - 22 David Moravec
20 Martin Procházka - 10 Pavel Patera - 16 Jan Čaloun

Défenseurs :
71 Jiří Šlégr (+1) - 32 Richard Šmehlík (+1)
23 Petr Svoboda (2') - 44 Roman Hamrlík
4 František Kučera (+1) - 6 Jaroslav Špaček (+1, 2')

Gardien :
39 Dominik Hašek

Remplaçants : 29 Roman Čechmánek (G), 5 Libor Procházka (D), 24 Milan Hejduk (A). Absent : Milan Hnilička (G).

 

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