Suède - Finlande (17 mai 1998)

 

Finale des Championnats du monde 1998, second match.

La finale sans but annonce-t-elle la mort du hockey ?

La Suède aimerait que cette finale soit un remake du Mondial 1992 à Prague, son dernier titre. Les similitudes sont nombreuses. C'était déjà une année olympique. Déjà, les Suédois avaient battu la Suisse en demi-finale et les Finlandais avaient battu les Tchèques (Tchécoslovaques à l'époque). Déjà, la Suisse avait échoué au pied du podium. La finale connaîtra-t-elle aussi le même dénouement ? La différence est qu'elle se joue en deux manches.

La Tre Kronor a déjà fait la moitié du chemin et reste la favorite. Même si la Finlande moins novice qu'il y a six ans, elle n'a pas ses stars, contrairement aux Suédois. Son second joueur de NHL, arrivé après son élimination au second tour des playoffs NHL ne sera pas Saku Koivu (qui joue sur une jambe et n'a participé qu'à un match sur deux en séries avec Montréal) mais le défenseur Janne Laukkanen, des Ottawa Senators. Les Finlandais tournent ainsi à 7 à l'arrière. Aravirta a aussi changé ses ailiers droits : Olli Jokinen passe en première ligne, Mikko Eloranta intègre la rotation et le décevant Mäkiäho en sort.

Côté suédois, dès la deuxième minute de jeu, Christer Olsson reste sur la glace en se tenant le genou. Rintanen est retombé sur sa jambe gauche et il ne peut plus la poser au sol, on comprend de suite que c'est grave. Il faut deux hommes pour porter Olsson au vestiaire.

La physionomie du jeu est inchangée et même plus caricaturale qu'hier. La Suède a la possession et pousse, la Finlande essaie de la maintenir dans le périmètre avec un positionnement très compact. Elle ne veut surtout pas laisser un joueur s'infiltrer ou réceptionner une passe en position préférentielle. Le dispositif n'est mis en défaut que sur deux centres de la droite de Peter Forsberg : le premier pour Mats Sundin et le second - alors que Kiprusoff est en prison pour une obsruction à la ligne bleue sur Modin - pour le défenseur Niclas Hävelid, mais le déplacement latéral du gardien Ari Sulander est parfait. La Finlande a une seule occasion, juste avant la pause, mais elle aurait pu aller au fond : Kimmo Rintanen dribble Tornberg et n'est pas loin de placer son revers entre les bottes de Tommy Salo, mais la rondelle reste finalement aux pieds du gardien suédois.

Le jeu gagne en rythme au deuxième tiers-temps. Ville Peltonen se fait contrer en entrée de zone offensive et Mattias Öhlund lance Peter Nordström pour un face-à-face avec Sulander... qui s'impose ! Olli Jokinen vient dribbler Kim Johnsson et rendre un bon tir sur l'action suivante. L'alerte n'a donc pas empêché les Finlandais de s'enhardir. Ils ne peuvent pas se contenter de défendre comme au premier tiers, où ils n'avaient pas l'air d'une équipe obligée de gagner. Mais les espaces profitent aux contre-attaques jaunes. Mikael Renberg vole le palet à Laukkanen en zone neutre, fonce sur l'aile gauche et fait une passe transversale parfaite pour Ulf Dahlén. Le décalage est fait, Sulander est cette fois battu mais le tir est trop imprécis pour exploiter la cage à moitié ouverte. Il touche toutefois successivement les deux bottes du gardien puis le poteau !

On est en configuration inverse du premier tiers, la Suède recule et attend des contres alors que la Finlande est portée par des "Suomi" enthousiastes qui retentissent dans le Hallenstadion. Le haut du gant de Tommy Salo dévie de justesse un tir du poignet de Törmänen. L'élan finlandais est néanmoins arrêté par deux pénalités. Eloranta retient clairement dans sa main la crosse de Renberg. Sur cet avantage numérique, Patric Kjellberg sert Niklas Sundström seul devant le but pour un tir à bout portant... que Sulander pare du bouclier ! Marko Tuomainen commet une faute encore plus bête en venant au contact du gardien adverse. Mais dans son duel avec Lydman pour s'imposer dans l'enclave en powerplay, Fredrik Modin fait à son tour obstruction. C'est la Finlande qui finit la deuxième période à 5 contre 4. Jörgen Jönsson sauve alors son camp en contrant Kapanen après une bonne circulation de palet des Leijonat.

Il reste vingt minutes à la Finlande pour essayer enfin de marquer, mais son gardien Ari Sulander est le seul à faire le show dans cette patinoire de Zurich où il s'installera à demeure en club la saison prochaine : il baisse bien la mitaine sur un tir croisé de Patric Kjellberg ; il ose une détente spectaculaire pour détourner de la tête (!) un tir dévié de Renberg en contre-attaque ; il s'interpose aussi sur un slap du cercle gauche de Peter Forsberg qui a déposé Karalahti en deux coups de patin ; il bloque de la crosse le tir entre les bottes de Jörgen Jönsson, servi dans l'enclave par une passe en retrait de Kjellberg ; il bloque enfin d'un lancer de bottes le breakaway de Renberg, qui a effacé Kiprusoff après avoir reçu un palet contré par Falk dans la crosse de Timonen. Ce n'est que dans la dernière minute que la Finlande arrive à s'installer en zone offensive, après avoir sorti son gardien pour jouer à 6 contre 5, mais Olli Jokinen tire au-dessus sur passe de derrière la cage de Peltonen.

C'est bien un remake du Mondial 1992, oui, puisque le dernier 0-0 en championnat du monde remontait à un Suède-Italie à Prague il y a six ans ! L'évolution du hockey a de quoi inquiéter les dirigeants de l'IIHF, tout comme les scores des trois confrontations pendant le tournoi (1-0, 1-0 et 0-0 ) entre Suède et Finlande, deux adversaires qui se connaissent sans doute trop. Pas la peine d'avoir deux finales si c'est pour avoir aussi peu de buts car le public n'a pas eu deux fois plus de spectacle. Mais il ne fait aucun doue que les Suédois avaient la meilleure équipe, le dernier tiers-temps à sens unique a achevé de le démontrer. Peu importent les critiques sur son style de jeu ennuyeux, le sélectionneur Kent Forsberg part donc sur une nouvelle médaille d'or, un peu plus de quatre ans après celle des JO de Lillehammer.

Étoiles du match Hockey Archives : *** Ari Sulander / ** Mattias Öhlund et Patric Kjellberg / * Tommy Salo et Peter Nordström

Marc Branchu

Les trois meilleurs Suédois du tournoi selon leur coach : Tommy Salo, Mattias Öhlund et Mats Sundin.

Les trois meilleurs Finlandais du tournoi selon leur coach : Ari Sulander, Jere Karalahti et Raimo Helminen.

Commentaires d'après-match

Kent Forsberg (entraîneur de la Suède) : "Nous étions la meilleure équipe sur les deux matches, cela ne se discute pas. Sans le gardien Sulander, nous aurions fait une plus grande différence. C'est un grand exploit pour tout le pays. Cette victoire efface notre échec de Nagano. Désormais les médias parleront de la victoire de Zurich."

Hannu Aravirta (entraîneur de la Finlande) : "Il y avait deux grandes équipes, la Suède et la Finlande. Nous avons réalisé un superbe deuxième tiers, mais nous n'avons pas réussi à marquer. Je souligne que Forsberg et Sundin ne sont jamais parvenus à trouver le chemin des filets, c'est que notre système défensif était bon."

 

Suède - Finlande 0-0 (0-0, 0-0, 0-0)
Dimanche 17 mai 1998 à 16h00 au Hallenstadion de Zurich. 10 400 spectateurs.
Arbitrage de Kevin Acheson assisté de Robert Jones et Jim Garofalo
Pénalités : Suède 12' (8', 2', 2'), Finlande 10' (6', 0', 4').
Tirs cadrés : Suède 34 (10, 14, 10), Finlande 22 (9, 7, 6).
 

Suède

Attaquants :
33 Fredrik Modin (2') - 13 Mats Sundin (C) - 21 Peter Forsberg
19 Mikael Renberg - 16 Nichlas Falk - 22 Ulf Dahlén (A)
23 Peter Nordström - 31 Jörgen Jönsson - 18 Jonas Bergqvist
24 Patric Kjellberg (A) - 9 Mikael Johansson - 37 Niklas Sundström

Défenseurs :
20 Johan Tornberg - 2 Mattias Öhlund
17 Hans Jonsson - 12 Niclas Hävelid
4 Kim Johnsson - 28 Christer Olsson [blessé à 01'38"]
puis 8 Jan Mertzig à 40'00"

Gardien :
35 Tommy Salo

Remplaçants : 1 Johan Hedberg (G), 6 Anders Huusko (A). En réserve : 30 Magnus Eriksson (G).

Finlande

Attaquants :
16 Ville Peltonen (C) - 14 Raimo Helminen - 12 Olli Jokinen
32 Jarkko Ruutu - 18 Joni Lius - 33 Marko Tuomainen (2')
25 Kimmo Rintanen - 24 Sami Kapanen (A) - 22 Mikko Eloranta (2')
29 Mika Alatalo - 23 Juha Ikonen (A) - 15 Antti Törmänen

Défenseurs :
72 Janne Laukkanen - 4 Kimmo Timonen
8 Kaj Linna - 42 Jere Karalahti
9 Toni Lydman - 27 Antti-Jussi Niemi
2 Marko Kiprusoff (2')

Gardien :
31 Ari Sulander

Remplaçant : 35 Jarmo Myllys (G), 37 Toni Mäkiaho (A). Absent : Petteri Nummelin (blessé).

 

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