Ukraine - France (5 novembre 1998)

 

Qualification pour les championnats du monde 1999, zone Europe, groupe B.

Après avoir élargi l'élite mondiale à seize équipes, l'IIHF a instauré de nouvelles poules de qualification automnales pour l'accès aux champîonnats du monde. Avec un nouveau sélectionneur - le cinquième en six ans - et un seul match de préparation dans les jambes, l'équipe de France aborde cette échance capitale avec peu de repères. Surtout que l'adversaire, l'Ukraine, est un parfait inconnu pour elle. Et on se souvient qu'aux Jeux olympiques de Nagano, les Français avaient été battus d'entrée par un pays de l'ex-URSS qu'ils n'avaient jamais rencontrés, le Bélarus.

L'entraîneur des Bleus, Mikael Lundström, a passé aux joueurs la cassette vidéo du match des Ukrainiens contre la Slovénie (4-3) qui leur avait permis de remporter le dernier Mondial B. Il a désigné cette rencontre comme le match-clé, et le résultat du premier match Slovénie-Allemagne (1-1), plus intéressant par l'ambiance que par le jeu, renforce ce sentiment. Entre-temps, la Hala Tivoli s'est vidée, mais les deux équipes n'en sont pas moins motivées.

La France entre bien dans son match et domine. Elle construit du jeu offensif, Robert Ouellet offrant une première occasion à Stéphane Barin, sans négliger la "priorité sur la sécurité défensive" demandée par le coach. Anthony Mortas est à deux reprises en bonne position pour ouvrir le score. Néanmoins, Karl Dewolf prend deux pénalités dans le premier tiers-temps. Et l'Ukraine profite de la seconde - une obstruction - pour assommer les Français à la dernière minute grâce à l'ancien défenseur de NHL Aleksandr Godynyuk, qui bat Huet d'un slap à mi-distance, contre le cours du jeu.

Dès la reprise, Oletsky est à son tour sanctionné pour obstruction. L'équipe de France s'installe devant la cage du gardien de 42 ans Yuri Shundrov, l'ancienne légende du Sokol Kiev qui arrête tout dans un style peu orthodoxe. Mais juste après le retour à cinq contre cinq, Anthony Mortas intercepte une mauvaise relance ukrainienne, perce la défense jusqu'à la cage et égalise du revers. Une juste récompense de son activité pour le début du match : il marque enfin son premier but en équipe nationale, soulagé de cette pression qui pesait sur ses épaules puisqu'il atteint déjà 31 sélections.

Le plus dur semble fait. Mais c'est le moment où l'Ukraine se détache inexorablement en démontrant toute son efficacité et en exploitant les erreurs tricolores. Oleksandr Zinevych conclut un beau une-deux avec Markovsky avec un magnifique tir du poignet en lucarne. Peu avant la mi-match, Arnaud Briand part en prison pour accrocher. Son compagnon de ligne Bozon, l'homme à tout faire, n'est donc pas disponible tout de suite pour tuer la pénalité, qu'exploite Vadim Shakhraichuk. Et enfin, seize secondes plus tard seulement, Vasyl Bobrvnikov vole le palet à Denis Perez et remporte son face-à-face avec Huet. En cinq minutes, les Ukrainiens ont pris trois buts d'avance. Ils font alors étalage de toute leur qualité technique, héritage de l'école soviétique, et contrôlent parfaitement le jeu. Il y a certes deux qualifiés dans le tournoi, mais la France, dernière après cette première journée, se retrouve déjà au pied du mur.

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe) :

Mikael Lundström (entraîneur de la France) : "J'étais assez content après la première période. Nous étions patients, bien organisés. On a dominé et même marqué un but qui nous a été refusé et qui était peut-être valable. Et puis, on en a pris un au pire moment. Mais le vrai problème, c'est qu'après l'égalisation on a cru pouvoir prendre des risques et leur laisser des espaces. Mais nos chances restent intactes. Surtout que si l'Ukraine continue de jouer comme elle l'a fait contre nous, elle doit remporter tous ses matches. On devra rester strict contre la Slovénie. L'impatience doit être de leur côté. À nous de les laisser créer et porter le palet, puis de les contrer en zone neutre. Le public les soutiendra mais ça peut se transformer en pression contre eux."

Arnaud Briand (attaquant de la France) : "On savait qu'on avait trois matches à disputer ici et que chacun compterait. Dans nos têtes, on s'était aussi un peu dit que l'Ukraine était la plus forte du lot même si l'objectif de départ était de gagner les trois matches. On a donc encore toutes nos chances."

 

Ukraine - France 4-1 (1-0, 3-1, 0-0)
Jeudi 5 novembre 1998 à 20h00 à la Hala Tivoli de Ljubljana. 600 spectateurs.
Arbitrage de Marko Lepaus (FIN) assisté de Joseph Günther (AUT) et Milos Badal (TCH).
Pénalités : Ukraine 12' (2', 4', 6'), France 14' (4', 8', 2').
Tirs : Ukraine 29 (4, 14, 11), France 21 (10, 6, 5).

Évolution du score :
1-0 à 19'24" : Godynyuk assisté de Shakhraichuk et Stepanishev (sup. num.)
1-1 à 22'25" : Mortas assisté de Dubois et M. Rozenthal
2-1 à 25'41" : Zinevych assisté de Markovski
3-1 à 28'58" : Shakhraichuk assisté de Vasilevsky (sup. num.)
4-1 à 29'14" : Bobrovnikov

 

Ukraine

Attaquants :
Oleksandr Matvychuk - Vadim Shakhraichuk (2') - Oleksandr Vasilevsky
Viktor Goncharenko (+1) - Vasyl Bobrovnikov (+1) - Oleg Synkov (+1)
Vasyl Vasylenko - Konstantin Butsenko (+1) - Anatoli Stepanyshchev
Dmitri Markovsky - Danilo Didkovsky (+1) - Oleksandr Zinevych (+1)
Valentyn Oletsky (2')

Défenseurs :
Vladimir Kirik (-1, 2') - Valeri Shyryaev (C, -1)
Oleksandr Savitsky (+2) - Yuri Gunko (+2)
Oleksandr Godynyuk (4') - Vyacheslav Zavalnyuk
Oleg Polkovnikov (2')

Gardien :
Yuri Shundrov

Remplaçant : Oleksandr Vasilyev (G).

France

Attaquants :
Christian Pouget (2') - Arnaud Briand (4') - Philippe Bozon
Lionel Orsolini (-1) - Robert Ouellet (-1) - Stéphane Barin (-1)
Maurice Rozenthal (+1) - Anthony Mortas (+1) - Stanislas Solaux (+1)
Laurent Gras (-1) - Franck Guillemard (-1) - Benoît Bachelet (-1)
Richard Aimonetto

Défenseurs :
Gérald Guennelon (-1) - Denis Perez (-1)
Jean-Philippe Lemoine (C, 2') - Karl Dewolf (6')
Jean-Christophe Filippin - Grégory Dubois
Stéphane Gachet

Gardien :
Cristobal Huet

Remplaçant : François Gravel (G). En réserve : Fabrice Lhenry (G).

 

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