Slovaquie - Russie (10 mai 1999)

 

Championnats du monde 1999, deuxième tour, groupe F.

La Russie a toutes les cartes en main pour accéder aux demi-finales. Il lui suffit de battre la Slovaquie et elle est qualifiée dans toutes les configurations. Elle a en effet une différence de buts positive en cas d'égalité à trois avec les Suédois et les Tchèques (+2). A contrario, les chances de qualification de la Slovaquie sont purement théoriques puisqu'il faudrait qu'elle gagne par sept buts d'écart. Mais elle est assez "neuve" sur la scène internationale pour savourer chaque match et chaque résultat.

La Russie avait un choix cornélien à faire, celui du gardien. Egor Podomatsky avait "donné" un but contre la Suède alors que son remplaçant Andrei Tsarev avait été solide en entrant en cours de jeu. Le staff russe souhaitait maintenir sa confiance à Podomatsky, mais il a douté jusqu'à la sortie du bus. Un de ses coéquipiers a en effet crié "Egor, réveille-toi !" parce que le portier semblait dans son monde et n'avait pas quitté sa place. Cela a suffi à inquiéter l'entraîneur Aleksandr Yakushev. Tsarev était soudain annoncé comme titulaire sur la liste des joueurs publiée une demi-heure avant le match, mais au dernier moment, Yakushev a opté pour le gardien de Yaroslavl, son choix initial. Pas réveillé, Podomatsky ? Il prouve le contraire à la deuxième minute en s'imposant face à Žigmund Pálffy qui s'est débarrassé de son défenseur jeune Vitali Vishnevsky.

Yakushev avait pourtant prévenu ses hommes : "Les Slovaques ont une défense bien organisée et visqueuse, ils aiment et savent contre-attaquer avec précision." La première période est l'illustration parfaite de cette phrase d'avertissement. Les Russes essaient d'attaquer, mais la Slovaquie fait bloc autour de sa tour de contrôle Zdeno Chára. Elle bloque toute ouvertue en ne concédant que 4 tirs en vingt minutes. Même si elle n'en réussit elle-même que 2, elle se procure une énorme occasion par l'inévitable Pálffy à trente secondes de la pause, mais Aleksandr Khavanov sauve le palet sur la ligne !

Les joueurs russes, qui ont obtenu leurs meilleurs résultats quand ils ont appliqué les consignes et respecté la discipline, perdent patience et commencent à faire des fautes. Un accrochage de Dmitri Bykov permet à Chára d'échapper à la vigilance de Markov et d'ouvrir le score par un slap dévastateur. Sarmatin et Khavanov sont ensuite envoyés en prison, et à 5 contre 3, la Slovaquie fait circuler à merveille le palet pour une action collective conclue par Marián Hossa (2-0).

Une pénalité pour accrochage contre Aleksei Kudashov (qui joue avec un masque protecteur en plastique pour protéger son visage blessé contre les Finlandais) met encore en danger la Russie en début de troisième période. Mais cette fois Alekandr Prokopiev intercepte un palet en infériorité numérique et lance en échappée Sergei Petrenko qui remporte son face-à-face avec Murin. L'indiscipline change alors de camp. La Slovaquie tue une pénalité de Hossa, mais quand Peter Bartoš part en prison pour retenir, Ravil Gusmanov réussit un joli dribble avant d'égaliser d'un beau tir du poignet (2-2).

On ne joue que trois minutes à 5 contre 5. Les Russes tuent deux pénalités à la suite, puis se retrouvent à 5 contre 3 après une succession de pénalités bleues : faire trébucher du capitaine Cíger, charge incorrecte de Babka, charge dans le dos de Kapuš... À ce moment, la ligne du Dynamo (Petrenko-Prokopiev-Afinogenov), qui a fait un bon Mondial, ne prend aucun tir et sur-joue en s'obstinant à essayer plusieurs combinaisons qui ont fonctionné dans le championnat russe. La Sbornaïa est normalement supérieure à la Slovaquie techniquement, mais ne parvient pas à le démontrer. Lorsque le capitaine Yashin a baissé pavillon après un excellent début de tournoi, personne d'autre n'a su prendre les rênes pour ramener la victoire.

Trop d'attaquants ont été totalement inefficaces. Zéro point marqué dans le tournoi, notamment, pour le champion du monde 1993 Valeri Karpov et l'attaquant le plus expérimenté Aleksandr Barkov (qui avait raté une cage ouverte contre la Finlande après avoir parfaitement contourné le gardien). À l'arrière, seul Tertyshny sera sorti du lot, en tenant compte du fait qu'il a dû changer de partenaire et de position - passant de défenseur droit à défenseur gauche - après la blessure de Bautin. La volonté des hockeyeurs russes a été indéniable durant cette quinzaine mais ils n'ont plus l'efficacité d'antan. Alors qu'ils avaient leur destin entre les mains, ils sont condamnés à se ronger les ongles ce soir en regardant les Tchèques jouer face aux Suédois pour leur passer devant.

Désignés joueurs du match : Zdeno Chára pour la Slovaquie et Maksim Afinogenov pour la Russie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Aleksandr Yakushev (entraîneur de la Russie) : "Les gars étaient trop tendus en entrant dans le match, et cela les a empêchés de montrer ce dont ils étaient capables. C'est pourquoi nous avons vraiment paru mauvais pendant deux périodes. Ce n'est que dans les vingt dernières minutes que nous avons réussi à égaliser avec un effort maximal. Et la condition physique de nos joueurs, notamment de notre leader Aleksei Yashin, n'était pas brillante. Il a eu une longue saison en NHL, il est tombé malade le premier jour de son arrivée ici, il a pris beaucoup sur ses épaules dans ce championnat et la force humaine n'est pas illimitée. Il a quand même immensément aidé l'équipe. [...] J'ai déjà répété que les Tchèques, les Suédois et les Finlandais sont à un niveau supérieur à nous. Ces pays essaient de garder leurs joueurs. Dans notre pays, même les jeunes partent. Afinogenov, par exemple, ne jouera plus au Dynamo la saison prochaine, mais tentera sa chance outre-Atlantique. Et le plus triste est que nous ne savons comment arrêter cette hémorragie."

 

Slovaquie - Russie 2-2 (0-0, 2-0, 0-2)
Lundi 10 mai 1999 à 16h00 au Jordal Amfi d'Oslo. 4330 spectateurs.
Arbitrage d'Ulf Rådbjer (SUE) assisté de James Garofalo (USA) et Sylvain Cloutier (CAN).
Pénalités : Slovaquie 30' (4', 4', 12'+10') ; Russie 14' (2', 6', 6').
Tirs : Slovaquie 19 (2, 8, 9) ; Russie 15 (4, 4, 7).

Évolution du score :
1-0 à 29'15" : Chára assisté de P. Pucher (sup. num.)
2-0 à 36'13" : Hossa assisté de Pálffy et Cíger (double sup. num.)
2-1 à 42'36" : Petrenko assisté de Prokopiev (inf. num.)
2-2 à 46'54" : Gusmanov assisté de Vishnevsky (sup. num.)
 

Slovaquie

Attaquants :
Zdeno Cíger (C, -1, 2') - Richard Kapuš (-1, 2'+10') - Lubomír Kolník (A, -1, 2')
Marián Hossa (4') - Peter Pucher - Žigmund Pálffy (A, -1, 2')
Peter Bartoš (2') - Richard Šechný - Ján Pardavy
René Pucher, Ján Lipiansky (4')

Défenseurs :
Radoslav Hecl - Ľubomír Višňovský (-1)
Vladimír Vlk - Zdeno Chára
Daniel Babka (2') - Stanislav Jasečko

Gardien :
Igor Murin

Remplaçant : Miroslav Šimonovič (G). Non alignés : Rastislav Rovnianek (G), Ivan Droppa, Ľubomír Sekeras, Jozef Daňo.

Russie

Attaquants :
Ravil Gusmanov - Aleksei Yashin (C) - Oleg Petrov (2')
Sergei Petrenko (+1) - Aleksandr Prokopiev (+1) - Maksim Afinogenov
Dmitri Subbotin - Aleksandr Barkov (A) - Valeri Karpov
Mikhaïl Sarmatin (2') - Aleksei Kudashov (A, 2') - Maksim Sushinsky

Défenseurs :
Artur Oktyabrev (2') - Sergei Tertyshny
Andrei Markov (+1) - Aleksandr Khavanov (+1, 2')
[Oktyabrev] - Dmitry Bykov (2')
Andrei Yakhanov - Vitali Vishnevsky (2')

Gardien :
Yegor Podomatsky

Remplaçant : Andrei Tsaryov (G). Non alignés : Aleksei Volkov (G), Sergei Bautin (deux côtes cassées).

 

Les championnats du monde 1999