Rouen - Amiens (30 septembre 2000)

 

Match comptant pour la cinquième journée du Championnat de France Élite.

"LE" derby, entre les plus anciennes équipes en division élite est à classer hors catégorie. C'est une rencontre que chacun des acteurs (joueurs, coach, dirigeants, public...) ne calcule pas et dispute avec un total engagement. Cette saine rivalité de samedi soir, est née depuis que les "toujours-Dragons" et les "ex-Écureuils" étaient parmi les premières équipes de plaines à oser concurrencer la fameuse hégémonie des Alpes qui, depuis, a bien changé de camp. Les deux équipes sont au complet puisque Geoffroy Bessard du Parc a fait son retour dans le groupe et qu'Amiens a dernièrement engagé un nouvel étranger, le Suédois Tobias Åblad venu de Timrå (Suède) pour combler un déficit de défenseurs.

C'est d'ailleurs un arrière d'Amiens qui lança le premier au but. Les deux tirs de Dubois permirent facilement à Phil Groeneveld de bien se chauffer (0'21 et 0'25). Daniel Carlsson répondait à cet "irrespect" picard. Bien plus péniblement que son collègue en cage, Mindjimba ne faisait que détourner (1'46). La tribu gothique semblait plus en jambes en ce début de rencontre et elle fut bien près d'ouvrir la marque, soit sur un deux contre un, manqué par Burakowski (3'53), soit sur une opportunité de Gras où  "Philou", toujours bien inspiré en ce début de saison dans ses arrêts, rendait le palet immobile (4'26). Le match se déroulait aussi dans les tribunes où supporters rouennais et amiénois voulaient être les plus bruyants. L'ambiance montait au fur et à mesure que les Dragons patinaient et retrouvaient leur rythme. Sans complexe, Geoffroy Bessard du Parc devait tirer de loin. Le junior montrait la voie à suivre pour ses coéquipiers (4'48). Le temps à ceux-ci de trop regarder F. Rozenthal manquer une occasion (6'09), ils allaient maintenant poser leur empreinte sur la rencontre. C'était surexcitant, les joueurs d'Antoine Richer étaient soumis à une canonnade de la part de Juha Jokiharju (9'17), Simon Lacroix (9'18), Mikka Ruokonen (9'30) et Eric Doucet deux fois (9'41 et 10'10). Sur ces actions, Mindjimba faisait un couple de parades, il voyait aussi une paire de palets circuler à côté des ses filets et une première fois - cling ! - il fut sauvé par un montant. Néanmoins, les Amiénois, une fois leur organisation recouvrée, repartaient de plus belle à l'assaut des résilles "noires et jaunes". Chiasson manquait la cible (11'08). Toujours sur une impulsion gothique, Simon Lacroix travaillait fort défensivement. Ses compétences d'arrière se révélaient à la fois talentueuses et fort salvatrices sur ce coup (12'40). Pour clôturer cette bonne période des visiteurs, c'était la comète dunkerquoise, qui faisait enfin la preuve de sa renommée jusqu'alors bien timide ou plutôt bien maîtrisée par l'arrière-garde du RHE. Sur cette action de Maurice Rozenthal, Phil Groeneveld maintenait son équipe sans imprévu au scénario de la victoire rouennaise (12'51).

Un peu plus tard, l'arbitre, dépassé par les évènements tout au long de la rencontre, attribuait une pénalité de compensation à "Monsieur le neuf" (13'15). À partir de cette minute, ayant perdu son seul efficace élément perturbateur, les "Rouges et Noirs" ne toucheraient, jusqu'à la fin de la première période, que la rondelle pour dégager leur camp retranché. En effet, l'avantage numérique des Normands, à défaut d'être productif, allait mettre ses derniers dans l'allure de la réussite. D'abord, Thomas Bussat se créait une possibilité d'ouvrir (15'43). Ensuite, Franck Pajonkowski, ayant retrouvé son poste d'attaquant, donna un premier avertissement à Mindjimba (15'49) avant que le portier - cling ! - fut sauvé, pour la deuxième fois déjà de la partie, par son équipement métallique, face au lancer de l'historique numéro vingt (16'13). Enfin, Guillaume Besse pouvait à son tour dégrafer le score si son action avait été mieux récompensée (16'36). Cette domination, superbe, allait se poursuivre et trouver sa juste récompense quand Juha Jokiharju profitait d'un gros travail de ses compagnons de trio, Éric Doucet et Simon Lacroix qui le libéraient de tout jalonnement amiénois. Le Suomi s'avança dans l'enclave. "JJ", tel un gavroche, s'amusait à prendre son temps dans le duel face son ancien coéquipier grillagé. Pan ! D'un poignet foudroyant, le centre finlandais trouvait la lucarne droite d'un Mindjimba mystifié (1-0 à 16'51). Parvenus à leur fin, les locaux se faisaient moins présent et ils géraient leur situation avantageuse. D'ici la fin, ils furent les seuls à s'octroyer une possibilité de but par l'intermédiaire d'Eric Doucet dont le shoot manquait de précision (17'43). Toutefois, les unités spéciales défensives rouennaises eurent à gêner, convenablement, une punition afin de terminer ce tiers avec un avantage mérité.

Les Dragons débutèrent la deuxième période comme ils avaient terminé la première : en désavantage numérique qui n'autorisait rien de bon à des Gothiques empruntés à un de plus (22'30). Cependant, tout fut remis en cause quand la défense normande perdait le palet, récupéré derrière le but par Gras, qui transmettait en aveugle dans le slot à Maurice Rozenthal. En deux temps et trois mouvements de saltimbanque, l'ailier égalisait (1-1 à 23'52). Le jeu allait vite sous l'initiative picarde. Le spectacle en était coruscant. L'environnement encourageait les siens, toujours plus fort ! Éric Doucet se montrait à son avantage (24'30) deux minutes juste avant Maurice Rozenthal (26'30). Les deux joueurs de la pointe gauche se livraient un véritable duel à distance. Le petit Canadien prit une nouvelle fois sa chance. Mais, décidément ce soir, il lui manquait le petit quelque chose pour faire la différence (26'56). Les remarquables supporters rouennais, unis, allaient en souffrir quand une nouvelle sanction farfelue fit jouer leurs favoris en infériorité. Djelloul envoyait fort au but (29'07), puis cinq secondes après, il se vit attribuer d'un faire trébucher (29'12).

On connaît la force des Dragons 2000 dans l'exercice du quatre contre quatre sur un grand inlandsis. N'avaient-ils pas marqué dans les même dispositions, il y a plusieurs jours à Reims ? Voici Guillaume Besse perforant son aile gauche le long de la bande. En zone offensive, brièvement, il retourne en arrière puis repart au but entre deux Gothiques leurrés, l'un des deux parvient à rester sur le dos de "super Besse", pendant que ce dernier s'allonge de tout son long pour récupérer la rondelle. Le Picard au marquage n'empêche pas l'assistant de faire une feinte de tir qui fit s'abattre les jambières de Mindjimba pris au piège. L'attaquant rouennais, toujours avec le hussard "noir et rouge" sur son échine, passe la rondelle devant le nez du portier impuissant, la ramène devant le but et la glisse du revers dans la nasse. Un véritable exploit d'ingéniosité, de lucidité, et de puissance de la part de l'international rouennais. Quel but ! Les presque trois mille personnes présentes jubilent (2-1 à 29'25).

Ce but, les coéquipiers de Karl Dewolf le digérèrent malgré tout puisque ce furent eux qui se créèrent les meilleures occasions du match, d'abord en infériorité par Gras (30'45) puis par Maurice Rozenthal aveugle sur ce coup (32'25). Il fallut toute l'adresse ahurissante de Phil Groeneveld pour maintenir, quasiment à lui seul, le gain des Dragons. Une échauffourée entre Ablad et Eric Doucet plus tard (34'27), c'était Patrick Genest qui prouva que les actions chaudes n'étaient pas que l'apanage du club de la Somme (37'30). Un peu plus tard, il fallut le sang-froid et le sens du jeu de Dominic Rhéaume pour enlever le caoutchouc trois centimètres devant la ligne de but rouennaise alors que tous, alignement visiteur compris, pensait que le disque était bloqué sous une des guêtres du gardien normand (37'30). Quelques secondes plus tard, ce dernier, imparable, devait dévier un nouvel essai de Maurtice Rozenthal afin d'éviter l'égalisation (37'39). De nouveau, l'arbitre faisait terminer, cette fois logiquement, les Rouennais à quatre (39'14). Ils tuèrent la première partie de la pénalité, gardant une avance d'un but toujours cohérente sur l'ensemble des deux tiers.

À peine remonté sur le glaçon, l'arbitre renvoyait sans cause valable un Dragon en prison (41'40). A force, de s'user défensivement, les coéquipiers d'Éric Doucet allaient se mettre physiquement en danger. François Rozenthal (44'22) et Duclos (45'56) se créaient des éventualités. Néanmoins, Phil Groeneveld dérivait prodigieusement leurs palets. Un nouveau jeu de puissance était accordé à Amiens. Sur celle-ci, les Picards se montraient mois gauche, une fois n'est pas coutume, Djelloul (47'10) et Dewolf (47'29) rencontraient l'infranchissable rempart du RHE. Plus tard, dans une action confuse la cage se trouvait déplacée involontairement sans que le palet ne rentre auparavant, contrairement aux pleurnicheries picardes (48'49). Les unités spéciales défensives rouennaises n'ont toujours pas encaissé de but depuis le début de ce championnat. L'arrière-garde s'est affirmée solide, surtout avec un gardien comme Phil Groeneveld. Avec un seul but d'écart, c'était le tournent du match à chaque fois qu'un lancer était tenté. Le suspense résidait sans que les appuis des supporters ne cessent. Dubois allait-il égaliser ? Non, bien sûr, car le portier de Rouen déroutait encore le palet (48'59).

Daniel Carlsson revenait sur Djelloul échappé à la ligne bleue. Le Suédois intervenait adroitement, prenant physiquement la mesure du trapu fuyard (50'08). Les Normands souffraient, mais sur une de leurs accélérations, Mazzone commettait une faute réprimandée par le siffleur principal. Cette supériorité, sans être féconde, remettait les Dragons en orbite. À tel point que Dewolf démontait la cage via Thomas Bussat (54'40). Peu après, Daniel Carlsson, de plus en plus conquérant, lançait sur la cuirasse de Mindjimba (54'47). Avant que le fameux "meilleur joueur français" de ces deux dernières saisons ne manque encore à son rôle de buteur, échouant sur un Phil Groeneveld phénoménal (55'15). Maintenant, Patrick Genest se trouvait à la conclusion d'une de ses agiles et véloces pénétrations, pour le b... Non, la rondelle passait de peu à coté (55'20). Alors qu'Amiens avait toujours sa chance mathématique d'égaliser, Mille, dépassé par le rythme, se rendait coupable d'une faute (57'16). Un jeu de puissance, c'est ce que pouvait espérer de mieux les Dragons pour diriger cette fin de match. Avec plus de précision, Dominic Rhéaume aurait pu marquer (57'36). Puis, Miikka Ruokonen leva son bâton, pour exécuter un slapshot surpuissant et précis, si précis que... Cling ! Pour la troisième fois de la partie, Mindjimba était sauvé par son poteau (58'36). Juste après que Simon Lacroix manque de peu la cage (59'00). Antoine Richer demandait un temps mort (59'10). La tactique qu'il dut mettre au point à ce moment-là ne put jamais s'élaborer car le maniement du caoutchouc restait normand.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Rouen - Amiens 2-1 (1-0, 1-1, 0-0)

Arbitrage de Dominique Testu assisté de Julien Guimard et de David Thomas.

Pénalités : Rouen 16' (2', 10', 4'), Amiens 14' (2', 6', 6').

Évolution du score :

1-0 à 16'51" : Jokiharju assisté de Riihijarvi

1-1 à 23'52" : M. Rozenthal assisté de Gras et F. Rozenthal

2-1 à 29'25" : Besse

 

Rouen

Gardien : Phil Groeneveld.

Défenseurs : Heikki Riihijarvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Geoffroy Bessard du Parc - Daniel Carlsson.

Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Eric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rhéaume - Guillaume Besse ; Franck Pajonkowski - Stephen Dugas - Thomas Bussat. 

Remplaçants : Christophe Burnet (G), Alexis Billard, Aram Kervorkian.

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Mathieu Mille - Grégory Dubois ; Karl Dewolf - Serge Djelloul ; Tobias Åblad - Arnaud Mazzone.

Attaquants : François Rozenthal - Laurent Gras - Maurice Rozenthal ; Mikael Burakowski - Dominic Chiasson - Olivier Duclos ; Géraud Maréchal - Luc Chauvel - Christophe Ribanelli.

Remplaçants : Julien Féron (G), Sébastien Aris, Mickaël Bardet, Yannick Maillot, Benoît Paillet.

 

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