Suède - Suisse (14 mai 1998)

 

Demi-finale des Championnats du monde 1998, second match.

Ralph Krueger garde un discours positif après la défaite au premier match. Si la Suisse gagne, elle peut provoquer une prolongation de dix minutes. Il compte sur la rotation à quatre lignes et les joueurs frais intégrés en demi-finale pour gérer la fatigue de sa jeune équipe dans cette perspective d'un match rallongé. Il sait en particulier que le gardien David Aebischer a beaucoup donné, et l'a exempté d'entraînement sur glace hier. Il a juste fait du vélo d'intérieur en salle de musculation. Mais en face, la Suède est forte, plus forte même. L'entraîneur Kent Forsberg a concentré ses forces sur ses deux premières lignes et profite du retour de blessure de Fredrik Modin (avec une visière intégrale) pour l'aligner sur le premier trio avec ses deux vedettes Mats Sundin et Peter Forsberg.

Après moins d'une minute, sur le premier passage d'un Suédois derrière la cage suisse, Mathias Seger retient Ulf Dahlén. Le gardien David Aebischer est menacé une première fois par Nichlas Falk de près pendant l'infériorité numérique. Il l'est plus encore au retour au complet quand l'arrière Kim Johnsson profite d'un oubli défensif de Patrick Fischer pour monter seul face à la cage et appeler le centre de Jonas Bergqvist. Un son joyeux parcourt l'assistance lorsque la Suisse se procure sa première occasion, une passe de derrière la cage de Marcel Riesen pour la reprise entre les cercles de Reto von Arx, parée de la jambière gauche par Tommy Salo... mais les gorges vont se refermer douloureusement dix secondes plus tard. La Nati est peut-être trop confiante sur cette première action, et la passe de Von Arx pour Mark Streit qui tentait de se joindre à l'offensive est interceptée par Johan Tornberg. La contre-attaque surnuméraire est immédiate et Fredrik Modin se retrouve absolument seul devant la cage pour exploiter le palet qui y est envoyé dans ses patins par Mattias Öhlund puis lui est rendu par la botte d'Aebischer (1-0).

L'imposant gardien du slot Hans Jonsson est sanctionné pour une obstruction sur Peter Jaks. Les Suisses n'arrivent pourtant jamais à installer leur powerplay, ni en balançant le palet au fond, ni en le portant. Les gabarits suédois prennent le dessus à l'usure. Mis au sol par Von Arx, Ulf Dahlén se relève une première fois et se fait rendre le palet par Niklas Sundström avant qu'Olivier Keller ne l'oblige à retourner les fesses sur la glace. Même assis, Dahlén fait une passe d'une main à Mikael Renberg, qui bat Aebischer masqué par son défenseur Streit (2-0). Peter Forsberg fait lui-même le boulot de grattage dans les coins pendant une pénalité de Sundin, et c'est reparti pour un festival de protection de palet d'Ulf Dahlén. Impuissant, le défenseur Dino Kessler finit par lâcher le marquage et le laisser conclure un tour de cage (3-0). Aebischer reste étendu sur le dos, comme crucifié. Ralph Krueger mettra fin au chemin de croix de son jeune gardien après un quatrième but de Christer Olsson, qui est tout seul devant la cage à 4 contre 4 pour recevoir la passe de Sundin à cause d'une incompréhension entre Rüthemann et Von Arx. Trente secondes plus tôt, une perte de palet de Hans Jonsson face à Von Arx en zone neutre avait offert une échappée solitaire à Martin Plüss, mais il avait échoué par deux fois sur Tommy Salo...

À 4-0 en 17 minutes, en pratique, le match est tout aussi fini pour la Suisse qu'il l'est pour Aebischer. Un silence de cathédrale s'installe, mais quelques "Hopp Schwiiz" scandés montrent que les supporters ne perdent pas espoirs. Leurs joueurs restent vaillants, mais avec leurs limites. Martin Plüss n'est pas en mesure physiquement d'empêcher Peter Forsberg de sortir du coin et de servir au poteau opposé Johan Tornberg, que Peter Jaks n'aurait pas dû en revanche laisser passer derrière lui sans opposition (5-0). La Suède a pourtant ses moments de faiblesse : Christer Olsson tombe tout seul à genoux en attendant derrière son but, Sandy Jeannin en profite pour prendre le palet et servir en retrait Plüss, mais le tir du jeune centre de Kloten frôle l'extérieur du poteau.

Au troisième tiers-temps, Fredrik Modin envoie Sutter en prison pour interférence puis profite de la supériorité numérique pour dribbler en un contre un Edgar Salis. Celui-ci écarte en catastrophe le palet passé derrière Reto Pavoni, mais Niklas Sundström le reprend aussitôt dans le haut du filet (6-0). La Suède finit même avec un 2 sur 3 en jeu de puissance : avec Salis en prison pour coude de coude, et malgré l'engagement parfaitement gagné par Martin Plüss, Sandy Jeannin perd le palet face à Sundström et Peter Forsberg envoie un slap en lucarne (7-0). Pour la Suisse, il s'agit maintenant d'éviter l'humiliation. Anders Huusko le lui permet en prenant une pénalité sur sa deuxième présence du match (il accroche Jenni au repli). Dino Kessler dévie entre les jambes de Salo un tir axial de la ligne bleue de Salis (7-1). Une splendide passe du revers de Misko Antisin envoie Claudio Micheli en face-à-face avec Salo, qui se couche et lève la botte droite pour détourner le tir. Le dernier but est finalement marqué du revers à ras glace par Reto von Arx sur un palet perdu par Hans Jonsson sous la pression de Michel Riesen (7-2).

Il a bien fallu se rendre à l'évidence : la Suisse n'était pas de taille à se mesurer à des Suédois bien supérieurs dans l'épreuve de force et très dominateurs dans tous les duels pour le gain de la rondelle. La Tre Kronor est plus que jamais favorite de ce championnat du monde. La Nati n'a pas pour autant abandonné ses rêves de médaille puisqu'elle affrontera demain le déçu du match de ce soir.

Étoiles du match Hockey Archives : *** Peter Forsberg / ** Ulf Dahlén et Johan Tornberg / * Fredrik Modin

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Marcel Jenni (attaquant de la Suisse) : "Au saut du lit, ce matin, j'y croyais dur comme fer. Mais je n'avais pas soupçonné une seule seconde que les Suédois démarreraient à une telle cadence. Leur départ nous a surpris, cloués sur place. Ils ont cherché le débat singulier de manière systématique. Et dans ce domaine, nous avons commis beaucoup trop de fautes."

Kent Forsberg (entraîneur de la Suède) : "Je savais que la Suisse allait se montrer dangereuse en début de match, nous avons donc fait ce qu'il fallait pour casser son moral. Au lendemain du match aller, nous avons étudié le système défensif de la Suisse à la vidéo. Nous avons bien observé le jeu du gardien. Je crois qu'après le premier tiers, les Suisses ne nourrissaient plus beaucoup d'espoir. Je souhaite bonne chance à la Suisse pour sa petite finale. Elle peut très bien remporter le bronze."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Nous voulions créer la surprise de l'année, mais nous avons manqué d'énergie pour résister aux Suédois. C'est un apprentissage pour cette équipe formée de jeunes joueurs. Je suis fier de notre parcours. Nous avons bien réagi en fin de match pour récompenser nos supporters. Cette défaite fait mal, mais nous devons l'oublier immédiatement pour nous concentrer sur la petite finale. Nous serons prêts. On débattra demain matin avec mes assistants pour savoir qui d'Aebischer ou de Pavoni jouera demain soir. Je n'en ai aucune idée pour l'instant !"

David Aebischer (gardien de la Suisse) : "[Krueger] m'a dit qu'il n'était pas déçu, mais qu'il valait mieux pour moi que je sorte. Quand je suis sorti, j'étais un peu énervé contre tout le monde. mais j'étais surtout déçu de perdre. Je pense que, après tout ce que nous avons fait, si nous n'obtenons pas cette troisième place, ce serait un échec !"

 

Suède - Suisse 7-2 (4-0, 1-0, 2-2)
Jeudi 14 mai 1998 à 16h00 au Hallenstadion de Zurich. 10 400 spectateurs.
Arbitres : Alex Dell assisté de Panu Bruun et Jim Garofalo
Pénalités : Suède 12' (8', 2', 2') ; Suisse 10' (6', 0', 4').
Tirs cadrés : Suède 34 (10, 14, 10) ; Suisse 22 (9, 7, 6).

Évolution du score :
1-0 à 04'55" : Modin assisté d'Öhlund
2-0 à 10'15" : Renberg assisté de Dahlén et Sundström
3-0 à 13'42" : Dahlén
4-0 à 17'02" : Olsson assisté de Sundin et Forsberg
5-0 à 31'21" : Tornberg assisté de Forsberg et Modin
6-0 à 46'12" : Sundström assisté de Modin (sup. num.)
7-0 à 48'22" : Forsberg assisté de Sundström (sup. num.)
7-1 à 50'22" : Kessler assisté de Salis et Crameri Jenni (sup. num.)
7-2 à 53'19" : Von Arx assisté de Riesen et Rüthemann
en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives
 

Suède

Attaquants :
33 Fredrik Modin (+2) - 13 Mats Sundin (C, +3, 2') - 21 Peter Forsberg (+3)
19 Mikael Renberg (+2) - 16 Nichlas Falk (+1, 2') - 22 Ulf Dahlén (A, +2)
23 Peter Nordström (2') - 31 Jörgen Jönsson - 18 Jonas Bergqvist
24 Patric Kjellberg (A, -1) - 9 Mikael Johansson (-1) - 37 Niklas Sundström (+1)
puis 6 Anders Huusko (-1, 2') à 40'00"

Défenseurs :
20 Johan Tornberg (+3) - 2 Mattias Öhlund (+3)
17 Hans Jonsson (2') - 12 Niclas Hävelid (+1, 2')
4 Kim Johnsson (+1) - 28 Christer Olsson (+1)
puis 8 Jan Mertzig (-1) à 40'00"

Gardien :
35 Tommy Salo

Remplaçant : 1 Johan Hedberg (G). En réserve : 30 Magnus Eriksson (G).

Suisse

Attaquants :
35 Sandy Jeannin (-1) - 18 Martin Plüss (-2 -1) - 19 Peter Jaks (A, -1)
8 Claudio Micheli - 24 Michel Zeiter - 21 Patrick Fischer
30 Marcel Jenni (2') - 17 Gian-Marco Crameri - 13 Misko Antisin (-1, 2')
11 Ivo Rüthemann (-2 -3) - 15 Reto von Arx (-3) - 29 Michel Riesen (-1)

Défenseurs :
34 Martin Rauch (C, -1) - 5 Patrik Sutter (-1, 2')
2 Martin Steinegger (-1) - 31 Mathias Seger (-1, 2')
7 Dino Kessler (A, -1) - 27 Edgar Salis (2')
26 Olivier Keller (-2) - 16 Mark Streit (-1)

Gardien :
40 David Aebischer puis 20 Reto Pavoni à 17'02"

Absents : 9 Mattia Baldi (cheville cassée), 32 Franz Steffen (surnuméraire).

 

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