République Tchèque - Finlande (16 mai 1999)

 

Deuxième manche de la finale des Championnats du Monde 1999.

Battue hier au premier match, la Finlande doit gagner sur n'importe quel score pour obtenir... une prolongation à jouer dans la foulée. C'est la loi de la formule stupide de ce format en deux manches dont on sait déjà qu'il sera supprimé l'an prochain. Le président de la fédération internationale René Fasel a expliqué s'être rendu compte qu'il fallait changer le format du tournoi parce que son fils Jean-Philippe, 9 ans, n'avait pas compris les qualifications en finale sans troisième match décisif. Un journaliste anglais a ironisé que Jean-Philippe Fasel, plus clairvoyant que son père, serait un candidat idéal pour une future présidence de l'IIHF...

Après le premier match, on attendait de voir quels changements Aravirta allait effectuer pour relancer son équipe. C'est finalement le fusible "gardien" qui a sauté, puisque Sulander, qui paie peut-être là son erreur des demi-finales, est remplacé par le jeune Miikka Kiprusoff. Pour autant, personne ne se risquerait à miser un markka sur les Finlandais, privés de leur capitaine blessé Saku Koivu, dont le forfait était officialisé quelques heures avant le match.

La rencontre s'engage pourtant sous les meilleurs auspices pour la Finlande. L'ouverture du score d'entrée sur un slap du cercle droit d'Antti-Jussi Niemi (son deuxième but pour sa cinquantième sélection) constitue en effet le scénario idéal. Le déblocage offensif tant attendu est ainsi l'œuvre d'un défenseur. Mais les Tchèques répliquent rapidement : Výborný attire les défenseurs finlandais et sert Hlavac qui donne ainsi l'occasion à Kiprusoff de se mettre dans le bain. Sur l'action suivante, un lancer de Kallio est dévié par Lind et vient tromper Hnilicka. Après un peu plus de cinq minutes, les Finlandais mènent déjà 2-0. Comme si tout le déficit de réussite engrangé la veille se trouvait d'un coup compensé ! Même le jeu de puissance des Tchèques, jusque là le plus performant du tournoi, met à l'épreuve à trois reprises les Finlandais sans parvenir à altérer leur confiance. Deux buts en trois tirs cadrés : la réussite des Finlandais est pour le moins insolente.

À l'amorce de la deuxième période, Mikka Kiprusoff a pris confiance et réalise un superbe arrêt de la jambière face à Martin Prochazka, puis capte le lancer de Patera sur le rebond. C'est alors que Výborný concède la pénalité de trop. Le slap puissant de Karalahti est dévié victorieusement par Marko Tuomainenmouche. Les Tchèques paraissent alors de plus en plus énervés, à l'image de Patera qui se défoule sur ses adversaires, allant à son tour en prison. Les Tchèques se sortent de cette mauvaise passe et maintiennent la pression : ils ne sont inquiétés que sur un 2 contre 1 de Rintanen et Selänne, mais ce dernier n'arrive toujours pas à tromper Hnilicka. Même s'ils prennent trop de pénalités stupides, comme le prouve le coup de coude de Libor Procházka, les Tchèques dominent lorsqu'ils sont à égalité numérique. C'est sur une échappée de Viktor Újcík qu'ils réduisent le score, Mikka Kiprusoff ne parvenant qu'à dévier le tir de sur son propre poteau. Les Finlandais souffrent sous les coups de boutoir tchèques, et Niemi doit même détourner du gant un palet qui serait peut-être rentré dans son but car son gardien n'avait pu l'écarter. Un cafouillage de Nummelin et Helminen est bien près d'aboutir à un deuxième but tchèque à quarante secondes de la fin de la période. On a même le sentiment que les tchèques auraient pu refaire une plus grande partie de leur retard si leur indiscipline n'avait pas permis aux Finlandais de souffler en supériorité numérique.

En début de troisième tiers-temps, les Finlandais, plus agressifs, récupèrent suffisamment de palets pour annihiler les velléités offensives tchèques. Le slap du cercle gauche de Ville Peltonen permet de clore les débats. Le jeu se ferme de plus en plus, et ce jusque dans la prolongation. Les Tchèques, à trois lignes (Hlinka a laissé sur le banc Moravec et l'a remplacé en première ligne par Ujcik dont la place sur le deuxième trio est prise par Simicek), s'y montrent un peu plus dangereux. Roman Cechmánek commence tout de même à s'échauffer au cas où Ivan Hlinka déciderait de nouveau de le sortir de sa manche pour une éventuelle séance de tirs au but...

Mais cette prolongation dure cette fois 20 minutes et non 10 comme en demi-finale. Il reste moins de cinq minutes à jouer quand un lancer contré de Lydman arrive sur Roman Simicek. L'attaquant tchèque (qui joue en Finlande au HPK) lance Jan Hlavac, le jeune buteur du Sparta Prague, qui part en contre en prenant de vitesse Karalahti. Comme sur le premier but, Miikka Kiprusoff touche le palet mais ne peut le détourner et la rondelle retombe finalement derrière sa ligne. La victoire est ainsi revenu au meilleur collectif. Une fois de plus, Ivan Hlinka a su composer subtilement son équipe, avec seulement quelques renforts choisis de NHL, essentiellement des jeunes pour garder la vitesse de jeu. Les Tchèques, sans le meilleur gardien (Hasek) et le meilleur attaquant (Jagr) du monde, confirment en effet avec un an de retard leur succès olympique. Et dire qu'ils avaient failli être éliminés durant les poules du deuxième tour !

Désignés joueurs du match : Viktor Újcík pour la République Tchèque et Miikka Kiprusoff pour la Finlande

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Ivan Hlinka (entraîneur de la République Tchèque) : "On a été sous pression pendant deux semaines, avec des matches très serrés, et ça a été difficile de motiver les joueurs tous les jours. Après les deux premiers buts, j'ai senti que les joueurs n'y étaient plus vraiment, qu'ils pensaient à la prolongation. C'est dans les situations difficiles que ces joueurs ont trouvé les moyens de se dépasser. Ce Mondial restera exceptionnel parce que j'ai senti cette troupe se former au cours du tournoi. Ce n'est pas une formation exceptionnelle, mais c'est quand même une sacrée équipe, homogène, équilibrée, de plus en plus soudée et de plus en plus conquérante. Au point d'avoir vraiment la victoire en elle ! Ce titre, elle est allée le chercher très loin au fond d'elle-même. [...] En apprenant quelques minutes avant le match que Koivu ne jouerait pas, je pensais que ce serait plus facile. J'avais tort : mes joueurs ne s'attendaient pas à autant d'agilité offensive de la part de nos adversaires. Nous avons dû ajuster nos tactiques. Si j'ai été surpris d'une chose, c'est du temps de glace de Teemu Selänne. Il a joué sur plusieurs trios, en supériorité et en infériorité numérique. Il m'a encore convaincu qu'il est vraiment un maˆtre d'une classe exceptionnelle."

Jan Hlavac (attaquant de la République Tchèque) : "C'est le but le plus important de ma vie. C'était fantastique. Quand je l'ai mis, tous mes coéquipiers ont sauté sur moi et m'ont étouffé. Je ne pouvais plus respirer. Mais nous sommes tous des héros."

Hannu Aravirta (entraîneur de la Finlande) : "La victoire est allée à l'équipe la plus offensive en prolongation ; ce fut aussi notre cas en demi-finale contre la Suède et c'est très bien ainsi. J'ai aimé le jeu tchèque pendant tout le tournoi car il a été propre, technique et offensif. [...] C'est vrai, il [Koivu] nous a manqué, notamment sur les engagements et surtout en prolongation."

Miikka Kiprusoff (gardien de la Finlande) : "Je me sens si mal. Hier après la défaite, nous savions que nous n'avions pas joué notre meilleur hockey et que nous pouvions revenir si nous le faisions."

 

République Tchèque - Finlande 1-4 (0-2, 1-1, 0-1) / 1-0 en prolongation
Dimanche 16 mai 1999 à 16h00 au Håkons Hall de Lillehammer. 9187 spectateurs.
Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) assistés de James Garofalo (USA) et Kent Thuden (SUE).
Pénalités : République Tchèque 16' (4', 8', 4' / 0') ; Finlande 8' (8', 0', 0' / 0').
Tirs : République Tchèque 42 (9, 14, 8 / 11) ; Finlande 22 (3, 7, 8 / 4).

Évolution du score :
0-1 à 01'41 : Niemi assisté de Sihvonen et Eloranta
0-2 à 05'35 : Lind assisté de Kallio et Niemi
0-3 à 21'51 : Tuomainen assisté de Karalahti et Selänne (sup. num.)
1-3 à 30'47 : Újcík assisté de Prochazka
1-4 à 46'52 : Peltonen assisté de Helminen et Eloranta

Prolongation :
1-0 à 16'32 : Hlavac assisté de Simicek

 

République Tchèque

Attaquants :
David Moravec (-1) - Pavel Patera (C, -1) - Martin Prochazka (-1)
Viktor Ujcik (+2) - David Vyborny (+2, 2') - Jan Hlavac (+2)
Radek Dvorák (-1, 2') - Petr Sykora (-1, 4') - Martin Rucinsky (A, -1)
Tomas Kucharcik (-1) - Roman Simicek (-1) - Tomas Vlasak (-1)
Roman Meluzin

Défenseurs :
Frantisek Kaberle - Libor Prochazka (+1, 4')
Frantisek Kucera (A) - Jiri Vykoukal (2')
Jaroslav Spacek (-1, 2') - Pavel Kubina (-2)
Ladislav Benysek

Gardien :
Milan Hnilicka

Remplaçant : Roman Cechmanek (G). Non alignés : Martin Prusek (G), Jan Caloun (blessé).

Finlande

Attaquants :
Marko Tuomainen (2') - Olli Jokinen (-1, 2') - Teemu Selänne (C)
Ville Peltonen (A) - Raimo Helminen (+1) - Mikko Eloranta (+1)
Juha Lind (+1) - Toni Sihvonen (+1) - Tomi Kallio (+1)
Kimmo Rintanen - Antti Törmänen (-1)

Défenseurs :
Kimmo Timonen (2') - Jere Karalahti (-1)
Marko Kiprusoff (+1) - Petteri Nummelin (A, +1)
Toni Lydman (+1, 2') - Antti-Jussi Niemi (+2)
Aki-Petteri Berg (-1) - Kari Martikainen (-1)

Gardien :
Miikka Kiprusoff

Remplaçnt : Ari Sulander (G). Non alignés : Vesa Toskala (G), Saku Koivu (fracture de la main).

 

Les championnats du monde 1999