Finlande - République Tchèque (14 mai 1998)
Demi-finale des Championnats du monde 1998, second match.
Les Tchèques ont retenu de leur défaite d'hier qu'il faudra être beaucoup plus efficaces offensivement. Mais la Finlande envoie un message immédiat d'autorité physique dans sa zone avec une grosse mise en échec de Jere Karalahti sur David Výborný après une minute de jeu. Sur sa seconde présence, Karalahti n'arrive pas en revanche à charger la cible mouvante Robert Reichel qui tourne sur lui-même et met le palet à la cage du revers. Son ailier Ladislav Lubina n'arrive pas à conclure à deux reprises, sur le rebond puis quelques secondes plus tard sur un centre de Sýkora. Ari Sulander détourne de la botte droite. Au moment où on commence à se réjouir du "match dans le match" alléchant entre Karalahti et Reichel, un des deux protagonistes est brutalement enlevé du casting : Jarkko Ruutu attrape la jambe de Robert Reichel dans un choc genou contre genou qu'on espère involontaire. Le capitaine tchèque doit être porté sur les épaules pour quitter la glace alors que le Finlandais - qui a blessé 2 joueurs en 2 manches de demi-finale ! - prend simplement deux minutes pour faire trébucher, sans conséquence. Le staff tchèque, qui avait inscrit 13 attaquants hier, a préféré habiller ce soir 8 défenseurs : il est donc contraint à finir le match à onze attaquants... Patera, Dopita et Sýkora ont un temps de jeu accru. Le transparent Patrik Eliáš n'en aura presque plus.
Le ciel tchèque devient aussi gris que les vestes des entraîneurs Hlinka, Martinec et Lener, mais voilà qu'une timide éclaircie apparaît : Juha Ikonen retient Jan Hlaváč, puis une crosse haute de Ville Peltonen atteint František Kučera au niveau de l'œil (2'+2'). Au prix de la perte d'un défenseur (car Kučera ne rejouera pas non plus), les Tchèques obtiennent donc une longue supériorité numérique, dont 1'22" avec cinq joueurs contre un trio finlandais volontaire (Timonen-Lius-Tuomainen). Ils cherchent sans cesse la puissance de tir de Libor Procházka qui décoche quatre slaps dans l'axe, mais n'arrivent pas à s'emparer des rebonds. Il n'y aura même pas de "rattrapage" à 5 contre 4 car Procházka est envoyé à son tour en prison pour cinglage. Le bilan de la première période est donc clair : le compteur de tirs peut bien afficher 13 à 1 pour les Tchèques, les Finlandais ont pris un avantage psychologique.
La Finlande ne prend aucun risque offensivement, en envoyant le palet au fond pour batailler dans les coins. En configuration défensive, sa trappe en zone neutre est un véritable étouffoir, même si les Tchèques essaient de dynamiser les relances pour la prendre par surprise. C'est paradoxalement en infériorité numérique - après un coup de coude de Beránek - que les champions olympiques héritent d'une belle occasion. Sous la pression de Dopita, le gardien Ari Sulander est contraint à une relance dans la bande qui arrive sur Radek Bělohlav. Mais le slap du meilleur buteur de ce Mondial reste à ras glace et est bloqué par Sulander revenu se coucher sur la trajectoire. Le score paraît déséspérément bloqué à 0-0, mais Jarkko Ruutu n'en a pas fini de ses oeuvres : son forechecking crosse levée fait sauter le casque de Procházka : deux minutes pour crosse haute. Pendant la pénalité, les Finlandais sont pour une fois hors de position, se faisant attirer à trois (Lydman, Helminen et Peltonen) par l'entrée de zone de Pavel Patera. Celui-ci peut donc servir Jiří Šlégr qui feinte le lancer pour mieux libérer deux joueurs tout seuls de part et d'autre de la cage : Sulander a un superbe réflexe salvateur du gant sur la reprise de Jan Hlaváč, mais le palet rebondit sur le corps de Marián Kacíř et rentre (0-1). L'arbitre valide le but après un long appel à la vidéo pour vérifier si le joueur était dans la zone du gardien.
Le match est donc enfin (re)lancé. S'ils préservent cette petite avance, les Tchèques obtiendront une prolongation décisive. Est-ce pour cette raison qu'au retour sur la glace, loin de continuer sur sa lancée, ils subissent la pression finlandaise ? En essayant de jouer de la crosse un palet qui retombe des airs, Jiří Šlégr touche... la tête d'Ikonen qui s'apprêtait à l'intercepter du gant. La pénalité est convertie dans un trou de souris, entre les bottes de Hnilička, par Raimo Helminen sur une remise aveugle du revers de Marko Tuomainen derrière la cage (1-1). Tout juste sorti de prison, Šlégr y retourne - avec une méconduite en prime - pour avoir accroché Mäkiaho. Il est rejoint sur le banc d'infamie par Josef Beránek, qui a chargé Sami Kapanen avec la crosse dans le coin. La double supériorité numérique ne dure que 18 secondes, mais au moment où le quatrième joueur revient, le slap de Karalahti bat Hnilička côté mitaine (1-2).
Les "Suomi" de plus en plus forts sont ininterrompus dans les tribunes. Ivan Hlinka appelle son temps mort. L'inattendu Marián Kacíř s'offre un doublé personnel en déviant à la perfection dans l'enclave un centre de František Kaberle (2-2). Explosion de joie dans le camp tchèque. L'espoir revient. Les Tchèques monopolisent ensuite la possession, mais les Finlandais leur concèdent toujours très peu d'espaces. Soudain, en partant de son camp, Josef Beránek arrive à transpercer les lignes blanches jusqu'ici infranchissables en passant entre Linna et Karalahti, mais son tir fait tinter la transversale ! Un petit bruit de métal qui sonne comme un gong fatal sur les chances de finale de la République tchèque. À deux minutes de la fin, Jarkko Ruuttu part en 2 contre 1, évite Kaberle trop vite couché et sert Ville Peltonen face à la cage. La parade (du masque !) de Milan Hnilička ne sauve que le point du match nul, insuffisant pour passer.
Les champions olympiques tchèques ne réussiront donc pas un doublé - encore jamais réalisé dans l'histoire - en devenant champions du monde la même année. Mais ils n'auront pas à rougir de cette quinzaine suisse. Ils ont quand même perdu sur blessure leur gardien titulaire en début de tournoi, puis - dès la première période de ce match décisif - leur meilleur défenseur (Kučera) et leur capitaine et centre numéro 1 (Reichel). Ils peuvent toujours poursuivre leur moisson de médailles en affrontant la Suisse demain pour le bronze. La Finlande, moins talentueuse offensivement qu'à l'accoutumée, s'est trouvée d'autres atouts - le système défensif de Hannu Aravirta et la solidité physique dans les duels - pour se payer une nouvelle finale nordique face à la Suède, comme tous les trois ans.
Étoiles du match Hockey Archives : *** Jere Karalahti / ** Marko Tuomainen et Pavel Patera / * Marián Kacíř
Marc Branchu
Finlande - République Tchèque 2-2 (0-0, 0-1, 2-1)
Jeudi 14 mai 1998 à 20h00 au Hallenstadion de Zurich. 6800 spectateurs.
Arbitrage de Kevin Acheson assisté d'Anatoli Zaharov et Sergei Serdyuk
Pénalités : Finlande 14' (10', 4', 0') ; République Tchèque 26' (6', 4', 6'+10').
Tirs cadrés : Finlande 13 (1, 4, 8) ; République Tchèque 34 (13, 10, 11).
Évolution du score :
0-1 à 38'06" : Kacíř assisté de Hlaváč et Šlégr (sup. num.)
1-1 à 43'49" : Helminen assisté de Tuomainen et Peltonen (sup. num.)
2-1 à 46'10" : Karalahti assisté de Timonen et Helminen (sup. num.)
2-2 à 47'51" : Kacíř assisté de Kaberle et Beránek
Finlande
Attaquants :
16 Ville Peltonen (C, 4') - 14 Raimo Helminen - 22 Mikko Eloranta
32 Jarkko Ruutu (4') - 18 Joni Lius - 33 Marko Tuomainen
25 Kimmo Rintanen - 24 Sami Kapanen (A) - 12 Olli Jokinen
29 Mika Alatalo (-1, 2') - 23 Juha Ikonen (A, -1, 2') - 15 Antti Törmänen (-1)
37 Toni Mäkiaho
Défenseurs :
2 Marko Kiprusoff (-1) - 4 Kimmo Timonen (-1)
8 Kaj Linna (2') - 42 Jere Karalahti
9 Toni Lydman - 27 Antti-Jussi Niemi
Gardien :
31 Ari Sulander
Remplaçant : 35 Jarmo Myllys (G). Absent : Petteri Nummelin (blessé).
République Tchèque
Attaquants :
18 Ladislav Lubina - 21 Robert Reichel (C) [blessé à 13'30"] - 17 Petr Sýkora
9 David Výborný - 10 Pavel Patera (A) - 26 Patrik Eliáš
19 Radek Bělohlav - 30 Jiří Dopita (A) - 22 David Moravec
27 Jan Hlaváč (+1) - 69 Josef Beránek (+1, 4') - 14 Marián Kacíř (+1)
Défenseurs :
4 František Kučera [blessé à 16'51", puis Šlégr] - 91 Jiří Vykoukal
12 František Kaberle (+1) - 5 Libor Procházka (4')
7 Jiří Veber (2') - 71 Jiří Šlégr (6'+10') puis 15 Robert Kantor (+1) à 20'00"
Gardien :
3 Milan Hnilička [sorti à 59'25"]
Remplaçants : 25 Martin Prusek (G), 32 Václav Burda. Absents : 29 Roman Čechmánek (G, blessé), 24 Milan Hejduk (A, visage), 20 Martin Procházka (A, tête).