Rouen - Reims (14 novembre 2000)
Match comptant pour la quatorzième journée du Championnat de France Elite.
L'affiche proposée ce soir était alléchante sur l'île Lacroix. Le leader du championnat, Rouen, recevait le champion de France en titre, Reims. Le public ne s'y était pas trompé. A l'ouverture des guichets, il ne restait plus que 150 places à vendre. Les Normands fourbus, disputant leur quatrième match en cinq jours, ont tout de même triomphé des Rémois, vulgaires ersatz de champion de France ! Il n'a fallut qu'un petit tiers-temps aux Dragons pour souffler de très pitoyables Flammes Bleues. Pourtant, les débats semblaient équilibrés. Les absences de Jonathan Zwikel et de Lionel Orsolini compensant l'état de fatigue général des Rouennais après leurs sélections dans les équipes All-Stars et France A, 10 joueurs en tout, disputant le tournoi Atlantique à Anglet et diminués eux aussi par le forfait de Thomas Bussat.
Néanmoins, ce fut facilement que les Dragons prenaient la mesure des rustres Rémois. Les coéquipiers d'Eric Doucet se retrouvaient dès l'entame en avantage d'un homme (0'17). Sur ce jeu de puissance, Simon Lacroix voyait une bonne chance stoppée par Markus Hätinen (0'50) . Pas encore chaud, les joueurs locaux bien qu'installés se montraient menaçant, mais ils ne parvenaient plus à fortement inquiéter le portier Finlandais. Revenus en nombre, les Champenois se montraient dangereux sur un coup de collier d'Archambault, le revêche. Un breakaway bien paradé par un Phil Groeneveld inspiré (2'37). Quelques secondes plus tard, les Normands subissaient une infériorité (2'45). Dans leur territoire, l'unité défensive contrait le palet. Juha Jokiharju partait en contre à droite dans l'espace libre. Le Finlandais aimantait son adversaire direct, tout en laissant vivre la rondelle derrière lui. L'objet était repris par Eric Doucet qui suivait. Le petit électron canadien, à l'oreille du point d'engagement droit fixait un dernier défenseur et distillait une passe savante en direction d'Heikki Riihijarvi arrivé au second poteau. L'arrière, monté d'instinct, avait visionné ce but depuis le contre de Juha Jokiharju. Il faufilait le palet derrière le gardien attardé et, en infériorité, donnait les devants à son équipe (1-0 à 2'57). La réaction rémoise se fit assez attendre dans la mesure où ils étaient à un de plus. C'est Anthony Mortas qui eut la première opportunité d'égaliser. Toutefois, Phil Groeneveld réalisait un deuxième déroutage impeccable aidant ses compagnons à "tuer" cette minorité provisoire (3'40). Ensuite, le petit Pousset se trouvait au banc des pénalités (5'46). Sur ce jeu de puissance, Eric Doucet, à droite en zone offensive, décochait un long tir frappé croisé qui passait au dessus des cages. Le disque épousait l'arrondit du "plexi" pour ressortir de l'autre côté à gauche. Avant qu'il ne franchisse la bleue, Guillaume Besse, cote à cote avec Juha Jokiharju, contrôlait le palet. L'ailier international s'avançait vers le but, toujours épaule contre épaule avec le Finlandais. A force de patiner ensemble, les deux compères se gênaient tant et si bien que la rondelle passait d'une crosse à l'autre sans que Markus Hätinen ne le remarque. Le gardien fixait son attention sur Guillaume Besse et ne vit pas l'ajustage de Juha Jokiharju qui enfilait le deuxième but de la partie. Son neuvième personnel. Dépassant ainsi, aux classements des pointeurs, son adversaire direct, le Rémois Jean-François Brunelle (2-0 à 7'08). Les Flammes Bleues vacillaient et s'éteignirent. Il était désormais question que de jeu rouennais. Malgré le break, les offensives rouennaises étaient mordantes par l'intermédiaire d'Alexis Billard qui se créait une remarquable opportunité que détournait le cerbère d'en face (8'15) ou sur un lancer d'Heikki Riihijarvi bien enrayé par la sentinelle grillagée (9'17). Les Dragons allaient de l'avant assurés de la tutelle d'arrières aptes à faire face aux velléités importunes rémoises, comme le démontrèrent les impressionnants Allan Carriou (9'48) et Daniel Carlsson (15'22). Inattentifs ou perdus, laissant glisser le match... Les prétendus champions de France abandonnaient nonchalamment, dans leur territoire le long de la bande, un palet dans les lames de l'arbitre. La rondelle finalement jouable était reprise par Dominic Rhéaume qui avait bien repéré Patrick Genest seul dans l'enclave. L'ailier canadien complétait la belle passe d'une feinte face au portier pour bouger les filets (3-0 à 15'59). Les Rémois protestèrent. A tort car rien dans l'attitude de l'arbitre ne pouvait laisser sous-entendre à un arrêt du jeu. David Ribanelli parla plus fort que tout autre puisqu'il écopait d'une pénalité majeure de cinq minutes pour méconduite et était exclu de la rencontre (15'59). Dès lors, un deuxième match débutait. Beaucoup moins intéressant celui-là. En effet, la fatigue se faisant sans doute déjà sentir. Menant trois à zéro avec une supériorité numérique longue de cinq minutes, les Dragons, sûr de leur maîtrise, n'avaient plus la même hargne à l'ouvrage. D'abord, ils ne pouvaient trouver le fond des filets sur des gros lancers d'Eric Doucet (17'11) et de Juha Jokiharju (19'33). Ensuite, ils écoulaient une punition mineure inutile annulant leur jeu de puissance (19'34). Enfin, étant sans doute déjà au vestiaire, ils encaissaient un but, à quatre contre quatre, sur un très bon mouvement personnel de Daniel Laflamme. De la bleue, l'arrière canadien débordait sur la gauche. Une fois à la rouge, il revenait sur le but. Passant devant la cage sans être trop contrarié, il glissait, en reprenant le palet sur le retour de son premier petit lancer, sous la jambière de Phil Groeneveld orphelin de sa défensive (3-1 à 19'59).
A la reprise, on espérait que les Dragons se reprennent quelque peu. Cependant, ils en étaient empêché par des Rémois truqueurs, frustrés de leur inaptitudes face à des Dragons prenables ce soir. Les patineurs de la Marne, insultant gestes à l'appui d'Archambault et de Sadoun L., tout le public rouennais, certes chambreur, comme à l'accoutumée, mais ni plus ni moins qu'un autre soir, rabaissaient les débats au niveau des provocations impubères (Archambault évidemment, Brodin, Mortas, Marcelle...) sur des Dragons intelligents et disciplinés. Du coup, le jeu était haché de nombreuses pénalités, sifflées par un arbitre dépassé, sanctionnant un coup l'une ou l'autre équipe sans justification évidente voire contradictoire. Pendant ses dix minutes joués en effectifs incomplets, au soutien, Rouen mena aux points à la faveur de deux bonnes défenses du clairvoyant Patrick Genest (21'40 et 36'32) et d'un excellent arrêt de Phil Groeneveld (30ème). A l'abordage aussi, le RHE afficha sa suprématie répondant à un bon slap de Daniel Laflamme (27'41) grâce à deux lancers frappés de Baptiste Amar (24'29) et Mikka Ruokonen (35'02). Sinon, dans le jeu à cinq contre cinq, il n'y eu absolument rien de remarquable de part et d'autre.
Au dernier engagement, le jeu proposé par les deux équipes s'est nettement amélioré au gré de l'emprise sur le maniement de la rondelle par les joueurs techniques rémois qui permettaient de bonnes opportunités. Pourtant, c'est Allan Carriou qui s'approchait le plus près du but puisqu'il touchait la base arrondie sur son tir de la bleue (43'31). Ensuite, les Dragons ne voyaient que du bleu sur des actions consécutives rémoises. D'abord, Richard Aimonetto, dont le shoot était écarté par Phil Groeneveld, était le premier à se mettre en évidence (44'21). Ensuite, Romain Carrara était imprécis en voulant compléter un tir-passe très excentré de Vincent Bachet après un véloce cadrage-débordement, magnifique (44'47). Enfin, Mickaël Brodin, maladroit à son tour, ne trouvait pas le châssis (45'43). Plus tard, pour l'anecdote, on peut signaler un geste singulier, fantaisiste et efficace de la part de Juha Jokiharju. Une remise orientée de la tête ou plutôt du casque pour lui même afin de rentrer en zone offensive, insolite (46'25). Quelques instants après, Guillaume Besse mettait solidement à contribution Markus Hätinen qui réalisait l'arrêt (49'54). Juste avant que Jean-François Brunelle riposte en un contre éclair. Le talentueux ailier, bien aperçu par Richard Aimonetto, envoya, de loin, un long missile limpide nettoyant la poussière de la lucarne (3-2 à 50'38). Petit à petit, les Rémois comblaient leur déficit, la fin de match allait être sportive. Sadoun Y. terriblement improductif ce soir, perdait au petit jeu de la bravade face au discipliné Allan Carriou. L'attaquant allait s'asseoir sur le banc de la geôle (52'32). Sur le jeu de puissance, Eric Doucet mettait le feu aux Flammes mais son tir passait à côté (53'18). Peu après, l'arbitre prit le parti d'envoyer deux Rouennais et le Rémois Marcelle aux cachots sous les classiques sifflets du public (53'24). C'est là que l'inconcevable se produisit. Ce fut surréaliste. Peut-être l'assistant capitaine de Reims avait-il mangé le midi une entrecôte aux prions ? Toujours est-il que l'araignée est montée au grenier. Il se lève du banc de sa cellule, fait quatre enjambées vers la tribune des spectateurs, prend sa crosse à deux mains et exécute un mouvement de haut en bas en direction des spectateurs faisant heurter violemment son bâton sur la rambarde du garde corps de séparation. Ce joueur est fou ! Pendant ce temps, Sadoun Y. s'est levé à son tour menaçant un autre spectateur qui prit ses jambes à son coup pour vite déguerpir. Ces joueurs sont fous ! Assurément, ils ont dû être outragés pour réagir de la sorte. Ceci explique leur réaction, mais cela n'excuse pas leurs sauvages comportements d'irresponsables. Lamentables et pitoyables Rémois qui, après avoir pourri la rencontre, frustrés de leur incompétence notoire qui prolonge leur séquence de revers, évacuent leurs imputabilités dans des actes de vandalisme et de grossièreté primitifs ! Honteux pour des professionnels parfois internationaux tous subventionnés par des fonds publics ! Heureusement, ces incidents misérables décuplaient les encouragements des partisans rouennais. Malgré tout, les joueurs de Charles Marcelle, le père du joueur fou, président du club de Reims, jouèrent quasiment jusqu'à la sirène finale à un joueur de plus, soit à la faveur de deux supériorités, soit en remplaçant leur gardien par un attaquant supplémentaire (57'21). Le public solidaire derrière son équipe. Archambault le fruste, empoté il manquait la parité (55'40). Les Dragons remplis d'abnégation, encouragés comme rarement, résistèrent héroïques. Phil Groeneveld fut l'homme de ses cinq dernières minutes en réalisant deux prouesses sous une pression insupportable, jugulant deux forts lancers de Daniel Laflamme (55'52 et 58'08). Rien n'y a fait. Reims, ce soir, n'était pas venu pour jouer au hockey ou seulement par petites bribes indignes d'un champion en titre. Il était donc normal que les Dragons remportent ce match car eux avaient bien joué pendant un premier tiers et, dans la mesure de leurs moyens collectifs et physiques actuels, ils avaient au moins essayé dans la suite de la partie, afin d'offrir un spectacle de qualité au très nombreux public rouennais.
Compte-rendu signé Thierry Frechon
En savoir plus ? Les réactions d'après match et des photos : http://www.7emedragon.com
Rouen - Reims 3-2 (3-1, 0-0, 0-1).
Arbitres : M. Bergamelli assisté de MM. Leszko et Bataillie.
Pénalités : Rouen 20' (4', 10', 6'), Reims 21' + pénalité de match (9', 8', 4').
Évolution du score :
1-0 à 02'57'' : Riihijärvi (inf.num.) assisté de Doucet et Jokiharju.
2-0 à 07'08" : Jokiharju (sup.num.) assisté de Besse et Doucet.
3-0 à 15'59" : Genest assisté de Rhéaume et Besse.
3-1 à 19'59'' : Laflamme assisté de Brunelle et Aimonetto.
3-2 à 50'38'' : Brunelle assisté de Aimonetto et Marcelle.
Rouen :
Gardiens : Phil Groeneveld, Christophe Burnet.
Défenseurs : Heikki Riihijärvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Daniel Carlsson.
Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Eric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rhéaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Franck Pajonkowski - Alexis Billard.
Reims :
Gardiens : Markus Hätinen, Maxime Godefroy.
Défenseurs : Christophe Marcelle - Daniel Laflamme ; Gérald Guennelon - Vincent Bachet ; Michal Segla - Nicolas Pousset .
Attaquants : Jean-François Brunelle - Richard Aimonetto - François Archambault ; Romain Carrara - Yven Sadoun - Loïc Sadoun ; David Ribanelli - Anthony Mortas - Mickaël Brodin.